Auteur : Ariani Lee

Bêtalecture : Shangreela (Lyly U a changé de pseudo)

Fandom : Final fantasy VII, Kingdom Hearts

Pairings: AkuRoku, RokuNo, AkuNo (RAR quoi… mais bon, ici c'est surtout le RokuNo qui prime)

Disclaimer : J'ai commencé à écrire cette deuxième partie alors que je venais de finir de finir le quatorzième chapitre de « A Cœur Fendre » (d'ailleurs je recommande chaudement de lire cette histoire avant, car celle-ci en est la suite directe). Tout à Square Enix, je ne gagne pas de sous là-dessus.

Résumé : Suite à un grave accident, Axel se retrouve dans le coma et les médecins ignorent s'il se réveillera. Mais la vie doit continuer, y compris pour son meilleur ami et son petit ami. Reno et Roxas vont devoir se battre ensemble, souffrir ensemble… et ?

Note : D'après la chanson d'Alizée, « Cœur Déjà Pris ». Oui, encore. Non, j'écoute pas que ça…

Edit juin 2015 : Je replace CDP dans la section Kingdom Hearts.

Chapitre 1 : Trauma

De t'attendre

Si c'est ainsi

Mais comprendre

Que l'ennemi

N'a pas de voix

N'est pas celui qu'on croit

Unité des soins intensifs de l'hôpital de Nevercastle. Linoléum blanc cassé et brillant, long comptoir d'accueil, voix feutrées d'infirmières en blouse blanche, murs peints en mauve.

Tout autour de la salle, des portes. Des chambres – pas beaucoup, à peine une douzaine. On ne reste jamais bien longtemps aux soins intensifs. Rangée de sièges en plastique jaune poussin. Dans les chambres, des êtres humains luttant pour survivre. Dans la troisième chambre sur la gauche, le petit panneau accroché au pied du lit annonçait : « Axel Lee ».

Assis sur une des chaises en plastique, Reno attendait. Il avait le teint blême, une pâleur accentuée par ses tatouages, et les cheveux encore plus hérissés que d'habitude à force d'y passer les mains. Le cœur encore à l'envers de ce qu'il avait vu dans cette chambre, et qu'il n'oublierait jamais, même si… même quand Axel s'en serait sorti.

Reno avait peur. Une véritable terreur qui explosait en permanence dans chaque goutte de son sang, dans ses nerfs, dans chaque fibre vivante de son corps. Il se concentrait sur les allées et venues d'une des infirmières quipassait de chambre en chambre, si calme, tout était si calme… Il tentait de maîtriser sa peur. De la dominer, parce qu'il attendait.

Il attendait Roxas. Il ne lui avait pas dit ce qui était arrivé. Juste qu'il y avait eu un accident, de prendre sa voiture et de venir tout de suite. Et quand il arriverait, ce serait à lui d'être rassurant, à lui de protéger l'autre, parce que Roxas était encore beaucoup trop fragile psychologiquement pour supporter ça. Mais il ne pouvait pas le lui cacher. Alors il devrait être fort, parce ques'il montrait à quel point il était proche de la rupture et prêt à s'effondrer, ils seraient foutus tous les deux.

Pourquoi est-ce que ça leur arrivait ? Les choses n'étaient-elles pas déjà assez compliquées comme ça ?

Mais il était inutile de se révolter. Inutile de protester, de hurler que ce n'était pas juste, de céder à l'envie de démolir quelque chose, n'importe quoi. Il fallait simplement attendre. Et encore attendre. Et Reno avait horreur d'attendre. D'un autre côté, l'idée de retourner dans la chambre lui donnait des frissons d'angoisse. Il avait envie de vomir. Il avait envie de pleurer. Il avait envie de se rouler en boule sous les sièges en plastique et que le monde entier l'oublie. Mais plus que tout, il avait envie de se cogner la tête dans un mur, jusqu'à ce qu'elle éclate et qu'il puisse en extraire l'image, imprimée dans sa rétine, de l'homme qu'il aimait couché dans ce lit d'hôpital, de son meilleur ami accroché à toutes ces machines…

- Laissez-moi passer !

Le silence du service avait volé en éclats de voix stridents, bientôt suivis par des bruits de lutte.

- Lâchez-moi ! Lâchez-moi ! RENO !

Mais il était déjà debout. Lorsqu'il découvrit Roxas, aux prises avec trois infirmiers – un homme et deux femmes – lui se débattant pour leur échapper, eux luttant pour le maintenir, il n'eut guère de mal à comprendre ce qui s'était passé. Dans un service pareil, on ne laissait déjà entrer que très peu de gens. Et certainement pas des personnes dans un tel état de nerfs, qui auraient risqué de faire peur aux patients. Roxas le vit, et son regard le transperça comme une flèche. Il avait peur, lui aussi. Peur de ce qu'il ne savait pas. Reno se demanda brièvement si c'était pire que d'avoir peur de ce qu'il savait, lui. Il se rapprocha.

- Monsieur, calmez-vous, maintenant ! S'exclama une des infirmières, fermement mais sans hausser le ton.

- Reno, qu'est-ce qui se passe ? Demanda Roxas, et sa voix suintait le désespoir.

C'était à l'accueil qu'on lui avait dit, « deuxième étage, service des soins intensifs », quand il avait donné le nom d'Axel. Il n'avait eu que deux minutes, entre ce moment et celui où il avait poussé la porte comme une furie avant de se faire arrêter par le personnel, que deux minutes pour extrapoler. Mais ça avait largement suffi pour qu'il s'imagine le pire du pire. Reno se rapprocha de lui, et les trois infirmiers le relâchèrent prudemment après l'avoir jaugé de la tête aux pieds et apparemment estimé qu'il saurait le maitriser seul. Roxas se jeta dans ses bras et il l'étreignit.

- C'est grave ? Gémit la voix du blond.

Le personnel s'était éloigné. Ils étaient habitués aux drames et savaient d'expérience reconnaître quand une situation était sous contrôle. Reno lui caressa les cheveux, la gorge durement nouée, obligé de forcer sa voix à faire sortir les mots. Inutile de mentir. Mais comme il détestait devoir le dire…

- Oui… oui, c'est grave, arriva-t-il finalement à articuler.

Roxas éclata en sanglots douloureux, serrant sa taille.

- Qu'est-ce qui s'est passé… ?

Sa question sonnait comme « pourquoi ça nous arrive ? », et trouvait un écho douloureux dans le cœur de Reno qui avait eu la même pensée.

- Il sortait du boulot. D'après ce que ses collègues ont dit aux ambulanciers, il ne faisait pas attention. Et le chauffeur du camion était au téléphone. Les secours sont arrivés très vite.

- Qu'est-ce qu'il a ?

Reno resserra son étreinte sur le blond. Il se demanda s'il ne ferait pas mieux de demander à un médecin ou à une infirmière de lui expliquer, mais il valait mieux pour Roxas qu'il le fasse lui-même.

- Il a un enfoncement de la cage thoracique, plusieurs côtes cassées et un poumon perforé. Il y a aussi un grave traumatisme crânien. Pour l'instant, ils se concentrent surtout sur son poumon. Le médecin a dit qu'il devrait se remettre de ses blessures.

Ça ressemblait à de bonnes nouvelles, mais il savait que Roxas saisissait qu'elles ne l'étaient pas vraiment.

- Où est le problème ? Demanda-t-il d'une voix altérée par l'angoisse.

Reno ferma fort les yeux pendant un instant. Si seulement il avait pu rejeter tout ça très loin de lui… Ne pas être concerné.

- Il… il est dans le coma. Ils ne savent pas si… s'il se réveillera un jour.

Roxas s'écarta brutalement.

- Je veux le voir, exigea-t-il d'une voix dure, mais la panique y était perceptible.

- Il faut d'abord que tu te calmes.

- Que je me calme !

- C'est ça où ils te feront sortir.

Reno songea qu'il aimerait bien qu'ils essayent, pour voir. Mais mieux valait ne pas se faire remarquer comme ça d'entrée de jeu. Heureusement, Roxas semblait l'avoir compris. Il se laissa guider jusqu'aux sièges, hagard, et se blottit contre Reno, tremblant légèrement. Ils restèrent ainsi un long moment, jusqu'à ce que sa respiration retrouve un rythme normal et que ses larmes se tarissent. Il avait toujours une tête à faire peur – relativement – mais c'était déjà mieux. Reno se leva et leurs mains se trouvèrent, se serrèrent.

- Je te préviens, c'est… très impressionnant. Il est relié à tout un appareillage, et il a été intubé. Et il est… attaché.

Roxas écarquilla les yeux.

- …Quoi ?

- Il est dans le coma, mais s'il se réveillait il pourrait essayer d'arracher le tube. Ils n'ont aucune certitude avérée, ils doivent encore confirmer pas mal de choses…

- Alors il y a des chances qu'il se réveille !

- Ils doivent prendre toutes les précautions, Roxas.

C'était atroce de devoir modérer ses espérances. Lui-même essayait de résister. Roxas soupira, les yeux fermés. Reno jura intérieurement. Ils n'avaient pas besoin de ça, et surtout pas Roxas. Il avait déjà suffisamment de problèmes comme ça.

- Ça va aller ? Demanda-t-il doucement.

Le blond hocha lentement la tête.

- Oui. S'il te plaît.

Sa main toujours dans la sienne, il le guida jusqu'à la chambre. Il prit une profonde inspiration avant de passer la porte, tentant de se blinder contre la vision qui l'attendait. Cela marcha plus ou moins, mais le gémissement que le blond essaya sans succès de réprimer lui fendit le cœur. Reno sentit sa main se serrer sur la sienne, serrer à lui briser les os.

Dans la lumière artificielle et crue du plafonnier, la peau d'Axel semblait grise, et ses cheveux plus bruns que rouges. Il était couché sur un lit surélevé, des électrodes collées sur le front et la poitrine, dissimulées sous le drap blanc. Ses poignets étaient attachés dans des bracelets de cuir et tout un côté de son visage était couvert d'écorchures. Sur les écrans des moniteurs tout autour et sur les étiquettes des pochettes suspendues à deux supports métalliques pour perfusion, au bout de tous ces fils, des noms s'affichaient, des courbes et des diagrammes qui ne signifiaient rien pour eux, dont l'incompréhension totale ajoutait encore à leur angoisse. De temps en temps, une des machines émettait une espèce de « biiiiiiiiiiiip » crispant qui rappelait un peu la sonnerie de leur appartement.

Mais le pire… le pire c'était cette monstruosité enfoncée dans sa gorge, qui forçait son poumon gauche – celui qui n'était pas perforé – à se remplir d'air, puis à l'expirer. Ça faisait un bruit atroce, un raclement sifflant, un son qui portait un nom, un mot dont Reno n'aurait jamais cru se servir pour autre chose que remplir une grille de mots croisés – un râle sibilant.

Roxas s'accrocha à son bras et il le passa autour de sa taille pour le soutenir.

Et puis quoi ?

S'approcher du lit. Tenir ses mains, chacun une, mais sans vraiment pouvoir car elles étaient rivées au lit. Guetter sur son visage un signe qu'il sentait leur présence, se demander s'il souffrait, se demander ce que pouvaient bien vouloir dire ces lignes sur l'encéphalogramme. Une caresse sur ses jambes gansées dans des bas blancs, les bas dits « de contention » qu'on ne met qu'aux patients qui vont rester couchés pendant très longtemps. C'était presque joli.

Déposer des baisers sur son front, écarter des mèches de cheveux qui s'étaient égarées, avoir envie de lui parler mais en être empêché par la conscience si aigüe qu'il n'entendait rien, et la gêne. Lisser les draps et arranger les fils des perfusions, comme s'il pouvait s'en rendre compte, comme si ça pouvait l'aider à aller mieux.

Se répéter que c'était insoutenable, qu'ils ne voulaient plus jamais voir ça, mais ne pas vouloir partir quand l'infirmière vint annoncer la fin des visites. Rester encore quelques minutes, envisager de s'attacher au lit pour pouvoir s'attarder davantage.

L'abandonner. Etre obligé partir, se sentir l'être le plus ignoble du monde de le laisser seul dans cette chambre aseptisée, ne pas se retourner pour jeter un regard en arrière parce que sinon c'est la crise de panique.

Et s'échouer dans la voiture et simplement rester assis là, et regarder l'autre en se disant qu'on ne sait pas si un jour ça s'arrangera.

- Je te raccompagne chez toi ? Demanda Reno.

Il n'avait vraiment pas envie de le laisser seul, mais s'il lui proposait de rester avec lui, il craignait qu'il l'interprète mal. Roxas acquiesça, l'air toujours perdu. Reno descendit de voiture à contrecœur.

- Je te suis alors. Roule doucement, d'accord ?

Le blond hocha la tête et il referma la portière. Sa moto attendait à quelques mètres et il songea, en l'enfourchant, qu'il était quand même ironique que ce soit Axel qui soit à l'hôpital suite à un accident de la route, alors qu'il passait son temps à lui faire la morale sur sa conduite dangereuse. Il soupira, mit le contact et attendit que Roxas démarre. Puisil suivit la voiture, s'arrêtant à sa hauteur à chaque feu rouge, le regardant à travers la vitre. Les yeux de Roxas étaient rivés sur la route, devant lui, comme s'il n'y avait plus que ça au monde. Reno se demanda s'il n'avait pas momentanément oublié sa présence, puis se dit que c'était tant mieux. Tant qu'il était concentré sur sa conduite…

Il pensa, dans un éclair, qu'il ne le supporterait jamais si Roxas avait un accident maintenant, avec ce qui se passait. Et qu'en l'absence d'Axel son devoir était de le protéger, de veiller sur lui. Ses propres sentiments importaient peu. Son amour pour Axel, son attirance pour Roxas, tout ça n'était rien, rien comparé à ce qu'Axel dirait si Roxas n'était pas là à son réveil. S'il n'allait pas bien.

Le feu passa au vert et Roxas redémarra, son visage toujours étrangement fixe. Une expression que contrairement à Reno Axel aurait reconnue : c'était celle qu'il affichait la première fois qu'il l'avait rencontré. Celle qui lui avait donné l'impression qu'il le regardait sans le voir, l'impression de ne pas exister. Reno trouvait ça inquiétant. Axel aurait dit « alarmant ».

Finalement, il le raccompagna jusqu'à la porte de son appartement. Au moment de partir, il sentit qu'il ne pouvait pas le faire sans rien ajouter. Il fallait qu'il lui dise qu'il était là pour lui, mais encore une fois, comment le faire sans risquer que Roxas le comprenne de travers ? Reno se mordit les lèvres puis enfin, parla.

- Ecoute, je…, commença-t-il.

Et Roxas le regarda, la main posée sur le chambranle de la porte, et Reno eut l'impression subite d'être devenu transparent. Il était dans un état second, c'était évident.

- Je suis là pour toi, quoi qu'il arrive. Tu peux compter sur moi – je veux que tu comptes sur moi, d'accord ? Je veux que tu m'appelles si tu as besoin de moi. Et que tu prennes soin de toi.

Roxas baissa les yeux, las. Prendre soin de lui ? Pourquoi faire… ? Reno vit son regard et sut que c'était précisément ce regard qu'il ne voulait surtout pas voir. Mû par une impulsion subite, il fit un pas dans l'appartement et attira Roxas dans ses bras avant de le serrer fort.

- Si tu le fais pas pour toi, fais-le pour Axel.

Roxas soupira et se blottit contre lui et Reno fut soulagé de voir qu'il était revenu à lui.

- Il me manque déjà, murmura le blond.

Reno le serra plus fort.

- Je sais. A moi aussi.

Un instant plus tard, alors qu'il se tenait dans le couloir, sur le point de partir, il saisit dans le regard du blond quelque chose… Comme s'il voulait poser une question mais qu'il hésitait. Reno crut un instant qu'il allait lui demander de rester. Mais cela ne dura qu'un instant et après avoir l'avoir remercié, il ferma la porte. Le roux soupira et redescendit, la gorge nouée. Il se sentait mal de le laisser seul, comme il se sentait mal à la pensée d'Axel abandonné dans sa chambre d'hôpital, et à celle de l'appartement vide qui l'attendait. Il se dit, en mettant le contact, qu'il aurait dû oser lui proposer de rester avec lui. Il savait bien, lui, qu'il était droit dans ses bottes…

Assis sur son divan, les jambes repliées contre son torse et le front reposant sur ses genoux, Roxas s'étreignait des deux bras, le cœur battant d'angoisse. Il se disait qu'il aurait dû oser demander à Reno de ne pas le laisser seul.

Voila le premier chapitre. Je dois vous prévenir que la publication risque d'être lente (n'attendez pas plus d'un chapitre par mois, et je suis optimiste), par contre, les chapitres seront plus longs. Je détaille tout ce que j'écris sur tumblr donc vous pouvez suivre le lien sur mon profil pour aller jeter un œil. Il n'y a pas encore d' « article » consacré à cette fic mais j'en ferai un mercredi ou jeudi.

Vous voilà, j'espère, soulagés : Axel n'est pas mort. En même temps, ceux d'entre vous qui me connaissent savent que je serais incapable de faire ça !

Au passage, Lecimal, comme tu l'as vu, il a toujours ses cheveux, mais c'est pas passé loin. Et le plus fort, c'est que c'est ta remarque qui m'a rappelé qu'on doit raser le crâne du patient pour réparer les traumatismes crâniens. Heureusement, mes recherches m'ont appris que certains traumas graves (ceux qui entraînent, comme pour Axel, un « coma profond d'emblée » - merci Wikipédia) ne sont pas nécessairement des traumas ouverts, et donc que le patient garde ses tifs. Sinon, je n'aurais pas hésité à le tondre, pour la crédibilité de l'histoire ! Je suis désolée !

Hakuna Matata, les enfants.