Les personnages et l'histoire du conte ne m'appartiennent pas etc etc.
« Il était une fois une petite fille de Village, la plus jolie qu'on eût voir sa mère en était folle, et sa mère-grand plus folle encore. Cette bonne femme lui fit faire un petit chaperon rouge, qui lui seyait si bien, que partout on l'appelait le Petit Chaperon Rouge.
[...]
Je vais voir ma Mère-grand et lui porter une galette avec un petit pot de beurre que ma Mère lui envoie.
[...]
Tire la chevillette, la bobinette cherra.
[...]
Que vous avez de grandes jambes.
[...]
Que vous avez de grandes oreilles.
[...]
Que vous avez de grand yeux.
[...]
Que vous avez de grandes dents. C'est pour te manger. Et en disant ces mots, ce méchant Loup se jeta sur le Petit Chaperon Rouge, et la mangea. »
Le livre se referme dans un nuage de poussière, me faisant éternuer.
« - ROOOOOOOOAR ! Le loup la dévora toute crue !. Mais tu m'as l'air appétissant mon enfant!Je vais te...chatouiller ! »
Et il se jette sur moi en criant férocement. Pourtant je n'ai pas peur. Je ris même aux éclats.
« - Non ! Sora ! Arrêtes…. ça ! Tu... me... chatouilles ! Je ...t'en ...supplie !
- Et pourquoi je m'arrêterais ? Dis le moi ? Demande-t-il en continuant le supplice.
- S'il te plaît ! Je vais... me faire... pipi...dessus !
- Qu'est-ce que j'ai en échange ?
- Tout ! Tout...ce que tu... voudras ! Dis-je dans un souffle. »
Sora arrête aussitôt et je me précipite vers la salle de bain. Bien qu'il soit de neuf ans mon aîné, je l'adore mais je le déteste lorsqu'il me chatouille. Or il le fait assez longtemps pour obtenir ce qu'il veut. Et du haut de mes huit ans, je dois dire que je ne tiens pas très longtemps. Lorsque je sors de la salle de bain, je vois mon frère ranger le livre du Petit Chaperon Rouge dans la table de chevet. Il est corné et abîmé plus que de raison mais pourtant c'est mon livre préféré. Il ne se passe pas un soir sans que Sora m'en fit la lecture. J'aime entendre sa voix raconter l'histoire que nous connaissions désormais sur le bout des doigts.
« - Je vais me venger ! Tu verras avec Doudou, on te chatouillera tout pareil et tu feras moins le fier !
- En es-tu sûr ?
- Bien sur ! Dis-je d'un ton affligé, comme s'il ne pouvait y avoir d'autre solution possible.»
Et j'y crois dur comme fer et plus encore. Un beau jour, je serais plus fort que Sora, plus fort que tous. Assez pour vivre ailleurs que dans cette maison délabrée mon frère et moi. Et on pourra enfin quitter ce quartier miteux, et cette pauvreté qui nous colle à la peau depuis notre enfance. Je me glisse dans mon lit et, sûr de mes convictions, je m'endors, Doudou tout contre moi jusqu'à ce qu'un énorme fracas ne me réveille brutalement. Les yeux hagards et le cœur battant à cent à l'heure, je jette la couverture sur mon visage pour me cacher. J'ai peur. Je ne comprends pas ce qui se passe. Un homme imposant, gigantesque, ouvre la porte de ma chambre et je vois filtrer la lumière du couloir.
Lorsque j'entends mon frère hurler mon prénom, je me précipite hors du lit et me jette droit sur l'homme qui a pénétré dans ma chambre. Souffrances. Je sens une surface lisse, dure et froide dans mon dos. Ma tête me lance, douloureuse. L'homme, ou plutôt, le monstre au dessus de moi m'attrape par le col et me gifle violemment. Les hurlements de mon frère résonnent dans mes oreilles. Que lui font-ils ? Qui est-ce ? Je murmure faiblement le nom de mon frère lorsque je vois ce titan lever son bras pour me frapper de nouveau. Je ferme brutalement les yeux et me recule instinctivement. Ma tête heurte le mur derrière moi et soudain, plus rien. L'inconscience vient me délivrer de cette torture.
