PRELUDE
Plus rien ne sera jamais comme avant.
Poudlard était tombé. Harry était tombé. Les défenses et les espoirs ne tenaient plus que grâce à quelques fous qui résistaient encore.
Plus rien ne sera jamais comme avant.
Hermione l'avait su à l'instant même où les sorts de protection avaient failli à leur tâche, se brisant sous les assauts de Voldemort et de ses acolytes. Elle l'avait su lorsque les gens qu'elle connaissait étaient morts, les uns après les autres. Professeurs et élèves, personne n'avaient pu échapper aux Mangemorts. Et lorsque le Seigneur des Ténèbres avait approché sur le pont, suivit de toute son armée, les dernières espérances avaient achever de s'éteindre.
À présent, il faisait face aux derniers résistants de Poudlard et les regardait d'un air victorieux. Plus rien ne l'empêchait de prendre le pouvoir sur le château désormais.
Détruire les horcruxes n'avait pas affaibli Voldemort, comme Harry, Ron et Hermione l'avaient d'abord pensé. Cela l'avait rendu plus acharné, plus déterminé et décuplé sa soif de vengeance. Sa colère, celle-là même qu'il gardait ancrée depuis des années, avait éclaté. Il détenait enfin l'occasion de détruire tout ce qu'il avait tant haït et la sorcière avait pleinement conscience que ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne décide de tout anéantir.
Pour l'heure, le Seigneur des Ténèbres préférait se pavaner devant eux en dansant grossièrement sur sa victoire. Et Hermione ne parvenait pas à détacher son regard du corps inanimé et sans vie de Harry, allongé dans les bras d'un Hagrid défait. Elle n'arrivait pas à croire ce que ses yeux lui montraient. Comment pourrait-elle accepter à la mort de son meilleur ami ? Comment pourrait-elle même l'envisager ?
Hermione savait qu'elle aurait dû montrer une émotion. Colère ou tristesse, qu'importe. Mais ses pensées s'activaient malgré elle à la recherche d'une solution, si absurde soit-elle. Son cerveau fonctionnait comme un mécanisme dont les rouages persistaient à tourner dans le vide sans parvenir à s'assembler.
À ses côtés, Ron tenait Ginny dans ses bras, sûrement pour l'empêcher de s'effondrer ou, au contraire, de se jeter elle-même sur Voldemort.
Un mouvement attira l'attention de la jeune fille. Malefoy sortait du rang, la tête baissée et honteux. Après un regard autours de lui, il s'approcha lentement de ses parents, passant sous la mine fière et satisfaite du Seigneur des Ténèbres.
Lentement, alors qu'elle assistait à ce spectacle, Hermione sentait un sentiment s'emparer d'elle et la ronger comme un poison. Il s'insinuait lentement dans son cœur et la forçait à ressentir une émotion qu'elle se refusait d'habitude à éprouver.
Les regrets.
Si seulement.
Et si seulement elle avait retenue Harry lorsqu'il avait décidé de se rendre dans la forêt. Elle aurait dû l'empêcher d'affronter Voldemort tout seul. C'était du suicide, elle en était consciente. Et pourtant elle l'avait laissé faire. Elle avait accepté de laisser son ami se faire assassiner.
Sa gorge se serra brusquement.
Jamais elle n'aurait imaginé être ce genre de personne là.
Hermione donnerait tout, à cet instant précis, alors que le cadavre de Harry lui rappelait douloureusement l'inhumaine décision qu'elle avait prise, pour remonter le temps et l'empêcher de se rendre dans la Forêt Interdite. Juste une heure ou deux et la jeune fille aurait fait les choses différemment.
Mais cela était impossible.
Nul sorcier, même le plus puissant, ne possédait le pouvoir de remonter le temps. Aucun sort ne le permettait. On n'avait le droit qu'à un seul essai.
- J'aimerais dire quelque chose !
La voix dure de Neville Londubat arracha la sorcière de ses sombres pensées. Boitillant, le visage ensanglanté et tenant pour seule arme le vieux choixpeau magique, son ami semblait près à s'effondrer devant l'armée de Voldemort.
- Et bien Neville, siffla le mage noir manifestement agacé. Je suis sûre que nous serons tous ravie d'entendre ce que tu as à nous dire.
Hermione retint son souffle.
- Ça change rien qu'Harry soit mort. Des gens meurent tous les jours ! Des amis, de la famille. Oui, on a perdu Harry cette nuit. Mais il est toujours là ! Dans nos cœurs ! Comme Fred et Remus ! Tonks ! Ils ne sont pas mort en vain !
Personne n'osait prononcer un mot. Amis et ennemis, tous gardaient les yeux fixés sur ce frêle sorcier timide qui osait s'élever contre le plus grand Seigneur des Ténèbres de tous les temps.
Une boule se formait dans la gorge d'Hermione. Tous ces noms qui ne seraient désormais rien de plus. Ces vies perdues, sacrifiées. Désormais Harry venait de s'ajouter à cette liste.
La tristesse et le désespoir menaçaient de submerger la jeune fille. Le souffle lui manquait. À bout de force, vacillante, elle porta une main à sa gorge dans l'espoir de trouver un peu d'oxygène. Mais à la place, ses doigts rencontrèrent une chose qu'elle avait depuis longtemps oublié. Une chose qui n'était plus qu'un vague souvenir, objet que le professeur McGonagall lui avait permis de garder sans plus l'utiliser à la fin de sa troisième année.
Une si petite chose, aux pouvoirs si grands.
Lentement, elle tira sur la fine chaînette d'or et en sortit le Retourneur de temps. Le sablier luisait à la lumière des torches qui éclairaient encore la cour.
Le discours de révolte de Neville s'enflamma brutalement d'espoir à l'instant même où les pièces du puzzle s'assemblèrent dans l'esprit d'Hermione. Ce bijou était la réponse à ses questions ! Elle en était certaine à présent. Il lui suffirait de remonter à la soirée de la veille et de prévenir Harry, de l'empêcher de se rendre dans cette forêt. Ensemble, avec Ron, ils trouveraient un autre moyen d'arrêter Voldemort et son armée. Une autre solution dans laquelle il n'aurait pas à mourir.
- Ron, Ginny ! appela-t-elle à voix basse. Venez avec moi.
Le garçon allait répliquer lorsque tout bascula.
Des cris et des hurlements s'élevèrent de toutes parts et les élèves se bousculèrent les uns les autres.
Hermione n'avait pas le temps de voir ce qui provoquait une telle agitation. Sans plus réfléchir, elle attrapa la main de Ginny, glissa ses doigts entre les siens et l'entraîna à sa suite, aussitôt suivit par Ron. Ils se précipitèrent à l'intérieur du château, laissant derrière eux le crépitements des sorts et des incantations.
- Mais qu'est-ce qu'il se passe ? hurla Ron alors qu'un enchantement frappait de plein fouet le mur de l'entrée.
Ils montèrent les marches aussi vite qu'ils le pouvaient. Hermione ignorait comment expliquer son plan, ni même s'il était viable. Mais elle était persuadée qu'ils devaient à tout prix s'éloigner des autres, le plus loin possible.
- Hermione !
La voix perçante de Ginny et la pression de ses doigts ramena la sorcière à elle. D'un geste, elle indiqua une des portes sur la droite et ils s'y engouffrèrent.
- Mais enfin ! Tu vas nous expliquer ce qu'il se passe ? protesta Ron avec de grands yeux. On aurait dû rester et se battre ! Pas courir se cacher !
- Ron a raison, approuva sa sœur. Tu-sais-qui a tué Harry !
- C'est pour cette raison que je vous ai fais venir ici !
Hermione prit le médaillon entre les doigts pour leur montrer.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Il s'agit d'un Retourneur de Temps. Harry et moi l'avons utilisé en troisième année pour sauver Sirius et Buck. McGonagall a accepté que je le garde à condition que je n'en fasse plus usage. Mais maintenant...
La sorcière suspendit sa phrase.
Maintenant, tout avait changé.
- Et alors ? Demanda Ginny, les poings serrés. Harry est mort. Ce n'est pas ce bijou qui va nous aider à le venger.
- Tu as raison. Mais c'est peut-être grâce à lui que nous pourrons le sauver.
Ron eut une exclamation et son regard s'éclaira. Enfin, il avait compris son plan.
- Tu veux dire que...
- exactement ! approuva Hermione. Grâce au Retourneur de Temps, nous remonterons avant que Harry n'aille en forêt retrouver Voldemort.
- Il ne se laissera pas faire. Tu le connais, il n'en fera qu'à sa tête.
- Alors nous trouverons un moyen ! C'est notre seule chance.
Quelque chose résonna à l'extérieur de la pièce et ils se turent brusquement, apeurés à l'idée que des mangemorts entrent et n'anéantissent leurs espoirs.
Ce ne fut que lorsqu'ils furent certains que rien de dangereux ne se tapissait derrière la porte que Hermione reporta son attention sur ses amis.
- Tu es certaine que ça peut marcher ? demanda Ginny, manifestement tiraillée entre l'espérance et le doute. Tu crois sincèrement qu'on peut...ramener Harry à la vie ?
La jeune sorcière prit un instant avant de répondre.
- Je l'espère...
Ron et sa sœur échangèrent un regard entendu avant de reporter leur attention sur elle.
- Qu'est-ce qu'on attend alors ?
Tremblante, Hermione récupéra le petit sablier. Combien de tours seraient suffisant ? Jusqu'où remonter le temps ? Leur plan allait-il vraiment fonctionner ?
- Hermione ? Jusqu'où peut aller ce truc ? Tu crois qu'on pourrait retourner avant que tout ceci ne se produise ?
- Je n'en ai aucune idée Ronald. J'ai lu quelque part qu'il était très dangereux de remonter plus de quelques heures dans le passé. On risquerait de changer irrémédiablement le cours des choses.
- J'aimerais pouvoir remonter le temps avant la naissance de Vous-savez-qui. Empêcher que tout ça n'arrive.
- C'est impossible Ron, coupa Hermione. Venez là.
Les trois amis se rapprochèrent et la sorcière passa la chaînette dorée autours de leur cou.
Mais, à l'instant précis où elle posa les doigts sur le médaillon pour l'actionner, la porte explosa et ils hurlèrent de peur. Entre les fragments de bois brisés, ils aperçurent des uniformes noirs et verts.
Ce n'était pas des mangemorts.
Des serpentards !
Ils étaient cinq.
Hermione ne les connaissait pas, pour la plupart, mais elle reconnut sans peine Crabe et Blaise, deux inséparables de Drago. Et à la marque des Ténèbres qu'ils arboraient fièrement sur leur avant-bras, ils avaient sans mal choisi leur camps.
- Tiens tiens, ricana Crabe. Qu'est-ce que nous avons là ? Les Weasley et la Sang-de-bourbe. Qu'est-ce que vous faites planquer là ? Vous pleurez pas votre cher Potter ?
Ginny serra les poings, prête à leur sauter à la gorge, mais Hermione glissa sa main dans la sienne pour la calmer.
Ils étaient piégés dans cette salle, sans aucune autre sortie que celle bloquée par les Serpentards. Ils n'hésiteraient sûrement pas à leur jeter un sort si jamais l'un d'eux faisaient mine de sortir leur baguette.
- Alors, qu'est-ce qu'on va faire de vous maintenant ?
- Ils devraient subir le même sort que leur copain, intervint un garçon aux cheveux gominés qu'Hermione ne connaissait pas. Tuons-les.
- Non !
La voix féminine claqua comme un fouet. Les élèves s'écartèrent pour laisser passer l'unique fille de leur petit groupe et Hermione eut une grimace en reconnaissant Pansy Parkinson. Malgré son air un peu perdu, sûrement dépassée par les événements, elle n'en restait pas moins extrêmement dangereuse.
Pendant de longues minutes, les deux camps ne se quittèrent pas du regard. Sans prononcer un mot, ni esquisser un geste.
Pansy semblait chercher quoi faire d'eux. Les sourcils froncés, elle fixait Hermione, un air de défi flottant dans ses yeux sombres.
Le cerveau de la Gryffondor fonctionnait à toute vitesse. Inférieur en nombre, ils n'auraient que peu de chance de s'en sortir dans un duel face à face. Ils leur fallait une diversion, n'importe quoi qui pourrait attirer l'attention de Parkinson et de ses camarades.
- Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse d'eux alors, Pansy ? demanda Blaise, baguette brandie.
Le regard de la jeune fille passa de ses camarades à Hermione, qui releva le menton en signe de défi. Si elle devait mourir, elle ne le ferait pas sans se battre.
- Amenons-les au Seigneur des Ténèbres, annonça la Serpentard.
- Pour qu'il nous traite d'incapable car on ne les aura pas tué ? protesta Crabe. Certainement pas ! Éliminons-les !
- Il voudra peut-être les interroger !
- Dis donc Parkinson, on peut savoir qui t'as nommé chef ? Moi je dis qu'on les tue !
Crabe et le garçon aux cheveux gominés se tournèrent avec un rictus malfaisant. Baguette levée, ils étaient prêt à prononcer un sort mortel.
- Crabe non !
Pansy se jeta sur lui, entraînant le reste du groupe avec elle.
C'était le moment !
Hermione retira rapidement la chaîne du cou de Ron et Ginny et s'empara de sa baguette, aussitôt imité par ses amis.
- Avada Kedavra !
Le sort frôla la jeune fille et sa respiration se coupa pendant d'infini secondes. Ce fut Ron qui riposta à l'attaque, envoyant un éclair rougeâtre dans la poitrine de son adversaire. Celui-ci eut une exclamation étouffée et s'écrasa contre le mur au bout du couloir.
En quelques minutes, la situation devint hors de contrôle. Chacun tentait de se protéger, à l'abri derrière table ou colonne de pierres. Les sorts fusaient de l'un ou l'autre camps et terminaient leur course contre les murs ou rebondissaient sur le sol. La poussière venue des décombres s'élevait dans la pièce pour agresser leurs poumons et obscurcir leur vision.
- Il faut qu'on sorte de là ! hurla Ron, à demi dissimulé derrière un bureau.
Un sortilège frappa brusquement la jambe d'Hermione avant qu'elle n'ait eu le temps de répondre. Elle poussa un cri de douleur et s'effondra au sol. Sous la violence de sa chute, elle laissa échapper sa baguette et le Retourneur de Temps.
- Hermione !
Ginny voulut se précipiter vers elle mais un sort la frappa à la poitrine et l'envoya s'écraser à l'autre bout de la pièce. D'un geste, elle se redressa pour contre-attaquer et un hurlement s'échappa de la gorge de Crabe lorsque le sort de la jeune fille fit s'effondrer le plafond au-dessus de lui et l'ensevelit sous les décombres.
- Hermione ? Ça va ?
La sorcière porta une main à sa jambe blessée. Une coupure profonde s'étalait sur toute sa cuisse et saignait abondement malgré ses efforts pour arrêter l'hémorragie.
L'un des sorts de Ron rebondit sur le pan du mur et atteignit Pansy de plein fouet. Elle s'écrasa lourdement à quelques mètres d'Hermione qui se figea.
Si jamais Parkinson tendait la main, elle pourrait sans aucune peine attraper le Retourneur de Temps et anéantir leurs espoirs de sauver Harry. Définitivement.
Prise de panique, Hermione ignora la douleur qui lui lacérait la jambe et se précipita vers sa baguette. Mais Pansy fut la plus rapide.
Elle roula sur le côté et se redressa.
- Endoloris !
Hermione évita l'incantation de justesse et se releva précipitamment. Sans réfléchir, elle se jeta sur la Serpentard qui n'eut pas le temps de réagir. Frappée de plein fouet et emportée par le poids de la sorcière, Pansy s'écrasa lourdement au sol. Elle laissa échapper sa baguette mais ne se laissa pas pour autant dominer. Son poing s'écrasa sur le visage d'Hermione et la précipita au sol.
- Tu vas regretter ça Granger !
Poussée par l'instinct de survie, la Gryffondor repoussa son adversaire loin d'elle et se retourna pour ramper vers le Retourneur de Temps qui gisait non loin de sa baguette.
- N'y pense même pas, espèce de Sang-de-bourbe ! cria Pansy en s'emparant de la sienne.
Le sort frappa la main d'Hermione à l'instant précis où elle récupéra le médaillon.
Tout explosa autours d'elle dans un gésier de roches, de bois et de poussières. Les murs se déformèrent. Le plafond s'effondra brusquement et la jeune fille leva les bras au-dessus de la tête pour se protéger. Tout se tordait et se craquelait, comme si l'espace et le temps se déchiraient.
Le collier se mit soudainement à tournoyer et entraîna le petit sablier dans une danse intemporelle. La pièce tournait à une telle vitesse que le cœur d'Hermione se soulevait, prit de nausée. Pour ne pas vomir, elle ferma les yeux et se crispa sur sa baguette qu'elle avait tout juste eut le temps d'attraper.
Tout s'accélérait.
Tout ralentissait.
Le présent devenait passé, et le passé devenait l'avenir.
Le temps se figea brutalement, prêt à s'étirer sur lui-même, lorsque tout explosa dans un bruit assourdissant. Le sablier cessa sa course un bref instant avant de se briser en une multitude d'éclats de verre.
Lorsque le calme revint, Hermione ouvrit les yeux.
- Ginny ? appela-t-elle d'une voix tremblante. Ron ?
La pièce était vide.
Aucune trace de ses amis, ni même de ses agresseurs. Les murs avaient retrouvé leur solidité et rien n'aurait pu laisser paraître qu'un duel venait tout juste d'avoir lieu.
Hermione n'avait pas besoin qu'on lui explique la situation. Elle avait très bien compris ce qui venait à l'instant de se passer. Ce qu'elle ignorait, c'était la gravité de la situation.
- Très bien, calme-toi Hermione, se chuchota-t-elle pour elle-même. Avec de la chance, je suis revenue quelques heures en arrière. Harry est encore en vie. Il me suffit de le retrouver et tout ira mieux.
La jeune fille se força à analyser la situation sans laisser la panique la submerger. Certes, le Retourneur de Temps était détruit, mais si tout se passait comme prévue, elle n'en aurait plus besoin. La pièce ne semblait pas plus vieille, ni plus sale. Elle n'avait donc pas excessivement remonter le temps.
Hermione eut un soupir de soulagement. Les choses ne pourraient qu'aller mieux à présent.
Une douleur fulgurante à la jambe la ramena brutalement à la réalité. Elle saignait toujours abondement, et la sorcière commençait à se sentir mal. Il fallait qu'elle trouve Ron, Harry ou n'importe qui d'autres.
Prudente malgré tout, elle sortit discrètement de la salle. Dehors, les couloirs étaient vides. Aucun élèves, ni professeurs.
Où étaient-ils donc passé ?
Elle devait retourner dans la salle commune de Gryffondor. Au calme qui régnait dans le château, Voldemort n'avait pas encore attaqué. Hermione était remontée plus loin qu'elle ne l'aurait voulu, mais cela lui laissait une chance de faire les choses différemment, et peut-être de trouver une solution.
Boitillante, nauséeuse, elle monta les escaliers jusqu'à la tour des Gryffondor où la Grosse Dame dormait dans un coin du tableau.
- Babioles, annonça la sorcière pour accéder à la salle commune.
La peinture ne se réveilla pas. Elle continua de ronfler, ignorant totalement le mot de passe.
Hermione se sentait de plus en plus mal. Sa jambe la faisait souffrir et elle se sentait épuisée, au bord de l'évanouissement.
Elle devait à tout prix entrer dans la tour.
- Babioles, répéta-t-elle plus fort.
- Je vous suggère, très chère, de me donner le véritable mot de passe ou bien vous risquez d'attendre longtemps, ronchonna la Grosse Dame sans ouvrir les yeux.
La jeune fille en resta bouche bée. Non, elle était certaine que Babioles était le mot de passe de cette année. Seamus et Neville lui avaient donné à leur retour.
Elle voulut essayer encore une fois mais sa tête tourna violemment et tenta de se rattraper au mur. Peine perdue. Sa main dérapa sur la pierre et elle s'effondra à terre. Son crâne heurta durement le sol. Elle essaya de rester éveillée, de garder les yeux ouverts, mais elle sombra brutalement dans le noir et perdit connaissance.
- Vous croyez qu'elle est morte ?
- Ou juste évanouie ?
- Imbéciles, vous voyez pas qu'elle respire ?
- Vous avez vu sa jambe ?
- Vous croyez qu'on devrait appeler Madame Pomfresh ?
Ce fut ce brouhaha qui ramena difficilement Hermione à elle. Elle ignorait combien de temps elle était restée évanouie, mais elle se sentait faible et toujours nauséeuse, comme si sa blessure attendait une nouvelle occasion de la faire sombrer.
- Regardez ! On dirait qu'elle revient à elle.
Tant bien que mal, Hermione ouvrit les yeux. Autour d'elle se pressaient des dizaines de visages inconnus. Ils la fixaient avec curiosité. Les chuchotements se faisaient plus pressant mais la jeune fille n'arrivait plus qu'à en capter quelques phrases inutiles. Il n'y avait plus de temps à perdre.
Elle tenta de se redresser mais sa tête lui tourna à nouveau.
- Doucement, lui conseilla une voix féminine qu'elle ne connaissait pas. Tu devrais attendre un peu avant de te relever.
Hermione remercia silencieusement la jeune fille rousse qui venait de poser sa main sur son épaule, bien que décidée à ne pas l'écouter. Comment pourrait-elle prendre le temps de se reposer alors qu'elle en manquait cruellement ?
Un sentiment étrange s'empara d'elle lorsqu'elle croisa son regard. Comme une impression de déjà-vu, bien que la sorcière soit certaine ne l'avoir jamais croisé avant. Et pourtant, cela semblait peut probable... La jeune fille devait avoir son âge, il était donc plus que certain qu'Hermione l'avait croisé en cours.
- Allez viens, il faut t'emmener à Madame Pomfresh. Elle te remettra sur pieds en un rien de temps.
- Non, protesta Hermione. Il faut absolument que je retrouve Harry ! Je n'ai pas le temps d'aller à l'Infirmerie.
Aidée par la Gryffondor à se relever, Hermione tituba quelques instants puis sa vision redevint nette. Dans le fond de la petite foule, la sorcière crut reconnaître des cheveux ébouriffés, un visage qu'elle connaissait bien et l'éclat d'une paire de lunettes. Son cœur se mit à battre à toute vitesse.
- Harry ! appela-t-elle faiblement. Harry !
Mais la main de la rouquine dans la sienne l'entraîna ailleurs et elle n'eut pas le temps de se précipiter vers son ami.
- Il faut vraiment que tu te reposes ou tu risques de t'évanouir.
- Non ! Attends !
Hermione avait beau fouiller dans sa mémoire, elle ne parvenait pas à mettre un nom sur ce visage délicat et fin. Et pourtant...
Pourtant il ne lui était pas totalement inconnu.
C'était à ni rien comprendre et la jeune fille sentait un mal de crâne naître dans sa tête.
- Je n'ai pas le temps de me reposer, contredit-elle. Je dois prévenir Harry, ou McGonagall. Les avertir de ce qui va arriver. Je...je dois parler à quelqu'un.
- Tu pourras parler à qui tu veux, après avoir vu Madame Pomfresh.
Hermione voulut protester. Il n'y avait pas un instant à perdre ! Voldemort allait arriver et Harry devait être averti de ce qui l'attendait ! Comment cette sorcière pouvait-elle être aussi calme alors qu'elle-même sentait la panique la gagner.
Une ambiance étrange flottait dans l'air. Comme si rien de grave ne se préparait, comme si Voldemort et son armée ne viendrait jamais. Pourtant c'était faux ! Lors de leur retour, Harry, Ron et elle avaient bien remarqué l'atmosphère lourde et froide qui régnait dans les couloirs du château. Et maintenant, elle avait disparu.
Quelque chose se tramait.
Quelque chose avait changé.
Et pourtant, Hermione ignorait encore ce que c'était.
- Alors, commença la rouquine avec un sourire. Comment tu es arrivée là ?
Cette fille ne renonçait-elle jamais ? Pourquoi était-elle aussi calme et détendue ?
- La...La Grosse Dame, répondit poliment Hermione en cherchant d'autres élèves du regard. Elle n'a pas voulu me laisser entrer.
La sorcière eut un rire.
- C'est normal, elle ne laisse entrer que les Gryffondors. Il aurait fallu que tu donnes notre mot de passe pour passer.
Hermione allait répliquer lorsqu'elles arrivèrent devant la porte de l'Infirmerie. Sans attendre, la sorcière frappa doucement à la porte, puis recula de quelques pas.
- Voilà, je te laisse avec Madame Pomfresh.
Elle lui adressa un sourire puis tourna les talons, prête à repartir. Hermione voulait la retenir, se précipiter dans le bureau de McGonagall, mais sa compagne la prit de cours.
- Au fait, demanda-t-elle en se retournant un bref instant. Comment tu t'appelles ?
- Hermione Granger, répondit la jeune fille.
- Enchantée Hermione. Moi c'est Lily. Lily Evans.
