Prologue
Les rues de la ville étaient silencieuses à cette heure de la nuit. Pas un bruit, même pas des bruits de pas. Rien. Le silence absolu. Celui que cherchait un homme en pleine médiation. Il devait être une heure du matin lorsque qu'une chanson de pas se fit entendre dans les ruelles qui menaient à la petite place. On distingua une ombre puis un éclat argenté se profila près de cette ombre, puis plus rien. Le bruit avait disparu et l'ombre aussi.
Quelques heures plus tard, chez les Chapelet, le téléphone sonna. Fabrice Chapelet décrocha et réveilla Rosabella, sa femme. Le maire les avaient contactés afin qu'ils puissent venir dans son bureau. Ils s'y rendirent. Roberto Lavisti, le maire, les reçut avec gentillesse et les remercièrent d'être venu aussi vite. Fabrice et Rosabella, en entrant, virent les Mongaitus. Eux aussi avaient été convoqués. Derrière le meuble en en acajou, le Docteur Laurent Masteria et le commissaire Riger étaient présents. Lavisti commença son discours:
-Merci à vous quatre d'être venus, je sais qu'il est très tôt mais le commissaire Riger a fait une découverte surprenante en effectuant sa ronde... Un corps. Il a su immédiatement reconnaître l'identité de la personne et l'a conduite à la morgue. Le Docteur Masteria l'a tout de suite prit en charge et à trouver les causes de la mort.
-Qui est-ce? demanda l'épouse Mongaitus.
-Je... Je suis... commença le maire. Il s'agit d'un jeune homme d'à peu près la trentaine. Je dois vous prévenir: vous serez surpris et très certainement en colère, mais...
-Venez-en au fait! l'interrompit Chapelet. Il est déjà trois heures passées du matin et nous aimerions aller nous recoucher.
-Il s'agit de... hum... Lucas Chapelet, votre fils Fabrice. Sincères condoléances.
-Non! hurla Rosabella Chapelet. Mon fils! Il ne peut pas être mort! Non, c'est une erreur!
L'épouse de Chapelet s'effondra et plongea sa tête sur l'épaule de son mari et se mit à pleurer toutes les larmes de son corps. Fabrice resta figé sur son siège. "Mon fils est mort... "pensa-t-il. Sa famille partait en décomposition... Il n'avait plus de fils, il ne lui restait qu'une fille et une épouse. Demain toute la ville le saurait et les habitants auront pitié de lui. Il foudroya les trois autorités qui étaient cachées derrière un vulgaire bout de bois. Ils le regardèrent avec une profonde tristesse dans les yeux. Rosabella leva la tête, elle aussi avait des éclairs dans les yeux et elle regarda le médecin et lui aboya:
-Quand est-il mort? De quoi? A-t-il souffert?
-Sincères condoléances madame. Votre fils est mort, selon mes calculs, vers minuit trente-sept et il est mort d'une entaille peu profonde dans l'artère aorte dans son cou, il a du mourir dans les quelques secondes ou minutes qui ont suivies...
-Il n'a pas souffert?
-Il n'aurait pas eu le temps. Mais je n'étais dans son corps à ce moment-là, donc je ne peux pas dire...
-Une enquête a été ouverte. intervint Riger. Ne vous en faites pas, le coupable sera retrouver s'il s'agit d'un meurtre.
-J'espère bien.
Mongaitus se leva et appuya sur l'épaule de son épouse et se dirigea vers la sortie. "C'est lui! J'en suis sûr! Il a tué mon fils." se dit Fabrice. Sans attendre, il se jeta sur lui et le plaqua au mur, en le tenant par le col. Il lui hurla des "Avoues-le, c'est toi!" Les épouses essayèrent de les séparer et ce fut le maire qui réussit à les séparer, grâce à la menace.
-Arrêtez! Chapelet lâchez-le! Rien ne prouve qu'il a tué votre fils. Si vous ne vous lâchez pas, je vous mettrais en garde en vue. Cela devrait vous rafraîchir les idées.
Fabrice lâcha son ennemi. Le maire s'était levé d'un bond et était toujours debout lorsque les quatre adultes le regardèrent. Lavisti tapa du point sur son bureau avant de lâcher un juron. Il appela les deux chefs de famille et ceux-ci s'avancèrent de quelques pas. Gustavo Mongaitus observa attentivement le maire: il avait des cheveux poivre et sel, qu'il n'avait pas il y a vingt ans lorsqu'il avait commencé à diriger la région. Il avait des yeux gris perçants qui vous remettaient à votre place en une seconde et il portait un costume sombre sans la veste avec une chemise blanche. Lavisti commença à hurler et ordonna aux deux hommes d'arrêter leur guerre d'entreprise pour se remettre ensemble, comme il y a trente années. Il déclara également qu'il en avait marre de devoir les séparer à chaque désaccord et que Riger vienne le voir dès qu'il y avait une bagarre de jeune qui prenaient partie pour un des deux clans. Les chefs commençaient à remuer la ville et à forcer les habitants, qui n'avaient aucun lien avec la guerre, à devoir faire un choix entre les deux familles. Il conclut par dire que la mort du fils des Chapelet devait leur faire comprendre qu'ils risquaient la mort de leur famille et amis. Le maire se rassit et les congédia. En sortant, Mongaitus eu un regard pour Chapelet qui tenait sa femme dans ses bras. Il allait surement prendre du poids et sa femme allait probablement tomber en dépression. Gustavo lança un regard noir à son ancien associé et prit la main de sa femme pour sortir dans la rue. Il monta dans sa voiture et démarra le moteur pour retourner chez lui. Une chose est sûr, il n'ira pas à l'enterrement.
Fabrice resta un moment assit sur un banc dans l'entrée de l'hôtel de ville. Sa femme était inconsolable et il essaya du mieux qu'il pouvait, mais rien ne marchait. Il donna sa veste à Rosabella qui tremblait comme une feuille et attendit qu'elle cesse ses pleurs. Pendant ce laps de temps, il divagua vers ses souvenirs. Pour être plus précis: il y a vingt ans. Un jour il arriva dans le bâtiment où il tenait sa société avec Gustavo Mongaitus. Tout sourire, il saluât son associé et s'assit derrière son bureau. Son ami souriait, lui aussi, du même sourire que lui. Qu'avait-il donc à lui annoncer lui aussi?
-Gustavo j'ai une grande nouvelle!
-Moi aussi mon ami, mais dis-le en premier. s'exclama ce dernier.
-Rosabella m'a apprise une grande nouvelle ce matin... Elle attend notre premier enfant! Un enfant, que c'est fantastique!
-Félicitation Fabrice. J'espère qu'il ne naîtra pas le même jour que mon enfant!
-Cécilia est enceinte?! rigola Fabrice. Que de bonnes nouvelles! Félicitations.
Quelques mois passèrent et lorsque les épouses de Mongaitus et Chapelet atteignirent leurs huitième mois de grossesse, les deux associés décidèrent de faire un contrat: le premier enfant né reprendra la société plus tard. Tous deux furent d'accord et signèrent le contrat.Rêvant secrètement que ce soit leur enfant le premier né. Mais le mois suivant, Gustavo apprit avec peine que Rosabella Chapelet avait accouché deux jours avant son épouse. Le petit Lucas Chapelet reprendra la société qu'il avait mis du temps à bâtir. Il se montra très heureux pour Fabrice, mais celui-ci n'était pas dupe et savait que Gustavo aurait préféré que sa fille Lissa soit la prochaine dirigeante. Ils se disputèrent à ce sujet et décidèrent de rompre leur association.
-J'aurais dû fonder moi-même cette société!, prononça Gustavo en quittant définitivement son ami.
Depuis ce temps là, Chapelet et Mongaitus se détestèrent et ce ne sera pas demain la veille où ils se réconcilièrent. Fabrice revint à la réalité lorsque sa femme l'appela doucement d'une voix faible. Elle lui pria de les ramener chez eux et il accepta. Il l'aida à se lever et lui offrit sa main avant de déposer un léger baiser sur son front. Il sortit dans la rue et déverrouilla sa voiture à distance. Il ouvrit la portière côté passager pour laisser sa femme entrer dans la voiture noire, puis il passa du côté conducteur. Sur le chemin de la maison, il fut pris d'une question angoissante qui le frappa en plein fouet: Qu'allait-il dire à sa petite Julie, sa fille adorée?
