Salut saluuut! Ayana-san à l'appareil, qui revient avec une nouvelle fiction.

Avertissement : Fiction YAOI.

Titre: "Le masque de Toshiro"

Auteur: Ayana-san, ouaiiiis ouais tkt.

Manga/Anime: Bleach.

Couple: Hitsugaya Toshiro & Ichigo Kurosaki en principal, Renji & Byakuya en fond pour le moment.

Rating M, pourquoi?: Attention, cette fiction yaoi contient (et contiendra) des Lemons et de nombreuses allusions au sexe. Attention! :P

Résumé: Matsumoto est envoyée sur une mission d'urgence dans le monde des vivants. Laissant son poste de vice-capitaine vacant. Qui sera appelé à sa place pendant sa mission longue et périlleuse? Yamamoto est décidé : le turbulent rouquin assistera l'irritable Capitaine de la Dixième Division...

Trucs en plus: Je ne possède pas Bleach. Fort malheureusement. Et aussi, Yamamoto est un peu OOC (merci à Kyoko-chan de m'y avoir fait penser ^^).

Mot de l'auteur: Ouf! C'est le plus long chapitre que j'ai écrit de ma vie entière! Sinon je voulais vous dire que si vous lisez ça, ça veut dire que vous avez cliqué et tout, alors c'est trop cool yep. J'espère ne pas vous décevoir! J'ai essayé de faire Hitsugaya et Ichigo les plus fidèles possibles. Ah et aussi, j'avertirais quand il y aura des scènes explicites et autres scènes choquantes. Enfin, si ça vous intéresse évidemment... T_T

Enjoy!


...

Chapitre I – Un peu de vacances?

...

Soul Society.

Un vent frais dans ses cheveux. Les yeux fermés, exprimant tout de même un bonheur contagieux. Un sourire incontrôlable sur ses jeunes lèvres fraîches. Des traits détendus, caressés par la brise.

Magnifiquement reposé et souriant.

Tel était Hitsugaya Toshiro, le capitaine de la Dixième Division de la Soul Society, quand personne ne le regardait et qu'il flânait sur les toits, pendant la mini-pause qu'il prenait à midi. Il refusait toujours de manger avec Matsumoto, sa vice-capitaine aux seins énormes, ou avec Hinamori, son amie d'enfance. Non, les instants qu'il vivait, seul, sans personne pour lui crier dans les oreilles ou se saouler à côté de lui, à observer le ciel, au calme, étaient les moments les plus précieux de sa journée, à part évidemment s'il mangeait des pastèques ou s'il était en train de dormir. Ou en train de faire quelque chose d'autre qui était intéressant, plus intéressant que de travailler.

Il appréciait beaucoup d'être en plein air, surtout que la brise était fraîche, faisant rouler un frisson sur l'échine du jeune prodige. Hitsugaya, de son prénom Toshiro, était tellement crispé, tellement fermé lorsqu'il travaillait. Et le seul moment où il se lâchait, c'était pendant ces pauses. Il n'était plus obligé d'enfiler ce masque de détachement, cette deuxième peau d'«Hitsugaya-taichou», un gamin froid, insensible, impossible à détacher de ses principes et horriblement attaché à son titre. Il était simplement Toshiro, un gamin qui aimait quelques denrées culinaires et qui n'avait pas l'occasion de s'amuser.

Toshiro avait l'apparence d'un gamin d'à peine douze ou treize ans, avec d'étonnants cheveux blancs qui défiaient la gravité tous les jours (naturellement en plus! comme quoi les secrets concernant sa masse capillaire restent toujours un mystère complet). Son visage était enfantin, avec d'immenses yeux turquoises qui suscitaient une grande admiration de la part des autres Capitaines ou vice-capitaines. Son corps était petit, certes, mais il était musclé et ferme. Ses traits veloutés étaient détendus, et ses fines lèvres autorisaient parfois un sourire en coin tout à fait charmant. Il aimait le vent, le froid, les pastèques, Hyourinmaru, le ciel, Matsumoto même si elle pouvait être agaçante, Hinamori même si son attitude pouvait être extrêmement agaçante également, les glaces. Et il adorait les daifukus.

Sauf que Toshiro n'était pas Hitsugaya-taicho.

Hitsugaya-taicho avait la même apparence, toutefois sa manière d'être était totalement différente. L'expression de son visage était toujours parfaitement contrôlée, ses sourcils arqués par un espèce d'agacement continuel, ses lèvres mues par un tic irritable, lui donnant un air bougon voire carrément effrayant. Ce qui faisait fuir la plupart des gens. Hitsugaya-taicho s'en fichait. Il ne vivait que pour son travail, Capitaine, Shinigami à plein temps, extermineur de Hollows, d'Arrancars ou d'Espadas. Toute sa vie personnelle passait à la trappe, rien n'avait plus d'importance que ce travail. Son expression faciale en avait été influencée, d'ailleurs. Malgré tout, seules quelques rares personnes savaient déchiffrer ce visage énigmatique, grâce aux éclats de ses yeux, ou bien encore grâce aux imperceptibles mouvements de ses lèvres ou de ses sourcils. Et ces quelques personnes se comptaient sur les doigts d'une main. Yamamoto, Matsumoto et Hinamori. C'était bien assez pour Hitsugaya qui n'aimait pas qu'on perce son masque ainsi.

Toshiro n'avait pourtant pas de mal à tenir ce rôle. Il lui fallait froncer les sourcils. Ne répondre à aucune provocation, si ce n'est l'écorchement de son nom. Ignorer les remarques et les roucoulements de sa vice-capitaine. Travailler à s'en arracher les yeux. Finir les papiers à temps. Ne laisser filtrer aucun sentiment positif. Ni aucune remarque qui pourrait être considérée comme «attentionnée» ou simplement «gentille». Faire le solitaire. Rabrouer son amie d'enfance. Parfois s'énerver contre elle ou contre sa vice-capitaine.

Malgré cette simplicité, Hitsugaya était malheureux. Il était seul, et sous cette apparence froide et distance, se cachait un cœur qui avait bien besoin d'amour ou tout simplement d'amis, même si il ne l'aurait jamais, JAMAIS avoué. Matsumoto avait tenté à maintes occasions de lui faire cracher quelques mots contenant autre chose que de la neutralité, de l'agacement ou de la colère, mais même avec l'aide de son précieux ami l'alcool, elle avait lamentablement échoué. Eh oui, malgré son jeune âge, le prodige était très résistant, plus qu'elle en tout cas, ce qui se trouvait être relativement impressionnant.

Il se souvenait parfaitement de la dernière fois où sa vice-Capitaine avait essayé de le faire céder, deux jours auparavant.

«Taichooooo», avait susurré Matsumoto en se collant à lui, imbibée d'alcool.

Une veine avait pulsé sur le front du Capitaine de la Dixième Division, ses sourcils s'étaient froncés encore plus que d'ordinaire et un tic énervé avait tordu sa petite bouche. Il avait serré les dents d'agacement et l'avait repoussé. C'était fou ce qu'elle était tactile, cette femme. Et ça avait le don de porter Hitsugaya au plus haut point de l'énervement atteint à ce jour par le petit prodige.

«Tu as bu.» Cette phrase avait été prononcée avec une irritation palpable. «Va te souler ailleurs, j'ai du travail.»

«Hitsugaya-taicho, vous êtes si froid avec moi. Détendez-vous un peu, pour une fois», geignit la grande rousse en s'accroupissant à côté d'Hitsugaya pour être à sa hauteur, ce qui ne manqua pas d'avancer l'agacement du gamin aux cheveux blancs.

«Matsumoto...», dit Hitsugaya avec un ton lourd de menaces.

Ils se trouvaient dans le bureau bien rangé de la Dixième Division. Les papiers avaient été triés avec soin par Hitsugaya, qui détestait le travail en retard, et qui s'évertuait à classer tous les documents. Le jeune prodige était assis sur sa confortable chaise de bureau, quelques feuilles étalées devant lui attendant d'être lues et également rangées, le tampon de la Dixième Division dans la main, le stylo dans l'autre, un air concentré et un verre d'eau à proximité au cas où il ait besoin de geler Matsumoto ou un autre casse-pieds. Sa vice-capitaine était à ses côtés, une rougeur aux joues et pliée en deux. Le verre de saké dans sa main en disait long sur son taux d'alcoolémie, ainsi que sur ses activités précédentes. Il ne s'inquiétait pas : ce genre de scènes arrivait souvent. Même très souvent.

Hitsugaya poussa un gros soupir. «Tu commences à m'énerver. Je t'ai demandé de me laisser tranquille. Va cuver quelque part, et reviens quand tu seras enfin sobre.» Et, tant bien que mal, il tenta de se remettre à travailler.

Mais ce fut sans compter sur Matsumoto qui s'arracha de ses talons et serra le prodige fort, pile entre sa voluptueuse poitrine, en criant à tue-tête : «Prenez au moins un verre, taicho! Allez quoi!» Sans préavis, l'atmosphère de la pièce se tendit, et une froideur incalculable s'installa. Le reiatsu d'Hitsugaya avait parfaitement reflété son agacement. Matsumoto sentait qu'elle avait été trop loin, donc elle desserra sa prise sur Hitsugaya, en jetant un coup d'oeil au visage de son taicho, pour détailler les éclats qu'elle voyait dans ses yeux. Les deux orbes céruléens reflétaient une colère naissante, qui montait en puissance au fur et à mesure que les secondes passaient, et également un agacement à son apogée. La plantureuse rouquine, comprenant qu'elle ne pourrait pas rattraper la mise cette fois-ci, s'enfuit sous la menace et se cacha pour les prochaines heures.

Toshiro sourit à ce souvenir. Oui, il n'avait pas enfilé le masque Hitsugaya-taicho-le-Capitaine-de-la-Dixième-Division-de-la-Soul-Society, il était donc le vrai mais toutefois irritable enfant qui aimait les daifukus. Donc il avait le droit de sourire.

Le prodige s'accouda au rebord du toit avec un soupir de contentement. Il avait encore quelques minutes de pause, et il comptait bien en profiter. Le masque n'était pas très difficile à tenir, certes, mais il était épuisant. Toshiro admira les nuages qui se profilaient aux alentours du soleil, puis qui s'effilochaient pour enfin disparaître dans l''immensité bleue. Ce ciel pur était un véritable bonheur. La seule fois où il l'avait vu d'une beauté pareille, c'était lors de sa visite sur Terre. Ce qui remontait déjà à quelques mois, lorsqu'il avait été se rendre compte du taux de Hollows qui apparaissaient, assistant également à un magnifique combat de Kurosaki. Le roux avait déployé une puissance digne d'un Capitaine, et avait défait son adversaire en une poignée de secondes. Hitsugaya devait admettre que ce jeune homme possédait une force extraordinaire qui ne semblait avoir aucune limite. Ce côté de la personnalité d'Ichigo méritait le respect du Capitaine de la Dixième Division, toutefois l'aspect «je-vais-tous-vous-pulvériser» du roux avait tendance à l'énerver. Mais, malgré tout, le jeune prodige était impressionné par ce grand roux aux yeux noisette, même s'il ne l'aurait jamais, JAMAIS avoué. Il avait une réputation à tenir quand même.

Toshiro soupira et, s'apercevant que sa pause était terminée, se résigna à endosser de nouveau son masque d'Hitsugaya-taicho. Ses sourcils se froncèrent, ses yeux prirent une expression neutre, sa bouche devint grimace d'agacement, et il rentra pour retrouver ses papiers.

Monde des vivants.

Dans un tout autre monde, une toute autre personne faisait toute autre chose.

Ichigo Kurosaki, un humain entier et irritable, venait d'assener le coup final à un Hollow qui ressemblait à un espèce de crocodile croisé avec un truc inconnu. La face blême ressortant à cause de la lune levée haut dans le ciel tranchée en deux, le Hollow disparut en un hurlement grave, faisant face au Shinigami roux. Ce Hollow n'était absolument pas dangereux, et Ichigo s'était limite emmerdé pendant le «combat». Zangetsu sur l'épaule posé de façon négligée, habillé de son Shihakshou noir et blanc, ignorant les vestiges de la raclée qu'il venait de coller au Hollow, il soupira profondément, déçu, puis tourna les talons, invisible aux yeux de quelques personnes réveillées qui paniquaient. Elles ne pouvaient pas voir le Shinigami, mais elles étaient pleinement conscientes des dégâts occasionnés : d'immenses coupures dans le sol dues à la puissance du Zanpakuto d'Ichigo, un immeuble complètement détruit, des poteaux électriques arrachés et couchés. Les spectateurs n'avaient pas tout compris. Mais l'important, pensait Ichigo en repartant (en courant plutôt) vers chez lui, c'est qu'ils ne soient pas blessés.

Cet impétueux jeune homme était grand et semblait assez mince. Toutefois, on pouvait apercevoir ses mollets musclés se succéder lors de sa course, les bras massifs de chaque côté de son corps, et son torse plus qu'appréciable dépasser quelque peu de son Shihakshou. Il avait souvent une attitude irritée, une espèce de colère continue, ses sourcils fins et roux froncés, sa bouche tordue en une moue dubitative, mais malgré tout, il avait un cœur gros comme Karakura si ce n'était plus. Ses yeux étaient d'une belle couleur noisette, chaude, contrastant avec son attitude, et ses cheveux roux ébouriffés empêchaient toute tentative de coiffage. Et malgré son mauvais caractère, Ichigo pouvait être la plus agréable personne sur Terre lorsqu'il se comportait bien. Mais ce genre d'attitude était assez rare chez lui, cela n'arrivait que lorsqu'il se trouvait face à ses sœurs. Ou lorsqu'une personne apparemment plus puissante que lui le calmait, c'est-à-dire Yoruichi, Urahara ou encore un des Capitaines de Division de la Soul Society.

Ichigo ne connaissait que Byakuya et Kenpachi, en tant que Capitaines évidemment. Le roux n'arrivait pas à blairer Byakuya depuis leur combat, il y a longtemps, devant la prison qui contenait Rukia Kuchiki. Cette étape de sa vie lui laissait un arrière-goût amer dans la bouche. Quant à Kenpachi... Ichigo se souvenait parfaitement du son distinct des clochettes. Les clochettes attachées au bout des pointes de cheveux de ce fou-furieux. Kenpachi ne vivait que pour combattre, et évidemment, il fallait qu'il jette son dévolu sur... Ichigo. Le roux, lorsqu'il se trouvait à la Soul Society, passait son temps à le fuir pour ne pas se faire provoquer en duel et/ou déchiqueter. Ce qui amenait parfois à des situations cocasses, comme la fois où Ichigo, pour échapper au terrible Capitaine de la Onzième Division, avait décidé de se planquer dans une petite salle.

Il y était presque. Il sentait qu'il pouvait y arriver.

Son désir du moment : semer Zaraki Kenpachi. Ses cheveux roux lui collaient au front, qu'il dégagea d'un geste énervé, tandis qu'il courait dans les couloirs d'un bâtiment du Seireitei. Il ne savait pas exactement où il se trouvait, puisque les murs clairs se ressemblaient tous. Mais il savait que derrière lui se trouvait un homme dangereux qui riait à gorge déployée.

«Ichigoooo, reviens ici», hurlait un immense mec baraqué, le sabre à la main, le regard fou, les cheveux coiffés en pics et terminés par des clochettes. «Viens t'amuser avec moi! Arrête de courir, j'ai horreur de jouer au chat et à la souris», termina-t-il en ayant un sourire démentiel et en accélérant.

Ichigo déglutit, plus sûr de pouvoir perdre l'homme qui le suivait avec tant d'acharnement. Il augmenta sa vitesse également, remerciant Zangetsu, ce à quoi son Zanpakuto répondit par un clin d'œil mental. Grâce à son arme, Ichigo prit le virage qui suivait avec une vitesse proche de cette d'un missile, et découvrit une multitude de portes, sur la gauche comme sur la droite. Perdu, le roux pesta contre la Soul Society qui ne lui apportait que des problèmes, puis tenta d'ouvrir la première porte de droite. Échouant lamentablement, le Shinigami remplaçant proféra de nouveau quelques gros mots, le cœur commençant à accélérer, puisqu'il se doutait que le Capitaine de la Onzième Division n'allait pas attendre qu'il trouve un endroit où se cacher. Le porteur de Zangetsu se figea lorsqu'il entendit un bruit de course dans le couloir qu'il venait à peine de parcourir, et le stress l'emportant, il poussa la deuxième porte de droite, qui s'ouvrit, comme une réponse à ses prières. Soulagé mais pressé, il pénétra dans la pièce à la vitesse de l'éclair, et referma la porte, laissant son dos collé à celle-ci et glissant jusqu'au sol, tentant de calmer les battements de son cœur qui battait à s'arracher de sa poitrine. Ce n'était pas ce jour qu'il allait mourir, apparemment, puisqu'il entendit Kenpachi passer dans le couloir sans s'arrêter, toujours en train de brailler.

Mais il n'avait pas pensé que la pièce puisse déjà être occupée. Étonné, il distingua Byakuya, sans son Kenseikan sur la tête, les cheveux lâchés, un air absolument horrifié collé sur son visage normalement si hautain. Et, comme pour ajouter à la surprise, Ichigo vit Renji, la chevelure également libre, une grande terreur ancrée dans le regard et la bouche ouverte. Le roux comprit la situation lorsqu'il se rendit compte de leur position et également du reste : certes, il y avait bien Byakuya et Renji, mais ceux-ci étaient nus. Le porteur de Senbonsakura avait le dos appuyé contre le mur, les jambes entourant le torse de Renji qui était face à lui, et l'homme aux cheveux rouges soutenait son Capitaine par les hanches. Leurs Shihakshous étaient éparpillés sur le sol, sauvagement arrachés, au milieu des papiers administratifs qui jonchaient la pièce. Rouge tomate, le porteur de Zangetsu comprit immédiatement : il les avait interrompus alors qu'ils étaient sur le point de faire l'amour.

Un grand silence s'installa, un silence choqué. Ichigo ne savait plus où se mettre, donc il se leva précipitamment, lança sa main derrière sa tête et se frotta les cheveux d'un air gêné, tout en regardant sur le côté.

«Euh... D-désolé!», balbutia le roux en s'enfuyant, n'osant pas affronter le courroux de Byakuya et de Renji en même temps. Heureusement qu'ils étaient nus et que leurs Zanpakutos se trouvaient aussi loin d'eux qu'Ichigo. Il était ensuite allé se cacher autre part, après avoir vérifié qu'il était bien seul et qu'un couple n'était pas en train de copuler sur la table d'à côté.

Plus tard, le roux avait trouvé un rouleau sur son lit, sur lequel était écrit «Si tu parles, ou que tu insinues quoi que ce soit, je te tue, teme. B.». Charmant.

Ichigo, dans sa course pour rentrer chez lui, sourit à ce souvenir. Sur le coup, ça avait été très choquant de découvrir leur relation de cette façon-là. Le roux n'était pas homophobe, absolument pas, puisqu'il s'était lui-même découvert bisexuel. Enfin, il y avait pensé lors de ces rares moments où les Hollows les laissaient tranquille, où les Arrancars s'occupaient de leurs fesses et qu'Aizen se découvrait d'autres victimes à torturer. La Soul Society était en cela beaucoup plus ouverte que le monde des vivants, et il ne comprenait pas vraiment pourquoi Byakuya et Renji se cachaient. Il ne savait plus exactement à cause de quoi il avait découvert sa bisexualité, mais il s'en fichait, tout ce qu'il savait c'était qu'il aimait les hommes et les femmes, point.

Pour en revenir aux Capitaines de Division, il ne savait rien des autres. Il y avait quelques divisions dont il ne savait rien. Mais il connaissait de nom Gin Ichimaru, SoiFon, Kyoraku Shunsui et enfin Aizen Sosuke, qui s'était fait passer pour mort devant les yeux de sa vice-capitaine, Hinamori. Celle-ci avait été complètement détruite après. Cette fille était très proche du Capitaine qui était récemment passé sur Terre, Hitsugaya Toshiro.

Ichigo trouvait ce gamin prodige très mystérieux. Et même s'il ne semblait pas réussir à maîtriser correctement son Zanpakuto Hyourinmaru, Hitsugaya était un combattant redoutable et surentraîné d'après ce qu'on disait, incroyable lorsqu'on voyait son apparence enfantine. Et plus étonnant encore : son caractère d'une irritabilité peu commune, ainsi que son reiatsu parfaitement contrôlé.

Ils ne s'étaient pas parlés. Juste observés, en silence, après le combat qu'Ichigo avait remporté. Le Hollow n'avait pas vraiment été faible, et le roux ne savait pas qu'on le regardait. Résultat : il l'avait joué en freestyle, sans vraiment se soucier de l'image qu'il pouvait renvoyer. Mais maintenant qu'il y pensait, Hitsugaya n'avait pas dû le voir sous son meilleur jour... Mal coiffé (mh, comme d'habitude), suant, sale, au milieu d'un quartier de la ville dévasté. Ichigo ne regrettait pourtant pas : jusqu'à ce jour, il n'avait vu Hitsugaya qu'avec son Shihakshou et son Haori. Cette fois-ci, il était tout simplement vêtu d'un jean serré et d'un chandail noir qui faisait ressortir ses yeux. Sur Terre, Ichigo avait enfin pu regarder de près le Capitaine de la Dixième Division, dans un gigai qui était sa copie presque exacte. Et ça avait été un vrai choc pour le roux.

Pour un gamin (qui était trois voire quatre fois plus vieux que lui, cela va sans dire), Ichigo reconnaissait qu'il était exceptionnel, qu'il avait un charme magnétique et qu'il était une graine de beau gosse. Une vraie proie pour les violeurs.

Le roux secoua la tête, en se forçant à ne plus penser à la Soul Society qui lui avait assez pourri la vie. Il était arrivé chez lui, et, grimpant sur le toit habilement et se glissant par la fenêtre, il retrouva Kon très inquiet, dans son propre corps. Le ModSoul arborait une expression effrayée qui, du point de vue du Shinigami, n'allait pas du tout avec son visage. L'âme de la peluche se retourna et poussa un soupir de soulagement en voyant Ichigo.

«Okaerinasai, Ichigo», dit Kon d'une petite voix tremblante. «J'ai eu peur que tu ne reviennes pas.»

«Mh», lança Ichigo en regardant son corps. «... Arigato. Pourquoi tu pensais que je ne reviendrais pas?»

«Les flux de reiatsu sont très étranges en ce moment», se contenta de répondre Kon. «J'espère que ce n'est pas un coup d'Aizen.»

En grognant, le Shinigami réintégra son corps. Il cracha la ModSoul. La petite boule verte dans sa main semblait si fragile qu'il pouvait sûrement l'écraser entre ses doigts. Mais Ichigo ne ferait jamais une chose pareille, Kon était trop utile et, même s'il ne l'avouerait pas, il tenait à lui. Donc ce fut presque affectueusement que le roux introduisit la boule dans la peluche habituelle qui recevait l'âme de Kon. La peluche cracha, se campa sur ses jambes avec colère et commença à frapper Ichigo avec ses poings duveteux, comme si son inquiétude avait soudainement disparu.

«T'aurais pas pu faire plus délicatement?» s'énerva la peluche en hurlant presque. «Tu m'as presque arraché la gorge! Temeee!»

«La ferme, abruti!», cria Ichigo en balançant Kon contre le mur, agacé. «Je suis fatigué. Laisse-moi dormir tranquillement.»

Sur ces mots, le roux bailla, enleva ses vêtements pour ne garder que son caleçon et se glissa dans son lit. Il ne put pas retenir un soupir de contentement, tandis que Kon se taisait et s'enfermait dans le placard, là où Rukia avait autrefois l'habitude de dormir. Dur, la vie des peluches dans ce monde de brutes. Le roux, pendant ce temps, se laissait aller dans son épaisse couverture, et appréciait la chaleur de ses draps. Il s'endormit doucement.

Sur sa table de chevet, un étrange appareil ressemblant à un téléphone portable se mit à vibrer quelques minutes plus tard, alors qu'Ichigo était profondément endormi. Cet machine était un engin de la Soul Society qui permettait de recevoir des appels émanant de l'autre monde. Mais toutefois on ne pouvait appeler que dans un sens : de la Soul Society vers le monde des vivants. Le téléphone sonna, sonna encore, inlassablement. Kon l'entendait mais, comme Ichigo l'avait fortement agacé, il ne le réveilla pas.

La chambre redevint silencieuse, et Ichigo avait loupé un appel de Shigekuni Yamamoto, le Capitaine en chef des treize Divisions.

Soul Society.

«Je vous ai convoqué pour discuter d'un cas important», lança un vieil homme chauve, pourvu d'une grande barbe et habillé d'un grand Shihakshou.

Ce Shinigami n'était autre que Yamamoto Shigekuni. Un des plus puissants Shinigamis de son époque, et le Capitaine de la Première Division. Il présidait les treize Divisions, et avait réuni les Capitaines et vice-capitaines de celles-ci dans une grande salle. Sur un des murs, on pouvait voir un immense kanji qui signifiait Soul Society.

«Donc», reprit-il en regardant paresseusement les Capitaines, «c'est à propos d'Ichigo Kurosaki-kun».

«Qu'est-ce qu'il a fait encore?», demanda Renji, en secouant la tête. «Je suis sûr que cet imbécile a tenté quelque chose d'irraisonné, pour changer...»

Le vieux darda un regard intéressé sur Abarai, et lorgna Byakuya qui ne réagit pas à ce coup d'œil amusé. Yamamoto savait très bien ce qu'il se passait entre eux, et était au courant du fait qu'Ichigo les ait surpris quelques mois auparavant. Mais le vieux Capitaine de la Première Division se taisait, même s'il n'en pensait pas moins.

«Rien du tout.» Sa réponse étonna tous les Capitaines et vice-capitaines, sauf Matsumoto Rangiku, qui laissa son regard se perdre dans la tapisserie. Hitsugaya se rendit aussitôt compte de l'attitude étrange de sa vice-capitaine, et l'observa du coin de l'œil avec suspicion. Elle ne lui avait absolument rien dit. Mais le jeune garçon aux cheveux blancs avait bien compris que c'était important et que, malgré tout, cela le concernait aussi. Il fronça les sourcils, enfin, accentua son froncement de sourcils encore plus si c'était possible, et reporta son attention sur Yamamoto.

«Nous allons juste lui demander de passer quelques mois à la Soul Society.»

Un murmure étonné enfla dans le rang des Capitaines. Hitsugaya lui-même s'étonna (intérieurement, évidemment) de cette nouvelle : pour quelle raison le Seireitei avait-il besoin du rouquin? Certes, il était puissant, mais il était totalement ingérable et surtout explosif. Le prodige ne laissa aucune émotion filtrer sur son visage, pourtant la surprise tournoya dans son regard.

«Pourquoi, Yamamoto-taicho?», demanda Renji en avançant d'un pas, attirant les regards sur lui. «Il ne provoquera que des dégâts!»

Hitsugaya partageait son avis, et pourtant, quelque chose lui soufflait que les surprises n'étaient pas toutes dévoilées.

«Je ne suis pas d'accord», le contredit Yamamoto en fronçant les sourcils. «Il est fort, et très utile dans le monde des vivants. Je ne vois pas pourquoi tout le monde en a autant contre ce jeune homme.» Il marqua une pause. «Est-ce de la jalousie par rapport à sa puissance?»

Les Capitaines comprirent que cette question n'attendait pas vraiment de réponse, donc ils se turent malgré les protestations qui montèrent dans leur gorge. Certains étaient effectivement jaloux, mais d'autres ne voyaient le roux que comme un fauteur de troubles, sans vraiment de preuves. Yamamoto, satisfait, continua son histoire.

«Bien. Votre silence en dit long. J'ai vu dans vos regards la jalousie, la colère, ou bien même l'admiration», dit-il en jetant un bref coup d'œil à Renji qui rougit en baissant la tête. «Mais aucune véritable haine.»

Il laissa un silence s'installer, pour préparer la suite de son discours. «Mh. Kurosaki-kun passera donc quelques mois ici, si tel est son désir. Je trouve que les relations entre ce Shinigami remplaçant et le Seireitei sont beaucoup trop floues. Je compte donc sur vous pour bien accueillir Kurosaki-kun pendant la durée de son séjour dans la Soul Society.» Yamamoto observa Matsumoto avec une étincelle dans les yeux, et Hitsugaya comprit aussitôt que cette décision avait un rapport plus ou moins direct avec sa vice-capitaine. «Il remplacera Matsumoto-san comme vice-capitaine de la Dixième Division le temps qu'elle effectue la mission que je lui ai confié dans le monde des vivants.»

Il y eut un instant de flottement, et d'un coup une tonne de protestations fusèrent de tous les côtés. Renji criait, tous les Capitaines parlaient en même temps avec fureur. Tous, sauf le Capitaine le plus concerné. Hitsugaya ferma les yeux en tentant de réfléchir : pourquoi donc? Qu'allait faire Matsumoto dans le monde des vivants? Pourquoi Yamamoto avait-il choisi Kurosaki? Et surtout, pourquoi avait-on besoin de remplacer Matsumoto? Il n'était, à sa grande surprise, pas vraiment énervé et pas forcément inquiet non plus. Peut-être que cela leur ferait du bien, à lui et à Matsumoto, et peut-être que Kurosaki était d'agréable compagnie. Quoi qu'il en soit, ça ne le gênait pas plus que ça. Il s'avança, provoquant le silence.

«Il n'y a aucun problème», lança le Capitaine de la Dixième Division avec une voix agacée. «Reste à savoir si Kurosaki va accepter, parce qu'il n'a aucune raison de venir.»

Yamamoto sourit, et il agita la main à côté de son oreille. «Je me charge de cette partie. Merci beaucoup, Hitsugaya-taicho.» Puis le vieillard se leva. «La réunion est terminée.»

Le gamin aux cheveux de neige hocha la tête et fit volte-face, tout en entraînant Matsumoto qui était dans ses pensées. Elle parut surprise, mais se laissa faire, sachant très bien qu'elle allait se faire passer un savon.

Lorsque, quelques minutes plus tard, ils furent dans le bureau bien rangé de leur Division, Hitsugaya lui lâcha l'avant-bras, desserrant la prise qu'il avait avec ses doigts fins et pâles. Le prodige, perdu dans ses pensées, ne regardait pas Matsumoto et avait croisé les bras. Plongés dans le silence, Matsumoto observa son taicho. Malgré son apparence enfantine, il était très mature, très adulte et avait un charme incomparable. Elle sourit à cette pensée : son capitaine était magnifique, et tout le monde le savait sauf lui. Toutefois, peut-être le serait-il plus s'il acceptait de se lâcher de temps en temps.

«Taicho...», commença-t-elle, espérant qu'il la regarderait. Mais, comme elle voyait qu'il ne s'était pas tourné vers elle, la plantureuse femme soupira. «Taicho, je suis désolée. J'aurais dû vous en parler. Mais Yamamoto-taicho m'avait interdit de le faire.»

Hitsugaya resta silencieux, puis la fixa soudain, l'incertitude brillant dans ses yeux. «Mh. Je suis déçu, mais j'imagine que ce n'est pas ta faute. Dis-moi... est-ce toi qui a proposé Kurosaki?» La magnifique rousse rougit et détourna le regard. Hitsugaya se pinca l'arête du nez avec agacement. «Pourquoi?», demanda-t-il enfin après plusieurs secondes de silence.

«Il semble... approprié pour vous. Il est impossible de s'ennuyer avec quelqu'un comme lui. Kurosaki-kun doit également avoir quelqu'un qui le remet en place. Et surtout il réussira peut-être là où j'ai échoué», lâcha-t-elle après une hésitation.

«Et où as-tu échoué?», demanda Hitsugaya. Malgré la neutralité de sa voix, Matsumoto saisit dans son regard un certain intérêt, ce qui la fit sourire.

«C'est un secret», fut la seule réponse que le génie parvint à obtenir de sa vice-capitaine.

Avant qu'il n'insiste, le Capitaine en chef pénétra dans le bureau. Yamamoto tenait un appareil dans sa main, et passa son autre main sur son crâne lisse. «Matsumoto-san, je n'arrive pas à joindre Kurosaki-kun pour l'instant. Vous ne pourrez partir et donc lui laisser vos fonctions que lorsqu'il aura répondu positivement et qu'il sera arrivé. J'en suis désolé.» Matsumoto hocha la tête, et le vieillard ressortit de la pièce. Prenant Hitsugaya de vitesse, elle s'éclipsa en prétextant avoir quelque chose à faire. Elle était devenue très douée pour éviter les ennuis et les questions trop pointilleuses.

Le prodige soupira, seul dans son bureau. Le sort semblait s'acharner sur lui. D'abord Yamamoto qui prenait une décision sans lui en parler, Matsumoto qui lui faisait des cachotteries, et Kurosaki qui allait venir pendant des mois. Hitsugaya s'assit dans son fauteuil en cuir, déjà las de tout ce qui allait lui arriver. Non pas que la présence de Kurosaki allait le gêner. Il ne connaissait pas grand chose de lui, à part ce qu'il avait vu lorsqu'il était allé dans le monde des vivants, et qu'il avait battu la plupart des Capitaines de la Soul Society.

Il se laissa aller sur son siège et, comme il était seul, il s'accorda un petit sourire. Peut-être que ça mettrait un peu de piment dans la vie calme et rangée de la Soul Society.

Monde des vivants.

Ichigo, le lendemain matin, s'étira tranquillement après s'être réveillé. L'impression d'être seul dans son lit, sans personne pour se blottir contre lui, le traversa et il la repoussa au loin. Son dernier amour n'avait pas été vraiment branché sentiments, et il en avait assez souffert. Le rouquin bailla à s'en décrocher la mâchoire, puis se leva. Les yeux encore embrumés de sommeil, Ichigo porta un regard distant sur tous les éléments de sa chambre, sans vraiment savoir ce qui défilait devant lui. Il battit plusieurs fois des paupières, sans réel succès, pour tenter de sortir des méandres de Morphée. Il ne vit pas le téléphone du Seireitei clignoter furieusement, pas plus qu'il n'entendit le «biip» qui émanait du même engin. Il se gratta gracieusement les fesses, et fit quelques pas, avant de faire connaissance avec le sol dans un grand bruit ; furieux, le rouquin tourna la tête comme il le put pour apercevoir entre ses pieds son sac de cours qui le narguait à moitié.

«K'sooo», jura-t-il en se relevant tant bien que mal.

Au moins, cette petite chute l'avait totalement réveillé, et il inspecta les alentours avec un peu plus de concentration cette fois-ci, pour enfin voir le téléphone spirituel émettre des signaux lumineux de plus en plus aveuglants. En râlant toujours, sa grande main s'en saisit et l'ouvrit.

«Un appel manqué? Ah merde. Bon, je vais le garder sur moi en attendant qu'ils me rappellent», marmonna le rouquin. «Ça doit être important pour qu'ils me contactent. C'est la première fois qu'ils essayent de me joindre, j'sais même pas comment ça marche leur machin... Aujourd'hui c'est samedi, donc j'ai pas cours. Et heureusement, c'est la dernière semaine avant les vacances d'été.»

Ichigo avait prévu de passer ses vacances avec Chad, Inoue, Uryuu (même s'il faisait semblant de ronchonner à cause de cet événement, il était content de partir avec le Quincy), Yuroichi, Urahara et ses énergumènes à la plage. Il imaginait déjà la sensation du sable sous ses pieds, la mer qui lécherait son corps, la bronzette, les boissons, les glaces rafraîchissantes, les beaux mecs, les belles filles, les rires, les oiseaux, la tranquillité, la chaleur, les soirées, et tout le reste. Ichigo avait franchement hâte, malgré le fait que Yuroichi le mette mal à l'aise avec ses tendances nudistes. Ce qui ne semblait absolument pas gêner la population masculine entière, qui rangeait toutefois ses yeux lorsqu'Urahara sortait son Zanpakuto avec une colère mal dissimulée. Et puis, ce n'était pas comme si les corps de ses amis étaient repoussants...

Sa réflexion fut arrêtée par sa sœur Yuzu qui l'appelait pour déjeuner. L'appel de la nourriture effaça toute trace cohérente de son esprit, et il lâcha ce qu'il avait dans les mains pour courir remplir son ventre. Comme si le sort s'acharnait, le portable se mit à sonner dès qu'il eût franchi le pas de sa porte. Mais il ne l'entendit pas, l'esprit focalisé sur le boucan qui avait lieu dans son propre estomac.

Il descendit les escaliers rapidement, affamé et inspirant la bonne odeur du riz et du poisson qui s'était répandue dans la maison, attirant par son fumet toutes les personnes réveillées.

«ICHIGOOOOOO!» hurla une voix bien connue du rouquin, qui se rapprochait à une vitesse dangereuse de celui qui portait le nom apppelé.

Le Shinigami remplaçant soupira, se stoppa et se baissa, laissant son père s'encastrer dans le mur derrière lui avec un grognement de douleur étouffé.

«Pourquoi je suis né dans cette famille de tarés moi déjà...» râla-t-il à voix basse. «Nan mais ça va pas d'agresser son fils dès le matin? Fous-moi la paix!» continua le rouquin plus fort en esquivant de nouveau son père et en lui renvoyant un coup de pied, ce qui eut pour conséquence un géniteur au sol qui pleurait.

«Mon fils, tu es devenu encore plus fort», hoquetait-il. «Ça me rend heureux!»

«Cool, cool», se mit à soupirer le roux en contournant son père pour pénétrer dans la salle à manger. «Yuzu, cette odeur de bouffe me donne carrément faim!»

Sa jeune sœur, les cheveux mi-longs et châtains attachés dans le cou, ses yeux noisette concentrés sur les plats qu'elle disposait sur la table, se tourna vers lui et eut un sourire.

«Ohayo, Ichi-nii», dit-elle avec sa douce voix chantante. «Tu as bien dormi?»

«Très bien, merci de t'en inquiéter», lança-t-il en s'installant à côté de son autre sœur, Karin. «Si tout le monde pouvait être aussi prévenant que toi, ça serait super», continua le roux en fusillant son père du regard. «Cet imbécile est encore en train de pleurer devant le portrait de maman au lieu de s'occuper correctement de ses enfants...»

«Arrête, Ichigo», soupira la jeune fille aux cheveux noirs qui occupait le siège voisin du roux. Elle le fixa. «Tais-toi et mange, s'il-te-plaît. Yuzu s'est donnée du mal.»

Ichigo ravala ses paroles cinglantes et se mit à avaler le riz accompagné de poisson et de natto. Il y avait également une soupe miso et des Pickles, le tout accompagné de thé vert. Comme d'habitude, c'était délicieux. Ichigo se rendait compte de l'ardeur avec laquelle Yuzu essayait de remplacer sa mère. Elle effectuait parfaitement les tâches ménagères dorénavant, et Karin avait raison : leur jeune sœur se décortiquait pour leur faire plaisir. Le Shinigami remplaçant décida de ne pas gâcher les efforts de sa cadette et la complimenta sur son excellente cuisine avec un sourire. Ses sœurs étaient sans doute les seules personnes au monde qui pouvaient le rendre aussi docile.

Yuzu rougit devant les remarques de son frère. «Merci beaucoup», dit-elle avec un air heureux sur le visage, faisant comprendre à Ichigo que ses sœurs avaient besoin de lui et de ses attentions.

Ichigo les remercia pour le repas, débarrassa sa place et retourna dans sa chambre, puis entendant son père hurler «Ichigo, t'avais pas de pantalon?» il soupira de lassitude. Non, il n'avait pas de pantalon, ni de tee-shirt, et ça n'avait gêné personne. Le roux remonta les escaliers, tout en se rappelant que le portable-chelou-de-la-Soul-Society avait sonné auparavant et qu'à cause de son appétit vorace il avait totalement laissé tomber l'engin. Le portable était toujours au même endroit, sur la table de chevet, et clignotait encore plus fort que lorsqu'il s'était réveillé. Ichigo se demanda si cette lumière pouvait définitivement aveugler quelqu'un, donc il l'ouvrit et vit un nouvel appel manqué. Le roux se crispa : qui, à la Soul Society, voulait le joindre à ce point-là? Renji pour lui cracher à la gueule? Ou alors Rukia qui voulait lui dire quelque chose? Il secoua la tête, pour chasser ses pensées. Penser ne lui ressemblait pas vraiment. Il préférait agir, sans réfléchir, il ne fiait qu'à son cœur et pour le moment, malgré quelques moments critiques, ça lui avait plutôt réussi. Ichigo s'étala sur son lit, en décidant qu'il répondrait la prochaine fois que le portable sonnerait, et qu'il verrait ce qu'il ferait sur le moment.

Il attendit quelques instants, se reposant malgré l'évidente bonne nuit qu'il avait passée, puis se leva dans l'intention de se laver et attrapa un pantalon noir et un tee-shirt gris avec l'inscription «FIGHT!» en orange sur le devant. Le Shinigami remplaçant grogna quelque chose en rougissant, se souvenant que c'était sa sœur Yuzu qui le lui avait acheté lorsqu'elle était partie faire les courses avec Karin. Pour lui faire plaisir, il le mettrait ce jour-ci.

Le rouquin poussa la porte de sa chambre, ses affaires à la main, emportant cette fois-ci le portable chelou avec lui, précaution oblige ; arrivant dans la salle de bain, il posa tous ses vêtements sur le tabouret à côté du mur et le portable du Seireitei fut disposé à droite du lavabo, où Ichigo pourrait l'entendre s'il vibrait. Le boxer du roux descendit sur ses cuisses musclées, sur ses mollets pour enfin échouer sur le sol, laissant un Kurosaki nu et appréciable se glisser dans la douche. L'eau chaude se mit à couler, parcourant son corps frissonnant et provoquant un petit soupir de la part d'Ichigo. La chaleur était presque insupportable, pourtant le rouquin creusa les reins en appréciant la caresse brûlante du liquide dégringolant sur sa peau. Les yeux fermés, les cheveux trempés, la main appuyée sur le carrelage recherchant un peu de fraîcheur, Ichigo ne réfléchissait plus et se laissait entraîner par la détente et s'abandonna complètement à ses sensations. Il n'avait jamais été aussi détendu que lorsqu'il prenait une douche chaude. Quand, étourdi d'ivresse, il sortit de la douche après s'être lavé, Ichigo se sentait mou et incapable d'accomplir quoi que ce soit. Aussi, lorsqu'il entoura ses reins d'une serviette blanche et assez courte, il n'eut même pas la force de bailler. Des gouttes tombaient entre ses yeux, il avait les cheveux tout mouillés et aplatis ce qui changeait complètement son allure, le rendant un peu moins sauvage, son corps entier était parcouru de frissons et il s'accrochait au lavabo lorsque le téléphone étrange de la Soul Society se mit à vibrer.

Ce bruit était tellement désagréable qu'il sortit aussitôt Ichigo de son état léthargique. Le roux secoua la tête, décontenancé, et ouvrit le portable.

Le Shinigami remplaçant vit l'image d'un vieillard sortir du téléphone, tremblotante, et d'autres ombres floues derrière lui. Ses sourcils roux se froncèrent, comme à son habitude, et il prit un air renfermé. Le vieil homme lui disait vaguement quelque chose. Et il souvint brutalement quand l'image changea.

«...osaki-kun? Ici Yamamoto. Ah, ça y est, je vous vois. Vous devriez d'ailleurs enfiler quelque chose.» Cette phrase fut suivie d'un brouhaha appréciateur et moqueur, émanant de derrière Yamamoto. «Même si votre corps semble bien plaire aux Capitaines et vice-capitaines des treize Divisions, je pense que ça serait dans votre intérêt.» Les murmures se turent immédiatement, mouchés par les propos du Capitaine de la Première Division.

Le rouquin, s'apercevant qu'ils pouvaient le voir et qu'il était en ligne avec le Capitaine de la Première Division probablement accompagné des autres Capitaines, laissa son téléphone sur le lavabo et mit prestement un boxer. Il revint ensuite devant l'engin, se fichant d'être en sous-vêtement et faisant démarrer de nouveaux chuchotements. «Je ne savais pas que vous aviez la visio», lança Ichigo en souriant. «Ça y est, je suis habillé. C'est vous qui essayez de me joindre depuis hier soir? Je suis désolé de ne pas vous avoir répondu, Yamamoto-taicho, j'étais assez occupé.» Il employait prudemment le «-taicho», ne s'aventurant pas sur un terrain glissant. La puissance du vieux était exceptionnelle, et il n'avait pas vraiment envie de l'énerver.

Yamamoto eut un sourire. Il appréciait le signe de politesse. «Pour vous proposer un échange de bons procédés.»

La surprise passa dans les yeux d'Ichigo. «C'est-à-dire?»

«Connaissez-vous Matsumoto-san?»

«C'est une rousse avec des yeux bleus et des gros seins?»

On entendit clairement un «Mpf» derrière Yamamoto.

«... C'est également la vice-capitaine de la Dixième Division, commandée par Toshiro Hitsugaya-taicho.»

Dans la tête d'Ichigo, cette précision ramena le rouquin à la pensée qu'il avait le jour précédent, comme quoi le gamin aux cheveux blancs était tellement magnifique qu'il attirait sans doute tous les violeurs de la Soul Society. Qui ne passaient pas à l'action de peur de l'effroyable puissance du Capitaine de la Dixième Division. La conversation aurait-elle un rapport avec le prodige tombeur?

«Oui, je connais Matsumoto-san. Et à quoi cela nous mène-t-il?»

«Elle a une importante mission dans le monde des vivants. Vu la dangerosité de cette mission, qui risque de prendre beaucoup de temps, la place de vice-capitaine de la Dixième Division sera vacante.» Sa voix se tendit. «Donc nous voulions savoir si aider Hitsugaya-taicho à assumer son rôle de Capitaine serait à votre portée. Bien sûr, le travail ne se limite pas à la paperasse.»

C'était bien formulé. Très bien formulé. Mais Ichigo n'était pas aussi stupide que ça. «Vous voulez que je prenne momentanément la place de Matsumoto-san en tant que vice-capitaine de la Dixième Division? Pourquoi moi?», demanda-t-il avec étonnement en s'approchant du téléphone.

«Peut-être pourrez-vous être utile dans certains domaines.»

Cette phrase sema le doute dans l'esprit d'Ichigo, qui ne pouvait pas voir la réaction d'Hitsugaya qui se trouvait sûrement de l'autre côté du téléphone. Il devait être parmi les ombres que le jeune homme ne faisait qu'apercevoir. Le roux passa sa main dans ses cheveux.

«Qu'est-ce que j'y gagne?»

«Notre gratitude. Et le titre de Shinigami officiel.»

«... Je pars quand?»

La réponse du rouquin étonna Yamamoto. C'était le seul qu'Ichigo pouvait voir, donc il ne connaissait pas la réaction exacte des ombres derrière le Capitaine de la Première Division. Quelques secondes plus tard, le vieillard souriait de toutes ses dents. «La semaine prochaine, samedi, à 19h30. Je vous rappellerai pour les détails.»

«Parfait.» Le Shinigami remplaçant se pencha sur le téléphone. «Alors à la semaine prochaine», lança-t-il avec un charmant sourire, et il raccrocha. Le téléphone fermé, il soupira et s'assit sur le tabouret derrière lui, trempant tous ses vêtements mais ne le remarquant même pas.

Il allait revoir Byakuya, Renji, Kenpachi, il allait trier des papiers toute la journée, il allait louper la plage qu'il avait prévu avec ses amis. Pas cool.

Mais il allait voir Rukia souvent, il allait essayer de ramener ses potes et réussir, et enfin il allait assister une beauté fatale. C'était surtout pour cette dernière raison qu'il partait. Et ça, c'était cool.

Heureux, il sortit de la salle de bain en pensant à la prochaine semaine. Juste en boxer, ce qui fit hurler son père, jaloux de la plastique de son fils.

Soul Society.

Hitsugaya avait croisé les bras quand Yamamoto lui avait annoncé qu'il convoquait les Capitaines et vice-capitaines des Treize Divisions pour assister au coup de téléphone qu'il passerait à Ichigo Kurosaki. Sous son froncement de sourcils habituel, il s'était demandé pourquoi le Capitaine de la Première Division tenait tant à ce que tout le monde voit cet appel. Il avait secoué la tête en signe d'incompréhension et s'était déplacé jusqu'à la salle blanche, prévue spécialement pour les réunions du Gotei 13. Quelques personnes étaient déjà présentes, comme Byakuya Kuchiki, Renji Abarai, Hinamori Momo, ou Kenpachi. Hinamori était une vieille amie d'Hitsugaya, aussi vint-elle avec un grand sourire pour lui dire bonjour, ce à quoi il répondit par un grognement mécontent.

«Tu n'es pas très enthousiaste», nota la jeune fille.

«Ces réunions me tapent sur les nerfs», répondit simplement Hitsugaya. «Mais il n'y a pas que ça... J'ai l'impression que Yamamoto-taicho et Rangiku me cachent quelque chose.»

Hinamori le regarda quelques instants. «Je crois que tu es paranoïaque.»

«Pas du tout.» Il la transperça de ses magnifiques yeux turquoise. «Quelque chose cloche», insista-t-il en se détournant d'Hinamori. Hitsugaya n'étant pas de très bonne conversation lorsqu'il était énervé, Hinamori eut un triste sourire et partit saluer Kira Izuru qui venait de franchir le pas de la porte.

Le jeune prodige aux cheveux blancs se posait un tas de questions. À propos de Yamamoto et Rangiku, évidemment, mais également à propos de Kurosaki. Quel était le lien? Pourquoi Kurosaki? Et qu'avait voulu insinuer Matsumoto la dernière fois? Il avait horreur de se creuser la tête sans trouver de réponses. Aussi, lorsque tout le monde fut arrivé, le génie arrêta de se tracasser et, les bras croisés, il attendit que Yamamoto prenne la parole.

«Taichos, fukutaichos», salua le vieil homme chauve. «Ravi que vous soyez tous présents.»

«Yamamoto-taicho, en quoi notre présence est-elle requise pour cet appel?», demanda Byakuya sèchement.

«C'est une question de coutume», dit le vieux en haussant les épaules. «Avant d'appeler Kurosaki-kun, je tiens à préciser quelque chose.» Le silence tomba dans la salle. «C'est moi qui parle à Kurosaki-kun, et votre discrétion serait la bienvenue.»

«Dommage, j'avais plein de trucs à dire à Ichigo», râla Kenpachi avec un sourire sur le visage. «En gros, on regarde et on se tait, c'est ça?»

«Oui.»

Yamamoto regarda Hitsugaya un instant. Le jeune garçon était glacial, absolument splendide dans sa froideur, ses cheveux blancs tranchant avec son teint de pêche, ses yeux d'une magnifique couleur turquoise si caractériels et sa petite moue pincée qui ne le rendait que plus charmant encore. Le gamin était devant la masse de Capitaines et de vice-capitaines. Souvent, les taichos et fukutaichos le laissaient aller devant lors des réunions, parce qu'il était petit et, même s'il avait horreur qu'on lui fasse remarquer ou qu'on ait pitié de lui à cause de ça, qu'il ne voyait rien sinon. Le vieil homme eut un sourire et se dit que ce qu'il verrait dans le regard d'Hitsugaya vaudrait tout l'or de la Soul Society d'ici quelques secondes.

Le Capitaine de la Première Division sortit le téléphone, le posa sur le socle prévu à cet effet, composa le numéro d'Ichigo et s'éloigna d'un pas. L'engin s'alluma, clignota et émit un distinct «Biiiiiiiiip-biiiiip», audible par la salle entière, qui était équipée de hauts parleurs et également d'un projecteur d'hologrammes qui permettrait à la population de la salle de voir le correspondant. Tout le monde s'était tu, étonné et ayant hâte de voir Kurosaki, puisque cela faisait au moins un an que personne ne l'avait vu sauf Hitsugaya. Le jeune homme aux cheveux blancs savait très bien ce qu'était devenu le roux : un bel adolescent, plein d'énergie et d'amis, souriant quand il le fallait. Tout ce qu'il n'était pas et ce qu'il rêvait inconsciemment d'être. Sa pensée ne put pas aller plus loin, parce qu'il aperçut un mouvement dans l'hologramme et la lumière de la salle s'éteignit : Kurosaki avait répondu.

Devant ses yeux se trouvait un jeune homme roux, qui avait encore changé en l'espace de quelques mois. Son visage avait un aspect un peu moins enfantin qu'avant et son corps s'était encore épaissi. Hitsugaya relâcha son attention quelques secondes, et ses yeux s'agrandirent quand il s'aperçut que Kurosaki était nu, seulement avec une petite serviette entourant ses reins, exposant des abdominaux à tomber par terre sans aucune pudeur, des pectoraux parfaits et un cou musclé mais délicat. On pouvait deviner son regard noisette étonné et chaleureux sous les cheveux dégoulinants d'eau, et tous les Capitaines et vice-capitaines suivirent silencieusement une goutte de liquide qui partit de ses cheveux pour s'écraser sur l'épaule du roux, qui continua son chemin sur la peau bronzée en suivant les abdominaux pour ensuite se perdre dans la serviette.

Hitsugaya crut entendre une voix féminine murmurer derrière lui «Cette bombe, c'est Kurosaki?», mais il n'y prêta pas plus attention. Il se demandait comment un homme pouvait lui paraître aussi attirant, sans réellement parvenir à penser. Mais, à priori, Kurosaki faisait cet effet à tous les Capitaines et vice-capitaines, qu'ils soient de sexe masculin ou féminin. À croire que cet imbécile de Kurosaki avait un espèce de pouvoir sur eux. Mais aucun reiatsu n'était capable de ça. Hitsugaya ne comprenait donc pas pourquoi ils (et il se comprenait dedans à contrecœur) réagissaient de cette façon.

Yamamoto, amusé par la réaction attendue du petit prodige, tourna la tête et s'adressa à Kurosaki. «Kurosaki-kun? Ici Yamamoto. Ah, ça y est, je vous vois. Vous devriez d'ailleurs enfiler quelque chose.»

Des Capitaines et vice-capitaines s'éleva un certain murmure de protestation, accompagné d'un chuchotement d'admiration. Même Hitsugaya, à sa grande horreur (non pas qu'il détestait Kurosaki, mais sa propre réaction), ne pouvait s'empêcher d'admirer la plastique plus qu'appréciable du jeune homme. Cette réflexion provoqua un grand trouble chez le prodige qui réussit à se calmer et à suivre la conversation, en essayant d'éviter de poser son regard sur le corps du roux.

«Même si votre corps semble bien plaire aux Capitaines et vice-capitaines des treize Divisions, je pense que ça serait dans votre intérêt», continua Yamamoto, faisant aussitôt taire les murmures qui provenaient de son dos. Hitsugaya se sentit particulièrement visé, et son entêtement le poussa à ne pas se poser des questions sur le «pourquoi».

Ichigo disparut un instant et revient quelques secondes plus tard... en simple caleçon. Hitsugaya entendit très distinctement Matsumoto soupirer et, devinant que sa vice-capitaine avait complètement craqué sur le nouveau Kurosaki, leva les yeux au ciel.

«Je ne savais pas que vous aviez la visio», dit le roux avec un sourire qui provoqua un nouveau soupir de la part d'Hinamori cette fois. «Ça y est, je suis habillé. C'est vous qui essayez de me joindre depuis hier soir? Je suis désolé de ne pas vous avoir répondu, Yamamoto-taicho, j'étais assez occupé.»

Hitsugaya n'en revenait pas. Il appelait ça habillé. Et depuis quand Ichigo était poli? Depuis quand avait-il une voix aussi chaude et heureuse? Et surtout depuis quand Hitsugaya faisait-il attention à ce genre de détails? Le prodige commençait à perdre les pédales. Il n'arrivait plus à penser de la façon qu'il voulait, et ça l'agaçait prodigieusement. Il avait horreur de ne pas avoir le contrôle parfait de ses sentiments, et Kurosaki arrivait comme une fleur habillé en caleçon avec un panneau «élément perturbateur du cerveau de Toshiro Hitsugaya».

Yamamoto n'attendit pas qu'Hitsugaya ait fini son intervention mentale. «Pour vous proposer un échange de bons procédés» fut la phrase qu'il prononça ensuite, insinuant le doute en Hitsugaya. Il n'avait jamais été question de ça... Et à voir la tête de Kurosaki, cela l'étonnait aussi.

«C'est-à-dire?», lança le roux en passant sa main dans ses cheveux, récoltant quelques gouttes d'eau au passage, traduisant son incompréhension de la situation. Ce geste machinal provoqua un nouveau soupir des filles de la salle, non suivies par les garçons uniquement parce que c'était une question de fierté, même si les hommes de la salle n'en pensaient pas moins.

«Connaissez-vous Matsumoto-san?», amorça le vieil homme en caressant sa barbe, heureux de l'effet que produisait Kurosaki sur les Capitaines et vice-capitaines du Seireitei. Il avait prévu ça, quand il s'était aperçu du changement du roux. Il sentait tous les reiatsus des personnes de la salle troublés par la beauté soudaine du jeune homme. Matsumoto, se sentant concernée, tendit l'oreille, comme Hitsugaya qui était intéressé par la réponse d'Ichigo et la prochaine phrase de Yamamoto.

«C'est une rousse avec des yeux bleus et des gros seins?» Les Capitaines et vice-capitaines eurent du mal à ne pas éclater de rire. Et cette phrase provoqua un petit sourire chez Hitsugaya, qui baissa la tête pour le cacher. Il tenta de se contrôler, mais cette petite phrase anodine, dit sur un ton innocent, tellement pleine de vérité, était véritablement comique. Et comme il devait tenir son rôle, le prodige se contint et releva la tête quand il fut sûr que toute trace d'hilarité avait disparu de son visage. Il sentait le reiatsu de Matsumoto, partagé entre la joie qu'il ait retenu son nom et son aspect et l'agacement, qui finalement l'emporta. La rousse émit un «Mpf» pour manifester sa désapprobation mais ne dit rien d'autre.

«... C'est également la vice-capitaine de la Dixième Division, commandée par Toshiro Hitsugaya-taicho», continua Yamamoto avec un sourire aux lèvres.

Le vieil homme fut satisfait de deux faits : l'éclat dans le regard d'Hitsugaya qui montrait un étonnement mêlé à autre chose qu'il ne parvenait pas à déchiffrer, et le changement imperceptible dans le visage d'Ichigo qui montrait une certaine attention à ses dernières paroles. Le jeune prodige ne savait pas vraiment quoi penser ; il avait aussi vu le changement dans le visage d'Ichigo malgré toutes ses tentatives de persuasion mentale. Perdu, Hitsugaya se contenta d'observer Ichigo qui fronça les sourcils, presque aussi bien que lui.

«Oui, je connais Matsumoto-san. Et à quoi cela nous mène-t-il?», demanda le rouquin en changeant de position, faisant frémir la personne juste derrière Hitsugaya.

Yamamoto prit son temps pour répondre. «Elle a une importante mission dans le monde des vivants. Vu la dangerosité de cette mission, qui risque de prendre beaucoup de temps, la place de vice-capitaine de la Dixième Division sera vacante.» Le Capitaine de la Première Division laissa planer un instant de silence et reprit. «Donc nous voulions savoir si aider Hitsugaya-taicho à assumer son rôle de Capitaine serait à votre portée. Bien sûr, le travail ne se limite pas à la paperasse.» Hitsugaya pinça les lèvres en attendant la réponse du roux. Il était persuadé que ce dernier refuserait, parce qu'il n'avait aucune raison d'accepter.

Le roux fronça les sourcils. «Vous voulez que je prenne momentanément la place de Matsumoto-san en tant que vice-capitaine de la Dixième Division? Pourquoi moi?», termina-t-il en s'avançant vers le téléphone, provoquant un gros plan sur le visage pseudo-irrité d'Ichigo et ses yeux noisette dans lesquels les vice-Capitaines féminines se perdirent.

«Peut-être pourrez-vous être utile dans certains domaines», répondit Yamamoto avec un ton équivoque. Hitsugaya se rendit compte que Yamamoto et Matsumoto savaient exactement de quels «domaines» le vieux parlait et qu'apparemment, ça le concernait lui, et Ichigo. Le prodige aux cheveux blancs se posait tout un tas de questions, sans trouver aucune réponse. Aucun indice ne lui avait été laissé sur le véritable «pourquoi» de la visite d'Ichigo. Pendant ce temps, le roux passa sa main dans ses cheveux, secouant les gouttes.

«Qu'est-ce que j'y gagne?», répondit le roux.

«Notre gratitude. Et le titre de Shinigami officiel», lâcha Yamamoto avec un sourire, sachant très bien que ça ne serait pas pour cette raison que le roux partirait.

«... Je pars quand?», fut la réponse qui étonna tous les Shinigamis présents, même le Capitaine de la Première Division qui ne pensait pas que la réaction attendue arriverait aussi rapidement. Dans les yeux céruléens d'Hitsugaya tournoyait une profonde surprise : pourquoi donc Ichigo acceptait-il cette proposition? Tout le monde savait que le roux et lui se situaient aux antipodes : Hitsugaya était (en apparence) froid, sans sentiments, très réfléchi, allergique aux gens comme Ichigo, impulsif, le cœur sur la main, au sang chaud et bouillonnant. Et pourtant... Hitsugaya ne savait pas vraiment quoi penser. Le roux était impulsif, peut-être avait-il accepté cette mission juste pour le titre de Shinigami. Il n'aimait pas le titre de Shinigami remplaçant, la Soul Society entière le savait. Alors, juste pour ça...? Le regard passionné d'Ichigo ne reflétait aucune avidité, aucune envie de pouvoir ou d'ascension sociale. Rien d'ambitieux. Le prodige fronça encore plus les sourcils. Pourquoi? Oui... pourquoi?

Yamamoto eut un grand sourire exprimant la victoire. «La semaine prochaine, samedi, à 19h30. Je vous rappellerai pour les détails», lança-t-il pendant la profonde réflexion d'Hitsugaya.

«Parfait», fut la réponse d'Ichigo, qui se pencha sur le téléphone, interrompant les pensées du prodige qui ne put s'empêcher de regarder le corps plus qu'appréciable d'Ichigo (avec une certaine retenue, tout de même). «Alors à la semaine prochaine», dit le rouquin avec un sourire. Et juste après, son image disparaissait complètement, et les sons relatifs à la vie humaine s'éteignirent.

Hitsugaya se rendit compte du silence pesant qui avait envahi la pièce. La lumière se ralluma automatiquement, faisant papillonner les yeux des Capitaines et vice-capitaines habitués à l'obscurité réconfortante. Ils se regardèrent tous, encore étonnés de la soudaine beauté de Kurosaki. Hitsugaya s'était pourtant ressaisi physiquement, même si mentalement son cerveau cogitait, et il croisa les bras, les sourcils froncés et ses yeux céruléens presque énervés fixés sur Yamamoto. Les taichos et fukutaichos partirent tous au fur et à mesure.

Tous sauf Hitsugaya. Qui ne lâcha à Yamamoto que «Vous saviez qu'il serait sous la douche, n'est-ce pas, Yamamoto-taicho?», ce à quoi le sourire du Capitaine de la Première Division s'élargit encore.

«Comme si ça avait gêné quelqu'un.»

Monde des vivants.

Cela faisait presque une semaine qu'Ichigo avait reçu l'appel de la Soul Society. Il avait réussi à faire venir ses amis. Toutefois, ils ne vivraient pas au même endroit : Uryuu, Inoue, Chad, Yoruichi et Urahara seraient logés avec la Quatrième Division, sous la responsabilité d'Unohana, la Capitaine de cette Division. Même Kon était autorisé à venir, et serait logé avec les Kuchiki, puisqu'il était la propriété de Rukia. Tandis qu'Ichigo se verrait coucher sous le même toit qu'Hitsugaya, qui avait accepté de l'héberger. Il prendrait le lit de Matsumoto et ses affaires en attendant qu'elle revienne. Et ses amis ne pouvaient pas rester longtemps, trois semaines à peine. Mais ça suffisait à Ichigo qui redoutait quand même le moment de leur départ, le moment où ils le laisseraient seul dans le Seireitei. Non pas qu'il soit peureux, mais la situation était plutôt effrayante.

Le roux avait hâte. Même très hâte.

«Ichigo? Tout va bien?», lança Keigo, le camarade d'Ichigo qui s'était glissé derrière le roux en posant un regard attentif sur son ami. «Tu me parais bizarre depuis quelques temps...»

Ils étaient sur le toit du lycée, le vendredi après-midi. Ichigo regardait vaguement le ciel et son ami se demandait ce qui lui prenait d'être aussi distant. Keigo n'eut pas l'occasion de finir sa phrase qu'Inoue débarquait. Sa longue chevelure rousse encadrait son joli visage niais, et elle cria un «Kurosaki-kuuun» guilleret en bondissant vers lui tel un lapin un peu idiot doté de deux énormes seins. Elle était suivie par un grand gars bronzé qui n'était autre que Chad, de son vrai nom Sado.

«Alors, c'est bon pour la Soul So...», commença-t-elle joyeusement avant d'être bâillonnée par un Chad prudent et stoïque.

«Inoue, attention», dit lascivement l'immense gaillard en lâchant la rouquine. «... Ichigo», poursuivit Chad après un temps d'attente. «On peut discuter?»

Le roux posa son regard sur ses camarades surexcités. Il était plongé dans ses pensées : ses prochaines vacances étaient la seule chose qui obsédait son esprit. Alors ce fut avec un grand enthousiasme qu'il vira proprement Keigo sans tenir compte de ses protestations, en prétextant une réunion entre amis. Il ferma à clef (où a-t-il eu les clefs?) la porte qui reliait le toit aux escaliers et repartit avec un soupir vers ses amis.

«Bon, on est enfin seuls», soupira le Shinigami remplaçant en se laissant glisser le long du grillage pour terminer par terre, las. «Ouais, j'ai eu Yamamoto au téléphone. Enfin j'crois que c'est un téléphone...», marmonna-t-il peu convaincu.

«Alors, qu'est-ce qu'il t'a dit?», ne put s'empêcher de questionner Inoue, curieuse. «Il est d'accord pour qu'on passe nos vacances à la Soul Society?»

«Trois semaines. On a convenu sur la durée de votre séjour : trois semaines», répéta le roux dont le regard se déplaça dans le vague. «Quant à moi, eh bien... je resterai jusqu'à ce qu'ils n'aient plus besoin de moi.»

Chad, resté silencieux, posa la question qui brûlait les lèvres d'Inoue. «Pourquoi?», demanda-t-il calmement.

Ichigo prit son temps avant de répondre. Il avait lui-même réfléchi à tout ça, et c'était difficile à exprimer avec des mots. «Je ne sais pas vraiment. Une envie de reconnaissance? De servir à quelque chose? De rencontrer de nouvelles personnalités? Une expérience différente? Quelque chose en rapport avec mon titre de Shinigami remplaçant? Ou même ma condition de Vizard? …Je ne sais pas. Un mélange de tout, sans doute. Autant dire qu'il n'existe pas une réponse simple à ta question, mon pote. J'ai envie de partir.»

Un vent chaud s'engouffra sur le toit, soulevant les masses capillaires rousses et châtains, faisant s'agiter les tee-shirts légers. Un silence s'étira. Inoue ne savait pas vraiment quoi dire après cette tirade, mais Ichigo et Chad ne se sentaient absolument pas gênés. Ils avaient toujours aimé rester ensemble, en silence, pendant des heures entières. Ils n'avaient pas besoin de parler. Ils n'avaient besoin de rien, à part de la présence rassurante de l'autre. Inoue comprit, de façon implicite, grâce aux yeux de ses amis qui se fermèrent progressivement et à leurs épaules qui se détendaient. Et la jolie rousse eut un sourire, et ferma les yeux elle aussi. Pour profiter de la chaleur, de ses amis, de la tranquilité, sans personne pour la déranger.

Ils étaient ensemble mais pourtant seuls. En paix.

Ce moment fort agréable fut évidemment interrompu quelques minutes plus tard par un Keigo qui s'impatientait. «Mais qu'est-ce que vous foutez?», hurla-t-il soudain en tambourinant à la porte, provoquant le sursaut de Chad, Inoue et Ichigo. «Vous avez prévu un truc auquel je ne suis pas invité? Bande d'ingrats! Après tout ce que j'ai fait pour vous!» Les lamentations de Keigo les firent sourire. Il était incorrigible.

Ichigo, le sac balancé négligemment sur l'épaule, rentrait chez lui sous un charmant soleil, sa chemise blanche scolaire rentrée dans le pantalon noir moulant. Ce dernier lui allongeait considérablement les jambes, ce qui donnait un effet assez impressionnant : déjà qu'Ichigo n'était pas ce qu'on pouvait appeler une personne petite, ses jambes étaient en plus immenses. Il ressemblait à un mannequin de cette façon, avec la pose, une expression blasée sur son beau visage, le vent jouant avec ses cheveux, et le corps qui allait avec. Il ne manquait plus que l'appareil photo et les magazines. Une fois rentré chez lui, en ne voyant même pas les regards ahuris qui se posaient sur lui lorsqu'il passait dans la rue, il salua ses sœurs d'un «Yo» bref et monta aussitôt dans sa chambre.

Au fur et à mesure qu'il gravissait les marches, son excitation naissait et grandissait : le lendemain, il partait pour la Soul Society. Yamamoto s'était arrangé avec Urahara, qui les enverraient lui et ses amis au Rukongai, qu'ils n'auraient qu'à traverser pour accéder au Seireitei. Le roux sentait dans son ventre une profonde agitation, dûe au stress et à l'appréhension, néanmoins bien moins prononcée qu'une grande ivresse. Il ne rêvait que de s'évader à la Soul Society depuis l'appel de Yamamoto. Et, inconsciemment, de revoir tous les gens qu'il avait quitté un an plus tôt. Il avait hâte de revoir Rukia, elle lui manquait. Même Renji, qui s'avérait être un incomparable connard dans certaines situations et un compagnon sur qui on pouvait compter dans d'autres ; ainsi que Byakuya, avec ses grands airs et son habitude d'être à cheval sur le règlement, plus que n'importe qui. Mais surtout Hitsugaya. Ce gamin avait un étrange pouvoir attractif sur tout le monde. Même sur lui.

Ichigo secoua la tête. Ça n'était pas le moment de penser à l'irritable et sublime Capitaine de la Dixième Division porteur de Hyourinmaru : il devait faire ses affaires. Le roux sortit un petit sac du placard (un SoulBag, qui permettait de transporter des objets du monde des vivants à la Soul Society), expédiant par la même occasion Kon qui se reposait dedans et qui en fut expulsé avec un grand cri. Pendant que la peluche s'explosait contre la tapisserie, Ichigo mit dedans son portable-chelou-de-la-Soul-Society, le chargeur de cet engin, quelques boxers, deux ou trois tee-shirts, le même nombre de pantalons, et tout ce qui était nécessaire. Il se stoppa un instant, ses yeux balayant son placard pour voir s'il n'avait rien oublié. Son regard s'arrêta sur les préservatifs, faisant instantanément voyager son esprit.

Ichigo n'était pas ce qu'on pouvait appeler un «coureur de jupons». Bien sûr qu'il avait eu des expériences sexuelles, beaucoup, avec des hommes et des femmes. Il avait même couché avec Orihime lorsqu'ils étaient tous les deux ivres. Juste après cette expérience, il s'était rendu compte d'une chose : elle était amoureuse de lui, mais ce n'était pas réciproque. Elle avait été très compréhensive, et avait réussi à l'«oublier». Ichigo lui en était reconnaissant, parce qu'il ne connaissait que trop bien la douleur d'aimer et de ne pas l'être en retour. Grâce à ça, ils s'étaient beaucoup rapprochés et entretenaient maintenant une grande amitié. En dehors de cette aventure, Ichigo avait expérimenté bien d'autres choses, et avait découvert qu'il préférait faire l'amour aux hommes. C'était plus bestial, plus fort, beaucoup plus intense. Toutefois, en tant que relation sérieuse, il trouvait les filles câlines et affectueuses. Il recherchait donc quelqu'un, un homme de préférence, câlin et affectueux. Limite un hermaphrodite. Dur à trouver.

Le Shinigami remplaçant se reprit, hésita un instant, et fourra ses préservatifs dans son sac. On ne savait jamais. Il termina de préparer ses affaires. À cet instant, Kon se saisit, d'une patte duveteuse et déterminée, du lubrifiant qu'il venait de fourrer dans son sac avec les préservatifs.

«Qu'est-ce que c'est?», demanda la peluche en examinant le tube sous toutes les coutures avec un étonnement. Il ne connaissait rien au sexe entre hommes, ça pouvait se comprendre vu son goût prononcé pour les seins (de Rukia et d'Orihime plus particulièrement) et sa quasi-addiction aux femmes. Ichigo sourit, tiraillé entre la profonde envie de choquer la peluche et sa raison qui lui disait de préserver ce jeune esprit des perversions de la vie, et finit par opter pour sa première idée.

«Tu veux vraiment le savoir?», demanda d'un ton grave le jeune rouquin en se rapprochant de Kon. Sa figure s'était transformée en un visage figé, comme si le tube que tenait la peluche était plus important que sa propre vie. La ModSoul déglutit, mais ne se laissa pas démonter et opina. Ichigo pensa furtivement que Kon avait laissé échapper sa dernière occasion de rester pur. «C'est pour quelque chose que tu ne feras jamais», laissa tomber le roux en se détournant de la peluche pour fourrer d'autres affaires dans son sac.

«Explique-moi», geignit Kon en s'accrochant à son bras. «Alleeeeeezzz!»

«C'est pour le sexe», éluda Ichigo.

«Mais...», laissa échapper innocemment la peluche. «Comment ça?»

«Tu comprends, c'est parfois douloureux, quand on couche avec des hommes.» Kon en eut la bouche qui s'ouvrit de stupéfaction. Ichigo éclata d'un rire franc. «Eh, fais pas comme si t'étais étonné, Kon!»

«B-ben... Mais-euh... T'as l'intention de coucher avec quel homme à la Soul Society, Ichigo?» Sa question prit Ichigo de court. Ses yeux noisette étonnés fixèrent ceux de plastique de Kon. La peluche laissa passer un silence, puis reprit de plus belle en s'accrochant au bras d'Ichigo. «Renji? Naaannnnn... Byakuya? Hein? C'est Byakuya? Nan c'est Kenpachi! Oui, avoue, c'est lui! Dis-moi, dis-moi, dis-moi!», pleurnichait la peluche.

Le roux ne s'attendait vraiment pas à ça. Plutôt à un air de dégoût, une moue d'incompréhension, à tout... mais pas à un interrogatoire pour savoir avec qui il voulait coucher à la Soul Society. Il ne s'était pas encore posé la question, à vrai dire, et il s'était malheureusement aventuré sur un terrain glissant. «Je sais pas, Kon! Ça ne se prévoit pas, les trucs comme ça!», dit-il soudain, gêné et rougissant. «Et puis d'où ça te regarde, teme?»

«Je sais!» hurla la peluche. «J'suis sûr que c'est avec ce Capitaine de Division! Le gosse aux cheveux blancs! Avoue Ichigo, t'as craqué sur un gamin!» Ichigo le fixa avec des yeux ronds. Bien sûr qu'Hitsugaya était magnifique, mais il était en tous points inverse à la personne qu'il cherchait. Même si le roux n'aurait pas refusé les avances du gamin irritable... Mais il n'eut pas le temps de réfléchir plus, puisque Kon répliqua de plus belle «Ichigo, t'es un pédophile» d'un ton railleur. À tue-tête, il chantait ces mots ; et ça agaça très vite Ichigo qui l'envoya bouler sur son bureau.

«Mais tais-toi!» siffla le roux en reprenant le tube de lubrifiant qui était tombé des mains de Kon pendant son vol plané qui avait pour piste d'atterrissage les cahiers ouverts d'Ichigo. Il le fourra dans son sac. «N'emploie plus jamais ce genre d'expression devant moi», continua-t-il en fulminant, les yeux rivés sur la peluche qui commençait à avoir peur. «Plus jamais, c'est compris, bakayaro?»

Kon opina et resta immobile, un cahier sur la tête et un crayon dans la main, pendant qu'Ichigo terminait son sac en silence. L'atmosphère était pesante mais, selon Ichigo, Kon l'avait bien cherché. La peluche, au bout d'un moment, rentra dans le placard et le roux, quant à lui, plaça son sac dans un coin de la pièce. Ichigo décida paresseusement de se mettre à faire ses devoirs pour la rentrée. Yuzu l'appela pour manger mais il lui cria qu'il n'avait pas faim et qu'il était occupé.

Quelques heures plus tard, le Shinigami remplaçant s'étira comme un chat, un sourire sur les lèvres. Il était réellement en vacances, maintenant qu'il avait terminé son travail harassant. Épuisé, il jeta un coup d'œil à sa fenêtre, et se rendit compte qu'il faisait noir dehors. Apparemment, il avait passé beaucoup de temps à faire ses devoirs, ce qui était normal vu qu'il s'était tapé les devoirs des vacances entières. Les étoiles se découpaient particulièrement bien dans le ciel obscur, et la paresseuse nuit engloutissait littéralement les bâtiments voisins, si bien qu'Ichigo ne voyait rien au-delà de l'arbre qui était à deux mètres de sa fenêtre. Même la maison juste à côté de celle du roux était invisible, cachée par les ténèbres.

Ichigo se leva prestement, s'écroula sur son lit et passa deux bras musclés derrière ses cheveux flamboyants. Oui, flamboyants. Tout le monde l'avait toujours regardé de travers dans la rue, ou même au lycée, à cause de sa foutue tignasse rousse. Mais il s'en fichait, et même s'en amusait. Rien que pour les emmerder, il aimait ses cheveux.

Soudain, le Shinigami remplaçant sentit le reiatsu d'un Hollow. Un écrasant reiatsu, pas très puissant mais assez pour alerter l'incontrôlable rouquin. Il fronça les sourcils et se releva. Il ouvrit le placard, s'empara de Kon qui protesta et, restant sourd aux pleurnicheries de la peluche, enfonça ses doigts dans sa bouche. Il en extirpa la petite ModSoul fragile, et la peluche tomba inanimée à terre. Avec un certain air de dégoût, il avala la bille contenant l'âme de Kon et jaillit aussitôt de son corps, habillé d'un Shihakshou et portant Zangetsu dans son dos. «Ne bouge pas de la chambre», lança-t-il à Kon avant d'ouvrir la fenêtre et de sauter dehors.

L'air frais le fit frissonner, mais il ne se déconcentra pas. Il garda en tête la direction du reiatsu du Hollow, et fronça les sourcils en entendant le cri caractéristique de cette âme égarée. Il était proche. Ichigo espérait avec une boule au ventre qu'il n'était pas venu pour ses sœurs. Sceptique, le roux atterrit sur un toit, poursuivit sa course rapide sur les hauteurs de la ville de Karakura et exécuta plusieurs Shunpos qui le rapprochèrent considérablement du Hollow. Lorsqu'il descendit des toits, il s'aperçut que le Hollow avait déjà causé des dégâts importants, et avec une certaine horreur qu'il tenait une âme entre ses doigts obscurs. Un immeuble était entièrement détruit, mais heureusement ce n'était qu'un entrepôt. Des éléments de béton, de bois et autres matériaux jonchaient le sol, rendant la course difficile et les mouvements entravés. L'âme qui avait été capturée par le Hollow avait attrapé un pic de métal pointu et s'évertuait à le planter dans le bras de la créature qui ne le sentait probablement pas.

Le jeune garçon sortit Zangetsu et s'abattit immédiatement sur le bras de l'âme égarée. Celle-ci hurla lorsque son membre fut tranché net, et tituba. Il se tenait à quatre pattes – enfin, à trois maintenant – et sa face blafarde et hideuse se fixa sur le Shinigami remplaçant. L'âme prisonnière du Hollow, un jeune adolescent aux cheveux bruns, remercia Ichigo en bafouillant. «T'inquiète, c'est mon boulot», répondit Ichigo en ne quittant pas le Hollow des yeux. «Planque-toi en attendant que je règle son compte à ce Hollow!» L'âme ne se le fit pas dire deux fois et battit en retraite, laissant Ichigo face à l'immense Hollow.

Le roux sourit et chargea le Hollow qui laissa de nouveau un cri lui échapper, un hurlement pressé qui témoignait de son envie d'écraser cette bestiole orange qui lui enlevait son repas et qui osait toucher à sa main. Le Hollow esquiva une première fois l'assaut meurtrier d'Ichigo qui visait sa face blême mais ne put éviter la coupure sur sa «jambe» droite. Un flot noir se déversa de la plaie tandis que le Shinigami remplaçant se posait tranquillement à terre. Avec une moue amusée, Ichigo regarda le Hollow protester une fois de plus en criant, et, n'ayant pas envie de perdre son temps avec une âme devenue si faible et si monstrueuse, se précipita à nouveau sur lui en tranchant son masque de haut en bas. D'une précision mortelle et impressionnante. Le Hollow hurla une dernière fois et s'évapora.

La jeune âme qu'Ichigo avait sauvé sortit des décombres de l'immeuble précédemment détruit par le Hollow, et le rouquin put le détailler. Assez petit, une tignasse chocolat ébouriffée, habillé assez à la mode, de grands yeux gris, un air affolé dans son regard. Il était très maigre et affaibli. Ichigo sentit un pic de pitié le traverser. «Tu as quel âge, gamin?», demanda le roux en prenant une voix presque douce.

«Q-quatorze ans», lui répondit l'âme en triturant ses doigts. Il s'était un instant demandé si il devait l'appeler Monsieur, mais il s'était rendu compte que le roux n'était pas beaucoup plus vieux que lui.

«... Comment est-ce arrivé?»

«Accident de la route, il y a deux mois.» Le jeune lui montra une grosse trace de sang sur son tee-shirt. «Apparemment, ce n'était pas beau...»

Ichigo posa sa main sur la tête du garçon et lui frotta les cheveux en signe de compassion. «Trop jeune... Je vais t'envoyer dans un endroit bien plus tranquille, aie confiance en moi.»

Le gamin surpris opina ensuite, avec un sourire. «Merci beaucoup.» À cet instant, Ichigo fronça les sourcils : l'âme du gamin était puissante. Peut-être aurait-il les aptitudes pour devenir Shinigami, qui sait. Mais le gamin n'était pas noble. Toutefois, le roux non plus. Cette pensée le fit sourire.

«Gamin, promets-moi quelque chose. Ne te laisse pas marcher sur les pieds, OK? Et renseigne-toi à propos de l'école des Shinigamis.» Cette phrase laissa le gamin perplexe, mais l'âme acquiesça.

«Comment vous vous appelez?» Le vouvoiement surprit Ichigo, ainsi que la question.

«Ne me vouvoie pas, j'ai même pas la majorité», ricana le Shinigami remplaçant. «Ichigo Kurosaki.» Le ton était presque paternel.

«Moi, c'est Seiji. Seiji Satoshi.» Le jeune regardait Ichigo avec une admiration presque gênante pour le concerné. Ses grands yeux gris le scrutaient, comme s'il cherchait à lire en lui, et Ichigo se sentit rougir. «J'espère qu'on se reverra bientôt», lâcha Seiji en souriant à nouveau. Ichigo, pris de nouveau d'un sentiment paternel, lui rendit son sourire et pratiqua le Konso sur Seiji, qui s'enfonça dans le sol en ne cessant de le regarder.

Ichigo jeta un regard sur le champ de bataille qui l'entourait. Des marques d'épées avaient abîmé le sol à plusieurs endroits, des morceaux d'un peu de tout s'étalaient sur les dalles, des bâtiments s'étaient effondrés. Le roux posa son épée sur son épaule, et partit en pensant qu'il avait vraiment mérité ces vacances.

Soul Society.

«Vous voyez? Kurosaki-kun s'est beaucoup amélioré. Son coup était net et précis.»

«Tu as raison. Accueillez le gamin comme il se doit.»

«Bien sûr. Vous pensez qu'il fera l'affaire, taicho? Après tout, tout ce qu'on fait tourne autour de Kurosaki-kun.»

«Ne t'inquiète pas. Il sera parfait. Toutefois, il faut que tu partes. Tu risques de l'inquiéter. Et c'est la dernière chose que je voudrais. Qu'il découvre notre plan.»

«Oui, taicho. Tenez-moi au courant.»

Deux ombres éteignirent le projecteur qui montrait le monde des vivants, se séparèrent et s'évanouirent dans l'obscurité.


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