Titre: Gyakuten Saiban ~Turnabout the DL6 case~

Cette histoire est purement fanmade, le monde de Phoenix Wright aka Gyakuten Saiban ne m'appartient pas avec tout ce que ça implique.

WARNING SPOILERS : contient des informations qui sont révélées dans -Phoenix Wright Ace Attorney, Phoenix Wright Justice for all et Phoenix Wright Trials & Tribulations

On a toutes (tous) résolu l'affaire "Turnabout Goodbyes" où le passé de Hunter (Edgeworth) a été révélé, mais on a suivi l'enquête du mauvais point de vue, du point de vue de Phoenix. Mais que se passa-t-il un peu avant cette affaire, quand Benjamin (Miles) trouva la lettre qui lui disait de se rendre au lac, comment ce dernier vivait-il l'approche de l'anniversaire de la mort de son père? Et durant l'affaire, quel était l'état psychologique de notre cher procureur? Et après l'affaire, la vie de Miles a tout de même été sacrément chamboulée, comment voit-il Wright mainenant?

Evidemment, cette fanfic est à tendance yaoi et angsty! Donc au aura droit à un Gumshoe qui épprouve un amour à sens unique pour Edgeworth, un Edgeworth qui se remet en question et qui ne discerne plus la rivalité, la jalousie, et ce qui pourrait peut-être être de l'amour, en ce qui concerne Wright.

C'est ma première fanfiction, quand même, alors soyez indulgents hein! et laissez des reviews que je me sente pas inutiles ç___ç

Pairings: Phoenix/Edgeworth, Gumshoe/Edgeworth (suggéré mais à sens unique, sans raping!!!)

ATTENTION J'UTILISE LES NOMS ANGLAIS!

Récapitulatif explicatifs des noms des personnages:

Miles Edgeworth (Benjamin Hunter)
Phoenix Wright
Dick Gumshoe (Dick Tektiv)
Pesu (Pess) ***
Manfred Von Karma
Franziska Von Karma
Maya Fey
Mia Fey
Lana Sky
Emma Sky
Yanni Yogi
Lotta Heart (Eva Cozésouci)
Larry Buttz (Paul Defès)
Polly (Alice)
Gregory Edgeworth (Henri Hunter)
Maggey Byrde (Maguy Loiseau)
Dustin Prince
Dahlia Hawthorne (Dahlia Plantule)

***D'après Les créateurs du jeu Miles a un chien (un colley apparemment) du nom de Pesu avec qui il est beaucoup plus humain et "cute". On en connait pas vraiment la race, ni le sexe, il a juste été dit qu'il avait "a dog named Pesu".

Sur ce, bonne lecture!

PROLOGUE

25 Décembre, 10h30

« Vous avez de la visite ! »

Miles ne sembla pas faire attention aux mots que lui jeta l'agent. Il continua à fixer le sol. Noir… Tout était noir… Il faisait si sombre… était-ce dû au manque de sommeil, à la peur ou juste aux clignotements incessants de la lampe pendue au plafond ? En tout cas, le sol s'assombrissait de plus en plus, alors que sa vue se brouillait de même. .. Le jeune homme essaya de se concentrer sur le bruit que faisait l'horloge déréglée de la salle de détention pour masquer les voix qu'il entendait raisonner dans sa tête… Mais rien n'y faisait.

-Ça fait quoi, 15 ans ?

15 pénibles et douloureuses années…

-A Peu près, oui.

On aurait dit que sa voix était plus jeune, plus douce, plus faible…

-C'est long, 15 ans. Vous ne pouvez pas imaginer comme j'ai souffert.

Que voulez dire ces tremblements dans la voix de cet homme ?...

-Vous avez… souffert ?

Et c'est ainsi, que la mort…

-Et maintenant, l'occasion parfaite s'offre à moi… Enfin… je tiens ma revanche

Succéda aux ténèbres.

-Joyeux Noël !

PAN !

Arrêtez-ça !…Arrêtez-tout !.. .Arrêtez… Arrêtez-moi…

20 Décembre, au soir

« Bon boulot tout le monde ! à demain ! »

Gumshoe franchit la porte du poste de police, l'air serein… ou soucieux. Ces deux expressions se mêlaient si bien sur son visage qu'il était difficile de savoir à quoi notre inspecteur pouvait bien penser. Pas de choses bien graves sûrement, non, les questions qui trottaient le plus souvent dans sa tête étaient : « Qu'est-ce que je vais manger ce soir ? » « Est-ce que je vais réussir à payer le loyer ce mois-ci ? » ou d'autres questions beaucoup moins subtiles comme « Est-ce que je porte des chaussettes aujourd'hui ?! ». Mais la question qui lui restait toujours sur les lèvres était « Est-ce qu'une certaine personne allait bien… »

-Hey ! Monsieur Edgeworth !

Ces pensées vagabondant, Dick s'était retrouvé à quelques pas d'un parc, plus exactement de l'autre côté de la route. Et qui passait par là, éclairé par la faible lumière d'un réverbère ? Un jeune homme très élégant, aux cheveux châtains clairs un peu grisâtres, emmitouflé dans un grand manteau bleu-mauve. Jeune homme, que l'inspecteur admirait beaucoup… même un peu trop.

L'interpelé se retourna doucement, comme pivotant avec grâce, et regarda en direction de la rue d'en face. Il marmonna quelque chose, mais sa voix cristalline était couverte par les rugissements des voitures. Gumshoe se hâta de rejoindre son procureur préféré, évitant de peu un chauffard imbibé et recevant en passant quelques coups de klaxons. Le jeune avocat esquissa un imperceptible sourire digne de la Joconde devant ce spectacle assez comique, sans pour autant bouger le petit doigt. L'homme à la maladresse naturelle finit par le rejoindre sans trop de mal. Comme dans un mouvement compulsif, ce dernier se gratta la tête de la main droite tout en affichant son plus beau, ou en tout cas plus grand, sourire. Il ponctua son mouvement de petits rires, ou gloussements, saccadés, à cause de la petite course qu'il avait entreprit. Quoique Dick avait toujours un peu de mal à respirer convenablement en présence de Miles.

-Bonsoir Inspecteur. Vous devriez faire plus attention quand vous traversez la route. Vous savez, regarder à gauche et à droite, et de préférence, avant de commencer à débouler dans la rue.

-Ah oui ! Haha, désolé monsieur. Je-J'étais pressé monsieur, je n'avais pas fait attention, monsieur.

-On se demande bien pourquoi… répondit-il avec une touche de gêne dans la voix.

Etait-ce un sourire que Dick crut apercevoir sur le visage de l'impassible procureur ? Quoi que cela puisse être, l'inspecteur au typique blouson kaki se retint de rougir.

-Vous rentrez chez vous ? Il se fait assez tard ! héhé, vous avez eu beaucoup de boulot monsieur Edgeworth ?

-Assez. C'est toujours la même chose, je finis rarement plus tôt, toujours quelque chose à faire ou à finir pour le lendemain et les jours à venir. Un bon procureur ne doit pas avoir beaucoup de temps libre. Le temps libre, c'est du temps perdu.

- Vous êtes dur avec vous-même ! Vous n'avez pas besoin de ça ! Je veux dire, regardez-moi, moi si je veux vivre je suis obligé de sacrifier mon temps de libre, alors que vous monsieur, vous pouvez bien vous réserver un peu de temps ! Vous le mériterez bien !

-Vous pensez… ? Souffla Miles.

Le jeune avocat semblait perdu dans ses pensées. Il n'ajouta pas un mot de plus et continua de marcher, Dick suivant ses pas. Ce dernier n'aimait pas les silences. Surtout ceux de son ami, si seulement il pouvait appeler monsieur Edgeworth son ami. En effet, Miles n'était pas le genre à être appelé facilement « ami » par sa froideur naturelle et sa manie à éviter tout contact qui ne serait pas « exclusivement professionnel ». Gumshoe mettait un point d'honneur à penser que pour lui c'était différent, puisqu'il côtoyait le procureur plus souvent que tous les autres inspecteurs et avait parfois ces petits plaisirs qui étaient de partager le même trottoir que lui sur le chemin du retour.

Décidé à briser ce silence assourdissant, Gumshoe commença par ouvrir la bouche, espérant que le geste allait l'aider à trouver quoi dire. Aucun résultat. Il pouvait bien bénir les cieux que la ruelle soit assez sombre, car rester la bouche ouverte comme un rat mort n'allait sûrement pas faire bon effet à Edgeworth. Comme repris par un tic, Dick se frotta la tête de nouveau, espérant peut-être faire réchauffer ainsi ses neurones et faciliter la création de nouvelles idées. Alors que la tentative semblait déjà vaine, une caresse froide se fit sentir sur sa joue. Ce n'était pas un contact humain, et même si ça y ressemblait Gumshoe se doutait bien que Edgeworth était incapable d'un geste pareil. Non pas qu'il pensait qu'il était dépourvu de sentiments et de bonté, mais Dick savait bien que les contes de fées n'existaient pas…

-De la neige ? Laissa échapper le jeune homme.

En effet, de fins flocons de neige emplirent le ciel, et vinrent se déposer sur la ville. Dick continua à marcher en regardant vers le ciel sans se rendre compte que Miles s'était arrêté.

-Attendez, inspecteur…

Mais ce dernier n'entendit pas l'appel et continua son chemin, perdu dans ses pensées, comme il l'était souvent, d'ailleurs.

-Attendez ! Inspecteur… inspec-INSPECTEUR GUMSHOE !!!

Le brun sursauta avant de pivoter vers le procureur. Celui-ci s'étonna lui-même du ton qu'il avait pris. Miles criait quand il le fallait, et il le fallait souvent. L'entendre crier n'était pas rare, non, ce qui avait surpris l'inspecteur, c'est le ton suppliant qu'avait pris Miles.

-Oh ! Ah ! D-Désolé monsieur ! Je ne vous avez pas entendu ! Pardon ! Vraiment ! Balbutia-t-il.

- Venez par là. Ordonna Edgeworth en essayant de ne pas reprendre le ton de tout à l'heure.

Gumshoe s'exécuta sans remarque. Miles tenait dans sa main une poignait de neige. Il ne frissonnait pas, sa main ne tremblait pas, il avait l'air troublé mais calme.

-Vous êtes pressé ?

-Pardon, monsieur ?

-Est-ce que vous avez le temps de faire un petit détour avant de rentrer ? Si non, je ne veux pas vous retarder et …

-P-Pas du tout monsieur !! … Je, je veux dire, non, personne ne m'attend à la maison. J'ai bien un peu de temps devant moi.

Miles se rapprocha un peu plus de l'inspecteur. Gumshoe devint écarlate. C'est comme-ci Edgeworth l'inapprochable procureur avait dépassé la ligne invisible, qu'il traçait lui-même entre sa personne et le monde extérieur.

-Vous voulez bien arrêter de me fixer bêtement ? Aller, venez, quand la neige finira de tomber, ce parc sera magnifique.

Et il l'entraîna avec lui vers l'entrée du parc qui encerclait un vieux lac abandonné des touristes.

Ils restèrent ainsi sous la neige pendant des heures à contempler les flocons. Le parc était totalement blanc, recouvert d'une couche pur et fine. Le noir du ciel faisait ressortir la beauté de ce paysage de soie. Edgeworth ne regrettait pas d'avoir fini plus tard ce soir. Il se sentait l'âme d'un enfant. Mais « être un enfant » il avait oublié ce que c'était, il savait surtout tout ce que ça impliquait : être faible, ne rien comprendre à la vie, être naïf… Les plaisirs de l'enfance, c'est quoi ? Edgeworth aurait très bien pu se mettre à se rouler dans la neige à déclencher une bataille de boules de neige avec l'inspecteur. Mais c'était comme si il ne savait pas comment « on fait ». Il ne s'en souvenait plus. Être un enfant, pour lui, c'était un rêve lointain qui ne ressurgissait même pas la nuit. Alors il restait là, silencieux, calme, mais pas serein, assis là sur un banc aux côtés de Gumshoe. Le contact de la neige sur sa peau lui faisait un bien fou. Il n'y avait plus personne autour de lui, il en oubliait même la présence de l'homme près de lui, ne ressentait plus la lumière des réverbère sur sa peau. Il ne sentait plus que le froid de la neige, sa douceur, sa délicatesse. Et là il eut une pensée qui le dérangea, le troubla. Cette sensation il ne la ressentait qu'en la présence d'une certaine personne, et bizarrement, il pensa à elle…

Dick riait comme un gamin. La neige il aimait ça. Mais il aimait surtout jouer avec. Une envie grandissante le pris ; il se retint, sa jambe bougeait comme dans un mouvement compulsif. Il mourrait d'envie de jeter une boule de neige à son procureur adoré. Gentiment bien sûr ! Gumshoe avait trop peur de casser cette poupée de porcelaine. Mais il sentait bien au fond de lui, que cela aurait été déplacé.

-Je ne savais pas que vous aimiez la neige monsieur Edgeworth ! Héhé.

-Tout le monde aime la neige inspecteur.

-Ah oui, sans doute *gratte gratte* J'espère qu'elle tiendra jusqu'à demain ! Oh et qu'il neigera le jour de Noël également ! C'est dans quelques jours et…

Dick se tut soudain. Edgeworth frissonnait, tremblait même. Mais il ne semblait pas s'en rendre compte. Il ne le faisait pas remarquer. Il était trop dans la lune pour remarquer que le froid l'emportait. Et là, Gumshoe eu une réaction surprenante, enfin pas tant que ça, mais elle avait de quoi être déroutante… Il serra Edgeworth l'enveloppant de la même manière de son blouson kaki qui devait bien faire le double de la largeur du manteau du procureur.

-Monsieur vous tremblez !

Ce fut les seules paroles prononcées par Dick. Edgeworth était au paroxysme de la confusion. Lui qui d'habitude savait réagir à la seconde, ne comprenait rien à la scène. Tout ce qu'il arrivait à comprendre c'était que l'inspecteur venait de franchir la ligne rouge. Miles aurait pu s'énerver, se retirer violemment, lancer une de ses vantardises dont il avait le secret, mais il sentait que parler rendrait la scène des plus embarrassantes. Malgré le froid, son teint vira au rouge, ou à une couleur très proche de celle de son veston. Là, il frôla la main du maladroit, la main brûlante du maladroit, et se rendu à l'évidence ; Il était bel et bien frigorifié ! Edgeworth décida que le geste de Gumshoe n'était que de bonne intention, et que l'excuse était acceptable.

-Inspecteur, je vous prierais de me lâcher maintenant. Je… J'étouffe.

-Oh ! Ah ! P-Pardon monsieur Edgeworth ! J'ai agit—

-Sans réfléchir, je sais. Bien, si ça ne vous dérange pas, je pense qu'il est temps de rentrer.

-O-Oui ! Je…Ah…

Quel idiot ! pensa Dick. Non mais à quoi pensait-il ? Sauter ainsi au cou de M. Edgeworth ! Il fallait être bien téméraire pour oser pareil geste déplacé ! Et voilà qu'il le rejetait poliment… Dick aurait préféré être frappé ou réprimandé comme il l'était souvent par l'avocat, mais non, il avait du déstabiliser le jeune homme… Quel idiot ! Il avait été un peu trop amical, trop familier. L'inspecteur n'y pouvait rien, c'était dans sa nature, et il devait retenir « cette nature » face à son avocat de génie, son avocat asocial.

-Laissez-moi vous raccompagner ! Il se fait vraiment tard et vous pourriez…

-Me faire agresser ? Inspecteur, je vous remercie pour votre « professionnalisme » mais je sais me défendre seul, je n'ai pas besoin de garde du corps. Sur ce, je vous laisse. Bonne fin de soirée Inspecteur Gumshoe.

Il se leva assez rapidement, mais ne pressa pas le pas. Il n'avait pas très envie de rentrer, n'avait pas envie de marcher, avait envie… qu'on le retienne.

-Ah, et… Merci encore d'avoir accepté de m'accompagner jusqu'ici.

Dick redressa la tête, se frotta énergiquement la tête, sans mot. Il cru percevoir… de la gentillesse ( ?!) dans la voix de Edgeworth.

-Et ne vous faite pas écraser par une voiture sur la route en rentrant ! Vous n'êtes pas irremplaçable, mais nous manquons déjà d'effectifs aux affaires criminelles alors… ajouta le jeune homme tout en marchant, de son ton moqueur et froid.

Gumshoe sourit. Ça, c'était le procureur qu'il connaissait. Il ne lui en voulait donc pas. Rassuré, Dick préféra attendre que Miles se soit éloigné pour se lever et rentrer chez lui.

Un peu plus tard…

-Bonsoir Monsieur Edgeworth ! Comment vous allez ?

Le vieux gardien de l'immeuble fit un signe de la main au procureur, et lui adressa un grand sourire quelque peu édenté.

-Très bien, merci. Bonne nuit.

-Bon' nuit monsieur ! Pesu est bien au chaud en haut, i vous attend avec impatience !

-Vous pourrez le garder encore demain ? Je finirais tard.

-Aucun problème ! C'est un n'amour !

Miles hocha la tête comme pour approuver, et commença à entamer les marches de l'escalier de l'entrée.

-Pr'nez donc l'ascenseur pour' une fois monsieur ! Vous d'vez êt' fatigué, vous n'avez même pas pris vot' voiture pour aller au travail aujourd'hui ! Vos pieds doiv' êt' en compote !

-Non vraiment, merci pour l'offre, j'aime marcher. L'effort ne m'effraye pas…

Arrivé au 3ièm étage, posté devant la porte, il chercha machinalement ses clés. Le dos un peu courbé, il introduit la clé dans la serrure, tourna, et ouvrit. Une ombre d'au moins un mètre fonça sur l'avocat essoufflé et le renversa à terre. La bête velue écrasait Miles de tout son poids. Plaqué au sol, ce dernier ne pouvait plus bouger, il agitait les bras et les jambes, en vain. L'animal se mit à lécher abondamment le visage du jeune homme et remuait la queue avec fougue.

-Pesu ! Mais arrête ! Lâche-moi ! On ne peut pas rester comme ça étendu dans le couloir ! Chuchota le maître à son chien.

Le Colley pencha la tête à droite tout en poussant un petit couinement. Edgeworth le fixa longtemps du regard, puis pencha la tête de la même manière. Le chien s'exécuta tout de suite et laissa son maître se relever et entrer dans la chambre.

Dès que la porte fut refermée, l'animal retenta un bond et Miles se retrouva de nouveau à terre, mais cette fois au lieu de réprimander la bête avec son air contrarié, il se décrispa et sa grimace se mua en un doux sourire adressé à la bête :

-Vilaine ! Haha quelle coquine tu fais ! Viens là !

Miles caressa frénétiquement la tête de sa chienne. Celle-ci poussa quelques petits aboiements de plaisir et lécha de nouveau le visage du procureur tendrement.

-Tu m'as manquée ma belle ! Regarde-toi tu es toute sale ! Je vois que le gardien a bien suivi mes directives et t'a amené en promenade cette après-midi ! La femme de ménage aurait quand même pu essayer de te nettoyer un peu.

Miles déposa un baiser sur le front du chien et se releva pour se déchausser. Il posa ensuite ses chaussures bien alignées dans un coin près de la porte. Se redressant, il ôta son manteau et l'accrocha. Edgeworth alluma le lustre du hall, et posa son attaché-case sur le meuble prévu à cet effet. Il remarqua bien évidemment les traces boueuses laissées par le chien sur le tapis persan.

-Un tapis à 800 euros tout neuf. Ne me fais pas acheter un tapis par mois Pesu, je t'en prie.

Miles essaya de garder son calme face aux tâches… Miles était un maniaque des affaires réglées proprement, mais il était avant tout un maniaque du ménage ! Il serra le poing, et resta figé devant l'état déplorable du tapis persan. Il n'était pas à côté de ses sous, loin de là, mais détestait le gaspillage, et bien évidemment, le désordre et la saleté. Il avait changé de femme de ménage plus de 20 fois en seulement un mois, trouvant toujours qu'elle n'était pas à la hauteur. Il restait convaincu qu'il n'y avait pas meilleure femme de ménage que lui…

-Attends-moi dans la salle de bain ma grande, je me change, nettoie ça et viens te laver.

Il fit un signe de la main au chien qui, semblant comprendre, se rendit dans la pièce au fond.

Quelques minutes plus tard, Miles, ayant fini de faire prendre son bain à Pesu, entra dans la cabine de douche. Le bruit des gouttes d'eau sur sa peau et le carrelage était assez fort. Miles, l'esprit vagabondant ne l'entendait pas, il n'entendait plus rien. Il resta immobile sous le jet d'eau pendant un moment, passant sa main dans ses cheveux quelques fois, essuyant les gouttelettes qui se frayaient un chemin vers ses yeux. Tout à coup, il s'appuya contre le mur de la cabine et se laissa glisser, jusqu'à se retrouver accroupi, le visage enfoui dans ses mains. Miles se sentit exploser de l'intérieur, il se laissa aller à pleurer, pleurer, pleurer, encore et encore. Son visage était crispé, sa bouche s'ouvrait largement pour ne laisser échapper que quelques râles ponctués de tremblements. Miles laissait s'évacuer toutes les émotions qu'il emmagasinait dans la journée. Il procédait ainsi presque toutes les semaines, parfois même plusieurs fois en sept jours. Il entoura ses jambes de ses bras et baissa la tête. Alors qu'il se vidait de son mal-être, des voix, des bruits, se succédaient dans sa tête. C'était comme avoir une bombe dans la tête. Des images défilaient devant ses yeux, il étouffait sous l'eau chaude. Quand plus aucune larme n'osait couler, quand il n'y avait plus rien à pleurer, quand l'épuisement succédait à ce qu'appeler Miles « sa folie », ce dernier se relevait doucement, essuyait vigoureusement son visage et commençait sa toilette.

Ça ne finirait jamais. Chaque jour il fallait vivre avec. Et un jour il faudrait mourir avec…

Miles se posait chaque soir la même question : « Suis-je fou ? » Aucune réponse, évidemment. A 15ans c'était la même chose, mais il se disait que c'était sûrement du à l'adolescence. Le « mal de la jeunesse », un mal qui prenait tout le monde à cet âge. Mais à 24ans, qu'est-ce qui pouvait le rendre si malade ? Le stress ? Le boulot ? En fait, il pouvait y avoir plusieurs réponses, mais aucune ne lui suffisait. Mais au fond de lui, il savait d'où venait le problème, il essayait juste de ne pas voir l'évidence, se forçait à ne pas chercher plus profondément… ça faisait beaucoup trop mal.

Miles enfila sa robe de chambre aux tons fuchsias, sortit de la salle de bain en essayant d'éviter son reflet dans la glace. Quelle idée aussi de poser des miroirs sur tous les murs de sa salle de bain… Il traversa de nouveau le hall pour se rendre à la cuisine. Le parquet grinça sous ses pas. Il atteignit le réfrigérateur et en sortit une bouteille de whisky de la main droite, puis attrapa un verre à pied de la main gauche. Il se rendit dans le salon, laissa la lumière éteinte pour profiter des lumières de la ville qu'on pouvait apercevoir depuis son immense baie vitrée. Il rejoignit le Colley aux poils longs et brillants sur le sofa, posa la bouteille sur une table basse en chêne, et se servit un verre. La chienne voulut repousser le verre de son museau.

-Ne t'inquiète pas, juste un verre ! Me saouler me rendrait encore plus triste, je n'ai pas besoin de ça. Je n'ai besoin que de toi.

Et il lui caressa la tête lentement tout en entamant son verre.

-Un « Dun Eideann », années 80, goût boisé, beaucoup de caractère, long en bouche. Sa couleur claire ne laisse vraiment pas supposer qu'il a un goût aussi riche………. Excellent.

A Suivre…