Bonjour tout le monde !
Alors je débarque sur le fandom avec une petite fic qui va tourner autour de deux axes structurels importants :
L'émergence du féminisme et ses luttes,
L'homosexualité dans le sport aujourd'hui.
Dit comme ça, on est d'accord, c'est super chiant, mais ce sera l'histoire d'un combat et d'une lutte et cette fanfic me permettra d'expliquer certains points du féminisme, de répondre à des critiques qui sont faites à ce mouvement politique.
Ne vous y trompez pas, c'est de la romance het et de la romance slash, hein.
Pas de lemons. Sorry, not sorry, j'en écris pas, ils ont quinze ans, j'en ai trente, ça me fait pas délirer de lire et écrire les relations sexuelles de mineurs.
Donc ceci est un prologue qui présente les principaux personnages qui seront présents dans cette fic : Riko, Momoi, Tetsu et Junpei.
Mentionnés dans cette fic : Kuroko/Kagami, Kuroko/Aomine (en sens unique), Momoi/Aomine, Kagami/Himuro et bien évidemment Riko/Hyuga.
Dans tous les cas, j'espère que vous y prendrez du plaisir !
Chapitre 1
Le bureau était depuis longtemps plongé dans la semi-obscurité du coucher du soleil, pourtant Riko n'avait pas bougé d'un pouce. Elle ne savait pas bien si elle était restée prostrée une minute ou une heure pas plus qu'elle ne savait si son équipe avait fini par plier bagage et sortir.
Ses yeux étaient bordés de larmes et il lui avait fallu toute sa concentration pour ne pas les laisser couler. Un ricanement cynique franchit ses lèvres, résonnant dans l'espace vide, et elle secoua la tête, fâchée contre les gars, fâchée contre elle-même surtout.
Elle avait tout à fait conscience que l'univers dans lequel elle gravitait était diamétralement opposé à l'émergence de talents féminins et elle s'était souvent dit qu'elle pourrait contrer toutes les attaques. Elle avait des arguments, une formation adéquate dans son domaine, elle savait ce qu'elle faisait et c'était pour elle une passion.
Si elle ne reniait pas l'influence de son paternel dans l'existence d'un tel engouement pour les corps et leur façonnement, elle refusait parfaitement que quiconque affirmât qu'elle n'en était là que pour ça. Elle avait listé, pendant des nuits entières, les attaques qu'elle allait recevoir et comment elle allait les contrer, implacable et déterminée, et mille fois elle s'était imaginé mettre à terre ses détracteurs en forgeant une équipe si puissante, en mettant en lumière chacun de ses membres – et il fallait signaler à quel point il était difficile de mettre en lumière une ombre comme l'était Kuroko, elle n'était pas peu fière du travail qu'elle accomplirait avec lui, elle lui avait créé un bijou d'entraînement.
Riko battit des cils rapidement et une larme lui échappa, bientôt suivie par une ribambelle d'autres.
Parce qu'elle avait été faible face à Momoi.
Cette fille était arrivée, traînant avec elle tout ce qui motivait d'ordinaire Riko à se battre pour imposer une parité réelle, tout ce qui faisait d'elle une féministe. Elle avait les cheveux longs, assortis à ses yeux, sa poitrine jaillissait presque de partout, elle sautillait comme le pire des clichés féminins, bondissant sur un Kuroko visiblement gêné d'un tel contact.
Riko avait voulu s'indigner des râles jaloux des autres mecs, dire que, de toute évidence, Kuroko n'était pas spécialement heureux de se trouver là, et l'envier pour une place qu'il subissait, c'était ridicule, ça reproduisait des schémas stupides et ça véhiculait l'idée d'un type dans les bras d'une femme à gros seins n'avait simplement pas de protestations à émettre, la taille du bonnet de soutien-gorge primant sur le consentement.
Elle avait voulu s'indigner, vraiment, et affirmer que le faire serait trahir le secret de Kuroko – bon sang, c'était pas possible de ne pas remarquer qu'il n'était pas intéressé par les Momoi, parce qu'il était irrémédiablement homosexuel – ne dévoilait qu'une partie de ce qui lui avait traversé la tête.
Elle avait jeté un œil sur Hyuga et avait noté le regard qu'il portait à la silhouette de Momoi. S'il était encore celui qui se contrôlait le mieux – contrairement aux autres singes qui poussaient des cris immondes, elle saurait leur faire payer cher –, elle n'avait pu empêcher la contraction de son cœur.
Son attention était revenue sur Momoi et au lieu de remarquer tout ce qui entretenait le patriarcat dans sa domination, elle avait vu une fille mille fois plus belle, qui polarisait les regards, qui les captait et les retenait et qui la jaugeait, et elle s'était sentie vilaine.
Toute la confiance de Riko s'était volatilisée à cet instant. Elle avait oublié que son physique n'avait pas la moindre importance, qu'elle était dans cette équipe pour les talents qu'elle avait, parce qu'elle considérait ses gars comme des pierres précieuses qui n'étaient pas encore taillées. Bien entendu, tous n'étaient pas le diamant brut qu'était Kagami, mais elle restait une joaillère hors pair et elle avait peu de rivaux.
Dans cet instant, la seule chose qu'elle percevait était la moquerie dans le regard de cette fille, l'attention qu'elle recevait de ses gars, la protection dont ils voulaient tous l'entourer et elle avait envié cette place. Elle aurait aimé que Hyuga la contemplât comme il avait contemplé Momoi, elle s'était dit, pendant quelques secondes que, finalement, peut-être que son père avait raison, peut-être qu'elle devrait être plus coquette, prendre soin de son teint en dormant mieux, en bossant moins pour l'équipe et travailler ses talents en cuisine pour être meilleure à marier et plus digne d'intérêt.
Avec le recul, avoir pensé cette ignominie la révoltait contre elle-même et contre les sentiments qu'elle éprouvait pour Jun.
Elle ravala un peu de son chagrin en se forçant à souffler longuement et se tendit quand elle entendit la porte s'ouvrir et le nouvel arrivant retenir une respiration surprise.
— Oh, coach, pardon, je ne savais pas que tu étais là ! Ne me file pas plus de… Riko ?
La main frôla son épaule, elle tourna les yeux vers Hyuga. Il remonta les lunettes sur son nez et fronça les sourcils.
— Tu pleures ? Que se passe-t-il ?
— C'est rien.
Elle balaya les larmes d'un revers de main et se dégagea de celle sur son épaule, forçant un sourire à s'inscrire sur ses lèvres. Il ne se dérida pas et s'interposa quand elle voulut passer, prête à partir.
— Voyons, ça ne peut pas être rien, tu pleures, tu n'es pas du genre à…
— Avoir une sensibilité et des sentiments ?
Sa colère avait monté rapidement. La réflexion était la goutte d'eau. Elle s'ajoutait à toute une vie de « garçon manqué », de « tu trouveras jamais de mari », de « heureusement que t'es la fille de ton père », de « tu dois être une sacrée traînée, vu tous les mecs que tu côtoies », de « ton bonnet B est pas à la hauteur ». Elle perçut le regard surpris de son vis-à-vis, mais refusa de laisser sa colère de côté.
— Craquer en public, compléta-t-il. Tu m'as toujours dit que tu ne pouvais pas te le permettre, parce que si tu craquais, le monde entier saurait faire pression sur toi en t'expliquant combien tu n'es pas à ta place en tant que femme.
— C'est ce que tu penses ?
— Bien sûr que non. Personne n'est plus idéal pour ce rôle que toi.
— Parce que je suis un garçon manqué.
— Mais pas du tout.
Il l'entraîna jusqu'à une chaise et la força à s'asseoir, pendant qu'elle tordait ses mains dans tous les sens, fuyant son regard avec énergie. Il finit par le rencontrer et essaya de le conserver :
— Que veux-tu me faire dire ? Que s'est-il passé ?
Une lueur de compréhension inquiétante fusa dans les yeux de Hyuga et Riko ne put détourner le regard, alors que son cœur se remettait à battre. Une étincelle de tristesse, vite étouffée, brilla dans les prunelles de l'adolescent quand il soupira.
— C'est Momoi. Ses réflexions sur ton physique, le fait qu'elle ait enlacé Kuroko…
Une déglutition plus tard, il reprit :
— Ils se connaissent depuis longtemps et je sais que c'est diff –
— Arrête, grinça Riko, ça n'a rien à voir avec Kuroko, elle peut couiner des « Tetsuuuu » tant qu'elle le veut, ça ne m'agace pas pour les raisons que tu penses.
— Alors pour quoi ? N'importe quel jeune homme aurait adoré être à la place de Kuroko, tu sais…
— C'est ça qui me gêne, murmura-t-elle. Pour moi, tu n'es pas n'importe quel jeune homme.
Le regard plein d'incompréhension lui montra que Jun n'avait pas entendu ce qu'elle avait murmuré.
— C'est exactement ce qui me gêne, répéta-t-elle plus fortement. Pour plein de raisons, mais certainement pas parce que j'enviais la place de Momoi. Enfin, il y a un peu de ça, mais c'est beaucoup plus compliqué. Et surtout, ça n'a strictement rien à voir avec Kuroko, il… il est… Ce n'est pas ce qu'il représente pour moi.
Hyuga, pas vraiment convaincu, fit une moue et s'assit près d'elle.
— Alors, explique-moi…
— Tu sais quel est mon objectif secret. Toi et Teppei êtes les seuls à connaître la vraie raison de mon implication dans cette équipe et toi seul sais les hésitations que j'ai eues à titulariser Kagami et Kuroko.
— Oui. Tu veux prouver au monde entier qu'« être un excellent entraîneur ne dépend pas de la présence d'un pénis dans le pantalon », affirma-t-il d'une voix ferme. Oh, je crois que je commence à comprendre. Tes convictions féministes – que tu sais que je soutiens de tout cœur – sont entrées en dissonance avec ton ressenti, c'est ça ? Je veux dire, tu t'es sentie dévalorisée par la présence d'une fille que tous semblaient considérer comme extrêmement jolie et tu t'es dit que toi, tu ne l'étais pas autant. Et tu as eu peur de ce que tu as ressenti de négatif à ce moment-là, c'est ça ?
Elle hocha la tête, ses mains se resserrant davantage sur ses cuisses, fuyant de nouveau son regard.
— Et c'est le fait qu'elle saute au cou de Kuroko, qu'il soit envié par les autres, sachant qu'ils n'auraient probablement pas eu ces réactions si ça avait été toi, qui t'a mise en boule.
— Non, pas du tout.
— Tu peux me le dire, lança-t-il avec un sourire crispé, je saurai garder le secret ! Après tout, je peux comprendre, un talent comme celui de Kuroko, son petit côté tout mignon qui donne envie de le protéger, ça te fait craquer, c'est normal, et moi aussi ça me mettrait en rogne qu'un autre gars aille se pendre au cou de la fille que j'aime…
— Je te dis que NON ! s'emporta-t-elle. Ce n'est pas Kuroko !
Le sourire taquin de Jun glissa sur les lèvres et il papillonna des cils, la voyant se redresser. La tension dans ses épaules était palpable et la colère vibrait dans la voix de Riko quand elle se tourna vers lui :
— Tu veux que je te dise ? Tu l'auras voulu : c'est le fait que tu sois en train de baver sur elle qui m'a fait mal au cœur, parce que tu ne m'as jamais regardée comme tu l'as regardée, elle.
Elle vit la surprise se peindre sur le visage de Jun et préféra se détourner avant l'apparition de la gêne. Ses jambes refusèrent de se mettre en marche, comme si elles attendaient la suite et sa langue continua de parler :
— Ce n'est pas parce qu'elle enlaçait Kuroko, que j'ai ressenti de la jalousie envers elle, mais bien parce que tu as envié sa place alors que tu ne l'aurais pas fait si ça avait été moi, au lieu de Momoi. Et ça m'a écœurée de me dire même une seule seconde que c'était normal, parce qu'elle était un plus joli trophée que moi, ça m'a écœurée de retomber dans ces travers-là si facilement et ça m'a écœurée de savoir qu'il suffit que tu entres dans l'équation pour que toutes mes convictions s'effondrent. Je pensais valoir mieux que ça.
Jun ne bougeait toujours pas et ses jambes refusaient de se mettre en mouvement. Elle battit des cils et souffla doucement, le cœur battant à tout rompre face à cette attente. Elle eut l'impression qu'une heure passa, alors que seulement quelques minutes s'écoulèrent. Quand il reprit la parole, elle sentit sa respiration s'interrompre :
— Je n'ai pas été à la hauteur. Je ne me cherche aucune excuse, mon comportement envers Momoi était ignoble et je n'ai pas su faire mieux que les autres, alors que je connais en détail tout ce que tu combats. Je suis désolé.
Elle ferma les yeux, son pied sembla reprendre le dessus et elle fit un pas, interrompu par une nouvelle main sur son épaule qui la retient sans pression c'était une simple demande pour qu'elle affrontât son regard, ce qu'elle fit par réflexe, la peur au fond de l'estomac.
— Mais tu te trompes sur un point. Si ça avait été toi, à la place de Momoi… Si…
Il s'interrompit, secouant la tête, contrôlant les tremblements de sa voix et de ses mains.
— Je ferai mieux. Et quand j'aurai fait mieux, je te le dirai. Pour l'instant, je n'en suis pas digne.
Il déposa un baiser sur son front et quitta finalement la pièce, la laissant pantelante et hallucinée.
— Mais que vient-il de se passer… ?
Voilà, j'espère que ça vous plu ! On se retrouve en commentaires si ça vous tente et sinon, on se verra sur le prochain chapitre !
