1. Rencontre.
– Dis-moi encore une fois qu'il est sexy et je te jure que je t'arrache les cheveux ! grommela Nick Duval en remontant la lanière de son sac sur ses épaules, alors qu'ils marchaient dans les couloirs, vers la fin de la journée.
– Mais c'est vrai ! insista son amie.
Nick leva sa main pour la frapper gentiment sur la tête, mais se ravisa. A quoi bon ? Rachel se fichait pas mal que le brun ne trouve pas certains profs beaux, mais elle continuait de lui en parler. De toute façon, tout ce qui intéressait Rachel, c'était de trouver une nouvelle chanson pour le Glee Club, répéter inlassablement que Finn était parfait, et se plaindre qu'il ne la remarquait pas.
Rejoignant son casier, au coin du deuxième étage, – qui était un des plus petits et que son amie avait jugé "parfait" pour lui, vu qu'il était très petit lui aussi – Nick se dit que Rachel pouvait être vraiment insupportable. Elle était un vrai moulin à paroles et voulait toujours reporter l'attention de tout le monde sur elle.
Nick empila les livres dont il n'avait pas besoin dans son casier et prit ceux pour l'après-midi. Tout allait bien se passer. Il tiendrait le coup jusqu'à la fin de l'année. Il n'avait pas vraiment le choix, en fait. Surtout qu'il ne savait pas encore trop ce qu'il voulait faire après le lycée.
Comme si c'était le bon moment, son amie Quinn, la chef des cheerleaders, s'arrêta près d'eux.
– On sait tous ce qui est arrivé quand tu es tombée amoureuse de Monsieur Schuester ! dit-elle à Rachel (qui parlait en effet de son coup de cœur pour le professeur d'espagnol, mais c'était lui aussi qui animé le Glee Club), tout en s'appuyant sur le casier à côté de celui de Nick.
– Tu ne pourrais pas t'en aller ? s'agaça Rachel.
Elles ne s'appréciaient pas vraiment, toutes les deux. Pas étonnant, vu que Rachel était jalouse de Quinn, qui sortait avec Finn.
– Nick, elle redevient une garce, lui chuchota Quinn.
Nick soupira. Il savait ce qui allait suivre.
Dans quelques secondes, il pourrait entendre les deux filles se chamailler de plus en plus fort, Quinn hurlant sur Rachel, qui lui hurlerait dessus en retour, et Finn – bien sûr – interviendrait pour les séparer. Finn, justement, venait de traîner Quinn loin d'eux. Rachel bouillonnait de jalousie.
Nick claqua la porte de son casier et attrapa ses livres.
Tout ce qu'il voulait, c'était un peu de paix.
… Et peut-être de nouveaux amis.
Jeff Sterling prit une autre tasse de café puis contempla ses cheveux et se demanda si c'était approprié pour un professeur. D'un blond très clair, presque blanc, ils étaient coupés juste au-dessus de son front, comme si Justin Bieber voulait parfaire sa coupe en l'essayant sur d'autres gens.
Ses cheveux, ainsi que t-shirt Oxford "boutonné-trop-haut" et son jean repassé, contribuaient à ce que ses élèves disent qu'il était un enfant dans des vêtements d'adulte. Et encore, il était dans ce lycée depuis moins d'un jour, et ses élèves avaient tendance à se faire de mauvaises premières impressions. En effet, ils n'auraient jamais pu croire que Jeff avait travaillé dans la Marine avant d'être professeur.
– Asseyez-vous, dit Jeff aux élèves.
Heureusement, c'était la fin de la journée. Les premiers jours sont toujours ennuyants pour Jeff. Il devait se présenter et apprendre à connaitre les élèves.
– Ces places ne seront pas permanentes, bien sûr. Vous serez assis par ordre alphabétique.
Il entendit les élèves soupirer. Bien entendu, ils préféraient s'asseoir avec leurs amis pour discuter et ne rien écouter au cours.
– Votre attention, dit-il en allumant son ordinateur et en cliquant sur la liste des noms. Excusez-moi si je prononce mal votre nom. Si vous avez des surnoms, dîtes-le. Mais je ne vous appellerai pas par un nom idiot.
La classe laissa échapper un petit rire. Jeff ne pensait pas qu'il était drôle non plus. Les autres profs avaient l'air sévère, alors peut-être qu'il serait l'opposé.
Après quelques élèves – et heureusement il n'y eut pas de surnoms ridicules –, il fut intéressé sans savoir pourquoi par un certain nom.
– Nicholas Duval ?
– Oh, euh, présent.
Il leva la tête pour voir la source de la voix, souriant poliment.
– Je peux t'appeler Nick ?
– Ou- Ouais, bien sûr.
Jeff entendit le reste de la classe ricaner et remarqua que Nick tapotait nerveusement sur son bureau. Le blond acquiesça puis regarda à nouveau son ordinateur pour continuer l'appel.
– Vous êtes tous là. Super. Je suis Monsieur Sterling, ou Monsieur S, comme vous voulez. Maintenant, commençons le cours…
Le bruit de la classe ne devint qu'un murmure derrière lui. Nick connaissait ces regards plein de préjugés que les autres lui jetaient, il en avait l'habitude. Il se sentait épié dès qu'il mettait les pieds dans une salle de cours.
Il était en train de craquer sur lui, il le savait. Et c'était un prof. Mais il s'en fichait, parce que pendant cet instant, c'était comme dans un rêve, un magnifique rêve.
La réalité l'arracha à sa rêverie – ou peut-être une boulette de papier – et il entendit la classe rire de lui. Il était différent, il le savait. Mais le reste de la classe aussi.
La boulette de papier roula sous sa chaise puis jusqu'au premier rang. Elle s'arrêta au coin du bureau du professeur.
Parfait. Monsieur Sterling n'avait pas remarqué le papier. Les épaules de Nick s'affaissèrent de soulagement. Qu'est-ce qu'il y avait écrit sur le papier ? Sûrement que Nick était gay. Il l'était, en tout cas.
La sonnerie fut un soulagement pour tout le monde, les élèves se levèrent et sortirent rapidement de la salle. Nick, par contre, prit son temps. Pas du tout pour faire bonne impression devant le professeur, non, jamais. Il mit ses livres dans l'ordre, les ramassa et commença à s'en aller.
– Hey, Nicho- Je veux dire, Nick.
Merde. Nick se retourna et sourit poliment au professeur. Est-ce qu'il avait fait quelque chose de mal ? Est-ce que Monsieur Sterling avait en fait vu et lu le papier ?
– Est-ce qu'ils se moquent souvent de toi ?
Bien sûr qu'il avait remarqué…
– N- Non, jamais, dit-il doucement.
Nick mentait toujours très mal.
– Bon, d'accord. A demain, Nick.
Nick hocha la tête et se dépêcha de sortir. Il rejoignit son casier et fut heureux qu'il n'y ait pas d'autre confrontation entre Rachel et Quinn ou de stupide blague pour l'humilier.
Après avoir décidé ce dont il avait besoin, il referma son casier et alla au parking du lycée. Sa voiture était l'ancienne de son père, celle qu'ils avaient retapée ensemble, pour "les rapprocher l'un de l'autre". Nick n'avait pas trop compris pourquoi son père avait tenu à ce qu'il participe.
– Je pense que les gens deviennent moins méchants quand ils grandissent.
Blaine était ce que Nick considérait comme son meilleur ami. Peut-être qu'il vivait à quelques villes de là et qu'ils ne se rencontraient pas souvent, mais ce n'était pas grave, ils restaient de bons amis. Nick était allongé sur son lit, son ordinateur portable sur le bord de son lit, pendant qu'il faisait ses devoirs.
– Je ne voudrais pas casser ton délire, Blaine, mais c'est faux, dit-il en riant.
– Ton premier jour était horrible, c'est ça ?
– Non… Pas trop.
Blaine leva ses sourcils triangulaires.
– Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
– Rien. Je n'ai pas autant craint que d'habitude, c'est tout.
– Nicholas Duval. Dis-moi.
Nick secoua la tête en souriant légèrement.
– C'est un garçon.
Si Nick avait pu, il aurait donné une claque à Blaine pour le sifflement moqueur qui était sorti de sa bouche.
– Oh, la ferme, grommela le brun.
– C'est qui ?!
– C'est ridicule…
– L'amour n'est pas ridicule.
– Tu es tombé amoureux de Kurt à travers une webcam.
– Ce n'est pas ridicule ! Dis-moi qui c'est.
– Tu vas te moquer de moi.
Blaine fit mine de dessiner une croix sur son cœur.
– Je te promets que je ne rigolerai pas.
Nick poussa un petit soupir. Il savait que Blaine ignorait qui était son professeur, mais est-ce que lui pouvait savoir qui était Kurt ?
– C'est, euh… mon prof de biologie.
Il put voir Blaine étouffer un rire, puis froncer les sourcils.
– Je te fais marcher ! dit Nick au bout d'un moment.
– Oh, Dieu merci, soupira Blaine.
Nick se força à rire et fit semblant de s'intéresser à son téléphone. Il savait que Blaine penserait que c'était ridicule. Il savait qu'il ne pourrait jamais en parler avec personne, de toute façon. C'était idiot, c'était un pathétique coup de cœur qui passerait vite – enfin, il l'espérait.
– Mec, je dois aller quelque part avec mes parents. On se parle après ?
Nick acquiesça, termina la conversation puis se jeta sur son lit avec un grognement. Peut-être qu'il pourrait rejeter la raison de son coup de cœur sur les hormones d'adolescence… ou quelque chose comme ça.
