YOU SAVED ME…
I. Appel d'urgence
PDV Externe.
Allô ?
Bonjour, ici la police nationale, suis-je bien chez Regina Mills ?
C'est ça, oui.
Bien, nous avons... un problème. Je pense qu'il est difficile d'en parler au téléphone mais... pourriez-vous rapidement vous rendre au service de réanimation de l'Enchanted forest hospital s'il vous plaît ?
Que s'est-il passé ?
Nous vous attendons là-bas, à bientôt.
Fin de la conversation. Regina Mills se tenait debout à trois heures du matin, les bras ballants, le bruit strident du téléphone émanant de l'appareil qu'elle tenait à la main. Comment un officier pouvait être aussi peu explicite, aussi inquiétant, et vous raccrocher au nez de la sorte ? Mais elle était profondément étonnée, et curieuse à la fois. Curieuse parce qu'elle était seule chez elle, la plupart de sa famille était décédée à un âge décent, et le reste vivait dans de lointaines contrées. Elle a donc opté pour un jean noir, avec un pull couleur brun foncé en harmonie avec ses yeux, pour ne pas se laisser mordre par le froid perçant de décembre. Elle s'est empressée de monter en voiture pour parcourir les kilomètres qui séparait l'hôpital de Storybrooke.
Trois quarts d'heure plus tard, son automobile était garée en travers, et elle ignorait ce qui la mettait dans une telle urgence, mais elle gravit les escaliers pour rejoindre le service que lui avait indiqué le policier en courant le plus vite possible. Elle reprit son souffle pour se calmer et poussa la porte qui la menait au service. Il ne faisait aucun doute qu'elle était au bon endroit, des dizaines d'enquêteurs étaient occupés à interrogés les personnes du service d'aide médicale urgente qui étaient présents pendant le drame. Personne ne semblait s'intéresser à la brune aux joues rouges de froid, avant qu'un jeune homme brun d'une quarantaine d'années ne s'avance vers elle, et ne lui tende une grande main assurée.
Vous devez être Madame Mills.
Oui.
Enchanté, je suis le détective Rogers.
En guise d'assurance, le policier lui sortit son badge, au plus grand étonnement de Regina. On l'avait réveillée, puis mise en panique, puis fait prendre l'autoroute à trois heures et demi du matin et elle se fichait bien du métier de cet homme, elle voulait savoir ce qui l'amenait ici. Mais elle fit preuve de calme et attendit qu'on lui expose la situation.
Bien... pour que vous compreniez, je vais vous raconter ce qu'il s'est passé rapidement. À 23 heures trente, le Samu a reçu un appel d'un conducteur de train sur la ligne entre Storybrooke et ici même, proche de l'hôpital et de la rivière. Il était en panique, son souffle manquait et était complètement déboussolé. Ils ont mis plus de trente minutes à comprendre la raison de sa détresse. Il a réussi à articuler qu'il avait renversé quelque chose, mais il n'osait pas sortir voir ce qu'il en était. Le service nous ayant prévenu, nous sommes arrivés en même temps qu'eux. Il est vrai que cet partie de la ligne n'est pas sécuritaire car c'est une sortie d'un grand virage, complètement bordé d'arbres immenses. Il faisait nuit noir, il neigeait, et seuls les phares de la locomotive nous éclairaient. Mais rien n'était sur la chaussée. Et c'est en descendant dans un talus en contrebas que j'ai vu une masse difforme, dans la pénombre. C'est en glissant du talus abrupte que j'ai eu cette vision d'horreur. Une jeune fille était étendue à terre vêtue seulement d'un short, ainsi que d'une nuisette bleue marine. À première vue, je croyais que le choc avait été tellement violent que sa peau avait éclatée. Mais c'est avec encore plus d'effroi que je me suis rendu compte que ses bras pâles et ses jambes frêles étaient entièrement sacrifiés. De profondes mutilations recouvraient ses membres gelés. Mais par dessus toutes ces marques étaient visibles des ecchymoses extraordinaires. Sa jambe gauche était partiellement hachée, et son visage tuméfié, bleu, gonflé. Ses lèvres craquelées avaient été bleuies pas le froid, et des larmes de sang gelaient depuis ses yeux clos. Sa bouche était remplie d'un sang presque noir. La première chose que j'ai faite a été de m'approcher pour voir si elle respirait, ce qui fut négatif. En revanche, son cœur battait. C'était tellement faible et imperceptible mais il battait. Personne n'osait la toucher, dans la peur réelle de la brisée en mille morceaux. Vu son état précaire, nous l'avons mis comme nous pouvions sur une civière et l'avons emmené en urgence à l'hôpital. Le train a été évacué et la zone sécurisée ; le conducteur, encore en état de choc a été interrogé. Il a dit qu'étant chauffeur de nuit, il était prudent et réveillé. Il connaissait ce virage, cette ligne, mais la zone étant surveillée et sécurisée par de nombreux grillages, il n'a jamais vu âme qui vive ici. Pourtant, tout s'est déroulé en une fraction de seconde, il a tourné et a continué jusqu'à ce que ses phares éclairent une fille en faible tenue, complètement ensanglantée et même s'il n'a eu qu'une seconde pour les voir, il a affirmé que ses yeux étaient vide, tellement vide, comme si toute vie avait déjà quitté la fille.
Regina n'avait presque pas respiré durant tout le récit. Elle était abasourdie, complètement choquée alors qu'elle ne connaissait même pas cette personne. Mais justement, que faisait elle là alors ? Voyant son effarement, l'inspecteur a repris.
Et si l'on vous a appelé, c'est parce que... sur son avant bras gauche, d'énormes entailles fraîchement refermées avec des agrafes sales formaient les lettres Regina Mills. Et je sais qu'il en existe sûrement plusieurs, mais tout nous laisse à penser que c'est vous. Deux heures avant l'accident, un appel a été fait depuis l'autoroute qui longe Storybrooke pour informer qu'un jeune femme en sang marchait doucement en sens inverse sur l'autoroute. De pleine nuit, sans éclairages, c'est impressionnant qu'elle ait survécu. Mais comme ce n'est qu'entre Storybrooke et la voir ferrée que nous avons reçu des dizaines d'appels, nous avons conclu qu'elle devait venir de Storybrooke. Et vu ce que l'on peut voir de son corps, je dirais qu'elle est en fin de lycée, ou en faculté. Nous avons donc fouillé les noms de tous les membres étudiants, socio-éducatifs et enseignants, et seule vous portez ce nom.
Wow. Hum... pourrais-je... la voir ?
Oui, en effet, c'est pour cela que nous vous avons fait venir. Cette jeune fille ne portais que des habits, elle n'avais ni bijoux, ni symbole religieux, et aucun papier... évidemment. Cependant, je dois vous avertir, elle est relié à de nombreuses appareils bruyants qui nous indiquent ses constantes. Son corps est en intégralité recouvert de bandages à cause de ses scarifications et elle est couverte d'un drap, donc vous serez épargnée. En revanche, elle s'est fait opérée d'une fracture ouverte du coude, de l'épaule et de l'humérus droit, c'est donc une zone sensible dont il ne faut pas toucher les broches. Elle a subi une longue intervention due à une perforation de la rate, et ses poumons et organes vitaux ont été gravement touchés par le choc du train sous lequel il semblerait qu'elle se soit jetée volontairement.
Vous... vous voulez dire qu'elle aurait tenté de se suicider ?
En effet, une zone sécurisée comme celle-ci n'a pu être franchi que consciemment, et elle a du récupéré certaines de ses plaies dans les barbelés. De plus, il est inutile de préciser que ses anciennes cicatrices, ainsi que les nouvelles, laissent deviner tout ce qu'il en était dans sa tête. En parlant de cela, ses nombreuses côtes cassées devraient être laissées au repos, mais en raison du nombre phénoménal de vertèbres vertébrales et cervicales qui se sont fracturées, nous lui avons prescrit un corset, ainsi qu'un lourd collier cervical pour minimiser la rechute. Le plus impressionnant reste cependant son visage, qui est effrayant à voir, une pommette était brisée mais elle se remettra vite de la chirurgie faciale. En revanche, son cerveau était lourdement endommagé. En raison du traumatisme crânien, une hémorragie intracérébrale est survenue, c'est à dire qu'il y a eu un saignement spontané du tissu cérébral. C'est ce que l'on appelle l'accident vasculaire cérébral hémorragique. Elle a donc été opérée pour cela aussi, selon ce que m'ont dit ses chirurgiens. Ils espèrent qu'elle ne gardera pas de séquelles, bien que pour l'instant, le plus important soit qu'elle passe la nuit. Vous êtes prête à me dire si vous la connaissez ?
Oui oui, c'est bon ?
En réalité, Regina avait l'impression de trop en savoir, d'être liée à quelqu'un qu'elle ne connaissait peut-être pas, ce qui lui laissait une désagréable sensation. Et pourtant, en entrant dans la salle, la première chose qu'elle a remarqué n'était ni les machines, ni les contusions. Non, ce qui l'a touché, c'était la seule chose encore intacte dans ce corps : les cheveux. Regina était sure d'avoir déjà vu, admiré cette chevelure blond or, ses longues boucles qui reposaient, apaisées, sur la poitrine de la jeune femme. Elle eût alors le souffle coupé.
