Encore une fic ! Et oui, écrire un certain type de fic me manquait trop (même si l'air de rien, j'ai pu en toucher un mot dans les deux fics que je fais actuellement...). Je m'attélerai sérieusement à cette fic une fois que j'en aurais fini avec 'Un peu de temps'.

Là j'avoue que je flippe pas mal car pour une fois, j'ai la fin bien en tête et je m'y tiendrai... Et je sens qu'elle ne plaîra pas à tout le monde. Mais je voulais vraiment essayer de construire une histoire de ce genre, alors ma foi, j'me lance...

En attendant, si la base de cette histoire est vrai, tout ce qui en découle l'est moins, voire pas du tout...

L'Arrivée

21h, heure locale.

Les passagers se succèdent à la hâte et courrent jusque dans l'aéroport pour échapper à la pluie. On plaisante toujours au sujet du temps de ce pays, n'empêche que ce soir au moins, le cliché n'en est pas tellement un... L'avion était rempli, et des gens de toutes sortes vont pour s'abriter dans le hall et récupérer leurs bagages... Parmi eux, si l'on y regarde bien, deux silhouettes attirent l'attention. Le premier est vraiment petit, pour un homme. Les cheveux fraîchement coupés à la garçonne, emmitoufflé dans un gros anorak, il avance avec peine, les jambes visiblement enkilosées par le voyage. Le second se trouve juste derrière lui. De temps en temps, il le pousse à avancer avec une main dans le haut du dos. Un peu plus grand et vêtu d'un petit manteau/doudoune orange, un bonnet sur ses cheveux courts, il cherche les endroits où se trouve le moins de monde possible pour les faire passer sans trop forcer...

Ils récupèrent leurs bagages, une grosse valise à roulettes chacun, plus l'étui qu'ils ont sur l'épaule, puis ils ressortent de l'autre côté, à la recherche d'un taxi. Tous les points prévus à cet effet sont évidemment noir de monde, alors, comme leurs affaires ne sont pas trop lourdes, ils décident de se rapprocher du centre ville et d'en trouver un autre, plus accessible. La pluie est moins violente, à mesure que les minutes passent. De toute façon, ce n'est pas leur principal souci. Le plus petit se dirige soudainement vers un abri-bus, et s'asseoit sur le banc. L'autre le suit sans broncher. Pause accordée. Le premier sort un paquet de cigarettes de sa poche et en allume une, qu'il apprécie visiblement beaucoup. Autant d'heures dans cet appareil sans fumer... un record. Et depuis leur arrivée, pas un n'a déserré les dents. C'est donc le second, qui brise le silence :

Pas trop fatigué, Doiha-chan ?

Ca va... se contente-t-il de répondre.

Tu la termines, et on repart ?

Ok.

Il ne sera pas plus loquace. Si quelqu'un arrivait à ce moment là, il croirait sans peine qu'ils se sont disputés et que Hyde lui fait la tête... Mais un oeil attentif verrait bien le sourire reconnaîssant de Hyde, adressé à son camarade. S'il ne parle pas plus, c'est qu'il n'en a ni l'envie, ni la force. Pas parce qu'il en a après lui. Et cela, Tetsu le sait parfaitement. Il s'estime déjà heureux de l'avoir vu sourire. Le bassiste finit par sortir un papier de sa poche, avec une adresse griffonée dessus. Il la murmure, comme pour s'en rappeler. Et lorsque Hyde jette son mégot, il se lève aussitôt, décidé à reprendre la marche. L'autre le suit, imperturbable. Quelques minutes après, Tetsu fait signe à un taxi qui allait les dépasser, et ils s'engouffrent dedans. La pluie a cessé. Dans un anglais pas toujours très sûr, le leader donne l'adresse et le nom notés sur son papier, au chauffeur. Il y en a pour 10 minutes, assure-t-il.

Et durant le trajet, pas un mot plus haut que l'autre, de la part du petit chanteur. Il se contente de regarder à travers la vitre mouillée, les gens qui passent, les voitures, les immeubles... Les pubs... Il aurait bien envie d'une bonne bière, tiens... Ou d'aller se coucher. Ou de parler. Ou plutôt rester seul. Il a envie et en même temps, rien ne l'intéresse. Qu'il est fatiguant, cet état où rien ne semble pouvoir avoir un intérêt à ses yeux. Où il se sent juste vide et indifférent. Indifférent ? Il aimerait l'être vraiment, justement... ça ferait moins mal, ainsi. Il ne laisse échapper qu'une seule phrase, à laquelle Tetsu ne trouve rien à répondre :

C'est horrible... J'ai l'impression de l'abandonner... murmure-t-il.

« C'était la seule chose à faire »... « on ne peut rien faire de plus »... Il n'y aurait éventuellement que cela à dire, mais Tetsu n'a pas envie de sortir ces clichés. Et Hyde le sait bien, de toute façon. Tetsu règle la course et les voilà devant cet hôtel, que l'on a réservé pour eux. Ils confient leurs bagages à un employé et détendent enfin leur dos meurtri par la petite marche... Puis, le bassiste file à la réception et se présente.

Bonsoir messieurs, leur dit aimablement l'employée. Vous avez donc réservé les chambres 210, 211 et 212, comme convenu.

C'est cela.

Vous avez dû être informés que la chambre 212 ne sera disponible que d'ici quelques jours ?

Oui, acquiesçe Tetsu, nous serons rejoints d'ici une petite semaine, effectivement.

Parfait. Néanmoins et vous m'en voyez désolée, mais la 211 est encore occupée. Nous avons eu un contretemps... dit la femme sur un ton ennuyé.

Oh... quand sera-t-elle libre ?

Demain en journée, ou bien après-demain matin, au plus tard. Veuillez nous en excuser. Mais la chambre 210 est assez grande pour accueillir deux personnes. Si cela ne vous dérange pas...

Du tout. Pas vrai, Hyde ? Fit Tetsu en se tournant vers son ami.

Hm ? Non non, c'est très bien.

La note a été réglée par avance, à ce que je vois... Il ne me reste qu'à vous souhaiter un bon séjour dans notre hôtel, en espérant que vous vous plairez à Londres.

J'en suis certain, répondit Tetsu. Un dernier détail : la personne qui a réservé ces chambres pour nous... Notre agent... Il a dû faire passer quelques... disons... consignes...

C'est ce que je vois, répliqua la réceptionniste en lisant une feuille. Je lis ici : mis à part pour vos familles, ce monsieur qui a appelé et un certain Ken Kitamura, vous êtes injoignables pour quiconque appelerait ou viendrait se présenter ici. Vous n'avez jamais séjourné ici.

C'est ça. Merci bien, mademoiselle.

C'est un plaisir. Bon séjour ici, messieurs.

Merci.

Jusqu'ici, tout était réglé comme du papier à musique. Pas la moindre fausse note. Tout se passerait bien. Et c'est seulement dans leur chambre, une fois la porte refermée, que Tetsu s'autorisa à lâcher un soupir de soulagement et à penser ainsi. Ils étaient ici, à Londres, loin de chez eux. Assez loin. Tout avait été pensé par leur agent et lui-même, en un laps de temps relativement court. Et rien n'avait été oublié. Ici, ils seraient à l'abri. Il faut croire que Hyde partageait les mêmes pensées que lui, puisqu'il fit enfin un vrai sourire, pas un forcé. Il considéra un instant son meilleur ami, puis murmura :

Tu devrais aller prendre une douche... Tu vas attraper froid sinon...

Tu es trempé aussi...

J'irais après. Je vais appeler Ken-chan pour lui confirmer que nous sommes bien arrivés. Vas-y.

Ca marche... Et tu devrais commander de quoi manger aussi...

Comment tu sais que j'ai faim ? Demanda Hyde en relavant la tête.

Tu as toujours faim, Hyde. J'avais peu de chances de me tromper, fit le bassiste en souriant affectueusement.

Après quoi, le bassiste sortit une trousse de toilette et des vêtements secs de sa valise, et il fila à la salle de bain. Le petit chanteur s'assit au bord du lit et se débarassa de ses chaussures ainsi que de son manteau... Il passa ses mains sur son visage en un geste fatigué, décontenancé par le décalage horaire... Et puis, peu importe ce que ça coûterait, mais il décrocha le téléphone pour appeler leur vieil ami. Une sonnerie... Deux... A la troisième, la voix du guitariste se fit entendre :

Allo ?

Salut, c'est Hyde.

Salut ! Fit Ken avec enthousiasme. Alors, bien arrivés ?

Oui, sans problèmes.

Parfait. Ce numéro là, c'est ta chambre ?

Oui...

Ok, je le note au cas où.

Tu penses venir nous rejoindre quand ? Demanda le chanteur.

D'ici 5 jours... 6 peut-être...

D'accord.

Il aurait bien aimé lui poser d'autres questions... Mais ils s'étaient vus juste avant leur départ, et sans doute que rien n'avait bougé, en quelques heures. Alors il décida de s'en tenir là. Ken acheva de noter le numéro qui apparaissait sur son téléphone, ayant réussi à attraper un papier et un crayon. Redevenu plus attentif, il demanda :

Ca va toi ? T'as une petite voix...

Ca va...

Ok... Bon et bien je te dis à dans quelques jours, et d'ici là, tâchez de vous reposer.

Tu... commença Hyde.

Oui, le coupa-t-il, je vous tiendrai au courant par mail. Vous trouverez bien un cyber par ici. A Londres, ce serait un comble !

Oui... Et... Ken-chan...

Oui ?

Fais attention à toi... Et rejoins-nous vite, ok ?

A l'autre bout du fil, Ken se mit à sourire franchement de la sollicitude de son ami. Rien qu'à sa voix, n'importe qui pourrait voir que c'était plutôt pour lui, qu'il aurait fallu s'inquiéter... Mais non, incapable d'être égoïste, le petit chanteur en se moment même, craignait pour son guitariste. Un guitariste qui joua l'humour sur ce coup là, comme le font souvent les personnes pudiques :

Du calme, mon grand ! On croirait que tu nous joues un drame, là. Garde le sourire, ok ? Je serai bientôt là et en attendant, vous deux, décompressez. Et veille bien sur Tetsu, ok ?

Moi ? S'étonna Hyde. A moi, tu me demandes ça ? Alors que c'est lui qui s'occupe de moi depuis...

Hyde, je ne vais pas t'apprendre comment il est... le coupa Ken plus sérieusement, cette fois. Il va craquer, c'est évident. Et peu importe que tu n'aies aucune parole réconfortante à lui dire à ce moment là, il faut juste que tu sois là. Tu peux le faire ?

Oui...

Parfait. Alors veillez l'un sur l'autre et tout ira bien. Je te tiens au courant.

D'accord...

Une dernière chose... ajouta Ken sur un ton hésitant.

Oui ?

Il veut que je te dise... qu'il pense à toi, et qu'il est désolé...

...

Plus un son, tout à coup. Hyde mit son autre main sur la bas du combiné, et il s'y cramponna comme s'il risquait de tomber. Il était trempé, mais ce n'était pas seulement cela, qui le faisait un peu trembler... Il aurait voulu lui aussi, passer un message à Ken... Il aurait voulu qu'il transmette certaines choses... Mais il ne savait pas quoi dire. Alors il se contenta de sourire faiblement, le regard fixé sur le mur d'en face.

Hyde ? T'es toujours là ?

Oui... Merci... A bientôt, Ken-chan.

A bientôt mon grand.

A peine le petit chanteur avait-il raccroché, qu'un Tetsu visiblement revigoré sortit de la salle de bain, s'essuyant les cheveux. Il se sentait réveillé, avec les idées plus claires.

A toi la douche !... Ben ça va pas ? Demanda-t-il en voyant Hyde assis au bord du lit, le téléphone sur les genoux.

Si si... J'ai... oublié de commander à manger...

Ah ben j'ai vu des boutiques avant l'hôtel, je vais descendre nous acheter quelque chose, ok ? Proposa le bassiste.

Ok...

J'en ai pour quelques minutes, alors prends-ton temps.

Oui... A tout de suite, Tet-chan.

A tout de suite.