1.
" Allez John, dépêche-toi un peu, on va être en retard ! "
Hé voilà, tous les ans c'était la même chose. La même course contre la montre pour ne pas manquer le Poudlard Express, ça en devenait lassant tant c'était prévisible, pensa John. Il pressa le pas pour rejoindre sa sœur, alors que la familière grille se dressait enfin devant eux.
" C'est pas trop tôt, grommela Harriet. Passe le premier. "
Armé de son chariot à bagages lourd de toutes ses fournitures, John se dirigea d'un pas assuré vers le portail et courut de l'autre côté, vers l'accueillante et animée voie 9 3/4. La locomotive du Poudlard Express crachait une fumée blanche et compacte, pas de doute, le départ était proche. Le jeune garçon prit son hibou et se dirigea vers le train d'un pas peu assuré. Une voix grave et familière l'apostropha :
" John. "
Il se retourna, oui, c'était lui. Toujours aussi grand, toujours aussi mystérieux, il n'avait pas changé depuis l'année précédente, celle où ils étaient devenus amis contre toute attente, inséparables malgré leurs caractères si différents et leurs maisons opposées. Un sourire ravi éclaira le visage de John.
" Salut, Sherlock !
- J'ai trouvé deux places dans ce wagon, je suis descendu pour t'attendre, j'étais persuadé que tu serais en retard, une fois de plus, et on dirait bien que j'ai eu raison.
- Contre toute attente, plaisanta John. Allez, montons avant que le train parte sans nous ! "
Avant de grimper dans le wagon, John vit Harriet rejoindre son amie Clara et aperçut quelques nouvelles têtes, de futurs premières années apeurés. Il les regarda affectueusement, se rappelant sa timidité et son excitation deux ans auparavant, lorsqu'il était un de ces petits nouveaux, lorsqu'il n'avait pas encore mis le pied à Poudlard. Soudain, il remarqua une silhouette connue. Il se tourna vers Sherlock :
" Alors comme ça, ton petit frère entre à Poudlard cette année ? "
Quentin était le plus jeune des frères Holmes, il ressemblait beaucoup plus à Sherlock qu'à Mycroft physiquement parlant, mais possédait le caractère des deux frères réunis. Petit, maigre, les cheveux noirs et de grandes lunettes vissées sur le visage, il semblait perdu au milieu de la foule. Sherlock répondit :
" Oui il semblerait. J'ai failli jeter un sort de mutisme à Mycroft pour lui éviter de passer tout l'éte à déballer en long en large et en travers les bienfaits d'être un Serdaigle et ô combien il serait fier d'y voir son petit frère chéri. Dégoûtant. "
John sourit. Décidément, les rapports entre les deux frères ne s'étaient pas arrangés. Il se tourna de nouveau vers Quentin : il avait le visage inquiet et semblait en quête d'une figure amicale. Au moment où John allait l'inviter à monter dans le train avec eux, un quatrième année qu'il avait déjà croisé furtivement dans les couloirs de Poudlard l'apostropha joyeusement, l'entraînant dans son sillage.
" Hé bien, voilà qui fut rapide, souffla John.
- Hum ? Ah, oui, James, constata Sherlock en les voyant partir. C'est un Gryffondor, ami de la famille, son père travaillant au ministère avec le mien, nous connaissons leur fils depuis notre plus tendre enfance, bien que je ne le fréquente pas beaucoup, il semble curieusement bien s'entendre avec Quentin.
- Oh, je vois. Tant mieux pour Q., il se sentira moins perdu. "
Le temps d'achever leur conversation et le train siffla, annonçant son départ. Sherlock se tourna vers John :
" Tu viens ? "
Ils se dirigèrent vers leur wagon, déjà rempli de leurs condisciples, des têtes connues de la maison Poufsouffle, qui avaient fini par accepter Sherlock dans leur cercle, le voyant fréquenter John de plus en plus fréquemment.
" Greg, Sally ! Vous allez bien ? "
John serra chaleureusement la main de Greg Lestrade, un cinquième année, capitaine de l'équipe de Quidditch et préfet de leur maison, John l'appréciait beaucoup, ce qui n'était pas forcément le cas pour Sally, une fille à la peau mate et au visage sévère qui regardait sans cesse Sherlock avec un air de méfiance et de défi. Il lui serra également la main, un peu plus furtivement. Par politesse, il demanda :
" Où est Anderson ?
- Oh, il semble qu'il ait décidé de changer de wagon quand il a appris que le taré serait des nôtres " , déclara Sally d'une voix posée et railleuse.
Ça y est, ça commence, se dit John. Et il était sûr que ça ne s'arrêterait pas là. Sherlock qui s'était assis sans un mot était plongé dans un petit parchemin. A la mention du terme 'taré', il avait doucement relevé la tête, scruté Sally, et déclarait à présent :
" Toujours le mot agréable, ma chère Sally. Je comprends qu'il soit plus simple de s'acharner sur ma personne que de reconnaître que tu t'es faite lamentablement quitter avant de monter dans le train, je le vois à tes yeux gonflés et à ce magnifique pendentif, qui ornait jadis ton cou et qui dépasse maintenant de la poche de ta jupe. Tu aurais pu avoir la décence de ne pas casser la chaîne, l'or pur, ça ne se paie pas en Noises. "
La jeune fille lui lança un regard assassin : " Espèce de petit...
- D'autres insultes ? Je crois que j'ai vaguement compris que tu ne m'appréciais pas, on ne va pas y passer tout notre trajet. J'ai d'autres chats à fouetter.
- Sherlock ! Ne commence pas, s'il te plaît; l'avertit John.
- Tu sais Watson, l'apostropha Sally, ce n'est pas la peine d'essayer de me défendre, je sais pertinemment que tu es du côté de ce psychopathe, je n'ai ni besoin de ta pitié ni des excuses que tu pourrais me donner à sa place, je préfère fuir chaque endroit qu'il pourrit de sa présence. On se reverra dans notre salle commune, peut-être. "
Sur ces mots, elle quitta le wagon en claquant la porte, laissant John et Greg interdits, tandis que Sherlock s'était déjà replongé dans son parchemin, peu préoccupé par les événements. Le jeune Poufsouffle se leva de son siège et se planta devant son ami :
" Tu es fier de toi ? "
Sherlock ouvrit la bouche pour répondre, mais deux premières années entrèrent au même moment dans le compartiment, l'un était un garçon brun et chétif, et l'autre une jeune fille aux traits doux, coiffée d'une queue de cheval.
" Oh, pardon ! S'excusa-t-elle en voyant la scène qu'elle venait d'interrompre. Jim et moi nous nous sommes perdus, et je crois que nous ne sommes toujours pas sur le bon chemin...
- Pas de problème " la rassura Mike, un autre Poufsouffle et ami de John. Il se leva de son siège et déclara "Je vais vous guider, je voulais justement aller m'acheter quelques friandises au chariot, après vous mademoiselle ?
- Hooper. Molly Hooper " lui répondit la jeune fille avec un franc sourire.
John, qui était resté planté devant Sherlock pendant ce temps le regarda une dernière fois et retourna s'asseoir à côté de Greg. A quoi bon.
" Alors Greg, qui crois-tu que nous aurons en Défense contre les forces du mal cette année ? "
En effet, malgré tous les évènements passés, la légende n'avait jamais changé, et par crainte ou superstition, chaque enseignant quittait son poste dès son année terminée. Leur pratique de la matière restait assez hétéroclite et chaque année réservait aux élèves de nouvelles surprises.
" Je ne sais pas, répondit son camarade. J'ai entendu dire qu'Hudson n'avait trouvé personne pour l'instant, je me demande ce qu'elle va nous dénicher, et comment elle va nous justifier ça.
- J'ai déjà hâte d'y être... Et l'équipe de Quidditch alors ? Quand lances-tu les qualifications ? "
Ils continuèrent à bavarder longuement, tandis que Sherlock lisait toujours en silence. Au fur et à mesure que le train les amenaient à leur destination, les élèves défilaient dans le wagon. Ils accueillirent chacun de leurs camarades : Soo-Lin, Henry, Jennifer, Carl, Eddie, parmi d'autres, échangeant quelques mots sur leurs vacances respectives. Bientôt, le ciel s'assombrit, les robes de sorciers sortirent des valises, et tous se préparèrent à retrouver Poudlard. Sherlock roula enfin son parchemin, il le glissa dans sa poche, adressa un sourire à John et lui dit :
" Hé bien, allons-y. "
2.
Le TARDIS s'était une fois de plus emballé. Le Docteur courait tout autour de la console, brandissant son tournevis sonique et essayant de calmer les explosions qui retentissaient ça et là. Donna observait son manège, mi-inquiète mi-amusée :
" Allons bon, que se passe-t-il encore ?
- Comme si je le savais ! Hurla le Docteur au dessus du vacarme ambiant. Le TARDIS a l'air de disjoncter totalement, il n'en fait qu'à sa tête ! Ça lui arrive de temps en temps.
- De temps en temps ? Vous voulez dire comme toutes les fois où nous atterrissons à un endroit différent que celui que vous me promettez ? Lança-t-elle avec un sourire.
- Oh taisez-vous ! Répondit-il en se jetant sur une des centaines de manivelles de la console.
- Non mais dites-donc l'alien, je vous prierai de me parler sur un autre ton !
- Venez m'aider au lieu de vous moquer de mon magnifique vaisseau ! Là, tirez ce levier, oui, celui-ci, merci. Voilà, il semble se calmer. "
Et c'était vrai. Les étincelles s'étaient arrêtées, et le bruit familier de la machine qui atterrissait retentit. Il y eut un léger choc, Donna eut le temps de s'agripper à une barrière.
" Ça y est, c'est terminé ?
- Oui et non, déclara gravement le Seigneur du Temps. Nous avons certes atterri, mais la question est de savoir où, et surtout pourquoi le TARDIS nous a amenés ici... Je pense qu'il y a encore beaucoup de mystères à lever, oui comme à chaque fois me direz-vous.
- Vous n'allez tout de même pas me dire que vous avez la frousse, Docteur ?
Moi ? Dois-je vous rappeler que vous voyagez avec un alien de plus de 900 ans qui a vu plus de la moitié de l'univers et voyagé dans peut-être toute l'Histoire ? Je n'ai qu'une chose à dire : allons-y ! "
