Une inspiration m'est venue suite au visionnage de l'épisode 11 de la saison 5 (je le met en gras pour les spoilers). J'espère que cela va vous plaire. Comme promis, je ferais une suite. Ceci est donc le prologue.
Prologue
Elle n'arrivait pas à y croire. Ce qui était en train de se produire était totalement insensé. Elle avait l'étrange sensation que, si elle bougeait trop, ce qui ne lui paraissait guère plus qu'un rêve pouvait partir en fumée, aussi fugace qu'un papillon de nuit. Et pourtant, elle se remémorait avec force détails ce fameux jour où sa vie avait basculée, et où elle avait tenu entre ses doigts cette petite main frêle, tremblante de vie et d'innocence. Pour la seconde fois, elle avait senti une bouffée maternelle monter en elle, écrasant son cœur pétri d'amour pour ce petit être qu'elle connaissait à peine. Dans l'attente d'une réponse favorable, elle savait qu'elle s'était déjà attachée, malgré ses efforts pour se persuader du contraire. Et elle savait pertinemment qu'un échec l'aurait anéantie. La dernière fois, elle avait bien cru ne jamais s'en relever. Elle s'était dit "jamais plus". Mais voilà qu'une nouvelle chance s'offrait à elle, inespérée, presque difficile à saisir tant elle semblait factice. Mais elle avait tenté sa chance, car rien n'aurait pu lui faire abandonner son rêve le plus cher.
La vieille, une lettre était parvenue chez elle, porteuse d'une réponse qu'elle avait trop peur de découvrir. Pourtant, elle avait pris son courage à deux mains, et avait décacheté l'enveloppe timbrée, pour en extraire le papier qui la rendait si fébrile. Les mains tremblantes, elle avait parcouru les quelques lignes, manquant un battement lorsque le verdict favorable s'était imposé à sa vue, s'inscrivant dans son esprit avec une netteté déconcertante. Elle avait porté sa main à sa bouche, et les larmes étaient venues, portant avec elles leur vague de bonheur et de reconnaissance. Si ce matin encore, la nouvelle était demeurée secrète, l'hôpital était à présent au courant de cette nouvelle et merveilleuse situation dans la vie de Cuddy.
Aujourd'hui, elle attendait patiemment qu'on lui remette cet enfant, qu'elle s'était promis de chérir, dés l'instant où ses prunelles étaient entrées en contact avec les siennes. Elle l'avait tellement voulu qu'elle avait fini par ne plus y croire. Et pourtant, elle avait beau vérifier, tout cela était bien réel. Elle avait pris sa journée pour la récupérer, désirant profiter de sa première journée avec sa fille. Dans sa tête, elle retournait les possibilités, cherchant un nom qui lui conviendrait, et qui refléterait quelque chose de profond. Celle qu'on lui avait arrachée s'appelait "Joy", source de joie par la promesse de son arrivée. Mais on lui avait retirée, et elle refusait d'exorciser ses démons en l'affublant du même patronyme. Elle réfléchit donc. Que représentait-elle pour elle ? Plus qu'une joie, c'était un espoir. Un espoir de vieillir entourée d'une adorable petite fille. Un espoir de pouvoir chérir et donner, partager. Oui. Un espoir ... Puisqu'elle était son espoir, elle l'appellerait ainsi : Esperanza.
Alors qu'elle arrivait au bout de ses réflexions, un diagnosticien qu'elle ne connaissait que trop bien vint troubler ses doux songes, apportant un peu de sarcasme à cette attente qu'elle avait espérée calme. Elle soupira et leva les yeux au ciel. Que venait-il encore faire ici ?
- Vous, attendant dans un couloir toute seule. On pourrait se poser des questions ... Vous espériez ma venue peut être ?
- House, pour l'amour du ciel ! Vous ne pouvez pas vous passer de moi cinq minutes ?
- C'est vous qui ne pouvez pas vous passer de moi. Regardez-vous, vous jubilez comme une débutante à son premier bal de promo face au garçon qu'elle aime !
Elle ne répondit rien. Oui, elle jubilait. Mais pas pour les raisons qu'il croyait. Lentement, elle détourna son regard pour le reporter sur la porte close qui se dressait devant elle, et au delà de laquelle se transportaient ses angoisses les plus folles. Derrière, sa fille subissait de nombreux examens, qu'elle espérait indolores, pour s'assurer de sa bonne santé. Bien que confiante, Cuddy craignait le résultat, comme tous les parents inquiets pour leur enfant. Sa fille ... Comme cette appellation résonnait doucement en elle. Non, décidément, elle ne parvenait pas à y croire. Elle allait avoir besoin de temps pour s'habituer à cette nouvelle situation, à ne plus être seule. Contre toute attente, House ne disait plus rien, comme s'il respectait son introspection. L'espace d'un furtif instant, quelques doutes s'emparèrent de Cuddy. La crainte de mal faire, de ne pas savoir gérer l'enfant qui allait bientôt vivre chez elle, l'étouffait plus que certains ne l'imaginaient. Si elle n'en montrait rien, elle était sujette aux nombreuses angoisses d'une mère, qui ne sait si elle sera capable de bien faire, de ne pas rendre son enfant malheureux. Puis elle se rassura intérieurement. Si ce n'était pas le fruit de ses entrailles, c'était tout comme. Et lorsque viendrait le moment de lui dire la vérité, elle serait prête. Un sursaut d'egoïsme lui fit songer que, la mère étant condamnée, il n'y avait aucun risque que sa fille revienne la chercher plus tard. Mais elle repoussa bien vite une telle pensée, tant elle la trouvait honteuse et déplacée.
Puis, brisant le silence installé, un médecin sorti de la pièce, se dirigeant vers Cuddy qui stationnait toujours, une regard fixe planté dans la porte.
- Docteur Cuddy ?
- Oui ? Répondit elle d'une voix tremblante
- Les examens sont terminés mais ...
L'hésitation de la jeune femme acheva de confirmer ses soupçons. La doyenne, que l'angoisse tenaillait depuis prés d'une heure, la pressa du regard.
- Et bien ?
- Malheureusement, elle souffre du syndrome alcool-foetus !
Quoi ? Cuddy se figea, interdite. Que venait-elle de dire ? Pourtant, la mère lui avait assuré avoir arrêté de boire depuis six mois. Alors, elle lui avait menti ? Lentement, l'indignation et la colère firent place au choc, gelant son cœur dans une marre de rage qu'elle s'interdisait de dévoiler. Les larmes montèrent, douloureuses et amères, mais elle les ravala du mieux qu'elle pu, contenant sa peine.
- Je ... Je peux la voir ? Fit-elle d'une voix nouée par l'émotion.
- Oui, bien sûr. Elle est à vous.
Lentement, elle entra dans la pièce et s'approcha de la couveuse. Elle saisit les petits doigts enfantins de sa fille, et les pressa délicatement. Esperanza ... Ce nom lui allait à merveille. Elle se jura au fond d'elle-même, que, quoi qu'il arrive, elle l'aimerait et la protégerait de toutes ses forces. D'ailleurs, elle ressentait déjà tellement de choses pour elle. La dure réalité de sa maladie ne devait pas faire obstacle à leur bonheur. Non, ce ne serait pas un problème.
Lentement et douloureusement, elle l'élèverait.
Lentement et douloureusement, elle lui apprendrait la vie.
Lentement et douloureusement, mais avec tout l'amour dont elle était capable.
A sa grande surprise, son collègue pressa doucement son épaule, en un geste de réconfort. Elle tourna vers lui des yeux encore humides, l'expression de son visage perdue entre étonnement et interrogations. Lentement, les lèvres du néphrologue s'agitèrent, et il lâcha dans un souffle.
- Vous vous en sortirez très bien !
Elle le regarda, incrédule. Rêvait-elle ou venait-il de l'encourager ? Le médecin déserra sa main et fit volte face, pivotant sur sa canne pour sortir de la pièce, laissant Cuddy seule avec ses doutes et ses questions.
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