03/05/15
Bonjour à tous (toutes) !
Et oui, je suis encore vivante ! Me voici à nouveau avec une traduction de Clothsofheaven, de sa très belle fic Return to Sender que j'ai découvert en 2011 (et oui ça passe…).
Les chapitres arriveront une fois toutes les deux semaines, trois maximum, si j'avance normalement !
Disclaimer : Harry Potter appartient à JK Rowling et l'histoire appartient à Clothsofheaven qui m'a gentiment donné l'autorisation de la traduire.
Note de Clothsofheaven : l'histoire est basée sur (deux des films les plus cruches jamais réalisés avouons-le) 'Vous avez un message' et 'Entre deux rives'. Tout comme mes livres préférés de tous les temps (autre qu'Harry Potter bien sûr) Le journal de Bridget Jones et Bridget Jones : l'âge de raison, qui sont tous les deux basés sur Orgueils et Préjugés et Persuasion de Jane Austen. L'histoire contient également des phrases et des idées qui viennent de ces films et de ces livres.
Avertissement : slash/yaoi
Sur ce,
Bonne lecture :)
Un rideau de pluie tombait à l'extérieur. Les fenêtres étaient embuées et la pluie martelait le toit du Square Grimmaurd. Le bruit avait mis en route le portrait de Mrs Black, mais avait aussi couvert ses horribles cris stridents.
Harry ouvrit l'une des grandes tentures poussiéreuses et scruta l'extérieur. Alors qu'il se penchait en avant, dans l'espoir de voir l'averse à travers la fenêtre parcourue de filets d'eau, un éclair déchira le ciel et illumina brièvement la rue déserte en contrebas.
Un moment plus tard le grondement du tonnerre retentit, si puissant que la vieille maison sembla s'ébranler. L'écho résonna dans le ciel pendant de longues secondes et la pluie redoubla d'ardeur.
- Génial, soupira Harry. Vraiment génial.
- C'est seulement une tempête, lui dit Hermione, alors que plusieurs araignées se faufilaient hors du canapé moisi sur lequel elle venait juste de lancer un sort de nettoyage en y pointant sa baguette.
- Non, c'est un avertissement. Je n'aurais pas dû emménager ici.
Harry ferma les rideaux, s'éloigna de la fenêtre et revint près du carton qu'il était en train de déballer.
- Je sais que tu ne l'aimes pas, Harry, mais c'est pour ton bien.
Hermione essaya de prendre un ton encourageant alors qu'elle prenait sa place à la fenêtre. Après s'être débattue avec le loquet, elle réussit à l'ouvrir d'une poussée et déposa les araignées dehors aussi précautionneusement que possible pour ne pas se faire tremper.
- Tu parles comme Kingsley, grommela Harry.
- Kingsley a raison et tu le sais, mon pote. (Ron traversa le salon en faisant léviter un carton devant lui.) Tu es en sécurité ici.
- Si tu penses que l'idée de Kingsley est si merveilleuse, pourquoi tu n'emménages pas ici toi-même ?
- Désolé vieux, répondit Ron qui baissa sa baguette et envoya le carton sur le canapé. Hermione et moi avons justement trouvé un appartement extra, donc si elle obtient son poste à Sainte Mangouste, nous pourrons…
Le reste de la phrase de Ron fut noyée par un autre puissant grondement de tonnerre et Hermione s'exclama :
- Ron, je viens juste de finir de nettoyer ça !
- Désolé, répéta Ron en récupérant le carton et son contenu éparpillé. Ma main a glissé.
- Ce sont les livres d'Harry sur son entraînement d'Auror, tu dois y faire attention ! continua Hermione en lissant le tissu froissé du canapé avec ses mains.
- Je vais chercher les autres qui sont à l'étage moi-même alors, annonça Harry en prenant le carton des mains de Ron.
Harry voulait se retrouver seul pour se morfondre. Il savait qu'elle aurait son poste de Guérisseur haut la main.
Hermione et Ron allaient emménager dans un cosy appartement à Londres et Harry resterait coincé dans la maison déprimante de la famille Black, avec ses fantômes et ses murmures et ses sombres murs partant en lambeaux qui lui donnaient le cœur lourd.
Ron n'avait pas suivi la voie des Aurors comme Harry. A la place, il avait rejoint le Département de la Justice Magique en tant que Tireur d'élite de la baguette magique. Bien que son boulot soit similaire à celui d'Harry, il n'était pas aussi dangereux ou exigeant.
Harry venait juste de finir sa formation d'Auror, ce qui avait été son but depuis sa cinquième année quand Ombrage lui avait affirmé qu'il ne pourrait pas le faire. Ça avait été trois dures années, mais il avait finalement réussi.
Pendant la cérémonie de remise des diplômes, Kingsley Shaklebolt l'avait emmené à l'écart et lui avait suggéré de quitter son appartement pour emménager au Square Grimmaurd qui était encore incartable et protégé par des sortilèges de sécurité. Apparemment Harry restait encore une cible majeure sur le terrain, même s'il avait appris comment dissimuler sa cicatrice pendant sa formation.
Harry avait poliment refusé l'offre au début. La maison du Square Grimmaurd était peut-être incartable, mais elle était certainement invivable, et même si Sirius la lui avait léguée, il n'était pas très emballé à l'idée d'y retourner dans un quelconque avenir.
En plus, Harry adorait son appartement Moldu. Il y avait vécu depuis la fin de la guerre. Il se trouvait à un pâté de maisons du Ministère, donc il pouvait se permettre d'aller à pied au travail tous les matins, avant de devoir rester cloîtré à l'entrainement tous les jours. Harry serait devenu fou s'il ne pouvait pas retourner à son appart après une longue journée de tests d'aptitude exténuants et de divers sortilèges d'esquive.
Malheureusement pour Harry, Kingsley était plutôt décidé à ce qu'il s'installe dans un endroit plus protégé. Quand il vit qu'il ne pouvait pas convaincre Harry de lui-même, il fit appel à Hermione Granger. En une semaine ils évoquèrent ensemble plus d'occasions dans lesquelles Harry pouvait mourir ou être sérieusement blessé que le Professeur Trelawney avait fait en six ans à Poudlard.
Entre le Ministre de la Magie et la sorcière la plus déterminée de toute l'Angleterre, Harry avait eu affaire à forte partie. La dispute continua sur plusieurs jours et finit abruptement une après-midi quand il rentra chez lui et découvrit son appartement bien-aimé complètement vide avec toutes ses affaires empaquetées dans sa vieille malle de Poudlard et plusieurs cartons.
Harry laissa tomber la boîte contenant ses vieux livres d'Auror sur son lit dans la chambre que Ron et lui avaient partagée l'été avant leur cinquième année, et regarda autour de lui. La chambre n'avait pas beaucoup changé, elle était seulement plus poussiéreuse et sentait le renfermé.
Un bureau en pin se tenait encore dans le coin avec le portrait de Phinea Nigellus Black accroché au mur juste au-dessus. De l'autre côté, se trouvaient un fauteuil dont la couverture miteuse était rongée par les mites, ainsi qu'une étagère dépouillée.
Harry se déplaça lentement dans la chambre. Légèrement, avec le bout de ses doigts, il toucha les courbes en métal de la tête de lit et la bibliothèque vide, puis entoura de son index et de son pouce la poignée sphérique des tiroirs du bureau.
Il ne voulait pas être dans cet endroit effrayant. Même avec l'aide de Ron et Hermione, il ne pouvait rien faire pour rendre la maison plus accueillante. Les murs étaient trop épais et miteux. Il voulait retourner dans son appart Moldu, où il pouvait entendre ses voisins bruyants et voir le papier peint hideux. Ici, il était déconnecté de tout et de tout le monde. La pièce semblait se refermer autour de lui, l'enlisant en lui-même d'une manière presque angoissante.
Il s'avachit sur le lit, assis sans bouger en laissant pendre ses mains entre ses genoux écartés. Il fut sorti de ses pensées par Ron qui ouvrit la porte en la poussant du bout de sa basket. Il entra sans attendre d'invitation et s'assit sur le bord du lit d'Harry.
- Hermione est en train de faire à manger, dit-il. Tu vas bien ?
Harry haussa les épaules.
- Allez, Harry, dit Ron du ton le plus réconfortant qu'il put trouver dans la sinistre chambre. Ce n'est pas si mal. Au moins tu n'es pas en danger ici.
- Je suis quand même en danger, marmonna Harry d'un ton où pointait le désespoir. En danger de devenir fou.
Il se leva et alla à la fenêtre. La tempête était en train de s'éloigner. Des morceaux de ciel se devinaient à certains endroits à travers les masses de nuages qui se dispersaient.
Ron pouvait deviner qu'Harry pensait à Sirius et au fait que lui aussi ne pouvait pas supporter de rester enfermé avec pour toute compagnie le portrait d'une vieille femme et un elfe de maison hargneux.
- Tu sais, l'appartement que nous pensons acheter n'est pas loin, juste à quelques pâtés de maison d'ici, et mon bureau va être juste en-dessous du tien.
Harry pouvait voir le reflet flou de Ron dans la vitre et sa bouche se fendit d'un petit sourire forcé. Il appréciait les efforts de Ron et Hermione, mais ils n'avaient vraiment aucune idée de ce que c'était d'être coincé ici tout seul.
Harry était sur le point de réagir, mais il fut distrait par un son lointain, fluctuant et strident, qu'il identifia comme provenant du portrait de Mrs Black, maintenant audible vu que la pluie avait commencé à cesser.
- Ron ? Harry ? Vous m'entendez ?
La voix d'Hermione était à peine audible à travers le vacarme.
Ron se leva et alla à la porte.
- Quoi ?
- Qu'est-ce qu'il se passe là-haut ? Est-ce que vous allez finir par descendre ici et faire taire Mrs Black, ou quoi ! Le dîner est presque prêt.
oOoOoOo
Draco fit tomber une poignée de couverts sur la table. « Il doit y avoir des putains de verres ici quelque part quand même. » pensa-t-il en commençant à ouvrir et fermer les portes des armoires à grand bruit alors qu'il cherchait des assiettes et des verres. Une boîte à pizza encore fermée était posée sur le comptoir de la cuisine.
Il trouva les verres dans la dernière armoire. Il scruta les immondes tasses pendant plusieurs secondes avant de choisir celle qui lui semblait la plus propre. Machinalement, il ouvrit le réfrigérateur et le referma aussitôt.
« Note pour moi-même : penser à faire les courses. » se dit Draco alors qu'il présentait son verre sous le filet d'eau sortant du robinet de l'évier avant de lancer un sort de refroidissement dessus. Puis il retourna au frigo et récupéra le broc d'eau vide sur l'étagère nue. Il posa le broc dans l'évier et le remplit avant de le remettre dans le réfrigérateur. Cette fois, il remarqua un morceau de papier plié aimanté sur la porte et sur lequel était écrit Cher Nouveau Locataire.
Alors qu'il claquait la porte du frigo, Draco arracha négligemment la feuille du magnet qui la retenait, et l'amena à la table de la cuisine avec son diner. Il s'assit sur l'une des chaises dépareillées, ouvrit sa boîte à pizza et se mit une part de pizza pas très cuite sur l'assiette qu'il s'était préparée.
Il prit son couteau et sa fourchette et essaya de couper la part en morceaux plus petits pour pouvoir manger sans avoir les mains grasses, mais la pâte était trop épaisse et le fromage trop filandreux. Il finit par prendre une deuxième part pour la manger avec ses mains. Puis il prit une gorgée d'eau, déplia la feuille de papier et commença à lire.
Cher Nouveau Locataire,
Bienvenue dans votre nouvelle maison. En tant qu'ancien occupant, permettez-moi de dire que je suis sûr que vous adorerez vivre ici autant que moi.
J'ai déposé un formulaire de changement d'adresse à la poste, mais vous savez combien la distribution du courrier peut être hasardeuse. Donc, si jamais quelque chose passe quand même au travers des mailles du filet, pourriez-vous s'il vous plaît me transférer le courrier ? J'apprécierai vraiment. J'ai noté ma nouvelle boîte postale ci-dessous.
Merci d'avance,
PS:
Désolé pour le papier peint hideux. J'ai voulu l'arracher, mais ça aurait signifié se rapprocher encore plus du locataire de l'autre côté du mur, M. McAlister, qui joue de la cornemuse à cinq heures tous les soirs. Je vous suggère de quitter l'immeuble à cette heure-là ou de vous acheter une paire de boule Quiès®, car tout passe à travers les murs comme à travers du papier.
Un fil de fromage pendait de la bouche de Draco, il l'attrapa avec ses doigts et le repoussa entre ses lèvres pincées. Il essuya ses doigts plein de graisse sur la lettre, la froissa et la lança en direction de la poubelle qu'il avait remarquée pendant qu'il était en quête des verres.
Il finit par laisser les deux-tiers restants de son diner. La mozzarella était en train de se solidifier en une sorte d'amalgame huileux autour des bouts de champignons et de pepperoni. Il les regarda avec dégout. S'il y avait bien quelque chose qu'il détestait plus que les Moldus eux-mêmes, c'était la nourriture moldue.
Il jeta les restes dans la poubelle, recouvrant la lettre froissée par la même occasion. Ce stupide Moldu et son courrier étaient le cadet des soucis de Draco. Il avait ses propres problèmes à régler maintenant, comme son nouvel emploi par exemple.
Draco vivait dans le Londres moldu depuis la fin de la guerre. Ce n'était pas son choix idéal de résidence, mais la vie après-guerre dans le monde magique était difficile pour lui. La guerre était finie, mais les gens continuaient à avoir du mal à lui faire confiance. A cause du passé de sa famille de Mangemorts, trouver un travail était une épreuve. Après d'innombrables et dégradants (selon lui) emplois moldus, on lui avait finalement donné un poste au Ministère de la Magie grâce à ses trois ans de « bonne conduite » selon le Ministère.
Même si Draco détestait vivre et travailler comme un Moldu, même lui devait admettre qu'il y avait certains aspects positifs à son nouveau mode de vie. Il avait appris que même si le monde moldu était inférieur, avec le temps il pouvait presque être agréable et facile à vivre. Vivre ici signifiait qu'il pouvait mener calmement ses affaires. Le Draco Malfoy plus jeune aurait rejeté cette certaine qualité. Après la chute de Voldemort cependant, ne pas être fixé du regard ou considéré comme un paria ou un criminel était tout à fait une nouveauté. Draco avait même trouvé que sans la présence permanente de ses parents interférant dans sa vie, celle-ci était encore plus simple.
Faisant les choses comme il l'entendait, il commença à défaire ses bagages. Il avait à peine fini de déballer le premier carton que quelqu'un toqua à la porte.
- Désolée, je suis en retard.
Pansy fit irruption dans la pièce, entrainant avec elle les effluves du monde extérieur. Elle passa devant lui, lui fit un rapide baiser sur la joue, et posa une pile de romans de poche et un sac marron de caviste sur la table basse cabossée.
- Enfin ! Je commençais à me demander si j'allais déballer tout ça moi-même, dit Draco, mais il oublia vite les cartons et fit un geste vers le vin qu'elle avait amené.
- Puis-je ?
Pansy fit mine de ne pas l'avoir entendu. Elle s'arrêta au milieu du salon, regardant les chaises dépareillées et le papier peint immonde.
- Que fais-tu dans cet endroit ? demanda-t-elle clairement étonnée.
Draco haussa les épaules.
- Je n'avais pas beaucoup de choix. C'était le seul endroit que je pouvais trouver en si court laps de temps.
- Tu ne t'es pas encore battu avec le propriétaire, hum ? demanda Pansy en époussetant une chaise avant de s'asseoir.
- Non. Avec le stupide voisin.
- Draco…
- Ce n'est pas ma faute s'il est difficile de s'accommoder des moldus.
- On vit ici depuis trois ans maintenant. Quand apprendras-tu le comportement à adopter avec les moldus ?
- Quand ils apprendront à ne pas mettre leur musique à fond quand j'essaie de lire. En plus, je ne suis pas parti à cause de ça. Mon bail arrivait à son terme.
- Pourquoi ne l'as-tu renouvelé ?
Draco haussa les épaules une nouvelle fois.
- J'avais envie de changer.
- Pour venir dans cet endroit horrible ?
- Eh bien, peut-être que si une certaine personne me laissait emménager avec elle, nous ne serions pas ici en ce moment.
Pansy rosit légèrement et commença à triturer le tissu froissé de l'accoudoir de la chaise.
- Je n'ai pas de chambre pour toi, dit-elle avant de marmonner, Daniel a finalement accepté d'emménager avec moi.
- L'Infâme Daniel déménage avec toi et je suis coincé ici ! s'écria Draco d'un air incrédule, se laissant choir sans cérémonie sur la chaise située près d'elle.
- Ne l'appelle pas comme ça, le prévint Pansy.
Bien sûr, elle le défendait maintenant, alors que la semaine dernière seulement elle avait appelé Draco en pleurs parce que l'Infâme Daniel l'avait rejetée quand elle avait fait de la place pour son pyjama dans son tiroir à chaussettes et suggéré qu'il garde des vêtements de rechange dans son appartement.
Draco pouvait imaginer une tonne de mots plus appropriés pour qualifier cet homme que « infâme », mais il se contenta de faire à son habitude.
- Je ne peux pas croire que tu sors avec un Moldu.
- Je vis dans un appartement moldu. J'ai un travail moldu. Pourquoi donc n'aurais-je pas de petit ami moldu ?
- Cet homme est lunatique. Un moment, il dit que ça commence à être trop sérieux entre vous quand tu lui fais de la place dans ton armoire, et le suivant il fait ses bagages pour emménager…
- Je sais que ça a l'air ridicule, mais il semble vraiment engagé cette fois.
- Moldus, grommela Draco.
- En plus, tu devrais être reconnaissant, continua Pansy. Il pense qu'il peut te trouver un poste à son boulot.
- Je n'ai pas besoin de sa charité. J'ai obtenu un travail au Ministère aujourd'hui.
- Oh Draco ! C'est merveilleux ! Ouvrons le vin !
- Ne sois pas trop excitée. Je vais être l'assistant d'un assistant. A côté de ça, un boulot moldu est admirable.
- Dans quel département seras-tu?
- Je ne sais pas encore. Je verrai ça lundi, mentit Draco en baissant la voix.
Il savait exactement dans quel département il allait travailler. Il n'avait juste pas envie de faire face à la réaction de Pansy ce soir.
- Je suis si fière de toi, s'anima-t-elle joyeusement. Tu pourras même trouver un endroit plus sympa et déménager d'ici quand tu commenceras à gagner de l'argent à nouveau.
- Ouais, acquiesça Draco, versant le vin dans les tasses hideuses et en tendant une à Pansy. Ce n'est même pas la peine de déballer mes affaires.
- Nous allons sortir tes livres au moins et donner un coup de propre à cet endroit. Il semblerait que le précédent occupant n'ait pas beaucoup nettoyé.
Draco hocha la tête pour montre son accord.
- Il m'a laissé un mot sur le frigo.
- Qu'est-ce que ça disait ?
- Rien d'important. Le type d'à-côté joue de la cornemuse. Rien qu'un peu de magie ne peut résoudre.
- Draco, dit Pansy en le regardant sévèrement. Ne fais pas ça. Tu viens juste d'emménager et tu es déjà en route pour te faire expulser.
- Je parlais juste d'un sort de silence.
- Promets-moi.
- Je te le promets, répondit Draco en secouant sa main dédaigneusement.
Il décida de changer de sujet.
- Quels livres m'as-tu apportés ?
- Crime et châtiment de Dostoïevski. Ça parle d'un gars qui tue une pauvre femme avec une hache et, jusqu'ici, passe son temps à le regretter.
- Qu'est-ce que tu veux dire par « jusqu'ici » ? la regarda bouche bée Draco sous le choc. Me dis pas que tu l'as lu ?
Pansy travaillait dans une librairie moldue, mais n'avait jamais pris de livres pour les lire elle-même. Draco lisait des livres moldus et utilisait donc la réduction de Pansy en tant qu'employée depuis qu'elle avait commencé à travailler là il y a trois ans. Il passait son temps à lire entre ces horribles boulots moldus.
- Non. J'ai jeté un œil aux premières pages, mais ça ne m'a pas intéressée.
- Pourquoi est-ce que ça ne me surprend pas ? Qu'as-tu amené d'autre ?
- Le journal de Bridget Jones de Helen Fielding. Ça parle d'une jeune femme qui mange trop, boit trop et fume trop. Elle a un job sans issue et n'a pas de chance en amour.
- Tu veux dire que c'est un livre qui parle de toi ! s'exclama Draco de façon dramatique, s'amusant du regard coléreux qui apparut sur le visage de son amie.
- Non, ce n'est pas vrai, renifla Pansy froidement, buvant la fin de son verre de vin et sortant un briquet de la sa poche pour s'allumer une cigarette.
Draco la fixa en levant les sourcils.
- Ok, il y a peut-être quelques similitudes, admit Pansy, après avoir pris une longue bouffée de sa cigarette et soufflé furieusement la fumée par le nez. Elle a un ami gay qui ne peut pas oublier un mec particulier…
- Je ne suis pas comme ça ! s'écria Draco sur la défensive.
Pansy souleva son sourcil, imitant l'expression qu'il abordait précédemment.
- Tu sais, j'ai entendu dire que Harry Potter avait fini sa formation d'Auror, sourit-elle béatement.
- Vraiment ? Je n'étais pas au courant.
C'était au tour de Draco de souffler furieusement l'air par ses narines. Pansy aurait pu jurer avoir vu de la fumée, même s'il n'avait pas de cigarette.
- Il sera au Ministère tous les jours, continua-t-elle sous le regard assassin de Draco. Comme toi. Comme c'est pratique.
Draco ne répondit pas. Il continua à la fixer à travers son verre alors qu'il prenait une grande gorgée de vin.
Harry Potter n'était pas la principale raison pour laquelle il avait tant voulu ce travail au Ministère. Pas du tout…
oOoOoOo
Ce n'était pas exactement la façon dont Harry avait imaginé son premier jour en tant qu'Auror. Pas du tout.
- Retenez l'ascenseur ! appela-t-il, piquant un sprint à travers les portes dorées du Ministère.
Il avait essayé de son mieux de ne pas être en retard, mais son réveil avait fini à la poubelle, de même que tous ses objets électroniques, après qu'il ait emménagé.
Il était sur le point d'abandonner et d'attendre pour le prochain ascenseur quand une longue main pâle apparut et se glissa entre les portes en fer forgé pour les maintenir ouvertes.
- Merci, dit d'une voix haletante Harry qui entra dans l'ascenseur en repoussant sa frange de devant ses yeux.
- Pas de problème, Potter, fit une voix trainante d'un ton froid.
Harry tourna sa tête brusquement en direction de la voix familière au moment où les grilles de l'ascenseur se refermaient dans un crissement sonore.
- Qu'est-ce que tu fais là, Malfoy ?
Ça faisait trois ans depuis la dernière fois qu'Harry avait posé les yeux sur son ancienne Némésis d'école. Pour ce qu'il en savait, Malfoy n'avait pas mis un pied au Ministère de la Magie depuis qu'il vivait comme un Moldu à Londres.
Malfoy semblait complètement à l'aise, cependant. C'était comme s'il n'était jamais parti du tout. Il était appuyé contre le mur de l'ascenseur, sa tête penchée, plongé dans un livre. Il n'avait pas sursauté comme Harry l'avait fait lorsque l'ascenseur avait cliqueté d'une façon abrupte et s'était mis à descendre.
- Je vais travailler, répondit finalement Malfoy sur le même ton froid que la voix féminine qui résonnait à présent dans l'ascenseur.
'Niveau sept, Département des Jeux et Sports Magiques…'
- Tu travailles ici ? cria presque Harry d'un ton incrédule par-dessus la suite de l'annonce.
Malfoy haussa simplement les épaules, sans lever les yeux de son livre.
Harry le regarda bouche bée.
- Depuis quand ?
- Depuis aujourd'hui.
Les grilles s'ouvrirent et plusieurs notes volèrent dans l'ascenseur avant qu'elles ne se referment de nouveau.
- Mais je croyais que tu étais pratiquement devenu un Moldu maintenant…
Les mots étaient sortis de la bouche d'Harry avant même qu'il ne s'en rende compte. Six ans passés à Poudlard lui avaient appris à ne jamais mentionner les mots Malfoy et Moldu dans la même phrase.
Les yeux de Malfoy s'arrachèrent à son livre et il fixa Harry d'un regard perçant. Il ouvrit La bouche, une réplique sans aucun doute cinglante sur le bout de la langue.
- Tu…
'Niveau Six, Département des Transports Magiques, regroupant la Régie Autonome du Réseau de Cheminette, le Service de Régulation des Balais, l'Office des Portoloins et le Centre d'Essai de Transplanage.'
L'ascenseur s'ouvrit de nouveau et un large groupe de sorcières et sorciers s'engouffra à l'intérieur.
Harry perdit Malfoy de vue et se retrouva écrasé contre le mur du fond. Il se contenta de regarder les notes qui battaient l'air en cercle au-dessus de sa tête pendant que l'ascenseur reprenait sa course vers les étages inférieurs.
Alors que 'Niveau Trois, Département des Accidents et Catastrophes Magiques, regroupant la Brigade de Réparation des Accidents de Sorcellerie, le Quartier Général des Oubliators et le Comité des Inventions d'Excuses à l'Usage des Moldus' était annoncé, presque toutes les notes fusèrent à l'extérieur et tout le monde quitta l'ascenseur à l'exception de Harry et Malfoy.
Harry fut surpris quand l'ascenseur s'arrêta au Niveau Deux et que Malfoy ferma son livre dans un bruit sec avant de le glisser dans la poche de sa robe.
- Tu descends aussi à ce niveau ? demanda Harry sur un ton incrédule, alors qu'il suivait Malfoy hors de l'ascenseur puis le long d'un couloir jalonné de portes.
Malfoy ne se retourna pas pour lui répondre.
- On dirait bien, dit-il en continuant son chemin dans le couloir, tournant au coin et passant les lourdes portes en chêne surmontées de l'inscription Quartier Général des Aurors.
- Tu travailles ici ? T'es un Auror ?
L'exclamation choquée d'Harry retentit si fort que tous les rires et discussions du Quartier Général des Aurors cessèrent. Même les notes de service qui allaient d'un bureau à l'autre semblèrent marquer une pause en plein vol.
Le silence ne fut pas long. Un homme en robe écarlate avec une longue queue de cheval qui avait été en train de parler à une sorcière portant un cache-œil commença à rigoler.
- Bien sûr que non, Potter.
Richard Finch, Chef du Département des Aurors, se dirigea vers eux tandis que le bourdonnement des conversations reprenait dans l'Office.
- Malfoy va aider Perpetua à l'archivage. Voilà, ajouta-t-il avec brusquerie, fourrant une liasse de parchemins dans les bras de Malfoy. Perpetua vous expliquera tout ça.
Il désigna du doigt une petite sorcière assise à l'air strict qui dictait quelque chose à une plume.
Après que Malfoy était parti, bizarrement sans protester ni employer les mots « mon père va en entendre parler », Finch fit signe à Harry depuis le couloir desservant les bureaux puis entra dans l'un de ceux du fond.
Alors qu'il mettait un pas à l'intérieur, Harry eut un léger mouvement de recul : venant des quatre coins de la pièce, les visages de nombreux sorciers recherchés étaient tournés dans sa direction. Il trouva immédiatement Sirius parmi eux.
- Votre bureau, dit Finch sans enthousiasme. Voici la pire partie du boulot. C'est ici que vous ferez toute la paperasse.
Harry eut à peine une minute pour assimiler tout ça avant d'être tiré dans le couloir à nouveau.
- Il est temps que vous rencontriez le reste de l'équipe.
Harry suivit mécaniquement Finch, se demandant silencieusement quelle partie de ce travail serait vraiment la pire. Faire des paperasses sous le regard de deux douzaines de criminels ou être dans la même pièce que Draco Malfoy.
oOoOoOo
Toute la journée, Draco put sentir le regard de Perpetua vrillé sur lui si intensément qu'il fut étonné de ne pas avoir de trous dans le dos.
Perpetua était une petite sorcière au dos courbé et son corps était recouvert de diverses couches de vêtements de couleurs marron et gris indéfinissables. Elle avait un regard alerte et un air inquisiteur, comme un petit oiseau nerveux. Elle était toujours en train de l'observer ou de passer derrière son bureau pour lire par-dessus son épaule.
Par chance, Draco était très doué pour faire semblant de travailler, tout comme il était très doué pour faire semblant que la présence d'Harry Potter ne l'avait pas dérouté dans l'ascenseur. Il s'était tellement habitué à ne voir Harry que lorsqu'il s'immisçait dans ses rêves la nuit, que le voir finalement en chair et en os l'avait presque choqué. Même après trois ans, la vue de cet homme lui faisait encore quelque chose.
D'une façon ou d'un autre, il réussit à finir sa journée sans encombre. Perpetua lui avait donné assez d'archivages à faire pour le distraire de ses pensées envers Potter.
Son travail avait été si intensif que la vue du petit paquet de lettres qui l'attendait chez lui en rentrant le fit frissonner de dégout. N'étant pas d'humeur à trier encore plus de paperasse, Draco les jeta sur la petite table à côté des livres que Pansy lui avait apportés la veille. Il était sur le point de prendre Le journal de Bridget Jones et de commencer à lire quand l'inscription notée sur l'enveloppe située en haut de la pile attira son attention.
M. Harry Potter
24 Darcy Street
Londres
à suivre
J'espère que ce début vous plaît =)
A bientôt,
Kelewan
