Disclaimer : Les personnages ne sont pas à moi mais à Oda, seul ce que j'en fais l'est !

Rating : T

Genre : Général, Humour, Romance, Hurt/Comfort

Mesdames - et messieurs, sait-on jamais ? - bonjour, bonsoir !

Me voici avec un two-shot sur le pairing LuccixKaku, dans le cadre du concours lancé par Nathdawn, grande prêtresse de ce fandom !

Les petites modalités du concours, pour rappel :

* une fic en un ou plusieurs chapitres, peu importe le nombre de mots.

* Sur du One Piece, peu importe les personnages mais pas de héros OC ou de Mary-Sue!

* Pairing de son choix, à la limite de l'acceptable.

* Rating indifférent

* La phrase « je t'aime » ne doit y apparaître en aucune façon!

* Mots imposés (en gras dans le texte) : blessure, douleur, bateau, sang, fièvre.

Sur ce, je vous laisse lire en paix !

Bonne lecture


Dans la grande ville de Water Seven, les accrochages avec des pirates grippe-sous ne sont pas rares à la Galley-la Compagnie, société de construction navale dont la réputation n'est plus à prouver. Si cette compagnie a pu faire face aux nombreux pirates jusqu'à maintenant, c'est grâce à la force de ses ingénieurs, véritables combattants hors pair. Les demandes venant du monde entier, le chantier est divisé en plusieurs docks, le principal et le plus réputé étant le dock n°1.

Dans la chaleur de fin d'après-midi, les charpentiers s'activaient sur la construction d'un bateau de guerre, commande importante du gouvernement. Pendu à l'une des poutres de la coque, Kaku vérifiait les armatures de cordes, tirant quelques fois dessus, avant de passer à une autre poutre. Sa tâche finie, il sauta prestement de son perchoir et atterrit sur le sol avec agilité. Il fut accosté par Paulie, un cigare aux lèvres pour ne pas changer.

« Oï, Kaku, il nous manque des panneaux de bois, l'apostropha le fumeur, les mains pleines de cordes. J'ai envoyé Michel en chercher à la réserve tout à l'heure mais il est toujours pas revenu. Tu veux bien aller bien voir ce qu'il fabrique ?

- Aucun problème, assura l'ingénieur.

- J'y serais bien allé moi-même mais je suis pas mal occupé avec cette histoire de cuirasser. »

Sur cette brève entrevue, le jeune roux quitta son interlocuteur, mettant le cap vers le fond du chantier, en direction de l'entrepôt. Il croisa Lucci sur le chemin qu'il salua d'un bref signe de tête. Cela faisait déjà un an qu'ils étaient ici, et ils n'avaient toujours rien trouvé sur Pluton. Quand ils avaient débarqué à Water Seven, ils s'étaient d'emblée présentés pour le poste de charpentier, se rapprochant ainsi d'Iceberg, maire de la ville et éminent entrepreneur.

Des éclats de voix le sortirent soudainement de ses pensées. Sur sa droite, il aperçut un des gréeurs de la compagnie qui faisait des grands gestes en direction d'un groupe de pirates, à n'en pas douter vu leur dégaine. Il reconnut Michel, qui parlait avec animation, le front barré d'un pli d'irritation. Les sourcils froncés, Kaku se posta rapidement près de son collègue, qui afficha un sourire en l'apercevant.

« Un problème, Messieurs ? s'enquit-il poliment, les poings sur les hanches.

Les pirates considérèrent le nouveau venu avec méfiance, le jaugeant de la tête au pied. Constatant qu'il ne s'agissait que d'un gamin, ils s'effacèrent pour laisser place à leur capitaine, un grand type taillé comme une armoire à glace. Trois cicatrices parallèles lui barraient la joue droite, des dreadlocks s'échappaient de son bandana et une barbe de deux jours lui mangeait le menton. Il nota, avec curiosité, la présence de bracelets réfléchissants sur ses avant-bras. Kaku soupira, il pressentait qu'il allait avoir des problèmes avec celui-là.

- Ouais, c'est votre prix, cracha le capitaine. C'est beaucoup trop élevé pour les réparations effectuées sur notre bateau.

- Je vous ai déjà dit et répété que l'expertise est tout à fait juste, riposta Michel, excédé.

- Ça, c'est toi qui l'dis, ouvrier ! »

Sentant la conversation tourner au vinaigre, Kaku enjoignit à son voisin de se taire d'un mouvement tête. Les pirates de ce genre ne sont pas réputés pour être patient. Pendant que le chef renégat s'égosillait tout seul, il demanda quelques précisions.

« Qui a fait l'expertise ? murmura-t-il en regardant son collègue du coin de l'œil.

- Lucci

Voilà qui change tout… Si c'est lui qui a effectué l'expertise, il n'y aucune erreur possible. Lucci ne s'est jamais trompé, ce n'est pas aujourd'hui que ça va commencer. Donc, impossible pour ces pirates d'espérer faire descendre le prix. Cette information prise en compte, il ordonna à Michel de rapporter le bois que Paulie lui avait quémandé.

- Tu es sûr ? hésita l'ouvrier.

- File, je te dis ! Je m'en occupe, assura-t-il, un demi-sourire sur les lèvres. »

Le concerné hésita encore un instant, puis partit sous une deuxième injonction du contremaître. Bon, retournons à nos moutons. Kaku croisa les bras et se concentra sur les malfrats.

« Navré, mais c'est un de nos plus éminents charpentiers qui s'est occupé de votre bateau. Donc, il n'y aucune erreur. Si vous ne pouvez pas payer, je ne peux rien pour vous. Voyez ça avec Iceberg-san.

Mettant fin à la conversation, il s'en retourna sans plus de cérémonie et laissa les pirates en plan. Après quelques pas, un tintement métallique lui parvint, et prit d'une inspiration, il s'écarta brusquement sur le côté. Tournant la tête, il vit une lame épaisse passer à quelques centimètres de son foie. C'était moins une !

- Ne me tourne pas le dos ! s'insurgea le bandit, les traits tirés par la colère. Notre conversation n'est pas terminée ! »

Toute activité avait cessé autour des deux protagonistes, le silence régnait. Les employés brandissaient leurs outils avec hostilité, prêts à intervenir au moindre signe du cadet. Concentré, Kaku restait parfaitement immobile, les muscles tendus à l'extrême, dans l'attente d'une offensive. Un sourire mauvais s'afficha sur le visage du capitaine. Dans la seconde qui suivit, il disparut du champ de vision du jeune ingénieur, surprenant celui-ci. Interdit, il fit un tour sur lui-même. Il cherchait son adversaire des yeux quand il capta un sifflement aigu. Au-dessus !

Il eut juste le temps de se jeter à plat ventre avant qu'un objet non-identifié ne l'embroche. Se retournant sur le dos, il se redressa sur ses coudes et observa, avec stupéfaction, la lame enfoncée dans le sol jusqu'à la garde. Et toujours pas de traces de son assaillant…

« Kaku ! Derrière toi ! »

Il leva la tête précipitamment et croisa le regard du capitaine, qui souriait froidement. Le jeune homme pesta, se hâtant de se relever. Pas assez vite cependant. À demi-debout, il se prit de plein fouet un coup de pied latéral dans les côtes. Il vola dans le décor sous la force de l'impact, quelques ouvriers s'écartant brusquement à son passage, et s'écrasa contre la truelle du chantier dans un clang sonore.

Kaku resta immobile un instant, puis se redressa en se frottant l'arrière du crâne. Toute amabilité avait déserté ses prunelles chocolat, remplacée par une lueur dangereusement assassine. Les charpentiers frémirent, ils ne l'avaient jamais vu dans cet état. Le gréeur se releva en s'époussetant puis récupéra sa casquette tombée durant le choc. Avec lenteur, il sortit les outils pendus à sa hanche et les pointa vers son adversaire, en guise de mise en garde.

« Assez joué »

Il s'élança vers son opposant et porta un coup d'estoc à la poitrine. Le malfrat para de justesse, et répliqua par un coup latéral. L'affrontement fut bientôt une suite de crissements sonores et d'étincelles. Kaku ne mit pas longtemps à prendre l'avantage. Il avait simplement été confus au début, ne sachant pas à quoi s'attendre. Mais, maintenant qu'il avait repris ses esprits, il dominait complètement son adversaire. Acculé, sentant la défaite venir, le renégat eut un geste aussi fourbe que vicieux.

Il orienta ses bracelets réfléchissants en direction du visage de l'ingénieur et frappa ses yeux d'un rai de lumière. Sous cette brusque agression rétinienne, Kaku détourna la tête, se protégeant d'un bras. Il fut trop tard. Une seconde suffit. Une violente douleur se propagea dans son torse, lui coupant le souffle. Lâchant ses outils, Il s'écroula à terre dans un cri de douleur, ses mains crispées sur ses côtes, sous les yeux choqués de ses collègues.

« KAKU !

- LÂCHE ! beugla Tileston, hors de lui. Je vais vous faire tâter de ma masse ! »

Le chantier se transforma en champ de bataille. Les charpentiers se battaient avec férocité. Tileston frappait tout à sa portée, écrasant sa masse sur le crâne des pirates, hurlant à tout va. Alerté par les bruits de bataille, d'autres gréeurs firent leur entrée, accompagnés de Lulu, l'un des cinq contremaîtres du dock. Tout ne fut plus que coups et cris. Chargeeeeeez !, distinguait-on parmi cette cacophonie. Devant la supériorité numérique de leurs opposants, les bandits laissèrent tomber et prirent la fuite, leurs assaillants à leur trousse.

.x.

La tempête passée, les ouvriers se précipitèrent auprès de leur contremaître, qui n'avait pas bougé depuis le début de la querelle. Les mains crispées sur ses côtes, la respiration sifflante, sa veste recouverte de sang, Kaku plissait les yeux en une grimace de douleur, tentant d'endiguer le mal qui lui submergeait le thorax. Paulie arriva peu de temps après, Michel sur ses pas.

« Écartez-vous, bande d'idiots ! Laissez-lui de l'air, nom d'un chien ! beugla le fumeur, les sourcils plus froncés que d'ordinaire.

Fendant la foule, Iceberg arriva, accompagné de sa secrétaire. Il avait tout vu depuis sa fenêtre et s'était dépêché d'arriver sur les lieux. Avisant l'état de Kaku, il entreprit de l'emmener à l'infirmerie sans délai lorsque Lucci s'interposa courtoisement.

- Laissez, je m'en occupe, roucoula Hattori, tandis que son maître s'accroupissait près du jeune homme, un air grave peint sur le visage.

- Je t'accompagne. »

Paulie... À cette affirmation, Lucci planta ses iris dans les pupilles déterminées de son vis-à-vis durant un instant, semblant le jauger du regard. Ils hochèrent la tête de concert, sans un mot, comme une entente tacite. Ils se postèrent chacun d'un côté et attrapèrent les bras du blessé avant de les passer chacun autour de leurs épaules. Ils soulevèrent le gréeur, qui émit une légère plainte, la nouvelle position tirant atrocement sur la plaie. Sa respiration passa de sifflante à erratique en quelques secondes, alarmant les deux porteurs. Ils s'engouffrèrent dans les locaux de la Galley-la en pressant le pas, sous les yeux inquiets des charpentiers, laissant à Tileston le soin de jouer à « tape la taupe » avec les pirates.

Dans les couloirs, Kaku s'efforçait de réprimer ses gémissements, chaque pas se répercutant sur sa blessure. Le chemin vers l'infirmerie ne lui avait jamais paru aussi long. Sa tête commençait à lui tourner et sa profonde entaille aux côtes l'élançait cruellement. Il remercia silencieusement ses accompagnateurs, ses jambes seules n'auraient jamais pu le porter jusque-là.

C'est avec soulagement qu'il reconnut le local créé spécialement pour les employés accidentés. Devant le seuil de la porte, Lucci congédia l'ingénieur aux cordes, affirmant pouvoir prendre la relève. Le concerné opina brièvement de la tête, spécifiant en s'éloignant qu'il serait sur le chantier 3 s'ils avaient besoin d'aide.

Kaku regarda Paulie s'éloigner avec une pointe de nervosité. Il aurait supplié son collègue de rester s'il n'avait pas eu autant de fierté. Avisant l'expression fermée de son chef, c'est avec une certaine appréhension qu'il entra dans l'infirmerie, regardant une dernière fois en arrière, en direction du fumeur de cigares.

Dès que l'invalide fut installé sur la table d'auscultation située contre le mur du fond, l'homme-félin se détourna et fouilla les armoires à la recherche de ce dont il avait besoin pour remettre l'estropié sur pied. Tout à sa tâche, il entendait régulièrement des plaintes en provenance de son patient, même si ce dernier s'efforçait de ne rien laisser paraitre. Peine perdue : Lucci avait non seulement l'ouïe fine mais, en plus, sa respiration chaotique le trahissait aussi clairement qu'un feu en pleine nuit.

Le nécessaire réunit, le propriétaire du pigeon se planta devant Kaku, une lueur de reproche dans le regard, et déposa compresse, désinfectant, chapeau à côté du jeune roux. Sur l'épaule de son maître, Hattori roucoulait doucement, comme pour apaiser la tension ambiante.

« Pourquoi n'as-tu pas utilisé le tekkai ?

- Tu nous as dit de rester discret, se justifia le cadet devant le regard inquisiteur.

- C'est vrai…Mais je n'ai jamais dit que tu devais te laisser faire sans réagir, contra le charpentier par l'intermédiaire de son oiseau. Surtout face à de misérables pirates.

L'aîné afficha un rictus dédaigneux lorsqu'Hattori prononça le dernier mot. Face à ces remontrances, le contremaître ne pipa mot, se contentant d'hocher la tête, penaud.

« Enlève ton haut, il faut que je te soigne avant que la plaie ne s'infecte. »

Kaku ne se fit pas prier et s'exécuta sans rechigner. Si la veste ne posa aucun problème, le t-shirt, en revanche, fut une autre paire de manches. Il gémit de douleur lorsqu'il passa le vêtement par-dessus ses épaules, le tissu imbibé de sang ayant accroché sa blessure au passage. Ceci fait, il jeta le tout au sol sans attendre. Ses vêtements étaient fichus…

Lucci se retourna vers lui, un linge humide à la main, et avisant l'estafilade, s'attela à la tâche. Au moment de commencer, prit d'une hésitation, il se pencha vivement vers le jeune homme, jetant un œil par-dessus son épaule gauche. C'est bien ce qu'il pensait…

Face à cette proximité aussi soudaine qu'impromptue, Kaku cessa tout mouvement et se crispa inconsciemment. Ils étaient tellement proches que cela le troublait. Il sentait son souffle dans son cou, sa chaleur à travers son débardeur blanc, leur torse se toucher au fil de leur respiration et ses cheveux bouclés lui chatouiller la joue par intermittence. Il pouvait presque entendre le battement calme et régulier de son cœur. Ses joues prirent une belle teinte rosée, il n'avait pas l'habitude d'une telle contiguïté.

« Je vais commencer par derrière, annonça-t-il, en se redressant. Baisse-toi. »

Kaku faillit s'étrangler à l'entente de ces mots. Se rendait-il seulement compte du double sens de sa phrase ?! En temps normal, il n'y aurait pas prêté attention, mais voilà, sa proximité récente n'avait absolument pas arrangé les choses.

Ne remarquant pas la confusion de son collègue, Lucci lança un bref regard à Hattori, qui s'envola en un battement d'aile, se perchant au sommet d'une des nombreuses armoires. Il s'éloigna un instant, avant de rapporter une bassine d'eau chaude ainsi qu'un seau qu'il disposa près de la table. Ceci fait, il se pencha pour la seconde fois par-dessus l'épaule de son patient, se positionnant entre ses jambes pour plus de facilité, et enserra le corps mince de ses bras afin d'atteindre le sang qui avait coulé dans le dos.

De son côté, Kaku n'en menait pas large. Sous cette étreinte implicite, ses joues se colorèrent prestement et sa respiration, qu'il s'était efforcé de calmer, avait repris une cadence anarchique à la seconde où l'ingénieur avait commencé à frictionner son dos, passant, sans le vouloir, sur ses points sensibles.

Inconscient du trouble grandissant de son homologue, Lucci se pencha un peu plus, frôlant de ses jambes une zone bien plus érogène du cadet, qui se raidit instantanément. Ajouté à cela le tissu cotonneux qui lui frottait le creux des reins et vous obteniez un mélange explosif de désir et de passion, qui se répercutait directement dans son bas-ventre. Il serra les dents pour ne pas gémir. Pour quoi il passerait, après ? Il agrippa le drap sous lui, et le serra de toutes ses forces, faisant blanchir ses jointures.

Calme-toi, respire à fond.

… Plus facile à dire qu'à faire. Il bouillonnait intérieurement, des vagues de plaisir ne cessaient de déferler dans son corps tremblant, ravageant le peu de contrôle qu'il lui restait, sans qu'il ne puisse rien y faire. Il avait du mal à respirer calmement et il était certain que ses joues rivalisaient avec ses cheveux. Sa lucidité ayant fichu le camp, il sentait ses barrières mentales céder peu à peu et ses lèvres se délier. Il était tellement loin qu'il ne sentait même plus l'élancement de sa profonde entaille.

Pitié, faites que ça s'arrête, il va devenir fou ! Et Lucci qui ne cesse de frôler son bas-ventre ! Un vrai supplice !

Lorsqu'enfin son aîné se redressa, cessant ses frictions gênantes, il ne put s'empêcher de soupirer de soulagement. Mais sa joie fut de courte durée lorsqu'il se rendit compte que, non seulement le charpentier ne s'écartait pas, mais qu'en plus il s'attelait maintenant à la partie avant, pour son plus grand désarroi ! Il en aurait presque gémit de désespoir, pour le coup !

Alors que le gréeur passait l'essuie au niveau de la courbe du cou, il s'arrêta subitement, jetant un œil à Kaku pour la première fois depuis qu'il avait commencé son travail. Les joues rouges, le souffle court, le regard trouble, le corps parcourus de spasmes… Il fronça les sourcils devant son état. Abandonnant sa serviette dans la bassine, il se dirigea vers les armoires, cherchant quelque chose que lui seul savait. Profitant que Lucci avait le dos tourné, l'ingénieur observa le dos musclé de son tortionnaire, ses épaules larges, ses hanches… Son regard descendant toujours plus bas, il s'horrifia lorsqu'il se rendit compte de la taille de son problème personnel. Arg ! Couché ! À la niche !

Il croisa précipitamment ses mains devant la zone à risque, espérant de tout cœur que son soigneur ne se rendrait compte de rien. Lucci revint auprès du blessé, quelques minutes plus tard, et lui tendit deux petits comprimés bleus, accompagnés d'un verre d'eau. Pour la douleur, avait-il expliqué devant l'air perdu du Kaku.

« Et la fièvre, ajouta-il en désignant ses rougeurs du menton. Prends-les maintenant. »

Il attendit que son vis-à-vis ait tout avalé avant de se concentrer sur son boulot. Avisant le linge imbibé, il le jeta dans le seau sans plus de cérémonie, et s'empara d'un tissu neuf, reprenant là où il s'était arrêté. Et voilà, c'est repartit ! Il ne va pouvoir tenir très longtemps à ce rythme, son endurance étant déjà mise à rude épreuve. Kaku ferma les yeux, essayant de faire abstraction de ses vagues de chaleur.

… Mauvaise idée. Privé de sa vue, ses sens déjà émoustillés par le traitement précédent, furent exacerbés au plus haut point. Il ressentait absolument tout… en dix fois pire ! Si bien qu'il lâcha un gémissement sans s'en rendre compte

« Les comprimés ne vont pas tarder à faire effet, entendit-il roucouler. Patiente encore un peu. »

Sur ces mots, le médecin temporaire reprit ses frictions avec plus de vigueur encore, s'attaquant au sang présent sur les pectoraux en de petits mouvements circulaires, titillant involontairement les petits boutons de chairs. Le cadet était certain qu'il le faisait exprès. Impossible que Lucci n'ait rien vu ! Et pourtant, celui-ci restait tout à fait neutre.

Kaku se mordit violemment l'intérieur des joues, il sentait ses tétons pointer à vue d'œil. Le contact provoquait en lui une foule de sensations inconnues, lui envoyant des milliers de papillons dans le ventre. Le souffle erratique, ses rougeurs s'étalèrent sur tout le visage, son problème situé plus bas étant de plus en plus difficile à dissimuler. Il se sentait durcir de seconde en seconde, son pantalon le serrait douloureusement. Il en était au stade où le moindre frôlement provoquait de multiples stimuli, zébrant sa peau de frissons impossible à endiguer. N'y tenant plus, il agrippa le bras de son homologue, qui nettoyait maintenant sa hanche gauche, et détourna le regard lorsque celui-ci reporta son attention sur lui.

« Lucci..., implora –t-il, la voix tremblante.

- Je n'en ai plus pour longtemps, assura la voix fluette de Hattori.

L'aîné s'écarta légèrement, se débarrassa du linge sale et attrapa un morceau de coton à l'aide de pincettes, qu'il imbiba d'alcool pur. Le seul désinfectant disponible, avait-il spécifié devant la tête de Kaku. Reprenant sa position, un détail lui sauta aux yeux.

- Kaku

Le susnommé bougea légèrement la tête, montrant ainsi qu'il avait toute son attention. Il n'était pas sûr que ses cordes vocales puissent assumer leurs fonctions sans le trahir davantage.

- Si tu ne lèves pas les bras, je ne vais pas pouvoir désinfecter la plaie. »

Le charpentier au nez carré se tendit à cette remarque. Comme il tardait à obéir, Lucci posa sa main libre sur son genou, sans piper mot, et agita les pincettes devant son nez, en signe d'impatience. Le jeune roux sursauta à ce contact. Ce simple touché avait enflammé son genou, le feu se propageant à travers sa cuisse comme une trainée de poudre, léchant ses terminaisons nerveuses. Il ne comprenait pas. Comment un simple contact avait-il pu produire un tel effet ?

La chaleur que dégageait cette main était insupportable pour ses nerfs à fleur de peau et là, il n'avait qu'une envie : la bazarder vite fait ! Mais il se retint devant le regard inquisiteur du contremaître et fini par lever les bras avec raideur, déviant le regard avec embarras. Lucci s'attela à sa besogne, sans rien dire, ce qui angoissa bien plus son collègue. Il ne peut pas ne pas l'avoir remarqué !

Dans un silence pesant, l'ingénieur appliqua la solution sur les tissus malmenés. Il entendit Kaku retenir précipitamment sa respiration au contact du coton. Bon dieu, ça fait un mal de chien ! Lorsque le gréeur lui avait affirmé qu'il n'avait trouvé que de l'alcool pour désinfecter sa blessure, il était resté sceptique. Mais, maintenant, il en était certain ! Le brun l'avait fait exprès, il le voyait à son sourire en coin. Charogne !

Malgré la souffrance, Kaku se rendit compte, éberlué, que son corps réagissait encore. Il était confus, son corps, qui aurait normalement dû se calmer sous l'effet de la douleur, reprenait du service avec plus de vigueur. Mais que se passe-t-il à la fin ?! Depuis quelques minutes, sa chaleur corporelle ne cessait de monter en flèche, ses battements de cœur s'accéléraient de façon exponentielle et de la sueur perlait sur sa peau brûlante. Il n'avait plus aucun contrôle sur son métabolisme !

La voix haute perchée de Hattori le coupa dans ses pensées.

« Je vais te faire des points de suture, l'entaille est trop profonde pour se contenter de la bander. »

… S'il n'avait pas eu la tête dans un étau, il aurait juré avoir entendu Lucci insister sur le dernier mot. L'air de rien, le contremaître en débardeur allongea le bras et attrapa, en un mouvement, fil et aiguille. D'une main experte, il ne mit pas longtemps à recoudre les pans de la blessure. Ceci fait, il vint enserrer le torse de son patient, passant une longue bande de tissus sous ses bras avant de faire le tour de l'épaule. Il recommença ce geste plusieurs fois et agrafa le tout, s'assurant que le bandage tenait en place.

Kaku ferma les yeux avec soulagement. Enfin terminé… En revanche, son état ne s'était toujours pas amélioré, il avait même empiré ! Il sentait la douceur du tissu autour de son torse, la proximité de Lucci, son souffle sur sa peau, sa main sur son-… une minute… comment ça une main ? Il rouvrit précipitamment les yeux, et ce qu'il vit le tétanisa sur place. Lucci le regardait droit dans les yeux, à seulement quelques centimètres de son visage, un sourire des plus froids sur les lèvres, le sourire d'un prédateur qui sait que sa proie est faite comme un rat, quoi qu'elle fasse.

Le jeune homme déglutit difficilement, la main vagabonde se baladant allègrement sur sa fine musculature. Il sentit, plus qu'il ne vit, cette main remonter le long de sa hanche, venant flatter ses côtes avant de redescendre dangereusement bas en longeant la ligne des abdominaux. D'un doigt fin, le propriétaire du pigeon défit la boucle de la ceinture, mettant à jour le petit problème du charpentier, qui n'osait plus faire un geste.

Yeux dans les yeux, un bruit de tirette s'éleva doucement dans le silence pesant de l'infirmerie. Kaku crut faire un infarctus, son cœur martelait sa poitrine, ses muscles, tendus à l'extrême, le faisaient souffrir et il n'osait toujours pas bouger. Le sourire qu'ornait Lucci passa de froid à carnassier, tétanisant un peu plus le pauvre ingénieur qui avala sa salive péniblement.

Lentement, l'aîné écarta les pans du pantalon, glissant ses doigts un à un sous la barrière du tissu. L'index, le majeur, l'annulaire… La tension était à son paroxysme.

« KAKUUUU ! »

La porte claqua violemment contre le mur, faisant brutalement sursauter Kaku, qui se dépêcha de couvrir le bas de son anatomie à l'aide d'un drap. Lucci, pas surpris pour un sou, se redressa, récupérant sa main d'un même temps. Le regard froid, il se retourna vers l'importun, passablement irrité par ce contretemps. La main sur la poitrine, le cœur au bord des lèvres, le blessé regarda Tileston franchir le seuil de l'infirmerie.

« ALORS ! COMMENT TE SENS-TU ? hurla le colosse barbu, en levant les bras.

- Arrête de beugler ! le frappa Paulie qui entrait à son tour. Désolé, j'ai pas pu le retenir.

Il se gratta la joue, embêté par son bruyant comparse. Avisant le convalescent, Paulie dépassa le colosse et lança un objet que Kaku rattrapa sans peine.

- Tiens, ta casquette, elle était restée sur le chantier, expliqua-t-il, puis fronça les sourcils en observant le jeune plus attentivement. Tout va bien Kaku ? T'es tout rouge…»

Alors qu'il se rapprochait, Lucci lui barra la route en se postant devant lui. Les mains croisées ainsi dans son dos, les jambes légèrement écartées, il avait une allure peu engageante. Paulie se stoppa dans sa marche.

« Je vous prierais d'attendre dehors, roucoula Hattori, son maître plissant les yeux d'agacement. Je n'ai pas terminé. »

Se décalant un peu, Paulie remarqua les bandages qui attestaient pourtant du contraire, mais devant l'aura peu avenante de leur interlocuteur, les nouveaux venus eurent un instant d'hésitation et se regardèrent du coin de l'œil. Ils reviendraient peut-être plus tard… Ouais, bonne idée… Leur comparse n'avait pas l'air d'être dans de bonnes conditions, de toute façon. Aussi, ils battirent en retraite, n'insistant pas.

La porte refermée pour de bon, Lucci tourna lentement son visage en direction de Kaku. Ils se regardèrent dans le blanc des yeux durant quelques instants. Avec appréhension, le jeune homme au nez carré regarda son ainé se diriger vers la table.

... Paulie ! Tileston ! Revenez !


C'est fini pour aujourd'hui ! Et oui ! La suite dans deux semaines (et oui, vacance oblige !).

J'espère sincèrement que les personnages ne sont pas OOC, ça m'angoisse beaucoup !

Bah, au pire, vous n'aurez qu'à me lancer des tomates par review si ça ne vous plais pas. Attendez, je prépare mon parapluie.

C'est bon allez-y ! Faites pleuvoir les légumes !