Bonjour à tous! Ce petit chapitre est pour tous ceux et celles qui, comme moi, ont pleuré la disparition d'une personne d'exception. Mais il ne nous quitte pas vraiment, n'est-ce pas? Pas tant que nous continuerons d'écrire, de lire, de rêver. Faisons-le vivre encore, à travers nos histoires, à travers nos fanfictions, gardons-le dans nos mémoires et dans nos cœurs.

Un doux chagrin sur le chemin du bonheur

Je marche, d'un pas rapide, fendant la brume compacte qui vient à ma rencontre. Guinness me suit docilement. J'avance sans but précis, sans savoir où je vais. Quelle importance ? Rien n'a plus d'importance. Je baisse la tête en lâchant un grognement sourd. J'ai mal à la poitrine, ma respiration est saccadée, mes poumons sont douloureux, brulants, j'étouffe, j'étouffe

L'air humide me fouette le visage, j'ouvre la bouche, ferme les yeux et respire à grands coups, sans jamais m'arrêter de marcher. Marcher, marcher, ne pas m'arrêter de marcher. Le brouillard qui monte du large me mouille la figure, les lèvres, je baisse encore les paupières, lève le menton et inhale, profondément. Mais à chaque fois la vision de son visage s'impose à moi, le visage d'Annie….

Un petit sourire étire mes lèvres lorsque je pense à elle, lorsque je revois mentalement ses beaux yeux songeurs qui me scrutent, sa sublime chevelure ocre qui ondoie sauvagement au vent, son sourire timide quand je lui parle. J'entends son petit rire d'enfant carillonner à mes oreilles, je la revois replacer confusément une mèche de cheveux derrière son oreille, et ses joues qui rosissent quand je la regarde trop intensément…et sa main dans celle de l'autre.

J'ouvre les yeux, brusquement, le souffle court, le visage brûlant. Ce souvenir est un poignard qui me lacère le cœur. Je lance un nouveau râle et accélère la cadence de ma marche infernale. J'ai besoin de marcher, je bous de l'intérieur, la douleur est insupportable. Le bruit de mes pas est étouffé par le sable trempé, les halètements de Guinness me suivent, il trotte à mes côtés, me dépasse, je sens ses coups d'œil sur moi. Cette bête est incroyable, elle me sent, elle devine mes humeurs, je le sais.

Que t'arrive-t-il ? semble-t-il me demander à travers son regard si expressif.

Mon visage se crispe.

« C'est fini, dis-je tout haut. Fini, tu comprends ? »

Ma voix d'ordinaire si calme tonne dans le silence de la plage déserte. Un coup de vent me gifle le visage en guise de réponse.

« Elle a un amoureux ! Que puis-je faire contre ça ? C'est fini ! Terminé ! Je ne la reverrai plus, plus jamais ! »

Je suis fou, je sombre dans la démence, je crie après mon chien, j'hurle au vent. Je peine à respirer, les paroles de son amie me tourmentent, me torturent, elle part en week-end à Paris, avec lui…

Je sens un poids m'étouffer, m'écraser la poitrine, cette pensée me déchire l'âme. Guinness lance un petit gémissement. Je le regarde, muet, tremblant : oui, j'ai moi aussi envie de pleurer


Le ciel s'est couvert, la grisaille donne à la maison un air mélancolique. Je tourne en rond depuis des heures, Guinness n'a pas cessé de rôder anxieusement autour de moi, il sent quand ça ne va pas. Je me plante face au petit cagibi où sont rangés les outils d'Ella, je les regarde, les touche, me souviens. Je cherche à sentir sa présence, j'espère trouver du réconfort, mais je me sens perdu, tout ce qui m'entoure, tous ces objets, toutes ces toiles, plus rien ne me console. Cet apaisement que me procuraient les choses d'Ella a disparu, ce sentiment d'être entouré par sa présence n'est plus. Je me sens tellement seul… seul sans elle, sans Annie…

Je referme la porte du placard et c'est une page de ma vie qui vient de se fermer. Je redescends, m'affale sur le canapé et prend ma tête entre mes mains.

Mon Dieu, mais comment en suis-je arrivé là ?

Le silence qui m'entoure, cette affreuse solitude me terrifient. Je me rends compte à quel point je me suis habitué à elle, j'ai besoin d'entendre sa voix, son rire, de sentir sa présence, sa chaleur auprès de moi.

Je lève la tête et regarde autour de moi avec hébétude. La maison, cette maison que j'avais habitée pour me sentir plus proche de ma femme, est désormais emplie des souvenirs d'Annie, de ses éclats de rire, de ses paroles, de ses murmures, elle est partout autour de moi, elle a laissé son empreinte dans chaque pièce, dans chaque objet, elle est partout, elle habite chacune de mes pensées, elle habite mon âme… et mon cœur.

Annie…

Son prénom se glisse doucement dans mon esprit, je ferme les yeux, savoure mentalement ce que ce simple mot évoque pour moi…

Comment suis-je arrivé à ce stade où plus rien ne m'importe ? À ce point où cette femme représente tant pour moi ? Je me sens tellement frustré, tellement impuissant… je laisse s'échapper ma seule chance d'être heureux de nouveau, l'unique personne qui ait fait renaître en moi l'envie de vivre, d'aimer…

Je retiens ma respiration. Oh mon Dieu… Voilà, je l'aime, j'aime Annie, je suis amoureux d'elle

L'évidence de ce que je ressens pour elle s'impose si soudainement à moi que j'en ai le vertige. Lentement cette douce réalité s'affirme, dans chaque parcelle de mon corps, de mon esprit, de mon âme…

Annie est partout, ce que je ressens pour elle a pris toute la place, mon amour pour elle fait battre de nouveau ce cœur que je pensais mort…

Je me laisse submerger un long moment par ce sentiment nouveau, par cette chaleur qui me grise, qui me saoule, c'est une déferlante pour mon être, je l'aime, je l'aime comme jamais je n'aurais cru pouvoir aimer de nouveau…

Et je dois me résigner à la laisser partir avec son amoureux…

Brusquement, je me lève. Non, je refuse, cela ne doit pas finir ainsi, ça ne peut se finir de la sorte !

Je brandis mon téléphone et lui envoie rapidement un petit mot où je lui demande de venir. J'ai besoin de la voir, encore une fois, j'ai besoin de lui parler. Je ne peux pas la laisser partir, pas sans qu'elle ne sache ce que je ressens pour elle !


Assis devant le piano, j'attends, calmement. Je me sens plus serein, plus apaisé. Accepter mes propres sentiments m'a permis de me réconcilier avec moi-même, avec la vie, mon amour pour Annie a donné un nouveau sens à mon existence.

Je souris tandis que je pianote quelques notes, distraitement. Ce piano, ce fut l'idée d'Ella, l'un de ses caprices auxquels j'avais fini par céder. Elle avait toujours rêvé d'en posséder un, même si, ni elle ni moi, ne savions jouer. J'avais fini par le lui offrir à un anniversaire. Je souris en me souvenant de son bonheur en s'asseyant sur ce même banc et faisant glisser ses doigts sur le touches en riant. Ces doux moments sont gravés dans ma mémoire, jamais ils ne s'effaceront. Mon amour pour elle restera intact dans mon cœur, jusqu'à la fin…

Même si une autre personne habite désormais mes pensées…

Le bruit d'une voiture m'arrache tout à coup à ma rêverie. Je me redresse, je sens l'anxiété monter en moi. Je me lève et mets de la musique. J'entends les pas d'Annie, elle passe devant la porte, s'arrête. Je m'arrête de respirer, Guinness se lève en remuant la queue. L'instant d'après, elle frappe doucement à la porte.

« Oui, entrez s'il vous plait. »

J'essaie de garder mon calme, Annie ouvre la porte et avance de deux petits pas. Je la regarde et je sens mon cœur s'envoler.

« Bonsoir, dis-je »

Je suis surpris par le ton de ma voix, les mots sortent de ma bouche dans un souffle presque inaudible.

« Bonsoir, répond-elle. »

Ses joues roses se teintent de ce délicieux vermeil que j'aime tant. Ses cheveux sont retenus sur les côtés et elle porte un haut couleur brique qui s'accorde à merveille avec le teint de sa peau.

Elle est époustouflante. J'admire la fraicheur de son visage, l'intelligence de son regard, la douceur de son sourire. J'aime tout en elle. C'est fou ce qu'elle m'a manqué et j'aimerais tant lui dire tout ce que je pense… Mais je demeure là à la contempler longuement, muet, incapable de prononcer un seul mot.

Elle baisse la tête et fixe le tapis, son visage s'empourpre de plus belle, elle semble gênée, je la gêne, je le sais, mon regard la perturbe et cette pensée me donne un délicieux sentiment de plaisir. Peut-être ne lui suis-je pas aussi indifférent, après tout ?

Tout à coup, elle relève la tête et me regarde droit dans les yeux.

« Vous vouliez me voir ? dit-elle. »

Oui. Je voulais te dire… que je suis tombé amoureux de toi. Que je n'ai cessé de penser à toi depuis cette nuit où je t'avais croisée au village, que je ne peux plus vivre sans toi et que savoir que tu as déjà quelqu'un dans ta vie est une torture pour moi.

Je la regarde et me rends compte à quel point j'ai envie d'aller vers elle, de la prendre dans mes bras et de l'embrasser. Je meurs d'envie de sentir la chaleur de son corps contre le mien, de gouter à ses lèvre, de la toucher, de la caresser…

Mais je reste là, comme sidéré, je ne trouve pas le courage de dire ou de faire quoi que ce soit. Je crains aussi qu'elle réagisse mal, je n'ai pas envie de la brusquer. Ce que nous avons construit est tellement cher à mes yeux… je ne veux surtout pas que cette belle relation puisse se rompre à cause d'une maladresse de ma part.

Lentement, My prayer emplit l'espace, cette chanson d'un autre temps est si sensuelle et romantique… et, soudain, danser avec elle me semble une évidence.

« Oui, dis-je. Je voulais vous donner votre cadeau d'anniversaire. »

Annie tressaille et me considère avec étonnement alors que je me lève et avance vers elle. Les paroles qui s'insinuent lentement entre nous font écho à ce que je ressens, à ce que j'aimerais tant pouvoir dire. J'inspire puis je tends la main vers elle.

« Voulez-vous danser avec moi ? »

Mon Dieu, j'ai tant de mal à me retenir de l'attirer vers moi, de la serrer contre ma poitrine, de lui murmurer à l'oreille que je l'aime. Le rouge lui monte une nouvelle fois au visage, elle acquiesce d'un léger mouvement de tête puis s'approche de moi et pose doucement sa main dans la mienne. Je ferme les yeux et retiens mon souffle.

Seigneur… j'avais oublié combien cet infime contact pouvait être délicieux, sa peau est tellement douce… Sa peau… cette pensée m'entraine vers d'étranges divagations. Je repense à hier soir, à ce moment où elle m'avait vu alors que je remontais de la plage totalement nu. Je songe à la manière dont elle m'avait regardé et à ce que cela avait provoqué en moi. Savoir que je pouvais à ce point la troubler m'avait procuré des sensations que j'avais pensé ne plus jamais ressentir.

Mais cela n'est rien en comparaison de ce que je ressens en cet instant, alors que je peux réellement la toucher, la sentir ainsi. La proximité de son corps embrase le mien, chaque muscle de mon corps est tendu, à l'agonie. J'ai besoin de plus, j'ai envie de plus, j'ai envie d'elle…

Nos regards se croisent, elle écarquille les yeux, je lis sur son visage une myriade d'émotions, elle m'a deviné, elle a compris

Alors, je pose mon autre main dans le creux de ses reins et l'attire délicatement vers moi. Je la sens frémir entre mes bras, elle détourne son regard, appuie son visage sur mon épaule tandis que je plonge le mien dans sa chevelure. Dieu du ciel, elle sent tellement bon… Je soupire, inhale, respire encore. Le contact de son corps serré contre le mien me donne le vertige, son odeur, sa chaleur, me font perdre la tête, mon désir pour elle me consume de l'intérieur. Mes mains se resserrent un peu plus sur elle tandis que nous commençons à danser. Je ferme les yeux, frôle sa nuque, je la sens frissonner, j'ouvre les yeux et fixe son cou qui s'offre à mes lèvres, qui se hérisse au contact de mon souffle, je me retiens péniblement d'y déposer un baiser, de la mordiller, de la goûter…

Le silence est complet, uniquement interrompu par la voix qui nous entraine irrémédiablement vers une danse lente et enivrante.

« Mon Dieu, The Platters, susurre Annie, tout à coup. »

Je souris dans ses cheveux.

« Oui, My prayer, vous vous souvenez ? Cette chanson me ramène invariablement à ce jour où nous nous étions rencontrés sur la route. »

Je ferme les paupières, mes pensées flottent et me transportent vers ce souvenir, cette journée qui est gravée dans mon esprit. Je revois cette belle jeune femme m'observer de sa voiture avec ce sourire timide que j'ai appris à connaitre. Je la revois descendre de sa voiture, les joues rouges, ses cheveux incroyables brillant au soleil, s'avançant vers moi d'un pas ferme, s'adressant à moi avec la spontanéité que j'admire tant.

Je me rappelle avoir été méfiant, impoli même, et l'avoir beaucoup agacée. Elle ne se rendait pas compte à quel point son visage était un livre ouvert et que je pouvais d'un coup d'œil deviner tout ce à quoi elle songeait. Mais j'étais si désespéré, si déprimé, je m'étais tant éloigné du monde, de la vie, que je n'étais plus capable de goûter à la présence d'une personne aussi généreuse et gentille qu'elle. Mon unique souhait était de rentrer chez moi et de retrouver Ella… Je vivais dans un tourbillon infernal et sans issue, et je ne pouvais deviner à ce moment-là que cette sublime jeune personne, cette inconnue, allait être ma salvatrice, mon soutien, mon refuge… et mon nouvel amour.

Et nous voilà, ici, maintenant, dansant ce slow, ensemble, peut-être pour la dernière fois. Cette pensée me déchire le cœur. Involontairement, mes doigts emprisonnent les siens plus fermement, je l'attire encore plus contre mon cœur, j'aimerais la garder ainsi avec moi, pour toujours, j'aimerais pouvoir l'empêcher de partir. Je sens qu'elle tressaille entre mes bras, elle s'accroche à moi, se hisse jusqu'à mon cou, y enfouit son visage.

Je déglutis, mes muscles se crispent, j'ai du mal à contrôler ma respiration. Danser ainsi avec elle est une torture pour mon âme, pour mes sens. Je l'étreins plus fort, je n'arrive plus à freiner mon désir pour elle, je caresse le creux de son dos, plonge mon visage dans ses cheveux… Les dernières notes de musique meurent mais nous continuons de nous mouvoir en silence, je ne peux pas la lâcher, je ne veux pas la lâcher, je voudrais que cette danse dure toute la vie.

Et puis, tout à coup, je l'entends lâcher un petit sanglot. Mais que diable… ?

« Annie ? »

Elle sursaute, peine à me regarder en face. Nom de Dieu ! Elle pleure !

« Annie ! Mais que vous arrive-t-il ?! »

Je la regarde sans comprendre. Elle s'écarte de moi tout à coup, son visage noyé de larmes, tremblant comme une feuille. La voir ainsi m'est insupportable, intolérable. Je veux aller vers elle, l'entourer de mes bras, la consoler mais elle refuse de me laisser l'approcher.

Je reste planté au milieu de la pièce, impuissant face à sa tristesse, face à son chagrin.

« Merci…, hoquète-t-elle, tout à coup. Merci pour ce magnifique cadeau. »

Puis elle se retourne et s'en va en courant. Stupéfait, je fixe le vide, l'endroit où elle se tenait, i peine quelques secondes. Mais elle a disparu, elle est partie, partie. C'est terminé, fini, tout est fini, tu as eu ta chance et tu l'as laissée glisser entre tes mains.

Non… Non ! Ce que je ressens pour elle est bien trop fort, c'est une vague qui me secoue de l'intérieur, qui fait battre mon cœur, qui fait gronder mon sang, tel le tonnerre à l'extérieur.

Je quitte la pièce d'un pas rapide, me précipite vers la porte et déboule sous une pluie battante. Annie est encore là, elle se dirige vers sa voiture. Guinness surgit derrière moi et se met à aboyer mais elle ne se retourne pas et, tête baissée, fonce vers le véhicule.

Alors toute bonne volonté vole en mille morceaux. Je n'ai plus peur, je l'aime, c'est tout ce qui compte à mes yeux, j'aime cette femme, de tout mon être.

Je la rattrape en quelques enjambées, l'attrape par le bras et l'attire vers moi. Mes gestes sont un peu brusques, mon désir me fait oublier toute bonne manière, mais elle ne dit rien. Elle tombe entre mes bras, pantelante, chancelante, ses yeux grands ouverts scrutant mon visage. Je la tiens contre moi, son corps est étroitement serré au mien, ses cheveux sont trempés, son nez rosi par le froid, mes yeux sont rivés vers sa bouche entrouverte, nom de Dieu j'ai terriblement envie de l'embrasser…

Ma main se pose sur sa joue, glisse vers sa nuque, je l'attire encore… et prends possession de sa bouche. Je goûte enfin à ses lèvres, je l'embrasse, passionnément, mon désir pour elle embrase mon corps, me rend fou, et sentir qu'elle répond à mon étreinte me fait perdre la raison.

Je sens sa poitrine se soulever frénétiquement contre la mienne, ses bras entourent mon cou, ses doigts jouent avec mes cheveux, mes mains agrippent ses hanches, la serrent violemment contre moi tandis que je l'embrasse, encore et encore. Elle me met au supplice, je me perds entre ses bras et elle se perd entre les miens. Je la sens trembler, elle respire faiblement contre ma bouche. Elle a besoin de reprendre son souffle, me dis-je dans un soubresaut de raison.

J'interromps notre baiser à contrecœur et m'écarte un peu, mais je ne la lâche pas. Je suis trempé jusqu'à l'os et elle aussi mais cela est de peu d'importance. Je m'appuie contre son front et scrute son visage mouillé. J'ai envie de l'embrasser encore, j'ai envie de voir son sourire, j'aimerais l'entendre dire quelque chose, me dire ce qu'elle ressent, ce qu'elle ressent pour moi, j'aimerais savoir ce que ce baiser représente pour elle.

Mais son attitude est aux antipodes de ce que j'espérais. Sourcils froncés, elle ne me regarde même pas. Son visage est figé, sans expression, et lorsqu'elle lève enfin les yeux vers moi, je ne lis rien d'autre dans son regard qu'un profond bouleversement.

Elle réfléchit, elle réfléchit à ce qui vient de se passer, elle pense à l'autre…

Les pensées se bousculent dans ma tête en une fraction de seconde. Je repense à ce jeune homme qui la tenait par la main, qui l'entourait de son bras, je songe à la vie qu'elle pourrait avoir avec lui, aux folies qu'ils pourraient faire, aux projets qu'ils pourraient construire, aux rêves qu'ils pourraient réaliser…

Que puis-je bien lui offrir, moi ? Une vie faite d'absences, de séparations, de distance. Une vie stressante, fatigante.

Ella avait souffert de cela, elle ne s'était jamais habituée à mes longs voyages, à mes journées occupées, aux journalistes, aux fans… je n'avais que peu de temps pour elle et cela avait été cause de bien des disputes.

Et je ne veux pas infliger cela à Annie. Elle est tellement précieuse à mes yeux, si jeune, si brillante, si pleine de vie…

Alors, le cœur en lambeaux, je me résous à la lâcher. Je fixe les cailloux au loin, sur lesquelles ricochent les gouttes d'eau.

« Je suis désolé, dis-je. »

Annie tressaille. J'ose la regarder, je contemple son visage en forme de cœur, ses yeux d'un vert pur et franc, sa bouche aux contours parfaits, sa chevelure encadrant sauvagement son front, je regarde tout cela pour la dernière fois et j'ai de nouveau cette irrésistible envie de la prendre dans mes bras et de l'embrasser. Mais je n'en fais rien.

« Je suis tellement navré, dis-je encore. Je sais, je deviens fou, je n'aurais jamais dû… Vous êtes si jeune… mais à quoi ai-je pensé ? Vous méritez mieux. Mieux que moi. »

Elle me dévisage sans comprendre, elle doit penser que je suis fou, oui je suis fou, fou de toi. Je baisse de nouveau les yeux, j'attends un instant de voir sa réaction mais elle ne dit rien. Tant mieux, elle a compris, elle sait, au fond d'elle, que c'est la meilleure chose à faire.

Je soupire, je me sens tellement las. Las de tout.

« Pardonnez-moi, dis-je…. pardonnez-moi. »

Les mots ont du mal à franchir la barrière de mes lèvres. Je dois partir, je dois m'éloigner, oui m'en aller, avant que je ne change d'avis. Le cœur meurtri, je fais demi-tour et rentre chez moi.

Voilà, j'espère que cet hommage vous aura plu. Merci à toi Nathea, jamais je n'aurais trouvé le courage de publier ceci sans tes mots d'encouragement. Merci à vous tous qui continuez à me lire. Et bien sûr, merci à vous, Alan. Vous étiez un homme charmant, un acteur brillant et vous resterez pour toujours, notre merveilleuse source d'inspiration. Merci!

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