Disclaimer : Les personnages de GTO Drama ne m'appartiennent pas… (voui Drama, alors si vous connaissez QUE GTO y'aura peut-être quelque changements)

Genre: Yaoi/Humour

Warning, il peut y avoir des dissonances je n'ai regardé que le Drama de GTO
Hebichu.


Un jour, une nuit

1


Kikuchi venait de s'engueuler avec son père, comme à chaque fois que celui-ci se sentait de fouiner dans la vie extra scolaire de son fils. Il claqua la ,hors de lui et décida de traînailler un peu dehors, le temps que l'atmosphère de la maisonnée retrouve une neutralité totale, comme quand le paternel n'était pas là, en fait. Il se dirigea d'un pas nonchalant chez Murai et s'arrêta devant le bâtiment, il n'était pas revenu depuis... depuis plus de cinq ans... à l'époque du collège avant que ne meurt leur commun ami... L'étudiant soupira puis frappa à la porte regardant le couloir distraitement.

Pas mal…

Une voix s'éleva accompagnée d'une autre. Mince, Miyabi devait être avec lui.

-K'so, j'avais oublié ce détail ! »

Une tête brune glissa dans l'entrebâillement de la porte, Muraï semblait gêné et regardait avec précaution que personne ne passe à ce moment dans le couloir, et pour cause il n'était pas très... vêtu. Son air se détendit lorsqu'il vit Yoshito sur le pas de la porte, d'ailleurs il lui envoya un petit signe de la tête.

-Ha c'est toi ! J'ai cru que c'était ma mère, tu… veux quelque chose ? »
-Pardon de t'interrompre avec Miyabi… »
-Pas grave… On... enfin... »
-Je passais par là en faite, mais je pense que je vais vous laisser tranquille ! »

Yoshito lui envoya un clin d'œil, un sourire moqueur aux lèvres. Pas la peine de nier, il venait de les prendre la main dans le sac, mais que ses amis ne s'inquiètent, il ne dirait rien du tout. Se retournant, il adressa un signe de la main à son meilleur ami avant de reprendre sa route. Bien, à part Muraï, il ne savait trop vers qui se tourner, les autres avaient une vie de famille, des parents, des frères et des sœurs, et puis il n'était pas assez proche d'eux pour sonner si tard et demander à être hébergé pour une nuit. Il n'allait quand même pas passer la nuit dehors ? C'était bien beau les études, mais à part vouloir intégrer une prestigieuse université, grâce à un palmarès de notes irréprochables, Kikuchi devait s'avouer qu'il avait un zéro pointé au niveau social. Maintenant qu'il se retrouvait à la porte, la seule personne vers laquelle il pouvait se tourner n'était qu'un ami d'enfance. Depuis ses années lycée, il n'avait noué aucune autre relation amicale, plus par manque de temps qu'autre chose... Mais bon, il y avait autre chose que Yoshito aimait par dessous tout, c'était les jeux vidéo ! Puisqu'il avait pensé à emmener son porte-feuille avant de claquer la porte, il aurait de quoi passer une soirée agréable !
C'est dans dans cette optique que le jeune homme prit le chemin du centre ville pour s'engouffrer dans la galerie de jeux vidéo. Sa première victime fut le dernier Tekken qui attirait les foules depuis sa sortie il y a quelques jours. Une fois le système de jeu approprié, il laissa là la borne pour se diriger vers les simulations de course. Il était encore tôt et il était loin d'être à court d'argent... plutôt que de glander, Yoshito testa ces jeux qu'il n'aurait jamais fait en temps normal. Il se retrouva donc en apprentit rock star à faire des pseudos accords sur une pseudo guitare électrique. Et bien... il devais l'avoir, il appréciait plus qu'il ne l'aurait cru retranscrire les notes avec une assez grande facilité devant les yeux ébahis d'un groupe de filles. C'était toujours bon à prendre pour un gars comme lui, un petit moment de gloire autre que celui de tableau des notes des derniers examens. Pour une fois qu'on ne voyait pas en lui que son QI de génie... Malheureusement, son intelligence n'attirait pas le regard des filles, enfin pas le même genre de filles, ou alors c'était pour faire ses devoirs... Un petit ami jaloux du soudain désintérêt de sa copine sur ses prouesses musicales défia le surdoué dans un duel de para para, profitant de sa carrure d'intello pour attirer de nouveau le regard de sa copine sur sa personne... Kikuchi n'avait jamais essayé, mais pourquoi puis, et puis aux vues des œillades du jeune homme, il n'avait pas envie de se défiler en tout cas pas cette fois. Sur ce terrain, comme dans les études, Yoshito semblait remplis d'une hargne assez monstrueuse. Il ne connaissait pas, mais il ferait de son mieux ! Après un signe de la tête, Kikuchi suivit son adversaire. Ce n'était pas son genre de jeux, les prouesses physiques étaient loin de faire leurs preuves, que voulez-vous, on ne pouvait pas être un génie et un sportif de haut niveau, ça ne serait pas humain... Un peu fluet, plutôt chétif, le petit brun était loin de se débrouiller en sport. Ce pendant, il évita la catastrophe et s'en tira avec un honorable C. Content de lui, il délaissa son adversaire rouler des mécaniques pour aller se laisser choir dans une chaise. Le brun regarda distraitement la pendule digitale qui illuminait le mur d'un néon violet fluo.

22 Heures…

-Bon je vais être obligé de rentrer. »

Y'avait pas d'autre choix possible. Kikuchi n'était pas non plus du genre irraisonné, alors il se leva et attrapa sa veste. Maintenant hors de la galerie, le jeune homme remonta son col. Il n'aimait pas la population nocturne du centre ville, alors il faisait profile bas ; slalomant avec précaution entre les gens et évitant avec grand soin les attroupements de jeunes, Yoshito Kikuchi se mit en route pour la maison familliale. Il avait mangé sévèrement par le passé lorsqu'il sortait de ses cours du soir, alors il savait que sa méfiance n'était pas de trop, surtout dans son cas. Le dos légèrement vouté, le génie se stoppa dans sa lancée, devant lui, six hommes étaient en train de se battre en hurlant. Il haussa les épaules, il n'allait pas se mêler de ça, il préféra changer de trottoir et continuer son bout de chemin en faisant abstraction des cris derrière lui. Ils n'avaient pas l'air d'un gang de rue, mais bon...

Pas traîner dans le coin, avancer d'un pas prompt, mais pas courir, la frayeur appelle la bestialité…

C'est en se répétant ces consignes que le jeune homme marcha sur le qui vive en cas où les ennuis lui tomberait dessus. Malheureusement pour lui, ils étaient souvent nombreux lorsqu'on parlait de son facteur chance, on ne pouvait pas tout avoir, l'intelligence et la chance ; aujourd'hui ne ferait pas exception à la règle d'or, les ennuis le suivaient, car déjà il entendait les pas du groupe de jeune gens qui se rapprochaient de lui, parlant plus ou moins à voix basse, sûrement pour lui faire peur avant même de commencer les hostilités.

Raté. Plus qu'à décamper !

Quand on ne sait pas se battre, lorsqu'on est faible comme lui, il y avait une chose dans laquelle on devait exceller obligatoirement, c'était le course ! Kikuchi se mit à courir comme un forcené, droit devant lui, poussant le plus sur ses muscles endoloris par le match de para para. Il ne devait pas faiblir car il savait ce qui l'attendait. Par un effet de surprise, l'étudiant traversa la route pour prendre une ruelle peu usitée, mais quelque chose l'arrêta net dans sa traversée, un phare qui se dirigeait sur lui, l'éblouit, l'arrêtant dans son élan. Damned ! Kikuchi prit de panique, mit machinalement ses bras devant son visage tout en restant immobile sur la route. Avec de la chance... la moto passerait à côté de lui. Cela dit, le conducteur ne décida pas de l'esquiver puisqu'il entendit un crissement de pneu. Entier, l'étudiant ôta ses bras craintivement pour fixer la personne qu'il ne pouvait apercevoir à cause de la lumière du phare, mais la voix qui lui fut tendu le fit sourire timidement.

-Kikuchi regarde devant toi voyons ! »

Ses bras glissèrent le long de son corps, heureux comme tout de tomber justement sur Onizuka. C'était un coup de chance car c'était justement quelqu'un comme lui qu'il lui fallait !

-Onizuka ! Vous tombez bien ! »
-Pourquoi tu cours comme ça ? »

Son ancien prof interpellé par un mouvement de foule, tourna la tête vers le groupe qui s'avançait dans leur direction. Oh, il comprenait mieux pourquoi le très discipliné Yoshito détallait comme un lapin au risque de se faire renverser par une voiture. Une botte de cuir noir frappa le sol, Eikichi fit craquer sa nuque puis ses phalanges, il allait régler le problème bien vite ! Un sourire carnassier fendit le visage du prof, Onizuka était toujours partant pour un peu d'action. Il allait refaire l'éducation de ce groupe de loosers ! L'homme envoya un signe à l'intention de son ancien élève qui se cala immédiatement derrière lui. Son élève numéro un avait toujours autant de cerveau, peut-être plus, mais sa masse musculaire n'avait pas changé, elle... Que cela ne tienne, il allait se battre pour lui.

-Ohhh je vois ! Ceux qui s'en prennent à mes élèves le payeront de leur vie, Onizuka va vous faire une petite démonstration de karaté ! »
-Onizuka, il a dit Onizuka ? Celui de l'onibaku combi? »

La bande de jeunes s'arrêta net. Ils connaissaient ce nom, légende urbaine ou réalité, ils n'étaient pas sûr de vouloir le vérifier. Mais si cet homme était bien l'un du duo de l'onibaku... ils allaient surement rebrousser chemin et laisser le gamin s'en tirer... pour cette fois ! L'un d'eux se mit à chuchoter relatant les méfaits du duo, qui était devenu une légende locale. Ils avaient fait ceci, ça, tout cela ! Les petites frappes se mirent à s'enfuir sous le conseil avisé de leur chef. Onizuka soupira, la prochaine fois, il ne dirait pas son nom. Bien évidement, si son élève n'avait pas été là, il serait sûrement parti à leur poursuite, pour leur faire mordre la poussière, mais... il se sentait obliger de rester et surveiller les arrières de cette brebis en territoire hostile.

-Ça va ? »
-Hum ! merci ! »
-Que fais-tu dehors à une heure pareille ? »
-Je... je me suis quereller avec mon père… »
-Tu aurais dû squatter chez un ami, au lieu de zoner dehors, surtout à cette heure ! »
-Ben, Muraï est avec Miyabi… je voulais pas les déranger. »
-Ha je vois… l'amour… et toi alors, depuis Tomoko, plus personne ? »

Kikuchi baissa le regard, non, il n'avait personne. Même après avoir côtoyé Onizuka, il ne s'était pas plus épanoui face aux autres, bien sûr, il conversait avec Muraï et Noboru, bien sûr il était sorti avec Tomoko, mais c'était une relation longue distance. Ils avaient passé tout leur temps à parler via mails et messages instantanés, mais une fois face à face... ça avait râpé... et il s'était rendu compte d'une chose. Cette simple question lui avait fichu le moral dans les chaussettes, il voulait faire celui qui se fichait bien d'être seul, mais la solitude commençait à lui peser sérieusement. Il enviait les couples qui se tenaient par la main, qui s'embrassaient...

-Non, les études, toujours les études… »

Les études oui, il s'y noyait volontairement en fait. Onizuka fit un rapide sourire ; après un court soupire, il envoya une claque dans le dos de son élève. Il l'aimait bien ce petit, il lui avait filé du fil à retordre, mais il avait eut raison de se battre pour lui. Ce gosse en valait le coup ! C'était triste, malgré le grand discours théâtrale, qu'il lui avait balancé sous un jet d'eau, maintenu par Masaru ; Kikuchi restait enfermé dans le carcan des études et ne voyait que Noboru et Muraï irrégulièrement. Il devait sortir un peu, avec des jeunes de son age, s'amuser, draguer, boire et jurer... Le petit brun était trop sage, trop studieux... c'était excessif, Todaï oui, mais il allait se tuer au travail !

-Viens chez moi, alors ! On va manger, boire et mâter un film porno, Fuyutsuki senseï vient de me larguer ! Autant rester entre célibataires ! Y'a rien de tel ! Allez, monte ! »

Yoshito l'observa de haut en bas visiblement surpris, Azusa l'avait largué ? Mais, il était dans quelle dimension ? Ils s'entendaient si bien pourtant ! Il se rappelait les avoir vu encore s'embrasser un peu avant que son ancien professeur parte pour son nouveau poste, en se jurant des trucs aussi mielleux qu'absurdes.
Il empoigna le casque que lui tendait Onizuka puis se hissa sur la moto. L'ancien élève n'arrivait toujours pas à imprimer cette nouvelle. Quand deux personnes se cherchaient comme ça, comment leur histoire pouvait se terminer comme ça... dans le vide ? Ses bras passèrent autour du torse de son ancien prof puis il ferma les yeux. Yoshito n'avait pas spécialement envie de voir la route, Onizuka pouvait rouler dangereusement, ça lui faisait toujours un peu peur. Et puis statistiquement, les deux roues engendrait bien plus d'accident mortel que les autres moyens de transports. Il en avait une sainte horreur !
Alors... comme ça... son prof était à nouveau célibataire, hein ? Quelque part c'était rassurant de voir que quelqu'un comme Onizuka, extraverti et simple pouvait lui aussi vivre des déboires sentimentaux. Ou peut-être pas... car si Onizuka avait du mal, il comprenait mieux pourquoi il était toujours seul à son age. D'ailleurs vu comme ça, il se demandait si un jour, il arriverait a se trouver quelqu'un. Yoshito avait tout a envier de son ancien prof. C'était frustrant de voir a quel point il était chétif, le torse d'Eikichi était large et puissant... et ses épaules... Yoshito était vraiment minuscule dans le dos rassurant d'Onizuka.

Le great teacher se stoppa devant son appartement quelques minutes plus tard. Ça faisait un moment qu'il n'était pas revenu chez lui, depuis qu'il avait été muté et travaillait à plus de cinq heures de train d'ici, il ne rentrait chez lui que pour les vacances. Son appartement de fonction était sympa, mais il n'avait pas cette atmosphère particulière qui mettait le prof d'une humeur du tonner ! L'homme saisit Kikuchi par l'épaule et le traîna dans les escaliers montant vers son appart, tout en chantonnant une chanson qui paraissait louche aux oreilles pures de son compagnon du moment. A peine eut-il ouvert la porte de sa piaule de célibataire qu'il sentit une présence qu'il ne reconnaissait que trop bien. Tient donc que faisait-il ici ?

-Que fais-tu chez moi, Saegima ? »
-Mate, un film porno ! Je l'ai encore pas vu, celui là ! »
-Dégage ! »
-Comme si je te dérangeais, qui c'est qui c'est fait larguer, comme un malotru ? Je pensais que je t'apporterais un peu de réconfort ! »

Le flic qui se croyait chez lui, croisa les pieds sur la table basse, fixant son ami avec insistance. Un sourire glissa sur les lèvres du représentant de la loi et tandis qu'il grignotait des snack à la crevette son regarde retourna sur le téléviseur. Oh, oui, Onizuka le prendrait bien, il sourirait, il dirait que tout allait bien, mais Saegima le connaissait depuis très longtemps. Eikichi amoureux ? C'était rare, alors cette rupture soudaine avait du lui laisser un gout amer dans la bouche. Son regard fut soudainement attiré par une seconde silhouette qui timidement remettait sa chevelure longue en place. Serait-ce ? Non, ce n'était pas Fuyutsuki, mais...

-Tiens donc, le génie en informatique ? »
-Yoshito... »
-Et bien Onizuka, il est pas... un peu jeune ? »

Onizuka releva un sourcil, ne comprenant pas trop ce que sous-entendait son ami. Ou plutôt, il se disait que ça pouvait pas être ça, hein ? Mais sous le regard insistant et le sourire goguenard de son vieil ami de lycée, le prof leva les yeux au ciel. Seigneur qu'est-ce qu'il pouvait être con ! Il n'irait pas oublié Azusa dans les bras d'un ou d'une autre. Jamais ! Ce n'était pas comme ça que ça marchait, en tout cas, pas pour lui. Le prof était assez fort pour faire face, même si l'alcool l'avait bien aidé la semaine dernière. Il croisa ses bras contre son torse, défiant du regard son vieil ami afin qu'il se taise immédiatement au lieu d'insinuer des sornettes.

-Hein ? »
-Ben, je sais pas… vous couchez ? »

Kikuchi enfonça son visage dans le col de sa veste se disant qu'il n'aurait pas du laisser ce hein sortir ? Mais le jeune homme n'avait pas compris, sur le coup, les insinuations de cet étrange personnage. La prochaine fois, mieux valait rester dans le flou, plutôt que d'entendre de telles bêtises ! Enfin... bêtises ou pas, c'est dans un mouvement à la fois discret et lent qu'il se dirigea vers la sortie. Lui, coucher avec son prof ? Jamais une telle pensée ne lui aurait passé par le cerveau, enfin… non, mais… pas en réel ! Et Onizuka… ne niait pas en plus ! Se pourrait-il qu'Eikichia soit... bi ? Le chevelu plus du tout à l'aise s'apprêta à s'en aller mais quelque chose l'arrêta dans sa retraite. Son regard étonné observa la main de son ancien prof comme si c'était une aberration, pourquoi l'empêchait-il de partir ? Le ton haussa d'un cran dans le petit appartement, Onizuka ne semblait pas apprécier la réflexion de son ami.

-C'est mon élève je te signale ! T'es un grand malade ! »
-Bah… un mec qui vient de se faire larguer et qui était puceau, y'a pas si longtemps, accompagné d'un gamin génie en informatique, qu'a sûrement jamais touché, une nana de sa vie… on ne me la fait pas à moi ! »

Le flic se redressa tout sourire, ses plaisanteries étaient souvent lourdes et pas drôles, comme celle-ci, et surtout qu'elle ne faisait rire que lui. Lâchant sa bière, Saegima se leva mollement puis lança une accolade à son ami de longue date avant de quitter l'appartement non sans regarder une dernière fois l'étrange couple et de s'esclaffer tout seul.

-N'importe quoi ! Bon tu veux boire un truc ? T'as quel age déjà ? »
-Dix-sept ! »
-Bon pour un an, tu vas pas en mourir. »

L'ancien yankee s'empara de deux bières dans le frigo plein, il en tendit une à son élève dans un large sourire, se mettant à son aise. Saegima avait récupéré les clefs de sa piaule avant que le prof ne quitte la ville. Il avait du emmener des filles ici pour... avoir un peu plus d'intimité que dans son studio aux murs en carton pâte. Yoshito contempla la canette avec un drôle de regard, de la bière... il n'y avait jamais goûté. Jamais il n'avait bu d'alcool, bien que Muraî est déjà essayé de l'initier, le petit génie se contentait de truc sans alcool, très certainement par raison morale, inculquée par un père sévère. D'ailleurs si son paternel savait ce qu'il tenait dans les mains, il en ferait très certainement une syncope ! Ayant vu les conséquences de la boisson sur Murai... se retrouver bourré n'était pas bien glorieux, surtout quand on se couvrait de ridicule devant sa chérie en ratant une marche... Yoshito, n'avait pas tellement envie de finir bourré, surtout devant son prof. Ok, c'était une bière pas une bouteille de saké, mais le chevelu devait prendre garde.

-Je… »
-Bois et tais toi. Ça va te faire pousser du poil au menton ! »

Une fois débarrassé de son cuir, Eikichi se laissa tomber dans son canapé en poussant un soupire las. La route avait été longue, ça faisait un bien fou de s'allonger quelques minutes. Les yeux dans le vague, le prof ouvrit sa canette et s'hydrata la gorge d'une longue rasade à la saveur houblonnée. Il fit signe à Kikuchi de prendre place, se rendant compte que le gamin était toujours debout, le prof se redressa pour lui faire une place à ses côtés. Il avait tellement l'habitude que tout le monde fasse comme chez lui, ici qu'il n'avait pas prit garde au gamin... Kikuchi baissa la tête avant d'obéir et de rejoindre son prof sur la canapé. Le génie avait toujours tendance à se plier aux ordres des autres, comme si il ne savait jamais dire non. D'ailleurs son tempérament obéissant lui avait valu quelques ennuis par le passé, mais... Onizuka n'en profiterait pas, pas lui, car c'était un homme bien ! Il avala la moitié de la canette, en une seule fois et tendit une moue enfantine, sous l'amertume qui glissa dans sa gorge. C'était rafraichissant... mais à part ça, c'était pas fameux !

-Vous auriez pas du jus de fruit, ou de l'eau même… »
-Vous ? Eïkichi ! Je suis plus ton prof, je suis un pote, ok ? »

Yoshito fit un signe de tête positif, c'était vrai, il... n'était plus son professeur et c'était bien dommage... Son arrivée comme son départ avaient marqué les esprits. Eikichi avait fait beaucoup pour eux, soit, on avait sûrement besoin de son talent ailleurs, mais quand on connaissait quelqu'un comme lui, on voulait le garder jalousement pour soi. Onizuka lui avait manqué... et qu'il soit muté loin de la ville n'avait en rien aidé. A bien y regarder, l'homme n'avait jamais été vraiment un professeur, il avait été un ami très proche, un sauveur, un grand frère, un confident... Il avait révolutionné l'éducation dans son lycée, réconciliant élèves et professeurs dans leur vie scolaire et parfois même dans leur vie privée. Et maintenant c'était à eux de se battre en solo, Onizuka n'avait montré qu'un bout du chemin, le reste il devait le faire seul. Yoshito soupira, seul, il n'arrivait à rien.

-Allez hop ! T'as déjà mâter un film porno, j'espère ! »

Eikichi se leva d'un seul coup, pour se mettre à fouiller dans un placard à dvd. Il y avait une collection de couverture rose assez... étonnante. Son élève baissa la tête ne sachant quoi répondre à la question. Tout ceux de son age diraient oui, mais lui... il se sentait de moins en moins comme les autres... Non, il n'avait jamais regardé ce genre... de choses. Ça ne l'intéressait pas plus que ça à vrai dire... Regarder des humains faire des trucs aussi... primitifs... il préférait de loin jouer à ses jeux vidéo, plutôt que de mâter ça ! Faisant une moue Yoshito s'affaissa dans la canapé espérant qu'Onizuka change d'idée.

-Mais t'as quel age ? Tu es sûr d'avoir dix-sept, moi à ton age, houlà, ça grimpait vite, très vite ! »
-Je… je ne suis jamais tombé amoureux, enfin vraiment amoureux. Je passe mon temps à étudier et lorsque j'ai du temps libre, c'est ordi ou jeux vidéo, les autres… les filles ne me branchent pas… »

La voix du jeune homme était un murmure presque inaudible, était-il gêné ? Fallait pas, surtout avec Onizuka ! Devait-il rappeler au jeune homme qu'il avait pris son temps avant de se laisser aller aux joies du charnel ? On pouvait tout dire à Eikichi, ce n'était pas lui qui allait juger ou lancer la pierre, certainement pas. Oui, il avait tendance à donner son avis, à montrer une voie, mais rien de plus. Le professeur tourna la tête vers son élève et caressa ses cheveux longs. Venait-il de spécifier que les filles ne le branchaient pas ? Voulait-il dire par là que... Eikichi inclina la tête circonspect.

-Et les hommes ? »

Sa main encore dans la chevelure sentit le jeune homme tressaillir sous la question. Kikuchi secoua vigoureusement la tête, oh que non ! Si son père apprenait ça ! Et... c'était pas normal, naturel ! Le petit génie était déjà exclu à cause de son QI, il ne voulait pas se rajouter une nouvelle tare ! Même si...

-Noooon ! Non plus, sans façon ! »
-Tu ne vas pas draguer des ordis toute ta vie, y'a des choses qu'on peut pas faire avec ! »
-Oni… Eïkichi, je… ne crois pas avoir envie de ce genre de choses… »
-Baliverne, un homme est un homme ! »

Allons donc, Yoshito n'était pas plus timide que Noboru tout de même. Le prof appuya sur le bouton de son lecteur DVD et lança le film. Chez Eikichi il y avait toujours un fond sonore et c'était presque à quatre vingt dix pour cent sûr un porno qui passait. Le prof aimait bien, après tout rien n'était plus intéressant qu'une belle fille à poil ! On lui avait recommandé ce titre à cause de l'actrice, elle était belle à s'en damner. Avec de la chance, il ne serait pas le seul à apprécier ce visage angélique et ses grands yeux sombres. Le film débuta instantanément avec une scène très choquante, pour les petits yeux du premier de la classe... Une fille, trois hommes... Kikuchi ferma les yeux dès que le caméraman se rapprocha du lit. Non, il n'était pas prêt à voir ce genre de film ! Une nausée le prit, comment Onizuka pouvait mâter ce genre de... choses ? Ces mêmes choses qui lui procuraient des frémissements incontrôlés, qui lui donnaient l'envie de vomir... Le petit brun se leva en chancelant et se dirigea à grands pas dans la salle de bain. Il se laissa tomber devant le lavabo qu'il ouvrit pour glisser son visage sous le jet d'eau froide. Il lui fallait au moins ça pour se remettre de cette entrée en matière très... comment dire... scandaleux !

-Écœurant ! Comment on peut faire ça ? C'est infâme ! »
-A ce point ? »

Kikuchi releva la tête et regarda Onizuka à travers le miroir. L'eau perlait encore de ses cheveux longs, Yoshito les essora rapidement, sans dire un mot, gardant son regard planté sur son prof accoudé à la chambranle de la porte. Il avait réussi à calmer son estomac, malgré que tout ça était encore trop présent au fond de son crâne.

-Désolé, je sens que je vais vomir si je revois un truc dans le genre… »
-Dis-moi… »

Dire ? Le génie fit la moue et se détourna du prof pour retourner dans le salon comme si de rien n'était. Il n'avait pas envie de s'étendre plus sur le sujet. Onizuka croisa les bras sur son torse en observant son élève d'une attention profonde. Il en avait vu des mecs, même les grands timides qui n'étaient pas à l'aise devant la gente féminine, finissaient consommateur occasionnel, voir soutenu de ce genre de film. Yoshito semblait ne faire partie d'aucun cas de figure qu'il avait rencontré, puisque à sa souvenance, aucun de ses potes n'avait réagi de cette façon devant un film porno. En plus c'était un truc classique, il aurait sortit un truc de bondage bdsm, à la rigueur il aurait compris... mais là... fallait pas abuser. Onizuka commençait à se douter de la raison qui empêchait son élève d'aborder ce sujet, mais il voulait l'entendre de la bouche du gamin.

-Qu'es-ce que tu caches ? Y'a quelque chose, hein ? Un gosse de ton age, même timide ou coincé ne réagit pas comme ça… Même Noboru en regarde avec moi ! Tu imagines ? Noboru ! Tu n'es pas aussi coincé que lui, quand même ! Alors ? »

Kikuchi haussa les épaules nouvelle fois, son professeur n'avait-il pas compris qu'il ne voulait pas en parler ? Légèrement agacée, le génie grogna. Coincé Il ne savait pas si on pouvait le nommer ainsi, c'était bien pire que ça dans le fond... Mais si Onizua mettait son grain de sel dans cette histoire, il y avait fort à parier que le jeune homme ne le supporterait pas. Il n'était pas encore prêt.

-Je ne sais pas moi-même, rien que de penser qu'un jour, je puisse faire ça… ça… »