Chapitre XI : L'exécution
Sacha appuya sa tête sur les barreaux d'acier. A l'extérieur, tous les villageois avaient été rassemblés sur la place. Les enfants, trainés de force par leurs mères, braillaient. Sacha regardait la neige tomber sur les pavés usés. Les petits flocons glissaient silencieusement tandis que l'on entendait derrière le brouhaha de la foule.
Soudain, la porte grinça et le garde fit entrer Tyrion. Sacha leva les yeux et lui sourit tristement.
« On dirait qu'ils sont impatient de me voir disparaitre. La Reine n'a pas perdu de temps. », dit elle.
Tyrion soupira. Il ne supportait pas de la voir ainsi elle qui lui avait toujours semblée pleine de vie, et de détermination, elle lui paraissait maintenant grise et terne. Ses deux pieds avaient été enchainées au sol. Sacha lui souris à nouveau.
- Ne t'inquiète dont pas pour moi, Tyrion. Tout ce passera bien…
- Tu ne méritais pas cela, dit-il avec fermeté. Ma cruelle de sœur le sait très bien : tu ne le méritais pas !
Sacha ferma les yeux et leva la tête contre le mur en soupirant. Une forte odeur d'urine et de moisissure lui monta aux narines, lui faisant froncer les sourcils.
- Tu ne sais pas de quoi tu parles, Tyrion.
- Je le sais tout aussi bien que toi ! Ce n'est pas ainsi que l'on puni d'un tel crime ! s'écria-t-il, indigné. C'est bien trop…
- Barbare ? fit-elle. Ma foi je ne connais pas d'exécutions qui n'ont point été 'barbares'. Puis après un instant de réflexion. Bien que je dois avouer que ce coups-ci, ta sœur m'as prise au dépourvue.
Tyrion soupira et se pinça l'arrêt du nez. La jeune fille ouvrit les yeux.
- Je voudrais que tu partes, Tyrion. Je refuse que tu voies cela.
- Je te rappel que tu n'es pas en mesure de décider quoi que ce sois. Il est hors de question que je t'abandonne à ton sort. Je vais te sortir de là !
Sacha le regarda dans les yeux un moment puis secoua la tête.
« Tyrion, Tyrion… tu ne comprends pas. Je n'ai pas l'intention de m'enfuir. Vois-tu, ce qui me différencie d'un monstre, c'est le remord. Je vais affronter la punition que je mérite, dit-elle fermement. Et ce, quel qu'elle soit. »
Le nain soupira bruyamment pour refouler ses larmes.
- Je serais-là, dit-il.
- Non. Je te l'interdit ! s'écria-t-elle, en faisant cliqueter les lourdes chaines à ses pieds. Je refuse que la dernière image que tu ais de moi soit un cadavre en lambeaux !
- Je me fiche de ce que tu peux bien penser. Je n'ai pas d'ordre à recevoir d'un garde du corps borgne, je te rappel.
Puis ils rirent tous deux.
« Ah, j'oubliais, dit Sacha en se levant. J'ai euh… j'ai quelque chose que voudrais te donner avant qu'on m'emmène. »
Il tendit sa main pour qu'elle y glisse son pendentif. Il l'observa un instant puis leva les yeux.
- Tu ne peux pas me donner le collier de ton frère.
- Si ce n'est pas toi qui l'as, ce sera le premier charognard qui se jettera sur ma carcasse. Alors entre un nain philosophe et un charognard, je préfère encore le nain, dit-elle en riant.
Puis la porte s'ouvrit sur le garde. « Messire, vous devez partir à présent. »
Tyrion glissa le pendentif sous sa cape puis les deux amis ce regardèrent un instant avant de se jeter dans les bras l'un de l'autre. « J'ai toujours cru en toi, Tyrion », lui souffla-t-elle à l'oreille. Puis il sortir sans se retourner, car il pleurait.
Sacha s'assis de nouveau au sol et regarda à travers les barreaux d'acier. La neige tombait sans bruit, tandis que les villageois s'impatientaient dans le froid de l'hiver. Elle avait terminé sa tache. Car quoi qu'il puisse se passer à présent, cela reposait entre les mains de Tyrion.
