CHAPITRE 1 :

Elle était là, dans ce salon qui était devenu le nôtre depuis le début de l'année scolaire suite à notre élection de préfet en chef. Elle était là, près du feu, à lire encore un de ses satanés livres. Ne pouvait-elle pas être comme tout le monde ? Profiter de la fin de la guerre pour enfin commencer notre vie de jeune : sortir, s'amuser, boire, tout ce qu'une personne de notre âge fait quoi.

Mais non, elle devait encore une fois être différente. Tout était différent chez elle. Que ce soit ce qu'elle a vécu à cause de la guerre ou sa propre personnalité. Que ce soit physiquement ou psychologiquement, elle était unique.

Elle avec ses cheveux en broussaille qu'elle ne prenait même pas la peine de brosser quand elle ne sortait pas. Ce n'est pas la fille qui va perdre son temps à se jeter des sorts pour avoir meilleure allure. Non, elle n'était pas ce genre de filles superficielles qui passent leur matinée devant le miroir, elle avait une beauté naturelle, simple. Le genre de beauté qui ne nous lassera jamais, le genre de beauté qui n'a pas besoin de quelconques produits moldus ou sorciers. Elle est belle le matin avec ses yeux marron qui pétille d'excitation & d'appréhension de savoir ce qui va se passer pendant cette journée. Elle est belle la journée, quand elle se dépêche pour ne pas louper son prochain cours, ses cheveux se balançant entre ses omoplates. Elle est belle le soir quand elle revient, extenuée par sa journée de travail chargée.

Mais je pense qu'elle est la plus belle quand elle s'assoupie sur le divan, qu'elle laisse tomber le masque qu'elle porte en permanence. Ce visage radieux, ce visage insouciant, tout ça, c'est faux. Même ses meilleurs amis n'ont pas été capables de le voir. C'est seulement quand elle dort que je peux découvrir sa vraie personnalité, c'est seulement à ce moment là que je me rends compte que nous ne sommes pas si différents, nous mentons tous les deux en permanence pour sauver les apparences, pour faire comme si tout aller bien alors que non.

La guerre a laissé des marques, elle nous a tous modifiés, de façon moins flagrantes pour certains, mais le changement est là, au plus profond de nous même et nous ne serons plus jamais les mêmes. C'est seulement maintenant que je m'en rends compte.

Et parfois, quand Hermione s'endort sur le divan, elle fait des cauchemars. Et c'est à cause de ses cauchemars que mon obsession pour elle a commencé.

C'était une nuit de pleine lune, elle dormait sur le canapé, je regardais le feu crépiter dans notre immense cheminée, la pièce seulement éclairée par l'embrassement des braises et la lumière de la lune. J'étais dans mes pensées quand tout d'un coup, un bruit me fit sortir de ma torpeur. C'était elle. Elle murmurait, son front plissé, les sourcils froncés. Elle murmurait des mots incompréhensibles et elle se mouvait sur le sofa. Je la regardais, attentif à cette scène rare, Hermione Granger qui faisait un cauchemars, quoi de plus délectable ? Son mal-être était plus apparent. Elle bougeait de plus en plus et commencer à parler plus fort. Je fixais son visage éclairé par la lune et le feu en tendant l'oreille pour essayer de savoir ce que pouvait bien être l'objet de ses maux. Et tout d'un coup, je compris, la guerre, voici ce qu'était son trouble.

Alors elle aussi était touchée, elle aussi faisait des cauchemars ? Cette Hermione Granger, qu'on pensait indestructible, intouchable était en fait aussi faible que nous tous. Plus le temps passé plus la situation s'aggravé, des larmes coulaient, elle s'agitait de plus en plus, poussant des cris. Cela se voyait qu'elle souffrait.

Que pouvais-je faire ? Personne ne m'a réconforté, et je n'ai jamais eu besoin de réconforter quelqu'un. Je regardais cette scène impuissant me demandant si je devais agir ou la laisser souffrir de son rêve qui devait être des plus ignobles. Ses cris provoquaient une drôle de sensation chez moi, une sorte de besoin urgent de la rassurer, de la protéger de ses spectres qui la hantaient. Comment de tels sentiments avaient-ils pu s'immiscer en moi comme ça ? Si la sang-de-bourbe faisait des cauchemars, ce n'était pas de ma faute.

Je me souviens comment je m'étais levé d'un pas rageur et je montai dans ma chambre sans aucun regard en arrière et en ignorant pleinement les cris qui se faisaient entendre du salon. Les hurlements se faisant de plus en plus forts et fréquents. Je décidai de lancer un silencio pour enfin dormir tranquille.

Quel naïf, comme si j'allais pouvoir dormir sereinement après avoir vu Hermione dans cet état et surtout de l'avoir laissé dans son désarroi. Je me tournai dans mon lit, pensant sans cesse à cette nouvelle facette que j'avais découverte d'elle. Cette fille fragile qui ne sait plus dormir sans être hantée par ses démons. Je n'arrivai même pas à me réjouir de cette situation car j'étais dans la même… Toutes les choses mal que j'ai réalisé, tout cette haine, toute cette tristesse, tout ce chao, tout ça revenait s'immiscer dans ma tête. Je ne supportais plus mes pensées et je décida donc de prendre une potion de nuit sans rêves, peut-être que l'autre l'idiote devrait pensée à cela.

Si seulement cette nuit-là j'avais su que ça ne serait que le début. De ma chambre je pouvais entendre ses hurlements, ses gémissements, ses plaintes. Je pouvais tout entendre. Et ça me rendait fou, peu à peu je compris que je devais agir.

Et me voilà maintenant, Drago Malfoy, essayant de savoir comment je pourrai faire pour l'aider à sortir de cette obsession alors que moi-même je n'arrivais pas à m'en sortit. Je me hais de me sentir aussi faible, mais depuis cette fameuse nuit, mon regard sur elle à changer. Je me rends compte qu'elle est pas si désagréable à regarder, elle est même l'une des plus jolies filles que j'ai vu. De part son charme et sa personnalité. Je hais cette fille, je hais cette fille d'être meilleure que moi, je hais cette fille pour être brillante, altruiste, sociable, rieuse, chaleureuse. Mais mon dieu que cette fille m'obsède. Je ne peux m'empêcher de voir son visage brisé par la tristesse, ce visage qui apparaît dans mes cauchemars, dans mes rêves, dans chaque chose.

Et quand je la regarde là, le nez dans son livre, le front légèrement plissé par la concentration, je me dis qu'elle mérite d'être heureuse, elle mérite d'être paisible, et quand je la vois sourire, je ne peux m'empêcher d'être soulagé. Comme si un lien indéfinissable c'était mit entre nous, sauf qu'elle ne le sait pas, ne le ressent pas mais il est bien présent. Si mon apaisement dépend du sien, alors je ferai tout pour qu'elle soit libérée de tous ses démons.