Voici une petite – grande – histoire dont la trame m'est venue subitement. Elle ne ressemble en rien à ce que j'ai pu écrire jusqu'ici, il y aura beaucoup plus de mouvement, d'action et de rebondissement.
Et du mystère, et des questions en veux-tu en voilà.
Est-il nécessaire de dire que je ne possède en rien les droits de la série ou les personnages qui y figurent ?
Seuls deux trois perso sont de mon invention, vous les reconnaitrez immédiatement, accroc de ncis que vous êtes.
Enjoy et bonne lecture à tous.
La semelle de ses chaussures commençait à s'user déjà l'eau pouvait s'infiltrer à travers les innombrables petites fissures qui la traversaient.
C'était là un investissement qu'il n'avait pas prévu et qui venait contrecarrer ses plans. Pour ce mois-ci il allait devoir faire un choix : une nouvelle paire de rangers ou un pneu pour son vieux pick-up. Acheter les deux était impossible au vue de ses maigres finances.
Peut-être le vieux Joe lui trouverait quelques travaux manuels à accomplir. Peut-être, mais il n'y mettait pas grand espoir. Les temps étaient durs pour tout le monde. Les emplois étaient rares, les mines fermaient les unes après les autres, les papeteries avaient trouvées du bois meilleurs marché dans l'état voisin.
Non la petite ville de Columbia Falls, tout juste 5000 habitants, ne rayonnait pas par sa joie de vivre. Y régnait une atmosphère empli de pessimisme, de défaitisme, nostalgique d'une ère longtemps révolue, où la ville était vouée à un brillant avenir, une des plus prospère de cette partie des Etats-Unis.
Ici, pas de grandes entreprises ou de firmes, pas d'universités non plus pour donner l'opportunité d'une vie meilleure.
On naissait et on mourrait à Columbia Falls. Ou comme lui on s'y perdait.
Mais tous partageait une chose en commun : jamais, non jamais on en partait. Car pour ça il aurait fallu que l'on ait foi en quelque chose de meilleur.
Car plus que l'emploi ce qui manquait ici était l'espoir. La capacité de se voir un quelconque avenir. Une vie et non pas ce simulacre de survie.
Survie qui en ce qui le concernait dépendait de sa façon à se débrouiller, à se contenter de racines certains soirs lorsqu'il revenait bredouille de la chasse. A parcourir une dizaine de kilomètre sur les sentiers enneigés par moins 10 pour acheter à son voisin le plus proche quelque lampée d'huile pour s'éclairer.
La vie n'était pas facile ici, c'était un euphémisme, mais ce n'est pas comme s'il en avait une qui l'attendait ailleurs.
Il avait appris à ne pas être difficile, à se contenter de ce que ce monde avait à lui offrir sans jamais se plaindre, sans jamais en demander plus qu'il ne lui fallait. Un toit, quelques stères de bois pour passer le rude hiver qui arrivait, des provisions et un vieux fusil.
Pas besoin de plus.
Ici pas de télévision ou de technologie dernier cris, pas même le téléphone, les lignes téléphoniques et électriques n'arrivaient pas jusqu'à ce coin retiré de toute façon.
Parfois il se faisait l'idée d'être un de ces trappeurs ou aventuriers qui évoluaient dans les œuvres de Jack London.
Ce n'était pas faux. Il y avait un peu de ça fallait le reconnaitre.
Il savait aussi que s'il venait à disparaitre ou à mourir personne ici ne s'en rendrait compte avant des semaines, voire des mois.
Mais cela non plus ne le dérangeait pas.
Ici il n'était personne, rien qu'un pauvre errant dépenaillé qui un jour s'était installé dans la vieille cabane forestière laissait à l'abandon et ne l'avait plus quittée.
Les gens de Columbia Falls, à trente kilomètres, ne l'avaient pas accueilli à bras ouverts loin s'en faut. La bienveillance et la compassion ne faisaient pas parties de leurs gènes. Pas plus que la malveillance ou l'animosité d'ailleurs. Juste de l'indifférence.
Car ici il n'était qu'un de ces pauvres hère de plus, à la mine de dix pieds de long que la vie n'avait pas épargné et qui se battait pour voir un nouveau jour se lever. Comme eux tous.
Il était un autre anonyme, un sans nom, même si Mark Wyatt figurait sur les papiers de son pick-up. Et ça lui convenait. Il ne devait rien à personne, personne pour dépendre ou s'inquiéter de lui non plus.
Il était juste personne.
Personne, juste un cœur battant de plus dans cette immensité sauvage.
…
Il n'aimait pas se réveiller ainsi, crispé, en sueur, haletant, pétrifié.
Il détestait ces cauchemars dont il ne se souvenait jamais nettement du contenu, juste des silhouettes floues au visage brumeux, des voix étouffées, indistinctes.
La seule chose dont il se rappelait et qui ne le quittait pas de la journée était cette sensation d'être désespérément seul, oublié, dans cet endroit sombre, sans aucune issue possible.
Et cette peur, cette atroce terreur. De quelque chose à venir, de quelque chose passée, de cette chose sur laquelle il n'avait aucune prise, cette chose qu'il cherchait par tous les moyens à échapper.
Et qui l'avait menait ici. Au Montana.
Cet endroit où ironiquement il s'était isolé, avait fui autant que possible la compagnie des hommes envers qui il éprouvait une irrépressible méfiance. Il était l'un des leur et pourtant son instinct ne lui dictait qu'une chose : fuir. Ne pas leur parler, ne pas les côtoyer. Et jamais au plus grand jamais ne leur tourner le dos.
Il ne savait pas d'où venaient ses injonctions mais jusque-là il les avait suivis à la lettre. Et ne l'avait jamais regretté.
Cette vie de solitude lui convenait et s'il ne tenait qu'à lui il ne s'en détournerait jamais.
Peut-être avait-il toujours été cet ermite asocial et anonyme.
Il ne se souvenait pas. Et ne cherchait pas à le faire non plus.
La seule chose qu'il gardait de ce passé oublié était les deux doigts sans vie qui pendait inutilement à sa main gauche, le léger boitillement à la jambe droite les froids soirs d'hiver, et cette peur panique.
Et le visage froid et sévère d'un homme à l'âge indéterminé, aux cheveux grisonnants, se penchant au-dessus de lui, et qui lui avait dit d'une voix tranchante et implacable : la porte est ouverte, tu peux partir quand tu veux.
Ce qu'il avait fait. Jusqu'à arriver ici, après des semaines de marche et de stop, après s'être retourné, caché précipitamment dans des fourrés ou derrière un talus des dizaines de fois quand sa route avait croisée une voiture de police.
Voilà trois ans.
Les premiers mois il avait cru mourir une bonne dizaine de fois. Il y avait eu cette rencontre avec un grand dix-cors en période de rut, la fois où il était tombé dans le torrent et avait été emporté par les rapides, celle où il s'était perdu et avait erré cinq jours durant dans la forêt avant de finir par tomber miraculeusement sur un campement de bucheron, à demi-mort de faim et d'épuisement. Et toutes les fois où il s'était retrouvé à cours de nourriture ou sujet à un empoisonnement alimentaire.
Mais au fil du temps il était parvenu à surmonter tout cela.
Il savait à présent se repérer grâce aux bruits qui l'entouraient, à la position des étoiles la nuit, à la courbure du torrent et la diversité des arbres.
Il pouvait suivre à la trace une biche affaiblie, attraper des lapins grâce aux collets fabriqués manuellement, reconnaitre les baies et les champignons comestibles.
Il parvenait à identifier les prémices d'un blizzard, la présence d'un grizzli dans les parages ou celle d'un inconnu.
Il avait surtout appris ce qu'être en vie impliquait, et signifiait.
Rien n'était gratuit dans ce monde.
C'était du donnant-donnant, et même le plus puissant finissait un jour poussières.
Espérons que ce ne sera pas aujourd'hui se dit-il après avoir saisi son bâton de marche. Il avait besoin de prendre l'air, de se dégourdir les jambes mais surtout de se libérer l'esprit, enlisé dans les du cauchemar de la nuit passée.
Il siffla Conrad, son compagnon d'aventure canin qu'il avait recueilli voilà deux après l'avoir trouvé dans la remise à bois, le flan en sang, résultat d'une rencontre avec quelque bête sauvage. Il l'avait soigné et celui-ci ne l'avait plus quitté depuis. Fidèle jusqu'au bout des oreilles.
Sauf quand il pleuvait à torrent, que le feu était allumé dans la cheminée et qu'il faisait bon dormir devant apparemment. C'est donc d'un regard voilé par le sommeil que Conrad regarda son maître franchir la porte et l'entendit s'éloigner.
…
Cela faisait maintenant deux heures qu'il marchait sans but précis. Il n'avait plus un seul fil de sec, il était transit, ses bottes prenaient l''eau. Mais il était bien, en paix avec lui-même et avec l'univers. Oublié ce qui l'avait poussé à prendre l'air. Il était chez lui, dans son élément.
Soudain il remarqua la présence d'autres empreintes sur le sentier. Plus grandes et moins larges que les siennes. Moins profondes aussi. Définitivement pas quelqu'un muni de bottes ou de chaussures adaptées pour le terrain. Quelqu'un de la ville peut-être, même si cette possibilité était peu probable. Il fallait connaître la région pour parvenir jusqu'à cette clairière. A moins qu'il ne se soit égaré.
Il se mit à appeler mais seul l'écho de ses cris lui répondit. Il n'y avait personne dans les environs.
Il ne saura jamais ce qui lui avait pris à ce moment-là, une quelconque intuition qu'il maudirait allègrement par la suite, mais il se mit à suivre la piste laissée par l'inconnu. Laquelle s'interrompit brusquement cinq cent mètres plus loin, en haut d'une ravine.
Pris d'un horrible pressentiment il se pencha et ses yeux découvrir ce qu'il savait s'y trouver. Un corps était étendu une dizaine de mètres plus bas, apparemment sans vie.
Descendre de la même façon que l'individu était hors de question. Cela se terminerait à coup sûr par un cou rompu. Le sien.
Il mit dix minutes pour faire le tour, se frayer un chemin à travers les buissons et enfin s'agenouiller à côté de l'homme. Car il s'agissait d'un homme, d'une trentaine d'années, que certaines femmes auraient pu trouver séduisant sous peu qu'elles aiment les hommes aux cheveux bruns coupés à la brosse et aux traits fins et réguliers.
Et comme il l'avait envisagé, de la ville au vue des vêtements qu'il portait. Un costume trois pièces, des chaussures à 1000 euros la paire, il en avait vu des identiques une fois dans un magazine. Il pourrait s'acheter bien des rangers avec elle. Et une nouvelle carabine, sans compter les munitions qui allaient avec. Et quantité de livres pour passer l'hiver. Plus à s'inquiéter pour ses finances pendant quelques temps.
Avec appréhension il posa ses doigts tremblants sur le poignet de l'homme. Il ne perçut d'abord rien. Puis un petit battement et bientôt un deuxième. L'homme était vivant, incroyable ! Il était résistant, il devait le lui reconnaitre. Salement amoché s'il se fiait au mince filet de sang qui s'échappait de ses lèvres et celui qui plaquait ses cheveux sur son front. Mais vivant.
…
Il ne savait pas quoi faire. Il avait tapoté la joue de l'homme, espérant le faire émerger, il l'avait appelé plusieurs fois, secoué par l'épaule, celle qui n'était pas toute tordue, mais rien n'y avait fait.
Il était seul sur ce coup-là. A des kilomètres de l'habitation la plus proche.
Seul avec un blessé peu coopérant.
Il se mit à tâter l'imper de l'inconnu à la recherche d'un portable même s'il savait que celui-ci serait inutilisable, pas de réseau par ici. Mais qu'avait-il d'autre à faire ? Et puis sa nature méfiante le poussait à connaître l'identité de l'individu. Peut-être s'agissait-il d'un fugitif ou de quelqu'un de dangereux. Comme si un simple nom pouvait le renseigner là-dessus. Ridicule !
Sa main rencontra quelque chose de dur. Il souleva le pan du manteau : un revolver. L'homme était armé et de ce fait, comme il l'avait anticipé, dangereux.
Il trouva dans la poche intérieure ce qu'il cherchait : un portefeuille, qu'il ouvrit prestement avant de se figer.
L'homme était bien plus menaçant que ce qu'il pensait, la donne venait de changer et pas favorablement.
Car l'homme dont il tenait la vie entre les mains était un flic, pour preuve la plaque qu'il tenait entre ses mains. Un agent fédéral pas moins.
Un gargouillement le fit lever les yeux vers le visage du flic. Celui-ci avait ouvert les yeux et le regardait bizarrement. Il pouvait le voir bouger les lèvres mais seul des sons étranglés en sortirent. Il se pencha au-dessus et approcha son oreille jusqu'à en toucher presque les lèvres ensanglantées.
- otso !
Ce fut tout ce qu'il comprit avant que l'autre ne se mette à tousser violemment, expectorant du même coup de fines particules rouges. Au bout de quelques minutes qui lui parurent une éternité l'homme se raidit enfin, hoqueta, puis perdit une nouvelle fois connaissance.
Il resta là à le regarder, perdu. Qu'avait-il bien pu essayer de lui dire? Est-ce que cela avait d'ailleurs une réelle signification ? L'autre pouvait très bien délirer à cause de ses blessures pour ce qu'il en savait. Il n'était pas médecin. Ni inspecteur, Dieu l'en garde.
Finalement il décida de laisser tomber. Ce n'était pas ça l'important. L'important était qu'il était en présence d'un flic.
Et que lui était un fugitif.
Ce qui n'était pas une bonne combinaison.
Peut-être pouvait-il faire comme si de rien n'était. La nuit n'allait pas tarder, et les animaux sauvages se chargeraient alors du « problème ».
Oui c'était la meilleure solution.
...
A suivre
