Et il en reste encore !

[Extension de Ça et tout le reste] : Vous avez aimé Ça et tout le reste ? Non ? Bon bah, tant pis… Si oui, ce texte est fait pour vous ! Ce recueil développera un peu plus certains thèmes en OS en utilisant des couples dont j'ai déjà parlé dans Ça et tout le reste. La lecture de Ça et tout le reste n'est pas nécessaire pour comprendre cette histoire. Multipairing.

OS 1 : Comment en est-on arrivé là ?

Partie 1 : Elle voulait seulement l'aider !

Pairing : Darling Pan.

Warnings : UA. Underage, Dark!Wendy. Dark!fic. Lime, situations gênantes, potentiel non-con à venir dans le(s) prochain(s) chapitre(s).

Ce premier OS est dédié à Almayen qui m'a donné l'idée de développer un peu plus cette scène. J'espère que ça te plaira.

Se passe pendant les saisons 2 et 3, avant et pendant l'opération Sauver Henry.

Fait référence au chapitre 56 de Ça et tout le reste.

Édit : Vu que je ne sais pas écrire des trucs courts quand l'histoire doit s'étendre sur un certain temps, ce premier OS sera divisé en plusieurs parties. À vrai dire, je ne sais même pas encore moi-même comment celui-ci va finir.

Pour rappel : 2. AU [Dark] :

Il y avait une lueur dans le regard de leur sœur, qu'ils ne comprenaient pas, et qui prouvait à quel point Neverland l'avait corrompue.

Ils ne la reconnaissaient plus.

Bonne lecture…

Elle avait quatorze ans quand l'ombre l'avait emportée, la première fois.

Le pire dans tout ça, c'est que, non seulement c'était totalement volontaire de sa part, mais en plus, elle avait été heureuse de partir.

Heureuse de quitter sa maison, de quitter ses parents, ses frères, Baelfire, heureuse, tout simplement, d'échapper à cette vie monotone qu'était la sienne dans cette Angleterre victorienne où elle ne se sentait pas à sa place, où elle devrait grandir, ne plus croire en la magie, et un jour se marier.

Devenir une bonne petite femme anglaise, en somme…

Et Wendy Darling, elle, refusait tout à fait ce destin tout tracé dans lequel ses parents étaient en train de l'enfermer sans même s'en rendre compte.

Mais Baelfire, lui, il aurait dû comprendre, pas vrai ?

Comprendre sa fascination pour ce monde étrange qu'elle ne connaissait pas, pour cette magie qui semblait capable de tout et n'importe quoi, pour cette ombre qui sortait de nulle part et qui lui semblait être si mystérieuse et si fascinante.

La magie pouvait la faire voler, et elle ne comprenait pas pourquoi Baelfire en avait tellement peur.

Dans son monde à lui, la magie était peut-être maléfique, mais ici – elle en avait la certitude, dans sa naïveté – elle ne l'était en aucun cas…

Elle faisait confiance à l'ombre, de tout son cœur d'enfant qui avait juste envie de croire aux fées, aux sirènes et aux pirates, dans ce monde où personne ne vieillissait jamais, où personne ne grandissait jamais.

Où personne ne mourait.

Et peut-être que, dans son innocence, elle avait cru qu'elle pourrait repartir librement, puis revenir, puis repartir encore, une fois qu'elle aurait été décidée à grandir pour de vrai, elle pensait encore que Peter Pan, celui à qui l'ombre appartenait (ou plutôt, c'était lui qui appartenait à l'ombre, lui qui lui avait vendu son âme et son humanité en plus du reste) était quelqu'un de bien.

Jamais elle n'aurait pu penser que le Pays Imaginaire n'était en réalité qu'une terrible prison, dirigée par un homme monstrueux devenu enfant à nouveau et qui ne voulait qu'une chose : rester jeune pour toujours.

Vivre éternellement, non pas pour être un enfant, mais pour n'avoir jamais de responsabilités, et ne jamais disparaître.

Elle ne savait pas encore que le véritable Enfer était bel et bien ce Pays enchanté dont personne ne revenait jamais, du moins pas sans avoir la permission du maître des lieux.

§§§§

Il faisait froid et sombre la nuit où l'ombre l'emporta pour la première fois.

C'était très certainement dû au fait qu'elle n'était vêtue cette nuit-là que de sa chemise de nuit habituelle, et à vrai dire, elle n'y prit pas réellement attention, tant son excitation à l'idée d'enfin aller là-bas était forte.

Elle ne savait pas encore que cette froideur préfigurait les ténèbres dans lesquelles elle serait bientôt plongée contre sa volonté…

L'ombre la déposa sur le sol avec douceur, et alors que ses pieds nus touchaient le sol d'herbes, de terre et de pierres du Pays Imaginaire, Wendy prit enfin conscience du froid qui l'entourait, et commença à frissonner.

Elle se demanda si c'était tout le temps comme ça sur l'île, avant de rejeter cette pensée le plus loin possible dans son esprit.

Non, bien sûr que non, la chaleur devait bien revenir quand il faisait jour, pas vrai ?

Cette île ne pouvait pas être glacée tout le temps…

(Et pourtant…

Les ombres et le froid…

Voilà les seules choses qui perduraient au Pays Imaginaire.)

Mettant rapidement de côté le fait qu'elle était littéralement en train de geler sur place, le sourire aux lèvres, elle regarda autour d'elle, découvrant alors tout ce qu'elle avait toujours rêvé de voir.

Il y avait des garçons dansant autour d'un feu, mené par un autre jeune garçon qui semblait plus âgé que tout les autres, et qui tenait dans ses mains une flûte de Pan, dont il jouait à ce moment-là.

Ils jouaient ensemble, riaient, criaient, et semblaient être les personnes les plus heureuses du monde, et Wendy sentit une douce chaleur l'envahir alors qu'elle les voyait s'amuser ainsi.

C'était cela qu'elle avait toujours voulu.

Peut-être était-ce la magie enchanteresse du Pays Imaginaire qui l'envahissait, mais le fait est qu'elle n'avait déjà plus la moindre envie de partir.

Le fait étrange qu'elle ne puisse pas entendre la musique de la flûte la frappa pendant quelques secondes, mais, quelques instants plus tard, elle n'y pensa plus, se contentant de se joindre au groupe.

Au bout de quelques minutes, la danse finit par se terminer, alors que Peter Pan (cela devait forcément être lui, non ? Celui dont l'ombre lui avait tant parlé, à elle et à ses frères, puisque l'ombre n'arrêtait pas de l'entourer. Cela ne pouvait pas être quelqu'un d'autre.) arrêta de jouer, pour se diriger vers elle.

Il ressemblait complètement au garçon insouciant et rieur décrit par l'ombre, et, si elle avait été plus attentive, sans doute aurait-elle vu la lueur calculatrice qui se trouvait dans son regard.

Ce qu'elle ne savait pas encore, c'est que ce n'était pas elle qu'il voulait sur son île.

Enfin, pas maintenant, et surtout, pas de cette manière, pas alors qu'elle était encore si innocente et qu'elle avait encore confiance dans la vie.

Ce qu'elle ne savait pas encore, malheureusement, c'est que bientôt, ce jeune garçon la briserait.

§§§§

« Wendy Darling, la salua-t-il alors, je suis ravi de te rencontrer.

- Comment connais-tu mon nom ? »

Peter Pan se mit alors à sourire une nouvelle fois.

Cela faisait déjà six mois que l'ombre se rendait toutes les nuits dans la demeure de Wendy Darling et de ses frères, six mois que celle-ci tentait par tout les moyens de les attirer vers le Pays Imaginaire.

Et, maintenant que Baelfire était enfin arrivé à Londres, là où il devait être, le plan de l'immortel commençait à se mettre en place.

« Mon ombre m'a beaucoup parlé de toi. »

La jeune fille se mit à sourire.

Oui, effectivement.

C'était parfait.

§§§§

La chute n'en fut que d'autant plus rude.

Ce que Wendy ne dit jamais à Baelfire, c'est qu'en réalité, elle n'avait pas passé qu'une seule nuit au Pays Imaginaire.

Le temps s'y écoulant tout à fait différemment (parce que oui, même s'il passait lentement, le temps n'était pas entièrement figé non plus. Ce n'était pas pour rien non plus que Peter Pan était en train de mener une course contre le temps, contre la mort, afin d'avoir accès un jour au cœur d'Henry), elle y resta donc pendant plusieurs jours, et plusieurs nuits.

Et à aucun moment elle ne fut pleinement heureuse.

Parce que, contrairement à ce qu'elle-même (et d'autres après elle) pensait, le Pays Imaginaire n'était en aucun cas un endroit pour les enfants.

Plus depuis que Peter en avait pris le contrôle.

Elle était là depuis trois jours quand le masque tomba définitivement, quand le voile qu'elle avait devant les yeux se déchira en mille morceaux.

Oh, bien sûr, les premières nuits ne furent pas une grande partie de plaisir non plus, entre le froid glacial qui s'était emparée d'elle dès l'instant où le feu s'était éteint, et les sanglots des garçons perdus qui pleuraient leurs parents qu'ils avaient parfois déjà oubliés avec le temps…

Mais elle pensait encore que ce n'était que le mal du pays.

Après tout, sa famille à elle aussi lui manquait, mais elle le savait, elle pourrait revenir, bientôt, et elle croyait encore que eux aussi.

Et puis, peu à peu, elle finit par comprendre que c'était autre chose.

Que ces enfants, aussi heureux semblaient-ils, ne voulaient qu'une chose.

Rentrer à la maison.

Chose dont ils étaient incapables, puisqu'ils ne disposaient pas de poussière de fée, et surtout parce que…

L'ombre ne les laissait pas repartir.

Ils n'étaient que des prisonniers, et Wendy ne pouvait que frissonner en s'imaginer connaître le même sort qu'eux.

Sauf qu'elle, elle était chanceuse.

Elle était une fille, et au Pays Imaginaire, il n'y en avait aucune, parce que ce n'était pas ce que Peter Pan voulait.

Une nuit plus tard, selon la temporalité du monde sans magie, et trois semaines plus tard, selon celle du Pays Imaginaire, Pan et l'ombre la laissèrent repartir.

Avec une promesse, aussi simple et efficace que terrifiante.

L'ombre reviendrait, pour prendre Jean et Michel.

Ce voyage fut le premier contact – et certainement pas le dernier – que Wendy Darling eut avec les ténèbres et cela la terrifia.

Elle savait qu'elle n'oublierait jamais le sourire terrifiant de Pan, ou encore son rire, même après des années loin de lui.

Jamais elle n'oublierait cette trahison, la trahison de sa confiance, la destruction de son innocence.

Malheureusement, il ne semblait pas décidé à la laisser tranquille, elle et sa famille.

§§§§

Quand Baelfire se sacrifia pour eux, fut enlevé par l'ombre, leur fut arraché alors même qu'elle était persuadée que cela ne pouvait pas arriver, son cœur se brisa.

Le plus dur fut d'essayer d'expliquer à ses parents pourquoi Baelfire avait disparu, et la raison pour laquelle il ne reviendrait pas, plus jamais.

Elle aurait pu leur dire la vérité, c'est vrai, mais elle refusait qu'on la prenne pour une folle.

Et si ses parents ainsi que ses frères parvinrent peu à peu à guérir de cette absence, de cette perte, elle, elle n'oublia jamais.

Et l'adolescente qui n'était désormais plus une enfant, qui ne le serait plus jamais, se fit alors une promesse.

Je te retrouverais Baelfire.

Et je te sauverais de l'ombre, de Peter Pan, de l'île et de son horreur.

Ne perd pas espoir, je t'en supplie.

Bientôt, ce serait elle qui perdrait tout espoir.

§§§§

Wendy Darling avait désormais seize ans et plus aucune illusion dans le cœur lorsque l'ombre de Peter Pan s'empara à nouveau d'elle.

Elle avait le sentiment que c'était à elle de faire cela, de repartir, parce qu'elle avait un compte à régler avec Pan et avec son île, parce que c'était elle qui avait voulu partir la première fois, parce que c'était elle qui avait fait venir l'ombre, parce qu'elle n'avait pas cru Baelfire à propos de la dangerosité et la toxicité de la magie.

Oh, comme elle avait eu tort

Tout cela était de sa faute, et c'était à elle d'arranger les choses.

Parce qu'elle avait des cauchemars toutes les nuits depuis deux ans, parce que le rire maléfique et incroyablement sardonique de Peter la hantait en permanence, parce qu'elle avait conscience qu'une part d'elle-même était restée sur l'île, elle savait qu'en un sens, elle n'était jamais vraiment partie.

Parce que Jean et Michel avaient grandi, eux qui n'avaient que six et huit ans à l'époque, et eux, ils avaient réussi à oublier, chose dont elle était parfaitement incapable, parce qu'ils étaient encore des enfants, et avaient encore en eux cette innocence qu'elle-même n'avait plus, et que Pan avait réussi à ruiner pendant le peu de temps qu'elle avait passé sur son île maudite.

Le Pays Imaginaire la hantait, était devenue une partie d'elle, et elle savait qu'elle ne pourrait s'en délivrer qu'en y retournant et en sauvant Baelfire de cet endroit maudit.

Elle savait aussi que ce ne serait pas facile, loin de là.

Ce qu'elle ne savait pas non plus, c'était que l'île ne l'avait en aucun cas oubliée.

§§§§

La jeune fille repartit au pays de son cauchemar après avoir dit au revoir à ses frères, leur avoir promis de revenir vite (menteuse, menteuse, menteuse. Oh, pauvre Wendy, toi qui croyait encore que tout finirait bien), et leur avoir fait promettre de toujours, toujours fermer la fenêtre de leur chambre, lorsqu'il faisait nuit.

Et de ne jamais rappeler l'ombre.

Après le départ de sa mère, celle-ci lui ayant souhaité une bonne nuit, Wendy se coucha, essuya les quelques larmes qui menaçaient de couler, fit sembler de s'endormir, et, une fois qu'elle fut certaine que ses parents étaient endormis, alors qu'elle écoutait leur respiration paisible, elle se leva, se rendit à la fenêtre de sa chambre (cela faisait bien longtemps qu'elle ne partageait plus de chambre avec ses frères), et l'ouvrit en grand.

Le vent glacial de la nuit l'entoura et elle frissonna, se trouvant être ramenée par la pensée deux ans en arrière, à une époque où elle était encore innocente et heureuse.

Cette fois-ci, elle laissa quelques larmes couler le long de ses joues.

Je suis désolée Baelfire.

Je suis tellement désolée…

Elle les essuya une nouvelle fois, puis, une fois qu'elle se fut calmée, elle prit une grande inspiration.

« Je crois en toi, murmura-t-elle, le cœur en morceaux, se souvenant que c'était cette croyance-là qui l'avait perdue et qui avait perdu Baelfire deux ans plus tôt. »

Le pire c'est que ce n'était même pas un mensonge.

Oui, la petite fille qui croyait encore en Peter Pan et en sa bonté était toujours là, en elle, bien cachée, et Wendy la haïssait de toujours vouloir croire en un monstre qui n'avait voulu que la détruire.

(Il y avait tant de choses qu'elle n'avait pas dites à Baelfire ou à ses frères concernant son voyage au Pays Imaginaire.)

Lorsque l'ombre apparut devant elle pour la deuxième fois, alors qu'elle saisissait sa main, elle le fit non pas remplie d'émerveillement, mais de dégoût.

§§§§

Elle s'en souvenait comme si c'était hier.

En l'espace d'une seconde, alors que d'anciennes sensations oubliées lui revenaient en mémoire, elle se rappela de tout.

Comment Baelfire avait essayé, de toutes ses forces, de l'empêcher de se rendre -bas, comment elle avait refusé de l'écouter, même en sachant que sa famille à lui avait été brisée à cause de cette fameuse magie qu'elle admirait et aimait tant.

Comment Pan avait fini par tout détruire, comment l'ombre leur avait arraché Baelfire, comment le jeune garçon s'était sacrifié pour eux.

Wendy n'avait jamais parlé à personne des nombreux cauchemars qui l'avaient hantée après la disparition de celui qu'elle considérait comme son troisième frère.

Ce n'était pas des cauchemars, pas vraiment.

Dans ceux-ci, elle voyait Pan, et il se riait d'elle, se riait de sa faiblesse, se riait de son échec, se riait de sa perte.

C'était comme si il était vraiment là.

Et peut-être l'était-il, pour de vrai, et peut-être retourna-t-elle pour de vrai sur l'île, lors de ces instants-là, après tout, le Pays Imaginaire n'était-il pas fait à la base pour que les enfants puissent s'y évader au cours de leurs rêves ?

(Ce n'était plus le cas aujourd'hui.

Pan l'avait tellement corrompu…)

Ça avait duré deux ans, deux années pendant lesquelles le monstre de ses cauchemars l'avait accompagnée pas à pas dans ses rêves riant encore et encore d'elle.

Alors qu'elle remettait les pieds sur le sol glacé du Pays Imaginaire, Wendy Darling réalisa enfin à quel point elle avait peur.

§§§§

Le sourire démoniaque de Félix fut la première chose qu'elle vit en sortant de ses pensées.

« Bon retour au Pays Imaginaire… Wendy. »

Elle faillit lui répondre qu'elle n'avait aucune envie de revenir.

L'arrivée soudaine de Pan l'en empêcha.

Celui-ci était en train de lui sourire, de ce même sourire qui avait hanté les nuits et la vie de Wendy ces deux dernières années.

« Wendy, Wendy, Wendy… déclara-t-il avec une fausse affabilité. Comme je suis heureux de te revoir.

Ce sentiment n'est aucunement partagé… pensa-t-elle avec une colère froide.

Avant, elle aurait pu se laisser avoir par son baratin.

Maintenant, elle savait qui il était.

Elle le fusilla du regard, croisant les bras, autant pour tenter de se montrer menaçante que pour essayer de se réchauffer.

- Où est-il, Peter ? »

Celui qu'elle avait autrefois cru pouvoir appeler son ami feignit immédiatement la surprise.

« Qui ?

- Tu vois très bien de qui je parle. De Baelfire ! Dis-moi tout de suite où il est, parce que je n'ai pas envie de jouer ! »

Ce n'était en aucun cas la bonne réponse à donner à quelqu'un comme Peter Pan, étant donné que le jeu était l'essence même de ce petit salopard, dont le visage se tordit en un atroce sourire.

« Ainsi donc, tu ne veux pas jouer ? Très bien, si tu veux… Tant pis pour toi ! Emmenez-la là où vous savez, fit-il en s'adressant à deux enfants perdus qui se saisirent immédiatement d'elle sans protester, et cette promptitude seule suffit à la faire frissonner.

En voyant la terreur l'envahir, il se mit à ricaner, son sourire se faisant vicieux.

Il se rapprocha d'elle et saisit son visage dans sa main droite.

- Que croyais-tu donc ma chère Wendy ? Lui susurra-t-il d'une façon terriblement obscène. Qu'il te suffirait de venir ici, de réclamer Baelfire et que je vous laisserais ensuite partir ? Non… Tu devrais me connaître mieux que ça, ironisa-t-il.

J'ai de grands projets pour lui, et peut-être pour toi aussi, j'avoue ne pas encore avoir décidé ce que je vais faire de toi… Ta présence n'était pas prévue, je dois le reconnaître. Tu n'aurais jamais dû revenir au Pays Imaginaire, Wendy ! Ajouta-t-il alors qu'elle se faisait emmener. »

Une nouvelle bouffée de terreur l'envahit alors qu'elle comprenait dans quel piège elle s'était jetée à l'instant, auquel elle ne pouvait pas échapper, et elle commença à se débattre.

« Non ! NON ! Elle ne savait pas où on l'emmenait, mais cela ne lui disait rien de bon. Peter, laisse moi partir ! (Oh, comme elle avait été naïve d'oser croire qu'elle pourrait y arriver toute seule !) Baelfire ! Hurla-t-elle alors en désespoir de cause, espérant se faire entendre de lui. BAELFIRE ! »

Ce qu'elle ne savait pas, c'est qu'il se trouvait à l'autre bout de l'île, et qu'il ne pouvait pas l'entendre…

§§§§

La première nuit qu'elle passa dans la cage fut plus qu'atroce.

Le froid, la solitude, le désespoir qu'elle ressentait face à son échec et sa naïveté, qui lui avait fait croire qu'elle pourrait à elle seule défier Peter Pan, tout cela l'empêcha de dormir.

L'inconfort de sa prison y était pour beaucoup également…

Elle y resta pendant trois jours, trois jours pendant lesquels la faim et la soif la torturèrent horriblement, trois jours durant lesquels le simple fait de faire ses besoins était une véritable torture pour elle.

Au bout de trois jours, pris de pitié (ou en la pensant peut-être désormais suffisamment faible), Peter la fit sortir de sa cage, et il la ramena jusqu'à leur arbre.

La jeune fille avait perdu connaissance depuis déjà longtemps, son hygiène laissait clairement à désirer, et son visage était devenu d'une pâleur assez inquiétante.

Cela ne fit qu'accentuer le sourire de Pan, qui ne voyait là qu'une occasion de la briser et de la faire rejoindre son camp.

Chose qu'il aurait pu également faire avec Baelfire, mais le fait est qu'il le voulait en colère contre lui, il voulait qu'il s'échappe un jour.

Alors que Wendy, elle, ne faisait pas partie de son grand plan visant à exister pour toujours.

De ce fait, il n'avait pas d'abord su qu'en faire.

Puis, un plan s'était formé en lui.

Celui d'utiliser Wendy contre ceux-là même qu'elle avait aimé autrefois, contre ses frères, contre Baelfire, contre tout ce en quoi elle avait cru auparavant…

Et donc de détruire tout ce qu'il y avait de bon en elle.

Pas seulement cependant…

Son but était aussi d'en faire sa reine, reine des Ténèbres et du Pays Imaginaire – ce qui ne la ferait que sombrer encore plus – car il avait beau vouloir être jeune pour toujours, cela ne l'empêchait pas de ne pas vouloir être seul.

Un jour, oui, un jour, il le savait : elle l'aimerait.

Et peu importe qu'il ait à tout détruire en elle pour qu'elle le fasse un jour.

Et il ne pouvait que savourer l'ironie parfaite de cette situation.

Presque avec tendresse, il passa sa main dans les cheveux de la jeune fille endormie, qui sursauta à ce contact, et ouvrit enfin les yeux.

Elle tenta de se dégager de ce contact forcé et non désiré, mais sa faiblesse physique l'en empêcha.

Alors qu'il voyait la peur dans ses yeux, mal dissimulée derrière sa fatigue, il se mit à sourire.

« Qu'est-ce que tu comptes me faire ? Demanda Wendy d'une voix certes faible, mais avec un courage qui le remplit d'admiration presque malgré lui. »

Elle ne serait pas simple à briser, comprit-il alors.

Il la voulait sombre et détruite, mais elle ne se laisserait pas faire.

Cela ne rendrait le jeu que plus amusant et la victoire plus savoureuse encore pour lui.

Ne répondant pas, il se contenta de lui tendre une moitié de noix de coco, en guise de verre d'eau, sur lequel elle se jeta avidement, étanchant enfin sa soif.

Saisissant sa main, il l'aida à se relever et à s'asseoir sur une chaise non loin de la table sur laquelle se trouvait un repas somptueux spécialement préparé pour elle.

Ayant conscience que c'était son seul moyen de survivre sur cette île maudite, Wendy décida de mettre sa méfiance de côté, et elle commença à manger en silence.

Elle rejeta le plus loin possible au fond d'elle-même la reconnaissance malsaine qu'elle commençait à ressentir vis-à-vis de Pan, sachant que c'était lui qui l'avait affamée en premier lieu.

« Maintenant, Wendy, dis-moi… Acceptes-tu de faire partie des enfants perdus et de me rejoindre ? Oh, et bien sûr, tu dois avoir conscience que je ne te laisserais pas entrer en contact avec Baelfire, ce serait un problème pour moi si tu le faisais… Alors ?

Revigorée, elle lui lança un regard plein de colère.

- Même pas en rêve… lui cracha-t-elle avec violence.

Il sourit.

- Je sens que ça va être drôle. »

§§§§

Le jeu continua pendant un certain temps.

Avec un amusement sadique, Pan la remettait dans sa cage, pour un, trois, six jours, selon son humeur, parfois même plus, la faisant sortir, se nourrir et se désaltérer quand elle en avait vraiment besoin.

Puis, il la laissait se reposer pendant quelque temps, la maintenant en vie le mieux possible.

Et le jeu cruel recommençait.

Wendy ne regrettait en aucun cas sa décision – en tout cas, pas encore – parce qu'elle avait encore la certitude qu'un jour, elle arriverait à s'en sortir, à s'évader.

Elle avait encore la foi, plus en Peter, certes, mais en elle-même, et en Baelfire.

Un jour, ils sortiraient de cet enfer.

§§§§

Parfois, quand la déshydratation ou la faim ne lui faisaient pas perdre connaissance, et ne la faisaient pas délirer, Wendy se demandait si Baelfire allait bien ou non.

Elle savait qu'il n'était pas avec les enfants perdus, puisque l'un d'eux l'avait informée qu'il avait pris la fuite bien avant qu'elle n'arrive, et qu'il se trouvait dans un endroit de l'île qui leur était inconnu.

À d'autres moments – les pires – lorsque la déprime et la tristesse l'envahissaient, elle se disait même qu'il était peut-être déjà mort.

Et lorsqu'elle perdait complètement espoir – cela ne durait pas longtemps, certes, mais ça arrivait – elle en venait à penser que si c'était le cas, hé bien, c'était pour le mieux, et qu'il aurait peut-être mieux fallu qu'elle soit morte, elle aussi.

Ils étaient partis pour souffrir pour toute l'éternité sans pouvoir y échapper.

N'était-ce pas la définition de l'Enfer ?

Qu'est-ce qui pouvait être pire que cela ?

Elle ne savait pas encore que cela ne faisait que commencer…

§§§§

Trois semaines…

Il l'y avait laissée pendant trois putain de semaines.

Elle allait le tuer.

Oh, par les dieux, elle allait seulement tellement le tuer.

Enfin, ça, ce ne serait possible que si elle arrivait à nouveau à bouger.

La jeune fille se trouvait désormais hors de la cage, et elle bouillonnait d'une colère plus ou moins contenue.

Oh, comme elle haïssait cette foutue cage.

Non pas, à nouveau, qu'on l'ait complètement empêchée d'en sortir, loin de là, mais ça ne changeait rien au fait que cette prison était tout sauf confortable.

Ni au fait non négligeable que l'enfermement lui pesait.

De plus, plus elle restait de temps à l'intérieur de la cage, plus elle s'affaiblissait.

Même si Pan et tout les autres avaient été absents pendant un moment suffisamment long pour lui permettre de s'enfuir, elle n'aurait même pas pu le faire, parce qu'elle ne pouvait même plus courir, tant ses jambes étaient faibles.

Elle s'éteignait à petit feu, la faim et la soif continuaient de la torturer, même si Pan avait utilisé sa magie pour faire en sorte de rendre ses besoins naturels moins compliqués à supporter, en stoppant un peu son horloge biologique, en quelque sorte.

Le manque de sommeil se faisait douloureusement ressentir, et elle sentait son dos qui se brisait de plus en plus au fur et à mesure que le temps passait et que la douloureuse expérience du fait de « dormir » dans cette cage s'imprimait de plus en plus dans son corps, elle se disait également que bientôt, elle n'aurait plus aucune force pour se battre.

Ah oui, tout ça pour dire qu'elle haïssait de plus en plus Peter Pan.

Enfin, encore plus qu'avant quoi…

Cela faisait déjà trois heures qu'elle était seule, hors de la cage, allongée dans l'herbe et frigorifiée, et elle se demandait avec horreur quand ce foutu salopard allait arrêter cet enfer et la laisser mourir.

S'il n'y avait pas eu Baelfire et ses frères, ainsi que ses parents, pour qui elle voulait encore rester en vie, elle aurait sans doute déjà essayé de se tuer depuis longtemps.

En parlant de cela, la magie du Pays Imaginaire ne l'aidait en aucun cas, bien au contraire.

Peu à peu, elle commençait à oublier leurs visages.

C'était comme cela que fonctionnait ce monde, plus on y passait de temps, plus on risquait de perdre ses souvenirs du monde « réel ».

C'était une chose qui avait déjà commencé à se produire en elle lors de son premier voyage, et c'était pour cela que le Pays Imaginaire était supposé n'être qu'un lieu de passage, où les enfants, pendant leurs rêves, pouvaient oublier le réel.

Règle qui avait été bien évidemment bafouée à de nombreuses reprises par Peter Pan…

Oh bordel, elle n'arrivait même plus à bouger !

Trois semaines, trois longues putain de semaines, pendant lesquelles elle était restée enfermée, et où son séjour avait été entrecoupé de pauses et de sorties beaucoup trop courtes à son goût, où elle avait essayé tant bien que mal de dormir, sans grand succès.

Trois semaines douloureuses, remplies de tristesse, de souffrance, de désespoir.

Oh, et d'ennui, aussi.

Parce que oui, quand on reste seul pendant autant de temps sans avoir rien à faire à part regarder le ciel ou le paysage, ben, on s'emmerde assez rapidement.

Et puis c'est pas comme si Peter lui avait donné un livre ou quelque chose comme ça ou même un truc à faire.

Cela dit, vu que l'île était en quasi-permanence plongée dans l'obscurité, ça n'aurait pas changé grand-chose non plus…

Sans oublier le fait que le temps s'écoulait lentement dans ce monde, ce qui rendait les choses pires qu'elles ne l'étaient déjà, et encore plus longues.

Se relevant lentement, elle tenta de tenir debout sur ses jambes, avant de grimacer en constatant qu'elle avait un bon nombre de fourmis dans celles-ci.

Elle s'accrocha avec difficulté à une des branches d'un arbre à proximité d'elle, avant de voir avec déplaisir Peter Pan se diriger vers elle.

Wendy fit quelques pas, et elle dissimula un gémissement de douleur, en sentant à quel point ses jambes étaient insensibles, suite à immobilisation trop longue et forcée qu'elle avait subi dans la cage, ne voulant pas qu'il se rende compte d'à quel point elle était mal.

À cause de lui, d'ailleurs, mais bon, c'était pas comme si il était capable de ressentir une once de remords.

Malgré la douleur et le froid, la jeune fille parvint à envoyer un regard empli de colère à son tortionnaire.

Toute l'affection qu'elle avait pu ressentir autrefois pour lui s'était désormais envolée, était morte, avait complètement brûlé, en même temps que les restes de son innocence et de ses croyances.

Maintenant, elle n'était plus que colère à son égard.

(Elle avait peur, aussi.)

§§§§

Il la regardait, un peu comme si elle était la plus belle chose au monde, et elle, elle avait juste envie de vomir.

(Mauvaise idée, elle avait déjà trop peu mangé ces derniers temps, cela ne la rendrait qu'encore plus faible.)

Elle aurait voulu pouvoir lui arracher le cœur et le bouffer, l'écraser, le réduire en cendres lentement, regarder l'horreur et la détresse envahir son regard, voir sa respiration s'affaiblir, voir une tentative de supplique s'échapper de ses lèvres (supplique inutile, bien sûr), et le voir tomber, chuter, mourir.

Et en rire, bien sûr !

Wendy frissonna soudainement, terrifiée par ses propres pensées, horrifiée par ce sombre désir qu'elle n'avait jamais ressenti avant, par cette envie de tuer qui la dévorait à l'instant même, par cette noirceur qu'elle découvrait subitement ancrée en elle-même, et dont elle n'avait jamais soupçonné la présence auparavant.

Sa haine de Pan n'en augmenta que plus, car elle savait que c'était à cause de lui qu'elle ressentait cela.

Elle serra les poings, avant de se souvenir qu'elle s'était au préalable accrochée à un arbre, et qu'elle était donc désormais sur le point de tomber.

Se rattrapant rapidement aux branches (au sens littéral), elle remua un peu ses jambes, sentant avec soulagement que ces dernières commençaient peu à peu à se réhabituer au fait de faire une chose aussi simple et naturelle que pouvait l'être la marche.

Comment elle arrivait à encore tenir debout après tout ce qu'elle avait traversé, elle se le demandait encore.

« Besoin d'aide ? Ironisa-t-il d'un ton moqueur.

Elle le regarda avec une rage de moins en moins contenue.

- Ton aide, tu peux te la mettre où je pense, susurra-t-elle avec hargne.

Oui, le fait de côtoyer les enfants perdus, même cela n'arrivait pas souvent avait, disons… élargi un peu son vocabulaire et sa façon de parler.

- Oh, mais tu n'as pas besoin d'être aussi agressive !

- Oh, vraiment, Peter ? Est-ce que je t'ai foutu dernièrement dans une cage dont j'ai ensuite perdu la clef ? NON ! Donc tu te la fermes, tu veux ?

- Très bien. De toute façon, ce que je compte faire ne nécessite pas de mots, donc je peux très bien me taire si c'est ce que tu veux. »

Il y en avait suffisamment assez et trop peu dans ses paroles pour que Wendy puisse comprendre ce qu'il voulait dire, mais c'était bien assez pour lui faire peur.

Poser des questions n'aurait servi à rien, et à nouveau, elle ne pouvait de toute façon pas lui échapper.

La jeune fille réalisa alors avec amertume qu'elle était coincée ici, et que ce qu'elle avait autrefois toujours voulu était en train de se transformer en véritable cauchemar.

Le sourire du jeune homme se fit doux et rassurant, sans réussir à faire oublier à Wendy quel monstre se cachait sous le visage de l'ange, et il lui tendit la main.

Elle aurait voulu le repousser tout de suite, de toutes ses forces, mais elle était affamée, assoiffée, elle avait besoin de dormir, elle avait besoin de se laver.

Et elle savait pertinemment que si elle le repoussait encore, il risquait bien de la laisser mourir ici, et elle ne voulait pas, parce qu'une part d'elle s'accrochait encore à la vie, pour ses parents, ses frères, et Baelfire.

(Oh, Dieu merci, elle ne les avait pas encore oubliés.)

À bout de forces et sur le point de tomber, elle la saisit avec répugnance, admettant avec difficulté qu'il était le seul à pouvoir la sauver, lui qui avait tout fait pour la faire sombrer, et qui n'allait certainement pas s'arrêter en si bon chemin.

C'est avec la peur au ventre qu'elle le suivit jusqu'à l'arbre des enfants perdus, désormais vide, et en se demandant avec terreur ce qu'il allait lui faire.

A suivre…