4 août 2015

Bonjour bonjour !

Alors laissez-moi vous présenter cette histoire. Entre amis est le premier opus de la "saga" que je nomme les Liens Eternels. Cette saga est l'histoire des Maraudeurs et de Lily Evans, de leurs années à Poudlard jusqu'au 31 octobre 1981. Entre amis est une sorte de prologue qui relate les événements majeurs qui se sont produits avant leur quatrième année à Poudlard, à savoir : la découverte de la magie pour Lily et la naissance de son amitié avec Rogue - prologues 1 & 2 - l'entrée de Sirius à Gryffondor - prologue 3 - la naissance de l'amitié entre Remus et les autres futurs Maraudeurs qui eux-même découvrent sa lycanthropie - prologue 4. Le prologue 5 comprend un événement majeur qui constituera le tournant dans l'histoire politique sorcière du pays - vous l'aurez compris, ça a un rapport avec Voldemort - et qui prend place pendant leur troisième année à Poudlard.

Entre amis a été publiée en 2008. A l'heure où je vous écris cette note, nous sommes en août 2015, et trois fics ont suivi depuis. La vie n'est pas un jeu raconte la 4e année des protagonistes, Leave it behind leur cinquième année, et The Gentlest Feeling leur sixième année. Il y aura ensuite une fic pour la septième et une autre pour le post-Poudlard jusqu'en 1981. Vous pourrez trouver des renseignements supplémentaires sur cette saga dans mon profil.

Pourquoi une nouvelle note d'auteur sept ans plus tard ? Parce qu'une très gentille lectrice m'a proposée de corriger, ou bêta-reader, Entre amis, ce dont je lui suis très reconnaissante. Il s'agit de Zod'a du "couple" d'auteurs Eve et Zod'a (elles ont un compte commun) et qui sont auteurs de beaucoup d'histoires que j'adore. Je vous invite à les lire au plus vite ! Et franchement, heureusement que cette fic a été corrigée, parce que y'avait quand même pas mal de fautes et d'oublis... Bref. Un gros gros merci à Zod'a :).

Voilà. J'espère que ces prologues vous plairont et vous donneront envie de lire la suite :). N'hésitez pas à laisser un petit mot et bonne lecture !

Note de Zod'a : Coucou les enfants ! C'est la bêta ! Alors je ne sais pas si vous allez me lire mais quand j'ai découvert le site il y a peut-être sept ans, j'étais archi fan des maraudeurs et surtout du pairing Lily/James, j'en dévorais vraiment à la pelle. Aujourd'hui je n'en lis plus trop mais cette saga fait quand même partie des rares que je suis encore sur le site. Pourquoi ? Parce que je trouve qu'il y a un réel approfondissement des personnages, autant des maraudeurs que de Lily, ses amies OC ou encore Severus Rogue. Et puis malilite a sa propre façon de se les approprier : Lily n'est pas une préfète parfaite, Peter n'est pas qu'un petit gros inutile... Bah en fait malilite a vraiment sa manière à elle d'exploiter le canon, de parler de relations humaines et de traiter ces sujets que sont la guerre ou la magie, et c'est ça qu'est cool. Et puis sinon, beeeen... Ça fait six ans que je lis Les Liens, j'ai un peu grandi avec, alors je peux vous dire aussi qu'il y a une réelle évolution dans l'écriture de malilite. Du coup c'est vraiment un plaisir de la corriger puisque plus on avance dans les chapitres, plus ses textes deviennent fluides et entraînants. On sent que tout est travaillé. Donc voilà, je tenais juste à dire tout ça... Et puis peut-être dire aussi que s'il reste des fautes, c'est pas ma faute à moi comme le dirait Alizée. Voilà je me casse parce que j'ai l'impression de vendre des bananes.


Titre : Entre amis

Résumé COMPLET : Tout le monde connaît l'histoire de Lily et James Potter, qui se sont vaillamment sacrifiés pour sauver leur fils Harry le 31 Octobre 1981. Mais, et avant ? En commençant par Lily - découvrant la magie - Sirius - un nouveau regard sur les Black - Remus - la naissance des Maraudeurs - et Voldemort - le début de la terreur, j'ai décidé d'imaginer ce qu'aurait pu être leur scolarité...

Disclaimer : Rien ne m'appartient, tout n'est qu'à la merveilleuse JKR. La chanson Every Little Things She Does Is Magic a été écrite par The Police, je n'en ai emprunté que le titre.

Note : Ce prologue se nomme à la fois Lily et la découverte et Every Little Things She Does Is Magic


Entre amis

Prologue Un

Every Little Things She Does Is Magic


- Lily, arrête !

...

- Comment tu t'y prends ?

- C'est évident, non ?

...

- Je sais ce que tu es.

- Comment ça ?

- Tu es... Tu es une sorcière.

...

- Je l'ai bien vu, je t'observe depuis un bout de temps. Mais il n'y a rien de mal à ça. Ma mère aussi en est une et moi, je suis un sorcier.

...

- Je sais qui tu es. Tu es le fils Rogue ! Ils habitent dans l'impasse du Tisseur, près de la rivière.


Lily jeta un sucre dans son chocolat chaud. Elle en prenait toujours un au petit-déjeuner, ça la détendait, c'était son petit rituel du matin. Un peu comme le thé ou le café. Peu importe.

Au lieu de prendre, comme toute personne normale, une cuillère pour remuer son sucre dans sa tasse et le faire fondre, elle posta son index au-dessus du liquide fumant et le tourna dans le sens des aiguilles d'une montre. Le liquide remua instantanément, le sucre fondit, sans qu'elle n'ait touché sa tasse. Etonnant, n'est-ce pas ? Comment cela est-il possible, vous demandez-vous ?

« Tu es une sorcière »

C'était peut-être ça, l'explication. Non, non, c'était ridicule. Une sorcière, et puis quoi encore ! Elle n'avait ni de corbeau, ni de chapeau pointu, ni de chaudron fumant, ni de nez crochu à ce qu'elle sache ! Et pourtant...

Pourtant, ça devait bien venir de quelque part. Lily savait que tout ce qu'elle faisait - remuer son chocolat chaud, voler en sautant de la balançoire, faire remuer les pétales d'une fleur - ce n'était pas commun, pas normal. Il devait forcément y avoir une explication logique, mais... laquelle ?

Aussi loin qu'elle s'en souvienne, Lily avait toujours eu un certain contrôle sur les choses. Mais jusqu'à il y a quelques années, ça n'avait alarmé personne, ça passait pour des coïncidences, ou de la chance. Parfois de l'habilité ou de l'intelligence. On détournait une seconde son attention du bac à sable où elle jouait à deux ans et quand on se retournait vers elle, on s'apercevait que la pelle, auparavant une dizaine de mètres plus loin, était à présent dans ses mains. Bah, on pouvait se tromper, la pelle était peut-être plus proche qu'on ne le pensait. Ou alors, un autre enfant la lui avait lancée. Beaucoup de choses peuvent se passer en une seconde.

Mais vers ses huit ans, les parents de Lily cessèrent de se leurrer. Malgré les nombreux caprices du vent lorsqu'ils étaient dehors, le cerf-volant de Lily prenaient des trajectoires trop étranges, surtout par rapport à celui de Pétunia. La robe qu'elle voulait absolument remettre alors qu'elle était vraiment trop serrée ne pouvait pas normalement s'être agrandie en une matinée.

Lily elle-même s'était aperçue qu'elle était effectivement la seule enfant de son entourage à pouvoir changer, d'elle même, sans aucune aide extérieure, la couleur des motifs de ses sandales après une crise de larmes d'enfant capricieuse. Sans s'inquiéter, elle rassurait ses parents ; elle pensait qu'elle avait juste de la chance, et que certainement, d'autres pouvaient en faire de même. Qu'elle devait s'être beaucoup entraînée étant plus jeune - ses parents se retinrent de demander : entraînée à quoi ?

Depuis, Lily vivait avec sans vraiment se soucier de tout ça. Oh, bien sûr, elle restait discrète car ses parents préféraient que ça ne sache pas - les gens pouvaient parfois être cruels.

Mais ce que disait ce Severus Rogue... c'était quand même complètement loufoque, non ? Elle ne pouvait pas être une sorcière, n'est-ce pas ? Ses parents le lui auraient dit... à moins qu'ils ne le sachent justement pas, et vu leurs réactions par rapport à ses « dons », c'était possible...

Elle ne connaissait pas bien la famille Rogue. Ils habitaient dans cet endroit, l'Impasse du Tisseur, qui n'était pas vraiment fréquentable et jamais Lily ne s'y était aventurée, selon son souvenir. Et puis, le petit Severus ne venait pas souvent à l'école du quartier, la seule à au moins trente kilomètres à la ronde. Selon les années, on ne l'y voyait même pas du tout.

Lui et sa famille étaient réputés pour être bizarres. On ne leur faisait pas tellement confiance, on ne leur demandait rien, on écourtait très vite les quelques discussions qu'on avait avec eux. C'était pourquoi Lily se sentait stupide de prendre compte les paroles, les insultes presque, de Severus Rogue. Mais pourtant, il n'avait pas l'air fou quand il lui affirmait qu'elle était une sorcière.

« Mais il n'y a rien de mal à ça. Ma mère aussi en est une et moi, je suis un sorcier. »

Il semblait en être sûr et certain. Comme si ça semblait normal. Et si ça l'était vraiment...

- Bonjour, Lily ! s'exclama sa mère en entrant dans la cuisine, coupant court à ses pensées. Tu as bien dormi ?

Elle acquiesça en essayant de lui sourire, ayant du mal à revenir à la réalité. Sa mère s'assit en face d'elle, encore en robe de chambre, ses cheveux roux foncés retenus dans un chignon lâche. Elle sirota son bol de café fumant, ses yeux bleus foncés lui souriant par-dessus son bol. Elle but une gorgée, et lui demanda en reposant son café sur la table.

- Tu as besoin d'une cuillère pour remuer ton chocolat, chérie ?

Distraitement, Lily fit « non » de la tête. Elle était une sorcière, elle n'en avait pas besoin... Ok, qu'est-ce qu'elle racontait, là ? Elle avait vraiment besoin de tirer cette histoire au clair, de demander à Rogue de s'expliquer, de lui dire de ne plus s'approcher d'elle si c'était pour lui raconter d'autres bêtises dans le genre.

Elle irait le voir après l'école.


Lily n'osait pas s'engouffrer dans l'Impasse du Tisseur, elle attendait juste devant, dans l'Avenue du Pêcheur - et oui, c'était toujours comme ça dans son quartier, elle-même vivait dans la Rue du Chasseur... - perpendiculaire à l'Impasse. Elle était assise sur une bouche d'incendie, se demandant ce qu'elle attendait au juste. Puis la porte de la maison des Rogue s'ouvrit, et Lily reconnut Tobias Rogue.

Elle n'avait aucune idée de ce qu'il faisait dans la vie, ne lui avait d'ailleurs jamais parlé. C'était un homme plutôt grand, imposant, mais pas du tout charismatique, plutôt effrayant. Des cheveux et des yeux très noirs, profonds. Il avait les lèvres pincées et marmonnait quelque chose que Lily ne pouvait pas entendre. Puis son regard tomba sur elle, il s'approcha d'elle, avec cette expression indéchiffrable sur le visage qui ne le quittait jamais.

- Tu ferais mieux de ne pas traîner ici, gamine. Y'a des gens qu'il vaut mieux éviter, si tu veux mon avis.

Et il partit sans demander son reste, alors que Lily frissonnait encore de cette voix froide, tranchante, sévère... De plus, quelque chose lui disait que ces personnes « qu'il vaut mieux éviter », c'était sa femme et son fils, même si c'était dur à croire ! Parler ainsi de sa famille...

La porte de la maison des Rogue se rouvrit, et ce fut une personne plus petite qui en sortit. Celle que Lily cherchait, d'ailleurs. Severus Rogue s'avançait sans l'avoir remarquée, d'un pas rageur, il semblait furieux. Il donna même un coup de pied à un mur sous le coup de la colère, et Lily dut se retenir de rire devant sa grimace de douleur. Puis il la vit, et s'arrêta net de surprise.

- Qu'est-ce... qu'est-ce que tu fais là ?

Lily se retrouva soudainement gênée de venir lui demander des explications, mais elle n'avait pas le choix, ça devait s'éclaircir une fois pour toute. Elle s'avança et s'arrêta alors qu'elle n'était qu'à un mètre de lui.

- Je suis venue te demander... Pourquoi est-ce que tu as dit que j'étais une sorcière ?

Bizarrement, les joues de Severus rosirent légèrement. La scène avait eu lieu hier, il s'en rappelait très bien. Après de longues journées à observer Lily Evans et ses pouvoirs, il s'était fait « choper » - enfin, il s'était montré tout seul aussi, hein ! - et il avait eu peur des conséquences. Mais il n'aurait jamais imaginé qu'elle ait pu trouver un quelconque intérêt à ses propos.

Il respira profondément et planta ses yeux dans les siens - ils furent autant déstabilisés l'un que l'autre par leur regard respectif.

- Parce que tu as des pouvoirs magiques, comme tout sorcier.

Lily haussa les sourcils, étonnée. Des pouvoirs ? De la magie ? Bah, si on parlait de sorcellerie, autant aller jusqu'au bout quoi... La fillette éclata de rire.

- C'est une blague, c'est ça ? Ouah, bravo, j'y aurais presque cru.

- C'est la vérité, dit Rogue en haussant les épaules. Après, tu n'es pas obligée de me croire tout de suite, tu le verras bien assez tôt...

Il attendit quelques secondes pour savoir comment allait réagir la jeune fille. Elle se mordillait les lèvres en une moue songeuse.

- Et ça sera quand ?

- Quand tu entreras à Poudlard. L'école.

Les yeux dans le vide, elle acquiesça, même si Severus savait exactement qu'elle n'avait aucune idée de quoi il parlait.

- Tu recevras une lettre par hibou, comme moi, pendant l'été qui arrive.

- Un hibou, chuchota-t-elle en continuant de hocher la tête. Oui, c'est tout naturel.

Elle releva les yeux et détailla le visage de son interlocuteur.

- Et tu y crois en plus, à ton histoire ?

- Tu ne crois pas en la réalité, répliqua-t-il d'un ton sec. Tu l'acceptes, c'est tout.

Puis soudain, pris d'une pulsion, il s'avança pour prendre la main de la rouquine. Elle était surprise, mais ne recula pas pour autant. Rogue évita son regard, ignora la chaleur étrange qui se dégageait de cette étreinte, et la tira derrière lui.

- Je vais te montrer, et tu seras obligée d'y croire aussi.

Il les amena devant sa maison, les dirigea dans le jardin, et lâcha sa main. « Suis moi et sois discrète ». Sans réfléchir, elle obéit. Elle ne savait pas pourquoi elle le suivait, et lui pourquoi il tenait tant à lui montrer...

On dira souvent par la suite que leur relation, cette amitié presque fusionnelle, a toujours été étrange. Si ce « on » savait que cette relation était même née dans des conditions surprenantes...

Ils s'accroupirent près d'un mur et avancèrent dans cette position jusqu'à une fenêtre. Elle était très large et assez basse, et en se relevant juste un peu, Lily avait une vue imprenable sur le salon des Rogue. Une femme, la mère de Severus, était debout au milieu de la pièce. Elle faisait tourner entre ses doigts une sorte de bâton d'une vingtaine de centimètres, très fin, élégamment et simplement taillé. Les lèvres de la femme remuèrent sans que les deux enfants ne puissent entendre ses paroles, elle remua son bâton, mais la fillette ne sut pas pourquoi elle le fit.

Discrètement, son camarade ouvrit légèrement la fenêtre pour qu'on puisse entendre ce que sa mère disait. Celle-ci secouait toujours sa baguette, d'où s'échappaient quelques étincelles. Sûrement un nouvel engin électrique, pensa Lily.

- Reparo » dit Mrs Rogue. Il y eut une nouvelle gerbe d'étincelles provenant du bâton tourné vers des débris de verre étalés sur le sol. Les débris remuèrent, se rejoignirent et formèrent un vase. Il était comme neuf. Et les bouts de verre avaient fait ça tout seuls, sans l'aide de personne. Comme par - et Lily avait du mal à l'avouer - magie.

- Ce qu'a ma mère dans les mains, c'est une baguette magique, lui chuchota Severus, en lui jetant parfois des coups d'oeil.

Mrs Rogue prononça quelque chose qui ressemblait à « Acxo » (1), et une rose se mit à voler rapidement dans les airs pour lui arriver dans les mains. Elle pointa sa « baguette magique » vers le vase reconstitué, dit un mot plutôt compliqué que Lily ne comprit pas, et le vase vola lui aussi pour se poser sur une petite table. Avec un soupir satisfait - qui contrastait un peu avec sa mine pincée - la mère de Severus posa la rose dans le vase, et releva sa baguette.

C'est alors que Lily remarqua que la pièce était un peu en désordre. Une autre petite table était renversée, et quelques livres avaient été jetés par terre. En continuant de remuer sa baguette et prononçant d'autres mots qui n'existaient pas, Mrs Rogue remit de l'ordre dans son salon.

Severus regarda une fois de plus le visage de la rouquine. D'abord surprise, elle paraissait maintenant émerveillée. Et alors que sa mère faisait voler quelque chose encore une fois, elle murmura :

- Qu'est-ce qu'elle a dit, cette fois ?

- Wingardium Leviosa, dit-il à voix basse, comme une prière.

Il reporta son regard sur sa mère, pendant qu'elle était plongée dans ses pensées. C'était étrange de voir ça, surprenant, inquiétant... Mais toutes ces étincelles, c'était différent, spectaculaire, presque beau. Attirant.

Quand Severus, lui aussi dans ses pensées, se retourna vers Lily, elle avait disparu.

Quelques jours plus tard, Lily se promenait dans sa rue. Pétunia n'était pas encore rentrée du collège, celui juste à côté de son école à elle. Soudain, elle s'arrêta devant un arbre récemment foudroyé par la foudre lors de l'orage de la nuit dernière, et se demanda si d'un coup de baguette magique, elle pourrait le réparer, le faire revenir à son état initial...

Elle ne savait pas trop quoi penser de toute cette histoire de magie. Après avoir assisté à ce qu'elle avait vu chez les Rogue, elle ne pouvait pas ignorer la magie. Par contre, de là à dire qu'elle était elle-même une sorcière, elle était un peu perdue...

Elle releva les yeux devant elle et vit la personne qu'elle voulait, inconsciemment, à tout prix voir. Lily s'élança vers Severus Rogue, assis sur un banc.

- Salut ! fit-elle plus joyeusement qu'elle ne l'aurait cru.

Il sursauta et hocha la tête comme pour dire « Bonjour ».

- Tu sais, merci pour m'avoir montré ce que ta mère savait faire, la magie et tout ça, ça m'a vraiment imp-

- Chut, tais-toi ! s'écria-t-il en jetant des coups d'œil. Ecoute, continua-t-il plus doucement devant le regard surpris de Lily, je suis content que tu réalises enfin que la magie existe, mais il faut que tu saches que c'est un secret. Personne ne doit savoir.

- Comment ça ? Tu veux dire qu'on serait que trois sorciers dans toute la planète ?

- Non, tu comprends pas. On doit être des millions de sorciers dans toute la planète, alors tu penses... Tu dois juste ne pas le dire aux moldus.

- Hé ! Tu avais traité Pétunia de... moldue l'autre jour. J'espère que c'est pas une insulte !

- Non ! Enfin... Non ça n'en est pas une, ça veut juste dire « sans pouvoirs magiques ». Les moldus ignorent tout de notre existence. C'est pour ça qu'on doit rester prudent, discret, ne rien leur révéler.

- Mes... mes parents et Tunie ne devront pas savoir non plus ?

Elle trouvait ça impensable de cacher une chose aussi importante à sa famille.

- T'es bien obligée de leur dire. Les familles moldues des sorciers sont autorisées à le savoir, à condition de ne rien dire à personne. De toute façon, personne ne les croirait...

- Je dois le leur dire tout de suite ? s'enquit-elle. Elle n'avait aucune idée de comment l'annoncer à sa famille.

- Et bien... tu fais comme tu le sens, finit par dire Severus en hochant les épaules. De toute façon, il le sauront bien assez tôt quand tu entreras à Poudlard.

Son dernier mot réveilla la curiosité de Lily.

- Qu'est-ce que c'est déjà, Poudlard ?

- L'école de sorciers britannique. » Rien qu'en en parlant, le regard de Rogue s'était allumé d'excitation, il était si pressé d'y aller.

- Où est-ce qu'elle est ?

- Quelque part en Ecosse, mais on est jamais sûr exactement de là où elle se trouve.

- Ah bon...

- On va y entrer l'année prochaine.

- Ah.

- On va étudier la magie, apprendre à se servir d'une baguette, lancer des sorts, confectionner des potions, lire l'avenir, et plein d'autres choses !

Lily sourit intérieurement devant le ton excité de son camarade. Elle n'était même pas surprise par tout ce qu'elle ferait à Poudlard, les potions, l'avenir et tout, tant elle l'avait déjà été ces derniers jours. C'était même presque normal.

- Comment est-ce que c'est, le monde des sorciers ? demanda-t-elle au bout d'un moment.

Severus plissa le front en signe de réflexion.

- C'est un peu comme le monde des moldus, mais en différent quand même... Les sorciers ont des métiers, doivent gagner leur vie, se marient, ont des enfants. À un moment, les enfants vont dans des écoles de sorciers. Ils apprennent des choses, comme les moldus en apprennent. Les sorciers ont juste une histoire, des coutumes, une culture et un quotidien un peu différent...

- Différent comment ?

Le jeune garçon soupira.

- Elles sont pas faciles, tes questions. Les moldus ont eu des périodes de gloire et de détresse dans le passé, des guerres, des maladies, des richesses, des découvertes... pareil pour nous. Parfois ça n'a rien à voir avec les moldus, parfois ça se rejoint. On a des coutumes un peu différentes aussi, mais pas beaucoup en fait. On fête Noël par exemple, et il y a très peu de fêtes sorcières. C'est comme si on avait les mêmes coutumes que les moldus, mais tu rajoutes la magie, et voilà.

Bien sûr, c'était une explication grossière, mais Lily découvrirait bien assez tôt ce qu'il en était réellement.

- Et pour ce qui est de la culture... Les arts moldus et sorciers se ressemblent énormément. Pour la musique, c'est pareil, ou presque, il y a des instruments, des genres, des vagues... Les sorciers sont très portés sur la musique depuis vingt ans à peu près, beaucoup jouent d'un instrument en fait. Elle est commune aux deux mondes.

Lily acquiesça, contente qu'il y ait au moins quelque chose qu'elle connaissait dans les deux mondes.

- La peinture, la sculpture et la photographie, c'est pareil aussi. Sauf que tu verras que ceux qui y sont représentés bougent, comme s'ils étaient en vie.

- Vraiment ?

Le visage détendu par toutes ces explications, Severus sourit presque, et fouilla dans sa poche. Il lui tendit une photo, certes un peu jaunie, mais sorcière. C'était une photo de sa mère avec ses parents, quand elle était petite. Ils souriaient timidement à l'objectif et faisaient des petits signes de mains. Eileen Prince, à présent Rogue, tournait parfois sur elle-même, comme un jeu.

- Wow, murmura Lily. C'est bizarre. C'est cool aussi ! continua-t-elle d'un ton enjoué.

Severus lui offrit son premier vrai sourire, et Lily en fut légèrement désarçonnée. Par contre, son visage se ferma lorsqu'elle lui demanda.

- Tu n'as pas une photo plus récente, de toi ?

- Mes parents ne font que très peu de photos, et elles ne sont jamais sorcières. Mon père est moldu, et il... a un peu du mal à accepter la magie.

- Oh. D'accord.

Lily comprit que ce n'était pas un sujet facile pour lui.

- Par contre, on ne joue pas aux sports moldus. On a nous même nos jeux, comme le Quidditch.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Ça ressemble un peu à un mélange de basket et de base ball, mais ça se joue sur des balais. Tu verras à Poudlard. Et on a aussi un ministre, comme chez les moldus. Avec un Ministère de la Magie.

- Et bien... C'est impressionnant.

Il lui jeta un coup d'oeil et acquiesça. C'est vrai que ça devait être étrange, de découvrir un autre monde du jour au lendemain. Un monde caché aux yeux des autres et parmi les autres...

- Je me demandais ! s'exclama-t-elle au bout d'un moment. Les sorciers achètent des trucs aussi, ou ils font tout apparaître avec leur baguette magique ?

- Eh bien... réfléchit Severus en se grattant la tête. Il y a des lois qui rendent certaines choses impossibles, on a beau essayer, on y arrive pas. On ne peut pas faire apparaître de la nourriture ou des objets de nulle part. On peut les faire venir à nous avec un sort, et on peut modifier des choses pour créer des vêtements ou des objets, mais pas en partant de rien.

Soudain, un bruit les interrompit. Le bruit d'une dispute, très violente. Deux adultes passaient devant eux en se criant presque dessus. Lily reconnut les parents de Severus, et se tourna immédiatement vers lui. Son visage était fermé, et sans un mot pour elle, se leva et se dirigea vers son père et sa mère.


Le lendemain, Lily et Severus se trouvaient dans un petit bosquet d'arbres et pouvaient voir entre les troncs une rivière scintiller au soleil. Les ombres projetées par les feuillages formaient comme un bassin de fraîcheur verte, à l'abri du soleil. Ils étaient tous deux assis en tailleur sur le sol, l'un en face de l'autre. Ils ne s'étaient rien dit depuis que la jeune fille avait emmené Rogue dans cet endroit. Jusqu'à ce que...

- Severus ?

Il releva la tête vers elle, curieux.

- Parle-moi de Poudlard, murmura-t-elle, ses beaux yeux verts brillants d'excitation.

Il eut un petit sourire indulgent. Pas de doute, elle avait quasiment accepté sa nouvelle condition, ou était tout du moins curieuse et sûrement pressée de découvrir l'école de sorciers.

- Je n'y ai jamais mis les pieds, tu sais, et ma mère ne m'en parle que très peu...

- Dis ce que tu sais.

Elle passait et repassait ses doigts dans une touffe d'herbe, impatiente.

- C'est un immense château, avec quelques montagnes, une grande forêt et un grand lac. Il y a un professeur pour chaque matière, potions, divination, métamorphose, sortilèges, défense contre les forces du mal, botanique, histoire de la magie, astronomie, soins aux créatures magiques, arithmancie, études des runes, études des moldus... Il y en a peut-être d'autre, je ne m'en souviens plus.

- On a besoin de matériel ? Comme des cahiers, des stylos...

- C'est moldu, ça, fit-il d'un air presque méprisant. Dans le monde des sorciers, on écrit sur du parchemin avec de l'encre et des plumes. Mais oui, on a besoin de matériel. Déjà, une baguette magique, indispensable. Un chaudron, des ingrédients, une balance pour les potions, un téléscope pour l'astronomie, pas mal de livres... C'est au Chemin de Traverse qu'on achète tout ça. C'est un peu comme une allée commerçante.

- Où est-ce que c'est ? demanda Lily, un peu surprise. Elle n'avait pas pensé qu'il puisse y avoir des magasins dans le monde de la magie.

- Quelque part à Londres. Je... je te montrerai, un jour, rajouta-t-il, un peu hésitant. Il n'était pas sûr de pouvoir tenir cette promesse.

...

- C'est vrai, hein ? Ce n'est pas une blague ? Pétunia dit que tu me mens. Pétunia dit que Poudlard n'existe pas. Mais c'est vrai, n'est-ce pas ?

- C'est vrai pour nous. Pas pour elle. Mais toi et moi, nous recevrons la lettre.

...

- Est-ce que ça fait vraiment une différence d'être née moldue ?

- Non, ça ne fait aucune différence.

...

- Il y a beaucoup de magie en toi. Je l'ai vu. Pendant tout le temps où je t'ai observée...

...

- Ton père n'aime pas la magie ?

- Il n'aime pas grand-chose.

...

- Parle-moi encore des Détraqueurs.

- Pourquoi tu t'intéresses à eux ?


- Et les jeux sorciers ? Ils sont différents des nôtres ?

Severus et Lily marchaient côte à côte dans le Boulevard du Meneur. Cela faisait quelques jours qu'ils se retrouvaient parfois, pour parler, pour être avec l'autre. Alors qu'au début, ce n'était que de simples discussions pour que Lily en sache plus sur le monde des sorciers, mais maintenant, une confiance mutuelle se mettait en place.

N'empêche que Lily évitait la question que venait de lui poser Severus.

- Tu finiras bien par me le dire un jour, non ? railla-t-il. Ta sœur te fait toujours la tête ou pas ?

- Ça s'est un peu arrangé, soupira la rouquine. Elle refuse juste de me parler, et à chaque fois que je sors, sans elle et sans aller à l'école, quand je reviens j'ai le droit à un regard noir. Elle pense que je suis toujours avec toi, même quand ce n'est pas le cas.

Rogue pinça les lèvres pour se retenir de dire ce qu'il pensait des moldus : qu'ils étaient complètement inutiles, donc qu'il ne servait à rien de s'en soucier. Mais il ne voulait pas brusquer sa toute nouvelle amitié avec la jeune fille...

- Alors, les jeux ? s'impatienta-t-elle.

Elle vit le garçon réfléchir un peu.

- Je sais pas vraiment, en fait. Je n'ai que très peu été avec des enfants sorciers de mon âge, les trois quarts de ce que je sais du monde des sorciers, c'est ma mère qui me l'a raconté. Mais je suppose... que certains jeux doivent être un peu pareils. Le nom et les règles changent peut-être un peu, mais le principe doit sûrement rester.

- Comme... tenta Lily. Comme colin-maillard ? Ou le jeu du « Chat » ?

- Sûrement, répondit Severus, bien qu'il n'avait aucune idée de quoi elle parlait - mais ça, il ne lui avouerait pour rien au monde.

- Alors...

Lily avait un petit air mutin et un ton malicieux qu'il lui avait rarement vu en sa compagnie - il la trouvait beaucoup plus jolie ainsi. À sa grande surprise, elle le frappa légèrement à l'épaule, s'éloigna en courant et en riant après avoir crié « C'est toi l'chat ! ». Elle était à quelques mètres devant lui, puis le regarda d'un air mi-hilare mi-interrogateur car il n'avait pas bougé d'un pouce. Il se demandait ce qu'elle attendait de lui. Elle devina toute seule qu'il n'avait pas côtoyé beaucoup plus - voir peut-être moins - d'enfants moldus que de sorciers.

- Tu dois essayer de m'attraper, bougre d'idiot, fit-elle avec un éclat de rire.

Sans pouvoir s'en empêcher, les fines lèvres du petit garçon se tendirent en un sourire joueur. Jamais, au grand jamais, ce genre d'expression ne s'était peinte sur son visage. Car jamais on ne l'avait invité à jouer comme venait de le faire Lily.

Ce nouveau ton bon-enfant que Lily venait d'ajouter, avec son air enjoué et enfantin, à leur relation venait d'être un de ses tournants les plus importants. Car, pour deux enfants, même à la limite de l'adolescence, le jeu, l'imagination, restent trop important dans leur vie. Et quand on commence à s'amuser innocemment avec un autre enfant, on apprécie tout de suite plus sa présence, et on finit par la rechercher.

Mais sans penser à tout cela, Rogue se laissa gagner par la bonne humeur de sa nouvelle amie, et se mit à courir derrière elle. Ce jour-là, on ne compta plus les éclats de rire qui résonnait dans le Boulevard du Meneur, et qui venaient aussi bien de Lily que de Severus.


- Psssst, Lily !

Lily tourna immédiatement la tête en entendant ce murmure, ses cheveux roux foncés volant autour de son visage. Avec un sourire, elle reconnut celui qui était désormais son ami depuis plusieurs semaines. Severus Rogue.

Leur relation avait rapidement évolué. Bien sûr, Lily avait d'autres amis d'école, et Pétunia restait ce qui s'approchait le plus d'une meilleure amie pour elle. Mais ce qu'elle partageait avec le fils Rogue était si... différent. En même temps que de découvrir un nouveau monde, elle avait découvert avec lui un nouveau visage de l'amitié.

En vérité, ils ne se ressemblaient pas tant que ça et n'avaient pas grand chose en commun. Ils avaient tous deux reçu une éducation différente, avait un quotidien différent et, semblait-il, des goûts différents. Pourtant, c'était comme s'ils se comprenaient, comme s'ils étaient sur la même longueur d'onde. Ils apprenaient peu à peu à se connaître, et ils adoraient partager chaque petite chose de leur quotidien avec l'autre.

Etrangement, le fait qu'ils se fréquentaient avait des répercussions sur les deux jeunes enfants. Severus paraissait parfois plus pensif et beaucoup plus enjoué - enfin, beaucoup, tout est relatif - lorsqu'il était avec elle qu'au début. Lily taquinait souvent son ami en lui prenant des traits de caractère : la froideur, l'arrogance, la méchanceté gratuite. Et parfois, elle les reprenait inconsciemment, brièvement, avec les autres personnes de son entourage.

Il y avait aussi des hauts comme des bas. Le caractère d'enfant innocente de Lily exaspérait parfois Rogue, qui lui était plus mûr sur certains points que sa nouvelle amie. Inversement, le comportement de Severus était parfois insupportable : son air hautain, sa froideur, sa prétention, et parfois même sa ruse perfide...

Lily Evans restait la seule amie de Severus Rogue, sa confidente. Et lui était pour elle celui dont l'amitié la satisfaisait le plus.

Elle s'approcha de lui en se demandant pourquoi il restait caché derrière un buisson.

- Viens, je vais te montrer quelque chose, fit-il très enthousiaste, même s'il essayait de garder un air impertubable.

- Je dois rejoindre Tunie devant la boulangerie, là, désolée...

- Tu ne seras pas déçue, je peux te l'assurer.

Il la suppliait presque, et Lily finit par le croire et le suivre.

Quelques minutes plus tard, elle attendait nerveusement devant la demeure des Rogue. Puis son ami vient la chercher et la fit entrer.

Il la tenait par la main et la faisait marcher plutôt vite, et elle n'eut pas vraiment le temps de l'examiner. Elle avait pourtant un peu froid dans le dos, et se sentait chanceuse de vivre dans sa maison plutôt que dans celle des Rogue.

Elle arriva dans une pièce avec un lit double place, la chambre des parents semblait-il. Comme dans les vieux films, Severus posa sa main sur un vieux porte-manteau inocupé, força un peu dessus, ce qui abaissa l'objet suspendu au mur. Ce même mur disparut comme par enchantement - ce dont Lily était désormais sûre - et son ami les fit tous deux pénétrer dans la nouvelle pièce qu'ils avaient devant les yeux. Le mur réapparut immédiatement derrière eux, les laissant dans une obscurité précaire.

Des torches illuminaient les froids murs de pierres, et Lily put observer l'endroit dans lequel elle se trouvait. Une bibliothèque à l'allure mystérieuse dans un coin, des étagères aux murs qui soutenaient des flacons ou des boîtes - elle ne voulait même pas savoir ce qu'il y avait dedans. Ou plutôt si. Juste par curiosité...

Rogue la mena jusqu'à une table au centre de la pièce. Elle y vit - pour la première fois de toutes les centaines de fois où elle en verrait un - ce qui était certainement un chaudron. Un doux feu juste en-dessous. Et à l'intérieur... on aurait dit de l'or fondu, qui mijotait tranquillement. Avec des grosses gouttes qui sautaient à sa surface comme des poissons rouges.

C'était beau, tout simplement. Ça surprenait, intriguait, éblouissait Lily, comme tout ce qui avait trait à la magie - mais cette fois, encore plus, semblait-il. Elle regarda Rogue, qui avait quitté son air imperturbable tout en la fixant. Son sourire était supérieur et fier. Une sorte de tendresse se lisait dans ses prunelles noires quand il les posait sur sa jeune amie, elle-même qui découvrait l'art extraordinaire des potions.

- Qu'est-ce que c'est ? murmura-t-elle religieusement.

- Felix Felicis » récita-t-il « De la chance liquide. Tu bois une gorgée de ça » Il pointa la potion « et tu as de la chance toute la journée.

- Wow... De la chance ? Sérieusement ?

- Oui ! On peut tout faire avec la magie, même avec les potions. On peut mettre la mort, la vie, la gloire, le malheur dans un flacon. Et même la chance.

Lily resta silencieuse un instant, puis reprit, toujours à voix basse. « Et c'est ta mère qui a fait ça ?

- Oui. Elle fait souvent des potions dans son atelier. Pas forcément pour les utiliser, mais elle aime bien ça, ça lui permet de ne pas totalement oublier sa vie de sorcière. Bien sûr, mon père n'est pas au courant, et je ne le serais pas non plus si je ne l'avais pas surprise un jour.

Il parlait avec un ton plutôt léger malgré sa froideur habituelle. D'habitude, il se fermait toujours lorsqu'il parlait de ses parents, mais là...

- Et je ferais ça, un jour, moi aussi ?

- Peut-être pas Felix Felicis, plaisanta-t-il. Ou en tout cas, pas tout de suite. Mais tu en feras, à Poudlard, c'est sûr et certain. Et plusieurs fois par semaine...

Lily lui fit un sourire étincelant qui rosit un peu les joues du jeune homme. Malheureusement, tout bon moment à une fin. En effet, le bruit d'un moteur à l'extérieur vint déranger l'ambiance détendue et joyeuse. Ils échangèrent tous deux un regard affolé. Et tout se bouscula pour Lily.

- Vite, entendit-elle son ami murmurer.

Ils sortirent à toute vitesse de « l'atelier », qui se referma, et ils détalèrent dans les escaliers. Severus ouvrit précipitamment la porte d'un placard où quelques vestes abandonnées traînaient et y poussa son amie.

- Je t'ai déjà dit mille fois de ne plus me parler de ça ! Eileen, enfin !

Le rugissement qui venait de retentir venait sans aucun doute de Tobias Rogue. Tobias Rogue qui, pour changer, se disputait avec sa femme.

- C'est bon, Tob', tu vas pas m'ennuyer avec ça toute l'après-midi ! Déjà que j'ai accepté de prendre ta stupide voiture... Bonjour, Severus.

Elle était étrangement polie avec son fils, comme une étrangère. Sa voix avait les mêmes accents froid et distant que son fils.

- Père, Mère...

- T'avais qu'à pas m'accompagner, si t'étais pas contente.

- Comme si tu m'avais laissé le choix. Bonne journée, mon fils ?

- Oui, merci. Et v-

- À ton avis, grand nigaud !

Des bruits de pas, un petit cri plaintif qui passa presque inaperçu.

- Attendez, Père, laissez-moi faire. » Des pas, un bruissement d'étoffes. « Mère, puis-je... ?

Lily se recroquevilla contre le bois quand la porte s'ouvrit légèrement. C'était Severus qui, justement, déposait les manteaux de ses deux parents.

- Tu m'énerves.

- Je ne te supporte pas non plus, si tu veux tout savoir.

- J'en ai rien à faire !

- Y'en a MARRE, par Merlin !

- Ne parle pas de ça sous mon toit !

- Tais-toi ! Tais-toi et TIRE-TOI !

Un claquement de porte. Un bruit de verre qui explose, et Lily arriva même à reconnaître des vagues de magie.

Elle put repartir chez elle sans se faire remarquer par les époux Rogue. Quand elle quitta Severus, qui évitait son regard, elle pressa son épaule avec tendresse, lui fit un sourire réconfortant, et lança, enjouée, « À demain, mon magicien préféré ! ».

Cette fille était certainement la meilleure chose qui lui soit jamais arrivée.


(1) : Bien sûr, en vérité Eileen Rogue a dit "Accio" et pas "Axco", mais j'ai fait comme si Lily avait du mal à comprendre, elle a pas des prédispositions magiques non plus immenses !