Titre : Les papillons
Auteures : EpsilonSnape, AudeSnape et Pauu_Aya
Raiting : M
Paring : Slash, Yaoi, HP/BW
Disclaimer : Nous sommes JKR ! Justine, Karen, Raven… Mais qu'est ce que je raconte… Bon, nous aimerions toucher un gros tas de Gallions pour cette histoire, mais ce n'est pas le cas (quoique des dons seraient les bienvenus :D)
Statut : Terminée, 3 chapitres
Résumé : Bill l'observe depuis si longtemps… Chaque semaine il le voit rire, chaque semaine il le dévore des yeux, chaque semaine il se fait honte. Yaoi HP/BW.
NdA :
Epsi : Tout est parti d'une discussion entre Pauu et Aude… Je pense d'ailleurs qu'elles étaient ivres [Pauu : Non non… Promis, on n'a pas besoin de ça] à ce moment là… Elles m'ont suggéré de faire un OS où du beurre serait utilisé à la place du lubrifiant… Toujours tenté de relever un défi, j'ai dit oui évidemment, mais je ne voulais pas faire un PWP et j'avais déjà pas mal d'écrits en cours. J'ai donc écrit une trame et je l'ai mis de côté…
Un soir, alors que nous nous embêtions fermement, pour ne pas être vulgaire, nous avons décidé d'écrire une histoire toutes les trois et j'ai ressorti ma trame. Nous avons chacune écrit des petits passages, les unes à la suite des autres, et nous nous sommes beaucoup amusés ! C'était drôle de voir la pages Drive bouger de tous les côtés pendant que chacune écrivait ce qu'elle voulait. Bref, Finalement, c'était un OS de 45 pages, donc nous l'avons coupé en trois. Bonne lecture, et j'espère que cette histoire vous plaira autant que nous avons eu de plaisir à l'écrire ;)
AudeSnape : Epsi est vraiment géniale, fantastique, fabuleuse. (Epsi, c'est MA description… va écrire ailleurs XD) Epsi a tout dit et j'ai adoré voir tout le monde écrire (surtout vu que j'ai peu écrit par rapport à elles mouahahah). Vivement la prochaine ! :D
Pauu_Aya : Bon bah Epsi a déjà tout dit ! :) alors je vais pas rajouter grand chose. J'ai pris beaucoup de plaisir à écrire cette petite histoire et j'espère que vous en apprécierez la lecture !
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Les papillons
Partie I
Bill dénoua sa cravate une énième fois en soupirant fortement. Il prit une grande inspiration, se força au calme et réessaya de la nouer correctement. Il se vit grimacer dans le miroir alors que ses mains s'emmêlaient avec le tissu. Une minute plus tard, il arrachait brusquement la cravate et la jetait à terre, laissant échapper un juron. Il détestait se rendre à ces repas de famille, et il détestait devoir mettre cette cravate à la main parce que sa mère estimait qu'une cravate nouée par magie ne ressemblait à rien.
Il observa le tissu qui gisait à terre puis fixa son propre regard dans la glace. Il leva une main, et d'un doigt pointa son reflet.
- Tu n'es qu'un idiot Bill Weasley. Un veracrasse sans cervelle. Peux-tu m'expliquer pourquoi tu t'infliges ça ?
Le visage en face de lui lui renvoya un sourire arrogant, et c'est en ricanant qu'il lui répondit :
- Parce que tu es fou de lui. Et que tu préfères mille fois le voir et devoir supporter cette situation, que de rester loin de lui.
- La ferme, répondit Bill.
Il récupéra sa cravate, toujours au sol, d'un geste souple et la repassa autour de son cou, essayant à nouveau de la nouer. Il songea un instant à utiliser sa baguette, mais quitte à se faire gronder par sa mère, autant éviter de se faire étouffer par un morceau de tissu avant.
- Merde, marmonna-t-il.
Avec un soupir à fendre l'âme, il laissa les deux bouts de la cravate pendre lamentablement et regarda à nouveau son miroir. Il haïssait ses frères de lui avoir offert ce foutu meuble qui adorait l'insulter dès qu'il se trouvait devant. Un cadeau empoisonné.
- Et bien maman devra se contenter de ça.
- Sexy, répondit son reflet en lui faisant un clin d'oeil aguicheur.
Bill lui lança un regard noir et tourna le dos à la glace. Ce n'était pas la première fois qu'il galérait avec sa cravate et il ne pouvait s'empêcher de se remémorer la fois où c'était lui qui lui avait montré comment faire. Son coeur rata un battement à ce souvenir. Il se revoyait encore devant le Terrier…
Ils s'étaient rencontrés sur le pas de la porte, avant l'un de ces fameux dîners de famille. Bill arrivait directement du travail et n'avait qu'eu le temps de passer une chemise blanche et d'attraper une cravate avant de transplaner à Loutry Ste Chaspoule. Juste avant qu'il ne frappe, il était apparu et il lui avait souri. Il avait jeté un oeil à sa cravate et avait laissé échapper un petit rire. Bill l'avait alors vu s'approcher de lui rapidement. Il avait levé ses mains pour les passer derrière sa nuque, et Bill avait senti son coeur s'arrêter. Ca n'avait pas duré longtemps, une minute peut-être, mais dès qu'il devait mettre une cravate, il ne pouvait que repenser à ce moment. Il lui avait expliqué comment faire, et luiavait avoué que lui, avait appris tout seul, pour ne pas se faire disputer par Molly.
Malheureusement, il n'avait rien retenu de ses explications. Était-ce à cause de ces mains qui avaient touché parfois sa nuque, effleuré sa barbe naissante, caressé sa pomme d'adam ? Était-ce à cause de ces yeux si brillants ? Ou était-ce à cause de cette bouche si tentatrice d'où étaient sorties ses paroles ?
Qu'avait-il pu lui dire ? Le grand-pan sur le petit, le passer derrière, faire une boucle ? Il n'en savait plus rien. De toute façon, il était trop tard pour recommencer, et il ne voulait pas froisser sa cravate plus qu'elle ne l'était déjà. Dans un nouveau soupir, il quitta sa chambre et se dirigea vers le salon. Là, il attrapa la bouteille de vin de fabrication elfique - et hors de prix - pour l'offrir à sa mère et se dirigea vers sa cheminée.
Avant de disparaître dans les flammes vertes, il eut une pensée soudaine :
Et si, il lui refaisait son noeud ? Encore une fois…
La sensation n'était pas agréable, mais il y était maintenant habitué. Il mit son poids vers l'avant pour anticiper l'atterrissage et n'eut donc aucun problème à l'arrivée. Il épousseta les quelques cendres qu'il y avait sur le bas de sa robe et sourit en avisant la présence de son frère, Charlie, qui devait être arrivé quelques secondes seulement avant lui. Charlie et lui avaient toujours été très proches, et depuis qu'ils étaient tous deux de retour en Angleterre, ils se voyaient régulièrement, passant de nombreuses soirées à parler autour d'une Bièraubeurre. C'était ainsi que le dragonnier avait appris son secret. Plus d'une fois, il l'avait consolé à la fin de ces repas et plus d'une fois il avait maudit l'autre de faire souffrir son frère comme ça.
Ils se donnèrent une rapide, mais franche, accolade mais n'eurent pas le temps d'échanger le moindre mot. Leur mère entra à ce moment dans le salon.
- Charlie ! Bill ! Vous êtes les premiers ! s'exclama-t-elle, ravie de voir deux de ses fils.
Malgré toutes les années qui s'étaient écoulées, Molly Weasley n'avait pas beaucoup changé. Des rides marquaient maintenant son visage et quelques cheveux blancs parsemaient son crâne, mais elle était toujours la même femme un peu potelée, joyeuse et dynamique, que dix ans auparavant. Ces repas étaient, évidemment, à son initiative. Elle avait toujours pensé qu'il était important de garder un lien familial fort, et quand, à la fin de la guerre, Fred avait failli perdre la vie, elle avait décidé qu'ils se verraient tous une fois par semaine. Elle n'acceptait aucune absence, aucun refus.
- Bill ! Qu'est-ce que c'est que cette cravate ?
Comme il s'y attendait, sa mère commença à s'énerver après son incompétence à faire un noeud de cravate, tout en le faisant pour lui. Un sourire triste s'installa sur ses lèvres. Molly serait toujours là pour eux, et elle serait toujours celle qui, chaque semaine, ferait son noeud mais Bill pouvait aimer sa mère autant qu'il le voulait, il espérait toujours que ce soit un autre à sa place… que ce soit lui qui s'en occupe.
Il ne fallut pas longtemps pour que les autres arrivent. Les jumeaux déboulèrent quelques minutes à peine après eux et Bill s'amusa d'entendre leur mère leur crier dessus : lui n'avait peut-être pas réussi à mettre sa cravate correctement, eux avaient fait exprès de ne pas en mettre. Chaque semaine ils lui faisaient le coup. Ce ne fut que sur la fin des hurlements de Molly, que Ron arriva avec son épouse, Hermione, enceinte jusqu'aux yeux et accrochée à son bras, suivi de près par Percy accompagné de sa fiancée Audrey. Les conquêtes de Fred et George, Angelina et Olivier arrivèrent ensuite, en même temps que la seule fille de cette grande fratrie, Ginny et son petit ami Dean. Arthur, qui était parti dans le jardin pour préparer la table le temps que sa femme hurle sur les jumeaux, les avait ensuite rejoints.
Molly invita tout le monde à sortir sur la terrasse et à prendre place autour de la table, sous le soleil de midi, mais Bill ne bougea pas d'un centimètre. Lui n'était pas là… Il ne savait pas s'il devait le faire remarquer… Même s'il avait très envie de demander pourquoi il était absent, il savait très bien que s'il le faisait, ses frangins allaient le taquiner jusqu'à la fin du repas. Il vit Charlie lui faire un sourire compréhensif et avec un soupir, il s'avança et suivit sa famille. Tout le monde était heureux de se retrouver : les plats passaient de mains en mains, on se parlait d'un bout à l'autre de la table, les éclats de rire fusaient et pourtant, Bill était en dehors de tout ça.
Il ne faisait que fixer cette chaise, cette maudite chaise vide, juste en face de la sienne. Par chance, sa famille pensait que sa dure semaine de travail était à l'origine de son état léthargique mais il n'en était rien. Il n'était pas fatigué, il était songeur. Percy et Audrey parlaient avec Molly de l'organisation de leur mariage et indubitablement, cela lui rappela le sien. Son mariage, ou son presque-mariage… Comment appeler cette débâcle ?
A l'époque, Bill avait pensé que tous ses doutes n'étaient tait que l'expression du stress de voir le grand jour arriver, que cela passerait, que les questions qu'il se posait étaient de celles que tout homme avait avant son mariage, mais au fil des mois, les doutes qui l'avaient assailli ne s'étaient pas estompés. Et même pire que cela, ils s'étaient renforcés.
Et si Fleur n'était pas la bonne ? S'il était malheureux ? Pourrait-il la combler ? L'aimer jusqu'à ce que la mort les sépare ? Pourrait-il lui faire l'enfant unique qu'elle désirait ? Serait-il capable de lui faire l'amour chaque jour que Merlin faisait ?
Il avait beau avoir parlé avec différents couples mariés, tous lui avaient répondu les mêmes absurdités : "Tu le sais immédiatement quand c'est la bonne." "Un regard, un sourire et tu sais." "Ce n'est pas quelque chose que l'on sait, c'est quelque chose que l'on sent." "Si ta magie s'agite, si ton coeur tambourine, si tu as des papillons dans le ventre, c'est que c'est elle. "
Balivernes.
Tout ceci, il l'avait senti avec Fleur, dans les débuts, mais ensuite ? Etait-ce normal que cela disparaisse avec le temps ? Pourtant, lorsqu'il voyait ses parents se regarder dans le blanc des yeux, il voyait cette étincelle, cette chose qui faisait que leur amour se remarquait à des kilomètres. Et c'était bien pareil pour Ron et Hermione. Mais lui… Ses yeux brillaient-ils de la même intensité lorsqu'il regardait Fleur ? Il n'en avait pas la moindre idée.
Il s'était posé des questions pendant des mois. Parfois, sans qu'il le comprenne, ses pensées s'éloignaient de la femme qu'il devait épouser pour se diriger vers quelqu'un d'autre. Il avait mis un certain à comprendre qui était la forme qui venait hanter ses rêves, à qui étaient ces yeux, cette bouche qui le rendaient fou. Puis, un jour, il l'avait croisé, et il avait compris. Tardivement, mais il l'avait compris.
Le grand jour, lorsqu'il avait vu sa femme, dans sa magnifique robe blanche, il avait souri. Elle était belle. N'importe qui l'aurait avoué sans problème. Puis… Bill avait laissé son regard courir sur la foule de gens venus célébrer leur mariage et ses yeux avaient rencontré les siens.
Les papillons ! Voilà où ils étaient passés ! Les papillons dans son ventre étaient réapparus et il sentait leur douce chaleur se propager dans tout son être grâce à ses yeux. A lui. Pas ceux de Fleur. Bill avait alors reculé, surprenant tous leurs invités, sa femme, ses parents, ses frères et lui.
Ce fut à ce moment là, que des explosions avaient commencé à retentir, que les Mangemorts étaient apparus. Et ce fut une aubaine pour lui, s'il pouvait appeler ça ainsi, car tout le monde avait cru que c'était parce qu'il avait aperçu les prémices de l'attaque qu'il avait reculé. Et personne n'avait associé son geste à l'idée qu'il refuse de se marier.
Les cris avaient fusé de part en part, assourdissants, grondants, terrifiants. Bill avait sorti sa baguette et protégé sa famille. Il était le plus apte à le faire, le plus puissant, le plus doué, le plus formé. Ses yeux avaient navigué dans la foule, à la recherche de personnes qui auraient besoin d'aide et encore une fois, son regard avait happé le sien. Une seconde, une minute, une heure, peu importe, cela avait été le moment le plus intense de toute sa vie.
Puis il avait disparu de sa vie. Comme ça, facilement. Le laissant avec toutes les emmerdes qu'il avait créées sur son passage : avouer à Fleur qu'il ne l'aimait plus ; avouer à ses parents qu'il ne se marierait pas ; avouer à Charlie qu'il était sans doute gay… Il était retourné en Egypte, avait repris sa vie d'avant. Trois années s'étaient écoulées. La guerre s'était terminée, et une fois le pays redevenu stable, il s'était vu offrir un poste à la Banque de Gringotts. Il avait accepté, y voyant l'occasion de se rapprocher de sa famille, et de passer plus de temps avec Charlie.
C'était sûrement grâce à ce dernier qu'il avait réussi à tenir toute l'année où il était parti, puis celles qui avaient suivi, alors qu'il vivait en Egypte. Encore aujourd'hui, alors que toute sa fratrie, sauf peut-être Ron, avait deviné son attirance pour lui, il était son seul frère qui ne s'était jamais moqué de ses sentiments.
Bill tourna son regard vers Charlie et alors que leurs yeux se rencontraient, alors que le plus jeune souriait à son aîné, alors qu'ils ouvraient la bouche pour discuter ensemble, un fracas se fit entendre dans le salon.
Toute la famille se précipita vers la source du bruit et dans l'agitation, personne ne vit le visage troublé de Bill qui avait deviné qui était à l'origine de ce son qui avait résonné dans toute la maison.
C'était lui qui venait d'arriver, comme à son habitude, recouvert de suie. Bill força son regard à se détacher des taches sombres qui recouvraient son visage et qui l'attiraient inévitablement vers ses lèvres. Il déglutit silencieusement et chercha quelque chose - quelqu'un - qui pourrait le distraire. Et ce quelqu'un, ce fut Charlie qui posa une main qui se voulait rassurante sur son épaule. Son frère devinait la tempête qui devait se dérouler dans le cerveau de l'aîné.
Bill soupira et regarda sa mère. Il la vit froncer des sourcils alors que le regard de Molly se posait quelque part derrière Harry. Il eut à peine le temps de se tourner dans la direction du brun qu'il entendit sa mère demander :
- Harry ! Tu es venu accompagné ?
- Heu… Oui, bafouilla-t-il.
Il se tourna vers un jeune homme qui attendait en silence sur le pas de la cheminée. Il le désigna d'un mouvement de main en lui offrant un doux sourire.
- Tout le monde, voici Vitus Thorny, mon compagnon. Vitus, je te présente la famille Weasley : Molly, Arthur, Bill, Charlie, Percy, Fred et George, Ron, Hermione, Ginny, Audrey, Dean, Angelina et Olivier.
Bill sentit son coeur se briser dans sa poitrine. Comment pouvait-il encore supporter ça ? Il se sentit tiré en arrière et avant d'avoir eu le temps de s'effondrer devant toute sa famille, il était dans les bras de Charlie, dans la chambre de ce dernier, à l'abri des regards. Il ne pleurait pas, ne hurlait pas, ne sanglotait pas. Il était juste là, les épaules basses, le regard vide, le front appuyé contre l'épaule de son frère. Comment pouvait-il lui faire ça ?
Non, il ne pouvait pas penser ça, Harry ne lui devait rien. Il ne savait même rien. Mais le côté rationnel de Bill était très loin à ce moment. Voir Harry ramener quelqu'un, un homme qui plus était, était au dessus de ses forces. Il luttait tellement contre cette attirance, depuis si longtemps… Pourquoi ? Lui même n'en savait rien.
Au fil des années, il avait vu Harry sourire, rire, être heureux, s'épanouir. Il était parfois accompagné d'un homme ou d'une femme. Bill ne voulait pas débarquer dans sa vie, tout chambouler, tout ravager. C'était peut-être une mauvaise excuse, mais c'était la seule qu'il avait en réserve. Il ne pouvait pas… Ginny avait été tellement amoureuse de lui, Molly le considérait comme son fils, et lui même avait pensé à lui comme un frère… Au début… Lorsqu'Harry n'était qu'un garçon de quatorze ans… Et puis… Harry avait grandi… et il était devenu un homme à ses yeux. Un homme beau, magnifique…
Alors il se trouvait là, dans les bras de son frère, comme un idiot. Mais ils ne pouvaient pas rester plus longtemps dans cette chambre. Harry allait se poser des questions et sa famille… eh bien sa famille devait maintenant se douter de la raison son absence, mais il n'était pas nécessaire d'empirer les choses. Il se redressa, inspira un grand coup et adressa un sourire brisé à Charlie.
- On devrait y retourner.
Le dragonnier hocha la tête silencieusement, une lueur inquiète dansait dans son regard mais qui était-il pour décider de ce que Bill devait faire ? Et de toute façon, qu'aurait-il pu faire d'utile ? Rien. Il le savait déjà. Ils sortirent tous les deux de la pièce et rejoignirent les autres dans le jardin.
Avant de passer la porte, Bill souffla profondément. Il regarda son frère et chercha comment commencer une discussion comme si elle était commencée depuis plusieurs minutes. Charlie comprit son intention immédiatement, et, avec un clin d'oeil, se prit au jeu. Il poussa la porte qui menait au jardin en déclarant joyeusement "Mais voyons Bill ! Comment peux-tu imaginer qu'un dragon fasse une chose pareil ?!". Surpris, son frère haussa les sourcils avant d'éclater d'un rire sonore. S'il y avait bien quelqu'un pour lui remonter le moral, c'était Charlie. Ils continuèrent leur pseudo conversation sur les dragons et, quand ils arrivèrent près de la tablée, personne n'aurait pu dire que, quelques minutes plus tôt, Bill avait reçu une mauvaise nouvelle.
Harry, en l'apercevant, leur adressa un sourire éclatant. Il adressa un mot à Thorny et vint à leur rencontre pour les saluer.
- Charlie ! Bill ! J'ai pas eu le temps de vous dire bonjour tout à l'heure, vous avez filé à toute vitesse. Tout va bien ?
Bill resta silencieux et ce fut Charlie qui, une fois de plus, vint à son secours en répondant au brun.
- Désolé Harry ! Je plaide coupable, déclara le plus jeune en riant. Il avait défait son noeud de cravate alors je l'ai aidé à le refaire. Avant que maman le voit, tu comprends ? finit-il, la voix basse et avec un clin d'oeil.
- Ha ! Tout est arrangé maintenant ?
- Oui ne t'inquiète pas ! Allons manger, maman va nous tuer si on la fait attendre encore plus.
Ils allèrent s'asseoir tous les trois, Bill toujours silencieux. Le repas commença, ou plutôt recommença. De nouveau les plats passèrent de mains en mains, les discussions étaient joyeuses et des éclats de rire se faisaient souvent entendre. Si l'aîné de la famille faisait au mieux pour ne pas montrer son trouble et participer à la conversation, il ne pouvait s'empêcher de jeter des coups d'oeil à l'homme qui accompagnait Harry, et chaque fois qu'ils voyaient leurs mains se lier, son estomac se nouait et un pincement lui serrait le coeur.
Vitus Thorny, âgé de vingt-six ans, était assez bel homme. Il était plutôt élancé et avait un visage fin qui sublimait sa peau pâle. Ses cheveux châtains clairs étaient coupés court, de même que sa légère barbe de trois jours, et faisaient ressortir ses yeux bleus. Il était bien vêtu, d'une robe sorcière bleu nuit, par dessus un costume moldu qui semblait être taillé sur mesure. Il devait avoir très chaud sous le soleil de plomb mais devait vouloir bien se présenter pour rencontrer ceux qu'Harry considérait comme sa famille. Ce n'était cela-dit pas très compliqué, à côté de toute la fratrie qui s'était franchement mit à l'aise depuis le début du repas. Ils étaient tous plus ou moins débraillés.
Il venait de terminer ses études de Métamorphose. Lui et Harry s'étaient rencontrés un soir, sept mois plus tôt, alors que ce dernier était en mission pour le Bureau des Aurors. Il travaillait sur une affaire de stupéfiants, un produit d'origine Moldue qui commençait à faire fureur chez les sorciers et qui avait pour particularité de permettre à ces derniers de dupliquer la puissance de leur magie pendant quelques minutes. Vitus était à l'époque en colocation avec une jeune femme, Emaly Kings, revendeuse de cette drogue. Harry l'avait d'abord soupçonné de faire partie du réseau et l'avait embarqué jusqu'au Bureau, mais après une enquête approfondie il avait été lavé de tout soupçon.
Quand le brun avait fini sa journée, il avait trouvé Vitus qui l'attendait devant la porte. Ce dernier lui avait fait un petit signe de la main, un sourire timide sur le visage, et il l'avait invité à boire un verre. Les rendez-vous s'étaient succédés et, de fil en aiguille, ils avaient commencé à sortir ensemble.
- Tu sais Bill, Vitus a eu un entretien avec les gobelins ! Je ne suis pas sûr du poste qu'il aura, mais vous pourriez être amenés à travailler ensemble d'ici peu.
- Chouette, répondit Bill avec un sourire coincé. Il se tourna vers le concerné, donc tu vas travailler à Gringotts ?
- Oui, répondit Vitus, au service de protection des biens.
- Il est très doué en métamorphose, bien plus que moi ! J'ai toujours été nul dans cette matière…
- Je suis sûr que tu exagères Harry, souffla Bill.
Il y eut un silence alors que le jeune homme lui faisait un immense sourire, plein d'innocence.
- Bien ! fit Charlie en claquant sa main sur la table, pour dissiper le léger malaise. Alors Tutus - je peux t'appeler Tutus ?
Le visage de l'homme s'était fermé à l'entente du surnom ridicule qui venait de lui être attribué mais le rouquin fit comme si de rien n'était et continua :
- Tu n'étais pas à Poudlard si je ne me trompe pas. Où as-tu étudié ?
- J'ai fait mes études à Ilvermorny, aux Etats-Unis, dans la maison de Horned Serpent.
- Oh ! intervint Ginny. Tu n'as pourtant pas l'accent américain.
- Mes parents étaient Anglais. Ils ont fui durant la première guerre car ils étaient tous les deux des nés-moldus.
Il y eut un silence lourd dans le groupe. Eux n'avaient pas fui. Ils avaient affronté la guerre et perdu tant de proches, d'amis… Et même si, heureusement, leur grande famille avait été épargnée, James, Lily, Sirius et beaucoup d'autres y avaient laissé la vie.
Cependant, le malaise ne dura pas car Harry qui, d'eux tous, avait perdu le plus, était plein d'entrain pour son compagnon.
- J'aimerais aller aux Etats-Unis un jour ! Je ne suis encore jamais sorti de ce pays.
- Je t'emmènerai si tu veux, roucoula Vitus. Une partie de ma famille y habite toujours. Ils ont une magnifique villa sur la plage, ajouta-t-il avec un clin d'oeil.
Bill serra les poings sous la table. Lui n'avait rien. Son appartement minuscule sur le Chemin de Traverse ne valait rien par rapport à une villa sur une plage américaine. "Viens avec moi Harry, je te paye des vacances à Loutry-Ste-Chaspoule !" Génial… Il se sentait minable maintenant...
§ § §
- Tu es minable Bill Weasley, s'exclama l'aîné des Weasley.
- Que te vaut ce merveilleux compliment ?
Bill se retourna vivement vers la provenance de la voix. Il sourit en reconnaissant son frère, qui venait surement de transplaner dans son appartement, et souleva lestement la cravate qu'il tentait, encore une fois, de mettre correctement. Charlie laissa échapper un rire et parcourut les deux pas qui le séparaient du briseur de sort. D'un geste rendu habile avec le temps, il noua le tissu mieux que Bill ne pourrait jamais le faire. Le dragonnier lissa la cravate, tapota deux légers coups sur le torse de son frère puis recula de quelques pas.
- Voilà ! Tu es superbe ! Allez viens, on va être en retard !
- Thorny sera là hein ?
Charlie hocha la tête faisant grimacer Bill. Ce dernier soupira pour ce qui lui semblait être la centième fois depuis ce matin.
- Doit-on réellement aller à ce dîner Charlie ? Pourquoi nous demander de venir un soir de semaine ?
- Aucune idée… Je sais juste que c'est à l'initiative d'Harry.
Le coeur de Bill rata un battement. Que pouvait bien vouloir leur dire Harry pour demander un dîner réunissant toute la famille Weasley ? Il avait un mauvais pressentiment… un très mauvais pressentiment.
- Qui te l'a dit ?
- Maman l'a dit à Ginny qui me l'a dit. Allons-y.
Il donna à Bill une poignée de poudre de cheminette et s'avança dans l'âtre. Dos au mur, il lança un dernier regard d'encouragement à l'intention de son frère puis il disparut dans un jet de flammes vertes. Dans un nouveau soupir de résignation, Bill le suivit à la trace. Quelques secondes plus tard, il ressortait dans le salon de ses parents.
Un coup d'oeil lui suffit à comprendre que lui et Charlie étaient les deux derniers à arriver. Ginny était installée dans un fauteuil en pleine discussion avec ses parents, eux-mêmes assis dans le canapé. Percy et Audrey se tenaient un peu en retrait, en train d'observer les cadres photos accrochés aux murs. Il entendit les rires des jumeaux et d'Hermione en provenance de la cuisine et il se doutait que Ron devait être avec eux.
Puis son regard se posa sur le brun, et ce fut le retour des papillons dans son ventre. Merlin… qu'il détestait ça. A peine l'apercevait-il qu'il avait envie de s'approcher de lui, comme un escargot attiré par une feuille de salade. Harry fut d'ailleurs le premier à remarquer son arrivée.
- Bill ! Salut ! s'exclama-t-il, un grand sourire aux lèvres.
Et voilà… la magie opérait. Il avait beau haïr sa situation quatre-vingt-dix pour cent du temps, dès qu'Harry lui souriait, il oubliait tout : ses malheurs, ses lamentations, à quel point cet amour à sens unique pouvait être douloureux… Il n'y avait plus que son sourire et cette lueur dans ces magnifiques orbes vertes.
- Tu as même réussi à nouer ta cravate, ajouta Harry avec un clin d'oeil.
"Si tu veux, je l'enlève et tu m'aides à la remettre," pensa immédiatement Bill. Cela-dit, il n'était pas sur que Vitus, qui était derrière Harry et qui le tenait serré contre lui, aurait apprécié.
Cet homme… Cet homme qui lui volait Harry, il avait parfois envie de le tuer. Sincèrement. Surtout que… Ils travaillaient maintenant ensemble et Bill avait appris à le connaître. C'était une personne charmante, sans aucun doute, mais au-delà de ça, il y avait autre chose. Il était beau, poli, serviable et… C'était presque trop finalement.
Pendant un moment, Bill avait été persuadé que c'était uniquement sa jalousie qui lui faisait penser ce genre de choses mais maintenant, avec le temps, il savait que ce n'était pas le cas, ou en tout cas, ce n'était pas la seule raison. Il y avait vraiment un truc louche avec le petit copain d'Harry. Il l'avait déjà croisé dans l'Allée des Embrumes alors que lui-même y était pour le travail, or, ce n'était pas le cas de Thorny. Celui-ci semblait parler à un homme d'apparence lugubre devant un bar en bien pire état que le Square Grimmaurd en temps de guerre. De plus, il y avait des rumeurs à Gringotts. Et si l'aîné des Weasley n'était pas friand des ragots car il trouvait cela puéril et que, la plupart du temps, il s'agissait de mensonges, il avait écouté ceux-là avec intérêt, car à Gringotts, il n'y avait jamais de ragots, jamais de rumeurs. Les gobelins et les quelques sorciers qui y travaillaient, n'avaient pas que ça à faire. C'est pour cela qu'il avait écouté ce que les gens avaient à dire.
Bill avait alors appris que Thorny s'absentait sur ses heures de travail, que malgré qu'il soit gentil, quelques personnes l'auraient vu avec un comportement étrange. De plus, il y avait un gobelin, Kriph, qui racontait à qui voulait l'entendre, qu'il l'avait vu donner des substances étranges dans une ruelle sombre à un type plutôt louche.
Face à ces informations dont il n'avait su que tirer, l'aîné des fils Weasley avait fait la première chose qui lui était venue en tête : aller voir Charlie et tout lui raconter. Son frère avait semblé aussi troublé que lui et tous deux avaient alors commencé à épier ce Vitus Thorny pendant leur temps libre. Ils ne voulaient rien dire à qui que ce soit d'autres tant qu'eux ne l'avaient pas vu de leurs propres yeux.
Les deux frères avaient alors changé légèrement leur apparence grâce à quelques glamours et rapidement, les rumeurs devinrent réalité à leurs yeux. Pire encore, Bill s'était retrouvé un jour, tout seul, à suivre un Thorny au comportement étrange. Tout s'était bien passé au début, puis le copain de Harry avait retrouvé un homme dont la capuche noire cachait le visage. Ils avaient parlé à voix basse pendant un instant, avant que l'homme ne fasse un signe de main. Trois autres hommes tout aussi lugubres et sombres que le premier étaient apparus de nulle part et avaient commencé à rouer de coup le jeune homme.
Le rouquin, dans un état un peu second, ne sachant que faire, n'avait pu que l'emmener d'urgence à Sainte-Mangouste lorsque les brutes étaient parties. Il était toujours à son chevet à son réveil, sous une apparence différente, et alors qu'il pensait le laisser dans sa chambre, avec le personnel soignant, Thorny avait commencé à supplier et à pleurer, pris dans un cauchemar ou une sorte d'hallucination sûrement due à la prise des médicaments.
Bill n'avait pas compris grand chose à part qu'il était désolé, qu'il n'avait pas voulu retomber là-dedans - dans quoi ? - mais que c'était de l'argent facile et qu'il ne voulait pas qu'Harry l'apprenne, qu'il ne voulait pas le faire souffrir, qu'il l'aimait.
Cet homme que le fils Weasley avait détesté dès le premier regard avait eu un côté pathétique et désespéré en cet instant. Bill avait eu pitié face à ses mots et sans le vouloir, il le détesta un peu moins. Il était alors parti, sans rien répondre à ses supplications, prévenant tout de même les infirmiers que l'homme avait besoin d'aide.
Depuis ce jour, Bill réfléchissait beaucoup. Il avait compris que Vitus Thorny était un revendeur de l'une de ces drogues qui faisaient fureur dans le monde sorcier actuel. D'après lui, il était même fabricant. Harry avait dit un jour, pendant un repas au Terrier, qu'il n'avait encore jamais vu l'appartement de son petit ami. Celui-ci avait argué qu'il était petit et insalubre, dans un quartier peu fréquentable et que ce serait mauvais pour lui, comme pour Harry, qu'un Auror soit aperçu dans les parages. Lorsque Charlie avait demandé pourquoi il habitait dans cet endroit, le jeune homme avait expliqué qu'il avait pris cet appartement par correspondance, juste après que sa colocataire ait été arrêtée, ne pouvant pas payer le loyer tout seul. Il ne connaissait pas beaucoup l'Angleterre et avait vraiment besoin d'un lieu où vivre alors il avait pris le premier qu'il avait trouvé. Ensuite, il n'en avait jamais changé, car il passait son temps chez Harry et qu'il n'en voyait alors pas l'utilité.
Cela-dit, Bill était convaincu que ce n'était pas la vérité. Un appartement comme celui-là était parfait pour cacher un laboratoire et cela expliquerait les nombreuses absences du jeune homme… Maintenant qu'il avait ces informations, sans pour autant avoir des preuves, il ne savait pas quoi faire. Il en avait beaucoup parlé avec Charlie et celui-ci lui avait conseillé de n'en parler à personne. Harry était un Auror accompli, il se rendrait forcément compte de quelque chose tôt ou tard et ce serait là, que Bill pourrait intervenir et être l'oreille attentive dont aurait besoin le brun. Il trouvait que c'était effectivement une bonne idée, mais les choses commençaient à traîner et il avait de plus en plus de mal à se taire.
Ce fut donc avec ces idées moroses qu'il parcourut les quelques pas qui le menèrent au canapé, précédé par Charlie. Il eut un très mauvais pressentiment lorsqu'il vit que tout le monde était déjà installé et qu'Harry, l'air incroyablement nerveux, s'apprêtait à prendre la parole.
- Merci à tous d'être présents aujourd'hui. Si je vous ai demandé de venir en pleine semaine, c'est pour une raison bien particulière.
Harry se racla la gorge, se balançant d'un pied sur l'autre, semblant chercher ses mots. Il releva la tête et, en voyant tous ces yeux braqués sur lui, rougit légèrement. Harry était fort et courageux, mais lorsqu'il s'agissait d'avoir l'avis des Weasley, il semblait redevenir un enfant de dix ans cherchant l'approbation de ses parents. Semblant prendre l'hippogriffe par les ailes, Harry se redressa et regarda l'assemblée, serrant la main de son petit ami.
- Je disais donc, qu'avec Vitus, nous avons pris une décision, qui vous surprendra peut-être, mais une décision importante et réfléchie. Nous sommes fiancés !
Il y eut un grand silence avant que l'intégralité de la famille Weasley, mis à part Bill et Charlie, explosèrent de joie et se levèrent pour féliciter les deux hommes. Hermione sauta dans les bras de son meilleur ami, malgré son énorme ventre, pleurant de joie. Molly serra Vitus dans ses bras, comme s'il faisait déjà partie de la famille alors que Ginny pleurait d'émotion contre son petit ami. Ce devait être éprouvant de voir son premier amour se remarier, bien qu'elle n'en soit plus amoureuse.
Bill quant à lui s'était figé, tout comme Charlie, bien que ce ne soit pas pour les mêmes raisons. Ce dernier semblait attendre la moindre réaction de son frère pour la canaliser et, si possible, la faire passer inaperçue. Pourtant, Bill ne bougeait pas d'un pouce, son coeur semblait être tombé dans un trou sans fond.
Harry allait se marier ? Avec un homme qui lui cachait tant de chose ? Il ne pouvait pas laisser faire cela. Pourtant… Il ne voulait, non, ne pouvait pas être celui qui briserait le rêve de famille de celui dont il était amoureux depuis si longtemps... Mais, c'était avec lui qu'Harry devait être heureux ! Lui et personne d'autre ! C'était si confus en lui, qu'il ne savait même pas comment réagir. Devait-il se rouler en boule pour sangloter comme un enfant ? Hurler de colère ? Faire un caprice en tapant des pieds ? Frapper cet homme qui briserait sans doute le coeur d'Harry ? Fuir pour ne plus jamais revoir le visage de celui qu'il aimait ? Il n'en avait aucune idée, alors il restait là, sans la moindre réaction.
Ce ne fut qu'au moment où Charlie lui donna un coup de coude dans les côtes que celui-ci sortit de sa stupeur. Il se releva vivement alors que l'attroupement semblait diminuer un peu autour du couple. Bill afficha un parfait sourire de façade, comme il avait appris à le faire au cours des derniers mois et s'approcha d'Harry pour le féliciter à son tour.
Arrivé près de lui, pris d'une impulsion subite, il attrapa le jeune homme par les épaules et le tira à lui pour le serrer dans ses bras. Enfouissant son nez dans les cheveux noirs en bataille, il respira avidement son odeur, essayant de rester un minimum discret. Quoique vu son état d'esprit, il avait du mal à se contenir. Il le tint contre son torse pendant un moment, un peu trop long pour que cela soit normal, puis finit par le relâcher. Autour d'eux, personne n'avait fait attention à la scène, parlant avec entrain, mais Harry avait remarqué le trouble de l'aîné des Weasley et lui jeta un regard interrogateur.
Charlie, prêt à aider son frère en toutes circonstances, s'approcha vivement du nouvellement fiancé et le prit dans ses bras à son tour, le serrant plus fort et plus longtemps contre lui, faisant oublier l'attitude étrange de Bill. Lorsqu'il le relâcha enfin, il lui fit un immense sourire et lui dit avec un clin d'oeil :
- C'est tradition chez les Weasley de faire un câlin lorsqu'on annonce une grande nouvelle.
Il se pencha légèrement et ajouta sur un ton de confidence :
- En plus, au mariage de Ron, Bill et moi avions parié avec les jumeaux que tu serais le prochain d'entre nous tous à te marier, tu viens de nous faire gagner un petit paquet de gallions.
- Je me doutais que Fred et George avaient fait un truc de ce genre, mais vous ?! Comment avez-vous osé ? Je suis choqué ! dit Harry avec un air faussement outré.
Charlie se mit à rire et passa un bras sur les épaules du jeune homme pour le conduire un peu plus loin. Bill les regarda s'éloigner, son faux sourire se fanant. Plus besoin de faire semblant.
Et maintenant ?
Le rouquin secoua la tête, lâcha du regard l'homme qu'il aimait et alla voir sa mère avec une excuse bidon : "J'ai mangé un truc vraiment pas frais ce midi et c'est Kriph qui l'avait préparé, je ferais mieux de rentrer. Je digère pas très bien la nourriture gobeline". Il ne put échapper à toutes les questions inquiètes de sa mère et lorsqu'il l'eut rassurée, il s'éclipsa, sans dire au revoir à qui que ce soit.
Une fois chez lui, Bill s'affala sur son canapé, la tête dans les coussins, y étouffant un cri de rage et de détresse.
Il savait qu'il avait une décision à prendre. Pour lui. Pour arrêter de souffrir. Et il savait laquelle était la meilleure pour cela : cesser de les voir. Cesser d'aller aux repas, car Harry serait là, avec ce Thorny de malheur. Tout à ses réflexions, il sortit une bouteille de whisky pur feu. il se servit un verre, puis un deuxième. Il ne savait plus à combien il en était lorsqu'il lui vint l'idée ultime. Il se leva de son canapé et se dirigea vers la cheminée. Il appela son frère et quand celui-ci apparut dans les flammes il lui expliqua :
- Charlie ! Je sais ce que je vais faire !
- Bill ? Ca va ? Tu as une voix bizarre… on dirait que.. tu as bu ?
- Charlie ! Je vais aller élever des lapins tueurs au Guatemala.
- Bill, arrête de raconter des bêtises et éloigne-toi de la cheminée, j'arrive chez toi.
Il ne fallut pas plus de trente secondes à Charlie. Il sortit de l'âtre un masque inquiet sur le visage. Ce n'était pas la première fois que son frère buvait plus que raison, et quand il n'intervenait pas, ça se terminait de deux façons possibles : la première, son frère sortait pour revenir au bras d'un homme, chose qu'il regrettait dès le lendemain matin et dont il se fustigeait pendant de longs jours. La deuxième, Bill échaffaudait des plans, tous plus stupides les uns que les autres, et, malheureusement, les mettait souvent à exécution sans aucune lucidité. Et Charlie n'avait pas du tout envie que son frère débarque chez Harry pour lui avouer il-ne-savait-quoi ou revienne dans son appartement avec un paresseux - où s'était-il dégoté un paresseux ? - pour lui apprendre le tricot, comme la dernière fois.
- Bill ?! Bill est-ce que tu m'entends ?
- Des lapins au Guatemala… c'est une bonne idée non ?
Le dragonnier s'assit aux côtés de son frère, adossé au canapé.
- Qu'est-ce que tu racontes comme histoire encore ?
Bill garda le silence un moment. Quand il lui répondit, il n'y avait plus cette note d'ivresse dans sa voix, il n'y avait plus que désespoir et résignation.
- J'en peux plus Charlie. J'en peux plus de le voir et de devoir rester loin de lui. Tous les dimanches c'est la même chose. Je fais des efforts, je vais à ses repas et pourquoi ? Hein… Je veux plus y aller Charlie.
- Alors n'y vas plus.
Le roux se tourna avec surprise vers son petit frère. Il s'attendait à ce que celui-ci le raisonne, fasse tout pour le convaincre que non, il devait continuer à venir à ses repas.
- Prends-le temps de passer à autre chose, continua Charlie la voix basse. C'est pas en continuant à le voir toutes les semaines que tu vas aller mieux. Je parlerai à maman. Je lui dirai que tu as beaucoup de travail en ce moment et que tu veux te reposer.
Bill remercia son frère. Son regard se perdit devant lui alors que qu'il amenait la bouteille de whisky à ses lèvres. Il avala une gorgée, appréciant de sentir la lame de feu brûler sa trachée avant de tomber dans son estomac.
- Et pour Thorny. Qu'est-ce qu'on fait ? demanda Bill.
- Je connais un p'tit bois pas loin où on peut cacher un corps...
Un rire se fit entendre du côté du briseur de sort. Il donna un léger coup dans les côtes de son frère.
- T'es bête…, chuchota-t-il avant de reposer sa question. Sérieusement Charlie, qu'est-ce qu'on fait ?
Charlie ne répondit pas. Il n'y avait rien à dire. Ils en avaient déjà parlé pendant des heures et avaient conclu que ce n'était pas à eux de dire quoi que ce soit au brun. Si ce Vitus était réellement amoureux de Harry - ce dont ils ne doutaient pas -, c'était à lui de lui avouer ce qu'il faisait. Ils passèrent le restant de la nuit ainsi, se passant la bouteille de temps à autre. Et bien longtemps après qu'elle soit vide, ils continuèrent à parler de choses et d'autres. Le soleil allait apparaître quand Charlie se leva, des cernes sous les yeux.
Il jeta un regard à son frère, endormi sur le canapé. Trop fatigué pour rentrer, il se dirigea vers la chambre de Bill et s'affala sur le lit. Son sommeil serait court.
§ § §
La vie reprit donc pour Bill. Il partait travailler tôt le matin, prenait son déjeuner dans son bureau et échangeait quelques paroles avec ses collègues les gobelins. Parfois, l'un des rares sorciers qui travaillaient pour Gringotts se joignait à eux et la conversation se faisait un peu plus animée. Il rentrait chez lui en milieu d'après-midi et passait son temps à lire, ou se baladait avant de rentrer. Il n'avait pas le coeur à sortir, à draguer, ni même à s'amuser. Il n'avait pas réalisé avant, à quel point sa vie tournait autour de ces repas hebdomadaires.
A l'époque, car oui il s'agissait d'une époque maintenant révolue, il commençait souvent sa semaine par du shopping, pour trouver une tenue qui plairait à Harry. Puis, quelques jours avant ces dîners, le mercredi ou le jeudi le plus souvent, il stressait tellement à l'idée d'y aller, qu'il sortait faire la fête avec ses amis, des collègues ou même seul pour décompresser. Après ces dimanches en famille à discuter avec ses frères, il était plus décontracté et n'hésitait pas à envisager des travaux dans son appartement, un week-end dans un pays lointain ou même organiser un repas chez lui pour ses amis. Il ne s'était jamais rendu compte à quel point et cela l'obligeait à sortir et à voir du monde.
Actuellement, il n'en avait aucune envie. Il passait son temps à végéter sur son canapé, sans aucune motivation pour quoi que ce soit. Tristesse. Charlie lui rendait parfois visite et désespérait de le voir dans cet état. Il ne se laissait pas aller et avait toujours une hygiène de vie irréprochable, mais… il n'avait plus cette petite étincelle de joie dans ses yeux.
Plus que les repas, c'était Harry qui lui manquait cruellement. S'il s'était bien rendu compte de la douleur que lui infligeait le fait de le voir toutes les semaines, il n'avait pas pris en compte le bonheur que cela faisait de le voir. Chacun de ses sourires était une bouffée de bonheur, et savoir qu'il allait bien, avoir de ses nouvelles était important. Il savait toujours ce qui se passait dans sa vie grâce à Charlie, mais… C'était différent.
La douleur de ne pas le voir était bien plus forte. Il avait failli craquer un dimanche, alors que cela faisait presque deux mois qu'il n'était pas revenu prendre le repas avec sa famille. Il s'était dit que les choses avaient peut-être changé, que Harry et ce Vitus auraient pu se disputer, repousser le mariage et même que son Harry aurait pu deviner ce qui se passait avec son fiancé.
Il avait vraiment été sur le point de jeter la poudre de cheminette dans l'âtre. A deux doigts de revoir son visage, ses yeux… de le serrer contre lui. Puis il s'était rappelé de son frère lui racontant qu'au dernier repas, les deux hommes parlaient d'acheter une maison en Irlande.
Bill savait grâce à Charlie que Harry avait demandé une fois pourquoi il n'était pas là. C'était le premier dimanche où son absence s'était faite remarquer. Toute la famille avait alors su que l'aîné de la fratrie "travaillait" maintenant ce jour-là et qu'il ne pourrait plus revenir. Ils avaient tous été déçus mais étaient passés rapidement à autre chose. Malgré cela, Charlie lui avait dit que Harry avait proposé de changer de jour, pour qu'il puisse revenir.
Ca lui avait fait chaud au coeur que le jeune homme espérait qu'il revienne. Malheureusement, Molly avait rétorqué que la plupart de ses fils travaillaient le samedi et qu'il était hors de question de faire un repas en pleine semaine. Alors le changement de jour avait été refusé.
Depuis, personne n'en avait jamais reparlé.
Harry continuait de vivre, continuait de faire des projets, malgré son absence. A quoi bon y aller si c'était pour souffrir ?
Depuis ce jour, il avait jeté toute sa poudre de cheminette. Cela faisait maintenant un mois qu'il devait faire le trajet jusqu'à Gringotts en transplanant alors qu'il n'aimait pas ça… Il s'était fustigé pour sa bêtise et en payait désormais le prix.
Ce fut donc au bout de trois mois, trois mois interminables, que Harry se présenta à la porte de son appartement. Bill venait de passer une journée difficile et n'avait pas résisté à l'envie de prendre quelques verres en rentrant du travail. Il ne savait pas comment le jeune homme avait eu son adresse ni pourquoi il était là mais au delà de ça, il ne savait pas comment l'accueillir. Les papillons dans son ventre étaient de retour… Et le bloquaient complètement.
Cela faisait quelques secondes qu'il le regardait avec des yeux exorbités et une bouche de poisson au pied de sa porte.
- Salut… Tu veux bien me laisser entrer Bill ?
Ce fut à ses mots qu'il se reprit. Le rouquin s'écarta de l'entrée et le laissa passer à côté de lui.
- Comment tu connais mon adresse ? demanda-t-il en refermant la porte.
- Moi aussi je suis content de te voir…
- Excuse-moi, j'avoue que je suis assez surpris de te voir ici.
Bill l'invita à passer dans le salon. Son appartement n'était pas très grand mais ses parents lui avaient inculqué les bonnes manières. Il lui proposa une boisson et après son refus, il osa lui demander le pourquoi de sa présence.
- C'est difficile de te voir depuis quelques temps… fit Harry qui semblait très gêné.
Bill ne pouvait s'empêcher d'avoir un espoir en voyant le brun chez lui. S'était-il rendu compte des activités illicites de son fiancé ? L'avait-il quitté ? Il n'en savait rien mais le rouquin l'espérait de tout coeur en tout cas.
- Tu excuseras ta mère, c'est elle qui m'a donné ton adresse mais… j'avais une question importante à te poser.
Bill ne bougeait pas, ne parlait pas. Il espérait juste qu'il lui demande s'il était au courant de ce que faisait Vitus et alors là, il pourrait tout lui raconter. Ce qui se passait à Gringotts, les fois où il l'avait vu donner des choses bizarres à des personnes dans l'allée des embrumes et même la fois où il s'était fait tabasser dans une ru-
- Est-ce que c'est à cause de moi que tu ne viens plus au Terrier ? demanda rapidement Harry, le coupant dans ses réflexions.
- Qu… Quoi ?!
- Depuis que j'ai annoncé mes fiançailles, tu ne viens plus… Tout le monde pense que tu travailles, mais je sais que ce n'est pas le cas… J'ai demandé à Vitus.
Le briseur de sort était devenu beaucoup plus pâle maintenant. Il voyait la tristesse se refléter dans les yeux d'Harry, ainsi que de l'inquiétude, de l'incompréhension. Bill ne sut pas pourquoi, peut-être était-ce les quelques verres d'alcool, mais ça le mit en colère. Il n'était rien pour lui, rien du tout, alors comment pouvait-il prendre des renseignements, s'inquiéter.
- De quoi te mêles-tu Harry ? Comment peux-tu demander à ton… fiancé, des renseignements à mon sujet.
Bill savait qu'il était injuste, mais il avait craché le mot "fiancé" avec dédain et Harry en sembla blessé.
- C'est donc ça ? C'est Vitus ? Tu ne l'aimes pas ?
- Je n'ai pas dis ça, grogna Bill en réponse.
- Ecoute, si c'est le problème, nous ne viendrons plus au Terrier chaque semaine. Tu peux retrouver ta famille, ta mère est inquiète pour toi.
- Ca m'est égal.
- Moi non ! Je vois bien qu'il y a un problème avec moi… Ecoute, je vais arrêter de venir au Terrier, je verrai bien Ron de temps en temps et je te jure que tu n'entendras plus parler de moi…
- Non ! hurla Bill.
Il s'était relevé avec colère, tanguant légèrement. Imaginer Harry sortir de leur vie à tous était impensable. Les Weasley devraient être là lorsqu'il découvrirait la vérité sur son petit ami. Non non, Harry ne pouvait pas tout simplement partir avec Thorny, c'était trop risqué.
- Bill… gémit Harry, une touche de désespoir dans la voix. Je ne sais pas quoi faire d'autre… Que se passe-t-il ? Que dois-je faire pour que tu reviennes auprès de ta famille ?
- Quitte-le… déclara Bill d'une voix froide.
§ § §
Aude : Voir le chapitre 2 pour la suite !
Pauu : Voir au dos de la page pour les mentions légales… ha non.. c'est pas ça !
Aude : A consommer jusqu'au : voir au dos de l'emballage
Epsi : Vous êtes folles...
