L'injustice des dieux.

[Ion, Euripide] : Trois OS/drabbles et trois points de vue différents sur ce qu'il s'est passé. Prend appui sur la pièce d'Euripide. Spoil de la pièce & mention de viol. Creuse/Apollon (relation non consentie). Creuse & Ion. Creuse & Athéna. Apollon & Athéna.

Je ne le voulais pas !

Creuse.

Elle voulait hurler.

Oh, par les dieux, elle voulait tellement hurler.

En fait, elle avait hurlé.

Pendant l'acte lui-même, pendant que Apollon, le grand Apollon, le dieu, le magnifique (l'enfoiré, le salopard, le monstre) la prenait sans tenir compte de ses protestations, de ses hurlements, et de sa détresse.

Il l'avait violée.

Et elle avait eu mal, tellement mal.

Elle avait voulu mourir, aussi, déchirée par la douleur et la colère.

Parce que son enfer ne s'était pas terminé aussi facilement, oh non.

Parce qu'elle était tombée enceinte, aussi. Et sa vie avait basculé encore plus dans le malheur, la douleur, l'horreur, et toutes ces choses horribles.

Quand elle avait compris cela, elle s'était écroulée sur le sol, en larmes.

« Ce n'est pas ce que je voulais… Je ne le voulais pas ! » Hurla-t-elle.

Et puis, était venu l'accouchement. Contrairement à ce qu'Athéna prétendrait plus tard, cela ne s'était pas fait sans douleur, oh que non.

Bien au contraire, et là encore, elle avait hurlé.

Et une nouvelle fois, elle avait maudit Apollon, et tout ceux qui avaient laissé cela faire, tout les dieux. Elle les avait haïs tellement fort, et avec les années, sa haine ne s'était toujours pas effacée.

Elle avait abandonné son fils, parce qu'il n'y avait rien d'autre à faire, et celui-ci était sûrement mort désormais, pour autant qu'elle le savait.

Et maintenant, il y avait ce garçon, qui allait prendre un trône qui n'était pas le sien, qui allait prendre quelque chose qui n'était pas à lui.

Et cela, elle ne pouvait pas le supporter.

Il faillit mourir, à cause d'elle, son propre fils, et elle s'en voulut, bien sûr.

Mais elle maudit aussi Apollon d'avoir envoyé Athéna pour faire le boulot à sa place.

Parce que, même si, à la fin, elle affirma que sa rancœur s'était effacée, elle n'en pensait pas moins, et sa colère contre Apollon n'était pas morte.

Et avec raison.