Hey!
Je ne sais pas qui passera par là mais ça fait un bout de temps que cette histoire me trotte dans la tête alors il était temps qu'elle sorte.
Ce n'est qu'une petite fabulette sans prétention, juste une petite histoire qui fait du bien alors il ne faut pas s'attendre à quelque chose d'aussi long que sur mes deux autres fictions. Celle-ci ne fera que 11 ou 12 chapitres, déjà presque tous écrits car, n'ayant plus beaucoup de temps pour ça, j'ai préféré avoir quasiment fini pour commencer à partager. Donc la publication ira vite.
Alors, si certaines se rappellent de moi et ont envie de profiter de l'occasion pour me faire un petit coucou et me dire ce qu'elles pensent de tout ça, ce sera un plaisir de renouer avec vous l'espace de quelques chapitres.
Biz
Lily
1- New beginings
Pov Bella
« Je n'en reviens pas que nous soyons là ! » s'extasiait une nouvelle fois Alice en virevoltant de la table basse à un tiroir puis du tiroir à son sac à mains pour disparaitre à nouveau dans la pièce voisine et revenir pour fourrer un nouveau tube de rouge à lèvres ou un autre cahier dans sa besace.
J'observai son curieux manège d'un œil blasé par l'habitude et une longue pratique d'Alice Cullen.
« Non mais tu te rends compte ? » poursuivit-elle en changeant pour la cinquième fois de veste sans se formaliser de mon manque de réaction. « Toi. Moi. Toi et moi, Bella !
- Ouais… Vive nous ! » lâchai-je sans entrain en terminant mon verre de jus de fruit que je reposai sur la petite table devant moi en faisant bien attention à ne pas faire de trace sur le bois.
Mon amie tourna un regard faussement agacé vers moi et me rejoignis en quelques enjambées extraordinairement rapides étant donnée la hauteur de talon sur laquelle elle était perchée. Elle m'agrippa par les épaules et plongea ses yeux bleus déterminés et excités dans les miens.
« Tout ce que nous avons fait ces dernières années n'avaient d'importance que pour arriver à cette journée. » dit-elle avec sérieux. « Toutes ces années à mourir d'ennui à Forks, nous les avons endurées pour voir ce jour arriver. Ne renie pas notre chemin de croix Bella. »
Son discours exagéré m'arracha enfin un sourire qui se refléta immédiatement sur son visage et dans ses yeux qui se mirent littéralement à pétiller.
« Université de Seattle, nous voilà ! Youhou ! » s'écria-t-elle.
« Youhou ! » répétai-je en écho, gagnée par sa bonne humeur.
Alice était mon amie depuis toujours. Nous avions grandi à cinquante mètres l'une de l'autre dans la petite ville de Forks. Elle, dans l'imposante demeure de ses médecins de parents et moi dans la petite bicoque de mon vieux flic célibataire de père. Pourtant nos origines sociales n'avaient jamais été un frein à notre amitié : elle me prêtait ses innombrables poupées et je nous inventais des destins extraordinaires dans les cabanes que nous improvisions dans les haies de son immense jardin.
Nous étions inséparables depuis la maternelle et il n'avait jamais été question que nous nous séparions sur le chemin de la fac. Alors quand nous avions été toutes les deux admises à l'université de Washington nous avions évincé automatiquement toute autre opportunité.
Et elle avait raison.
Ça y était.
Nous y étions.
Elle et moi.
Prêtes à commencer ensemble avec nos premiers cours cette nouvelle vie qui s'offrait à nous… A ceci près qu'il m'avait fallu grand maximum vingt minutes pour me préparer, quitter ma petite chambre dans la cité universitaire et venir la retrouver en métro. Alors que cela faisait presque une heure que je la regardais papillonner comme une libellule sous acide dans la maison qu'elle partageait avec…
« Bon, c'est pas le tout les biches, mais votre carrosse va finir par se transformer en citrouille si vous n'êtes pas assises dedans dans les prochaines cinq minutes ! »
… lui.
J'avalais difficilement ma salive.
Lui, c'était Edward Cullen.
Le frère d'Alice, enfin c'était tout comme, et le propriétaire de cette maison.
Le chauffeur officiel qui allait nous introniser dans cette nouvelle vie universitaire qu'il pratiquait lui-même depuis de longues années.
Et l'homme dont j'étais secrètement amoureuse depuis onze ans, cinq mois et vingt-huit jours.
Pathétique, je sais.
Pourtant je gardai un souvenir à jamais ancré en moi de ce jour. Je venais d'avoir sept ans, j'étrennais avec fierté la bicyclette rose que Charlie m'avait offerte en faisant le court trajet de notre garage jusqu'à la terrasse des Cullen pour la montrer à Lili. Mais mon chemin s'était arrêté bien avant.
J'étais à peine arrivée dans l'allée des Cullen que, emportée par la vitesse, j'avais perdu le contrôle de mon vélo et fini ma course en dérapant sur les pavés, la bicyclette d'un côté, moi de l'autre.
Mes genoux et mes mains étaient écorchés, mon pantalon déchiré. Mais, plus que tout, je me rappelais que c'était mon amour propre qui en avait pris un coup à l'idée de finir une fois de plus dans le bureau du docteur Cullen à me faire rafistoler.
Alors j'avais pleuré.
Et ce fus à ce moment que je l'avais entendue pour la première fois. La voix la plus douce et la plus apaisante que j'avais jamais entendue.
Penché sur moi, ce tenait un garçon que je n'avais jamais vu.
Il était grand, très grand.
Le soleil se reflétait dans ses cheveux presque roux. Son visage était crispé, comme s'il était en colère, mais je savais que ce n'était pas ça car je reconnaissais l'inquiétude dans ses yeux verts, la même que montraient les adultes à chaque fois que je me cassais la figure. Pourtant ce n'était pas un adulte.
« Tu vas bien ? » s'était-il inquiété en s'agenouillant à côté de moi pour regarder la blessure à mon genou puis prendre mes mains dans les siennes pour observer mes paumes avant de soupirer de soulagement.
J'étais muette.
Je ne pleurais plus.
Je m'étais demandé qui était cet ange qui volait à mon secours.
« Le chat a volé ta langue ? » s'était-il amusé face à mon silence.
J'avais fait non avec la tête.
« Tu penses que tu peux te lever ? »
J'avais fait oui avec la tête.
Il m'avait aidée à me remettre sur mes pieds sans lâcher mes mains. Je n'arrivais pas à détourner mes yeux des siens.
« Tu as un nom ? »
J'avais opiné à nouveau.
« Et tu veux bien me le dire ? »
J'étais restée toujours incapable de prononcer le moindre mot, hypnotisée par son regard vert profond et la chaleur de ses mains enserrant doucement les miennes.
« S'il te plait ? » avait-il insisté de sa voix de velours.
On m'avait toujours dit qu'il fallait être polie, que ce « s'il te plait » était la formule magique pour obtenir ce que l'on voulait. J'avais alors réalisé que je ne voulais pas que cet ange soit déçu de ne pas obtenir ce qu'il souhaitait. Alors j'avais carré les épaules pour me donner de l'assurance avant de répondre.
« Je suis Be… Be... Swan. »
Il avait souri et mon cœur s'était mis à battre fort et mes joues à chauffer.
« Je suis enchanté de te connaitre, Bébé Swan. Je m'appelle Edward Cullen. »
Il m'avait ensuite conduite au docteur qui avait mis un pansement sur mon genou et s'était assuré que ma bicyclette n'avait rien avant de m'envoyer jouer avec Alice. Mais je ne voulais plus jouer. Je voulais rester avec Edward.
Et ce désir ne m'avait plus jamais quittée.
Heureusement pour moi, l'occasion se présenta souvent.
Edward était le neveu du docteur Cullen, le fils de son frère, et il était subitement devenu le centre de mon univers, le prince charmant de mes histoires, le chevalier en armure qui allait me sauver de tous les dangers et avec qui je me marierais et aurais beaucoup d'enfants.
A sept ans, les raisons de sa brusque apparition dans nos vies m'importaient peu. Il était là, et c'était tout ce qui comptait.
J'avais appris plus tard que son père, après une longue maladie, était décédé quelques semaines plus tôt et que, étant donné que sa mère n'était plus de ce monde depuis déjà de longues années, c'était son oncle Carlisle qui avait proposé d'accueillir chez lui cet adolescent de quinze ans.
Edward aurait pu être révolté par la vie, perturbé et difficile à vivre. Il en aurait eu le droit.
Mais ce ne fut pas le cas.
Il était sérieux, se fit rapidement des amis et s'intégra très bien à sa nouvelle famille. La seule fois où j'en avais parlé avec Alice, bien des années plus tard, elle m'avait dit qu'il avait déjà eu à faire le deuil de sa mère quand il était petit et que la maladie de son père lui avait laissé le temps de se préparer à l'inévitable. Il avait toujours été reconnaissant envers son oncle et sa tante de lui avoir évité les foyers d'accueil et de l'avoir très vite considéré comme leur fils.
D'ailleurs, Alice n'en parlait jamais comme de son cousin, mais comme son frère.
Elle l'adorait presque autant que moi. Pourtant, jamais je ne lui avais avoué que j'étais amoureuse de lui.
Plutôt mourir que de confronter mes rêves à la réalité.
Et la réalité me satisfaisait.
Malgré notre différence d'âge, Edward semblait aimer passer du temps avec nous quand il était à la maison. Il nous aidait à faire nos devoirs, il nous accompagnait au parc d'attractions…
Vers l'âge de neuf ans, je commençai à conserver précieusement des petits objets qui me rappelaient Edward : une pâquerette qu'il avait retiré de mes cheveux après une énième chute dans l'herbe, le ticket du cinéma quand il nous avait emmenées voir Le Roi Lion, des dizaines de cocottes de toutes les couleurs qu'il ne pouvait s'empêcher de bricoler dès qu'un morceau de papier lui tombait sous la main … Je gardais bien cachées ces reliques dans une boite à chaussures dans le fond de mon armoire.
Et puis un jour, Edward était parti à l'université et mon monde s'était écroulé.
Oh, il n'était pas parti bien loin. Le cursus littéraire de l'université de Seattle promettait des opportunités intéressantes et la petite maison dont il avait hérité de son père lui permettait de se loger gratuitement.
Mais, à onze ans, Seattle me paraissait le bout du monde.
Au départ, il revenait presque chaque week-end et, pendant ces deux courtes journées, il essayait de passer le plus de temps possible avec Alice, et donc avec moi. Mais, le temps passant, ses visites s'étaient espacées. Il n'était plus revenu qu'une fois par mois, puis seulement pendant les vacances. Et finalement, il ne rentrait plus que quelques jours pour les fêtes de fin d'année et parfois un peu pendant les vacances d'été.
Les excuses pour être dans les parages à chacun de ses passages n'étant pas toujours valables, je ne le voyais presque plus.
Pourtant, je restai incapable de l'oublier.
Il était resté l'aulne à laquelle je comparais tous les autres.
C'était à lui que j'avais pensé quand Tyler avait fourré sa langue dans ma bouche derrière le gymnase du lycée, puis quand Eric m'avait invitée au restaurant ou au cinéma avant de me peloter dans la voiture de son père.
J'avais bien essayé de le chasser de mes pensées quand j'avais suivi Mike dans une chambre d'hôtel après le bal de promo…
J'avais vécu, j'avais fréquenté des garçons de mon âge, de gentils garçons qui n'avaient jamais profité de moi mais à qui je n'avais jamais pu vraiment m'attacher.
Parce qu'ils n'étaient pas lui.
Je mentirais en affirmant qu'il n'était pour rien dans mon choix de venir étudier dans cette ville, même si je m'étais persuadée que, quand je le reverrais ce matin, neuf mois et quatre jours après la dernière fois que nous nous étions croisés, brièvement, dans le patio des Cullen avant qu'il ne parte en soirée avec de vieux amis de lycée, je ne serais pas une nouvelle fois foudroyée par mon amour pour lui.
Et c'est pourtant bien ce qui se produisit quand je posai mes yeux sur lui.
« Je suis prête ! » pépia Alice.
« A la bonne heure ! » soupira-t-il. « Il va vite falloir que tu trouves un autre moyen de transport parce que je ne vais pas pouvoir assumer longtemps ces heures d'attente dans ma voiture.
- Toi aussi tu m'as manqué. » chantonna-t-elle en lui déposant un baiser sonore sur la joue avant de disparaitre dans l'entrée.
Il secoua la tête en souriant avec indulgence puis porta son regard sur moi, me clouant sur place bien plus efficacement que quand je sortais de la boite à chaussures la photo de lui que j'avais chipée chez les Cullen l'été dernier.
« Allez, Bébé Swan, en voiture. » me lança-t-il avec un clin d'œil.
Bébé Swan.
Voilà comment Edward me voyait, comme la petite fille au jean déchiré et aux paumes écorchées…
J'avais longtemps adoré qu'il me donne ce surnom, maintenant il me donnait juste envie de mourir.
Pov Edward
Il me fallut quelques semaines pour vraiment m'habituer à l'intrusion d'Alice dans ma vie, dans ma maison.
Et dans ma salle de bain.
J'avais quitté le domicile familial depuis de nombreuses années et je me satisfaisais très bien de ma vie de célibataire. Mais je ne m'étais même pas posé la question quand elle m'avait annoncé son admission à WSU : elle viendrait s'installer avec moi.
C'était dans la logique des choses. Ses parents m'avaient offert un toit quand je m'étais retrouvé seul. C'était tout naturellement que j'avais proposé à Alice une place sous le mien.
La maison de mes parents n'était pas immense mais elle comptait deux chambres et était bien assez spacieuse pour nous deux.
Enfin… c'était ce que je pensais avant de la voir débarquer avec ses douze valises, ses vanity et ses cartons à chaussures…
J'avais maintenant tout juste assez de place pour poser ma brosse à dents sur le lavabo de la salle de bain mais j'avais fini par en prendre mon parti.
Et puis, Alice m'avait manqué, tout comme son rire, ses remarques espiègles et ses pyjamas roses.
On était début Octobre maintenant, et, après presque un mois, nous avions repris nos marques l'un avec l'autre. Le lundi, je les emmenais, elle et Bébé Swan, à l'université où je me rendais aussi pour mon rendez-vous hebdomadaire avec le professeur Banner, mon directeur de Thèse. Le reste de la semaine, on se croisait à la maison ou sur les allées du campus, jusqu'au jeudi soir où nous avions rendu obligatoire notre soirée pizza. Ce moment, seulement elle et moi, était devenu un de mes préférés.
C'était peut-être aussi lié au fait que c'était le seul soir de la semaine où je ne travaillais pas au Mc Carty's.
Et oui, la maison ne me coûtait peut-être rien mais il fallait bien se nourrir et se chauffer.
Mais je ne me plaignais pas, ce job était un job de rêve, même si je ne comptais pas en faire ma vocation. Le Mc Carty's était un Pub sur Post Avenue dont mon pote Emmett et moi avions littéralement poli les tabourets de bar pendant nos premières années de fac.
Le patron était un cousin d'Emmett et le fait qu'il nous faisait très régulièrement crédit jouait évidemment en la faveur de son bar, en plus du fait que les concerts y étaient excellents, l'ambiance étudiante délirante et la bière pas chère.
Il y avait deux ans, le cousin s'était amouraché d'une New Yorkaise et avait commencé à projeter d'ouvrir là-bas un restaurant avec sa nouvelle compagne. Mais il ne voulait pas vendre le Mc Carty's à n'importe qui. Emmett s'était porté acquéreur et son cousin avait été ravi que le bar reste dans la famille.
Emmett m'avait proposé une place, cette fois derrière le comptoir, et j'avais accepté. Les horaires de soirée me permettaient de me consacrer à ma thèse pendant la journée et de passer les meilleurs heures de la nuit avec mes potes ou avec les jolies filles qui appréciaient tout particulièrement la piste de dance qu'Emmett avait eu l'idée d'installer pour rendre les fêtes encore plus mémorables.
Bref, j'aimais ma vie sous tous ses aspects.
C'était ce que je me répétais encore alors que j'essuyai méthodiquement des verres avant de les remettre sur l'étagère derrière moi, prêts à être remplis de Guinness, de Vodka ou de Gin Tonic à la demande. Il n'était que dix-sept heures, le bar était quasiment vide hormis quelques étudiants qui aimaient venir profiter de l'ambiance feutrée qui régnait ici en fin d'après-midi pour venir réviser au calme ou se bécoter sur une banquette.
« Hey, beau gosse ! Deux limonades qui marchent ! » m'interpela une voix qui me fit sursauter et presque lâcher le verre que je tenais.
« Alice, bon sang ! Ça ne se fait pas de surprendre les gens comme ça ! » m'offusquai-je.
Ma sœur se hissa d'un bond sur le comptoir pour venir faire claquer un baiser sonore sur ma joue.
« Rhoo, ne fait pas ton rabat-joie. Tu n'es pas content de me voir ? »
Je levai à peine les yeux vers elle pour la faire enrager et répondis comme si je n'en avais rien à foutre.
« Qu'est-ce que tu fiches ici. Tu ne devrais pas être à la maison en train de regarder Dora l'exploratrice ? »
Elle partit de son petit rire flûté qui m'arrachait immanquablement un sourire, quoi que je fasse pour le retenir.
« Range tes crocs, Cullen. Je voulais juste montrer à Bella où tu travailles. »
Je levais alors le nez de mon torchon et croisai les grands yeux chocolat de Bébé Swan.
Elle portait un jean moulant et un tee-shirt fluide légèrement décolleté en partie caché par sa longue chevelure brune. Une vraie petite étudiante de première année. Mais il n'y avait rien à faire, elle ne changeait pas.
C'était peut-être ce regard rêveur, le rose sur ses joues ou tout simplement cette allure pure et chaste, mais elle restait Bébé Swan malgré les années. Et ce constat était presque rassurant, apaisant.
Je lui souris en lui faisant un clin d'œil pour la saluer et elle me renvoya son éternel sourire timide.
Exactement ce que je disais : pure et chaste. A mille lieux de toutes les autres filles que je voyais défiler ici et qui n'éveillaient pas assez d'intérêt en moi pour que je leur accorde mon attention plus d'une nuit ou deux.
Bébé Swan, comme Alice, était une des constantes de ma vie. Tous les souvenirs heureux que j'avais, ceux des mois au cours desquels j'avais reconstruit ma vie, loin de la douleur du deuil et de la maladie, étaient associés à ces deux petites filles.
« Et puis il nous faut un point de chute pour nos futures soirées de débauche. » continuait Alice sans trop que je ne sache de quoi elle était en train de parler. « Allez, au boulot, Cullen ! Et que ça brille. Nous on va s'asseoir là-bas. »
Et déjà, sans que j'ai pu en placer une et sans que ça la dérange le moins du monde, Alice entrainait son amie par le bras vers une table à l'autre bout de la salle principale où elles s'installèrent et sortirent quelques livres qu'elles étalèrent devant elles.
Ça me faisait bizarre de les voir là. Encore une facette de ma vie qui allait être transformée par la tornade Alice Cullen mais, à tout bien réfléchir, je préférais les savoir là où je pouvais garder un œil sur elles que dans n'importe quel club de Seattle. Alors, un léger sourire aux lèvres, je me remis au travail sans plus leur accorder d'attention.
Quelques minutes plus tard, Emmett vint s'accouder à côté de moi.
« Yo, quoi de neuf ? » demanda-t-il en laissant trainer son regard sur la salle dont les tables commençaient à se remplir tout doucement.
« Tout est vieux, mon pote. » répondis-je. « Toujours la même rengaine : Bud, Guiness, Bud, Guiness… Je m'ennuie. Personne ne m'a même encore demandé un petit cosmopolitan pour me sortir de ma monotonie. »
Emmett partit de son rire de stentor avant de se stopper brusquement et de lâcher un sifflement approbateur.
« Whow whow whow ! Tu me fais des cachotteries maintenant ? »
Ne comprenant pas, je suivis la direction de son regard mais ne vis pas où il voulait en venir.
« Les deux beautés là-bas. » précisa-t-il en accompagnant sa phrase d'un coup de menton vers Alice et Bella. « Tu voulais me les cacher, hein ? Foutu égoïste, tu pourrais bien partager ! »
Je lui envoyai une bourrade dans l'épaule.
« Hé ! Ta gueule ! C'est ma sœur ! »
Il écarquilla les yeux.
« Ta sœur ? Non non non… Ta sœur n'est pas plus haute que ça. » dit-il, catégorique, en mettant une main en repère au niveau de son nombril.
Il était vrai que ça faisait longtemps qu'il ne l'avait pas vue.
« Et bien elle a grandi. » rétorquai-je d'un ton sans appel. « Alors garde tes yeux et surtout tes mains dans tes poches. »
Il leva immédiatement les deux mains en signe de reddition.
« Excuse, mon vieux. T'as raison, la famille, c'est sacré. »
Je grommelai un truc indistinct en réponse, à mi-chemin entre le « mouais » et le « vas te faire foutre ».
Nullement fâché, il reprit sa place, appuyé des deux coudes contre le bar, pliant presque en deux son imposante stature de rugbyman. C'était l'avantage avec Emmett, il était mon boss mais, avant tout, il était mon ami et je pouvais me permettre de lui parler sur un ton que les autres ne pouvaient même pas imaginer employer avec lui. Au pire, si je le fâchais vraiment, je me prendrais son poing dans la figure et on n'en parlerait plus.
Pour l'heure, je pensais que le sujet était clos, mais c'était mal connaitre Emmett Mac Carty.
« Si l'une est ta sœur… » reprit-il en s'assurant bien que je l'avais entendu. « Par contre, l'autre est…
- C'est tout comme ! » le coupai-je avant qu'il n'ait le temps de finir sa phrase. « C'est Bébé Swan. »
Sans se redresser, il tourna vers moi un regard aux sourcils froncés.
« Ça devient un peu trop compliqué pour moi cette histoire. » se moqua-t-il. « Tu veux bien préciser ? »
Je soupirai lourdement pour bien lui faire comprendre qu'il me faisait chier et qu'il fallait qu'il garde ses distances.
« C'est une copine d'Alice. Elles se connaissent depuis toujours. J'ai grandi avec elles… en quelque sorte. » tentai-je, espérant qu'il allait me laisser tranquille maintenant.
« Et elle s'appelle Bébé Swan ? » se moqua-t-il.
« Oui… Enfin non ! » soupirai-je à nouveau, bien agacé maintenant. « C'est Bella, mais on l'a toujours appelée comme ça.
- Et bien en voilà une qui porte bien son nom. » commenta-t-il en regardant à nouveau dans leur direction.
« Exactement. » approuvai-je, enfin content qu'il aille dans mon sens. « Ce ne sont que des gamines. »
Il se redressa de toute sa hauteur en souriant.
« Non. Bella. » me corrigea-t-il. « Son nom lui va à ravir. »
Je grognai en secouant la tête. Il était incorrigible.
« Tu n'es qu'un vieux pervers avide de chair fraiche. » lançai-je, à nouveau énervé qu'il porte ce regard sur ma sœur et son amie.
« Je ne sais pas à quoi elle ressemblait quand elle était gosse, mais je peux t'assurer que le vilain petit canard est devenu un cygne superbe avec un petit cul d'enfer ! » me lança-t-il en me faisant à nouveau un signe de tête dans la direction des deux filles avant de quitter mon espace vital pour regagner son bureau.
Incrédule face à son comportement, je suivis son regard juste assez rapidement pour pouvoir observer Bébé Swan se diriger vers les toilettes, sa longue chevelure se balançant au rythme de sa démarche chaloupée et gracieuse.
Bien malgré moi, mes yeux glissèrent plus bas.
Merde.
C'était pourtant vrai que Bébé Swan avait un petit cul d'enfer.
