Je sais ce que vous allez dire : je commence une autre Fic alors que j'en ai plusieurs en cours. Mais je voulais à tout prix écrire celle-là, et elle n'aura pas de publication régulière, peut-être un chapitre par mois, environ. C'est juste parce que je prend énormément de temps à l'écrire.

Je dois prévenir certains coeurs fragiles : cette Fic est tirée des livres de Valérie Valère, une écrivaine française morte à 21 ans en 1982 d'une overdose de médicaments, et internée dans un hôpital parisien à l'âge de 13 ans pour annorexie mentale. Ses livres sont très déprimants et relatent une vive douleur, un fort mal de vivre. Ma Fic est tirée de son premier livre, Le Pavillon des enfants fous, qui raconte son internement. J'ai hésité à mettre M, en rating, mais comme on ne parle pas du tout de sexe, seulement de souffrance, je mets T.

Donc, vous êtes prévenus.

Disclamer : Les personnages sont à Hiromu Arakawa, et le scénario de base à Valérie Valère, certaines phrases sont aussi issues de son livre, et donc lui appartiennent. Grand Hommage à elle.

Rating : T, après longue réflexion.

Pairing : Une amitié-amoureuse entre Roy et Edward. Rien de plus.

Voilà, bonne lecture.

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Chapitre I : Apprendre l'Existence

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Existence : L'existence désigne le fait d'être, d'exister de manière réelle.

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L'infirmière rentre, comme tous les matins, pour changer les draps. Mais, comme tous les matins, mes draps ne sont pas sales. Vous esperiez quoi, madame ? Que je me sois soulagé dans votre belle literie blanche ? Et puis, soulagé de quoi d'abord ? La voilà qui avance timidement, comme gênée par ma présence. Je jubile. Elle a peur de moi, je la domine. Oui, je jubile.

Je descend docilement de mon lit à barreaux de fer blancs, et vais m'apuyer contre le mur en face, pile sous le calendrier et la courbe de mon poids. Celle-ci n'a pas bougée depuis belle lurette et j'en suis satisfait. Je ris interieurement en regardant la dame de ménage s'agiter. Elle tire la couette, le drap, s'emmêle dedans en essayant de le changer, finit par soupirer. Elle transpire, s'affole, et moi je ris en silence dans mon coin. Ses cheveux bruns attachés maladroitement tombent sur son visage, elle les repoussent machinalement, accrochant au passage la branche épaisse de ses grosses lunettes. Celles-ci tombent, elle jure, les ramassent et me jette un coup d'oeil gêné. Comme tous les matins, c'est le même cirque. C'est mon petit divertissement de la journée. Car, comme tous les matins depuis un an et trois jours, je suis cloitré entre quatre murs blancs dans un hôpital où tout est blanc, jusqu'au visage des medecins qui défilent dans ma chambre, et la seule chose que je peut faire, c'est rêver ou admirer le calendrier et la courbe de mon poids qui à première vue semble droite, mais qui, petit à petit, descend mine de rien.

Je suis enfermé ici, car, d'après eux, je suis jugé dangereux pour moi-même. Tout simplement parce que je refuse de manger. Je ne vois pas comment je pourrais avaler une seule miette de leur nouriture infecte.

Justement, voilà l'infirmière et son plateau où se trouve ce qu'elle appelle "petit déjeuner". Bon, si ça lui chante, mais je n'y toucherai pas.

Elle pose donc son plateau devant moi, et s'assis sur la chaise en fer blanc, à côté du lit et de la table de chevet. Elle me regarde sans rien dire, je fais de même. Comme tous les matins, c'est une guerre silencieuse. Je finis par baisser les yeux sur ce qu'elle a posé devant moi, et ce que j'y vois me retourne le coeur. Un café au lait, un jus d'orange qui ressemble à du jus de plastique et qui sent le sintéthique à trois kilomètres à la ronde, deux énormes tranches de pain rassies tartinées d'une épaisse couche de beurre écoeurant, le tout surmonté d'une mélasse appellée "confiture de fraise". L'odeur du trop de beurre et de la confiture se mèlent à celle des vapeurs du café trop chaud et du jus de plastique. Je déglutit avec peine, les larmes me montent aux yeux, l'infirmière me sourit gentiment. Je la déteste, mais moins que celle qui vient tous les mardis, jour de congé de l'autre. Je crois que celle-ci s'apelle Rose. Elle a une belle peau bronzée, (rien à voir avec mon teint cadavérique), des longs cheveux noirs comme les miens, une frange teintée de rose clair, des beaux yeux marrons et un sourire bienveillant. Mais je la déteste, car je ne lui inspire que de la pitié.

Mais je la préfère tout de même à l'autre, qui passe son temps à me gueuler dessus, et m'empêche de l'ignorer totalement.

-- Allez, fais un effort., finit-elle par dire.

Je ne réponds rien, je l'ignore. Elle se lève, me lançe un dernier sourire désolé et sort, esperant que c'est sa présence qui me gêne pour engloutir cette nourriture infecte. Mais je ne mangerai pas plus que quand elle était là. Je me contente de siroter le café au lait, et chaque infime gorgée m'arrache le palais et la muqueuse de la gorge, et chaque miette de pain que j'avale dificilement me retourne le coeur. Comment ces gens peuvent-ils avaler ça ?! C'est trop, ça ne passe pas !

Je repose le bol, j'ai envie de vomir, mais je me retiens. Quoi que, je pourrais peut-être vomir sur le lit, pour embêter la femme de ménage, mais je n'ai pas envie, elle n'a pas l'air bien méchante et ne me force pas à manger, elle.

Je me ralonge correctement dans mon lit, et fixe le mur. Vendredi 13 Aout, d'après le calendrier qui orne le couloir, et que j'ai pu entrapercevoir hier soir en allant aux toilettes. Je ne suis pas supersticieux, mais je sens qu'il va se passer quelque chose aujourd'hui. Je ne sais pas quoi, mais je me demande si ce sera bon ou mauvais pour moi. De toute façon, que peut-il m'arriver de pire, ici ? Je suis enfermé 24h/24 entre quatre murs, et passe mes journées à rien faire ou subir les cris des infirmières qui s'énèrvent de ne pas me voir manger. Aujourd'hui, c'est, comme tous les vendredis, la visite du psychiatre. Il s'appelle Maes Hughues, est assez marrant mais je préfère me méfier, c'est un psy après tout. C'est tout à fait possible qu'il cache son jeu pour me soutirer quelques phrases. Oui, car, à "eux", je ne leur parle jamais. Eux, c'est les medecins, psychologues ou psychiatres, et infirmières qui "s'occupent" de moi. Il ne se passe pas une journée où je ne reçois pas la visite d'un medecin. A force, je les connais tous et sais quelle attitude adopter. Le Dr Hugues ne supporte pas que je l'ignore, même si c'est un type calme et patient, au bout d'un moment, il sature. Alors il soupire, se barre avant de s'énerver, et je peux retrouver la tranquillité de mes rêves silencieux.

Avec le Dr Kimblee, je dois tenir tête. Le fixer bien dans les yeux et ne jamais les baisser. Alors qu'avec le Dr Armstrong, un type qui passe son temps à me raconter sa vie de famille, il faut baisser les yeux et faire l'indifferent.

Rose vient rechercher son plateau, suivie de près par un infirmier. C'est un petit chétif à lunettes épaisses, comme Scieska, la femme de ménage. J'ai crus entendre quelqu'un l'appeller Fuery un jour. Il est exactement comme Scieska, d'une timidité maladive, et d'une maladresse hilarante. Il porte sous son bras une balance (mon alliée la plus chère), un gros feutre noir et un carnet. Rose reprend à regret son plateau toujours plein, sourit en voyant que j'ai tenté de boire le café et repart sans rien dire. Je descend de mon lit pour aller monter sur la balance, et recueillir du coin de l'oeil l'expression exaspérée et inquièt de l'infirmier. Moi, je ne dis rien, mais souris interieurement. L'infirmier soupire tristement, et trace au feutre noir un gros point sur le graphique, et relie le tout. La courbe a encore baissé depuis la semaine dernière. Je suis en progrès. Mais ce n'est pas l'avis de l'infirmier qui repart de ma chambre en prenant soin de fermer la porte à clé, du mauvais côté evidement. Enfin, pour eux c'est le bon.

Je me rentasse dans mon lit, même si je sais que dans quelques courtes minutes, une autre femme va venir me déranger pour m'entraîner de force près des lavabos.

Pour y aller, c'est un long couloir au carrellage blanc et éblouissant, rendu jaunâtre par les lampes accrochées au plafon. Tous les quelques mètres, il y a une porte à gauche et à droite. Des chambres, prison aux murs blancs et lit à barreaux de fer, où des enfants son enfermés, tout comme moi. Dans le couloir, je ne croise jamais personne, ou presque.

J'avance le plus lentement possible, retardant de quelques secondes l'arrivée au lavabos, et donc retardant par la même occasion le moment où elle me renfermera dans ma cellule blanche. Je croise une petite fille brune avec des beaux yeux marrons, qui traîne toujours avec elle un gros chien en peluche, et lui parle comme à un vrai. Elle me regarde comme si elle ne m'avait jamais vu, et me sourit, s'agrippant au ridicule tissus-éponge de mon pyjama. J'ai un pincement de coeur, non, je ne craquerais pas ! Un infirmier arrive par derrière, et décroche la petite fille de mon pyjama, je la regarde toujours d'un air éberlué.

-- Nina, je t'ai déjà dit de ne pas embêter les autres !, s'écrie l'infirmier.

Il lève les yeux vers moi, et, sans me regarder franchement, s'excuse du comportement de Nina. Je n'arrive pas à comprendre, et cette attitude me donne l'impression que ce sont les medecins qui sont plus fous que leurs malades ici. Je lui répond par un regard hargneux, je le sens bien, il me regarde avec pitié, défiance ; je dévisage quelques instants Nina et lui sourit tristement avant d'être entraîner vers les lavabos par la main puissante de l'infirmière. Pourquoi nous prennent-ils pour des fous ? Je ne suis pas fou, et cette petite fille non plus. Ils sont idiots, butés. Mais moi aussi je suis idiot, irrémédiablement buté, mais sur un autre registre.

Une interne assise sur une chaise surveille le couloir, bavardant gaiement avec un autre interne. Il la drague, arbore une tenue et une expression écoeurante, vulgaire. J'ai la nausée, le peu de café au lait que j'ai avalé me remonte par le nez. Je déglutit avec peine, et leur lance un regard méprisant avant d'entrer. Toute une rangée de lavabos à la propreté irréprochable n'attendent que quelqu'un vienne se réchauffer, se laver de leur eau. Je choisi le dernier, comme toujours.

L'eau coule sur mes paumes, circule entre mes lignes de vie, réchauffe mes doigts engourdis. J'ose lever mes yeux vers le miroir. Mon teint est encore plus pâle que de nature, presque transparent, laissant deviner sans grand mal mes os, mes veines. Je fait peur à voir, surement. Mes yeux ont perdus de leur brillance naturelle et ne sont plus que deux iris sans interêt, enfoncés dans mes orbites, soulignés par de grosses cernes noires. Mes lèvres sont violettes, pleines de croûtes à force d'être mordues à travers des sanglots. Mes cheveux sont en batailles, plus noirs que jamais. On dirait un méli-mélo d'ailes de corbeau. Je crois que c'est la seule chose qui n'a pas changé depuis mon internement ici. Sinon, il ne reste plus rien du moi auquel tout le monde était abitué, plus rien du gamin dragueur et superficiel, sans arrêt entouré d'un harem de filles avec leurs décolletés et mini-jupes, qui maintenant, lorsque j'y pense, me donnent envie de vomir.

L'infirmière revient. J'entend ses pas lourds qui résonnent.

-- Allez, dépêche-toi !, me dit-elle d'un ton indifférent., Le Dr Hughues t'attend.

Ah, le psy. Lorsque j'entre dans ma prison blanche, il est là, assis sur la chaise en fer à côté de mon lit. Il a un carnet à la main, mon "dossier", et il m'invite à m'asseoir sur l'autre chaise. Je ne l'écoute pas et vais me remettre dans mon lit, le regardant furieusement.

-- Alors, comment ça va aujourd'hui, Roy ?

-- ...

-- Tu as bien dormi ?

-- ...

-- Tu n'as pas mangé hier soir, et à peine grignoté quelques pâtes hier midi., annonce-t-il, comme si je ne savais pas, comme si les seuls bénéfiçiant d'une intelligence dans cet hôpital étaient eux.

-- ...

Il continue ses questions, prolongeant son monologue lassant, aussi bien pour lui que pour moi. Je le regarde attentivement alors qu'il me lit un bout du rapport de l'infirmière du soir. Ses petites lunettes carrées lui tombant de temps en temps sur le nez, sa drôle de mèche qui pointe en l'air s'agitant sous ses mouvements, ses yeux bruns-verts qui brillent comme deux billes. Je les envie, ses yeux. J'aimerai en avoir de pareils.

-- Dis-moi, tu n'aimerai pas être dehors ? Il fait beau.

-- ...

-- J'ai une idée : si tu fais un effort de nutrition ce midi et ce soir, demain je t'autorise à sortir et à aller voir les autres à la salle de jeux. Tu pourras aussi manger avec eux. Tu sais, c'est plus amusant que de manger tout seul ici.

Il essaie de m'amadouer, mais ça ne marchera pas. Je ne ferai aucun effort, surtout pas ! Je n'irai pas avec tous ces fous ! Je ne veux pas devenir comme eux, c'est contagieux, vous savez, la folie... Et puis je n'ai aucune envie de voir leurs sourires émerveillés par le simple fait que je daigne avaler quelque chose de consistant. Il se lève, replace ces lunettes, et, avant de partir, fait quelque chose que je n'aurai jamais souspsconné : il essuya du revers de sa main des larmes de désespoir qui couraient sur mes joues sans que je m'en rendent compte. Si j'avais été un gamin, l'envie me serai venue de me jeter dans ses bras pour chialer et demander un peu d'affection. Mais je ne laisse rien paraître, et me renfonce dans mon lit.

Une infirmière arrive en trombe dans ma chambre.

-- Docteur ! La patient de la chambre 26 refuse de manger.

-- Ah ... j'arrive.

Chambre 26 ? C'est en face. J'aurai aimé aller voir mon semblable, même si d'après la tête de l'infirmière c'est la première fois que ça arrive, qu'il refuse de manger. Je réfléchis quelques secondes et soudain me rappelle que le patient numéro 26 est parti la semaine dernière. Un nouveau ? J'espère. La curiosité fait parti des trois seules choses qu'il me reste, avec les pensées et le sommeil. Mais souvent, les réponse à mes questions viennent de moi-même. Il faut que je sache ! Mais comment attirer l'attention, et à qui demander ?

J'ai une idée. Et pour la première fois depuis près d'un an, je cède à ma pulsion la plus ennemie. L'envie de communiquer, de sortir de cet enfer silencieux, de m'évader de ce silence. Je donne une forte pichennette à la carafe d'eau qui s'étale par terre en petit morceaux dans un bruit strident. L'infirmière de garde arrive en courant, dévérouille la serrure avec empressement et ouvre précipitemment la porte avant de soupirer de soulagement en voyant que ce n'est que la carafe.

-- Tu m'as fait peur, Roy !, s'exclame Rose. J'appelle la femme de ménage.

Elle sors, appelle Scieska à travers le couloir et reviens vers moi. Elle commence à ramasser les morceaux de verre, faisant attention à ne pas se couper. Alors, je descends de mon lit, et vais l'aider. Elle lève les yeux, surprise. Moi aussi, je suis surpris de ma propre gentillesse. Mais elle me souris, et ébouriffe mes cheveux. Je me demande si elle a des enfants.

-- Je suis désolé., je marmonne.

Rose sursaute. C'est la première fois qu'elle entend ma voix, depuis un an que je suis ici, il serai temps !

-- C'est rien.

-- Je voulais parler.

-- Tu n'as qu'à m'appeller.

-- Non.

Non, jamais je ne pactiserai entièrement avec l'ennemi ! Mais pour une seconde, je peux bien vendre mon âme au diable. Scieska arrive maladroitement, ramasse le tout et éponge l'eau en un temps record avant d'être appellée ailleurs. Rose est toujours là, et me regarde en souriant. Je ne lui souris pas, elle viens déjà de me voler mes paroles, mes pensées, le language de mon esprit.

-- C'est qui le patient 26 ?

-- C'est un nouveau. Un jeune qui a raté son suicide aux somnifères, mais je ne sais pas son nom.

Elle me laisse là, seul dans ma chambre pendant toute la journée. Plus personne ne viendra pour me déranger avant un temps indeterminé. Ici, même le temps leur appartient. Je n'ai rien à faire, rien à penser, tout à attendre. Les journées passent, et m'échappe, me laissant dans le torent de mes larmes. J'aimerai tellement mourir ! Mourir, quitter leur monde, oublier leurs principes et leurs idées, trouver une échapatoire à mon malheur. Et je pleure, je pleure piteusement. Je sanglote, gémis, me frotte les yeux sans arrêt, la tête enfouie dans l'oreiller qui sent la folie et la lessive. Les hoquets se coincent dans ma gorge, pourquoi ne puis-je mourir d'étouffement ?

Le sommeil me tire de mon désespoir.

xXx

Une infirmière vient me réveiller. Elle est grosse, son parfum m'écoeure et elle n'est jamais bon présage. Elle porte avec elle un plateau, le goûter. Il est donc 17h, approximativement. Rose est partie, elle est rentrée chez elle, pour prendre une douche et respirer des odeurs familières. Pour se laver de toute la folie qui traîne ici, et pour oublier que les fous ont une odeur, une odeur aigre et lourde. Une odeur de médicament et de cris.

-- Allez ! Mange !, crie-t-elle., Tu te souviens de ce qu'à dit le docteur ?

Rien que parce que c'est lui qui l'a dit, je ne lui obéirais pas. Elle use de tout pour me faire entendre "raison", gentillesse, pitié, colère et réconfortement. Un coup elle crie, l'autre prend un ton désespéré, pour finalement claquer la porte et tourner violement le verrou, me laissant seul. J'espère qu'elle tombera dans le couloir, sous le poids de cette nourriture, et celui de mon refus, de mon désespoir.

Je reste seul à pleurer, prostré dans le blanc du silence. Je n'ai qu'une seule pensée, qu'un seul désir : mourir. Pourquoi la mort ne veut-elle pas de moi ? Ai-je fais trop de conneries ? Il y a des tas de gens dans le monde qui on horriblement peur de la mort, qui la redoute, la repousse. Moi, je la voudrais, j'échangerai volontier ma vie contre la leur. Au moins, ils sont libre, libre de décider de leur vie, de leur mort. J'ai si peur. Et je pleure, je pleure, je pleure ...

xXx

La même infirmière revient me voir quelques heures plus tard, pour la toilette avant le dîner. Elle me fait sortir en maugréant des paroles injurieuses et méchantes, mais je ne dis rien, je ne réponds rien, fais comme si je n'étais pas dôté d'ouie.

Le couloir est long, blanc, vide, jusqu'aux lavabos. Il n'y a rien, personne. Ah, si, quelqu'un. Une fille, elle a les cheveux longs et blonds. Elle tourne sa tête vers moi, je sursaute. C'est un semblable. Un garçon, les traits fins, les cheveux qui pendent dans son dos, mais ce n'est pas ce qui me frappe. Ses yeux. D'un magnifique doré dans la lumière des plafonnier ; il se détourne de la luminosité qui faisait briller ses iris, et ils tournent à l'ocre dans l'ombre. Un ocre délavé, vide, effrayant. Mais il n'en reste pas moins joli. Sa peau est pâle mais laisse deviner sa couleur originelle : caramel clair. Son nez est fin, il a de beaux sourcils, des lèvres pleines et bien déssinées. Je n'arrive pas à faire un portrait ordonné tellement sa beauté me transperce, et je ne sais plus dans quel ordre aligner les mots, les emmotions. Tout s'embrouille dans ma tête, c'est vide et plein à craquer à la fois. Je me sens creux et près à exploser. Que dire, que faire, que penser ?!

Tout se passe si vite, mes neurones amoindris après tout cet enfermement se connectent trop vite, certains se régénère sous la vue d'une incroyable beauté. On dirait un ange ... J'air peur mais suis fasciné en même temps. J'ai peur de lui déplaire, j'ai peur qu'il aie peur comme moi je redoute la folie ! Me prend-t-il pour un fou ? Pareil à tous ces enfants dans ce long couloir, comprend-t-il que je ne suis pas comme eux, que moi aussi j'ai peur ? Il me regarde, et ses yeux me transpersent.

Et pour la première fois depuis une éternité, j'ai l'impression d'être là, réel. J'ai l'impression d'exister.