Cette fiction est dédiée à mon meilleur ami Picotti, pour son anniversaire, que je lui ai souhaité hier. Avec son accord, je vous fais partager cette fiction, que je n'ai pas encore totalement écrite. J'espère qu'elle vous plaira...
Chapitre 1 : Prologue
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Il faisait nuit et d'après la lune et la cloche d'une église moldue, il était trois heures du matin. Cela faisait déjà cinq jours qu'elle traquait ces deux voleurs. Ils ne payaient pas de mine, l'un était un grand échalas avec un air un peu stupide sur le visage, l'autre un petit râblé qui devait diriger les opérations. Pourtant, à eux deux, ils avaient déjà réussi à cambrioler plusieurs maisons de sorciers et moldus confondus. Leurs cibles favorites restaient ces derniers, dont les gadgets de protection se trouvaient inutiles face aux sorts. Elle se demandait même si la perspective de leur faire peur n'excitait pas également les deux malfrats. C'était l'une de ses dernières missions, avant son diplôme. Dans quelques jours, elle aurait un équipier et serait titularisée au ministère de la magie.
Comme d'habitude, Maugrey avait décidé de la faire travailler jusqu'à l'épuisement. Jusqu'à ce qu'elle baisse enfin sa garde, s'exposant ainsi potentiellement au danger. Et qu'elle comprenne que sa résistance était essentielle dans le métier qu'elle allait exercer. Vigilance constante. Nymphadora Tonks ne risquait pas d'oublier ces deux mots qui avaient rythmé l'ensemble de son apprentissage en tant qu'auror. Il lui semblait les avoir entendu tous les jours.
Il lui arrivait encore parfois de se demander pourquoi il l'avait choisie elle, comme élève. Pourquoi pas un de ses camarades, sans doute plus doué qu'elle ? Pourquoi avoir choisi cette fille qui s'obstinait à garder ses cheveux roses même en couverture, qui s'évertuait à faire tomber tout objet qu'elle frôlait tant sa maladresse était légendaire, qui détestait suivre les ordres et ne le faisait que parce qu'elle y était obligée à la baguette ?
Elle échafaudait souvent des théories pour répondre à ces questions. Malheureusement, c'était également souvent les jours où elle se sentait misérable. Ces jours où il l'avait houspillée tant de fois qu'elle en avait perdu le compte. Ces jours où elle était fatiguée à l'excès et ne rêvait que de s'endormir dans un sommeil sans fin. Ces jours où chacun de ses os, chacun de ses muscles, chacun de ses tendons, lui rappelait douloureusement son existence. Ces jours où elle n'espérait plus avoir son diplôme et redoutait le lendemain comme s'il était le dernier où elle se lèverait en tant qu'apprenti auror.
Ces jours-là, ou plutôt ces nuits-là, elle imaginait toutes sortes de réponses, dans ses rêves agités. Il s'agissait souvent d'une erreur, que le maître de la protection regrettait amèrement. Parfois, elle imaginait même qu'on la lui avait imposée, comme une sorte de punition pour un acte particulièrement hors de la procédure qu'il aurait commis. Parfois que c'était elle qu'on voulait punir de son impudence, de son culot, qu'on voulait décourager de devenir auror en l'associant au plus rustre d'entre eux. Mais de plus en plus, une autre idée faisait son chemin dans son esprit. Une autre idée qui lui glaçait le sang. Et si… et si on lui avait demandé de la surveiller ? Ou s'il avait décidé de lui-même, de la surveiller ? Que c'était pour cette raison qu'il l'avait pris comme apprentie ?
Personne n'ignorait que sa mère était une Black. Personne sans doute n'ignorait non plus que sa famille était fâchée avec elle depuis des décennies, depuis que sa mère avait épousé son père, un né-moldu. Cependant, tout le monde savait que les couvertures étaient faciles à mettre en place. Et qu'ils avaient très bien pu garder de bonnes relations avec elle simplement pour ses dons de métamorphomagie. Parce que quand il s'agissait de se salir les mains, n'importe quel sang-mêlé faisait l'affaire. Cette idée la dégoûtait au plus profond d'elle-même.
La jeune femme savait parfaitement que tout bon auror aurait fait des recherches et examiné de près ses relations avec la famille Black en raison de leur condition de mangemorts avérés. Tout bon auror l'aurait mise sous surveillance, afin de vérifier qu'ils ne formaient pas une espionne à la solde du Seigneur des Ténèbres. Quand bien même on disait que la Guerre était finie. Certains ne le pensaient pas, comme ce jeune Harry Potter que certains écoutaient avec attention. Et quelle meilleure surveillance que celle d'Alastor Maugrey Fol'œil. Personne ne pouvait l'égaler dans le démasquage d'espions. Personne n'était à sa hauteur. Et c'était peut-être pour cette raison qu'il avait choisi cette apprentie maladroite qu'elle était à ses débuts. Elle qui ne voulait ressembler en rien à sa famille, elle qui reniait tout lien de parenté avec eux et qui en avait été à jamais bannie se retrouvait à apprendre aux côtés du plus grand par leur fait. Difficile à croire mais sans doute la triste vérité.
Une baguette se pointa sur sa hanche. Elle avait baissé sa garde. Elle s'était allée à des pensées sordides en pleine mission. Elle avait oublié de faire attention à ses arrières. Et à présent, on la menaçait. Et on allait sans doute lui faire payer sa surveillance. Dans une petite ruelle, derrière les réserves vides d'un bar à l'angle de la Grand Rue, elle avait pensé pouvoir observer en toute tranquillité le duo opérer dans une maison moldue en face. Elle avait réalisé un bref sort de camouflage. Elle voulait pouvoir les prendre en flagrant délit, ce qui n'était encore jamais arrivé. Elle arrivait toujours trop tard. Cette fois-ci, elle les avait suivis pendant des heures avant d'attendre qu'ils fassent leur casse. Et à présent, elle allait rater sa mission à deux doigts de la fin. Rageant. Lentement, la jeune femme voulut se relever de la barrique derrière laquelle elle s'était cachée.
« Vigilance constante ! » souffla une voix énervée à son oreille. « Et rabaisse-toi, petite idiote, si tu ne veux pas qu'on se fasse repérer ! »
Non, vraiment. Il n'y avait que son instructeur pour lui faire ce genre de « plaisanterie ». Et il venait une fois de plus de lui prouver qu'elle n'était pas suffisamment sur ses gardes. Elle allait encore en entendre parler pendant des jours, et serait mortifiée à chaque mention de cet événement. Il fallait absolument qu'ils coincent ces deux voleurs, sinon, sa mission serait un échec complet, et elle pourrait peut-être même dire adieu à son diplôme. Une tape vigoureuse à l'arrière de la tête l'arracha à ses pensées. Maugrey avait toujours le chic pour faire ça quand il sentait qu'elle n'allait pas bien. C'était sans doute sa façon de lui dire que ça n'était pas grave et qu'il fallait se concentrer.
Effectivement, ils n'eurent à attendre que quelques minutes avant d'être satisfaits. Pour une raison que les deux aurors – ou futur auror – ignoraient, leurs deux pistes avaient décidé de prendre l'air en marchant, leur butin sur l'épaule, sans doute enveloppé dans le sac que tenait le grand échalas, au lieu de transplaner. A moins qu'ils ne soient pas très à l'aise avec cette technique. Lentement, les deux représentants de l'ordre sortirent de leur ruelle, et attendirent que leurs cibles soient moins à l'écoute des bruits qui les entouraient pour s'avancer à leur tour dans la rue principale. Là, ils n'hésitèrent pas longtemps et n'eurent qu'à échanger quelques signes de tête et de main avant de prendre par surprise leurs deux truands et de les désarmer aussitôt. Ces deux-là étaient peut-être doués en vol mais assez peu en défense, semblait-il.
Une fois les deux malfrats hors d'état de nuire, Tonks alla, comme l'indiquait leur procédure, vider le sac dans le bureau d'un commissaire de police moldu avec lequel ils avaient l'habitude de travailler et qui était au courant de l'existence des sorciers. Elle lui emprunta un crayon dans un pot, fouina pour trouver une feuille, et y ajouta un mot expliquant brièvement la situation afin qu'il puisse rendre leurs biens à leur propriétaire et éviter les soupçons qu'auraient entraîné des objets pêle-mêle dans leur salon. Puis elle transplana de nouveau près de son maître. Ensemble, ils utilisèrent le transplanage d'escorte pour ramener les deux loustics au Ministère où ils seraient jugés sans doute le surlendemain, le temps qu'elle boucle son rapport.
La jeune femme était épuisée lorsqu'elle revint des cellules dans lesquelles elle les avait faits enfermer. Elle se sentait nauséeuse et le manque de sommeil commençait à se faire sentir. Il était temps qu'elle aille se coucher. Enfin. Qu'elle retrouve son petit deux pièces qu'elle louait pour une bouchée de pain dans une rue miteuse du Londres sorcier.
Dès qu'elle avait su qu'elle était prise en formation, après ses études à Poudlard, elle avait cherché un appartement à louer. Elle ne voulait pas rester à vie chez ces parents et être comme ces sorciers de son âge qui ne passaient leur temps avec eux, comme s'ils avaient cinq ans. Elle avait dix-sept ans à l'époque mais elle s'estimait suffisamment indépendante pour se débrouiller seule comme elle l'avait fait durant toutes ses années à Poudlard. Et si elle ne partait pas dès à présent, elle ne partirait jamais. Sa mère était déjà bien trop inquiète de la voie que sa fille avait choisie.
Pourtant, quand la jeune femme aperçut Maugrey qui l'attendait à la sortie des ascenseurs, avant la sortie du ministère, elle sentit qu'elle n'était pas encore là d'aller se coucher. Elle croisa les doigts d'une main dans son dos pour ne pas tomber sur une nouvelle mission ou un autre entraînement. Elle était exténuée et ne tenait pas à faire les frais d'autres remarques acerbes.
« Et les moldus qui ont été cambriolés cette nuit ? Comment comptes-tu leur faire oublier que des sorciers ont pratiqué la magie devant eux ? En croisant tes doigts dans ton dos, peut-être ? » aboya-t-il.
Bien sûr. Elle avait oublié une partie de la procédure. Le sort d'oubli pour protéger le secret de la magie. Et croyez-vous qu'il le lui aurait dit avant qu'ils ne partent ? Bien sûr que non, il avait attendu de voir qu'elle allait rentrer chez elle sans y avoir pensé une seule fois pour le lui dire. Elle soupira. Vraiment, ce soir n'était pas sa journée. La jeune femme se dirigea vers la porte de sortie du ministère pour transplaner à l'extérieur. Elle supportait déjà mal ce genre de transports, si en plus elle devait traverser les sous-sols, jamais son estomac ne le supporterait.
« Demain soir. Je te veux en forme. Une réunion t'attend. Il me semble que tu es prête à y participer. » lui lança son instructeur.
Elle se retourna, interrogative, mais ne trouva que le vide. Il avait disparu. Sans explication. Encore une fois. Résignée, elle prit un bol de l'air frais de la nuit avant de transplaner encore une fois. Elle se souvenait heureusement assez bien de l'endroit. Ils l'avaient observé durant tant de temps qu'elle avait eu la capacité d'en mémoriser les moindres détails. A présent, il s'agissait d'entrer dans la maison et de jeter discrètement un sort d'oubli à chacun des membres de la famille.
Elle espéra alors qu'il n'y avait bien que les deux parents. Elle n'avait pas vu les enfants durant ses heures de planque et avait cru surprendre une conversation disant qu'ils étaient à la campagne chez leur grand-mère. Cela ferait deux sorts de moins à lancer. Et deux occasions de moins de se faire remarquer par sa maladresse. Cela ne pouvait pas lui faire de mal.
Rapidement, elle entra dans la demeure et opta pour l'étage. Les chambres se trouvaient toujours à l'étage, dans les maisons, n'est-ce pas ? Elle y trouva ce qu'elle cherchait et sans un bruit, lança le sort aux deux moldus qui étaient heureusement parvenus à se rendormir. Fière de sa discrétion, elle descendit plus rapidement l'escalier. Jusqu'à se prendre dans le portemanteau et le faire vaciller. Coinçant à toute vitesse sa baguette derrière son oreille, elle le rattrapa du mieux qu'elle put avant de le remettre en place. Et de sortir de la maison en verrouillant la porte.
Mission accomplie. Bon, peut-être pas avec brio ni panache mais au moins, elle avait terminé. C'était déjà pas mal. Et dire qu'elle devait avoir son diplôme dans quelques jours – on ne lui avait pas encore communiqué la date – et qu'elle jouait encore à l'auror et au voleur quand elle avait rêvé de poursuivre des mages noirs et de purifier enfin son sang, à sa façon. En le lavant de toutes les horreurs de sa famille.
Elle rentra chez elle et s'effondra sur son lit. Le sommeil eut raison d'elle avant même qu'elle n'essaie de connaître la raison pour laquelle Maugrey voulait la convoquer pour une réunion. Tant pis. Elle verrait plus tard. Le lendemain. Ça ne pouvait être si important que ça de toute façon…
