Les apparences sont parfois trompeuses
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La jeune fille qui s'observait dans le miroir sourit, reposant le rouge à lèvre discret qu'elle venait d'appliquer sur ses lèvres. Parfait. Elle était presque prête.
Attrapant la petite trousse posée sur la table basse de la chambre dans laquelle elle se trouvait, elle rehaussa ses cils à l'aide de mascara et sublima son regard grâce à son fard à paupières noir, qui tranchait magnifiquement avec ses yeux d'un bleu océan. Se regardant de nouveau, elle sembla s'interroger un instant. Sa bouche se pinça légèrement, pour finalement se transformer en un nouveau sourire. C'était très bien comme ça.
- Lily ! On y va !
La dénommée Lily rejeta sa cascade de cheveux roux en arrière, remonta légèrement sa robe bustier, fit quelques pas avec ses chaussures à talons haut sans cesser de regarder son reflet dans la glace puis, finalement, sortit de la pièce.
- Oui, papa ! J'arrive !
Prenant grand soin de ne pas tomber, elle descendit avec précaution les marches qui menaient au hall d'entrée, où ses frères et son père l'attendaient. Scrutant sa fille avec attention, ce dernier siffla doucement, impressionné.
- Et bien, ma chérie ! Tu es magnifique !
- Merci, répondit-elle en rougissant.
Elle était peu habituée à ce qu'on la complimente sur son physique. Elle se savait jolie, mais s'en moquait, et ne faisait jamais beaucoup d'efforts pour s'habiller. Mais ce soir, tout était différent.
- Où est maman ?
- Elle arrive, elle nous a dit de l'attendre dans la voiture.
Lily acquiesça, et suivit sa famille au dehors.
L'air était chaud et sec, le ciel dégagé. C'était une belle soirée de fin d'été et la température -légèrement élevée pour la saison- enchantait Lily. Elle adorait l'hiver, mais avait toujours préféré la chaleur. Son père disait d'ailleurs que c'était de là que lui venait son tempérament de feu.
Ses talons claquèrent sur le pavé lorsqu'elle marcha dans l'allée de pierre au milieu du jardin de sa maison. Il ne faisait pas aussi chaud qu'elle l'avait tout d'abord pensé, et elle frissonna légèrement au contact du début de soirée sur sa peau nue. Le plus grand de ses frère le vit et enleva sa veste de smoking pour la placer sur les épaules de sa sœur.
- Merci, Jamie.
Le jeune homme lui répondit par une pression sur le bras et par un clin d'œil à l'entente du surnom qu'elle était la seule à lui donner. Il la dépassa pour aller ouvrir le portail les séparant de la rue moldue au dehors, et Lily le détailla avec un sourire. Il avait toujours fait plus que son âge, mais le temps l'avait encore plus vite fait grandir au cours des derniers mois le séparant de ses 20 ans.
Il avait tout de suite été son frère préféré, songea t-elle, alors qu'il lui tenait la petite porte ouverte. Elle adorait Albus également, mais ça avait été James... Ça avait toujours été James. Qui la protégeait, qui lui expliquait la vie, qui la soignait lorsqu'elle se blessait... Malgré leurs trois années d'écart, ils s'étaient apprivoisés, pour parvenir à obtenir une relation complice que beaucoup leur enviaient.
Elle sortit au dehors et il la suivit. Ils rejoignirent rapidement leur frère et leur père, qui attendaient près de la voiture.
- Montez, les enfants.
Avec un sourire et songeant que jamais le grand Harry Potter ne les verrait grandir, James, Albus et Lily obtempérèrent. Ils se placèrent tous trois à l'arrière du véhicule, la jeune fille au milieu des deux garçons. Leur père s'installa au volant, et mit le moteur en marche au moment où ils entendirent la porte se fermer et de nouveaux talons claquer le long de l'allée. La portière avant du passager s'ouvrit, et une femme à la chevelure aussi rousse que sa fille s'installa sur le siège. Elle adressa un sourire rayonnant à ses enfants, se pencha vers son mari pour lui déposer un baiser sur la joue qui le fit comme à chaque fois rougir, puis attacha sa ceinture.
- On peut y aller !
- Tu es magnifique, maman.
- Merci, ma puce. Toi aussi !
Les deux femmes échangèrent un regard rempli de tendresse et Lily tendit la main entre les sièges pour aller brièvement serrer celle de sa mère.
- Elle a raison, Gin' ! fit remarquer Harry en faisant reculer la voiture le long de la rue. J'adore cette robe.
Pour toute réponse, Ginny Potter sourit. Avec tendresse, elle posa ses longs doigts fins sur la joue de son mari qu'elle caressa doucement, à l'endroit exacte où elle l'avait embrassé quelque seconde plus tôt. Amusée, Lily vit qu'il avait le plus grand mal à se concentrer sur la route.
- On va avoir un accident ! s'exclama malicieusement Albus.
Harry rougit de nouveau à la remarque enfantine de son fils et sa femme arrêta son geste, rieuse. La jeune Potter regarda ses parents avec tendresse. Ils étaient pour elle l'image même du couple parfait. Jamais elle n'avait vu deux personnes aussi amoureuses, aussi soucieuses l'une de l'autre. Ils allaient fêter leur 23ème anniversaire de mariage dans deux semaines, mais rien n'avait changé. Lily avait toujours regardé avec une fascination sans borne les yeux de son père changer du tout au tout lorsqu'il voyait Ginny. L'or autour de sa pupille se mélangeait à l'émeraude de ses prunelles et il semblait que l'intégralité de son iris fondait. Quant à sa mère, son corps était un véritable satellite de celui de son mari. Elle bougeait lorsqu'il bougeait, souriait lorsqu'il souriait. Et son regard s'allumait dès qu'il était dans son champ de vision. Mais le plus beau, selon la jeune fille, était leur pudeur. Comme si leurs sentiments étaient tellement purs, tellement nobles que personne ne pouvait comprendre et qu'il fallait donc les garder pour eux. Elle avait grandi dans cette image d'un amour parfait, et savait qu'il lui serait difficile de l'égaler. Elle avait un modèle si compliqué qu'il lui paraissait impossible de le reproduire. Parfois, elle leur en voulait pour ça.
- On est arrivé ! annonça soudainement Harry.
Lily sortit brusquement de ses pensées. Elle n'avait pas vu le temps passer, occupée à réfléchir, et ne s'était pas rendue compte des longues minutes écoulées.
- Où sont-ils ? demanda t-elle en se penchant vers Albus pour regarder à la fenêtre tout en se détachant.
- Je ne les vois pas, répondit son frère en observant à son tour les environs.
- Lily ! la réprimanda sa mère. Tu n'es plus une enfant, assieds-toi immédiatement !
Poussant un soupir, la jeune fille obéit. Quelques secondes plus tard, son père garait la voiture sur une place libre, et James ouvrait sa portière arrière. Lily en profita pour descendre à sa suite et -essayant malgré ses hauts talons de se grandir encore un peu plus- balaya des yeux le vaste jardin du manoir devant lequel ils se trouvaient désormais.
- Ils vont arriver, ne t'inquiètes pas.
Ginny venait de poser sa main sur l'épaule de Lily et lui souriait doucement. Cette dernière acquiesça, inquiète malgré tout.
- Mais Hermione disait que Ron ne voulait pas venir !
- C'est un grand garçon ! Ils peuvent sortir sans lui. Et puis : as-tu déjà vu ton oncle obtenir quelque chose contre la volonté de ta tante ?
- Non, c'est vrai ! répondit Lily en riant. Elle est encore plus têtue que toi.
- Eh !
Hilare à son tour, la plus âgée tapota la joue de sa fille en souriant, avant de lui donner une claque sur l'arrière de la tête.
- Eh ! protesta Lily en imitant sa mère
Elle esquiva le deuxième coup de Ginny avec un sourire, et les deux femmes échangèrent un regard complice et malicieux.
- Vous venez ?
Harry était arrivé près d'elles, ses deux fils à côté de lui. Sa femme acquiesça, passa son bras sous le sien, et le couple s'éloigna lentement. Albus les suivit, les mains dans les poches de son jeans. La veste de son frère toujours sur les épaules, Lily, elle, ne bougea pas.
- Tu es sûre de ne pas vouloir rentrer à l'intérieur ? demanda James.
- Certaine ! Je vais les attendre ici.
- Surtout un, pas vrai ? la taquina le brun.
Lily sourit, mais ne répondit pas. James lui embrassa le front puis rattrapa ses parents en quelques enjambés, ébouriffant les cheveux de son petit frère au passage. Lily les regarda tendrement se diriger vers l'immense maison, à quelques minutes de marche. Puis, se tournant, elle observa le paysage autour d'elle, les yeux brillants. Elle avait toujours adoré les grandes propriétés, et le parc de ce quasi château rentrait tout à fait dans ses goûts. Il était magnifique, avec ses fontaines et ses bosquets impeccablement taillés. Sa résidence n'était pas petite, loin de là, mais elle ne pourrait jamais rivaliser avec celle-là, se dit-elle.
Le manoir Malefoy était tout simplement magnifique.
- Fleur de Lys !
Il n'y avait qu'une seule personne au monde qui l'appelait comme ça. Elle se retourna vivement, les joues soudainement roses de joie. Sans se soucier de la foule, des bruits de son cœur qui battait la chamade, de la veste de James qui glissa par terre, de ses talons hauts qu'elle n'était pas habituée à mettre, elle se mit à courir. Et avant même qu'elle en prenne conscience, deux bras se refermèrent sur elle et l'étreignirent, tandis que des lèvres chaudes se posèrent comme d'ordinaire sur son front avec tendresse.
- Tu m'as manqué, dit-elle simplement.
Elle n'avait rien d'autre à dire. Elle le sera dans ses bras aussi fort qu'elle le pouvait, remarquant avec un sourire que malgré ses quinze centimètres en plus, elle était toujours plus petite que lui. Elle le laissa la bercer doucement, alors qu'elle posait sa tête contre son torse pour profiter de son odeur qu'elle connaissait par cœur.
- Toi aussi, répondit Hugo Weasley.
Ils se séparèrent et leurs regards se croisèrent un instant, avant que la bouche de son cousin ne trouve de nouveau le chemin de son front. Lily éclata de rire. Elle était tellement contente de le retrouver !
- Je suis heureuse de te voir ! Comment vas-tu ?
- Beaucoup mieux maintenant, lui répondit-il en souriant. Et toi ?
Elle adorait son sourire.
- Même chose, répliqua t-elle.
- Coucou, Luna !
Une vague d'irritation envahit aussitôt Lily, mélangée à une étrange envie de rire.
- Tu ne changeras jamais, toi !
Elle se retourna et fit la bise au jeune homme brun qui se tenait derrière elle. Il lui adressa un clin d'œil.
- Je sais que tu adores que je t'appelle comme ça, alors pourquoi m'en priverai-je ?
- Tu peux le frapper, Fleur de Lys, si tu veux ! déclara Hugo avec un sourire. Ce n'est pas parce que c'est mon meilleur ami qu'il peut tout se permettre.
- Je suis ta meilleure amie. Tu le laisserais faire ?
- Evidemment que non ! Mais je t'aime plus que lui.
Faisant mine d'être outré, Clément Agostini frappa gentiment l'épaule de Hugo tandis que la rousse éclatait de rire.
- Je plaisante, Clém' ! déclara le jeune Weasley, une lueur amusée dans ses yeux chocolat. Je t'adore.
- J'espère bien ! répondit l'intéressé.
Il passa un bras autour des épaules de Lily qui le repoussa immédiatement, énervée.
- Pour qui te prends-tu ? Ne fais pas ça, d'accord ?
- C'est bon, arrêtez ! s'écria Hugo en voyant que Clément allait répondre. Vous pouvez passer une seule soirée sans vous disputez ?
Lily et Clément échangèrent un regard noir, mais acquiescèrent en silence.
- Salut, Lily !
L'interpellée se retourna, et sa cousine s'avança vers elle pour lui déposer un baiser sur la joue.
- Ça fait longtemps ! déclara la plus âgée des deux. Comment vas-tu ? Et James et Albus ?
- Nous allons tous bien, répondit la fille Potter.
Les deux jeunes femmes échangèrent un regard. Elles avaient beau être de la même famille, elles n'avaient jamais été vraiment proches. Brisant la tradition ancestrale, Rose avait été envoyée à Poufsouffle. Son père avait eu beaucoup de mal à l'accepter, et la relation de l'écolière avec ses parents s'était dégradée. Une fois sortie de Poudlard, deux ans plus tôt, elle s'était empressée de partir du cocon familial et s'était engagée dans une carrière de journaliste à la Gazette du Sorcier, ne revenant chez Ron et Hermione que pour noël. Cette année était différente. Elle était ici aujourd'hui, et Lily ne pouvait dire si elle en était contente.
- Je suis heureuse que tu sois venue, dit-elle malgré tout.
Rose sourit, d'une manière qui laissait penser qu'elle n'en avait pas envie.
- Moi aussi. Bon, à plus tard !
Et sans adresser un seul coup d'œil à son frère, elle se dirigea vers le manoir.
- Toujours aussi charmante, commenta simplement Clément.
Hugo eut un petit rire. Il n'avait jamais beaucoup aimé sa sœur non plus.
- Vous venez, les enfants ?
Ron et Hermione s'avançaient vers eux. Ils avaient un sourire radieux sur le visage et lorsque sa tante ouvrit les bras, Lily ne put s'empêcher de courir s'y jeter.
- Ravie de te voir, ma puce, dit la femme brune en serrant sa nièce contre elle.
- De même ! répliqua la jeune fille.
Elle se détacha d'Hermione, fit la bise à son oncle qui posa une main sur son épaule.
- Rose est déjà partie ? demanda ce dernier.
- Oui, à l'instant.
Une lueur de tristesse passa dans le regard bleu de Ron, qui secoua la tête pour chasser ce moment de faiblesse. Il se força à étirer ses lèvres, puis tourna le regard vers l'immense maison qui se trouvait quelques centaines de mètres plus loin.
- Je n'aurais jamais songé un jour venir dans la demeure d'un Malefoy !
- La guerre est terminée, fit remarquer Hermione. Drago n'est plus notre ennemi !
Ron fit une grimace, comme à chaque fois qu'il entendait sa femme appeler celui qu'il avait tant détesté par son prénom. Cette dernière éclata de rire devant la mine outrée de son mari et lui ébouriffa tendrement les cheveux.
- Il faut que tu t'y fasses ! C'est l'anniversaire de son fils, aujourd'hui, et je refuse que tu gâches la réception par ta mauvaise humeur.
- Je te promets de faire un effort, répondit le rouquin.
Un silence s'installa quelques instants, sans que personne ne sache très bien pourquoi. Puis, décidant qu'ils n'avaient plus rien à faire ici, Lily entrelaça ses doigts à ceux de son meilleur ami, sourit à la petite assemblée devant elle, puis déclara :
- Allez. Il est temps d'entrer.
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Que peut-on découvrir lorsque le masque tombe ?
