Alors voilà: chapitre d'essai, pour voir je me lance ou non dans la fic sur Torchwood.

Post-saison 3 (mais alors des siècles et des siècles plus tard)

Rating : T, par mesure de sécurité. Y aura peut-être du M par moment, mais dans ce cas je préviendrais à l'avance.

PS: si vous pouviez laisser une review, please. Pour voir si ça vous intéresse une suite, ou si je peux laisser tomber.


Résurrection

Elle était sur le départ, lorsque l'alarme retentit dans tout le bâtiment. Son premier réflexe fut un mouvement d'inquiétude en réalisant que l'alerte avait été lancée du secteur B. Ses craintes furent confirmées, lorsqu'en arrivant à l'étage, un infirmier s'était précipité vers elle en bègueyant que la cellule 4B32A avait été désertée par son occupant.

Le service était en panique. Nulle ne savait où il avait pu passer, personne ne l'avait vu sortir, rien n'avait été fracturé, aucun moyen de savoir comment il s'y était pris. Les caméras de surveillance, les détecteurs de chaleur corporelle ne signalaient nulle part dans le bâtiment.

Ce fut en tournant les yeux vers la baie vitrée ouvrant sur la nuit étoilée qu'elle eut l'idée de consulter les images en provenance des toits. Après quelques minutes d'observation intensives, elle le remarqua enfin.

Il se tenait debout sur la bordure du toit, sa silhouette se découpant à peine dans l'obscurité. Un regard non-averti ne l'aurait même pas signalé. Il ne bougeait pas, et ne semblait pas avoir l'intention de quitter son poste. Parfaitement immobile, il paraissait attendre qu'elle vienne le rejoindre.

Elle prit la peine de prévenir l'équipe de sécurité, mais rechigna à laisser deux agents l'accompagner sur le toit.

_ Vous devriez vous méfiez, Docteur Moro, l'avaient-ils mise en garde.

_ N'ayez crainte, je sais ce que je fais, avait-elle rétorqué en leur intimant l'ordre de se tenir à distance.

L'individu n'était pas dangereux, ni même menaçant. Toujours debout, droit comme un piquet, il lui tournait le dos, ne semblant même pas se rendre compte de sa présence, bien qu'elle se soit approchée sans la moindre discrétion. Toute son attention était portée sur le ciel étoilé et les trois lunes parfaitement alignées qui annonçaient le début de l'hiver. Son vêtement blanc d'hôpital paraissait à présent luminescent. Si Ivy Moro avait jamais cru aux fantômes, elle aurait pu jurer en voir un devant elle.

_ Si vous désiriez faire une promenade en extérieur, lança-t-elle à la cantonade pour attirer son attention, il suffisait de le demander. Ce qui aurait épargné à mon équipe des émotions fortes bien inutiles.

Elle était à présent à un mètre à peine de lui. S'appuyant tranquillement contre la rambarde sur laquelle il se tenait toujours debout, surplombant le vide, le Docteur Moro tenta de croiser son regard sans succès. Son visage éclairé par les trois lunes, irradiait d'une teinte laiteuse. A priori absente et rêveuse, Ivy sut bien lire derrière cette apparence trompeuse à quel point il était perdu et désemparé.

_ A moins, poursuivit-elle, que vous n'estimiez que l'on ne vous porte pas assez d'attention ?

_ Vous revenez de loin, Mr Jones…

_ Excusez-moi… ?

C'était la première fois qu'elle entendait le son de sa voix : elle était rauque et grave. Peut-être parce qu'il n'avait plus utilisé ses cordes vocales depuis un bon millénaire. Malgré elle, son cœur fit un bon dans sa poitrine à l'écoute de ce son encore si nouveau.

_ Cette phrase… poursuivit-il, en butant sur les mots. La première… chose… dont je me… souviens… après mettre perdu dans les… ténèbres… Ces mots…

Cette fois, il se tourna enfin vers elle, et plongea son regard bleu dans le sien.

_ C'étaient les vôtres, n'est-ce pas ?

_ En effet.

Ils avaient débranché toutes les machines, à l'exception des détecteurs d'activités cardiaques et cérébrales. Désormais, son organisme ne pourrait compter que sur ses seules ressources pour pouvoir tenir. Soit il y parvenait, et alors il serait possible de le sauver ; soit ses fonctions vitales étaient trop faibles pour prendre le relais, et alors… tant pis.

Après tous ces mois passés à essayer de le garder en vie, à surveiller ses constantes, le moindre signe… Elle n'avait pu s'empêcher sa gorge de se nouer, avec une certaine émotion et une grande appréhension. S'asseyant à côté de son lit, elle lui avait tenu la main, tandis que ses yeux inquiets ne quittaient plus l'écran du moniteur. Ce fut sans doute la minute la plus longue de toute son existence, tandis que la ligne verte, lumineuse de l'écran restait désespérément droite.

Lorsqu'enfin, le son d'un petit « bip » timide résonna dans la pièce, suivit d'un deuxième, puis d'un troisième, d'un quatrième… Son cœur avait fait un bon de plusieurs mètres dans sa poitrine. Elle s'était alors penchée sur son visage fermé, et avait murmuré cette phrase à demie-voix : « Vous revenez de loin, Mr Jones. »

_ Je n'imaginais pas que vous étiez en état d'entendre ma voix. Je vais surprise en surprise avec vous, Mr Jones.

L'ombre d'un sourire passa sur le visage de son patient.

_ Il vous a fallut combien de temps pour trouver le code d'ouverture de votre cellule ?

_ Une semaine. Les infermières étaient persuadées que je ne les voyais pas. Elles ne faisaient pas attention à moi…

_ Voilà, qui leur servira de leçon !

_ J'avais juste envie de voir le ciel. Je ne supportais plus les murs blancs de ma cellule.

_ Je comprends.

Il ne la quittait plus des yeux maintenant. Son regard était amical et sa voix douce.

_ Il suffisait de dire que vous aviez besoin d'air. On vous aurait arrangé ça…

_ Même pour aller aux toilettes, je dois demander la permission… On me traite comme un prisonnier, alors que j'ignore quel crime j'ai commis…

_ J'ai conscience que nos règles de sécurité peuvent être… lourdes ; surtout quand on le vit de l'intérieur, mais c'est pour votre bien. Votre coma a été long, même après que l'on vous ait libéré du cercueil de cryogénie. Votre état reste fragile ; même si vous avez le sentiment d'aller bien, vos fonctions vitales sont encore faibles ; pour le moment…

_ Je ne suis donc pas prisonnier ?

Au ton de sa voix, il semblait réellement surpris.

_ Non, évidemment.

Ivy s'efforçait d'avoir une mine encourageante.

_ Vous êtes un patient

Puis elle fronça les sourcils devant la mine circonspecte de son interlocuteur.

_ Vous comprenez ce que cela veut dire ?

Il la fixait avec des yeux de plus en plus perdus.

_ Je… J'ai été blessé ?

_ Quelle est la dernière chose dont vous vous rappelez ? s'enquit-elle, de plus en plus inquiète. Vous ne préférez pas descendre ? C'est plus simple pour discuter.

Il baissa la tête, semblant seulement réaliser à l'instant qu'il se tenait au-dessus du vide. Il se laissa tomber à ses côtés sans trop de cérémonie. Ses yeux partaient dans toutes les directions, comme en quête de réponses.

_ De quoi vous rappelez-vous en dernier, avant le son de ma voix ? insista-t-elle pour capter son attention.

Il figea son regard sur elle, et la détailla un moment, semblant chercher à déterminer s'il pouvait ou non lui donner cette information. Puis se décida :

_ Je cours dans un couloir… Il y a des cris… des flammes partout… des gens qui courent à côté de moi…

_ Vous vous rappelez où vous étiez ?

Une fois encore, il hésite avant de lui répondre :

_ Londres… La Tour de Canary Wharf… base confidentielle de Torchwood 1.

Elle hoche la tête pour approuver en silence, ce qui semble le rassurer.

_ Vous vous souvenez de la date ?

_ 2006… Avril ou Mai… Je ne sais plus !…

_ Ca ne fait rien, ça ne fait rien

Elle s'efforce d'être douce, pour le rassurer. Il ne sait visiblement plus où il en est.

_ En quelle année somme-nous ? Et où ? J'ai été longtemps dans le coma ?

C'est au tour du Docteur Moro d'hésiter sur les informations à formuler. Mais pourquoi lui mentir ? Il faudra bien lui dire la vérité, tôt ou tard.

_ Nous somme à la clinique de Tempera, 695ème colonie humaine. Dans le calendrier terrien, je crois que nous somme le… 3… Décembre…4389.

_ 2380 ans… Comment… ?

_ Longue histoire… Pour faire court : on vous a retrouvez dans un caisson d'hibernation, bien caché dans les sous-sols de ce que l'on pourrait appeler une base clandestine.

_ Des cybermen ?...

_ Je ne pense pas. Nous les appelons : Dervils. Mais au 21ème siècle, je crois qu'ils étaient plus connus sous le nom de code 456…

_ Ca ne me dit absolument rien… En fait, si… Mais je ne sais plus pourquoi…

_ Mr Jones, je crois qu'il est bon de vous prévenir… Il me semble qu'il manque trois ans à votre mémoire.

_ Comment cela ?

_ La bataille de Canary Wharf, vous y êtes bien mentionné : en tant que rescapé ; mais votre avis de décès date de 2009. Trois ans plus tard...

_ Comment...?

_ Le dossier ne le précise pas.

Il s'appuya contre la rambarde, cherchant de l'air.

_ J'ai tellement d'images devant les yeux…

Murmure-t-il, bien plus pour lui-même que pour son interlocutrice.

_ Et je n'arrive pas à leur donner un sens… Et il y a ce nom… Ce nom qui revient sans arrêt. Pourquoi je me répète ce nom ?

_ Quel nom ?

_ Capitaine Jack Harkness.