Bonjour!
Me revoici du côté Harry Potter de fanfiction : on finit toujours par revenir à ses vieilles amours, hein !
Cette fic est ce qu'on appelle une song-fic : chaque chapitre (il y en aura sept) est associé à un titre du répertoire de la chanson française.
La fic raconte l'histoire de Rogue et Lily, elle est donc évidemment spoilerifique si vous n'avez pas lu le tome 7
Voilà, j'espère que ça vous plaira, on commence avec un grand classique de Goldman.
Envole-moi (JJ Goldman)
Minuit se lève en haut des
tours
Les voix se taisent et tout devient aveugle et sourd
La
nuit camoufle pour quelques heures
La zone sale et les épaves
et la laideur
« Je toucherai pas à ça ! » s'écria Tobias
- Qu'est-ce qu'il y a ? Ca te plait pas ? »
La voix de Mère était inquiète et alarmée, avec une nuance de gentillesse. Mais Severus savait que c'était reculer pour mieux sauter. Au bout d'un moment, elle ne pourrait plus tenir, elle ne pourrait plus rester calme face au déchaînement de fureur de l'homme qu'il n'avait jamais pu appeler « papa ». Et dès qu'elle riposterait, il commencerait à la taper.
« Je t'ai vu faire ! Tu crois que tu peux me tromper ? Y'a cinq minutes rien n'était fait, et maintenant, le repas entier est sur la table ! Tu te fiches de moi ? » aboya Tobias.
J'ai
pas choisi de naître ici
Entre l'ignorance et la violence et
l'ennui
J'm'en sortirai, j'me le promets
Et s'il le faut,
j'emploierai des moyens légaux
Mère se tordait les mains :
« Je n'ai pas eu le temps. Je n'avais pas pu finir de faire la chambre, et je sais que tu n'aimes pas attendre, alors j'ai… »
« J'aime encore moins la bouffe sortie de nulle part ! Tu veux m'empoisonner, hein ! Avoue-le, chienne ! » hurla son père.
« Je vous assure, père, c'est très bon ! » fit Severus en se donnant, malgré sa gorge serrée, un air indifférent et joyeux, comme s'il n'avait rien remarqué.
« La ferme, le monstre ! »
Il reçut en plein visage une violente manchette qui le laissa aveuglé un instant.
« Pas Sev… » commença Mère.
Mais quand il retrouva la vue, ce fut pour voir la poêle brûlante voler en direction de sa mère.
Pas de question ni
rébellion
Règles du jeu fixées mais les dés
sont pipés
L'hiver est glace, l'été est
feu
Ici, y a jamais de saison pour être mieux
Quand il était petit, il pleurait. Il avait passé des heures à pleurer, persuadé que son père allait finir par la tuer. Mais maman avait toujours un moyen de défense, quand ça allait vraiment vraiment mal, elle immobilisait Tobias et lui faisait oublier la raison de sa colère. Elle pouvait aussi guérir instantanément ses blessures, et aussi celles qu'il recevait, lui. Sauf pour son nez, là, elle n'avait pu intervenir que trop tard, et il aurait à jamais le nez cassé. Mais ça lui importait bien peu.
Quelques heures de presque calme : la nuit. Ce soir-là, il entendait encore les éclats de voix de son père, quand il se jeta par la fenêtre de sa chambre. La première fois, il avait été surpris de découvrir qu'il s'immobilisait dix centimètres avant le sol, comme si le temps était suspendu, avant de retomber sans dommage de ses dix centimètres de hauteur. Et dire que les enfants moldus devaient escalader la gouttière, pour s'échapper pendant la nuit !
Il quitta
en courant l'impasse du tisseur, traversa la ville en vitesse et
alla lancer des petits cailloux dans la fenêtre de droite du
pavillon moldu.
J'ai pas choisi de vivre
ici
Entre la soumission, la peur ou l'abandon
J'm'en sortirai,
je te le jure
A coup de livres, je franchirai tous ces murs.
Moldue d'éducation, Lily s'obstinait à sortir de chez elle la nuit en descendant le long de la gouttière. Mais Severus ne pouvait pas lui en vouloir, parce qu'il n'était pas tout à fait sûr que son astuce à lui marcherait aussi pour elle. Il n'avait pas besoin de lui expliquer ce qui l'amenait, et il n'avait pas besoin de lui raconter en détails non plus. Réfugiés dans leur cachette secrète, il avait juste besoin de l'entendre lui parler d'autre chose, ou de répondre à ses questions sur la magie. Bref, il avait besoin d'elle pour se souvenir qu'il y avait des moments de calme dans la vie.
Envole-moi, envole-moi, envole-moi
Loin de
cette fatalité qui colle à ma
peau
Envole-moi,envole-moi
Remplis ma tête d'autres
horizons, d'autres mots
Envole-moi
« Ta maman, c'est quoi son nom de jeune fille ? »
« Pourquoi ? »
« Comme ça, c'est rigolo à savoir comment tu aurais pu t'appeler si ton père avait été ta mère ! »
« Prince. »
« Prince ? C'est le nom de ta mère ? »
Il opina doucement de la tête, sans voir pourquoi ça la réjouissait tant. Elle avait le don de trouver de quoi rire et sourire dans la chose la plus banale. Prouesse à laquelle il n'arriverait jamais.
Me
laisse pas là, emmène-moi, envole-moi
Croiser
d'autres yeux qui ne se résignent pas
Envole-moi, tire-moi
de là
Montre-moi ces autres vies que je ne sais
pas
Envole-moi, envole-moi, envole-moi
Regarde-moi bien, je ne
leur ressemble pas
Me laisse pas là, envole-moi
Avec ou
sans toi, je n'finirai pas comme ça
« Alors, en quelque sorte, on peut dire que tu es un Prince !»
« Un prince, c'est jamais rien que le fils du roi. Ca me correspond bien, tiens, oui, avec le tyran que j'ai pour père ! »
« Mais dans les contes de fées, le prince, c'est toujours le meilleur : il est gentil, fort, beau, courageux, intelligent, jamais rien ni personne ne lui fait peur ! C'est tout toi, ça, aussi ! »
Severus eut un sourire. Et voilà, elle venait d'accomplir la plus puissante des magies sans s'en rendre compte. Cette puissante magie qui lui faisait chercher toujours sa compagnie. Celle qui le faisait sourire et oublier les hurlements et les coups.
« A partir de maintenant, je t'appellerai Prince, si tu veux ! Mais il te faut une princesse ! » fit-elle remarquer en minaudant un peu.
« Elle est devant moi, non ? »
Envole-moi, envole-moi, envole-moi...
