Un soupir d'aise passa la barrière des lèvres de Malicia qui se laissa encore plus fondre dans son bain, cessant de penser à toute autre chose que l'agréable sensation de ses muscles se détendant enfin. Tellement de choses s'étaient passées ces dernières semaines, ces derniers mois, ces dernières années et elle avait rarement eu l'occasion de réellement prendre le temps respirer comme actuellement. Et elle devait se l'avouer : se livrer à la paresse de temps en temps était réellement agréable, même pour quelqu'un de constamment réfléchit comme elle. Seule, enfin, dans cette salle de bain démesurément grande se trouvant elle aussi dans un manoir démesurément grand et noir, elle savourait la douce mélodie que lui offrait le silence, laissant uniquement sa respiration la rompre. Simple, comme moment, mais elle en avait définitivement besoin avant de faire ce qu'elle avait à faire. Pour se donner du courage, s'empêcher de réfléchir une énième fois et donc de renoncer. La pluie commençant à abattre sur les carreaux finirent de la bercer et la jeune femme entra dans un état de demi sommeil ,oubliant toutes les micro-neurones qui lui criaient encore de réfléchir à telle chose, de s'occuper de ci, et de s'inquiéter de ça. Rien n'était désormais susceptible de la perturber et elle ignora combien de temps exactement elle était restée dans ce bain, peut-être même s'était elle vraiment endormie ? Elle n'en savait strictement rien et n'en avait , honnêtement, rien à faire. Seulement, elle fut rapidement ramenée à la réalité par une frappe insistante sur la porte de la salle de bain, et bientôt, la voix craintive de l'elfe de maison se fit entendre :
-Le maître est partit, ma Dame. Nous devrions faire vite.
Aussitôt que cette phrase fut parvenue à ses oreilles, Malicia sentit ses membres se tendre de nouveau, sinon plus qu'avant. Poussant cette fois un soupir désespéré, la chimiste se leva , dévoilant son corps pâle recouvert de cicatrices qu'elle enveloppa bien vite dans un peignoir bleu roi avant de se sécher et d'enfiler une robe de sorcier de même couleur. Elle ouvrit ensuite à la petite elfe qui ne sembla pourtant pas vouloir rentrer :
-Entre Tinkie.
-Tinkie ne peut pas ma Dame. Il y a certains endroits uniquement dédié aux sorciers comme cette salle de bain et je…
-Entre je te dis.
-Mais Tinkie ne…
-C'est un ordre. La petite elfe entra donc, se pliant aux ordres de sa « maitresse » qui prit un air exaspéré tout en détachant ses longs cheveux corbeaux et d'entreprendre de les brosser. Tout le monde est partit où juste lui ?
-Tout le monde excepté M Rosier qui garde le château en l'absence de son seigneur, Madame.
-Bien. Ne perdons pas de temps dans ce cas.
Aussitôt qu'elle eut finit sa phrase, Malicia sortit de la pièce pour se diriger vers le salon principal où elle trouva le mangemort, anciennement ami, Evan Rosier en train de s'entraîner. Prenant une grande inspiration la demoiselle se tint droite, faisant de son mieux pour se fondre dans son rôle habituel. Puis, avec un pas faussement assuré, elle entra dans la pièce :
-J'espère que tu ne comptes pas espérer battre quelqu'un en te tenant comme ça. Même un enfant de trois ans te mettrais à terre.
-Retournes dans tes appartements, Montrose. Le maître veut être sur que…
-Ton « maitre », comme tu dis, m'a coupé les ailes depuis bien longtemps. Je ne risque plus de m'envoler loin de lui.
-Tu devrais rester à ta place de femme et te contenter de baisser les yeux face à moi tout en me préparant à boire.
-Et tu ne devrais pas être aussi irrespectueux envers une femme qui est apte à te tuer en deux secondes. La jeune femme sourit doucement tout en servant un verre au mangemort avant de le lui tendre
-Allons Montrose, tu es beaucoup trop réfléchie et sage pour ça. Tu sais à quoi tu te risquerais si tu venait à me tuer. Tu fais la fière devant moi mais il n'y a pas plus soumise que toi face au maître. Evan eutun rictus vainqueur en la voyant exécuter ses ordres et s'empara du verre, portant le liquide à ses lèvres, un air vainqueur sur le visage.
-Peut -être bien, vas savoir. Mais si je ne peux pas te tuer, rien ne m'empêche de te neutraliser quelques temps. La potion de sommeil à toujours été ma préférée, tu sais ? Elle se dilue dans tout, est simple à préparer , semble inoffensive et offre un paquet de possibilité : trouver le sommeil pour sois, endormir un garde un peu trop embêtant. Idéale, si je voulais me débarrasser de toi. D'ailleurs, ta boisson est bonne ?
A peine eut- elle prononcé sa phrase que le mage noir perdit son sourire avant de tomber brusquement sur le sol, endormi. La jeune femme observait la scène d'un air grave et presque triste d'avoir du en arriver là. Cet idiot l'avait sous-estimé et pour une fois, ça l'arrangeait. Dans un soupire, la noireaude se dirigea au deuxième étage et entra dans la pièce juste à côté de ses appartements. La chambre, plongée dans le noir complet, abritait deux lits de bébés ainsi qu'un piano enchanté jouant presque constamment une mélodie apaisante, contrastant avec l'ambiance régnant habituellement dans la demeure. Tout en s'éclairant avec sa baguette, la sorcière se pencha au dessus d'eux et eut un doux sourire en voyant ses deux enfants. L'un , profondément endormi, serrait adorablement le drap dans son petit poing droit tandis que l'autre, nettement éveillée l'observait calmement, sans pleurer, ni même s'inquiéter, immobile. La jeune femme tendit les bras vers son enfant et la souleva pour venir la caler contre elle :
-Hé, mon cœur. Tu es déjà réveillée ? Comment tu vas ?
L'enfant, qui jusqu'alors observait le bleu royal de la robe, reporta son regard sur le visage de Malicia qui tressaillit en voyant le vide qui habitait les yeux rouges de sa fille. Comment une enfant d'à peine deux semaines, qui n'avait encore rien vécu, rien vu et rien découvert pouvait être aussi inexpressive et vide intérieurement ?
-Mon dieu, ce que tu lui ressembles ma belle. Marmonna-t-elle d'un ton triste, ne pouvant malgré tout s'empêcher de la regarder tendrement.
-Ma Dame, tout est prêt. Nous y allons quand vous le souhaitez. L'elfe, qui venait d'entrer, avait posé sa main sur le bras de sa maîtresse, la tirant de ses contemplations pour la ramener à la réalité, malheureusement bien plus dure.
-Merci Tinkie. Tu peux la porter un petit peu s'il te plaît ? Il faut que je m'occupe de son frère. Je te retrouve dans le Hall d'entrée.
-Oui Ma Dame.
Il n'en fallut pas plus au petit être pour s'emparer de l'enfant aux magnifiques yeux rubis mais semblant terriblement et éternellement inexpressifs avant de sortir de la pièce . La captive, quant à elle, prit son fils , toujours endormi,avec une grande douceur et lui caressa doucement la joue pour le réveiller. Ce dernier ouvrit les yeux ,cette fois ci d'un bleu aussi glacial que ceux de sa mère et la regarda avec curiosité.
-Je vais vous sortir de là. Souffla-t-elle à l'oreille de son fils qui regardait maintenant la lumière produite par la baguette magique avec une admiration sans pareille,provoquant un léger rire chez Malicia qui lui embrassa le front avant de descendre rejoindre Tinkie dans l'entrée.
-Bien. Tinkie, tu emmènes Mérida à cette adresse et tu donnes cette lettre à la propriétaire. Restes y, tu seras traitée en amie, pas en esclave comme ici. C'est ta juste place. Tu ne mérites pas tout ce qu'ils t'ont fait subir.
-Merci beaucoup ma…
-Malicia. Appelles moi comme ça, maintenant que tu n'es plus sous contrainte. De mon côté, je m'occupe de Magnus et…
La fin de la phrase resta bloquée dans la gorge de la sorcière qui se racla la gorge et reprit :
-Et voilà. Merci pour tout, Tinkie, prends soin de toi.
Un sourire triste vint se dessiner sur les lèvres de Malicia. Elle était tout sauf idiote, elle savait pertinemment qu'elle risquait de ne plus jamais les revoir . Mais si elle devait se soustraire à la vie des êtres les plus chers à son coeur pour s'assurer qu'ils ne deviennent pas comme lui alors son choix était fait. Elle embrassa une dernière fois le front de sa fille ,qui resta obnubilée par le bleu de sa robe, avant de sortir du manoir pour transplaner dans une direction différente de Tinkie.
Quelques heures plus tard, Malicia était de retour dans son vrai appartement et était calmement en train de lire dans la bibliothèque pour s'empêcher de penser à ses enfants lorsque le « pop » distinctif du transplanage se fit entendre. Puis des pas souples approchèrent en sa direction et elle ferma son livre et ses yeux par la même occasion, prenant une voix posée :
-Bonsoir Tom.
Une main, horriblement froide, vint effleurer sa joue, l'obligeant à ouvrir les yeux et à se trouver face au regard vide de son amant. Ce dernier eut un rictus mauvais en sentant sa fiancée tressaillir d'appréhension et alla s'assoir sur le canapé face à elle, feuilletant un livre :
-En rentrant au manoir, j'ai eu la surprise de constater que Rosier avait décidé de faire une petite sieste. Sans parler du fait que, perdu dans son sommeil, il vous à laissé vous enfuir, toi, un stupide elfe de maison et les enfants. Il a bien entendu été puni pour sa naïveté -Tinkie n'est pas une elfe stupide. Et cet idiot de Rosier à eut tout ce qu'il méritait.
-Je suis étonné de te trouver ici, Malicia. Tu es assez intelligente pour savoir que c'est le premier endroit où je viendrais te chercher. Tu aurais dû trouver un autre endroit où te cacher.
-Qui t'as dis que je voulais me cacher de toi, Tom ? Je sais pertinemment que, où que j'aille, tu me retrouveras. Tu reconnaîtrais ma signature magique, mon corps, ma voix, mon odeur et même ma démarche entre milles. Vouloir fuir aurait été l'acte le plus débile jamais exécuté.
-Donc tu aurais retrouvé ta sagesse légendaire? Dans ce cas tu devrais arrêter ta révolte sans intérêt et me dire où tu as mis nos enfants.
-ça n'a rien à voir avec une rébellion. J'ai fait ce que j'aurais du faire bien avant : m'assurer qu'ils ne tournent pas comme toi. Et crois moi que si j'avais pu, j'aurais fait pareil.
-Pourquoi vouloir fuir alors qu'auprès de moi, tu as tout ce que tu désires ? Pouvoir, richesse, connaissance, respect, je t'ai tout offert.
-Tu oublies de préciser que je suis enfermée comme un oiseau, que j'ai été obligée de quitter mon boulot car mon fiancé est le crétin de Seigneur des ténèbres et qu'il est beaucoup trop possessif pour me laisser voir qui que ce soit. C'est sur que j'ai toujours rêvé ça.
Le ton employé était rempli de sarcasme et d'ironie, provoquant un léger sourire chez Tom qui l'observait avec un grain de malice dans le regard sans pour autant perdre son air calme.
-Tu devrais surveiller ton langage Malicia. Il n'est pas bon pour une femme de ne pas réfléchir aux conséquences que peuvent avoir ses paroles.
-Ah oui ? Qu'est ce que je risque Tom ? Tu ne lèveras jamais la main sur moi et je n'ai plus personne que tu puisses menacer pour me mettre la pression. Ce n'est pas comme avant. Tu n'as plus rien contre moi. La jeune femme soupira d'agacement lorsqu'elle vit la personne face à elle éclater de rire. Je suis sérieuse, tu le sais très bien. C'est pas mon genre de rire.
-Je dois dire que cela fait du bien d'avoir encore quelqu'un qui ose s'opposer à moi. Ce côté de toi m'avait manqué, chérie. Même si, si un de mes mangemorts m'avait parlé ainsi, il serait déjà mort.
-Ne me compares pas à tes chiens, Tom ! La voix de la jeune femme s'était faite agressive, autoritaire mais elle se ravisa en voyant le regard fortement dépréciateur de l'homme face à elle. Je ne te dirais pas où sont les enfants. Tu ne pourras jamais faire de Magnus ton héritier et de Mérida une de tes cheffes de guerre qui maintiendras ta descendance. Je ne te sers plus à rien Tom. Laisses moi maintenant.
-Oh mais si, tu vas me servir, mon amour. Le rictus qu'il affichait devint encore plus mauvais et il se leva avant de forcer la sorcière aux yeux de glaces a le faire à son tour. Puis, il la colla contre son torse dans un mouvement possessif et il lui lança un sourire carnassier sonnant terriblement mauvais. Que tu le veuilles ou non, je retrouverais nos enfants et tu resteras toujours auprès de moi. Je peux te l'assurer.
Malicia soupira doucement avant de le laisser s'emparer de ses lèvres, abandonnant toute idée de lutte qui , au final, ne mènerait à rien. Tellement de choses avaient changés depuis la période où il la regardait avec amour. Aujourd'hui, elle n'était qu'une faiblesse, un trésor, gardé jalousement par un homme dont le peu de cœur qu'il restait lui appartenait. Il l'aimait, c'était certain. Mais cet amour était devenu malsain à l'instant même où elle avait décidé de rester avec lui, sans s'opposer davantage à ses délires de pouvoirs. Elle était devenue un objet à l'instant où elle avait commencé à danser avec le Diable, à l'instant même où la Raison qui la caractérisait tant avait cessé de lutter contre ses sentiments pour lui.
«Je te déteste Tom ». Du moins, c'est ce qu'elle aurait dit si la lucidité l'avait quitté. Car, en vérité, elle en était incapable.
Voilà voilà !!! C'est mon premier post (j'osais pas trop le faire avant -_-) donc j'espère que ça vous a plût ! J'y ai vraiment mis du mien donc hésitez pas sur les commentaires !! Bon ou mauvais , je prends tant que c'est constructif :)
