Disclaimer: A GRRM my second born child...

Note: Ficlet minuscule comme tout, avec de lourds spoilers sur le tome 9 de la VF ("La loi du Régicide"), écrit pour Meish Kaos et parce que j'obsède un max sur la Saga du Trône de Fer...

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Tête à cloques

Arya Stark - PG - pour Meish

Le jour après l'échappée belle, Arya est seule, terriblement.

Ses doigts enserrent les rênes de Pétoche, crevant les cloques gonflées d'eau qui bouffent l'intérieur de ses doigts, qu'elle a récoltées au contact du heaume rougi du Limier : c'est l'unique souvenir qu'elle s'accorde de la journée d'hier, pour le reste, elle doit aller de l'avant.

Elle a appris. Le Trident, elle le longe par les futaies plutôt que par la route, ne met pied à terre que pour lâcher l'eau de son corps, toujours en garde, même accroupie derrière le cheval.

Elle n'a pas le goût à chasser, un lièvre entier serait trop pour une seule petite fille et demanderait qu'on s'invite autour du feu pour partager la viande… elle ne craint rien tant que les invités surprises ; il y a toujours assez de baies pour qui sait se baisser.

Lorsqu'elle ferme les yeux, perchée sur le canasson, qu'elle se laisse aller au sommeil, berçant Aiguille contre son corps comme elle a pu autrefois le faire avec une poupée, elle rêve de tout un bestiaire.

Elle mélange les lieux, les temps, confond le profil cramé du Chien avec la bonne trogne de bœuf de Gendry, en appelle à Syrio, son « Maître des Chats » afin qu'il lui enseigne, mieux, plus, encore, voit aussi des dragons, leurs crânes blancs, lisses comme la nuit, si froids dès qu'elle y touche.

Elle se recroqueville sur sa propre chaleur, songe à son loup, sa Nyméria douce, son mufle fidèle, ses yeux blessés quand elle la chassa à coups de pierres, de hurlements : petite Louve. C'est d'elle à présent qu'il s'agit, son poil est moins dru que jadis, sa meute est décimée, mais elle est Arya Stark, la petite louve du Nord, qui gronde l'animal éreinté pour qu'il arrache ses sabots à l'éponge boueuse qui absorbe ses pas : demain, après-demain peut-être, il y aura Salins.

Et elle n'a pas peur, non, pas peur du tout.