Euh ? On commence par où ?

Humhum…

Titre : Une haine à répercussions

Auteur : Kirjana

Disclaimer : Euh de toute évidence (c'est bien triste) je n'utilise pas les personnages et l'ambiance (l'environnement, l'histoire, les termes magiques, etc) à des fins lucratives (c'est comme ça qu'on dit, non ?) Je ne fais que les emprunter pour cette pitoyable ébauche de fanfiction (et je m'excuse milles fois auprès de JKR… Mais si elle ne s'acharnait pas à tuer tout le monde aussi ! Soit soit…) et n'en tire aucun profit (au cas où ça n'aurait pas été clair…)

Genre : Euh ? Romance (nian-nian et fleur bleue à souhait…) et une tentative pathétique d'humour (ca risque d'être drôle, tiens)

Rating : On va dire T (après lecture attentive du Rating Guide)

Couples : A enfin un truc que je sais ! Nous sommes donc face au préambule d'une fiction mettant en scènes les couples HPDM et SBSS (un vrai bonheur!)

Spoilers : Les cinq tomes parus même si je ne tiens pas compte de la fin du T5 et ça pour des raisons évidentes…

Petite remarque : Alors cette fiction parle avant tout de couples homosexuels (ouiii, hahaha!) donc homophobes, esprits étroits… vous connaissez la sortie ! (Mais pourquoi prendre la peine de lire le préambule d'une fiction qui a pour couple HPDM et SBSS si on est homophobes, hin ?) Bon… autre chose ? Ah oui, c'est ma première fanfiction sérieuse (je veux dire avec un semblant de but et un semblant d'histoire quoique…) donc soyez indulgents. Quoique non soyez sincères, j'ai besoin d'un point de vue objectif. Et puis même méchantes j'adore les reviews (je dois avoir une légère tendance masochiste…) paskon dit UNE review non ou je suis nulle part ?

Résumé : Ben… Quelqu'un (mais quiiiii ?) lance un sort de Réminiscence sur les profs de DCFM et de Potions j'ai nommé Snape et Black Tous deux se rappellent d'aimables souvenirs d'enfance, d'aimables souvenirs qu'ils souhaitent oublier. Chacun, à son réveil, accuse l'autre de lui avoir jeté ce sort… Vengeance vengeance en préparation ! Et comme on connaît la lâcheté des adultes pourquoi ne pas utiliser leurs chouchous respectifs pour se venger l'un de l'autre ?

(Pas la peine de me rappeler que je suis nulle pour les résumés é.è)

Note d'Edit (11.12.09): Après (checke rapidement la barre) quatre ans, j'ai finalement relu ce premier chapitre que j'avais écrit dans une poussée d'inspiration, il y a bien longtemps. Mmh... C'était pas très brillant et comme j'adore profondément cette fanfic, je ne pouvais pas la laisser ainsi avec un démarrage aussi *particulier* lol. J'ai donc réécrit tout le chapitre, ce qui explique qu'il soit si long et probablement un peu différent dans le style que les chapitres suivants. J'espère quand même qu'il plaira autant (et plus même) que la première version =)

Bonne lecture !


Sirius et Severus I

Tout le monde s'accordait à dire que Sirius Black était le plus beau garçon de Poudlard. Son charme était légendaire parmi les élèves, sa beauté vénérée par certains, jalousée par beaucoup. Lorsqu'il traversait un couloir, les filles s'arrêtaient de parler pour l'observer et, uns fois qu'il avait disparu de vue, elles gloussaient en synchronie et murmuraient frénétiquement. Parfois, Sirius, toujours flatté par tant d'attention, leur offrait son plus beau sourire mais la plupart du temps, il les remarquait à peine.

Ses pensées étaient occupées par des sujets plus urgents.

Snape, par exemple.

L'Infâme Servilus, son souffre-douleur toujours volontaire depuis leurs premiers jours à Poudlard, avait changé.

Sirius s'en était rendu compte le matin de la rentrée de leur sixième année, alors que James et lui étaient, selon leur tradition, parti en raid contre le rat de bibliothèque serpentard. C'était supposé être une rentrée de routine : Repérer le compartiment où Snape lisait forcément son bouquin, l'asticoter jusqu'à ce qu'il sorte sa baguette et le ridiculiser sommairement histoire de bien commencer l'année.

En fait, quand James lui avait rappelé leur « devoir », il avait été vaguement ennuyé. Torturer Snape était toujours marrant mais ça commençait doucement à devenir ennuyeux. Bien sur, James, bien trop obsédé par l'amitié entre Servilus et Lily Evans, n'avait pas compris ce point de vue et Sirius avait fini par le suivre en soupirant.

- Il est là ! s'était exclamé James joyeusement.

Sirius avait jeté un coup d'œil et là…

Il s'était arrêté, surpris. Snape était différent. Mais il aurait été incapable de dire en quoi. Le garçon ne lisait pas comme d'habitude. Le visage soutenu par sa main, il regardait le paysage, l'air perdu dans ses pensées. L'ombre d'un sourire apparaissait sur ses lèvres et il semblait…

Non… Sirius ne pouvait pas mettre le doigt dessus mais c'était flagrant, il était différent.

Il s'était secoué pour se reprendre et était rentré à la suite de James. L'altercation s'était déroulé exactement comme d'habitude, Servilus toujours prompt à réagir face à James. Sirius les avait plus laissé faire qu'autre chose, observant le garçon, toujours curieux.

Il l'observait toujours.

Quatre mois de cours, les vacances de Noel et encore un mois à Poudlard et il observait toujours Snape. La plupart du temps, il ne se questionnait pas sur ce passe-temps. Mais parfois, il se forçait à y réfléchir et une longue nuit d'insomnie l'attendait. Au petit matin, les conclusions n'étaient pas glorieuses, pas franchement bienvenues non plus et cela lui faisait assez peur pour qu'il se promette de ne plus observer l'intriguant serpentard.

Puis, fatalement, James allait l'asticoter. Sirius était alors bien forcé de le voir et ses grandes résolutions se faisaient la malle plus vite qu'un vif d'or repéré.

Non, il ne savait pas pourquoi mais il fallait bien l'admettre, il faisait une foutue obsession sur Severus Snape !

C'était peut-être sa façon de parler, ses mots adroitement choisis, son ton polaire et le regard méprisant qui allait de pair. La manière dont il frissonnait chaque fois que James et lui l'accostaient. Le petit sourire satisfait qui flottait le temps d'une seconde sur ses lèvres quand il donnait une bonne réponse en cours. La façon dont il fronçait les sourcils de concentration quand il lisait un livre. Même sa manie de faire glisser sa baguette entre ses doigts quand il réfléchissait était…

Attirante ? Pouvait-il le dire ?

Sirius poussa un soupir en entrant dans la classe de potions. Oui, il pouvait bien se l'admettre. Il trouvait cela attirant. Il trouvait Snape attirant.

Pourquoi Snape alors que la plupart des filles se seraient damnées pour un regard de lui, il ne savait pas l'expliquer. C'était juste le cas.

La mort dans l'âme, il posa le sortilège de Désillusion sur lui et se posta au fond de la pièce, derrière le dernier banc.

Tous les jeudis, comme il l'avait découvert un mois plus tôt, Snape venait dans la classe de potions pour s'entraîner. La plupart du temps, il pratiquait les potions qu'ils avaient vues en cours mais parfois, il révisait aussi des sortilèges, certains dont Sirius n'avait jamais entendu parler. Et il était toujours seul quand il venait ici.

Sirius préférait ça. Il avait appris que Snape n'était jamais autant lui-même que quand il était seul. Il arrivait qu'il parle tout seul à voix haute, généralement en faisant les cent pas, quand il réfléchissait à un sort ou une potion. Quand il réussissait particulièrement bien quelque chose, il rigolait joyeusement et Sirius aimait le son de son rire. L'entendre le mettait de bonne humeur.

Il sourit doucement. Il était bel et bien obsédé par le type. Peut-être même plus qu'obsédé mais ça… Il y penserait un autre jour.

La porte de la salle de classe grinça sur ses gonds et Sirius se redressa doucement. Il y eut des bruits de pas et le tintement métallique d'un chaudron. Il attendit quelques minutes avant de se redresser pour regarder Snape. Il était seul, face à une potion d'ores et déjà en cours de préparation. Le Serpentard était assez concentré sur son livre pour ne pas entendre Sirius s'approcher à quelques mètres de lui et s'asseoir sur un banc en tailleur pour l'observer.

Il était fatigué. Sirius s'en était rendu compte l'après-midi même quand James et lui s'étaient houspillés dans un couloir pour un prétexte futile. Les réparties et les réflexes de Snape avaient été aussi rapides que toujours mais Sirius, qui ne participait plus depuis longtemps à leurs rixes, avait vu qu'il était exténué. Son teint était plus pale et les cernes sous ses yeux plus prononcées que d'habitude. Il était aussi un rien plus irritable.

En effet, James l'avait charrié sur ses cheveux et Snape était parti au quart de tour. Ce qui était anormal parce que, généralement, il gardait son calme face aux remarques sur son physique. Mais là, c'est comme s'il cherchait aussi un prétexte pour se battre, lui aussi. Sirius avait très (très) stupidement souri en voyant l'objet de son obsession s'emballer tel un Hypogriffe vexé.

Evidemment, il avait fallu que Snape le regarde à ce moment précis. Il avait froncé les sourcils, probablement surpris comme jamais de voir Sirius Black sourire comme un con en le regardant. Mais, Merlin merci, James avait détourné son attention et Sirius avait pu se reprendre.

L'événement était finalement passé inaperçu.

D'un côté, Sirius était soulagé. Cela aurait inévitablement soulevé des questions et déjà que Remus le regardait bizarrement ces derniers temps, il n'avait pas besoin que Snape vienne commenter ses sourires en plus. Mais d'un autre côté, il se demandait parfois s'il ne devrait pas faire quelque chose. Quoi, il ne savait pas trop…

Ok, il savait exactement quoi mais c'était un peu trop risqué même pour son âme de gryffon téméraire. Il pouvait déjà voir d'ici la tête de Snape s'il tentait une approche. Ne parlons même pas de la tête de James.

Il réprima un petit rire en imaginant la scène et craint un instant que Snape ne l'ai entendu mais non, il était trop occupé à noter quelque chose dans son livre.

Malgré les risques, ça restait tentant. Après tout, il était Sirius Black et on ne refuse pas Sirius Black. (nda : Clairement pas ! lol) Et puis, quelques fois, il se disait que, peut-être, Snape était intéressé par lui…

Bon, cette grande impression durait trente secondes au maximum mais n'empêche. Il arrivait qu'il lève les yeux pour regarder le Serpentard et remarque que ce dernier le regardait déjà. Leurs regards s'accrochaient pendant une longue seconde troublante avant que Snape ne détourne les yeux, l'air énervé.

Enervé, c'est vrai que c'était pas bon signe mais pourquoi il le regardait, alors ? Pourquoi pas James plutôt ? Si Sirius avait été Severus, à choisir, il aurait regardé James, l'Avada dans le regard. Après tout, Sirius ne lui avait strictement rien fait depuis la rentrée. A part quelques vagues piques démotivées et un sort pour protéger son meilleur ami, un jour, il avait été on ne peut plus sage.

Ca emmerdait royalement James d'ailleurs.

Des volutes de fumée rougeatres s'élevèrent du chaudron, signe qu'il était temps d'ajouter un autre ingrédient mais Snape ne réagissait pas. Sirius attendit un moment avant de se lever. Il s'approcha à pas de loup du garçon et constata avec un sourire que l'abruti s'était endormi sur son livre de potions. Avec d'infinies précautions, il éteint le chaudron dans un cliquetis et observa longuement le serpentard.

C'était étrange comment personne ne semblait avoir remarqué à quel point Snape était mignon quand il était détendu. Sa peau était pâle et dénué d'imperfections, ce que très (très) peu de garçons de leur age pouvait se vanter d'avoir, ses lèvres étaient fines, toutes lisses et rosées et son nez semblait avoir été cassé au cours d'une bataille épique. Même ses cheveux étaient jolis, pensa Sirius en penchant la tête sur le côté. Ils étaient tirés en arrière tellement il avait passé la main dedans aujourd'hui. A part une mèche solitaire qui retombait doucement sur ses yeux…

Il tendit la main pour la replacer doucement en arrière mais alors qu'il allait se reculer, la main de Snape, rapide comme l'éclair, s'agrippa autour de son poignet et il ouvrit les yeux.

Sirius se figea, horrifié. Snape, bien réveillé, le regardait droit dans les yeux comme s'il voyait à travers le sortilège de Désillusion.

- Tu m'espionnes ? demanda-t-il sèchement.

- Je… Non, fit Sirius pathétiquement en essayant de retirer sa main.

Le type avait une poigne de fer. Merlin, dans quel merde s'était-il foutu ?

- A d'autres, Black. Ca fait deux semaines que je t'ai repéré, répliqua Snape.

Enfer et damnation.

Que faire, par les couilles de Merlin ? Il était littéralement figé sur place. Son cœur battait dans ses tempes à toute allure et il avait du mal à respirer. Il devait dire quelque chose ! Trouver une excuse, n'importe quoi…

- Je suis nul en potions.

Quoi ?

Il était carrément bon en potions, oui. Sans lui, James n'aurait jamais eu sa Buse. Slughorn vantait ses mérites de temps à autre, pas autant que ses éternels favoris Lily et Snape mais ça lui arrivait quand même. Snape devait le savoir.

Qu'est ce que c'était que cette excuse de merde, Sirius ?!

- Euh… Je veux dire, je ne suis pas assez bon et comme tu as l'air d'être expert dans ce département, je me suis dit que je pouvais peut-être hum… T'observer pour comprendre et m'améliorer. Oui, oui, voila.

Il ne se rappelait pas avoir jamais été aussi peu éloquent de toute son existence. Il attendit, mortifié, que Snape se mette à rire et lui énonce lui-même la vérité. C'était tellement flagrant !

Mais non, Snape relâcha son poignet, l'air pensif.

- C'est vrai ? demanda-t-il finalement.

Sirius remercia mentalement toutes les divinités et grands sorciers qu'il connaissait avant d'affirmer avec plus d'aplomb :

- Oui, c'est un peu ridicule, hein ? rigola-t-il.

- Oui.

La douche froide selon Snape.

- Tu aurais pu me le demander simplement, ajouta-t-il néanmoins.

- Tu m'aurais aidé, peut-être ? répliqua Sirius en haussant les sourcils.

Mais évidemment, Snape ne pouvait pas le voir. Il annula rapidement le sortilège et ne manqua pas de voir le Serpentard se raidir quand il sortit sa baguette.

- Non, répondit ce dernier, honnêtement.

Sirius ne put pas s'empêcher de rire.

- Je comprends. Bon ! fit-il d'un ton décidé, Je vais te laisser alors ! Tant pis pour mes rêves de gloire en potions.

Il se préparait à prendre la fuite, tout fier de la façon dont il était retombé sur ses pattes mais s'arrêta net quand Snape lui dit :

- Attends. Je - il soupira l'air dépité – peux t'aider maintenant si tu veux.

- Hein ?

Vu la situation, il ne pouvait pas faire mieux.

- Tu es sourd ? s'énerva l'autre.

- N- Non… Mais…

Il s'arrêta, énervé contre lui-même. Il n'était pas comme Peter à hésiter pour chaque foutu mot qu'il disait, bon sang ! Pourquoi fallait-il que Snape le mette dans un tel état ? Il inspira :

- Pourquoi ?

- On sera quitte, déclara Snape avec une grimace.

- Quitte ?

Snape leva les yeux au ciel et Sirius aurait souri s'il n'avait pas été aussi nerveux.

- J'ai remarqué que tu me foutais la paix depuis la rentrée, Black. Je ne sais pas pourquoi, probablement que ça a fini par ennuyer ta nature instable mais dans tous les cas, ça me facilite la vie. C'est ma façon de… Te rendre la pareille.

Il rêvait ?

Il devait rêver. Snape ne venait pas d'accepter de l'aider en potions, n'est-ce pas ? Genre, volontairement et tout ?

Wow ! Wow, wow, wow ! Papillons multicolores et arc-en-ciel pétillants repeuplèrent le monde pendant quelques délectables secondes.

Et il était probablement en train de sourire comme un con, juste là. Il se reprit et déclara d'un ton joyeux :

- Ma nature instable ? C'est bien gentil de ta part…

- Je peux être gentil (ce mot semblait le répugner au vu de sa grimace) si on est aimable avec moi. La question est : Peux-tu te conduire de manière civilisée, Black ?

- Evidemment, répliqua-t-il, amusé. Je suis un gars profondément bon. J'envisage de dédier mon corps à la médecine et léguer ma fortune aux pauvres un jour ! J'ai également un sens de l'humour particulièrement hilarant et je suis auto-transportable. Achetez-moi !

Il vit l'ombre d'un sourire passer sur les lèvres de Snape et se retint de faire un ridicule bond de joie. Il avait fait sourire Snape, c'était pas la peine de lui faire peur…

- Très bien, déclara finalement l'autre, une lueur étrange dans les yeux. Je t'achète...

- Yeah !

- A titre temporaire.

- Pas cool.

- T'es débile ?

- Tu sais ce qu'on dit. Le génie est toujours incompris.

Il fut décidé qu'ils se donneraient rendez-vous tous les jeudis pour que Snape l'aide à améliorer ses compétences en potions. Sirius n'en revenait pas en retournant dans son dortoir et il se fit la promesse de mettre à profit chaque minute qu'il passerait dans la salle de classe pour se rapprocher de son obsession…

Ce qu'il fit et avec moins de difficultés qu'il ne l'aurait cru. Snape était actuellement beaucoup plus sympathique qu'il n'en donnait l'air et pour une raison qui échappait à Sirius, il semblait vouloir s'entendre avec lui. Les mois passèrent ponctués de leurs rencontres hebdomadaires, chacune amenant son lot de conversations ridicules ou profondes.

Sirius, qui avait pourtant observé le serpentard à la loupe pendant des mois, découvrit que Snape était différent de l'idée qu'il s'en faisait. Il avait une soif de savoir qui dépassait l'entendement et une sacrée détermination à atteindre les buts qu'il s'était fixé dans la vie. Il n'était pas quelqu'un d'expansif et c'était souvent Sirius qui entamant leurs conversations mais il se révélait toujours un interlocuteur de choix. Qu'ils parlent de profonds sujets tel que la politique ou de trucs futiles comme le nouveau chapeau de Mcgonagall, ils étaient capables de tenir une conversation pendant des heures, chacun s'asticotant à bonne mesure.

Parfois, l'attitude désinvolte de Sirius énervait Severus (il ne pouvait raisonnablement plus l'appeler par son nom de famille maintenant qu'ils étaient si proches) surtout sur les sujets sérieux comme la problématique des Nés-Moldus. Severus était assez intraitable sur le sujet et semblait détester les moldus comme Sirius détestait sa famille. Ils avaient fini, au bout d'un énième débat échauffé, par déclarer le sujet tabou.

James, Remus et Peter se demandaient où il passait ses jeudis soirs mais Sirius n'aurait jamais osé leur dire la vérité. James était convaincu qu'il voyait une fille et il n'avait pas jugé utile de le contredire. Remus le dévisageait de temps en temps de façon étrange et, quand ça arrivait, il avait la terrifiante impression que le lycanthrope savait tout mais ce dernier ne lui avait jamais rien dit. Alors Sirius continuait de voir Severus tous les jeudis.

Il était amoureux. C'était désormais indéniable. Le jeudi soir était attendu toute la semaine, il y pensait chaque fois qu'il pensait, s'impatientait que les jours ne passent pas plus vite. Chaque fois qu'il faisait rire Severus, son cœur faisait un bond dans sa poitrine. Chaque fois que Lily Evans avait le malheur d'aller parler au serpentard, il avait envie de l'étriper. Quand le garçon lui jetait un regard pendant les diners, il était content pendant deux bonnes heures. Quand James tentait d'aller harceler « le bon vieux Servilus », Sirius déployait des sommets d'ingéniosité pour le détourner de cette idée. Et chaque moment passé en compagnie de Severus était comme un goût du paradis.

Il voyait la fin de l'année se profiler à l'horizon avec une terreur irraisonnée. La conviction que leurs rendez-vous secrets prendraient fin avec leur sixième année lui tiraillait les entrailles. Nombre de fois, il avait failli en parler à Severus mais il s'était toujours retenu au dernier moment, trop effrayé à l'idée que le garçon ne veuille pas réitérer leurs sessions hebdomadaires.

Il était effrayé par beaucoup de choses, ces derniers temps. Pas du tout Gryffondor.

Il avait peur de dire une bêtise devant ses amis. Ou pire devant Severus. Effrayé que ce dernier ne perçoive la façon dont il l'observait tout le temps ou qu'il comprenne la vérité chaque fois que Sirius souriait bêtement. Terrifié à l'idée que le garçon s'éloigne s'il savait. Terrifié qu'il ne le sache et s'en moque complètement. Pétrifié, littéralement pétrifié de peur à l'idée qu'il pourrait perdre la raison et tenter quelque chose avec Severus pour mieux se faire remballer par une tonne de dégoût et de refus âpre.

Il retenait les mots qui lui brulaient les lèvres, les lettres enflammées qu'il écrivait parfois, les mouvements qui le démangeaient… L'année passa comme un éclair. Leur dernier jeudi arriva brusquement, le prenant au dépourvu.

Il se rendit donc, moitié heureux (parce qu'il avait, contre toute probabilité, réussi à se rapprocher de Severus) moitié déprimé (parce que c'était probablement sur le point de s'achever), à leur dernier rendez-vous. Il avait pris sa décision. Il allait finalement demander à Severus s'il voulait qu'ils se revoient de temps à autre l'année prochaine même si ce n'était pas pour faire des potions.

Au pire ? Snape lui rirait au nez.

Au mieux ? Il lui sauterait dans les bras, lui avouant son amour éternel. Et là, Sirius le plaquerait sauvagement contre le bureau de Slughorn, il l'embrasserait à en perdre son souffle, ses mains pressant toutes les parties de son corps, avide de l'avoir à lui, de le sentir contre lui, d'embrasser chaque parcelle de peau, de le faire réagir sous ses…

Il s'arrêta devant la porte et inspira longuement, les yeux fermés. Il devait s'ôter ce genre de pensées de la tête avant de le voir… Il y pensait de plus en plus souvent. Il en rêvait même…

Parfois, il se disait même que c'était possible. Après tout, Severus était devenu son ami alors que ça semblait impossible, n'est ce pas ? Il pouvait également…

Mais c'était débile. Severus ne pouvait pas être attiré par lui. Encore moins l'aimer. Severus Snape n'avait jamais aimé qu'une seule personne et c'était Lily Evans…

Probablement qu'il l'aimait toujours, pensa-t-il amèrement.

Il prit quelques secondes pour envoyer balader toutes ces pensées et se composer une attitude normale (dans la mesure du possible sachant qu'il allait être en contact rapproché avec son premier amour), et ouvrit finalement la porte. Severus avait le nez plongé dans son éternel manuel de potions, sa baguette tendue sur un chaudron, comme toujours. Il s'arrêta en entendant la porte s'ouvrir et sourit en l'apercevant.

C'était ce genre de sourire qui lui donnait envie d'y croire. Il le lui rendit, content comme un con et s'approcha de lui.

- J'ai une surprise pour toi, déclara le serpentard avec un sourire affreusement craquant.

Comment les gens faisaient pour ne pas le voir ? A ses yeux, Severus Snape était la seule personne physiquement potable dans ce monde…

- Oh ! minauda-t-il d'une voix fluette. Severus, il ne fallait pas. Je t'épouserais sans bague de trente-deux carats, tu sais ?

Il faisait très souvent cela. Plaisanter pour cacher la vérité.

- Je ne vais pas t'offrir de bague, répondit Severus, l'air perplexe.

Sirius éclata de rire :

- Tu n'as vraiment aucun sens de l'humour, c'est stupéfiant.

- Peut-être que c'est toi qui a un humour de merde, répliqua-t-il, vexé.

- Impossible, décréta-t-il joyeusement. Je suis Sirius Black. Mon sens de l'humour est aussi légendaire que les pouvoirs de Merlin.

- Rien que ça ? sourit l'autre.

- Absolument ! Et je te fais rire bien plus souvent que tu ne veux l'admettre, petit hypocrite.

Severus lui jeta un regard offusqué. Il rit un peu plus :

- Mais sinon ? Ma surprise ?

Pour toute réponse, Severus pointa le chaudron. Sirius s'approcha et se pencha vers le chaudron. Il était ridiculement près du serpentard, bien plus que nécessaire, mais il n'allait pas se priver. C'était leur dernier rendez-vous après tout. Severus se recula légèrement, néanmoins. Il fit de son mieux pour ne pas montrer sa déception et se concentra sur le chaudron.

- De l'eau ? C'est modeste comme cadeau.

- Qui a dit que c'était un cadeau ? Et ce n'est pas de l'eau, abruti. C'est du Véritaserum.

- Hin, hin. Et ? C'est supposé m'intéresser parce que… ?

- C'est une version légèrement modifiée, expliqua Severus avec empressement. Je viens de la finir, ça fait des mois que j'y travaille. J'ai changé quelques petits détails comme le nombre de queues de salamandre et j'ai interverti la mise du…

Il était toujours passionné quand il s'agissait de potions et terriblement sexy quand il en parlait, du coup. Sirius ne le quittait pas des yeux, n'écoutant pas vraiment ses explications complexes, ses pensées bien moins recherchées…

- Bref, si mes calculs sont exacts, et je ne vois pas de raison d'en douter, ce Veritaserum devrait être moins agressif que d'habitude. Il ne devrait pas y avoir cette sensation d'avoir la vérité arrachée des lèvres mais plutôt une envie générale de se confier, à la condition que la personne en face ait la confiance de celui qui avale la potion, évidemment.

- Evidemment, répéta Sirius avec emphase.

- Tu te moques encore de moi ?

- Pas du tout, j'admire ton obsession pour cette tambouille. Si j'ai bien compris, la potion ne servira pas à grand-chose pendant un interrogatoire.

- Le but n'est pas qu'elle serve à quelque chose mais que j'arrive à la modifier comme je le veux, répliqua Severus avec un rien de crânerie.

- Je ne vois toujours pas le rapport avec ma surprise.

- Tu es mon cobaye.

- Pardon ?

Oh, oh, on se calme. C'était quoi ce délire ? Il n'allait pas prendre du maudit véritaserum pour répondre aux questions de Severus ! Qui sait ce qu'il pourrait demander ?

Tu m'aimes ? Dieu, elle serait drôle la réponse à cette question ! Non, non, c'était…

- Hors de question.

Severus le regarda, l'air amusé :

- Tu as tant de choses à cacher ?

Sirius fronça le nez, hésitant sur la réponse à donner. Mais l'autre garçon ne lui laissa pas le temps de répondre :

- Je me doutais que tu serais réticent. J'ai l'intention de la prendre aussi. Comme ça, on sera à armes égales. On posera nos questions à tour de rôle. Ca te va ?

- Non, répondit-il automatiquement.

Un silence les enveloppa. Puis, Severus soupira :

- Tu ne me fais vraiment pas confiance, hein ?

Sirius hésita, en proie à un grave tourment. Severus semblait franchement déçu et s'il y avait bien une chose qu'il ne voulait pas, c'était décevoir le serpentard. Ou lui donner l'impression qu'il doutait de lui…

Il rendit les armes, mauvais :

- C'est pas équitable de jouer la carte de la culpabilité avec un honnête gryffondor comme moi.

- Les serpentards ne sont pas équitables, sourit l'autre.

- Ça, ça ne me rassure pas vraiment, Severus.

- Ok, ok, soupira à nouveau ce dernier. On n'a qu'à se promettre que tout ce qui sera dit ce soir ne devra pas être répété, d'accord ? Je n'ai qu'une parole, Black, ajouta-t-il face au scepticisme de l'autre.

- Autre condition : Quoiqu'on dise, ça ne changera rien à notre… Euh, relation ?

- Amitié ? l'aida Severus.

Il sourit, tout content :

- Amitié, donc ?

- Ca y ressemble, non ?

- Oui, ça y ressemble.

Ils se regardèrent longuement. Tant et si bien que Sirius en eut des frissons. Puis finalement, Severus rompit le contact visuel et remua dans la potion. Rapidement, ils prirent chacun quelque gouttes de la mixture et s'assirent face à face, l'air affreusement sérieux.

Sirius avait envie de s'enfuir mais il resta assis, dans un courage suicidaire purement gryffon et dans l'espoir relativement raisonnable que Severus ne poserait pas de questions trop compromettantes pour lui. C'est lui qui lança l'interrogatoire :

- Tu es amoureux de Lily Evans ?

Severus écarquilla les yeux, choqué. Il hausa les épaules pour s'excuser. Il voulait vraiment savoir.

- Tu commences fort, bordel, grommela-t-il. Non. Je l'aimais mais ça m'est passé.

- Ca y est, il était content.

- Pourquoi ? demanda-t-il joyeusement.

- C'est mon tour, Black, siffla l'autre, énervé. Ah, ça a l'air de marcher. Je n'ai pas besoin de te répondre.

Il nota quelque chose dans son livre avant de revenir à Sirius :

- Pourquoi tu es à Gryffondor alors que toute ta famille a été à Serpentard ?

Sirius grimaça. Il n'était pas très à l'aise avec ce sujet mais il répondit quand même :

- Le choixpeau hésitait entre Serpentard et Gryffondor alors je lui ai demandais de me mettre à Gryffondor histoire d'emmerder ma mère.

- Pourquoi tu voudrais ennuyer ta mère ?

- On a dit chacun son tour, je crois ? sourit Sirius. Alors ? Pourquoi il ne s'est rien passé entre toi et Lily ? Elle n'avait pas l'air contre pourtant.

- Disons que je n'étais pas fait pour elle.

- C'est pas une réponse, bouda-t-il.

Severus lui jeta un regard lourd de reproches. Sirius lui répondit par un sourire moqueur.

- Nous avions des points de vues diamétralement opposés. Ca n'aurait jamais marché.

- Ah, fit Sirius, comprenant. Cette histoire de sang-pur, je suppose ?

- Tu supposes bien.

- Qu'est ce qu'il y a de si bien à être un sang-pur, franchement ? grommela-t-il.

Ca aussi, c'était un sujet sensible, se rappela-t-il trop tard.

- Tu n'es pas fier d'être un Black ? s'étonna Severus. C'est une vieille famille pourtant ! J'adorerais être un sang-pur !

- Tu ne l'es pas ? s'étonna-t-il, choqué.

- Non, grimaça Severus.

De toute évidence, il n'avait pas eu envie de le dire. Il continua néanmoins ce qui fit plaisir à Sirius qui se rappela la condition de confiance nécessaire pour répondre.

- Mon père est un moldu.

- Et c'est comment ? demanda-t-il, sincèrement intéressé.

- Je les hais. Les moldus. Ils sont violents, ils se croient meilleurs en tout. Mon père, c'est juste un salaud. Je le tuerai un jour…

- Voilà une pensée qui me parle, sourit Sirius.

- C'est si désagréable que ça chez toi ?

- Plus que tu ne l'imagines, répondit-t-il, sombrement.

Un éclair de compréhension passa entre les deux garçons et ils se regardèrent longuement avant que Sirius ne brise le silence à nouveau :

- Pourquoi tu détestes James ?

Severus haussa les sourcils, visiblement surpris :

- Ce n'est pas évident ? Je le détestes parce qu'il me déteste.

- C'est pas une réponse non plus, ça, protesta-t-il.

- C'en est une quand on sait qu'il m'a pris en grippe sans bonne raison, répliqua Severus.

- Tu étais ami avec l'amour de sa vie, sourit Sirius.

- Et c'est de ma faute ? Ca excuse ce que ce minable de M'as-Tu-Vu m'a fait subir ?

Sirius s'arrêta de sourire face à l'aigreur de son vis-à vis. Un profond sentiment de honte l'envahit et soudain, il comprit pourquoi Remus n'était jamais très content de leurs comportements à James et lui. Il soupira :

- Non, tu as raison. Je m'excuse pour ça.

- Je ne t'en veux pas à toi, déclara l'autre immédiatement.

Pourquoi pas? Hein? Pourquoi pas lui aussi?

Un silence s'installa entre eux de nouveau. Severus semblait hésiter à lui poser une question et Sirius l'invita du regard, désireux de se faire pardonner pour cinq ans d'injuste acharnement sur sa personne. Il le regretta aussitôt que l'autre ouvrit la bouche :

- Tu as touché mes cheveux… Quand je t'ai attrapé le bras. Tu avais touché mes cheveux. Pourquoi ?

Sirius sentit littéralement son sang se figer et dévisagea Severus, blanc comme un linge. Il détourna le regard rapidement:

- Ce n'est pas évident?

- Pas vraiment, non.

Il hésita. Il avait envie de le dire, grâce à cette maudite potion. Et en même temps, il était persuadé qu'en faisant un gros effort de volonté, il pourrait s'abstenir de répondre. Mais...

"Je ne t'en veux pas à toi."

Peut-être que... Peut-être.

Allez. Le saut de l'ange:

- Je suis amoureux de toi.

De toute sa vie, il ne s'était jamais senti aussi exposé, aussi vulnérable. Même quand il était si près de Severus qu'il pouvait sentir son souffle sur sa peau, même quand ce dernier lui offrait des sourires à se damner, même quand il lui avait agrippé le poignet ce fameux jour… Ce n'était rien en comparaison.

Son cœur, erratique, faisait la farandole, il sentait ses jambes trembler contre sa chaise, ses entrailles étaient nouées. Severus ne disait plus rien, Sirius sentait son regard sur lui. Il risqua un coup d'œil. Le serpentard le regardait sans méchanceté, sans dégout, sans joie. C'était un masque indéchiffrable.

Les secondes s'écoulèrent, longues comme des heures, des jours.

Horriblement gêné, il se renfonça dans son siège, s'attendant à tout. A un cri de choc, de dégout, de peur, à une fuite précipitée loin de lui, un coup de poing, un éclat de rire moqueur tranchant comme un poignard. A tout…

Severus se leva brusquement et Sirius sut qu'il allait partir. Il détourna la tête, l'horreur de la situation s'inflitrant pleinement en lui quand soudain, il sentit une main froide se poser sur sa joue et le forcer à tourner la tête vers lui. Il résista légèrement avant d'abandonner. A quoi bon ? La chose était dite, après tout. Leurs regards s'accrochèrent.

Il était loin le fringuant Sirius Black, toujours confiant, toujours sur de lui. Le garçon avait une expression indéchiffrable, ses yeux brillaient d'une lueur qu'il n'était pas en état de déchiffrer. Et puis, doucement, il se pencha vers lui et posa ses lèvres sur les siennes. Juste un instant avant de se reculer, l'air effrayé. Ils se regardèrent longuement et Sirius sut à cet instant, qu'ils étaient aussi terrifiés l'un que l'autre.

Alors, à son tour, il s'avança et l'embrassa, hésitant. Mais l'autre ne recula pas. Sa bouche était chaude, douce et il sentit un frisson le parcourir tout entier. Alors il ne se contrôla plus. Il l'enlaça fougueusement, brisant les barrières qu'il avait mises entre eux, s'avouant enfin tout l'amour qu'il ressentait pour lui. Il alla chercher sa langue et avec un autre frisson, elles entrèrent en contact encore et encore. Il ne pouvait plus se détacher de lui. C'était comme une drogue à effet instantané. Il savait qu'ils devraient bien se lâcher à un moment donné mais il ne voulait pas que ce moment vienne, il le reportait sans cesse, rattrapant chaque fois ses lèvres pour un autre baiser. Quand enfin ils se séparèrent, Severus plaqua son front contre le sien et murmura, d'une voix rauque et brisée :

- Je n'osais pas croire que ça puisse être vrai…

Sirius lui offrit un petit sourire. Il comprenait mieux que personne ce sentiment.

Ils ne se quittèrent qu'à l'aube, tous les deux désolés de se séparer mais heureux.

Heureux… C'était presque un blasphème d'utiliser ce mot banal pour décrire tout le bonheur qu'il ressentait. Il avait l'impression persistante d'avoir rêvé toute cette nuit. Mais ses lèvres étaient sensibles après tant de baisers (Severus aimait mordiller, pensa-t-il en gloussant avant de s'arrêter brusquement, horrifié d'avoir gloussé). Il les toucha souvent sur le chemin du retour pour se rappeler qu'il n'avait pas tout halluciné.

Il se glissa dans le dortoir, observa ses trois amis qui dormaient paisiblement et à son tour, il se coucha alors que dehors le soleil se levait.

- PATMOL ! Lève toi, par Merlin, t'es dans le coma ou quoi ?

Sirius quitta doucement son rêve jonché de vif d'or qui avaient la tête de Dumbledore et ouvrit les yeux. James le regardait. Il se redressa et lui jeta un regard haineux pour ce délicat réveil.

- Quoi ?

- On va rater le déjeuner, Sirius ! l'informa Peter avec un sourire.

- Le petit-déjeuner ?

- Non le déjeuner, mon vieux. Tu ronflais tellement fort, on a pas voulu te réveiller, le nargua James.

Sirius se leva avec hâte et se pressa vers son armoire avant de réaliser qu'il était encore habillé.

Oups. James et Peter le regardaient, les yeux exorbités. Remus, qui s'était assis sur son lit pour les attendre, releva la tête de son livre face au grand silence qui venait d'envelopper leur dortoir. Il vit Sirius, sa tenue d'hier et prononça un faible « Oh » avec un sourire étrange.

Cela sembla donner le coup d'envoi des réactions.

- Tu n'es pas rentré de la nuit ? s'exclama Peter d'un air admiratif.

- Rooooh, fit James, le regard pétillant. Il s'est envoyé la Fille Mystère !

C'était le petit nom qu'il avait donné à Severus sans le savoir.

- Je ne me la suis pas envoyé, répliqua Sirius avec un sourire en repensant à leur nuit.

Il l'avait juste embrassé jusqu'à plus soif. Aaah…

- Donc, elle existe ! s'exclama Peter, victorieux.

- Je n'ai jamais rien dit de tel.

- Sirius Black troisième du nom, vous avez des explications à me faire, déclara son meilleur ami en pointant un doigt sanctifiant vers lui.

- On va être en retard, non ? chantonna Sirius en se dirigeant vers la sortie.

- Hey ! protestèrent les deux garçons. Pas si vite !

Ils se rendirent jusqu'à la salle de cours et Sirius essaya tant bien que mal à les convaincre qu'il s'était simplement endormi à la bibliothèque. Personne ne le crut, bien sur, mais ils arrêtèrent néanmoins de le harceler en entrant dans la classe.

La première chose qu'il remarqua fut que Severus n'était pas là.

- On n'a pas vu Snape depuis hier soir, murmura Remus dans son oreille quand ils s'assirent. Peut-être qu'il a trop veillé, lui aussi.

Le lycanthrope souriait et ce n'était pas un sourire rassurant. Sirius fronça le nez, adoptant une attitude hautaine :

- Depuis quand la vie de Servilus m'intéresse ?

Moony lui tapota l'épaule en rigolant :

- Tu as des goûts bien étranges, Padfoot.

Il préféra ne pas répondre.

La journée passa relativement vite, Sirius tout à ses souvenirs. Il était de tellement bonne humeur qu'il ouvrit galamment la porte de classe à Lily Evans en sortant, ce qui lui valu dix minutes de bouderie de la part de James. Néanmoins, Sirius ne manqua pas de remarquer l'absence totale de Severus. Il n'était même pas venu manger, au soir.

Il allait commencer à s'inquiéter en rentrant dans son dortoir quand il trouva un hibou et une lettre qui l'attendait. C'était Severus.

« Rendez-vous au même endroit que d'habitude à 22h, ce soir. Il faut qu'on parle. SS»

Il se sentit soudain très nerveux et regarda l'heure arriver avec anxiété. Hier soir, ils n'avaient pas vraiment discuté. A partir du moment où Severus lui avait fait comprendre que ses sentiments étaient réciproques, Sirius avait jugé toute conversation supplémentaire inutile et l'avait embrassé jusqu'à l'aube avec jubilation.

Et c'était tout aussi bien puisque Severus n'avait pas semblé vouloir parler, non plus. De quoi pouvaient-ils bien devoir discuter aussi urgemment ? Paniquait-il maintenant qu'il avait eu la journée pour réfléchir ?

Mais peut-être que Snape voulait simplement le voir. Lui attraper les lèvres une fois de plus.

Se focalisant sur cette pensée, il se rendit au rendez-vous d'un pas léger après s'être discrètement éclipsé de la salle commune à l'insu de ses amis et arriva bien en avance. Il attendit patiemment que l'objet de ses pensées arrive en imaginant tout ce qu'ils pourraient bien faire sur ce banc si Severus était d'humeur coquine.

Toute frivolité le quitta dès que l'autre garçon entra.

Il avait la lèvre fendue et le début d'un bleu apparaissait le long de sa mâchoire. Son bras était emballé dans une écharpe made in Pomfresh et quand il approcha, Sirius le vit grimacer de douleur. Il se redressa d'un bond, furieux contre quiconque avait fait ça.

- Qu'est ce qu'il s'est passé ?

- Rien, répondit Severus sèchement.

- Ce n'est pas rien. T'as vu ta tête ?

- Je ne suis pas venu pour parler de ça. Laisse tomber, Black.

- Non, je ne vais rien laisser tomber du tout, répliqua-t-il, buté. Qui t'as fait ça ?

- Je suis tombé, siffla-t-il.

- Foutaises. Dis-moi qui t'as fait ça, Severus. Je vais le tuer !

- Ne dis pas de bêtises! répliqua le garçon d'un air agacé. On ne tue pas Lord Voldemort.

Sirius s'arrêta, choqué. C'était un nom qu'il avait souvent entendu prononcer dans sa famille ces derniers temps. Lord Voldemort et ses grandes idées sur la pureté du sang…

- Tu as des ennuis avec ce type ? demanda-t-il doucement.

Il en doutait fort. En fait, il craignait bien que ce soit tout le contraire. Et comme de fait, Severus répondit :

- Non, je suis son apprenti.

Son quoi ?

Oh, Merlin, dites-lui que c'était une blague.

- Tu plaisantes, hein ? Pourquoi tu voudrais être l'apprenti de ce gars ? On dit qu'il est taré.

Severus se redressa immédiatement, l'air furieux :

- Je t'interdis de l'insulter !

Il était en train de faire un cauchemar.

- Et tu le défends en plus ? fit-il d'une voix blanche. C'est lui qui t'a fait ça et tu le défends ?

- C'est l'homme le plus intelligent que j'ai jamais rencontré. Je t'interdis de le traiter de fou. Sans lui, je serais toujours un…

Il s'arrêta avant de soupirer. Il se pinça l'arête du nez, semblant en proie à un vertige. Mais c'était Sirius qui avait le vertige. Il n'arrivait pas à le croire. Severus était l'apprenti de cet espèce de gourou obsessif que toute sa famille idolâtrait comme un fondateur. Il revendiquait l'exclusion des Nés-Moldus, par l'enfer ! Les rumeurs les plus horribles couraient sur lui et certaines personnes le considéraient déjà comme un mage noir de la trempe de Grindelwald. Comment Severus pouvait soutenir un type pareil ?

Il respira profondément pour tenter de se contrôler et dit, avec difficulté :

- Il va falloir que tu m'expliques, là. Qu'est ce que tu fais avec ce gars ?

Il fit un pas en avant. Severus recula d'un pas.

- Je te l'ai dit. Je suis son apprenti.

Sirius lui jeta un regard noir. Il était fatigué de cette putain d'attitude. Il ne pouvait pas l'approcher et le serpentard ne le regardait même pas, bordel !

- En échange de ses enseignements, je me suis… Engagé envers lui.

- C'est-à dire ? siffla-t-il furieusement.

- Je me dois de lui obéir et il…

Severus s'arrêta, soupira à nouveau, le regard fuyant ce qui l'énervait encore plus. Puis, il sembla se maîtriser au prix d'un effort et continua :

- Il pense que tu me distrais.

Sirius recula d'un pas, frappé. Il avait l'impression que la foudre venait de s'abattre sur lui et qu'il avait miraculeusement survécu. Mais ça n'était pas plaisant. Ca n'était pas plaisant du tout. Severus reprit la parole, plus rapidement :

- Il sait tellement de choses. Black, c'est hallucinant à quel point il est puissant. Je pourrais vraiment devenir quelqu'un si je suis ses enseignements ! Il m'a montré…

- Il est contre les enfants de moldus, l'interrompit-il.

Il eut un rire sans joie :

- C'est ça que tu voulais dire quand tu disais que tu n'étais pas fait pour Lily Evans. Et tu marches dans cette combine ? Le délire sur la pureté du sang et toutes ces conneries ?! s'écria-t-il, perdant le contrôle.

"Il pense que tu me distrais" Ces mots virevoltaient à toute allure dans son crâne, se répétaient à une cadence effrénée. Il serra les poings.

Et alors? Hein? Alors quoi?!

- Je savais que tu ne comprendrais pas, répliqua Severus, le regardant enfin dans les yeux. Vous êtes tous pareils à vivre sur votre petit nuage idyllique. Vive les moldus, vivons tous en paix, c'est ça ?

- Au moins, je ne traite pas mon prochain comme un inférieur parce que ses parents sont moldus ! Mais évidemment, je parle à un mur, hein ? T'as déjà fait ton choix. Tu préfères ton putain d'apprentissage à coup de canne plutôt qu'Evans. Plutôt que moi! Va te faire foutre, Snape! VA TE FAIRE FOUTRE !

Et sur ses paroles, il sortit en trombe de la pièce, furieux, dégouté... Dévasté.

Remus l'attendait au bout du couloir. Il l'avait probablement suivi. Il lui raconta tout, puisqu'il était déjà au courant, ravageant ses mains contre un mur avec rage. La douleur physique occulta l'autre. Courir à en perdre haleine dans la forêt interdite sous la forme de chien se chargea du reste cette nuit là.

Le lendemain et tous les jours qui suivirent, il évita Snape comme la peste, sécha tous les cours qu'ils avaient en commun et évita tout contact visuel avec la table des serpentards pendant les diners.

L'année s'acheva sur ses notes sinistres. L'été fut horrible. Tellement qu'il claqua pour de bon la porte de chez lui et se réfugia chez les Potter. Mais il s'en moquait bien en comparaison de ce qu'il ressentait chaque fois qu'il pensait à Snape…

Parler avec Remus aidait. Mais pas assez. La douleur était là, toujours aussi forte, toujours aussi insupportable. Et le pire, c'était les sentiments, toujours bien vivants, aussi forts que jamais.

Il avait la certitude que ce jeudi resterait gravé dans son âme comme une marque au fer rouge. Leur seule nuit… Sa seule nuit. Car il savait qu'il ne ressentirait plus jamais cela pour personne d'autre. Et en cela, il ne se trompait pas...


Sirius se redressa soudainement. Il mit un temps à comprendre qu'il était dans son bureau, qu'il était bien un homme de trente-deux ans (Ok, trente-huit ans). Et qu'il n'était plus ce jeune perdu amoureux de…

Passons. Comment avait-il pu rêver de cela ?

Une minute… Avait-il vraiment rêvé ? Ce… cauchemar avait été si réel. Il s'était vraiment cru redevenir adolescent, de nouveau attiré par…

Il eut une grimace.

Non c'était bien trop réel. Il n'avait expérimenté qu'une fois ce genre de rêves et c'était lorsque James lui avait jeté un sort de Réminiscence pour qu'il se rappelle comment il avait violé l'intimité buccale de Lily au cours d'une soirée vraiment trop arrosée…

On lui avait donc jeté un sort de Réminiscence… Mais qui ? Et pourquoi BON SANG s'était-on senti le devoir de lui rappeler cet histoire ABOMINABLE ?

Mais maintenant qu'il y pensait, seul quelqu'un qui connaissait ce souvenir pouvait avoir jeté le sort et à sa connaissance la seule et unique personne au courant était…

Il eut un rictus méprisant. Ah, il voulait jouer, hein ? Et bien on allait voir qui était le plus habile à ce jeu ! Il se releva, ôta ce stupide post-it de son front et sortit précipitamment de son bureau pour aller voir le directeur. Une demande spéciale à faire…

Rira bien qui rira le dernier Snape !


Voila Voila… Je suis nuuuuuulle Mais bon. Le prochain chapitre, sera publié quand je l'aurais corrigé (càd demain voire ce soir) et se sera au tour de notre cher Sevy de se rappeler les bons souvenirs… Voila… (ce n'est que le 20ème…) Alors vous prenez, un centième de temps (si bien sur quelqu'un a pris le temps d'arriver jusqu'au bout T.T) pour appuyer sur ce petit « Go » et vous me dites ce que vous en pensez, hin ?