Il était une fois un peuple nomade qui parcourait le pays au gré de leurs envies. Il régnait en son sein une atmosphère calme et sereine le jour, et, la nuit, leur tempérament de feu apparaissait au profit de rires, de jeux et de feux de camps où chacun dansait au rythme des tambours et des cymbales. Au sein de ce peuple vivait une femme. Magnifique. Elle n'avait pas de mari, seulement des amants. Elle les choisissait au hasard et ils ne refusaient jamais de pouvoir passer une nuit dans le lit d'une aussi superbe créature.

Un jour, cette jeune femme tomba enceinte. Elle caressait rêveusement son ventre, se demandant quelque fois qui pouvait être le père, mais jamais elle ne regrettait de ne pas connaître son identité. Quelle allait être la couleur de ses yeux ? De ses cheveux ? Souvent, elle souriait tendrement en s'imaginant quelle apparence il aurait.

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Neuf mois plus tard, la jeune femme était resplendissante. Sa grossesse la rendait encore plus désirable aux yeux des hommes de son peuple. Elle allait bientôt accoucher. La veille, elle avait déjà senti des contractions. Elle s'adossa à un rocher et s'endormit paisiblement. Quelques heures plus tard, une violente douleur au ventre la réveilla. Elle réussit à atteindre le campement, plus péniblement qu'autre chose, mais, enfin, elle put s'affaler par terre pendant qu'on prenait soin d'elle. La doyenne du village lui fit boire un breuvage qui la rendit quelque peu groggy.

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Après quelques heures, le bébé sortit enfin. Seulement, au lieu des habituels cris de joie, une stupeur prit les quelques personnes autour de la jeune mère. Celle-ci se releva sur ses coudes. Que se passait-il ? Elle le sut enfin quand ils lui posèrent son enfant sur elle. Ces cheveux étaient d'une couleur rouge flamboyante. Comment était-ce possible ? Jamais personne n'avait encore vu une telle couleur sur la tête d'un nourrisson. Il n'y avait dans le pays que des blonds ou des bruns. Qu'était-ce donc cette étrangeté ? C'était une erreur de la nature ! L'œuvre du diable. Cela ne pouvait en être autrement !

Cependant, une personne ne pensait pas ainsi. Sa mère, qui, bien qu'elle trouvait sa couleur de cheveux étrange, aimait son enfant. Il ne pouvait en être autrement. Diable ou non. Elle l'aimait et elle savait que son enfant aurait un destin incroyable. C'était évident au vu de ses cheveux vermeils. Elle les lui caressa et les sentit drus sur sa tête. La jeune femme eut un sourire : elle était sûre qu'ils allaient être représentatif d'un caractère de feu. C'était un signe du destin peu importe que les autres ne comprennent pas que cet enfant était différent. Ces cheveux en étaient la preuve, le signe.

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Les bohémiens gardèrent la mère porteuse du démon auprès d 'eux uniquement car elle était belle et appréciée de tous. Par contre, personne n'osait approcher son enfant et quand ses yeux émeraudes venaient se poser sur eux, ils se détournaient prestement. Tout le monde savait qu'il ne fallait pas croiser le regard du fils du démon. Beaucoup d'entre eux se demandaient comment une aussi belle femme angélique pouvait avoir enfanter un monstre pareil.

La jeune femme s'était faîte au fait que son enfant était traité comme un paria. Elle l'aimait et savait que ce serait suffisant pour son bonheur jusqu'à ce qu'il rencontre quelqu'un qui l'aime malgré sa différence, mais en attendant, elle serait toujours là pour le protéger.

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Un jour, leur voyage les amenèrent devant une immense ville avec une somptueuse cathédrale. Ils s'arrêtèrent un instant, subjugués par la vue qu'ils avaient sous leurs yeux. Comme à leur habitude quand une ville leur plaisait, ils s'installaient aux abords avant de repartir après quelques jours, semaines ou mois selon leur envie. Entre eux et cette ville, il y eut un coup de foudre. Ils ne connaissaient pas son nom, ni sa position, n'avaient ni amis ni famille installés dans celle-ci et pourtant.. pourtant, ils pouvaient rester des heures, assis, à regarder la ville et son célèbre édifice.

Ils étaient installés depuis seulement quelques jours, deux semaines tout au plus quand un bruit leur parvint. Il était encore faible mais il ne cessait de grandir. Les bohémiens se regroupèrent, s'interrogeant du regard et se triturant nerveusement les mains, se doutant que ce bruit qui faisait résonner le sol et trembler leurs pieds, ne pouvait présager rien de bon. Les jeunes mères ainsi que les femmes enceintes s'étaient réfugiés à l'arrière. Le jeune bébé aux cheveux rouges étaient installés dans les bras confortables de sa mère, ne se doutant en rien de ce qui allait se passer.

Enfin, ils purent apercevoir un éclat brillant au loin, qui, en se rapprochant, se révéla être le reflet du soleil sur des armures. C'était les soldats qui approchaient, avec, en leur centre, un homme habillé d'un long manteau noir, au regard reflétant sa haine et sa noirceur d'âme son visage était orné d'une grande balafre, le rendant encore plus terrifiant et froid. Les bohémiens n'avaient aucun moyen de se défendre et savaient que s'il y avait confrontation, ils seraient massacrés. Soudain, le chef s'exprima :

« - Je suis Saïx, et au nom de l'archidiacre Xemnas, je vous arrête ! Que tous ces hors-la-loi soient fait prisonniers ! »

Ce furent les seules explications qu'ils eurent avant que les soldats ne se ruent vers eux, au milieu des pleurs et des cris horrifiés. Plusieurs personnes furent blessées, mais les combattants n'en eurent cure et les enfermèrent avec les autres dans les cages qui se trouvaient derrière Saïx. Celui-ci surveillait le bon déroulement de ces ordres. Ces yeux, plissés telles deux fentes, virent toutefois une femme qui s'enfuyait, un paquet dans les mains. L'homme crut qu'il s'agissait de cœurs, la monnaie du pays, et fit partir son cheval au galop pour la rattraper. Elle avait atteint la cathédrale quand il lui arracha le paquet des mains, la faisant tomber sur le parvis et la tuant sur le coup.

Saïx regarda le paquet quand il entendit un pleur. C'était... Le jeune homme l'ouvrit et vit un bébé aux cheveux étranges. Qu'était-ce donc ? Il n'y avait donc pas de cœurs ? Tss. Il se rapprocha de ses troupes, le bébé à bout de bras et vit un puits. Il allait y jeter l'enfant quand l'archidiacre en personne arriva. Il suspendit aussitôt son geste : il savait que son chef était très superstitieux et s'il s'apercevait que son bras droit avait tenté de tuer un enfant aux cheveux couleur du démon... C'est alors qu'il eut une idée. Il allait le présenter à son mentor et l'élèverait en honneur à ses croyances. Xemnas félicita Saïx qui avait pris une décision qui allait changer sa vie : il allait élever un enfant qui devait, à cause de sa couleur étrange de cheveux et sous les conseils de son supérieur, rester à l'intérieur de l'église.

Le lendemain, on voyait des corps se balancer sur des potences installées sur les places. Certains bohémiens furent relâchés et partirent prestement, sans avoir pu récupérer les dépouilles des siens. Ils se réjouissaient secrètement de ne plus avoir le démon en leur sein, mais ils regrettaient la mort des leurs. Ils avaient cru que cette ville serait aussi chaleureuse que belle mais ils avaient eu tort. Ils maudirent une ville si belle en extérieure et si cruelle à l'intérieure et jurèrent qu'ils ne retourneraient plus jamais ici.

C'est ainsi que le jeune homme aux cheveux rouges, Axel, commença sa nouvelle vie à la cathédrale.