PARTIE 1 : LE COMMENCEMENT

Prise d'une soudaine nouvelle colère, elle attrapa ses gels douches et shampoings derrière elle, et les lança à travers la salle de bain. Abigail décida qu'il était temps.

Dans sa main, la lame prenait le rôle de sauveur. Il la délivrait enfin de cette douleur. De la peine qu'elle avait. Elle avait enfin la solution. Ne plus tout garder en sois, pleurer le soir dans le noir et le silence, sur un oreiller trempé. La dépression cesserait peut être enfin...

Elle regarda la lame, puis posa son regard sur son poignet. Elle poussa un long soupir, sentit une larme passer sur ses lèvres pâles, et coupa. Une fois, deux fois puis une troisième fois. Incroyable ! Elle se sentait de mieux en mieux. Malgré une nausée, elle se sentait bien. Le sang coulait jusqu'à la pomme de sa main, et elle le regarda tomber sur son carrelage. Elle appliqua une grande compresse imbibée de désinfectant, et une fois le saignement calmé, recouvrit d'un bandage. Je dirais que je me suis brûlée... Se dit Abby.

Elle essuya ses joues, arrêta de pleurer. Elle se releva, ramassa les produits de douche, et les rangea.

Abby retourna se couchée, mutilée.

Lorsqu'elle ouvrit les yeux le lendemain, elle avait une douleur dans le poignet. Elle se rappela son geste de la veille, et se promit que c'était la première et dernière fois. Mais lui revint aussi le souvenir de ce fabuleux moment de libération. Le moment tant attendu. Celui du premier vrai sourire depuis des mois, des années. Le moment où se rappeler de John n'était pas une souffrance. Pourtant, ce moment ne dure pas. Quand la coupure est faite, la douleur revient. Le sang coule, la cicatrice reste. C'est le prix à payer pour cinq minutes de liberté.