"Je ne t'aime plus."
C'est la dernière phrase que tu m'as dite. Une poignée de mots. Une unique phrase pour fin à toutes ces années passées ensemble. Ça fait mal. Je ne représente pas que ça ? Je n'ai pas compté plus que ça à tes yeux ? Je ne sais plus si je t'aime ou si je te déteste.
Idiot. Je me leurre moi-même. Évidemment que je t'aime. C'est pour ça que ça a fait si mal quand tu as franchi la porte d'entrée pour la dernière fois. Ça fait toujours mal. Je me rejoue la scène en boucle. Je ne fais que ça. Je revois ta silhouette s'éloigner, sans un regard en arrière, le vent faisant claquer ton manteau. Dieu que j'aimais ce manteau. Bien que je hais ce qu'il représente. L'Armée. La violence, la terreur et le désespoir. Tu m'avais sorti de tout ça. Mais tu m'y replonges encore plus violemment. Jouais-tu seulement avec moi ou m'as-tu aimé un bref instant ? Mentais-tu lorsque tu me chuchotais des mots doux, enlacés sur notre lit.
Notre. Un mot que je ne pourrai plus jamais utiliser. Ce sont ces petites choses comme ça qui sont les plus terribles. Comme des petites aiguilles que tu enfoncerais dans mon cœur, en me regardant avec ton sourire narquois. Ce sourire va me manquer. Après tout, je n'ai connu que toi pendant des années. Je t'ai rencontré si jeune. Je venais de commettre une horreur sans nom, mais toi, tu m'as recueilli, tu m'as aidé, tu m'as épaulé. Mais tout est fini maintenant. Par ta faute.
J'espère que tu souffriras autant que je souffre actuellement. Ou alors tu t'en moqueras. Mais je ne pense pas que ton cœur soit si froid. Le feu n'est-il pas ton élément ? Le feu, symbole de passion. C'est ironique, n'est-ce pas ? Cette passion est éteinte chez toi mais est en train de me consumer. Je n'ai pas le choix. Je dois éteindre ce feu dévorant. Quel autre choix ai-je que de plonger dans ce bain glacé sous mes pieds ?
Adieu mon amour, je t'aime.
