Bonjouuur :D
Voici un OS écrit pour un défi sur le thème du printemps 8D les phrases en italique que vous pourrez voir en dessous sont les citations et éléments que j'ai choisis.
Haaah, je me suis beaucoup inspirée de ma vie pour cet OS xD en tout cas, pour les lieux et les alentours du Starbucks...
Disclaimer: les personnages ne m'appartiennent pas, encore moins les lieux.
Avril a mis un esprit de jeunesse partout
x
La fantaisie est un perpétuel printemps
x
Renaissance
« C'est une bien étrange question que tu nous poses là… » remarqua Axel.
« Tu veux dire, comment on a su pour l'autre ? » s'enquit Roxas.
« Ouais, enfin… qu'est-ce qui vous a poussé à vous lancer ? » reprit Sora.
« Moi je sais pas… »
« Attends voir… ah, moi oui ! Je me souviens ! »
« Hein ? De quoi ? »
Sora reprit une gorgée de son thé thaï préparé avec soin par le beau serveur au regard pénétrant. Axel affichait un grand sourire énigmatique par-dessus son bol de café fumant tandis que Roxas essayait de lui arracher un semblant de réponse.
« Dis-moi alors ! » geignit une nouvelle fois le blond.
« C'est bon, j'attendais juste que Sora se désintéresse du cul du serveur. »
« C'est pas vrai ! » s'écria l'intéressé en rougissant.
« Je disais donc… tu vois, je connaissais Roxas depuis quelques mois déjà. »
« C'était quand à peu près ? »
« Encore au lycée, en première. Ma sœur avait une amie, genre les trips de bestah, tu vois ? Ça leur arrivait souvent d'acheter les mêmes fringues, et je te dis pas comment elles avaient l'air connes dans la rue… surtout que ma sœur avait du ventre et l'autre était maigre comme ça. »
Axel brandit son petit doigt avec un hochement de tête plutôt brusque.
« Ah ouais, je me souviens. » dit Roxas en posant sa tête contre l'épaule du grand roux. « Elle faisait des crises de boulimie ou un truc du genre… »
« Nan, pas encore. La boulimie est venue après, quand les parents lui ont offert un ordi portable. Le psy a dit à mes vieux qui m'ont dit après que ce qu'elle faisait là c'était de l'hyperphagie… enfin, tu vois quoi. N'empêche que Kairi était grosse à l'époque, et que sa copine, je crois qu'elle s'appelait Naminé ou quelque chose du genre, était maigre, alors t'imagines comment ça faisait pour porter le même t-shirt… une grosse différence, c'est le mot. Elles étaient pathétiques, je te dis. Un jour, elles se sont disputées. Une semaine après, il y avait le vide grenier du quartier. C'est là que je m'étais payé une Nintendo 64 et Zelda à 5000 munnies. Vexen m'avait fait un prix »
« Quoi ? 5000 munnies ? La chance ! » s'exclama Sora. « Quand j'étais petit, mes parents avaient payé le quadruple, merde ! Ils m'en veulent encore, et c'est pas peu dire ! »
« Ouais. Bref, moi j'étais partit à Midgar pour un tournoi de Blitzball, qu'on avait perdu d'ailleurs. Alors bon, moi, j'aimais déjà Rox' à cette époque. »
« Tu te fous de ma gueule ? » fit Roxas en le fusillant du regard. « Tu couchais avec n'importe qui, même avec Naminé justement ! »
« C'est parce qu'elle avait pas de formes et qu'elle était blonde justement, on aurait dit toi ! »
« Oh mais… ! »
Axel immobilisa son petit ami déchainé en passant ses bras autour de lui et le serra fort jusqu'à le faire suffoquer. Amusé, Sora ne prêtait même plus attention aux autres clients du Starbucks qui les regardaient avec dégoût. Leur dispute se termina dans un baiser passionné qui les fit s'écrouler sur le fauteuil et le plus jeune dû les rappeler à l'ordre en sentant le rouge lui monter aux joues.
« Brêêêêf, je disais… » gloussa le roux. « J'étais pas là, ce qui explique pourquoi Roxas est parti tout seul comme un grand se payer des trucs. Quitte acheter des fringues. Naminé habitait dans le même quartier que nous, tu vois… et elle avait un stand. »
« Oh ! » fit Roxas, semblant réaliser où voulait en venir Axel. « Axel… »
« Ouais, j'ai réalisé que Roxas était gay quand il s'est ramené chez moi avec le même t-shirt que ma sœur. Tu vois, déjà, Rox' portait – il porte toujours d'ailleurs – euh… ah oui, des vêtements plutôt serrés, ou en tout cas pas larges, toujours à la bonne taille. Bah tout d'abord j'ai pas trop réalisé que c'était un t-shirt de fille, il était aussi serré que les autres, peut être plus, mais bon, ça lui allait vraiment bien, tu vois… et avec son jean bien moulant, bref, ce jour là il était tout particulièrement craquant. Ouais, bon, enfin, ce jour là j'avais pas réalisé ; seulement le soir, quand j'ai vu ma sœur trier ses vêtements (devenus trop larges, elle se faisait déjà vomir) et foutre le même t-shirt que Roxas dans un carton. Quand je lui ai demandé qu'est-ce que c'était, elle m'a dit que c'était les « paires » d'elle et Naminé. Là ça a fait tilt. »
« Ça a pris du temps quand même. » commenta Sora.
« Tu peux parler ! T'es toujours aussi aveugle mon petit. Enfin, ce soir-là, juste après, j'ai pris le téléphone et je l'ai appelé. »
« Aaaah ! C'est pour ça que t'avais un fou rire au tel' ! »
« On s'est retrouvés, je l'ai embrassé, ça l'a emballé direct et bam, c'était une nuit torride. »
« N'empêche que les barrières me faisaient mal aux cuisses. »
« Bah tu voulais qu'on aille où ? C'était l'endroit le plus clean ! »
Sora avait chaud mais ne pouvait s'empêcher de sourire face à de telles débilités débitées par ses cousins. Roxas, fils de la sœur de sa mère et Axel, celui du mari de la sœur de son père. Le monde était vraiment petit.
« Et toi Roxas ? »
« Mais pourquoi tu veux savoir tout ça ? » dit Axel avec un sourire taquin.
« Savoir s'il est gay ou quoi, tu crois quoi… c'est de famille, chez les Paopou. T'es un Paopou toi d'ailleurs ? »
« Ouais, de chez ma grand-mère, mais ça compte pas j'ai pas le nom de famille. »
« Excusez moi, je peux vous débarrasser ? » fit une voix que Sora qualifia de sensuelle.
Le beau serveur s'était penché vers eux, et, en voyant les regards inquisiteurs que leur jetait le couple, Sora comprit qu'il était percé à jour.
Il se sentit défaillir quand ses beaux cheveux d'argent effleurèrent sa joue, dégageant une agréable senteur de sapin, et cessa de respirer quand il croisa son regard électrisant, glacial et surprenant. Une couleur aussi claire, vue de près, lui faisait une étrange impression - stupéfiante, tout simplement captivante.
« Excusez-moi » fit-il après avoir frôlé le bras nu de Sora, et ce dernier lui répondit dans un babillage incompréhensible.
Une fois disparu dans les cuisines, le couple se pencha sur la table basse, comme deux commères en quête de nouveautés – ou bien décidées à lui arracher des aveux.
« T'es pas un habitué du Starbucks, toi ? » s'enquit Axel.
« … »
« Je comprends mieux tes questions. Tu veux savoir si tu es gay. »
« Mais non, il veut savoir si le serveur, lui, est gay ! »
« Pas con… bon, je te le dis Soso, vu comme il t'a maté, c'est clair que tu lui plais. »
Sora cacha son visage dans ses mains et murmura :
« Je peux pas en être sûr. Comment je pourrais ? Et est-ce-que j'arriverais vraiment à faire quelque chose ? »
« L'avenir nous le dira. » déclara le blond en posant une main encourageante sur l'avant bras du jeune déprimé.
Il ne pouvait enlever son regard de la glace. Il ne pouvait pas sortir comme ça, pas avec des cernes plus grosses que l'espace entre ses doigts écartés.
Sora sourit à cette comparaison et songea emprunter son anticerne à sa sœur, puis se ravisa. Elle le tabasserait avec sa force titanesque et se moquerait de lui pour les dix ans qu'il lui resterait à vivre en sa compagnie.
Il ne tarda pas à entendre la sonnette d'entrée et reposa son peigne inutile, descendant d'un pas fébrile ouvrir la porte à son amie.
« Sora! » hurla Xion avant de se jeter à son cou, imitée par le jeune homme.
« T'as grandi! J'y crois pas! »
« Comment ça? T'insinues que je suis petite? »
« Attends, j'ai une tête de plus que toi! »
« Menteur! »
Une fois que la plus jeune fut fixée sur son infériorité, elle offrit à son presque frère un immense sourire.
« Tiens! T'as enlevé tes bagues! »
« Ouais, hein! »
« Ça te va bien! »
« Encore heureux ! Imagine si des dents droites, ça m'allait pas… ! »
Un silence lourd de sens s'installa entre ces deux amis d'enfances et Sora ne résista pas à ensevelir la jeune fille sous une autre étreinte, sautillant comme un enfant qui aurait rencontré le père Noël.
« Mais dis-moi, t'as pas froid comme ça ? » s'enquit-il en observant la tenue de la jeune fille.
Elle portait un simple t-shirt et un jean serré, le tout sans jaquette ni écharpe.
« Mais non ! Il fait chaud ! On est en avril quand même. Alors ! On va où ? »
Souriante, la mère de Sora observait l'échange, accoudée à la porte de la cuisine, un doseur empli de lait à la main et le visage barbouillé de farine. Tous deux avaient grandi, c'était indéniable. À quelle vitesse et, surtout, quand, nul ne le savait. Ces deux bambins dont la bouille était auparavant recouverte de bave et de terre se montraient désormais soignés et maquillée pour l'une, rasé pour l'autre. Elle referma la porte, non sans une certaine stupeur derrière ces presque adultes et soupira. Le temps passait bien trop vite.
Repoussant ses cheveux derrière ses oreilles, la mère de famille retourna à ses gâteaux, sifflotant une berceuse quelconque.
« Je vais tous les jours au Starbucks, merci bien… ! »
« Je suis un habitué, vas-y, quoi ! »
« C'est bien parce que c'est toi ! »
« Tu me le feras pas croire à moi ! Si j't'avais pas dit pour Axel… »
Sora n'en croyait pas ses yeux. C'avait été un véritable parcours du combattant pour amener une Xion qu'il surnommerait désormais de « rebelle » à son endroit favori. S'il n'avait pas brandi comme ultime atout un faux rendez-vous programmé avec Axel et compagnie – qu'il se devait d'organiser en toute discrétion avec son portable, le jeune homme n'aurait pas vendu sa peau bien chère. Désormais boudeuse, Xion observait les clients d'un œil morne, sirotant son frappucino avec amertume.
« Il était pas mal, le serveur. » grogna-t-elle.
« L'argenté ? J'avoue. »
Plus personne ne le lâchait avec ce garçon. Axel avait un jour eu la bonne idée de regarder sur sa plaque et de l'informer de son nom : Riku.
Dès lors, il avait eu du mal à se retenir d'écrire son nom partout. Sora avait sa fierté, tout de même. Ses cahiers se contentaient d'être recouverts d'esquisses du jeune homme, aux yeux difformes et trop grands par rapport aux proportions réelles, aux lèvres pulpeuses et au sourire plus qu'aguicheur. En voyant ses croquis, Roxas l'avait traité « d'otaku », de pervers et d'artiste.
Sora ne savait pas trop quoi en penser, et ses lacunes en ce domaine se manifestaient surtout lors des commandes au guichet. Il ne savait si les regards qu'il s'imaginait taquins, prometteurs ou bien encore attendris de Riku sur lui étaient bien ce que son imagination lui hurlait. Tout ce qu'il sentait était l'adrénaline de l'instant, ses battements de cœur précipités et la chaleur qui montait, ses bégayements et le soulagement de s'en être sorti une fois encore. Peut-être étaient-ce ces moments fous qui l'appelaient à revenir chaque jour au Starbucks et observer de loin son Riku.
Un signe. Tout ce qu'il lui fallait, c'était un signe.
Main dans la main, le rouquin et le blond taquinaient la sœur du premier. En effet, elle était bien maigre, comme ne tarda pas à lui faire remarquer Xion. Sora plissa les yeux à leur vue. Ils portaient le même t-shirt grisâtre aux motifs féminins, extrêmement moulants. S'ils étaient beaux, cela ne changeait rien au fait qu'ils se moquaient une fois encore de lui.
« Je vais vous massacrer. »
« Faut pas ! » répliqua Axel en s'asseyant à ses côtés, lui faisant un clin d'œil. « Il fait chaud aujourd'hui. »
« C'est pour ça qu'on a pris les places dehors » répondit Xion, serrée fort par Kairi.
« Le pauvre Sora doit en mourir de chagrin. »
« Ça va hein… » grogna l'intéressé, caché derrière sa boisson.
« Comment ça ? » s'étonna Xion.
« Sora a le béguin pour le serveur décoloré. » déclara Kairi, renfrognant encore plus le brun dans son siège.
« Je l'ai trouvé sur facebook d'ailleurs ! » ajouta Roxas.
« J'y crois pas ! Sora, t'es gay ? » s'exclama Xion.
« T'as pris du temps à t'en rendre compte ! » se moqua le blond.
« Tu l'as trouvé comment ? » dit Axel.
« Sur le groupe du Starbucks du Couchant, j'ai tapé Riku dans recherche et bam ! Y a pas 36 mille décolorés à la Cité, hein… »
« Et… ? » fit Sora.
« Il est célib. »
« Mais encore ? » reprit Axel, attrapant la main de son bien aimé en entrelaçant leurs doigts.
« Il a dix-neuf ans. »
« Ah ouais, quand même » dit Kairi en soupirant. « Moi j'abandonne. »
« Parce que t'avais espéré ? » répliqua Sora, les bras croisés et les sourcils froncés. « Okay, merci les gars, mais je vais me débrouiller avec ce Riku tout seul. »
Il y eut un petit silence stupéfait et la tablée éclata de rire.
Pour deux raisons, en fait.
Il était invraisemblable d'imaginer Sora entreprendre quoique ce soit en matière de relations amoureuses. Il se retrouvait dépourvu de « couilles » - comme on dit dans le langage des rues - dans tout ce qui mettait en scène un quelconque désir. C'est pour cela qu'il avait pris tant de temps à se mettre avec Squall, après de multiples flirts sans le moindre lendemain. Ses jambes jouaient des castagnettes à chaque altercation avec une probable conquête et ses joues témoignaient sans plus attendre de son embarras.
La deuxième raison s'avérait être la présence de l'intéressé qui se tenait derrière Sora, un sourire goguenard aux lèvres, son plateau vide à la main. Les amis du brun avaient déjà remarqué que c'était Riku qui venait débarrasser leur table à chaque fois. Leur étonnement, ce jour-là, se trouvait uniquement déclenché par la force du hasard qui avait amené le serveur au bon endroit, pile au bon moment. Pourquoi sa venue s'était-elle faite par l'angle mort de Sora ? Nul ne le savait.
Le garçon était malin, quoiqu'eussent pensé ses amis, et il comprit la situation sans avoir besoin de se retourner. Le visage rougeâtre, il reposa sa boisson sur la table avec force, attrapa maladroitement son sac à bandoulière et quitta la terrasse d'un pas pressant, retenant avec courage les larmes d'humiliation qui lui montaient aux yeux.
Axel redoubla de rires tandis que Roxas essayait de se calmer, fixant Riku à travers ses yeux larmoyants. Il dit d'une voix entrecoupée de gloussements :
« On dirait pas, mais c'était pas voulu… »
Kairi et Xion poussèrent des hurlements de rire. Les passants et autres clients les observaient avec des yeux ronds. Le groupe le plus proche de leur table réclama le silence et Roxas leur répondit à l'aide d'un doigt d'honneur.
« Je veux bien vous croire, vu comment il a réagi. » répondit Riku d'une belle voix qui arracha un sourire à Roxas, qui répliqua :
« On aurait très bien pu avoir tout prévu, et faire en sorte de discuter de ça exprès pour faire avancer les choses. »
La peau blanche de l'intéressé tourna au rosé et, alors qu'il débarrassait la table, il répondit :
« Vous alliez prévoir que je passerais par derrière ? »
« Non. » dit simplement Roxas. « C'est bien pour ça que je dis que c'était pas voulu. »
« Oui, je sais. »
« Et ? » s'enquit Xion. « Tu vas faire quelque chose ? »
Riku l'observa un instant en fronçant les sourcils.
« Toi, c'est la première fois que tu viens. »
« J'habite à deux heures d'ici, j'suis la sœur de Sora. »
Sous le regard pesant de Kairi, Xion haussa les épaules. Les deux amis avaient souvent servi ce mensonge presque inexistant par le passé aux inconnus, faute de meilleure explication. Amis d'enfance ? L'expression n'était pas assez forte.
Kairi ôta sa jaquette et, s'éventant avec la main, poussa un long soupir. Axel attacha ses cheveux grâce à un vieil élastique détendu et Riku sourit.
« Il fait chaud, hein ? »
« Ça change de l'hiver, j'avoue. »
« Et tu vas faire quoi ? » reprit Xion.
« Désolé, j'ai d'autres tables à débarrasser. » répondit Riku en repartant à l'intérieur du café.
Les quatre amis poussèrent un long soupir.
« Il est aussi coincé que Sora. » dit Roxas.
« Non, quand même pas. » fit Xion « Lui, dans cette situation, aurait aussi fui. »
« Quelle poule mouillée. » commenta Axel. « Il a vraiment pas de couilles. »
« Pour certains, la définition de gay est d'être dépourvu de couilles, comme tu dis, alors la ferme. » répliqua Roxas.
« T'es méchant avec moi Roxy ! »
« Parce que t'es con ! »
Ils se disputèrent encore trois minutes avant d'échanger un baiser langoureux et plutôt suggestif. Les deux jeunes filles rougirent.
« On va mettre ça sur le compte du printemps… Xion, t'es habituée à H&M ? » demanda alors Kairi pour détourner l'attention du couple en chaleur.
« Je m'habille que là bas. » répondit l'intéressée. « Ça va faire deux ans. »
« Ah. Bah t'as pas remarqué… ? »
« Quoi donc ? »
« Le t-shirt de Sora… »
« Oh non ! » s'exclama Roxas en se séparant d'Axel, les lèvres étrangement violacées.
« Il aurait plus manqué qu'un bruit de succion pour que ça soit parfaitement écœurant. » commenta Kairi.
« Je me disais bien qu'il m'était familier ! » fit Xion « Sora portait le t-shirt de la collection de l'année dernière ! Celui avec le 86 dessus, que toutes les hippies s'étaient procurées ! »
« Sa sœur est une hippie. » commenta Kairi.
« Tifa ? Tu m'étonnes pas, elle traîne avec Cloud et Vincent. Ils passent leur temps dans les parcs à fumer le cannabis de Barett… » ajouta Axel, toujours aussi bien informé. « Je vois que Sora a voulu jouer dans les signes… »
« Je crois plutôt qu'il est aussi tête en l'air que moi. » dit Roxas en croisant les bras. « En tout cas, avec ça, c'est dur de se poser des questions sur son orientation sexuelle. Il profite de la chaleur pour mettre des manches courtes, mais il s'est bien fait remarquer pour le coup. »
« Nan Roxy. » répliqua le roux en passant un bras autour de son cou. « Je pense vraiment que pour cette fois, il a fait jouer sa cervelle. Sa question de l'aut' fois était pas innocente : il voulait trouver comment lui donner un signe. »
Un signe. Tout ce qu'il lui fallait, c'était un signe.
Riku sourit, penché sur une table de jeunes étudiantes l'observant à la dérobée, attrapant les tasses de café à moitié pleines et les assiettes de gâteaux émiettés. Il était temps pour lui de rendre visite à sa grande sœur…
Le printemps, contrairement à ce que beaucoup de personnes s'imaginent, est non seulement la saison des fleurs et de la renaissance mais aussi celle des pluies. Riku ne s'attendait pas, en cette belle matinée qu'était son jour de congé, à une telle averse (aussi, il était myope et avait ses lunettes en horreur : les nuages se profilant au loin étaient donc passés outre ses appréciations du soleil rosé de l'aube). En dix minutes, le temps avait basculé dans le gris et une averse s'était déversée sur ses vêtements de coton, imprégnant ce tissus autrefois doux et confortable pour venir geler sa peau. Quelle idée que de prendre son scooter !
Riku se traita donc de tous les noms durant l'heure que dura son trajet jusqu'à Radiant Garden. Tremblant, le garçon arriva chez sa sœur peu avant midi et se précipita à la porte en faisant hurler la sonnette dans toute la villa. Il entendit à peine un store se dérouler à l'étage supérieur et des bruits de pas sourds suivre des cris hystériques. Une magnifique jeune femme en peignoir ouvrit la porte avec brutalité et serra Riku dans ses bras sans se préoccuper de son état humide et le tira sans plus traîner à l'intérieur.
« Pourquoi tu m'as pas appelé ? Regarde toi, t'es trempé comme c'est pas possible ! Viens, suis-moi ! »
Riku n'avait pas trop le choix et suivit sa sœur à l'étage après avoir rapidement ôté ses vieilles loques qui lui servaient de chaussures. Puisant dans les vêtements de son mari, elle dénicha un vieux bas de jogging et pullover à manches longues tout en lui assurant que ce dernier n'était pas nécessaire : elle pourrait ainsi profiter pleinement du beau torse de son « petit frère adoré ».
« C'est à cause de ce genre de remarques que je viens te rendre visite aussi peu souvent » dit-il d'un ton détaché en prenant la direction de la salle-de-bain.
« Je ne vois pas pourquoi ! » répliqua sa sœur avec un beau sourire. « C'est un beau compliment que je te fais et toi tu te rebutes, comme ça, sans raison… Nooon ! Ne me dis pas que tu es modeste ! »
« Crois ce que tu veux ! » lança Riku à travers la porte refermée.
Il en ressortit chaudement habillé, et sa frange qui commençait à boucler à cause de l'humidité arracha un sourire attendri à sa sœur. Elle s'approcha et passa une main dans sa chevelure claire, tentant d'aplatir en vain ces quelques mèches rebelles qui lui donnaient une moue aussi mignonne.
« T'as pas changé, depuis tout ce temps… »
« Kadaj, arrête ! T'as pas besoin de te montrer aussi affective… »
Riku repoussa sa main d'un geste exaspéré avant d'être serré avec force par les bras de la jeune femme, le visage collé contre le peignoir de soie qui devait coûter une jolie petite fortune.
« Kadaj… »
« Excuse-moi. C'est juste que tu nous ressemble tellement… »
« Ah, merci, si c'est pour ressembler à quelqu'un comme toi… »
« T'es bête ! » répondit Kadaj en lui décoiffant la tête. « Descends et prépare-toi quelque chose à manger, moi je vais m'habiller. »
Et elle le poussa jusqu'à la sortie de la chambre sans plus de ménagement.
Kadaj habitait la villa d'une banlieue très huppée de Radiant Garden, ville d'aristocrates par définition déjà, ayant épousé un riche avocat qui l'entretenait avec brio. Kadaj avait une vie de people, et elle aimait ça.
Riku se fit chauffer du lait dans le micro-ondes et s'évertua à retrouver le chocolat en poudre dans les multiples meubles design qu'il avait toujours tenus en horreur. Kadaj redescendit alors qu'il tartinait son pain de confiture et il eût du mal à se dire que la déesse qui se tenait face à lui était vraiment un homme.
« Tu es magnifique. » dit-il en haussant un sourcil.
Ses longs cheveux d'argent – dépigmentation héréditaire du cheveu qu'on pouvait retrouver chez son père et ses quatre frères – étaient tressés le long de son dos et elle avait enfilé une robe rose à la texture légère, s'arrêtant un peu au dessus de ses genoux et dont le bord était délimité par de la dentelle blanche. Elle portait un gilet de laine jaune par-dessus sa tenue qui faisait ressortir la blancheur craie de sa peau et jurait magnifiquement avec ses yeux turquoise soulignés de noir.
« Tes cheveux ont poussé un peu trop vite pour que ce soit naturel. »
« Ce sont des rajouts. » répondit Kadaj avec un sourire chaleureux. « Rufus les voulait longs, alors voila… En fait, ils sont toujours aussi courts qu'avant, ou presque. »
Riku leva tout simplement le pouce en avalant une gorgée de son chocolat chaud qui lui arracha des frissons dans tout le corps. La chair de poule se répandit même sur ses mains, résultant un sourire.
« Tu es même plus belle que la plupart des vraies filles que je croise dans la rue. »
« Comme si tu faisais attention à ce genre de détails. » soupira Kadaj.
« Je suis gay, je fais attention à mes rivales. »
« D'ailleurs, sur ce point là… ? Que deviennent tes amours ? »
« Oh, on y reviendra plus tard. » répliqua Riku. « C'est d'ailleurs ce qui m'a décidé à venir aujourd'hui, mais c'est secondaire. Assieds-toi, c'est conseillé. »
Kadaj obtempéra et tira la chaise du bar face à son frère, posant sa tête sur sa main, un sourire narquois aux lèvres.
Les négociations pouvaient commencer. Riku s'y lança le premier.
« Je peux – enfin - tout te rendre. Le fric, hein. Tout. Après, le simple fait de voir mon… honneur, comme tu dis, rétabli, ne me suffit pas, et je te connais : tu tiendras vraiment ta promesse ? »
« La tenir, ce n'est pas vraiment la question… »
« Te défile pas. Je peux tous vous oublier, là n'est pas le problème, si tu m'avoues ton, euh… vieux mensonge, je peux m'en sortir avec ton propre fric. Si tu tiens promesse, par contre, j'ai meilleur temps de faire ce qu'on avait prévu que glander dans les trucs de deuxième zone. »
Un soupir interminable s'échappa de la bouche de Kadaj qui baissa les yeux sur ses genoux, les yeux mi-clos.
« Tu m'avais juré, Kad'. »
« Riku… »
« Yazoo, Loz… Papa, même. Ils savaient que tu te défilerais. T'as peur de dehors. Ça te fout les boules, celles que t'as perdues dès que tu t'es transformé en femme. Yazoo se retient pas pour te cracher sa haine. »
Kadaj ferma les yeux, enfonça ses ongles dans sa joue.
« J'ai besoin de l'homme, le Kadaj qui faisait trembler tout Oxford, celui qui pourra faire jouer ses relations… » fit Riku sans tenir compte de sa voix vacillante. « Je t'en prie, Kad'… »
Sa main se posa sur celle de son frère agrippée au rebord de la chaise, la forçant à lâcher son appui et à entrelacer les doigts de son cadet. Leur proximité alors faisait se rencontrer leurs souffles, et le doux visage de Kadaj fermé à tout signe extérieur resta impassible alors que les lèvres de Riku allaient à l'encontre de son oreille.
« Ka-da-je… » reprit Riku pour l'agacer, un vague rictus sur les lèvres, avant de mordiller sensuellement le lobe qui s'offrait à lui.
Il sentit la répercussion des frissons qu'il lui procurait sur la joue de son frère et il revint plonger ses yeux dans ceux de son aîné qui se faisaient hésitants.
« Alors ? » murmura-t-il en collant leurs deux fronts.
Il y eut quelques minutes de silence où Riku pouvait entendre les battements de cœur précipités de Kadaj. Enfin, ce dernier dit d'une voix tremblotante où un timide sourire se dessinait sur ses lèvres rosées :
« Que deviennent tes amours ? »
Riku gloussa.
« T'aurais pas un t-shirt à me prêter ? »
Sora n'en croyait pas ses yeux.
Ce ne pouvait pas être une coïncidence.
Il devait y avoir une emprunte d'Axel et Roxas là-dessous.
Mais avant tout…
Ce type était tout simplement ridicule.
S'il avait pu trouver Roxas ou Axel beaux dans cet accoutrement, il ne s'était pas dit que pour porter quelque chose d'aussi serré, la carrure entrait aussi en jeu. Ses cousins étaient tous les deux plutôt fins, Axel étant doté d'une grande taille qui l'affinait et Roxas avait la même carrure que Sora : chétive. Le t-shirt au féminin que pouvait que leur seoir.
Il en était autrement pour Riku. Lui aussi était grand, lui aussi avait un visage aux traits fins, lui aussi avait des cheveux longs. Mais c'était sans compter sur sa carrure imposante et ses bras semblant sculptés dans de l'argile tant ils étaient parfaits : pas trop musclé ni trop peu, Sora le trouvait parfait, avec ses larges épaules et son buste taillé en V. Dès le premier regard, Sora n'avait songé qu'à se blottir tout contre lui.
Voila pourquoi le t-shirt au féminin ne lui seyait pas.
Voila pourquoi, arrivé au guichet, Sora fut pris d'un immense fou rire à la vue de la tenue excentrique de l'élu de son cœur. La situation gênante et l'adrénaline ne faisaient qu'empirer ses gloussements. Vêtu d'un baggy et d'un immonde t-shirt bleu bébé bien trop moulant, le tout empiré par le tablier vert des employés du Starbucks : Riku était tout simplement ridicule.
« E… Excu-cu-cusez moi, j-je… » parvint à prononcer Sora.
Xion l'accompagnait et tous deux étaient les seuls clients à une heure aussi matinale. Ebahie, elle regardait Sora se rendre ridicule – du moins, c'était son avis – sans pouvoir l'aider le moins du monde, trop stupéfaite qu'elle se trouvait en cet instant.
Le rire de Sora devait être contagieux car Riku se laissa prendre à son rire.
« Est-ce que… ça va ? » bégaya Xion, prise au dépourvu.
Une jeune serveuse blonde dont deux mèches jouaient avec l'apesanteur lui fit un signe négatif de la tête. Alors que les deux fous semblaient incapables de se ressaisir, elle décida de retourner chez Sora en priant pour qu'il ne perde pas tous ses moyens quand il reprendrait ses esprits.
Larxene – tel était le nom de l'employée – indiqua à Riku et Sora le chemin vers la sortie, agacée par leurs gloussements qui semblaient ne jamais vouloir se terminer. Dès qu'ils se furent calmés, ils se présentèrent au moyen de poignées de main vigoureuses. Sora s'était mis à bégayer mais cela n'avait plus trop d'importance car Riku faisait tout pour se mettre à l'aise.
Le soleil pointait au dessus des immeubles les plus bas, et les deux garçons le recevaient de plein fouet là où ils s'étaient installés. Riku sortit deux cigarettes de la poche arrière de son baggy et en tendit une à Sora qui le remercia en rougissant.
« T'as pas une gueule de fumeur au premier abord. » fit remarquer le plus agé.
« Je fais que ça dans ma chambre. Ça m'aide pour le travail. »
« T'es au lycée ? »
« En terminale… mais je taffe en dehors. »
« T'as un job ? »
« J'illustre… dans un magasine. »
« Oh ! Lequel ? »
Sora rougit et enfonça sa tête dans ses épaules. Avouer qu'il dessinait des petites filles mignonnes pour un magazine destiné aux préadolescentes aurait été le comble du mauvais plan. Bon ! On lui disait qu'il était doué pour ce genre de choses… telles étaient les stratégies flatteuses de ses employeurs face à ses fréquentes réticences quand il recevait de nouvelles directives.
« Oh… tu connais pas. » mentit-il en feignant (mal) l'indifférence.
Riku haussa un sourcil mais ne fit aucun commentaire. Alors que Sora faisait gicler son mégot dans une bouche d'égout, le plus grand le laissa tomber à ses pieds et l'écrasa sans plus de cérémonie, soupirant et glissant sa main dans ses cheveux.
« Bon, faut que je retourne à mon taf moi. Je t'offre la boisson, okay ? »
« Ah, non, je t'assure y a pas besoin ! » s'embrasa Sora au moyen de gesticulations rapides.
« Mais si ! J'ai le droit à ça de temps en temps vu les clientes que je nous ramène. En plus, t'es plutôt fidèle ici. »
Cette remarque ne fit qu'accentuer la gêne de Sora qui se passa une main dans la tignasse.
« Ecoute… quitte à, euh… prendre un truc gratuit… » commença-t-il, mais Riku semblait lire dans ses pensées.
« On va dire ça : tu pars prendre ta dose de caféine ailleurs pour pas me troubler… » A ces mots, le châtain déglutit avec peine. « … et tu viens me rejoindre ce soir à cinq heures et quart, je t'offrirai le café et on pourra mieux faire connaissance. Ça te va ? »
Sora ne répondit pas, les bras résolument croisés, fixant le bout de ses chaussures. Il était mangaka, lui, pas serveur, ses seules relations avec le monde extérieur étaient ses imbéciles de cousins, Kairi et parfois Xion ; le reste du temps il restait enfermé à l'intérieur à dessiner des jeunes mijaurées vivant des aventures palpitantes, creusant dans son temps libre pour avancer ses propres projets, profitant de l'heure de libre qu'il avait chaque après-midi entre deux cours pour filer observer le plus beau garçon de toute la Cité. Même Squall ne faisait pas le poids contre lui. Tout cela pour dire qu'il n'était pas habitué à ce genre de situations, à des paroles aussi directes et gênantes.
« Je vais prendre ça pour un oui. Tu n'as pas intérêt à me lâcher ! »
Riku l'ébouriffa en lui offrant un clin d'œil suggestif.
« Enchanté de te connaitre enfin, Sora. »
Sora se rendit alors compte qu'il ne lui avait pas donné son prénom. Il devait y avoir une emprunte d'Axel et Roxas là-dessous.
Sora était un pécheur. Du moins c'était la sévère pensée qui lui avait traversé l'esprit alors qu'il vérifiait une nouvelle fois l'heure, assis sur un banc donnant vue sur le Starbucks. Crayon à mine à la main, gomme à mie dans l'autre, les genoux obstrués par un bloc à dessin, il laissait ses coups de crayon voyager sur l'immensité blanche de son plan de travail improvisé. Riku était le protagoniste de sa nouvelle lubie et plusieurs plans gribouillés se manifestaient à l'intérieur de cases faites à main levée.
Il avait fait beau toute la journée, et, étant en vacances, Sora avait profité de son temps libre pour avancer la masse de travail spectaculaire qu'il avait amassée. Il avait si bien bûché que son timing s'en était retrouvé décalé : il avait deux heures d'avance sur son rendez-vous avec l'argenté. Sa décision avait vite été prise. Sans plus attendre, il avait embarqué son matériel à dessin pour pouvoir l'observer de loin à travers les vitres du café. Il n'avait cependant pas compté sur les reflets du soleil sur les vitrines et son plan était donc tombé à l'eau.
Les passants du boulevard l'inspiraient. Cet endroit, en plein centre de la Cité, grouillait de monde aux heures de pointes. Les gens se révélaient tous aussi divers les uns que les autres, et il ne fut pas difficile pour Sora de repérer les personnages qu'il incorporerait à son œuvre.
Une femme sortit alors d'une corvette à la blancheur éclatante, non loin dans la route avoisinante à sens unique. Son visage était dissimulé sous de grandes lunettes que le châtain devina être de marque, vu son accoutrement : un magnifique tailleur blanc crème et des bottes en cuir blanc à talon aiguille sorties tout droit d'un film d'époque. D'après ce que lui avait dit Xion, les années cinquante revenaient peu à peu à la mode. Cette femme en était la parfaite icône.
Sa main se lança dans un bref croquis alors qu'elle traversait la place d'un pas élégant et conquérant. Son sourcil se haussa quand il la vit entrer dans le Starbucks. Il la vit de dos un instant, et ces cheveux qu'il avait pris pour blonds platine se révélaient argentés. Son cœur manqua un battement et il se redressa brusquement, laissant son bloc à dessin se renverser sur les dallages.
Le jeune homme s'accroupit pour récupérer ses affaires sans quitter l'entrée des yeux et ce qu'il attendait arriva : Riku en sortit accompagné de la femme qui avait rabattu ses lunettes sur le haut de sa tête. Du peu qu'il pouvait voir, elle était magnifique. Elle semblait inquiète, d'ailleurs.
Sans plus attendre, il courba le dos et récupéra ses affaires le plus rapidement possible, puis contourna en courant la place pour arriver à l'autre entrée du café, continuant le long de la vitrine, hors de portée de la vue de ces deux personnes à la chevelure d'argent.
Le cœur battant à tout rompre mais amusé par la situation, il se colla à la poutre de l'angle et écouta ce qui se disait.
« … appelé Xemnas, tu vois… » disait la femme d'une voix étrangement rauque. « On s'était donné rendez-vous. Et… oui, tu avais tout à fait raison. J'avais les boules. »
« Tout autant que tu puisses les avoir. » répondit Riku en riant. « Je suis fier de toi. »
« Merci, mais je sais bien que c'est un peu par intérêt que tu dis ça. Je suis pas con. »
Con ? songea brièvement Sora en fronçant les sourcils.
« Je t'en veux pas pour ça hein, c'est complètement humain. » reprit la parente de Riku. « Tout ça pour dire : y avait toute l'Organisation. C'était génial. Effrayant, mais génial. J'ai rien perdu de tout ce temps là. Loz et Yazoo auraient été fiers de moi. Tout le long… j'avais les mains moites. Et tiens. »
Il y eut quelques instants de silence, puis un bruit sourd, presque imperceptible. Sora remercia les feux rouges qui avaient fait taire quelques temps les ronronnements propres au trafic. Il se pencha vers l'avant et la vue des deux parents enlacés, quoique certainement justifiée, l'agaça.
« Tiens, alors. » fit Riku alors que Sora se cachait à nouveau, la main sur le cœur, tel les jeunes mijaurées qu'il avait prit l'habitude de dessiner.
Cette comparaison lui arracha un sourire.
« J'y vais, alors. J'ai rendez-vous chez l'esthéticienne. » déclara la femme en gloussant. « Merci pour tout, Riri. »
« Toi alors. » fit Riku en riant avec douceur. « C'est d'être redevenue un homme toute une soirée qui te rend aussi coquette ? »
La femme éclata de rire et le son de ses talons claquant sur le sol fait de dalles s'éloigna peu à peu. Sora, lui était ébahi.
« Oxford, hein… »
Cette femme était donc un homme ?
Sora repartit aussi discrètement qu'il était venu et, une demi heure plus tard, feignit d'arriver en retard.
Riku s'était bien évidemment changé, ayant troqué son horreur bleue contre une chemise noire.
La soirée passa à une vitesse folle et, contre toutes attentes, ce fut Sora qui raccompagna Riku. Il faisait chaud, le ciel était clair et les étoiles semblaient toutes présentes pour les voir s'échanger leur premier baiser.
Doux et frais, tels étaient les adjectifs présents dans la tête des jeunes amants alors que leurs lèvres se rencontraient pour la troisième fois. La quatrième fut celle où, le cœur semblant près de se rompre, Sora força le passage pour laisser leurs langues se lier, se jouer l'une de l'autre dans une folle course poursuite qui rendait leurs peaux épineuses de frissons. Le châtain pu enfin glisser ses doigts dans la chevelure douce du plus grand qui laissa ses mains s'aventurer sous le t-shirt de Sora. Ce dernier ne tarit pas ses soupirs passionnés affolant Riku qui ouvrit maladroitement la porte de sa demeure.
La suite est tout aussi passionnée que vous vous l'imaginez.
Sora ne prêta pas attention aux valises entreposées dans un coin de la chambre alors qu'il partait, tôt le lendemain matin, pas plus qu'il ne remarqua le regard endormi que posa Riku sur lui tandis qu'il se préparait à rentrer chez lui.
Il aurait dû, pourtant.
Ce fut une journée en tous points semblable à la précédente, et quand quatre heures sonna à la grande horloge de la Cité, Sora était déjà en chemin pour le Starbucks.
Mais Riku n'était pas là, tout comme le regard que lui lança l'employée nommée Larxene était clairement emprunt de pitié.
« Il est parti. » lui-dit-elle en sortant un paquet d'apparence molle du dessous du comptoir. « Il m'a dit de te donner ça. »
« Parti où ? » demanda Sora d'une voix blanche en prenant le paquet en tremblant.
« Faire ses études. Oxford, si je me trompe pas. »
« Oxford, hein… »
Les évènements de la veille lui semblèrent soudain bien plus clairs alors qu'il serrait contre lui ce qu'il devinait être l'immondice bleue qu'avait portée Riku pour l'inciter à s'approcher.
« Tu prendras quoi ? »
Sora fusilla la blonde du regard avant de la laisser aux autres clients, passant pour la dernière fois la porte du Starbucks d'un pas rageur. Il allait sans but précis, d'ailleurs.
Il ne continua pas bien loin et s'arrêta au banc qu'il avait occupé la veille. Son voisin s'avéra être un pigeon somnolant qui roucoula à son arrivée.
Sora déballa le papier kraft sans plus attendre et le t-shirt bleu bébé se dévoila où trônait une enveloppe qu'il ouvrit tout aussi fébrilement. Ses croquis de la veille se tenaient entre ses mains, offrant à sa vue le beau visage du majestueux Riku porté disparu. Ce dernier avait écrit en lettres fines en dessous de l'une de ses esquisses :
« Hi Sora,
Tout d'abord, je voudrais m'excuser d'être parti sans dire au revoir. Faut dire que les adieux (ou les à bientôt, ce que j'espère dans notre cas) sont pas trop mon fort.
J'ai un frère. Enfin, une soeur, du nom de Kadaj. Elle est née dans le mauvais corps en fait... et a fait ses études à Oxford. On le connaissait comme étant quelqu'un de dangereux et d'influent par son intelligence (juste avant qu'il ne fasse sa transformation en Desperate Housewives, en fait).
Un jour, j'ai fait une connerie. Pour pas partir dans les détails, Kadaj m'a dit que si je remboursais les dégâts - j'étais un vrai délinquant hein, fallait me donner qqch en compensation aux réparations de mes erreurs! - il s'arrangerait pour me payer des études à Oxford -.-' . Je suis pas trop mauvais élève, je dirais même que je suis intelligent xD. Mais je foutais trop la merde en cours. Alors avec un dossier pareil, personne veut de moi, je peux plus continuer mes études. Et comme Kadaj était pareil à Oxford, et qu'il a brillamment réussi - pour rien, faut dire - bah ils m'accepteront avec un piston. Enfin, pour qu'il tienne la part du marché, il a fallu insister, hein... il avait pas les couilles de redevenir un homme pour retrouver ses potes d'avant (une sorte de mafia qui porte le nom on-ne-peut-plus-original d'Organisation XIII).
Et si tous ces mois passés à nous observer sans oser avancer ne sont pas vains, que tu m'aimes vraiment, alors sache que j'aurai de l'argent. J'ai travaillé deux ans pour être indépendant. Et puis même, si tu ne m'aimes pas...
Je t'ordonne de me rejoindre quand tu auras trouvé ce que tu désires vraiment, vraiment dessiner. Et quand tu seras moins étourdi, aussi (la prochaine fois que tu espionneras mes conversations, prends soin de pas laisser tomber des feuilles derrière toi…).
Fais moi renaître ces dessins.
Riku »
Et suite à ces mots, peut-être que Sora quitterait son job ingrat, montrerait son travail à un véritable éditeur qui ferait prendre une tournure intéressante à son scénario.
Peut-être qu'il gagnerait en confiance, non seulement en son travail mais en relations humaines.
Peut-être que son succès serait si fulgurant qu'au loin, dans cette terre lointaine qu'est la Grande Bretagne, Riku emprunterait à son amie son tout nouveau manga yaoi écrit par ce jeune mangaka à l'avenir si prometteur.
Peut-être qu'il gagnerait assez d'argent pour se payer un avion et retrouver son amant une année et des poussières plus tard.
Peut-être qu'il aurait grandi, gagné en carrure et prestance et que ses cheveux auraient poussé.
Peut-être qu'il porterait cette immondice bleue - qui, pour finir, lui irait mieux qu'à Riku – en se dressant fièrement à l'entrée de l'université, attendant que Riku vienne le retrouver.
Peut-être bien qu'il n'aurait pas besoin d'attendre bien longtemps et que des bras musclés viendraient l'enlacer avec force, impatients de pouvoir l'enlacer une nouvelle fois.
Tout cela dépendait de ce jeune homme abordant la même expression que ces jeunes mijaurées qu'il avait pris l'habitude de dessiner ; fixant d'un air éberlué ce message que seul son auteur pouvait vraiment comprendre, assis sur un banc avec pour seule compagnie un pigeon somnolant, les yeux plissés face au soleil qui lui venait dans les yeux.
Il se leva comme dans un état second et décida de rentrer chez lui pour dessiner : l'air commençait vraiment à se rafraichir.
Si vous voulez une explication au titre, eh bien... xD
Connaissez-vous les gays théière? Si non, imitez la position de la théière: le poignet de la main droite replié et l'autre main posée sur la hanche. Ça fait très gay effeminé, vous trouvez pas? Le tout servi en t-shirt moulant... Si vous avez l'esprit assez tordu, vous comprendrez
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