- Je suis sûr que c'est grave ! s'exclama Kazuya, angoissé.
- Mais non, mon cœur, je suis sûr que tu t'inquiète pour rien.
- Mais…
- Arrête de stresser, tu veux, dit encore Jin en lui caressant tendrement la joue.
- Bah le fait d'être à l'hôpital n'aide pas, hein.
En effet, depuis maintenant plus de deux heures, Akanishi et Kamenashi étaient aux urgences, car, dans la nuit, le plus jeune des deux s'était soudainement senti mal et avait du se soulager aux toilettes, où il était resté jusqu'au petit matin, à la grande inquiétude de son compagnon. Comme le temps passait sans que son état de santé ne présente la moindre amélioration, Jin l'avait embarqué pour l'hôpital sans tenir le moindre compte de ses protestations. Et il avait enduré un Kazuya en mode « je fais la gueule » pendant tout le trajet en voiture. Une fois sur place, passant outre les regards aussi effarés qu'énamourés des infirmières et aides-soignantes, il avait réclamé un rendez-vous immédiat avec le premier médecin disponible. Dépêché en catastrophe auprès de ses illustres patients, le Dr Azagawa s'était fait énumérer les symptômes et avait prit un air perplexe, qui n'avait pas rassuré le malade. Il l'avait ensuite ausculté sous toutes les coutures, comme pour s'assurer de quelque chose, puis l'avait envoyé effectuer quelques tests.
C'était donc le résultat desdits tests, que le couple attendait dans la chambre où Kazuya avait reçu pour consigne de s'allonger. Et ça faisait maintenant une bonne demi heure, que l'aîné faisait son possible pour calmer l'inquiétude grandissante de son cadet. En vain.
- Roh… « Hôpital » veut pas forcément dire « maladie grave ». Tu deviens parano, chéri, le gronda gentiment Jin.
- Peut-être mais j'ai la trouille, rétorqua Kazuya, avant d'ajouter, boudeur : J'ai HORREUR des hôpitaux.
- C'est pas un hôpital, de toute façon, mais une clinique, le corrigea Akanishi, pour tenter de le dérider.
- Joue pas sur les mots. Ca revient au même.
Manqué. Décidément…
- Arrête de stresser deux minutes, soupira le plus âgé.
- Et puis pourquoi le médecin est si long à revenir ?
- Je viens de te dire d'arrêter de stresser, Kazu. Toi qui es le sang-froid personnifié d'habitude, pourquoi t'es si nerveux ? Zen.
- Facile à dire pour toi, répliqua aigrement le concerné. C'est pas toi qui a vomi tripes et b…
L'entrée du praticien dans la pièce l'empêcha de poursuivre et il lui sauta presque dessus tellement son envie de savoir et de quitter ce lieu qu'il considérait comme maudit, était vive. Pourtant, au lieu d'annoncer à son patient de quoi il souffrait, l'homme se tourna vers son amant.
- Akanishi-san, puis-je vous parler une minute ? demanda-t-il.
Ce qui fit protester Kame.
- Hé ! Mais non là, je suis pas d'accord ! J'ai quoi, bordel ? demanda-t-il d'un ton agacé à l'aune de son angoisse.
- Oui, sensei, j'arrive, répondit Jin simultanément.
Ce qui fit à nouveau râler le cadet.
- Nan, me laisse pas tout seul !
- Je reviens vite, t'inquiète, dit Akanishi, avant de l'embrasser tendrement.
Il suivit ensuite le médecin hors de la pièce et fixa ce dernier, dont l'air sérieux était plus qu'étrange.
- Akanishi-san, j'ai une nouvelle à vous annoncer, dit l'homme avec gravité.
- Laquelle ?
- Je ne sais pas trop comment vous le dire…
- Quoi ? Il est malade, c'est ça ?
Après tout, Kazuya avait peut-être eu raison de craindre une catastrophe. Quand un docteur commençait à hésiter à vous dire un truc, c'était mauvais signe en général, non ?
- Heu… non, pas exactement, le détrompa Azagawa, qui semblait à présent mal à l'aise.
- Alors quoi ? le pressa Jin, sur des charbons ardents.
- C'est une nouvelle qui… heu… défie les lois de la science.
- He ?
Il savait bien que le corps médical était réputé pour avoir un vocabulaire particulier, mais là, il devait avouer qu'il ne comprenait absolument rien. Ce que l'homme qui lui faisait face dut comprendre, car il se hâta d'expliquer :
- Votre compagnon est… « enceinte ».
- Heeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeee ?
Ca n'avait pas le moindre intérêt, mais c'est le seul mot qui vint à l'esprit de Jin à cette révélation qui ne tenait pas debout.
- C'est une mauvaise blague ? demanda-t-il finalement.
- Je ne me permettrais pas, Akanishi-san. Je suis… enfin non, mes confrères et moi sommes sidérés, mais les symptômes qu'il présente ont été confirmés par les analyses. Il est bel et bien « enceinte ».
- Heuuuuuuuuuu… fit Jin, assommé par la nouvelle. Vous m'expliquez comment c'est possible ? C'est un homme, je vous signale.
- Je le sais très bien, mais c'est pourtant ainsi.
- Alors vous persistez dans le délire ? Kazuya est « enceinte » ?
- Oui et c'est un mystère.
- Cool, je vis avec un remake masculin de la Vierge Marie. Il nous refait l'Immaculée Conception…
- Je vous laisse le soin de lui annoncer. Félicitations, Akanishi-san.
- Mouais, je sais pas si je dois vraiment m'en réjouir, sensei… Déjà qu'un Kame normal est pas évident à supporter au quotidien, alors dans cet état… Pauvre de moi…
Le praticien n'avait pas attendu la fin des marmonnements de son interlocuteur, pour tourner les talons et Jin se retrouva donc seul avec l'improbable et normalement impossible nouvelle à annoncer à son compagnon. Il se demandait encore comment s'y prendre, quand il passa la porte et se retrouva « agressé » par celui-ci.
- Mais qu'est ce que tu foutais, bordel ? T'es parti au moins dix minutes !
- Oh Kazu, calmes-toi. C'est pas la fin du monde, j'étais juste derrière la porte, tenta de l'apaiser Jin, qui sentait qu'il aurait besoin de ça pour la suite.
- Bon tu vas me dire ce que j'ai bordel ? En plus je commence à avoir les crocs la...
- Heu... déjà, recouche-toi, mon cœur. S'il te plait.
Il valait en effet mieux qu'il soit allongé, vu ce qu'il s'apprêtait à lui dire.
- Arrête de me parler comme si j'avais 5 ans, Akanishi ! Dis-moi ce que j'ai !
- Heu... bah déjà, t'es pas malade... commença l'interpelé qui le sentait mal, très mal.
- Tu déconnes ? Et je gerbe pour le plaisir ?
- C'est... heu... c'est pas une maladie, je t'assure. On le saurait depuis des lustres sinon, insista l'aîné.
Soit il essayait de gagner du temps, mais il tenait à sa peau aussi... Un Kame en colère, c'était mauvais pour la santé. Surtout la sienne.
- Jin... Je commence sérieusement et sincèrement à en avoir plus que marre. Soit tu me dis ce que j'ai, soit je vais voir le toubib et te tape un putain de scandale que t'osera plus te pointer à ton bureau tellement t'auras honte de moi...
- Ok, ok. Mais heu... je te préviens d'avance que c'est PAS une blague du tout et que j'y suis pour RIEN DU TOUT, d'accord ? s'assura le plus âgé, avant de reculer de quelques pas. T'es... "enceinte", Kazu.
Et sur ces mots, il ferma les yeux, se crispa et se protégea la tête d'éventuels coups, attendant une quelconque explosion.
Sauf que tout ce qu'il entendit fut un rire... Un rire nerveux, qui fit rouvrir les yeux de Jin, qui regarda son compagnon.
- Je suis... QUOI ? NON MAIS TU TE FOU DE MA GUEULE !
- Raaaaaaaaah mais je t'avais prévenu par avance pourtant ! se défendit le pauvre accusé. J'y peux rien moi, c'est ce que le médecin et ses potes ont dit ! Ils comprennent même pas comment c'est possible ! Et moi non plus d'ailleurs.
Kazuya chercha quelque chose à balancer à la figure de Jin et tout ce qu'il trouva fut... le téléphone de la chambre, qui alla exploser contre le mur.
- ET TU DIS QUE T'Y ES POUR RIEN ? C'EST QUI, QUI MA ENGROSSE, CONNARD ! hurla Kazuya, totalement dépassé avant de... fondre en larmes.
- Heeeee ? Mais c'est même pas physiquement possible, alors comment tu veux que ce soit ma faute ?
- Et c'est... c'est… qu-qui qui était der-derrière hein ? articula le plus jeune entre deux sanglots. C'était TON tour, JIN ! C'est TA FAUTE !
- Mais...
Ne supportant pas de le voir pleurer, l'aîné s'approcha de lui pour le prendre dans ses bras.
- Kazu, sois raisonnable...
- Ne me touche pas ! On sait jamais ! Je peux me retrouver avec des triplés !
- He ? Kazu enfin... Tu sais, cette nouvelle me perturbe autant que toi...
- ... Putain c'est IM-PO-SSI-BLE ! Je suis un HOMME ! gémit Kazuya en prenant sa tête entre ses mains. Jin... Qu'est ce qu'on va faire...
Le plus âgé réprima un soupir de soulagement. Si son Kazu avait dépassé le stade des engueulades et du rejet, pour commencer à réfléchir, lui avait sauvé sa tête.
- Je le sais, que c'est impossible. Et visiblement les médecins aussi. Mais c'est arrivé, alors il faut... réfléchir si... si tu en veux... ou non...
Lui qui voulait tellement avoir des enfants et se retrouvait devant l'impossible opportunité d'en avoir de façon biologique, s'était presque arraché les derniers mots de la bouche, mais il ne voulait rien imposer à celui qu'il aimait plus que tout.
Kazuya releva son visage vers lui.
- Jin, j'en veux pas... Comment tu veux que... Putain je peux pas dire le mot... Accoucher... Jin, tu te rends compte que...
Le cadet s'interrompit. Le regard de Jin à cet instant était troublant.
- Jin... Je...
- Je comprends, fit l'aîné, la tête basse, en tentant de cacher derrière un sourire le tremblement de sa voix. Je vais avertir le doc. Il fera ce qu'il faut.
Et sur ces mots, il se détourna et s'éloigna vers la porte, la gorge nouée devant cet espoir qui s'envolait.
- JIN !
- Oui, Kazu ? fit l'interpelé sans se retourner.
- Regarde-moi Jin...
Soupirant, le plus âgé essuya furtivement les larmes qui avaient coulé malgré lui et se retourna en souriant.
- Est ce que tu te rends compte que je risque d'être insupportable ?
La stupeur figea Akanishi et son coeur rata un battement. Avait-il bien compris ce qu'il pensait avoir compris dans cette phrase ?
- Kazu, tu...
- Est ce que tu es prêt à assumer mes sautes d'humeurs ?
- Hai...
- Est ce que tu seras la quand j'aurais besoins de toi ?
- Bien sûr...
- Est ce que tu me soutiendras pendant tout le long de ma... de ma... grossesse ?
- Evidemment, répondit encore Jin d'une voix étranglée car il avait compris ce que signifiaient toutes ces questions.
- Et donc... Tu es prêts à assumer... Ton... rôle de... (sa voix de diminua au fur et à mesure de sa phrase) Père ?
- Oui, dix fois oui et cent fois oui ! s'exclama alors Jin, laissant éclater sa joie dans un merveilleux sourire, avant de le serrer très fort contre lui. Je ferais n'importe quoi pour toi, n'importe quoi ! Merci, Kazu, merci, mon amour...
Kazuya répondit à son étreinte et nicha son visage dans son cou.
- Tu sais que j'ai pas encore réalisé, hein...
- Je sais... Et je sais ce que ça va te coûter...
- Faut qu'on discute avec le toubib... Je le sens pas trop celui-la... T'as vu comment il me matait ?
- Bah en fait... je crois qu'aux symptômes, il avait déjà une idée du "problème" et qu'il... était pas très sûr de... ton sexe.
- Pardon ?
- C'est ce que je suppose, hein.
- Il veut que je lui montre ma queue ? s'emporta Kame.
- Shhhhhht... il a compris, mon coeur, pas besoin d'en arriver à des extrémités pareilles, essaya-t-il de l'apaiser.
- Ouai c'est ça... Je suis sûr qu'il s'imagine déjà gagner le prix Pullitzer avec ma grossesse…
- De toute façon, tu ne pourras pas te faire suivre médicalement de la même façon que... les autres, donc il faut qu'on reste sur un médecin. Mais si celui-là ne te plait pas, je t'en trouverais un autre.
- Vaut mieux pas... Je veux pas me retrouver avec des journalistes au cul... Vaut mieux garder le même pour être tranquille... Je veux juste qu'on mette quelques petites choses au clair avec lui.
- Tout ce que tu voudras. Je retourne le chercher ?
- Oui. On met tout au clair maintenant.
Le cœur léger et gai comme un pinson, le futur papa numéro deux (puisque le numéro un était Kame) partit dans les couloirs à la recherche du praticien. Il eut du mal à le faire venir, car il était en pleine visite, pourtant, il se laissa convaincre et l'accompagna à la chambre de son patient hors normes. Après de longues minutes de discussion, pendant lesquelles l'homme commença par se montrer obtus, ce qui fit sortir Kazuya de ses gonds et obligea Jin à jouer les médiateurs, un compromis fut trouvé : Azagawa s'engageait à suivre la grossesse de son patient et à ne rien révéler aux journalistes, en échange, à chaque visite à la clinique, celui-ci acceptait de se soumettre à des tests devant amener le corps médical à comprendre de quelle façon ce miracle de la nature avait pu s'opérer. La condition outra le plus jeune, qui tempêta à en faire trembler la fenêtre et il fallut à son compagnon toute la diplomatie du monde pour le calmer et l'amener à accepter. Les choses ayant été scellées d'une triple poignée de main, le couple quitta rapidement les lieux.
Cependant... Une chose restait à faire...
- Jin ?
- Oui, mon cœur ?
- Tu te charge de nos familles respectives.
- He-heeee ?
- Assume ton rôle de père, mon amour... lui répondit Kame avec un sourire signifiant clairement "c'est toi qui l'a voulu".
