Meeting on the docks

Chapitre 1

Je me rangeai rapidement contre le mur pour laisser passer l'homme qui montait l'escalier en le connaissait de longue date mais, à chaque nouvelle rencontre, je ne pouvais m'empêcher d'éprouver ce dégout, cette amertume, cette pitié dont quoi qu'il arrive, je sentais mon cœur se gonfler. On me l'avait dit souvent lorsque j'avais décidé de devenir assistant sociale, on m'avait prévenu... Il faut beaucoup de tête et pas trop de cœur pour réussir dans cette rude profession. Il faut une lucidité totale et un amour sans sensiblerie. Peut-être que ce que j'appelais moi sensibilité n'était en réalité qu'une sensiblerie mal déguisée. Peut-être que j'aimais trop ces malheureux à qui j'essayais, souvent sans succès, de faire un bien. Il aurait fallut être plus rude et plus sure de moi, plus sévère et plus équilibré. Il aurait fallut tant de chose! Mais j'y mettais tout mon cœur et lorsque j'échouais j'avais mal.

l'homme me reconnut et s'arrêta, me fit face. Je lui souris. un sourire tremblant, sans assurance, un sourire quand même et j'y avais du mérite... Quel âge pouvait-il avoir ce Vincent Crabbe? trente ans, trente-cinq ans au maximum; son visage demeurait jeune malgré l'avachissement des traits, les poches sous les yeux, mais sa silhouette, sa démarche était celle d'un vieillard. Il chantait, d'une horrible voix éraillée. Il eut un hoquet et l'odeur de whisky pur feu qu'il avait bu vint à moi. Je demeurait appuyée au mur de l'escalier, écaillé, crasseux et qui collait au paumes. Il se mit à rire:

-Tiens, c'est encore vous, Monsieur Potter! Décidément, vous vous y plaisez, dans notre palais, hein! Ca vous amuse si fort de la voir de près la misère? C'est une espèce de vice chez vous?

J'avais l'habitude maintenant, je ne rencontrais le plus souvent, au cours de mes tournées que ce type de réaction, mais aussi de la méfiance, de l'incompréhension, de l' irone et pire encore souvent, jalousie ou haine. Pour un foyer ou j'étais accueillie avec joie et reconnaissances, combien d'autre me rebutait et me tournait en dérision en me fermant la porte au nez m'affirment qu'on ne m'avait pas sonnait et qu'on ne demander pas la charité.

Il aurait mieux valu sans doute ne pas avoir vingt-quatre ans, posséder un visage comme le mien, un visage plus austère, comme celui de mon collègue Severus Snape, qui semblait mieux convenir à la charité telle qu'on la comprend d'habitude... Je le reconnais sans aucune prétention, on n'est pas responsable de son physique. Il est certain que le mien ne dessert complètement. Mes cheveux trop en épi noir corbeau, mes yeux vert trop doux, et cet air enfantin dont je ne parviens pas à me défaire... Oui cela me desservait. Si j'avais été plus âgé, plus masculin, plus laid, peut-être m'aurait-on accueilli avec plus de sérieux.

Lorsque quatre ans plus tôt, je m'étais décidé pour cette profession de dévouement, je ne m'étais pas dissimulé l'ingratitude de la tache, je savais très exactement ce qui m'attendait. Mon entourage avait tout fait pour me dissuader, mais en vain. J'avais demandé que me soient confiés les quartiers de Londres, les plus pauvres, les refuges de la plus sordide miser, ceci autant pour éprouver par moi-même la valeur de ma vocation que pour faire taire les sceptiques qui attendaient mon découragement.