Un modeste et (très) long OS sur un couple impopulaire. Prend place au moment de l'éruption du Volcan d'Ordinn.
Bien entendu, tout est la propriété de Nintendo. Et aussi, c'est mon premier lemon. Yup.
Clash of Swords
« On ne désire que ce dont on manque. » — Platon
.
Finalement, ce ramassis de bokoblins n'était pas si incapable que ça.
Indifférent aux grondements de rage du volcan et à la chaleur étouffante, Ghirahim circulait au milieu des coulées de laves tentaculaires d'un air délassé. Il se ravissait de la bonne nouvelle sa horde avait enfin mis la main sur le garçon et le retenait captif désormais.
Cette pensée lui tira un sourire obscène de satisfaction. Il avait été encore raide – pour ne pas dire furieux – suite à sa dernière confrontation contre l'enfant du ciel qui s'obstinait à interférer dans ses plans. Le misérable avait osé le défier, deux fois.
Et il l'avait vaincu. À deux reprises.
Comment ce gamin pouvait-il oser se prétendre plus puissant que lui ? Ses victoires n'étaient dues qu'à de la chance. Il l'avait senti depuis leur première rencontre. Une présence divine l'accompagnait et une aura protectrice le couvait. Si Link était parvenu à le battre, c'était seulement parce qu'il avait l'épée de la Déesse en sa possession. Il n'y avait que cette explication, il le savait parfaitement.
Sans cette épée, ce garçon n'était rien tout héros qu'il fut.
Après sa dernière défaite, le Seigneur Démoniaque avait relâché sa colère sur ses serviteurs, et même la vue de leur cadavre gisant dans leur sang n'était parvenue à le calmer. L'annonce de son ennemi écroué ne pouvait qu'embellir son humeur. Il songea donc à lui rendre une petite visite, afin de lui infliger la punition qu'il lui avait promise depuis l'incident au Temple du Temps. Lui faire payer une bonne fois pour toute son impertinence.
Les châtiments qu'il lui réservait auront sans mal le mérite de enfin lui soutirer l'information qu'il recherchait depuis un certain temps : où était Zelda ? L'élément essentiel qui lui servira à faire revenir son maître, le Roi des Démons, de l'outre-tombe. Une fois que Link aura délié sa langue, il aviserait s'il se sent d'humeur à alléger ses souffrances avant de le tuer – bien qu'il jugeait s'être déjà montré trop magnanime envers ce morveux.
Il pénétra dans les profondeurs des galeries rocheuses, les rares chemins devenaient impraticables en raison des secousses répétées et des crachats de lave en fusion. Tandis qu'il progressait dans les cavernes, son regard s'arrêta en face de lui.
Même de loin, il reconnaissait l'épée de son adversaire du premier coup d'œil. La lame étincelante était implantée à même la roche avec négligence – il ne pouvait changer la maladresse détestable de ses sbires – et s'élevait donc de travers.
En s'approchant d'elle, Ghirahim constata que l'épée avait changée depuis la dernière fois qu'il l'avait vue. La garde bleu cyan surmontée d'un saphir avait pris une forme ailée d'un violet profond sertie d'une pierre ambrée. La lame était bien plus longue, plus brillante et aussi affutée que les griffes d'un lion. Sur sa face réfléchissante, il discerna l'emblème de la Triforce. Le fameux pouvoir que son maître s'était acharné à dérober à la Déesse.
Malgré l'apparence différente, le démon ressentait la même aura spirituelle et lénifiante s'émaner de l'épée que lorsqu'il s'en était emparée au moment de son premier combat contre l'enfant du ciel.
Ayant oublié son intention d'aller retrouver son ennemi prisonnier, il se perdit dans sa contemplation et se mit à caresser lentement le pommeau, puis l'ambre. Un sourire mesquin s'étira sur ses lèvres fines.
—Ne sois pas timide, entonna-t-il. Je sais que tu es là.
À l'instant où il finit de prononcer ses mots, un éclat enroba l'épée, puis une forme se détacha de la pierre mordorée dans une explosion de lumière. Ghirahim fut brièvement aveuglé. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il n'était plus seul.
Au-devant de l'épée flottait une forme féminine pour le moins singulière. La silhouette bleue était si fine qu'elle en paraissait fragile. De part et d'autre de ses épaules était déployée comme une sorte de manteau bleu et violet au tissu fin lui faisant office de bras, qui donnait l'impression qu'elle avait des ailes.
Ghirahim l'observa silencieusement. Il nota par ailleurs les quelques traits de son physique qui faisaient rappeler l'épée de légende, comme les rubans enlaçant ses jambes semblables à ceux entourant la garde, ses bras ailés, et le diamant en losange enchâssé dans l'espace au milieu de sa poitrine. Mais ce qui frappa encore plus le démon fut son visage entièrement bleu tout comme son corps et ses cheveux. Froid, impassible. Ses yeux étaient également de la même couleur unique, vidés de pupilles. Son regard était comme dénué de tout sentiment.
Pendant qu'il la regardait vaguement intrigué, Ghirahim avait haussé un sourcil.
—Ainsi donc, c'est à cela que tu ressembles ? commenta-t-il pour lui-même.
—Seigneur Démoniaque Ghirahim, quelle est la raison pour que vous veniez jusqu'à moi ?
La silhouette féminine venait de parler d'une étrange voix mélodieuse, aussi claire que du cristal. Néanmoins, son visage restait sévèrement monotone. Le contraste était presque déroutant.
Le sourire de Ghirahim avait refait surface lorsqu'il l'entendit l'appeler par son titre. Voilà quelqu'un qui savait lui parler conformément.
—Rien d'autre que de la curiosité, répondit-il. Je me demandais de quoi pouvait bien avoir l'air la servante de la déesse.
L'esprit de l'épée de légende ressemblait donc à cela. Huh. Il ne pouvait pas vraiment dire qu'il était impressionné. Pour une arme supposée si puissante, il s'était attendu à quelque chose de plus… exubérant.
Ghirahim contourna la silhouette flottante en ignorant son regard vide braqué sur lui, et s'empara de la garde de l'épée plantée au sol. Il la retira sans effort pour avoir une meilleure vue sur elle. Il la tourna dans ses mains et exécuta des mouvements de coup dans l'air, constatant à quel point elle était aussi légère que ne le semblait l'esprit qui y résidait, et ce en dépit de sa transformation.
Il leva ensuite le regard vers elle et se mit à marcher en décrivant un cercle autour d'elle, l'épée toujours à la main. L'esprit tournait en même temps que lui pour lui faire face.
—C'est étrange de penser que nous nous sommes déjà rencontrés au combat, mais nous ne nous sommes jamais parlé face à face. Tu as un nom ?
—Fay, répondit mécaniquement la silhouette. Tel est le nom que m'a donné ma créatrice.
Fay… Maintenant qu'il y pensait, il se souvenait avoir déjà entendu le gamin prononcé ce nom. Ghirahim s'arrêta et se tourna vers elle. D'un geste théâtral exagéré, il amena son bras au-devant du tronc et s'inclina légèrement.
—Eh bien, c'est un plaisir de te rencontrer, Fay, dit-il sans cacher le ton moqueur dans sa voix, ce que son interlocutrice remarqua.
—Par analyse, je déduis que la probabilité que votre phrase soit du sarcasme est de 97%.
—Penses-tu ? J'ignorais que l'épée de légende était dotée d'une telle intelligence, railla-t-il en roulant les yeux. Néanmoins, rétorquer une réponse plus aimable serait la moindre des politesses pour des présentations.
—Je suis navrée de dire que le plaisir de cette rencontre ne soit partagé.
Ghirahim émit un léger rire.
—Quel est le problème ? Te sentirais-tu seule depuis que tu as été séparée de ton maître ? provoqua-t-il, réellement amusé par la situation. Ça doit être contrariant pour toi de penser que tu ne peux rien faire pour l'aider… Être rattaché corps et âme à cette épée, incapable de s'en éloigner, c'est plutôt gênant.
—….
Fi décida de ne pas répondre, ce qui laissa le démon poursuivre.
—Ce pseudo élu de la déesse ne doit sa réussite qu'à cette arme divine. S'il est parvenu aussi loin, c'est uniquement grâce à toi. Mais cela va dans les deux sens. Une épée est inutile sans maître pour la porter.
—D'après mes précédentes analyses sur votre personnalité, vous devez être convaincu que vous êtes l'exception qui confirme la règle.
Les doigts de Ghirahim cessèrent subitement de jouer avec l'épée de légende. Ces yeux inquisiteurs se rétrécirent lorsqu'il se planta juste devant elle et la toisa de toute sa hauteur.
—Ah, alors tu le sais.
Si Ghirahim était surpris, voir même déstabilisé par le fait que Fay sache à son sujet, il ne le montrait pas. Il fit relever brièvement sa mèche blanche d'un geste sec et dédaigneux.
—Ceci dit, nous ne pouvons pas vraiment dire que nous nous ressemblons. Contrairement à toi, je suis libre de me rendre où je le souhaite et je ne suis pas entièrement dépendant de mon maître. Je me demande bien à quoi pensait la déesse, le jour où elle t'a créée. Elle ne pouvait pas te rendre plus inefficace.
Il scruta intensément le visage lisse de Fay, dans l'attente d'entrevoir la moindre réaction de sa part. Rien. Elle restait de marbre, ne montrant absolument aucun signe d'avoir été offensée par ses propos. Il fut déçu. Qu'elle soit autant placide n'avait rien de drôle…
À la place, Fay s'éleva de quelques centimètres et se pencha au-dessus de lui à son tour. Son regard abyssal était si près qu'il se crut presque absorbé à l'intérieur de ses yeux.
—Vous vous surestimez, Ghirahim. Avoir confiance en ses compétences est une chose, la confiance aveugle en est une autre. La déesse m'a faite abstraction de tous ses sentiments que pour je n'en sois pas soumise, contrairement à vous. Ce genre de sentiments est susceptible à 82% de vous conduire à votre propre destruction… si vous n'êtes pas prudent.
Il fronça les sourcils. Cette tendance ennuyeuse et agaçante de déverser des chiffres. Et sa voix bien que chantante conservait une corde automatique. Il commençait à la trouver lassante.
—On n'a vraiment fait de toi qu'une vulgaire coquille vide. Plus j'en apprends sur toi, plus tu perds de l'intérêt à mes yeux.
—Je détecte que votre affirmation est à moitié vraie. D'une certaine manière, je suscite votre intérêt.
—Ha ! Et comment peux-tu affirmer cela ? Par tes stupides « probabilités » ?
—Le fait que vous vous teniez devant moi, au lieu de chercher à retrouver mon maître dont j'ai été éloignée est une preuve suffisante selon mes données.
Ghirahim pouffa. Il avait recouvert son sourire arrogant. Ses yeux noirs furent animés d'une lueur malsaine qui aurait effrayé n'importe quel individu.
Il attrapa la mâchoire de Fay et la serra pour l'obliger à s'approcher suffisamment de lui et l'entendre murmurer vilement.
—Sache, ma chère homologue, que ton maître est en la possession de ma horde à l'heure actuelle. J'étais justement sur le point de le rejoindre là où il est incarcéré pour lui offrir des supplices qu'il aurait été incapable d'imaginer. Il me suppliera lui-même de le tuer pour mettre fin à ses tourments. Mais je ne le ferais pas, je veux le voir détruit de l'intérieur comme de l'extérieur.
—Vous ne pouvez pas détruire Maître Link. Il a été choisi par Hylia, son esprit est extrêmement fort et impossible à briser.
—Peut-être… Mais saura-t-il résister longtemps si je m'en prenais à l'un de ses plus proches amis ?
Dans un rire mauvais, il lâcha les joues de Fay, l'épée de légende toujours dans son autre main, et claqua des doigts. Tous deux disparurent instantanément dans une pluie de diamants rouge et noir.
—Dis-moi, Fay. As-tu déjà ressenti de la douleur ?
Ghirahim avait emmené Fay dans sa téléportation au cœur du volcan. Ils se tenaient sur une plateforme en plein milieu d'un lac de lave en ébullition. Même les murs étaient rouges de décomposition et menaçaient de fondre sous la chaleur. Un humain normalement constitué aurait succombé dès la première seconde, en revanche, ni Fay, ni Ghirahim n'était affecté.
—Négatif. Je suis une arme. Je ne peux pas ressentir la douleur.
—Oh cesse un peu ces fadaises ! Honnêtement, j'ai du mal à croire que la déesse puisse avoir la cruauté de te priver de sensibilité.
—C'était ce qu'il fallait pour que je puisse conseiller au mieux l'élu de la Déesse de manière objective.
—Au point de ne pas te doter d'émotions ? brima-t-il.
—Les émotions animent les instincts des créatures, elles peuvent finir par réveiller des pulsions négatives et corrompre leur cœur. La Déesse avait tout prévu pour éviter ce risque.
—Toujours le même genre de discours, grommela le démon. Tu finis vraiment par m'ennuyer, Fay.
Ghirahim recula jusqu'au bord de la plateforme où ils se trouvaient, sans la quitter des yeux. Ses talons frôlèrent la limite du plancher. Il poursuivit de la même voix sombre.
—Tu sembles aussi bornée que ton avorton de maître. Tu es convaincue que tu ne peux pas être blessée, que ton idiote de déesse saugrenue a tout prévu pour que tu ne sois pas touchée. Mais détrompe-toi…
Encore une fois, un sourire domina le visage du Seigneur Démoniaque, mais cette fois plus carnassier. Et plus dangereux.
Il leva la main tenant l'épée divine et la tendit au-dessus de la lave derrière lui.
—Comme tu dois le savoir, je ne suis pas n'importe qui. Je sais parfaitement comment te briser... Je te ferais crier jusqu'à ce que ta gorge se déchire sous tes hurlements.
Ni une ni deux, il lâcha l'épée. L'arme fut engloutie par les vagues de lave et disparut entièrement dans les profondeurs du lac de feu.
À ce même instant, Fay sentit ses forces la quitter complétement. Sa silhouette perdit son éclat et s'échoua à terre. Elle se releva avec difficulté sur ses genoux, n'ayant pas de bras pour la soutenir. Elle ne pouvait plus retourner dans l'épée pour se ressourcer.
Ghirahim la vit écroulée avec satisfaction. Se riant de son état, il s'approcha d'un pas lent jusqu'à elle, contournant d'abord son corps affaibli comme un vautour guettant sa proie, avant de s'accroupir devant elle.
Il lui prit d'un geste doux le menton pour relever son visage.
—Alors Fay, tu veux toujours prétendre que tu es insensible ? Dis-moi un peu comment tu te sens dans cette situation, affaiblie devant moi et à ma merci. Ne ressens-tu pas ne serait-ce qu'une once… d'inquiétude ?
—L'inquiétude est synonyme de la peur, répondit-elle de sa voix neutre, elle n'était assaillie d'aucun tremblement. Et la peur est une émotion. Grâce aux données dont m'a dotée Hylia, je peux savoir théoriquement ce que sont les émotions et ce qu'elles impliquent. Mais en tant qu'arme, il m'est impossible de les expérimenter.
—Tsk, tu ne renonceras jamais à le nier ! Regarde-toi, misérable que tu es. Tu ne peux déjà même plus tenir debout. Et je n'ai encore rien fait…
Ghirahim commençait à perdre patience à ne pas la voir broncher à la moindre de ses offensives. Il eut bien du mal à contenir son sourire abject.
—Si tu avouais être inférieure à moi et effrayée, je pourrais renoncer à te faire du mal…
—Je ne peux avoir peur de vous, Ghirahim.
—ASSEZ !
Il s'empara de son cou et d'un geste violent fit rencontrer sa tête au sol. L'impact fut tel qu'il laissa une fracture dans la roche. Malgré la brutalité, Fay ne proféra pas un seul gémissement de crainte ou de douleur, prouvant encore une fois ses dires.
—J'AI DIT QUE JE TE FERAIS CRIER ! JE VAIS TE MONTRER QUE MES PAROLES NE SONT PAS QUE DU VENT !
Il grimpa sur son ventre et la maintint avec force pour l'empêcher de se débattre. D'un claquement de doigts, il fit apparaître quatre petites dagues illuminées de rouge qui sifflaient en tournoyant au-dessus de ses épaules. À son signal, elles vinrent se planter dans les bras ailés de Fay, l'accrochant à même la plateforme.
Les manches de sa cape écartées laissaient en évidence le cristal bleu ancrée dans sa poitrine. Ghirahim la caressa brièvement du bout des doigts. Puis il invoqua son sabre briquet en onyx.
Prévoyant ce qu'il comptait faire, Fay réagit pour la première fois. Elle écarquilla ses yeux vides de pupilles. Le démon le remarqua et eut un sourire en coin. Il lui attrapa le cou, jusqu'à l'étrangler, et mit son bras tenant le sabre en position.
Avant qu'elle ne puisse faire une protestation, Ghirahim la poignarda au niveau du cristal. Celui-ci se brisa comme du verre.
Fay hurla de douleur. Un cri strident à faire mourir de peur qui ricochait dans les entrailles du volcan.
Enfin ! Ghirahim éclata de rire, réjoui d'avoir enfin arraché un hurlement de la bouche de l'esprit de l'épée. Son cri continu était si aigu qu'il pouvait presque le rendre sourd, mais il était tellement empreint de souffrance et de détresse qu'il se délectait de l'entendre. C'était la plus belle musique qu'il n'avait jamais entendu depuis longtemps.
Le corps de Fay trembla violemment, ses jambes se remuèrent avec frénésie. Mais Ghirahim la bloquait fermement, et il ne voulait pas en rester là.
Il força sur sa lame qui vint s'enfoncer encore plus à l'intérieur dans la poitrine de sa victime. Les cris de Fay redoublèrent de volume, recouvrant à peine les rires hilares du démon. Bientôt, des semblants de sanglots envahirent la gorge de l'esprit.
C'était encore mieux que ce qu'il avait espéré ! Il ne manquait plus qu'elle l'implore d'arrêter, et il serait comblé.
Des fissures zigzaguaient à travers toute la poitrine de Fay depuis l'endroit où était planté le sabre, du fait de son corps métallique. Son cristal craquelé laissait une lueur orangée flamboyante émaner depuis l'intérieur. Elle s'amplifiait à mesure que Ghirahim enfouissait toujours plus son sabre.
Il infiltra son pouce dans un coin de sa mâchoire et appuya pour l'empêcher de serrer les dents et l'obliger à garder la bouche ouverte. Ainsi, il pouvait profiter pleinement de ses lamentations.
—Tes cris sont si fantastiques !
Elle était complétement déconcertée. Elle ne comprenait pas cette lourde sensation qui envahissait chaque parcelle de son corps. Ça faisait mal. Plus que mal. Pour la première fois, elle avait l'impression qu'on la tuait. Elle ne s'était jamais sentie aussi faible. Fay était prisonnière dans un tourbillon de sentiments qu'elle n'était pas supposée éprouver et qui lui étaient inconnus jusqu'à aujourd'hui.
Elle ne pouvait plus le supporter. Elle ne voulait plus ressentir ça. Serait-ce donc cela que les humains qualifiaient de « douloureux » ? Elle se dit qu'il ne pouvait rien avoir de plus horrible à endurer.
Ghirahim faisait preuve d'une cruauté sans pareil. Pas une seule seconde il ne laissa de répit à Fay, prolongeant sa torture, jusqu'à ce que la lame de son sabre ressorte par le dos de l'esprit s'il le faut.
—Arrête…
Il s'interrompit.
—Plaît-il ?
La respiration de Fay était forte et saccadée. Elle était encore trop étourdie par le martyre. Comme elle ne répondit pas, il reprit son geste. La douleur se raviva dans son thorax.
—ARRÊTE !
Cette supplication sortait du cœur. Ghirahim se stoppa pour de bon. Les lèvres tirées en un sourire sadique, il se pencha vers son visage autrefois si calme et si serein à présent tiraillé par la souffrance. Il passa un doigt sous l'un de ses yeux clos, sa peau était chaude et mouillée à cet endroit.
—Serait-ce des larmes ? gloussa-t-il.
Fay ne trouva pas la force de répondre. Un autre sentiment nouveau l'avait emplie, celui de la honte. Il était aussi désagréable que la douleur persistante qui la faisait flancher.
Elle sentit la main gantée de Ghirahim lui caressait tendrement la joue. Ce changement d'attitude, ce contraste entre la violence et la douceur qu'il pouvait manifester portait à confusion. Il se jouait d'elle avec une subtile et atroce barbarie.
—Veux-tu encore affirmer que tu es intouchable ?
Fay secoua la tête. Son corps tremblait encore sous le poids de Ghirahim. Elle ne pouvait plus contenir ses pleurs silencieux.
—Oups, je crois que j'y suis allé un peu fort, ricana-t-il. Ton maître serait probablement anéanti et furieux s'il voyait ce que je t'ai fait.
Elle ouvrit faiblement les paupières et le vit coller son front contre le sien. Elle pouvait sentir son souffle contre son visage.
—Nous sommes différents mais pourtant si semblables à la fois, lui susurra-t-il. Nous sommes deux épées de nature opposée. Deux parfaits contraires, destinés à nous confronter l'un et l'autre. Si tu connais mes points faibles, je connais tout autant les tiens…
Pour appuyer ses propos, il força progressivement sur la grosse entaille sur sa poitrine de ses doigts. Fay serra les dents et se retint de gémir tant bien que mal.
—Ce fil rouge du destin qui m'entrave avec ce petit héros me lie tout autant à toi. Et je viens de te prouver que le plan de ta déesse n'est pas aussi imparable que les légendes veulent faire croire. J'ai réussi à te briser aisément. Je saurais aussi bien réduire à néant la vie de ton maître.
Pendant qu'il parlait, il observait minutieusement le visage torturé de Fay. Ses traits lui rappelaient tellement son propre visage sous sa réelle apparence. Sa main caressa délicatement son thorax blessé. Sous sa peau de cristal, il ressentait comme les palpitations lentes d'un cœur.
Ghirahim ne se l'avouerait pas lui-même, le fait de se trouver en face de son alter-ego le troublait et le fascinait en même temps. Fay était son égale, et cela le perturbait.
Jamais auparavant il n'avait considéré quelqu'un de la sorte. Son tempérament orgueilleux le poussait à prendre autrui pour des individus inférieurs à lui, la seule exception étant son maître à qui il était entièrement dévoué. Mais ce qu'il ressentait pour Fay était différent.
Il avait eu le plaisir de la faire souffrir et de lui briser l'illusion d'être insensible. Mais dès lors, il prit compte que sa présence auprès de lui le rassurait, le rendait étrangement plus… vivant. Elle avait le don de former quelque part au fond de son être comme une sorte d'équilibre qu'il ne pouvait expliquer.
Pris d'un élan soudain, il applatit ses lèvres blanches contre celles bleues de l'esprit et se mit à l'embrasser. Fay ne réagissait pas suite à ce contact étrange. Cela permit à Ghirahim d'approfondir son baiser. Sa langue trouva le chemin entre ses dents jusqu'à infiltrer la bouche de Fay et se mit à danser avec la sienne dans une délicieuse farandole.
Fay se remit lentement de sa douleur, mais l'impulsion de Ghirahim la désorientait. En cherchant dans ses données, elle trouva que ce genre de toucher était ce que s'échangeaient les humains pour témoigner leur amour envers leur moitié. Mais Ghirahim était un être hostile et maléfique, comment pouvait-il éprouver le moindre attachement pour quelqu'un d'autre ? Ce ne devait être qu'une autre ruse pour chercher à la tourmenter.
Manquant bientôt de souffle, il rompit le baiser, un fin trait de salive joignant encore leurs lèvres. Ghirahim la fixa avec intensité. Ses yeux noirs reflétaient l'embrouillement dans sa tête. Lui-même ne savait pourquoi il agissait ainsi. Il était sous l'emprise d'un désir brûlant qui vibrait de plus en plus en lui.
—Je veux encore t'entendre crier… Je veux te faire mienne…
Il claqua à nouveau des doigts. Un frisson parcourut Fay, s'attendant au pire. Mais Ghirahim n'avait fait que faire disparaître son sabre enfoncé dans son tronc, sans provoquer la moindre douleur. En même temps, sa cape rouge se désintégra en une nuée de losanges pour ne plus l'encombrer.
Il recaptura ses lèvres, l'embrassant avec plus de fougue. Fay ne le repoussait toujours pas. Elle redoutait que le démon ne déclenche sa colère et ne cherche à la torturer davantage si elle le faisait. D'autant que cette sensation était bien plus appréciable.
Ghirahim se saisit de l'une des dagues accrochant encore le manteau de Fay, tout en continuant à l'embrasser. Il s'interrompit ensuite pour se relever et commencer à déchirer sa courte robe bleue marine. Il partit depuis le haut et trancha le tissu à la verticale jusqu'en bas. Il retira les lambeaux pour dévoiler les reliefs de son corps juvénile.
Après l'avoir doucement caresser de ses longs doigts, il voulait absolument le goûter.
Il commença par enfouir son visage au creux de son cou, enivrant ses narines d'un délicieux parfum frais. Il l'embrassa, la lécha et se mit même à la mordiller. Sa peau était singulière. Elle était froide et métallique comme le fer, tout en gardant la souplesse et la douceur de la soie.
Il descendit progressivement le long de son corps, arrivant au niveau de son tronc encore fissuré. L'ayant dévêtue, il pouvait maintenant apprécier la rondeur de ses petits seins.
Ghirahim passa en premier lieu sa langue chaude sur la longue entaille ouverte. Si cela tira sur le moment une grimace à Fay, elle constata l'instant d'après que l'effet était agréable au point de calmer la douleur.
Il s'attaqua ensuite à ses mamelons, couvrant l'un de sa bouche et jouant avec l'autre de ses doigts. Sous l'emprise de son excitation, il commençait à frotter son corps contre celui Fay. Comme il était étendu sur elle, il se rendait compte à quel point elle était petite par rapport à lui. Il devait faire au moins deux bonnes têtes de plus qu'elle lorsqu'elle ne flottait pas au-dessus du sol.
Quant à Fay, elle continuait à se laisser faire sans retourner les gestes de Ghirahim. Son corps était couvert de baisers, de suçons et de morsures. Elle n'avait pas été conçue pour réagir face à cette situation, aussi elle ne savait absolument pas quoi faire.
Ghirahim était ravi qu'elle ne montre aucune forme d'opposition, bien qu'il regrettait de ne pas avoir un minimum de challenge. Enfin, c'était plus facile, il n'allait pas s'en plaindre.
Au fil des secondes, sa bestialité se réveillait de plus en plus. Il mordait avec force la peau de sa poitrine, de son ventre et de ses hanches. Il jouait avec l'élasticité de sa peau, la tirant sauvagement de ses dents. Il était telle une bête cherchant déchirer la chair de sa proie.
Il s'arrêta un instant pour souffler et lui adressa un sourire sournois.
Finalement, il arriva à son bas-ventre. Les fines jambes de Fay étaient encore habillées de ses collants. Il dénoua les rubans qui les enserraient et les retira pour mettre ses membres inférieurs à nues.
Ghirahim écarta un peu les jambes de l'esprit et se mit à lécher ses lèvres.
—On dirait que tu es plus humaine que la déesse ne l'a laissé croire, se moqua-t-il en découvrant pleinement sa féminité.
Elle se révélait à lui, comme une fleur ayant ouvert ses pétales et mettant en évidence son pollen. Ghirahim n'avait plus qu'à goûter son nectar.
Ne voyant aucune réaction de la part de Fay, il baissa la tête pour venir embrasser le mont de vénus. Savourant le contact doux et froid de sa peau sur ses lèvres, il s'emporta dans son exploration, écartant davantage les cuisses de l'esprit qui ne manifestait pas de rétention, pas plus que de l'envie – pour sa plus grande déception – et descendit jusqu'à arriver à l'objet de sa convoitise.
Après y avoir émis un souffle chaud, il passa un premier coup de langue sur sa vulve. Fay restait de marbre, mais à l'intérieur, sa tête était assénée de sentiments troublants.
Elle n'avait jamais vécu un tel contact auparavant. La Déesse ne lui avait pas enseigné toutes les formes d'affection que les humains pouvaient exprimer. Cela n'avait pas d'importance pour la tâche qu'on lui avait confiée. Les seules étreintes qu'elle eut l'occasion d'avoir, c'étaient celles de Link, lui témoignant sa gratitude pour sa présence et son soutien dans cette périlleuse aventure. En tant que simple envoyée divine chargée de guider le héros, elle avait toujours considéré cela comme un instinct normal. Voir insignifiant.
Mais à présent, c'était différent. Étrangement, Fay avait la sensation que ce que lui faisait Ghirahim allait au-delà des limites. Elle ne saurait dire pourquoi, mais une voix intérieure lui criait qu'elle devait le repousser et se protéger. Il était en train de la toucher à un endroit interdit.
Elle sentit soudain comme un serpent qui sinuait à l'intérieur d'elle. Un gémissement sortit enfin de sa bouche. Ghirahim s'en satisfit alors qu'il pénétrait le corps de l'esprit de sa longue langue et se mit à explorer tous les recoins de sa cavité.
Cette infiltration semblait avoir déclenché à la bombe à retardement. Les mouvements de la langue du démon provoquèrent des soupirs de la part de Fay et ils s'amplifiaient de plus en plus. Il visitait des parties de son corps qu'elle-même n'avait jamais soupçonnées.
Il retira sa langue, et Fay avait tout juste le temps de comprendre ce qu'il se passait qu'il referma ses lèvres sur son clitoris et se mit à sucer.
Fay fut prise de court et ne put réprimer un cri, secouée par des vagues de plaisir jusqu'aux extrémités de ses membres. Ghirahim léchait sans relâche, agrippant avec fermeté ses hanches, si fort que ses ongles laissaient des marques sur sa peau même à travers ses gants.
Il émit un gémissement, le vrombissement de sa voix stimulant encore plus Fay en lui provoquant une plainte bien plus forte. Il continua encore et encore, aspirant sur son clitoris et le tournant avec sa langue.
L'extase montait à crescendo. Fay ne se rendait pas compte à quel point ses râles retentissaient dans la salle. Une chaleur encore plus ardente que celle due à la lave en fusion autour d'eux l'avait envahie. Elle avait définitivement perdu toute conscience, son esprit occupé seulement par le plaisir que lui procurait Ghirahim. Il poursuivit, gémissant à l'occasion en entendant Fay répondre à ses gestes, jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus en supporter.
Fay finit par convulser ses jambes, sa tête était penchée en arrière tandis que sa gorge libéra un cri de bonheur. Ghirahim émit un rire vicieux, sans relâcher son clitoris, pas avant qu'elle soit complètement achevée. Il passa un dernier coup de langue avant de revenir à son visage.
Fay haletait avec force, elle avait bien du mal à reprendre son souffle. Il sourit de triomphe, les lèvres brillantes.
—Tu es délicieuse, Fay, ronronna-t-il.
Il se pencha pour embrasser son cou qu'elle mettait à l'évidence. L'esprit de l'épée se tranquillisa et respira plus calmement. Elle amorçait un mouvement pour refermer ses jambes, mais Ghirahim l'arrêta.
—Ah-ah-ah, pas encore mon oiseau bleu. Je n'en ai pas encore fini avec toi…
Il releva le buste et le reste de ses vêtements s'évaporèrent lentement, de son torse jusqu'à la plante de ses pieds. Ses muscles saillants ressortaient sur sa peau d'albâtre, Ghirahim les exhiba avec sensualité.
Fay sentit une masse dure entre ses jambes. Elle se risqua à baisser le regard. La verge de Ghirahim s'élevait fièrement, raidi par l'excitation. Il remarqua vers où se dirigeait son regard – cela était tout de même difficile étant donné qu'elle n'avait pas de pupilles – et eut un rire étouffé.
—Impressionnant, n'est-ce pas ?
Il revint encore vers son visage pour l'embrasser avec ardeur et envie. Il mit sa main derrière la tête pour forcer encore plus sur ses lèvres appétissantes. Ses yeux s'agrandirent brusquement.
Fay était en train de lui renvoyer son baiser, contre toute attente. Elle recopiait ses mouvements et glissait à son tour sa langue dans la bouche de Ghirahim. Celui-ci répondit par un rire amusé et la laissa faire. Ils entortillèrent leur langue dans une danse intime et plaisante.
Sentant le souffle leur manquer, ils se séparèrent. Puis Ghirahim retira ses gants un par un à l'aide de ses dents dans une tentative d'être séduisant. Ceci fait, il lécha avidement deux de ses doigts.
Fay ne voyait pas son intention, jusqu'à ce qu'elle le sentit les enfoncer par là où avait déjà pénétré sa langue auparavant. Elle soupira un autre gémissement. Ghirahim commença à sortir puis rentrer ses doigts à répétition, sa partenaire était déjà époumonée.
—Tu es une épée magnifique, tout comme moi, susurra-t-il avec un sourire narquois. Mais aujourd'hui, tu seras un parfait fourreau.
Avant qu'elle ne comprenne son allusion, Ghirahim retira ses doigts, frotta la pointe de son membre contre sa féminité et la pénétra. L'un comme l'autre relâcha un mugissement assouvi. Immédiatement, le démon commença à faire des va-et-vient. D'abord lentement, savourant la découverte et la sensation lisse du vagin de Fay, avant d'accélérer progressivement.
Fay poussa des plaintes vivaces et bruyantes et se tortilla sous son poids, suivant le rythme de ses mouvements. Ghirahim appuya son front contre le sien, haletant tous les deux sous la cadence des coups de rein. Ses frottements étaient forts, puissants, vigoureux et toujours plus intenses à chaque fois qu'il pressa plus loin et plus profondément en elle.
Fay entoura la taille de Ghirahim de ses jambes, accablée par le plaisir, et le força à écraser complétement son pelvis contre elle. Lui ne pouvait plus maîtriser ses mouvements même s'il le voulait. La frénésie et la passion l'avait sous leur contrôle.
Il ne put s'empêcher de blottir son visage dans le cou de son alter-ego pour étouffer ses râles. Il était immergé en Fay, envouté par son corps élancé, par sa voix mélodieuse, par sa peau satinée, animé par le feu brûlant dans ses entrailles.
Un frisson traversa leur silhouette à chacun. Fay cambra le dos en exaltant toute l'ivresse de cette ferveur. Ghirahim se redressa, pencha la tête en arrière et glapit de félicité.
Il se retira de son corps et s'assit pour calmer sa respiration. Sa tête était lourde, remplie d'un appétit rassasié et cela lui procurait un sentiment d'euphorie suprême. Tout comme lui, la poitrine de Fay, encore étendue au sol, s'élevait et se rabaissait rapidement. Elle avait fermé les yeux sous l'effet de l'orgasme qui mit bien du temps à s'évanouir.
Lorsqu'elle les rouvrit, elle découvrit que Ghirahim avait disparu. Ses dagues qui clouaient les manches de son manteau n'étaient plus là. Aussi, elle put relever le haut du corps pour regarder autour d'elle.
Le magma bouillonnait autour de la plateforme par des gargouillis répétitifs. Mis à part cela, aucun bruit. Fay trouva la force d'user de son pouvoir de détection pour vérifier si elle était bien seule. Peut-être était-elle encore trop faible, sachant que l'épée où elle résidait – et accessoirement, sa source de pouvoir – avait sombré dans la lave, mais elle ne percevait plus l'aura ténébreuse de Ghirahim. Elle finissait presque par croire qu'il l'avait abandonné.
C'est à ce moment précis où elle le pensa qu'elle perçut un claquement retentissant derrière elle. Elle voulut se retourner, mais les bras musclés du Seigneur Démoniaque lui saisirent solidement les épaules pour la coller contre son corps. Sa bouche se perdit dans son long cou de danseuse.
—C'est si bon, Fay, murmura-t-il à son oreille. Laisse-moi te goûter encore…
Il la fit se mettre à genoux et s'assoir sur son propre bas-ventre. Le dos de l'esprit se cajolait contre son abdomen et sa poitrine musclés. Cette position était propice aux caresses, et Ghirahim savait en profiter au maximum. Une de ses mains jouait avec sa poitrine, l'autre offrait des gâteries à son entrejambe, tandis qu'il la pénétra par l'arrière. Pour amplifier davantage, il alterna entre mordiller le lobe de son oreille et sucer le creux de son cou.
Fay qui ne s'était pas remise de ses spasmes haletait déjà. Elle sentait que cela plaisait à Ghirahim qui approfondit ses gestes au fur et à mesure que ses gémissements augmentaient de volume. Cette chaleur entêtante submergeait une nouvelle fois leur corps torrides.
Ghirahim ne pouvait plus contenir la bête qui remuait en lui. Le démon qu'il était réclamait plus, toujours plus. Plus que d'explorer la chair de son égale, il voulait littéralement se fondre en elle.
Il lui attrapa brutalement les cheveux jusqu'à les tirer. D'une force surhumaine, il obligea sa tête à se plaquer au sol. Elle garda son bassin relevé, fourré par le membre de Ghirahim qui accélérait ses coups de rein, en la maintenant par les côtés jusqu'à planter ses ongles.
La vue qui s'offrait à lui était si exquise. Elle, écroulée au sol et soumise à lui, le laissant dévorer des yeux son dos élancé, sa taille soulignée, ses hanches fines et légèrement arrondies.
Dans cette posture, il pouvait la pénétrer encore plus profondément qu'il n'était possible. Leurs corps étaient unis jusqu'au bout. Les muscles du vagin de Fay se contractaient avec vigueur autour de sa virilité. C'était fantastique ! Ils ne faisaient plus qu'un.
À l'instant présent, une émotion merveilleuse et incomparable s'immisçait autant chez l'un que chez l'autre. Ils partageaient un moment de bonheur dans une complicité sans pareil. Jamais ils n'auraient pu se sentir aussi proches l'un de l'autre. Ils étaient les deux faces d'une même pièce. Le yin et le yang si opposés qui ont enfin trouvé l'équilibre en fusionnant entre eux. C'était comme s'ils s'étaient depuis toujours cherché, désiré et qu'aujourd'hui ils avaient retrouvé ce qui leur manquait et pouvaient enfin laisser leur envie s'embraser.
Fay avait perdu toute sa tête. Ses cris jaillissaient d'eux-mêmes à chaque frottement, ses hanches suivaient les mouvements de Ghirahim sans qu'elle ne le veuille.
Au comble du plaisir, elle lui offrit un ultime et glorieux hurlement.
Oh, dieu ! Ce cri de jouissance épanoui était si fabuleux à entendre. Il résonnait encore dans ses oreilles, finissant de le pousser au paroxysme de l'excitation.
Sentant l'éclatement arriver, ses râles bestiaux s'élevèrent vite en rugissements sonores. Finalement, il vint en elle.
Ghirahim proclama fort son orgasme, si bien qu'il résonna dans toute la caverne. Il évacua tout son contenu, la sensation chaude de sa semence en elle finit d'achever son analogue féminin. Leur explosion était à l'image de l'éruption volcanique.
À bout de force, il s'agrippa aux hanches de Fay pour ne pas s'écrouler. La main tremblante, il ramena ses cheveux en arrière pour dégager son front transpirant. Il y avait longtemps qu'il n'avait pas été autant exténué.
Il ne se dégagea pas tout de suite. Après avoir allongé la silhouette de Fay au-dessous de lui, il s'étendit complètement sur son dos et continua à prolonger ses pénétrations pour finir de savourer la sensibilité que leur conférait l'orgasme. Il profita de sa position pour mordre profondément la chair tendre de la nuque de l'esprit de l'épée.
Au bout d'un moment, il décida enfin de se retirer. Son membre trempé de leurs fluides se déstressa lentement. Il se retourna et s'allongea lourdement sur le dos au côté de Fay.
Pendant un temps qu'il leur semblait être une éternité, ils restèrent ainsi, affalés à terre et haletant. Ghirahim tourna la tête en direction de Fay et plongea son regard dans ses yeux bleus captivants. Ils se fixaient sans rien dire, essoufflés et en nage.
Alors, un sourire fleurit sur les lèvres du démon, inhabituel de tout autre sourire qu'il avait déjà arboré. Communément mesquin, provocant et dément, cette fois c'était un sourire honnête, rayonnant et comblé qu'il lui offrait.
Il ouvrit son bras, invitant Fay à venir se blottir contre lui, ce que la jeune esprit accepta.
Ghirahim l'enlaça de ses bras imposants. Cette étreinte chaleureuse lui procurait un agréable frémissement qui la fit se sentir sereine et en sécurité. Plutôt ironique comme impression à l'égard de son propre Némésis. Mais c'était sincèrement ce qu'elle ressentait.
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Le Seigneur Démoniaque revêtu de ses habits et de sa cape se posta au rebord où il s'était trouvé plus tôt. D'un claquement de doigts, il invoqua une chaine de diamants rouge et jaune dont l'une des extrémités plongea dans la mare de magma.
Il attendit quelques secondes puis à son ordre, la chaine remonta à la surface. Elle ressortit avec l'épée de légende ligotée au niveau de la garde ailée. Ghirahim la fit amener jusqu'à lui d'un simple geste.
La lame était rouge et brûlante, mais hormis cela elle était restée intacte. Ghirahim se dit qu'il ne devrait pas être surpris. Cette épée avait été forgée par les dieux, elle pouvait donc supporter toutes les situations extrêmes.
Il attendit qu'elle refroidisse avant de pouvoir s'en emparer. La chaine de diamant vola en éclats puis il se détourna pour revenir auprès de Fay.
Cette dernière était encore agenouillée, les pans de sa cape déchirée recouvrant un peu l'entaille au centre de sa poitrine.
Ghirahim l'observa un moment, silencieux. Il leva ensuite sa main libre et claqua des doigts. Il s'y matérialisa un flacon dans lequel gigotait une fée étincelant d'une belle lumière rose. Le démon le déboucha à l'aide des dents et obligea la petite créature à sortir de sa prison.
—Fais ce que tu as à faire.
La fée remarqua l'état dépravé de Fay et se rua pour virevolter auprès d'elle. En tourbillonnant, elle déversait une trainée scintillante qui redonna des forces à l'esprit de l'épée. Sa magie répandue, la petite boule de lumière rose s'envola loin jusqu'à disparaître de leur champ de vision.
Les vêtements de Fay furent raccommodés immédiatement et sa blessure se referma à vue d'œil pour reconstituer son cristal bleu comme neuf. Très vite, il n'y avait plus trace de la moindre agression sur elle. Sa silhouette retrouva ses couleurs et son éclat qui faisait briller sa peau comme du métal. Enfin, l'épée étant à proximité d'elle, elle regagna ses pouvoirs et put se remettre à léviter au-dessus du sol.
Fay regarda Ghirahim, intriguée.
—Pour quelle raison m'as-tu soignée ?
Ghirahim fit mine de s'intéresser à l'épée qu'il tenait dans les mains.
—Que tu sois blessée ou affaiblie ne m'est d'aucune utilité.
Fay fut quelque peu troublée par sa réponse. Serait-ce du reproche envers lui-même qu'elle venait d'entendre dans sa voix ?
Son doute fut rompu par le sourire odieux qu'il lui adressa alors qu'il se mit à lécher la lame de l'épée de légende par provocation.
—Et honnêtement, je préfère ne pas trop abîmer mes otages pour profiter au mieux de les torturer.
Fay ressentit ce que l'on qualifierait sûrement comme une pointe de déception. Durant leur contact charnel, elle avait cru voir un autre homme que l'individu narcissique et dangereux contre lequel son maître et elle s'étaient confrontés. Si Ghirahim avait un cœur, elle aurait pu dire que la tendresse de ses bras et les regards qu'il lui avait envoyés, son sourire même, avaient été ceux d'un homme aimant.
Mais l'illusion s'était brisée. Ghirahim restait toutefois ce qu'il avait toujours été depuis le début. Son ennemi mortel.
—Bien, il est temps que je te remette à ta place. Après tout, j'ai encore à rendre visite à ton maître, comme je me le suis promis. Le Roi des Démons a déjà assez attendu comme ça son heure de retour. Je dois impérativement me remettre à la charge.
—Nous n'en avons pas fini, Ghirahim. Comme tu l'as si bien dit, nos vies sont liées. Nous sommes destinés à nous battre jusqu'à la fin, où l'un de nous sera détruit par l'autre. Personne ne pourra changer ce destin inévitable. Mon maître ne te laissera pas le briser. Son esprit est fort et indomptable. Il me retrouvera et se présentera devant toi, l'épée à la main. Ce jour-là, nous règlerons nos comptes. Et il y a 100% de chance qu'en ce jour, je mettrais fin à ton existence plus tôt que le destin en aura décidé.
—Eh bien ! Serait-ce une menace ?
—C'est ce que les humains appellent le « désir de revanche ». Au nom de la volonté de la Déesse Hylia et de la force de mon maître, la prochaine fois que nos chemins se recroiseront, ce sera mon épée qui te transpercera. Et cela n'inclue aucune connotation sexuelle.
—Tu sais faire preuve de sens de l'humour maintenant ?
Ghirahim explosa d'un rire méprisable, montrant clairement que les paroles de Fay lui étaient passées bien au-dessus de lui.
—On dirait que tu peux être un peu plus intéressante quand tu veux, reprit-il après s'être calmé.
Il s'approcha davantage devant elle. Il agrippa en douceur les joues de Fay et la regarda droit dans les yeux. Son sourire dévoilait une canine effilée.
—Sache donc que j'attendrais ce jour avec impatience, ma chère Fay. Nous verrons qui de nos deux maîtres ressortira victorieux de cet affrontement éternel.
Il rapprocha son visage du sien. Leur nez se touchaient presque. Le démon passa un coup langue sur ses lèvres blanches, avant de reprendre.
—Pour moi, c'est tout vu, susurra-t-il d'un timbre menaçant. Malgré la persistance ô combien irritante de ce vaurien, il n'aura jamais la force de vaincre l'Avatar du Néant. Une fois mon maître revenu à la vie, le règne d'Hylia sera révolu et tout espoir disparaîtra en ce monde. Les vermines qui auront la témérité – ou plutôt la folie de s'opposer à nous succomberont un par un. En commençant par Link. Et, si mon maître se montre clément à t'épargner, peut-être pourrais-je te réclamer comme prix…
Il lui lécha les lèvres avant de l'obliger à rencontrer les siennes. Sa langue sournoise se faufila entre ses dents et vint jouer avec sa partenaire. Ses gémissements trahissaient le plaisir que le submergeait à nouveau.
Conscient qu'il était probable que ce soit la dernière fois qu'il aurait droit à ce contact avant un bon bout de temps, il l'embrassait avec entrain.
Oh oui, comme il lui tardait ce jour. Ce jour où le fracas des épées retentira à travers le monde dans un ultime combat.
Il se réjouira de voir le héros et ses pitoyables amis tomber de la main de son maître – si ce n'est d'abord de la sienne – et d'avoir l'occasion de faire de l'envoyée de la Déesse son nouveau jouet. Il ne pouvait espérer meilleure victoire.
Ils cessèrent leur baiser et se regardèrent dans le blanc des yeux.
—Je me languis déjà de t'avoir à nouveau tout à moi.
—Tu te surestimes encore une fois.
—C'est toi qui me sous-estimes.
Pour couper court à la discussion, Fay s'envola se réfugier dans l'épée de légende dans un frétillement semblable au son de carillons et le laissa seul. Ghirahim fixa l'épée et gloussa.
—Tu ne veux pas admettre la vérité ? Je te ferais voir de tes propres yeux que tu as tort. Après tout, ne viens-je pas de te prouver que tu pouvais avoir des émotions ?
L'épée divine n'émettait ni lueur, ni scintillement, ni tintement en guise de réponse. Fay resta silencieuse. Ghirahim soupira. Il claqua finalement des doigts et se téléporta hors de cette fournaise.
Comme il l'avait dit, il replaça l'épée à l'endroit même où il l'avait découverte. La lame plantée dans la roche, il la regarda une dernière fois d'un air égaré, presque rêveur. Il reprit contenance et la délaissa sans autre cérémonie.
Fay resta cachée dans l'épée et n'osa plus en ressortir. Non seulement cette enveloppe était pour elle une coque rassurante où elle se sentait protégée et pouvait recouvrir son énergie, mais elle avait besoin de faire le vide sur ce qu'il s'était passé.
Attentive, elle détectait l'esprit démoniaque de Ghirahim qui s'éloignait progressivement, empli de sentiments tortueux tant et si bien qu'elle-même en avait le tournis. Sentant que celui-ci avait totalement disparu, elle ferma les yeux et s'endormit, sereine.
Dans son sommeil, ses sens aigus restaient en éveil et à l'affut de tout signal. Elle ressentait une forte aura s'agitant non loin de l'endroit où se tenait l'épée, si puissante qu'elle était déstabilisante.
Cette puissance se fanait aussitôt au profit d'un autre signal. Elle ne put s'empêcher d'éprouver du soulagement en le sentant s'approcher de plus en plus vers elle. Elle captait les pulsations effrénées d'un cœur pur qu'elle connaissait si bien, battant au rythme de l'endurance et de l'anxiété.
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Link pouvait bénir une nouvelle fois les boucles ignifuges qu'il portait aux oreilles. Manquant de se faire repérer par la garde qui avait posté des tourelles éclairées dans toute la zone après qu'il se soit évadé de sa geôle, il n'avait d'autres choix que de pénétrer dans les grottes les plus chaudes où il n'aurait pas survécu s'il n'avait pas été doté de ces reliques. Au moins, il était sûr que les subalternes de Ghirahim ne tenteront pas de le suivre jusqu'ici, au risque de mourir sous la chaleur.
Le jeune homme était parvenu à retrouver une partie de son arsenal. Cependant, il lui manquait toujours son épée. Il avait été chanceux jusque-là de ne pas avoir été obligé d'engager un combat, mais si d'autres ennemis venaient à se présenter, il n'avait pas de moyen pour se défendre au corps à corps.
Courant à perdre haleine, il s'enfonça plus profondément au cœur de la montagne jusqu'au croisement qu'il avait autrefois pris pour se rendre jusqu'au Sanctuaire du Feu.
Son cœur sursauta dans sa poitrine. Sur l'une des plateformes surélevées, entre deux torches flamboyantes, se trouvait son épée.
Link n'attendit pas plus longtemps pour se précipiter jusqu'à elle. Implantée au sol, il se saisit de sa garde avec force et tira pour libérer la lame de la roche. Dès qu'il la tint dans sa main, il se sentit à nouveau en entier, comme si depuis son évanouissement une partie de lui-même avait été volée.
Un tintement clair fit écho accompagné d'un éclat de lumière depuis la pierre ambrée. Fay apparut devant lui. Elle était là, saine et sauve.
—Merci, Maître Link.
Link soupira de soulagement. Il ne put s'empêcher d'exalter la joie d'avoir enfin retrouvée sa précieuse guide.
—Fay ! Oh, tu ne peux pas imaginer à quel point je suis heureux de te revoir !
—Pardonnez-moi, je n'aurais pas dû vous quitter un seul instant. L'éruption du volcan n'est pas une excuse.
Le jeune héros ne retint pas son élan. Sans crier gare, il enlaça la silhouette flottante de Fay de ses bras et la serra fort contre lui. Comme à son habitude, elle ne manifestait aucun réflexe. Pourtant, au plus profond d'elle-même, une chaleur latente bien différente de celle de l'atmosphère l'avait envahie de l'intérieur, dès l'instant où Link l'étreignit.
—Ne dis pas de sottises, dit-il doucement. C'est moi, je suis désolé de t'avoir perdue. Je te promets de ne plus jamais être négligeant.
Fay ne fit rien remarquer, mais les paroles et le geste de son maître l'avait touchée. Pour la première fois, elle appréciait pleinement d'être dans les bras de son maître, sa gorge se serrait sous le coup de la joie.
Des idées insolites taraudaient son esprit. Cette embrassade avait la même chaleur agréable que lorsque Ghirahim l'avait prise dans ses bras et couverte de baisers. Une étreinte moins intime et moins animée de désir, mais tout aussi bienveillante.
Link remarqua son moment d'absence. Il la relâcha et la scruta, visiblement inquiet.
—Fay ?
—Maître, pendant que j'étais ici, j'ai détecté une grande puissance au fond à droite. Je vous suggère de récupérer au plus vite le reste de votre équipement et de partir à la recherche du dragon Ordinn.
Le jeune homme se tranquillisa et oublia le léger égarement de sa guide. Il hocha la tête, déterminé. Maintenant il avait son épée, il pouvait braver les dangers, plus confiant.
Fay retourna dans l'épée et Link la rangea dans son fourreau avant de reprendre son chemin.
En progressant dans les grottes, il atteignit une salle où il put voir de loin un poste gardé par des bokoblins armés jusqu'aux dents. Ceux-ci faisaient ronde autour d'un grand coffre.
Link eut un sourire en coin. Voici donc où ils gardaient le reste de ses affaires.
Il n'attendit pas plus longtemps. D'un long geste gracieux, il dégaina son épée qui sortit du fourreau dans un long bruit métallique et se lança directement à l'assaut.
Les bokoblins braillèrent leur courroux en le voyant arriver. Link esquiva leurs attaques et les frappa mortellement avant de leur laisser l'occasion de donner l'alerte.
Dans le vacarme du combat, il ne perçut pas le hurlement de rage d'un certain Seigneur Démoniaque à travers les galeries, venant découvrir que le héros était parvenu à s'échapper.
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Ouais je sais, l'idée de jeter l'épée dans la lave pour que Fay ne puisse pas y retourner est un peu bancale... J'avoue que je n'ai pas trop été inspirée. U_U"
Il devrait y avoir plus de fictions françaises sur Ghirahim et Fay. Ces deux personnages sont géniaux!
Brefouille, j'espère que vous avez aimé, les gens! R&R
