Yuri On Ice – Roman

Bonjour! J'entreprends de « romaniser » chacun des épisodes de Yuri on Ice. Ce qui veut dire que je raconterai ce qui se passe dans chacun des épisodes, avec ce qui manque aussi, comme si nous lisions un roman. Et je débute du point de vue de Viktor, en suivant l'ordre chronologique des événements. C'est beaucoup de travail de regarder chacun des épisodes et d'imaginer ce qui n'a pas été dit, ce qui n'a pas été montré. Mais si vous avez aimé la série et souhaitez prolonger le plaisir, c'est pour vous que j'écris cela! Myriel

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Épisode 1

- Viktor, que prévoyez-vous pour l'année prochaine?

Le cliquetis des appareils-photo résonna pendant que le patineur restait silencieux quelques secondes. Bien sûr, il savait qu'on allait lui poser cette question. À 27 ans, avec une cinquième médaille d'or du Grand Prix ISU autour du cou, les journalistes voulaient connaître ce qu'il envisageait pour la suite. Ils auraient bien voulu leur répondre. Mais il ne le savait pas. Est-ce qu'il avait encore envie de patiner l'année prochaine? Était-il blasé? Il n'arrivait pas à répondre oui tout de suite, comme c'était généralement le cas. Alors il sourit et enchaîna sur un ton heureux :

- Laissez-moi profiter de cette médaille d'or et je vous reviens là-dessus bientôt, promis!

Les questions s'enchaînèrent et passèrent aux autres gagnants, pendant que Viktor restait avec la question du journaliste qui roulait en boucle dans sa tête. S'il ne patinait pas l'an prochain, qu'allait-il bien pouvoir faire?

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Champagne à la main, Viktor souriait à tout le monde, parlait de tout et de rien. Il aimait bien les banquets habituellement, surtout quand il avait gagné et qu'il était le centre d'attention, mais cette fois, la question du journaliste le tourmentait toujours et il n'avait pas envie d'être avec tous ces gens, à jaser tranquillement d'avenir et de futures compétitions.

Viktor se dit qu'il pourrait quitter la salle bientôt quand, tout à coup, la musique augmenta tellement que les gens durent interrompre leurs conversations. On chercha des yeux la source de ce bruit. Viktor ne put s'empêcher de sourire en voyant le patineur japonais – quel était son nom déjà ? ah oui, Yûri Katsuki – quitter la console de son et s'approcher du centre de la salle, visiblement amoché par sa consommation d'alcool. Viktor n'avait pas vu sa performance, mais il savait que le Japonais avait terminé sixième. Apparemment, sa défaite lui avait fait mal selon ce qu'il pouvait en comprendre avec ses joues rouges, sa cravate à moitié défaite et sa chemise blanche sortie de ses pantalons. Yûri leva les bras en criant :

- Dance Battle!

Et il se mit à se déhancher, s'approchant des patineurs. Chris embarqua tout de suite, ce qui ne surprit pas Viktor. Les deux se mirent à danser l'un en face de l'autre et la foule ne put s'empêcher de se mettre à les encourager. Les gens tapaient des mains en souriant.

La musique enchaîna sur un morceau de rock et Yûri délaissa Chris, s'approchant de Viktor. Le gagnant de la soirée n'hésita pas. Il déposa sa coupe de champagne et se mit à faire des acrobaties en compagnie du Japonais souriant. Il ne connaissait pas vraiment Yûri, mais le jeune homme était déchainé sur une piste. Et c'était très amusant de danser avec lui. L'autre le mit au défi :

- Allez le champion! Tu peux faire mieux que ça!

Viktor plissa les yeux et retira son coat gris, prêt à lui montrer de quoi il était capable. Ils se mirent à danser, prenant toute la place. Les gens se tassèrent, un peu inquiets de leurs mouvements. Des gestes complètement improvisés, des steps, des portées, le Japonais était prêt à tout et Viktor avait toujours de nouvelles idées. Il y avait quelque chose de très naturel entre eux. Pendant un bref instant, Viktor retrouva l'ivresse de la glace. Il fut surpris que ce soit avec quelqu'un d'autre. Normalement, il avait cette émotion pendant une performance, seul. C'était la première fois qu'il le vivait avec quelqu'un d'autre. Et à voir les yeux brillants et le sourire immense du Japonais, lui aussi était heureux.

La musique s'arrêta. Yûri détacha sa cravate et l'attacha sur sa tête pour tenir ses cheveux en bataille qui lui tombait dans les yeux. Puis il s'approcha de Viktor. Et il se frotta contre lui – oh Seigneur! Viktor ne tenait pas à en apprendre autant sur le Japonais – et le regarda avec des yeux suppliants :

- Viktor… Maintenant que la saison est finie… Ma famille tient une auberge, alors s'il te plaît, viens faire un tour. Si je gagne cette dance battle, Viktor… Viktor deviendra mon coach… Allez, deviens mon coach, Viktor!

Et il se lança dans ses bras. « Coach », le mot résonna très loin en Viktor pendant qu'il accueillait le Japonais dans ses bras. Coach. Le rouge lui monta aux joues à l'idée. Coach, lui? Le Japonais pensait qu'il pouvait être coach? Étrange qu'il soit si ému... Mais jamais Yakov n'avait évoqué cette possibilité d'avenir. Avait-il les capacités pour encadrer quelqu'un, lui donner la force de gravir les échelons, de gagner des médailles? Pouvait-il vraiment être un coach?

La question resta, profondément gravée, alors que Yûri quittait ses bras sans attendre sa réponse et qu'il tirait sur la main de Yuri Plisetsky, qui semblait plus que réticent à s'engager sur la piste. Mais certains tapaient des mains et criaient. Et Yûri était déjà en pleine danse, alors Yuri Plisetsky n'eût d'autre choix que de participer. Viktor aussi se mit à taper des mains. Les mouvements du Japonais étaient puissants. Il enchaînait ses appuis sur le sol, ajoutant des éléments de break dancing. Il était impressionnant et sans aucun doute, il dominait la danse.

La musique changea et un mix de blues très sexy se mit à jouer. Yûri délaissa le centre de la salle et s'élança sur un pôle de métal, un peu en retrait. Il vit le Japonais jouer avec la ceinture de son pantalon en regardant l'assemblée, puis l'enlever complètement. Les femmes dans la salle se mirent à crier. Les cellulaires étaient nombreux à immortaliser le moment, pendant que Yûri se mettait à danser autour du pôle. Oh! Il était fort, le Japonais. Il avait la forme d'un athlète de cirque pour tenir à l'horizontale sur une barre de métal. Eh bien! De la souplesse aussi! Viktor ne put s'empêcher de sourire en le voyant faire des mouvements assez explicites. C'était très sensuel, tout ça… Des femmes détournèrent les yeux, gênées. Peut-être un peu excitées aussi car – il n'y avait pas à dire – ce l'était.

Yûri retira sa chemise blanche, bouton par bouton. Ok, ce Japonais n'était pas ordinaire. Il y avait beaucoup sex-appeal. Viktor n'arrivait pas à en détacher les yeux. Cela l'excitait, lui aussi. Intéressant. Il était rare qu'un homme eût un tel effet sur lui. Yûri n'avait gardé que la cravate, ses boxers et ses bas. Et il fut bientôt rejoint par Chris. Évidemment! Le Suisse n'avait pas pu résister à l'appel. C'était le spécialiste des remarques et des gestes à tendance sexuelle, d'habitude. Chris était déjà presque complètement nu. Personne n'avait remarqué qu'il s'était déshabillé puisque tous les yeux étaient restés fixés sur Yûri. Qui dansait maintenant avec Chris. Sur la barre. Oh la la… Demain, le Japonais regretterait certainement cela… Les invités aussi commençaient à en avoir assez, même s'ils ne pouvaient s'empêcher de regarder. Viktor sortit son portable. Il fallait immortaliser cette danse.

Le Japonais délaissa la barre quelques secondes, courant vers la table, et il revint avec une bouteille de champagne non ouverte. Il l'agita, puis se remit à la barre avec Chris, en jouant avec le bouchon. Le rythme de la musique augmenta et Yûri grimpa sur les jambes écartées de Chris. Certaines personnes ne purent s'empêcher de siffler, d'autres de crier, beaucoup avaient un air estomaqué. POF! Le champagne s'ouvrit et les aspergea tous les deux. C'était explicitement sexuel maintenant, avec ce liquide qui giclait de la bouteille. Viktor avait placé la main devant sa bouche, abasourdi, en regardant la photo qu'il venait de prendre. C'était vraiment, mais vraiment étonnant. Yûri, debout sur Chris, le champagne dégoulinant sur eux… Ce Japonais était une vraie bombe sexuelle.

La musique s'interrompit. Yakov était près de la console. Il cria :

- C'est assez maintenant! On se rhabille et on file dans sa chambre si on veut faire des cochonneries!

Le Japonais ne dit rien, mais il se mit à rire. Il ramassa ses vêtements et il sortit de la salle. Viktor se demanda s'il allait trouver sa chambre. Il jeta un coup d'œil à Celestino, mais le coach du Japonais était en pleine discussion et n'avait pas remarqué que Yûri était parti. Viktor sortit et le rattrapa. Yûri était immobile, quasiment nu devant l'ascenseur. Il n'avait pas appuyé sur le bouton, mais attendait.

- Ok, ok… Tu as ta carte?

Viktor appuya sur le bouton d'appel pendant que l'autre le regardait avec des yeux vitreux. Viktor prit les devants et il prit le coat de Yûri, fouillant dans ses poches. Il trouva la carte et le numéro inscrit dessus. Ils entrèrent ensemble dans l'ascenseur et Viktor le guida jusqu'à la porte.

- Ça va aller?, lui demanda-t-il, en ouvrant la chambre.

Yûri ne répondit pas. Évidemment que ça n'irait pas… Viktor soupira et le suivit. Yûri tira sur sa cravate et la passa par-dessus sa tête. Le mouvement fut sans doute de trop, car il dit :

- Oh… Je vais être malade…

Merde! Viktor le prit par les épaules et il le traîna sans douceur vers les toilettes. Le Japonais eut à peine le temps de se pencher au-dessus de la cuvette qu'il vomissait. Bon… Ce n'était pas une finale grandiose… Mais il fallait s'y attendre. Viktor patienta jusqu'à ce que Yûri se calme. Il mouilla une serviette chaude. Accroupi sur les céramiques froides de la salle de bain, Yûri frissonnait maintenant.

Viktor activa la chasse d'eau, puis il s'informa :

- Ça va mieux, maintenant?

Le Japonais acquiesça. Viktor l'aida à se lever, puis essuya doucement son visage avec la serviette chaude. Son cou. Ses mains, grandes et fortes. Yûri resta immobile, absent. Quand il fut propre, Viktor le laissa seul pour aller chercher ce qui ressemblait à un pyjama. Il entendit Yûri se soulager pendant qu'il ouvrait la petite valise du patineur. Le pyjama noir était bien plié dans la valise. Tout était en ordre, à sa place. Le Japonais traînait vraiment peu de choses en voyage, tout le contraire de lui. Il prit les vêtements et les déplia.

Yûri sortit de la salle de bain en traînant les pieds. Viktor s'approcha et lui enfila le t-shirt. Le Japonais se laissa faire. Viktor lui prit la main et le traîna jusqu'au lit.

- Allez, viens.

Il le força à s'asseoir sur le lit, puis il s'accroupit devant lui pour lui enfiler les pantalons. Yûri sortit enfin de son état amorphe : quand Viktor eut glissé le pantalon plus haut que ses genoux, il prit la taille du vêtement et il tira pour les mettre. Puis il se coucha, se recroquevillant en petit bonhomme dans le lit. Viktor remonta les couvertures et les déposa doucement sur le Japonais.

- Bonne nuit Yûri.

Mais le jeune homme dormait déjà. Dure soirée. Amusante toutefois. Et surprenante, surtout. En regardant le Japonais endormi, Viktor s'interrogea : et s'il avait la capacité de devenir un coach? C'était un défi stimulant. Avec ce Yûri Katsuki en plus, ça ne risquait pas d'être ennuyant. Il était étonnant, ce Japonais. Et très mignon, ainsi endormi.

Viktor soupira, épuisé lui aussi. Il avait beaucoup apprécié le banquet finalement… Un peu moins la finale toutefois. Il ramassa les vêtements sur le sol et les étendit sur le fauteuil. Puis, il jeta un coup d'œil à la chambre de Yûri. Rien ne témoignait de la finale désastreuse de cette soirée mémorable. Il ferma la lampe de chevet. Prendre soin d'un patineur saoul, c'était aussi le travail d'un coach, non? Il avait déjà commencé son travail ou quoi? Il sortit de la chambre en souriant.

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Le lendemain, Viktor se réveilla tard, puis il fit ses valises. Il dut répondre aux questions des journalistes qui l'attendaient dans le hall de l'hôtel, puis il se rendit à l'aréna où l'autobus amènerait tous les patineurs à l'aéroport. Il croisa Yuri Plisetsky et Yakov. Le garçon avait beaucoup de potentiel. Il lui faudrait toutefois améliorer quelques petites choses… Coach, hein? Viktor l'appela :

- Yuri! Dans ton programme court, ta séquence de pieds pourrait être…

Et il se mit à lui parler de sa performance. Mais le jeune patineur n'était pas très réceptif. Yakov se mit à argumenter, furieux que le jeune Yuri ait une attitude aussi détestable. Viktor soupira intérieurement. Être coach n'était pas toujours plaisant. Avec un adolescent, ça pouvait être même difficile.

Il sentit un regard sur lui et il se retourna. Yûri! Le Japonais semblait en meilleure forme, même s'il était déprimé, il pouvait le lire dans ses yeux. Viktor était content de le revoir. Il leva la main et lui proposa, avec un grand sourire :

- Une photo-souvenir?

Mais le visage du Japonais se ferma complètement et il détourna les yeux, sans rien dire. Puis il partit, les épaules basses. Viktor resta là, surpris. Yûri était intimidé? À cause de ce qui s'était passé la veille sans doute… Mmm… Il comprenait. Même s'il se sentait un peu blessé d'être ignoré ainsi, il pouvait comprendre le malaise du jeune homme.

Coach, hein? Ce n'était peut-être pas une bonne idée, finalement.

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La pluie verglaçante était tombée sur Saint-Pétersbourg toute la nuit. Dehors, les rues de la ville étaient devenues de véritables patinoires. Viktor se demanda s'il serait étrange de sortir ses patins à lame dorée pour aller à l'épicerie. Il sourit à l'idée. Probablement que les gens seraient heureux de le croiser et de reconnaître le patineur. Mais il risquait de briser ses lames sur les surfaces inégales. Et la municipalité devait déjà avoir étendu du sel et du sable sur certains trottoirs, ce n'était pas une bonne idée tout ça…

Il s'ennuyait. Il détestait Saint-Pétersbourg en avril. La neige n'était pas toute fondue, le décor était sale à cause du sable étendu pendant l'hiver. Tout cela se mélangeait aux bancs de neige qui fondaient les jours de grand soleil. Puis l'eau regelait pendant les nuits froides. La ville était laide, entre le brun de cette gadoue à demi-gelée et le gris des nuages qui couvraient la ville une journée sur deux, laissant tomber de la neige lourde ou de la pluie verglaçante.

Il avait tout raflé: le Grand Prix ISU, les Championnats européens, les Championnats du monde. Des médailles d'or. Et les questions des journalistes qui revenaient, toujours les mêmes: que ferait-il la saison prochaine?

Il avait besoin de lumière et de chaleur. Il n'aurait pas dû revenir ici après la fin de saison. Il avait besoin de bouger.

Mais avec son chien tout contre lui, il n'avait pour l'instant pas l'intention de quitter le sofa. Il prit son portable et se mit à chercher une destination à découvrir. Paris, Marrakech, Istanbul, Miami… Il hésitait. Il avait vu plusieurs pays lors des compétitions et il ne savait pas trop ce qu'il avait envie de visiter. Les billets pour Marrakech n'étaient pas très chers en ce moment… Mais bon, le prix n'avait jamais été un souci pour lui.

Un texto s'interposa devant les images, c'était Yuri Plisetsky qui lui disait :

« T'as vu l'imitation de ton programme par cet idiot de Japonais? C'est ridicule. Un porcelet sur la glace. »

Viktor fronça les sourcils. Quel Japonais? Son programme? Il se rendit sur YouTube et n'eut pas à chercher longtemps. Le Japonais, c'était Yûri Katsuki. L'un des meilleurs patineurs au monde, quand même. Il s'était rendu en finale du Grand Prix ISU, ce n'était pas n'importe qui quand même. Et il savait danser, Viktor en avait eu la preuve au banquet.

Viktor était curieux. Il ne l'avait pas vu patiner lors de la finale, seulement lors des échauffements. Le Japonais avait été le premier à participer aux compétitions et Viktor venait tout juste de se réveiller à ce moment-là, étant le dernier à prendre la glace. Yakov détestait sa façon de faire, mais Viktor était certain que ces moments de repos étaient nécessaires à ses performances. Il évitait ainsi une bonne partie du stress en arrivant à la dernière minute.

Il mit la vidéo en marche. Le Japonais avait un peu grossi depuis la dernière fois qu'il l'avait vu. D'où l'insulte de Yuri Plisetsky. Mais bon, rien de dramatique non plus.

Yûri Katsuki exécutait à la perfection son programme long, celui avec lequel Viktor avait gagné la médaille d'or lors de la dernière compétition. Le Japonais ne réalisait pas les quadruples, les simplifiant en triples, mais il faisait tous les pas, tous les gestes. Viktor était le mieux placé pour connaître le niveau de difficulté de son programme. Le Japonais était bon. C'était magnifique.

Plus que ça, c'était très émouvant. L'expression de son visage… Ce Yûri patinait avec émotion. Il y avait quelque chose de déchirant dans sa façon de se mouvoir sur la glace. Viktor se dit que cette souffrance-là, il ne devait pas l'avoir, sur son visage à lui, lors de la finale. Le Japonais était passé par la défaite. Et il patinait avec toute son histoire.

Le patineur termina le programme et Viktor entendit une fille parler en japonais. Il ne comprit pas ce qu'elle disait, mais Yûri lui répondit. Des sous-titres apparurent et il remercia l'auteur de la vidéo : « J'en avais assez d'être déprimé. »

Coach, hein? Ce n'était pas ce que lui avait proposé ce patineur? Il était temps de laisser une chance à ce défi. Et de quitter Saint-Pétersbourg, vêtue de gris et brun.

Viktor fit une recherche sur Internet. Le Japonais était originaire de la ville de Hasetsu. Bon… Il lui avait dit que sa famille possédait une auberge. Il tapa « Hasetsu Katsuki » et il tomba sur le resort Yûtobia Katsuki. Le site web en anglais était minimal, il y avait seulement l'adresse… Mais sur les photos, il pouvait y voir des sources d'eau chaude. Des onsen, comme les appelaient les Japonais. Oui, oui, c'était exactement de cela dont il avait besoin.

Il composa le numéro de son agence de voyages et réserva le premier billet en partance vers le Japon, classe affaires. C'était ce soir. Parfait. Il avait le temps de faire ses bagages, de sortir la cage de son chien du sous-sol, puis c'est le départ! Yûri Katsuki, ton coach s'en vient!

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Juste avant son départ vers l'aéroport, il appela Yakov et lui annonça sa décision de prendre une pause pour la prochaine année. Et qu'il partait vers le Japon pour coacher Yûri Katsuki. Yakov raccrocha sans un mot. Viktor comprit pourquoi en le voyant sortir d'un taxi en même temps que lui près de l'aérogare.

- Vitya! N'y vas pas, reste ici.

Viktor se retourna. La scène était magnifique. La neige tombait entre eux, sur le pont qui menait à l'aéroport…

- Yakov. Tu as été le meilleur coach que j'ai eu.

Il s'avança vers son coach, qui était définitivement très contrarié.

- Si tu t'en vas maintenant, tu ne pourras jamais revenir!

Viktor laissa tomber sa valise dans la neige et il rejoignit celui qui l'avait mené sur les chemins de la gloire. Il mit sa main sur son épaule et chuchota à son oreille.

- Dasvidaniya.

Puis, il lui embrassa la joue.

- Je suis désolé de ne pas t'obéir cette fois.

Et il s'éloigna. Il ne fallait pas manquer son avion vers le Japon quand même! Même pour un moment aussi émouvant que de tourner la page avec Yakov! Viktor était un peu euphorique, malgré les yeux furieux de son coach. Il était libre de faire comme il l'entendait pour la prochaine année. Une année de liberté. Le bonheur!

- Tu ne m'as jamais obéi, de toute façon!, beugla Yakov dans son dos.

Viktor leva la main :

- Tu viendras visiter le Japon, toi aussi!

Et il s'engagea dans l'aérogare. Voilà, ce chapitre de sa vie était clos. Une nouvelle aventure débutait.

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Viktor déposa sa tête sur la banquette du taxi, épuisé. Il avait fait le trajet entre les aéroports de Saint-Pétersbourg et de Fukuoka. Puis il avait pris un train entre Fukuoka et Hasetsu. Il n'avait pu s'empêcher de s'endormir, bercé par le mouvement régulier du train. Heureusement, il s'était réveillé une heure plus tard, juste avant la gare de Hasetsu. En sortant du train, il croisa une affiche avec Yûri Katsuki sur ses patins et il fut rassuré. C'était bel et bien l'endroit où le Japonais était né. Il y avait plusieurs taxis à la sortie de la gare et il avait demandé le resort Yûtobia Katsuki en entrant dans la voiture. Le chauffeur aux gants blancs était gentil, il tentait de lui faire la conversation malgré son anglais approximatif.

- It's snowing. Rare. Very rare in April.

Son doigt pointait l'extérieur et Viktor jeta un coup d'œil, étonné. Avait-il ramené la neige lourde de Saint-Pétersbourg avec lui? Le sort s'acharnait ou quoi? Il neigeait! Mais pourtant, les arbres qui bordaient les rues étaient en fleurs. Ce mélange de rose et de blanc, c'était beau. Beaucoup plus beau que le brun des trottoirs de la Russie en avril.

Il répondit :

- Je viens de Russie, chez nous, c'est normal.

Le chauffeur se mit à rire doucement. Ils arrivèrent devant une jolie entrée de bois et le chauffeur arrêta le taxi.

- Yûtobia Katsuki. Nice onsen. Have fun.

Viktor régla la course avec un grand sourire, heureux d'être finalement arrivé. Il sortit avec son chien fou de joie de courir dans la neige et ils s'engagèrent sur le chemin qui menait à la porte principale.

Il coulissa la porte de bois. Un monsieur au visage sympathique accourut. Celui-là partageait définitivement un air de famille avec le patineur. Son père peut-être. Ou son oncle. Il regarda le chien de Viktor et s'accroupit pour l'inviter à venir le trouver. Il le caressa pendant que Makkachin lui léchait le visage. Viktor crut même l'entendre l'appeler « Vicchan ».

- Bonjour. J'aimerais avoir une chambre. Je n'ai pas réservé toutefois…

Le Japonais lui sourit et il lui répondit dans un excellent anglais, teinté d'un joli accent.

- Mmm… C'est la haute saison et toutes les chambres sont occupées présentement, mais je vais tenter de vous trouver quelque chose. En attendant, je vous invite à relaxer dans le onsen, le temps que nous vous installions. Vous devez avoir fait un long voyage. Vous venez de…

- Russie.

- Oh! La neige n'est pas une nouveauté pour vous alors! Ici, c'est tout un événement à ce temps-ci de l'année, on en parle dans tous les bulletins d'information!

- Oui, mais c'est très beau avec les arbres en fleurs.

- Les cerisiers ne pourront pas conserver leurs pétales très longtemps avec le poids de la neige. Ce sera une courte saison d'o-hanami cette année…

Viktor ne savait pas ce qu'était un o-hanami, mais avant qu'il puisse le demander, Makkachin jappa pour attirer l'attention. Il en profita pour demander à l'homme devant lui :

- J'ai oublié de m'informer… Mon chien peut rester ici avec moi?

- Oh oui! Ce sera un réel bonheur! Mon garçon avait un chien identique, mais le pauvre animal est décédé en décembre dernier, pendant son absence. Mon fils était dévasté.

- Je comprends. On s'attache beaucoup à ces bêtes…

Son fils avait eu un chien comme le sien… Si c'était bien de Yûri dont il parlait, cela voulait dire son chien était mort pendant la finale du Grand Prix ISU. Viktor commençait à attacher les fils et de comprendre ce qui avait pu mener à cet air déprimé lors de cette compétition désastreuse du patineur japonais. Si Makkachin était mort alors qu'il était ailleurs, comment aurait-il réagi? Probablement qu'il aurait été découragé lui aussi…

Il laissa son chien et Makkachin retourna courir dans l'entrée enneigée. Viktor suivit le Japonais qui lui montra le onsen et lui expliqua l'importance de se laver avant d'entrer dans l'eau brûlante. Il sourit en l'assurant que tout était parfait et s'inclina lui aussi devant le monsieur qui lui laissa un yukata pour sa sortie.

Viktor se déshabilla, fatigué, mais calme. Il se lava dans la salle attenante. Il y avait quelques personnes âgées qui faisaient comme lui. Puis il sortit. Il était seul ici. La vue de ce bassin d'eau chaude, le bruit de cette fontaine, la neige qui tombait doucement, il sentit qu'un grand bien-être l'envahissait. Il entra dans le bassin doucement et il appuya une serviette mouillée sur sa tête. Toutes les tensions de la longue, très longue, journée se dissipèrent. Il s'appuya sur le bord du bassin. Dire que ce matin, il était dans la boue de Saint-Pétersbourg. Plusieurs heures étaient passées, maintenant il était dans le luxe d'un onsen, sous la neige japonaise…

Il entendit son chien japper de joie. Makkachin serait bien ici. Il était déjà à l'aise comme à la maison, en fait. Il sentait que les gens de l'auberge l'adoraient, il n'était pas fou, son chien. Il y a eu un grand bruit, comme un bruit de course sur les planchers de bois qui menaient au onsen. La porte s'ouvrit avec fracas et il vit Yûri Katsuki surgir avec son manteau sur le dos et ses bas. Le monsieur japonais lui avait pourtant bien précisé que le onsen exigeait la nudité. Il leva la tête. Yûri dit :

- Vi… Viktor… Pourquoi es-tu ici?

Viktor se leva doucement. Il savait qu'il devait éviter les mouvements brusques après avoir relaxé dans une eau aussi chaude. Il tendit le bras vers Yûri :

- Yûri, à partir d'aujourd'hui, je deviens ton coach. Et je vais te faire gagner le Grand Prix ISU!

Yûri Katsuki était sous le choc. Il avait l'air paralysé. Viktor lui fit un clin d'œil. Le visage du Japonais se décomposa et il cria :

- QUOI?

Le sourire de Viktor s'agrandit. Il venait de lui donner la surprise de sa vie. Excellent. Il adorait créer la surprise.

Ce n'est que le début, Yûri.

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Alors, vous en pensez quoi? Vous aimez entrer dans la tête de Viktor de cette façon? C'est un bon résumé du premier épisode? Merci de m'envoyer vos commentaires, ça m'aide à continuer! Il y a encore plus de travail pour la suite! Myriel