Titre : Given in Evidence

Fic originale: /s/7829862/1/Given_In_Evidence

Auteure : Verityburns

Traductrice: Falyla

Paring: Sherlock Holmes / John Watson

Rating: M

Etat de la fic originale : en cours, 12 chapitres en ligne, Verityburns poste le lundi, une semaine sur deux.

Disclaimer: Les personnages appartiennent à l'univers de Sir Arthur Conan Doyle et aux créateurs de BBC Sherlock. L'intrigue est à Verityburns, avec son aimable autorisation. Seule la traduction est à moi.

Warning : Homophobes, s'abstenir. Cette fic est un yaoï. Cela signifie qu'elle parle de relations homosexuelles entre deux hommes. Si vous ne supportez pas cette idée, passez votre chemin, cette histoire n'est pas pour vous. Tous les autres, lecteurs avertis ou simples curieux, vous êtes les bienvenus.

Note de la traductrice : D'après Verityburns, plusieurs personnes se sont proposées pour commencer la traduction française de cette fic mais n'ont plus donné signe de vie depuis. C'est pourquoi elle m'a aimablement donné son accord ce matin. Je sais que cette histoire connaît un succès phénoménal en vo, j'espère que je me montrerai à la hauteur.

En principe, je devrais poster une fois par semaine jusqu'à ce que je rattrape Verityburns et ensuite, au fur et à mesure de ses propres mises à jour.

Bonne lecture.

Chapitre 1 – La maison des sans-abri

Six mois après les chutes de Reichenbach

- Il va se faire tuer !

La voix profondément désapprobatrice de Sally était aussi stridente que d'habitude. Lestrade soupira en se tournant vers elle.

- Vous n'êtes pas censée travailler sur ces vols ?

- Pas vous ?

Sa bouche se pinça et son regard se posa à nouveau sur la rue déjà sombre en cette fin d'après-midi de décembre. John Watson y recevait les soins d'une jolie auxiliaire médicale, son visage couvert d'hématomes était illuminé par les gyrophares qui clignotaient.

- John est capable de s'occuper de lui-même.

Sally secoua la tête.

- Je croyais qu'il allait se calmer un peu maintenant que le…

Elle s'interrompit, pour une fois, elle parut voir la limite avant de la traverser.

- Le nom de Sherlock a été blanchi, lui rappela Lestrade, laconique. Pourquoi vous ne vous rendriez pas utile en allant poser quelques questions ? Apparemment, la victime a des amis haut placés.

Sally lui montra le bloc-notes qu'elle tenait.

- Déjà fait. Monsieur, ajouta-t-elle.

Elle recula d'une page.

- Le vieil homme va bien, il est juste secoué – il prenait un raccourci par l'allée quand Beavis et Butt-head [1] lui ont sauté dessus.

Elle jeta une œillade acerbe aux deux délinquants quand la voiture qui les emmenait passa près d'elle puis retourna à ses notes.

- J'ai sa déclaration, plus les témoignages de deux commerçants et d'un type qui vendait The Big Issue [2] au coin de la rue. Ils ont tous dit la même chose – John est un bon samaritain, il était là, juste au bon endroit, au bon moment, bla, bla, bla.

Elle leva les yeux.

- Monsieur, ça se produit trop souvent.

Lestrade tenta de balayer l'objection mais Sally était plus tenace que jamais. Lui prouver qu'elle avait tort par le passé n'avait en aucune façon inhibé sa nature méfiante… ce qui faisait d'elle un officier sacrément bon. La plupart du temps.

Lestrade soupira encore une fois.

- Il ne va pas devenir membre d'un groupe d'autodéfense. Il a juste du nez pour les situations dangereuses et n'hésite jamais à s'impliquer.

Il croisa son regard et exprima son autorité avec le sien.

- Il n'enfreint aucune loi et, en vérité, ce qu'il fait est bien. Laissez-le tranquille.

La bouche de Sally se tordit, rebelle, mais elle se calma un peu.

- Vous vous blâmerez s'il se prend un coup de couteau, une de ces jours, marmonna-t-elle. Ce n'est qu'une question de temps, au train où il va.

Lestrade lui lança un regard noir, elle renifla, vexée, puis tourna les talons et s'éloigna à grands pas. Il la suivit des yeux avant de reporter son attention sur son ami. Présentement, la mâchoire de John pointait en avant avec pugnacité et il refusait catégoriquement une couverture.

- Je ne dis pas que vous avez tort, murmura-t-il une fois que Sally fut sagement hors d'écoute. Mais là, maintenant, je suis joliment sûr que vivre dangereusement est la seule chose qui le maintient en vie.

oOo

- Tout va bien, Billy ? s'enquit John auprès du jeune sans-abri recroquevillé dans un pull à capuche tout à fait inapproprié pour la saison.

Manifestement, le jeune homme l'attendait alors qu'il s'approchait du 221B deux heures plus tard.

- Ton poignet fait encore des siennes ? Tu veux que je jette un coup d'œil ?

- Non, c'est bon, Dr Watson. Il va beaucoup mieux, merci.

Billy sortit sa main de la poche ventrale de son pull et fit tournoyer son poignet pour montrer l'étendue de ses mouvements, bien que ses doigts fussent bleus de froid.

- Qu'est-il arrivé à tes gants, cette fois ? demanda John, résigné.

Billy eut un haussement d'épaules en éraflant le sol avec le bout de sa basket bien usée.

- On trouve toujours quelqu'un qui a plus froid, vous savez ?

Il se risqua à lever les yeux, le regard à demi désolé, à demi têtu. John essaya de froncer les sourcils sans vraiment de succès. Il soupira en dévisageant sa figure mince et ses yeux brillants.

- Je sais.

Il fouilla ses poches à la recherche de ses clés puis hocha la tête en direction de la porte.

- Monte, je pense que j'en ai une paire de trop quelque part, là-haut. Tu pourras envelopper tes mains autour d'une tasse le temps que je les trouve.

- Heu…

Billy l'examina prudemment, prenant sans nul doute note de l'écorchure fraîchement soignée qui traversait sa joue et de l'ecchymose bleuissante au coin de sa mâchoire.

- Je suis navré, Dr Watson… je vois que vous êtes fatigué mais il y a quelque chose…

John se retrouva instantanément en alerte.

- Des nouvelles ? exigea-t-il de savoir. Un mot sur Moriarty ?

Billy secoua la tête.

- Non. Non, je suis désolé, rien de tout ça. Pas un seul murmure sur lui. C'est juste que… c'est bizarre, je ne sais pas…

La fin de sa phrase mourut.

- Vous pouvez venir voir ?

John hésita. Il était épuisé… tellement épuisé et il avait mal – les douleurs pulsaient jusque dans ses os cette fois. Dans sa tête, il s'imagina un bain brûlant, un verre de whisky, un fauteuil au coin du feu…

Il agita un bras.

- Passe devant.

- C'est Myra qui a remarqué, indiqua Billy tandis qu'ils descendaient la rue et tournaient au carrefour.

- Myra ? La Myra qui s'est fait une entorse à la cheville en balançant un coup de pied dans les noix de celui qui s'était permis de la tripoter ?

Le sourire de Billy miroita sous les lampadaires de la rue.

- Myra, la seule, l'unique, acquiesça-t-il. Elle est toujours reconnaissante que vous ayez bandé sa cheville après ça, au fait.

- Je lui aurais décerné une récompense pour avoir rendu service à la communauté, si j'avais pu, répliqua John. Un bandage élastique, c'est rien.

Billy lui jeta un bref coup d'œil.

- Ce n'est pas rien pour nous, Dr Watson.

- Alors, on va où ? demanda promptement John en balayant le sentiment avant qu'il ne l'atteigne.

- Pas loin, promit Billy, en se dirigeant vers la rue attenante. La maison est littéralement à l'abandon, elle est vide depuis des années. Myra y squatte parfois.

John hocha la tête et suivit Billy qui continuait d'avancer. Finalement, il esquiva un morceau de bardage branlant dans l'arrière-cour d'un immeuble plutôt délabré et se faufila avec difficulté à travers le trou – malgré le poids qu'il avait perdu ces derniers mois, il était un peu plus corpulent que la silhouette mince de Billy.

Une fenêtre ouverte au sous-sol permettait l'accès à un escalier bancal qui menait en haut.

- Deuxième étage, annonça Billy, toujours en tête. Quelqu'un est venu ici mais Myra ne l'a pas vu. Ça l'a rendue nerveuse alors elle est partie maintenant.

Il ouvrit une porte et John entra. Son regard tomba sur des signes d'habitation devant de la fenêtre – une caisse retournée, des mégots de cigarettes, un journal… Il jeta un œil à Billy qui l'encouragea à avancer. Pendant un instant, il se rappela les nombreuses fois où on lui avait indiqué des preuves aléatoires et attendu de lui qu'il trouve quelque chose d'utile… ou du moins, quelque chose qui n'était pas ennuyeux. John ferma les yeux, le spectre de Sherlock était si éclatant dans son esprit qu'il pouvait presque entendre le froissement des pans de son manteau tournoyant autour de lui, l'odeur de plusieurs mélanges chimiques distincts et une impatience brûlante…

Il exhala lentement, délibérément.

- Bon.

Il serra les dents, rassembla les morceaux de lui-même qui s'étaient éparpillés et se reconcentra.

- Qu'est-ce que je regarde ?

C'était sorti de façon un peu plus abrupte qu'il ne l'avait voulu mais Billy le prit calmement et lui indiqua la fenêtre.

- La vue.

John avança vivement puis regarda la ligne d'horizon de Londres.

- Plus bas.

John baissa les yeux, sous le niveau des toits et reconnut immédiatement le store rouge du Speedy's café. Machinalement, son regard remonta et il put voir les fenêtres du 221B faiblement illuminées – Mrs Hudson avait dû laisser la porte qui donnait sur la cage d'escalier ouverte encore une fois.

- Vous voyez ce que je veux dire ? fit Billy. C'est une maison qui est plus ou moins en face de la vôtre. Ça peut très bien ne rien signifier – mais pourquoi quelqu'un irait s'asseoir à cette fenêtre ? Il n'y a rien d'autre ici et Myra dit les chambres à l'arrière sont plus chaudes.

Il haussa les épaules.

- Je suis désolé si je vous ai fait perdre votre temps, Dr Watson, mais je trouvais ça inquiétant.

- Non, tu as bien fait, Billy.

John fronçait les sourcils quand il tourna les talons pour examiner le reste de la pièce. Il sortit sa lampe de poche pour augmenter la lumière qui venait des réverbères puis pivota et se concentra sur la zone immédiatement autour de lui en s'accroupissant pour examiner le sol et le bord de la fenêtre. La phrase : la poussière dit tout se répercuta dans un coin de son esprit jusqu'à ce qu'il la bloque.

Et il y avait deux marques sur le rebord, nota-t-il, en s'approchant pour mieux les voir. Symétriques et parfaitement formées…

Quelque part dans sa tête, une alarme retentit mais l'association était si inattendue qu'il lui fallut un moment pour la faire.

- Je crois que quelqu'un vient, le prévint Billy, un peu nerveux. Je dois aller voir ?

- Attends.

La voix de John était basse et extrêmement autoritaire. Il avança, prit le bras maigre de Billy et le poussa derrière la porte. Ils se tinrent là, silencieusement, à l'écoute… Le bruit de la circulation, une sirène lointaine, puis assurément un craquement provenant de l'escalier en dessous.

John parla directement dans l'oreille de Billy.

- Si quelqu'un monte ici, je veux que tu restes là jusqu'à ce qu'il soit dans la pièce puis tu te faufileras derrière lui. Et tu sors de la maison, tu as compris ?

- Mais…

- Billy.

La main de John se resserra en avertissement.

- Je suis sérieux. Tu sors de la maison et tu ne reviens pas. Si je ne suis pas chez moi dans une heure, tu laisses un message à Lestrade, d'accord ?

Le visage de Billy se froissa d'inquiétude.

- Vous savez qui c'est ?

John secoua la tête.

- Je ne sais pas qui mais j'ai une assez bonne idée de…

Il se tut lorsqu'un autre craquement se fit entendre, plus proche cette fois.

- J'ai besoin que tu fasses ça pour moi, Billy, d'accord ? Ne me laisse pas tomber.

Les yeux de Billy s'écarquillèrent, paniqués mais il répondit à l'urgence de la requête de John. Ses épaules se redressèrent et il hocha la tête.

- C'est bien.

Après une dernière pression sur son épaule, John le relâcha et recula dans l'ombre, en faisant un rapide inventaire de tout ce qu'il avait sous la main et qui pourrait servir d'arme. Malheureusement, la liste n'était pas longue. Bien que son inquiétude pour Billy harcelait sa conscience, il se focalisa sur sa respiration et sentit un calme familier l'envahir tandis que la porte s'ouvrait en grand.

La silhouette qui entra était grande, large d'épaules, elle bougeait avec l'agilité confiante que donne un entraînement avancé.

Il n'y aurait aucune honte à…

John repoussa impitoyablement cette pensée. Il regarda avec soulagement Billy qui se glissait silencieusement par la porte puis il effaça le jeune homme de son esprit et se concentra sur l'intrus qui portait un fourre-tout et paraissait n'avoir aucune idée de sa présence.

L'homme se dirigea à travers la chambre, il posa son sac sur la caisse et ouvrit la fermeture à glissière. Ses mouvements étaient entraînés et automatiques tandis qu'il regardait à travers la fenêtre. John attendit, il voulait être absolument sûr mais il ne pouvait pas le laisser faire trop longtemps… Dès que la première partie du fusil désassemblé apparu, il bougea. Il surgit du coin et percuta l'homme avec autant d'élan qu'il avait pu prendre sur une si petite distance, son bras balança la lampe de poche qu'il tenait dans un arc vicieux.

Il avait l'avantage de la surprise, l'homme était visiblement choqué tandis qu'il titubait en arrière mais sa réaction fut incroyablement rapide… Il s'était déjà retourné et le coup de John siffla dans le vide. Il fut forcé de se dévier afin d'éviter la main qui cherchait à agripper son poignet et ne put que lui donner un coup net avant de reculer, à la recherche d'une ouverture.

L'homme grogna et s'avança.

- Tu ne te bas pas comme un squatter.

Sa voix était unie et sans accent. Froide. La lumière qui venait de la fenêtre éclaira le visage de John et son adversaire se stoppa abruptement.

- Eh bien, c'est pratique.

Il semblait amusé.

- Très obligeant de ta part, j'en suis sûr.

Il se pencha et examina les parties du fusil qu'il avait posées sur la caisse puis se redressa et fit craquer ses jointures.

John maintint sa position, certain qu'il était hors de portée pour l'instant.

- Alors, qui t'envoie ? exigea-t-il de savoir. Qu'est-ce que ça veut dire ?

L'homme eut un haussement d'épaules.

- Un contrat à remplir, dit-il. Le code d'honneur des tueurs, tout ça. Tu comprends.

- Même pas vaguement.

- C'est pas mon problème.

Il bondit en avant et John sut qu'il avait des ennuis. Il fit de son mieux. Connaissant la tentation qu'il avait de vouloir constamment se battre, il fit absolument tout ce qu'il put, usant de toutes les ruses qu'il avait apprises, de son expérience et de ses compétences, il se battit avec tout ce qu'il avait… mais l'autre faisait bien vingt kilos de plus que lui, tout en muscles, et répondait avec un niveau d'entraînement que John avait rarement rencontré.

La fin était inévitable, seule la méthode était incertaine, jusqu'à ce que finalement, John ne trébuche. Ses pieds s'étaient posés sur la lampe de poche qu'il avait laissé tomber à un moment ou un autre. Elle roula sous lui tandis qu'il tombait lourdement sur le dos. Son assaillant fut immédiatement sur lui.

John abaissa son menton contre les doigts qui forçaient leur chemin jusqu'à sa gorge mais il savait que c'était sans espoir.

Il n'y a pas de honte à ça…

La pensée revint, la pensée qu'il avait à chaque fois mais que le soldat en lui ne pourrait jamais accepter. Cette fois, c'était différent. Ses mains griffèrent le sol, à la recherche de quelque chose qui pouvait lui servir d'arme mais il n'y avait rien.

Sa vision s'obscurcit, des points brillants de lumière passèrent à travers ses yeux jusqu'à ce que l'homme qui lui prenait la vie ne soit plus qu'une tache floue… un tunnel… une porte qui s'ouvrait sur le chemin qu'il voulait prendre depuis les six derniers mois. Marcher ? Bon dieu, non… courir. Les pouces puissants atteignirent le cartilage strié de son larynx et John se détendit, il pouvait déjà entendre la voix de Sherlock qui l'appelait.

Il sourit, l'apaisement l'envahissait depuis la première fois depuis très, très longtemps. Il était si fatigué, si triste, si vide, si seul. Il laissa sa tête retomber en arrière en signe de consentement, tandis si sa conscience s'en allait merveilleusement loin.

À tout de suite

NdT :

[1] Beavis and Butt-head en vo est une série animée américaine qui raconte les aventures de deux ados sans scrupule, amateurs de rock/heavy métal, qui trouvent cool le sexe, la violence et la morbidité. Ils se caractérisent par leur incroyable stupidité.

[2] The Big Issue est un journal de rue publié dans huit pays, écrit par des professionnels et vendu par des sans-abri. En devenant vendeur, les SDF touchent un revenu qui les aide à se réinsérer dans la société.

À suivre…

Voilà, c'est tout pour ce chapitre. Ça vous a plu ? déplu ? des commentaires ? une question ? N'oubliez pas votre adresse mail si vous souhaitez que je vous réponde.

Bisous

Falyla