Voici un OS écrit pour le tout premier challenge lancé sur le site des Penguins (lien dans le profil de nickki je pense...). Il s'agissait d'écrire un petit quelque chose sur la citation proposée. Je vous préviens: c'est très shippy, assez angst.
Merci à Ellana-san pour la relecture.
Your embrace
Puis-je te tenir une dernière fois,
Pour combattre cette impression qui germe dans mon esprit.
Je sais que je nous ai fait du tort à tous deux,
Je sais que je ne suis pas toujours assez fort.
The Kooks – One Last Time.
Il fut raccompagné par les gardiens, en titubant.
Malgré l'obscurité, Sam ne pouvait pas manquer la trainée de sang qui imbibait sa chemise sur tout un côté. Elle se mordit la lèvre inférieure, réprimant la terreur qui lui tordait le ventre. Tout pour ne pas crier, ne pas l'appeler…
Ils l'avaient frappé encore plus la dernière fois. Juste parce qu'elle regardait.
Retenant sa respiration, elle resta dans le coin de sa propre cellule et ferma les yeux. Ils allaient emmener le colonel dans celle de droite… C'était la sienne depuis qu'ils étaient là. Ils ne pouvaient l'enfermer que là. Les seules geôles destinées à l'isolement étaient celles où ils étaient gardés depuis ce qui semblait être des semaines. Les autres prisonniers étaient un étage plus haut. Là où il y avait quelques minuscules fenêtres, et parfois de la lumière.
Oui… Ils allaient violemment pousser le colonel sur le sol recouvert de paille, dans cet endroit lugubre qui sentait l'urine, et peut-être le frapper encore. Il ne fallait pas qu'elle réagisse.
Elle ne devait pas leur montrer qu'elle était encore assez forte pour se tenir debout. Il ne fallait pas qu'ils sachent qu'elle avait lutté pour repousser le sommeil jusqu'à ce qu'il revienne. Ils prendraient ça pour de la bravade alors que pour elle, il s'agissait simplement d'une nécessité.
Elle avait besoin de s'assurer qu'il était toujours en vie.
Après quelques secondes, elle perçut le bruit d'un corps qui s'écroulait. Un gémissement à s'arracher le cœur, puis quelques rires gras de la part des gardiens.
Aucun bruit de lutte.
Ca ne la rassura pas.
Il devait être dans un état plus que sérieux s'ils ne prenaient pas leur plaisir à le rouer de coups. Ca voulait dire que Baal s'en était déjà chargé.
Ca voulait dire qu'il pourrait mourir…
Il n'y avait pas de sarcophage sur cette planète. Si Baal tuait le colonel, ils ne le récupéraient jamais. Elle ne le reverrait jamais.
C'était la seule chose à laquelle elle pouvait penser depuis des heures, voir des jours.
Bon sang, elle faisait un piètre second.
Une militaire déplorable.
Si le colonel avait été capturé avec Teal'c, ils auraient déjà trouvé un moyen de s'échapper. Ils l'avaient déjà fait.
Elle n'avait pas été assez forte, assez intelligente…
Ils avaient eu une chance, une seule, de pouvoir fuir loin de cet enfer et ils ne l'avaient pas saisie. Le colonel ne l'avait pas saisie, pour être exact. Elle, elle n'aurait pas pu, même si elle l'avait voulu. C'était au tout début de leur captivité, quand ils travaillaient encore comme esclaves avec les autres prisonniers. Avant que Baal ne reconnaisse Jack et ne découvre sa présence.
Les entraves qui retenaient le colonel étaient abîmées. Lui et ses autres compagnons de fortune – ils étaient six à être enchainés au même pan de mur – pouvaient les briser. Il l'avait vu. Il l'avait vu dès la première seconde.
Et il n'avait rien fait.
Elle n'était pas prisonnière des mêmes chaines. Ca aurait signifié la laisser derrière.
Qu'est ce qu'elle lui en avait voulu pour ça ! Il aurait pu sauver sa vie, ou au moins essayer. Au pire, il serait mort libre, comme dit Teal'c… Maintenant, elle n'en voulait plus qu'à elle-même. Elle avait perdu tout espoir de voir la cavalerie arriver.
Daniel et Teal'c ignoraient totalement les coordonnées de leur lieu de détention.
Et Baal semblait bien trop aimer leur présence.
- … Carter
Sa voix était douce, presque chaude. Pas du tout éraillée comme elle devrait l'être. Mais elle ne se faisait pas d'idées il avait mis un temps infini à reprendre son souffle.
Quand bien même il essaierait de plaisanter, elle savait qu'il allait mal.
- Je vais bien, mon colonel.
Le pire, c'est qu'elle ne mentait pas. Son dos ne la lançait plus autant qu'avant et elle avait découvert que si elle restait complètement immobile, dans une certaine position de pseudo-détente, elle arrivait à respirer normalement. Malgré sa ou ses côtes fêlées.
Baal ne les torturait jamais en même temps.
Faire souffrir l'un pendant que l'autre profitait du spectacle était plus jouissif. Plus déstabilisateur…
Il avait établi une relation avec Jack qui lui faisait froid dans le dos.
Assez rapidement pourtant, Jack était parvenu à le mettre suffisamment en rage pour qu'il se concentre sur lui uniquement.
Sortiraient-ils un jour d'ici autrement que les pieds devants ?
Mourir ne serait pas le pire.
Depuis un moment, Sam ne tenait que pour une unique raison : les chances infimes d'apercevoir, même brièvement, le colonel. Le plus souvent, c'était quand l'un d'entre eux était escorté jusqu'à Baal ou revenait. Comme plus tôt, dans l'ombre, alors qu'elle connaissait les risques.
Elle n'en pouvait plus de passer ses journées dans des cellules mitoyennes sans pouvoir voir son visage, toucher sa peau. Vérifier avec une main sur sa poitrine, que son cœur continuait de battre…
L'isolement. La séparation. C'était ça le plus dur.
Si elle devait mourir demain, elle voulait le serrer dans ses bras une dernière fois. Le laisser la tenir, poser sa tête sur son épaule… Comme elle l'avait déjà fait, lors des moments durs qu'ils avaient traversés ensemble.
Parce que ça lui donnerait de la force. Peut-être suffisamment de force pour qu'elle tienne, jusqu'à ce qu'un miracle se produise…
Et si elle ne tenait pas, au moins elle aurait l'impression de ne pas partir sans lui dire, sans qu'il sache… parce qu'il savait, n'est-ce pas ?
Elle n'entendit pas s'agiter dans la cellule du colonel mais quand il appela pour qu'elle s'approche, elle sut qu'il avait bougé.
Il était étendu contre la paroi, la tête cognant contre les barreaux. Elle ne pouvait pas le voir mais silencieusement elle prit la même position.
Elle ne parlait pas parce que si elle ouvrait la bouche, ce serait pour dire tout un tas d'idées pessimistes qui lui passaient par la tête et qu'il ne voudrait pas les entendre ça. Il méritait mieux que ça.
Dans toute sa vie, elle s'était rarement sentie aussi inutile.
- Carter… Cessez de réfléchir.
Son regard se troubla et elle se rendit compte qu'elle pleurait.
Ce n'était pas juste qu'il la connaisse si bien.
Il avait ce dont elle avait besoin, juste là. Mais s'il le savait, ça ne changerait rien. D'épais barreaux les séparaient du couloir, et un mur infranchissable, sans même une meurtrière pour le regarder, les séparait tout court.
Elle se sentait trop idiote pour sécher ses larmes.
De l'autre côté, il y eut un frottement, peut-être un frottement de tissu sur le sol rêche…
Que diable faisait-il ? Il devrait rester immobile. Garder ses forces.
- Venez là…
A travers l'autre cellule, à une distance où elle pouvait la voir, il y avait une main. Grande avec de longs doigts, fort sales mais à vrai dire, elle n'était pas dans un meilleur état.
Elle la prit naturellement, avec plus de douceur encore que les fois précédentes, car elle savait qu'il avait mal. La position dans laquelle il était devait être douloureuse. Et pourtant, il devait en avoir besoin autant qu'elle.
Parce que tous les soirs, il recommençait.
FIN
Une petite review?
