Note de l'auteur : je mets en hiatus ma fic Criminal Minds pour écrire cet OS, qui est apparu comme une évidence après avoir vu le Season Final de la saison 3 de Bones. La fin m'a vraiment bouleversé : Zack était mon personnage préféré, et ce, depuis les tous premiers épisodes. J'aime son côté enfantin, asocial, et parfaitement génial. J'aurais préféré qu'il meurt carrément. Cela aurait été préférable. Après avoir vu sa déchéance, je suis venue voir si des fics avaient été écrites sur le sujet. Aucune… --' Zack n'aurait-il pas les fans qu'il mérite ? En tout cas, je vais tâcher de lui rendre un petit hommage à travers ces quelques lignes. Parce que moi… je l'aime.

Disclaimer : rien à moi. Si cela avait été le cas, Zack n'aurait certainement pas fini ainsi !

Spoilers : 3x15, Season Final

Conseil de Musique : Don't let go - RyanDan


Because of Logic

Le mur me semble moins immaculé qu'à mon arrivée. Je n'ai aucun mal à expliquer ce phénomène : si j'ai bien affaire au même mur, mon regard, lui est différent. Au fil du temps, j'ai fini par repérer les fissures, et la peinture écaillée. Ce n'est pas l'objet de mon attention qui a changé mais le regard que je lui porte. Tout cela n'est qu'une question de logique.

La logique…

C'est bien à cause d'elle que je me retrouve ici à déblatérer sur le côté changeant du mur que je fixe depuis bientôt un mois. Malheureusement pour moi, logique ne rime pas avec discernement, ni avec éthique. Je ne me cherche pas des excuses : j'ai tué un homme, il est normal que je paie pour mes actions. Cela aussi répond à une certaine logique. Une logique sûrement bien plus saine que celle que j'ai suivi aveuglement… Comment ai-je pu me leurrer à ce point ?

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Hodgins acheva d'accrocher le mannequin en caoutchouc, objet centrale de l'expérience qui suivrait, sur son crochet. Un sourire aux lèvres, il s'empara du pied de biche posé sur la table et s'approcha, visiblement impatient de mettre à l'épreuve ses hypothèses. Alors qu'il prenait place, son sourire s'agrandit sensiblement et il amorça un mouvement sur le côté, semblant vouloir interpeller quelqu'un… Mais ses mots moururent sur ses lèvres, aussi rapidement que son sourire s'évanouit. Il resta un moment à contempler la place vide à ses côtés… La place du « King of the Lab ». La place de son ami, Zack.

C'est avec une rage qui n'avait rien à voir avec la présente expérience que Hodgins planta le pied de biche dans la poitrine du mannequin…

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A être enfermé dans le même lieu clos et a côtoyé des personnes souffrant de problèmes mentaux, j'ai parfois l'impression de perdre ma lucidité. Suis-je vraiment en train de devenir fou ? Car même si le juge m'a déclaré légalement « irresponsable mentalement de mes actes », ne suis-je pas le même Zack Addy ? Possesseur de plusieurs doctorats, un QI supérieur à la norme, une précocité évidence… Le « King of the Lab » du Jeffersonian ? Et pourtant, j'en suis réduit à fixer sans arrêt les mêmes murs, et a être traité comme un de ces déchets de l'humanité qui déambulent dans les… J'ai toujours du mal à comprendre ce qui s'est réellement passé…

Comment cela a-t-il pu déraper à ce point ?

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Le mouchoir qu'Angela sortit de sa poche lui parut bien inutile en comparaison à la peine qu'elle ressentait. Mais cette constatation ne l'empêcha pas de se moucher vigoureusement. Ravalant les larmes qui pointaient de nouveau, elle balaya la pièce du regard. Elle n'avait toujours pas surmonté le départ de Zack. Et le fait de tomber aussi brusquement sur une de ses cravates qu'il avait abandonné là, suite à une de leurs conversations, avait suffit à la faire éclater en sanglots.

En Zack, elle avait trouvé le petit frère qu'elle n'avait jamais eu. Son air sérieux lui manquait, ses discours si formels également… Elle prenait conscience de ce que Brennan avait du subir en voyant partir son frère Russ. Elle se sentait déchirée, comme habitée d'un vide qu'elle ne parviendrait jamais à combler…

Angela n'étouffa pas le sanglot qui lui montait à la gorge…

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Je laisse tomber ma main sur le drap blanc de mon lit. La douleur s'est considérablement atténuée depuis l'accident. Les pansements n'ont pas été enlevés pour autant : les médecins disent qu'il faut laisser le temps au temps. A dire vrai, cela m'importe peu. La perte de mes mains est un bien piètre tribu en comparaison du reste. J'ai parfois l'impression que tout ce que j'ai vécu ces dernières années n'est qu'un rêve. N'ai-je pas toujours été entre ces murs ? Seules les visites que je reçois de mes anciens collègues me raccrochent encore à ce passé qui semble se dissoudre petit à petit.

J'ai perdu… tant perdu…

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Camille laissa sa fourchette s'entortiller autour de ses macaronis au fromage. Elle laissa un sourire teinté de tristesse naître sur ses lèvres. Pourrait-elle un jour manger des pâtes sans penser à Zack ? Beaucoup d'eau coulerait sous les ponts avant que cela n'arrive, Camille en était intimement persuadée. Zack était le benjamin de l'équipe… Leur mascotte… Le remplacer était chose impossible, et il semblait à la jeune femme que son fantôme traînait toujours dans les couleurs. Elle avait parfois l'impression de sentir quelqu'un qui regardait par dessus son épaule quand elle observait un squelette. Elle ne pouvait alors s'empêcher de chercher du regard le jeune homme, avant de se rappeler l'indubitable vérité : Zack ne reviendrait pas.

Camille porta sa fourchette à sa bouche. Les pâtes, qu'elle avait, presque inconsciemment renommé « Zacharooni », lui parurent bien fades…

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Assis dans mon fauteuil, près de la fenêtre, je repense aux derniers moments passés en compagnie du Dr Brennan et de son équipe. Des moments précieux sans aucun doute. Je ne me souviens pas m'être senti aussi bien que je ne l'étais au Jeffersonian. J'avais trouvé ma place. Une place que j'ai bêtement troqué contre le désir de satisfaire la logique. J'y ai longuement réfléchi, et j'ai fini par comprendre que mon passage en Irak n'était pas une aussi bonne idée que je le croyais. A force de voir les corps s'amonceler, de voir des hommes partir servir leur patrie, tout en sachant qu'ils oeuvraient pour une cause bien plus grande que ce que pouvait représenter leur simple mort, j'ai finis par penser comme eux. L'individu n'est plus rien, seul compte la globalité du monde. J'ai voulu servir ce que je croyais être une noble cause…

Mais j'ai eu tord : l'individu compte au delà de tous les statistiques imaginables…

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Booth relança la ballon à son fils qui immédiatement se mit à slalomer entre les botes de terre afin de la rattraper. En voyant Parker jouer aussi innocemment, Booth se prit à penser à Zack. Si Booth l'avait bien souvent taquiné, il n'en restait pas moins qu'il avait développé une certaine affection pour ce jeune prodige qui l'avait toujours impressionné. Mais s'il était indubitablement un géni, Booth avait ressenti en lui une certaine fragilité, et ce dès leur première rencontre… Zack n'était qu'un gamin qui avait besoin d'une figure paternelle à imiter. Booth aurait pu être ce modèle qui manquait à Zack, mais il ne l'avait pas fait. Il n'avait pas pris le jeune homme sous son aile comme il aurait du le faire… Et son sentiment de culpabilité de faisait que grandir avec le temps.

Lorsque Parker se présenta devant lui, balle en main, Booth l'attrapa convulsivement pour le serrer contre lui dans une étreinte protectrice.

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Je ne voulais pas décevoir mes amis. Je voulais juste qu'ils soient fiers de moi… Fiers de leur petit Zack… Au lieu de ça, je n'ai récolté que de la tristesse. Le regard teinté de peine du Dr Brennan semble flotter constamment devant mes yeux. Je la revois, encore et encore, se pencher sur moi et accolé son front au mien. J'ai su alors que je m'étais trompé… J'ai su qu'elle m'aimait et qu'en agissant de la sorte, je lui avais brisé le cœur. Evidemment, cela n'était pas mon attention, mais il n'en reste pas moins que le résultat est là : à présent, je suis seul… La maison que j'avais trouvé à l'Institut Jefferson s'est écroulée sous mes yeux, en même tant que l'explosion qui m'a arraché les mains…

Je ne suis plus qu'une épave dans un champ de ruines…

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Brennan abandonna son ordinateur pour se lever et s'approcher de la fenêtre. Elle était encore dans une de ses périodes. Une période où elle ne parvenait pas à se concentrer sur son travail. Une période où Zack occupait toutes ses pensées. Quand cela arrivait, elle se sentait envahie d'une tristesse incommensurable ; une tristesse qui la paralysait, et la faisait se murer dans un silence de pierre… Booth avait bien essayé de la faire parler, mais Brennan ne parvenait pas à exprimer à son partenaire la douleur qu'elle ressentait. Le sentiment d'avoir perdu celui qui était comme un fils était-il seulement exprimable ? Il semblait à la jeune anthropologue que tous les mots, tous les cris, et toutes les plaintes du monde ne parviendraient pas à exprimer tout ce qu'elle ressentait…

Elle n'avait pas encore trouvé un remplaçant à Zack. A dire vrai, elle n'avait même pas encore pu sincèrement envisager un remplacement. Il lui paraissait presque normal que cette place d'assistant disparaisse avec le jeune homme. Elle ne trouverait jamais quelqu'un comme lui. Elle avait été si fière de son évolution… Zack était promis à un grand avenir. Dès qu'elle l'avait eu en face d'elle, elle avait su quel grand anthropologue il serait. Elle avait compris que sa relève était assurée…

Mais Zack l'avait abandonné…

…où peut-être était-ce elle qui l'avait fait… ?

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Mes amies me manquent. Mon travail me manque. Ma vie me manque.

Je sais que toutes les excuses du monde n'effaceront jamais ma terrible méprise. Et pourtant j'aimerais tant que cela fusse possible… Reprendre ma vie d'avant ; et effacer tout le reste.

J'ignore combien de temps je resterai là. Je sais que bientôt vous m'oublierez, parce que penser à l'objet de votre honte et de votre déception sera devenu trop dur. Je ne vous blâmerai pas, et accepterai la solitude comme un châtiment mérité.

Mais moi je ne vous oublierai pas. Mes amis, mes si précieux camarades.

Dr Brennan, Booth, Hodgins, Angela, Camille…

Je vous aime…

THE END