Salut à tous et à toutes !
Bon, cette fois-ci il semble que j'ai franchi un pas dans le pairing craqué. Je n'ai aucune idée du nombre de personnes qui viendront lire ceci. Mais voilà, les idées viennent et c'était une histoire que j'avais envie d'écrire. Parce que Nick me plait beaucoup (Mark Pellegrinoooooo) et que je me suis toujours demandée ce qu'il était devenu. J'ai pris le parti de décider qu'il s'en était sorti vivant. Après, logiquement, il devrait être mort, mais cette histoire est de toute façon une UA, donc...
Le titre vient de la chanson de David Bowie reprise par Nirvana. Je l'ai écoutée en boucle durant l'écriture de cette fiction, donc si vous voulez une petite ambiance musicale, vous savez quoi chercher.
Aussi, Sam est une femme. Je ne sais pas trop pourquoi, c'est venu en écrivant. J'ai un certain faible pour les genderbends, et ce coup-ci c'est Sammy qui en a fait les frais. Cela dit, je trouve que beaucoup plus de choses auraient été directement assumées dans cette série si jamais certains personnages avaient été des femmes (petite pensées pour les fans de Destiel).
Supernatural ne m'appartient évidemment pas. Sinon, il n'y aurait jamais eu de clowns. JAMAIS. (se roule en boule sous sa couette en tremblant).
Aussi, attention : je ne compte pas lésiner sur le sang, le drama et les PTSD. Normalement, il n'y aura pas d'explosion de gore, mais je ne garantis rien. Et d'un autre côté... il y aura peut-être (et c'est un très gros peut-être) du lemon. Vous êtes prévenus, les enfants.
Normalement, cette fiction devrait durer quelques petits chapitres. J'ai prévu quatre parties, deux chapitres "réels", un prologue et un épilogue, mais ça peut encore évoluer. Pour moi, ça va être un challenge de réussir à la terminer, chose qui m'est plutôt difficile (ceux qui me connaissent sur le fandom Avengers le savent). Normalement j'ai des chapitres d'avance, donc ça devrait marcher.
Et donc, je met fin à cette note d'auteur relou et place au prologue.
Enjoy !
The man who sold the world
Prologue
Tout commence dans le Delaware, à Pike Creek. C'est une ville sans histoire proche de l'océan Atlantique, avec ses églises, son collège et ses magasins. Nick y habite depuis sa naissance et il ne partirait pour rien au monde. Ici il y a la maison de son enfance où sa mère organise des pique-niques entre voisins, sa chambre adolescente aux murs encore couverts de ses posters des Rolling Stones et les vieux amis d'école avec qui il avait monté un éphémère groupe de rock. Il y a tout ce qu'il aime et connaît et surtout, il y a Sarah Lobster.
Nick la rencontre au coin d'un parc, lors de l'été de ses dix-neuf ans. Elle a de courts cheveux bruns, des fossettes immenses quand elle sourit et ses yeux sont les plus doux qu'il ait jamais vu. Ses doigts fins effleurent les cordes de sa guitare pour en tirer la plus jolie des mélodies. Elle chante un peu, fredonne un air de Led Zeppelin et attrape son cœur sans même s'en rendre compte.
‒ "Stairway to Heaven" ?, laisse-t-il échapper.
Elle lève les yeux vers lui et son sourire est magnifique.
‒ C'est une belle chanson.
‒ Avec une belle chanteuse.
Leurs regards sont espiègles comme le sont toujours les amoureux. Autour d'eux il n'y a plus grand-chose qui compte, à part le soleil planté dans son ciel immense et le bruit lointain des voitures aux abords du parc.
‒ Je vous offre un verre ?, propose-t-il.
Elle répond que oui et c'est le plus beau jour du monde.
-oOo-
Ils se marient en 2002. Nick porte un costume pour la première fois de sa vie mais l'inconfort n'est rien face au sourire de Sarah quand il passe l'anneau nuptial à son doigt. Les cloches de l'église sont comme prises dans l'euphorie du moment, sonnant de toutes leurs forces dans la douceur de ce mois de mai.
C'est un peu étonnant que leur amour d'adolescent ait survécu à tant de temps. Nick et Sarah, c'est une histoire qui dure depuis leur rencontre, huit ans auparavant, dans ce parc de Pike Creek. Leurs amis n'ont jamais cessé de les comparer aux princes et princesses des contes de fée, ceux qui tombent amoureux au premier regard et vivent heureux pour toujours dans leur beau château.
En lieu et place du château, ils achètent une jolie maison blanche proche du centre-ville. Il y a un petit jardinet à l'avant et les fenêtres donnent sur le parc qui a vu naitre leur romance. Un beau berceau de bois blanc – cadeau des parents de Sarah – trouve sa place dans la chambre la plus ensoleillée de la maison. Nick peint les murs dans une belle couleur jaune et sa femme accroche un mobile au plafond.
Le soir, quand il se couche pour la première fois dans leur maison, leurs baisers sont entrecoupés de sourires.
-oOo-
Deux ans plus tard, Nick démonte le berceau et le cache dans le grenier. Il semble que le prince et la princesse, dans cette histoire-ci, n'auront pas beaucoup d'enfants avec qui vivre heureux.
Leur vie ne change pas vraiment. Ils s'aiment toujours autant, peut-être même encore plus, mais il y a des ombres aux coins des sourires de Sarah et une pointe de regret dans le café que Nick boit au matin. la chambre jaune reste inoccupée, son mobile tournoyant dans le vide au gré de la brise. Pas de gazouillis, pas de pleurs, pas de petites mains pour s'agiter vers eux à la recherche de bras pour le soulever. Juste eux dans une maison un peu trop grande, maintenant qu'ils savent qu'il n'y aura qu'eux deux pour y habiter.
Nick commence à prier. Il allait déjà à l'église avant, mais c'est à cet instant qu'il se découvre une foi de croyant. Il attache un crucifix au-dessus de la porte de leur chambre et prie chaque soir ardemment que Dieu offre à Sarah le bébé qu'elle mérite d'avoir.
Ça dure quatre ans. Et en septembre 2005, ses prières trouvent enfin une oreille pour écouter.
-oOo-
Caleb est minuscule dans ses bras ; une petite chose aux yeux fermés et à la peau rougie, qui crie déjà de toutes ses forces malgré le fait qu'il n'ait que quelques heures. Nick ne tente même pas de retenir ses larmes. Il a trop attendu ce moment pour se contenir. Alors il sanglote en serrant son fils contre lui, tandis que Sarah lui sourit tendrement depuis son lit d'hôpital.
À partir de là Nick va tous les dimanches à la messe et se prières sont une litanie de merci.
Le berceau a depuis neuf mois retrouvé sa place dans la chambre jaune. Enfin, la maison résonne des pleurs et des cris du bébé tant attendu. Et peu importe que ses nuits soient réduites au strict minimum, peu importe qu'il doive sans cesse veiller sur ce petit garçon qui ne sait que gémir, manger et dormir. Il aime Caleb avec toute la force de son âme et rien, rien au monde ne pourra entacher son bonheur.
-oOo-
En fait, si. En fait, il suffit d'une nuit.
Une nuit ‒ quelques heures, minutes, secondes ‒ pour que la vie qu'il avait minutieusement construite s'écroule et se vide de son sang sur le sol. Un cambrioleur, un couteau, Sarah qui se lève, le bébé qui pleure, la lame, la mort, le vide...
Tout cela, les yeux de Nick l'arrachent du dossier de police qu'on finit par lui remettre après d'atroces heures passées entre les murs du bureau de police. Il n'était pas chez lui ce soir-là et apparemment c'est assez pour qu'on lui passe les menottes en le suspectant du meurtre de sa famille. Il en vomit presque sur le sol du commissariat. Heureusement il a un alibi et l'assassin a laissé des traces partout dans la maison. Les enquêteurs ont clôturé le périmètre avec des bandes jaunes et il y a des sirènes de police partout dans la rue jusqu'au lendemain matin.
Nick a des coups de poignard au travers de son âme, des yeux écorchés d'avoir vu les corps froids de Sarah et Caleb et des envies de meurtre au bout des doigts. Mais le criminel s'est enfui et la police fait son travail, alors il titube jusqu'à un motel et il se vide de ses larmes jusqu'à l'aube.
-oOo-
Le lendemain c'est le ballet des appels. Nick a les mots qui tremblent face à la voix de ses beaux-parents et les larmes menacent de couler à nouveau quand vient le tour de sa propre mère.
Je suis désolé, tellement désolé, je n'étais pas là pour les protéger, ils sont morts et si j'avais été là, si j'étais mort à leur place, et si et si et si...
On lui dit que c'est bon, qu'il peut à nouveau entrer dans sa maison détruite, se glisser dans ses draps en sang et commencer à préparer les obsèques de sa femme et de son bébé. Il jette toute la literie aux ordures, remplace chaque serrure, récure le plancher jusqu'à s'en irriter la peau. Pour tenir, le coup il achète du mauvais alcool et fume une tonne de cigarettes sur le porche (jamais à l'intérieur ‒ pas de tabac à proximité d'un enfant, la règle est claire).
Un soir, il se met à insulter Dieu aussi fort que porte sa voix, puis il arrache le crucifix au mur. Parce que pourquoi lui donner tant de bonheur si c'est pour le lui enlever sitôt après ?
Chaque soir il se demande si le meurtrier va revenir. Qu'il vienne ! Nick a un revolver sous l'oreiller pour l'accueillir et des couteaux dans la cuisine pour lui montrer ce que ça fait, de mourir comme un chien sur le plancher.
Ses amis disent qu'il devrait partir de là, s'éloigner de cette maison nimbée de cauchemars. Mais il ne peut pas. Il n'en est pas capable. C'est leur maison, celle de Sarah et de Caleb.
Alors il tremble entre les draps et étouffe ses pulsions meurtrières avec un sommeil vide.
-oOo-
L'enterrement est la dernière fois de sa vie où Nick va à l'église.
C'est à peine s'il entend le chant des fidèles résonner autour de lui, la tête éclatée à des millions de galaxies de cette petite bâtisse de bois peint. La main ridée et frêle de sa mère dans sa paume est le seul point de connexion réel entre ce monde et lui. Parce que comment faire pour expliquer les vêtements noirs et les fleurs blanches, les deux cercueils qui sont ouverts sur tout et rien à la fois, la voix veloutée du pasteur qui entame la prière des morts ? Comment ?
Nick n'était pas préparé à ça, pas si tôt, pas maintenant. Il a trop perdu en une seule fois pour ramasser efficacement les morceaux de sa vie en miettes.
Il porte un costume pour la deuxième fois de sa vie et cette fois-ci l'inconfort fait remonter un goût de bile du fond de sa gorge. Face à lui la lumière qui traverse les vitraux est aveuglante, presque mystique, sauf que ça fait un bon moment que Nick ne cherche plus Dieu ici-bas.
Notre Père qui es au Cieux, contemplez vos enfants qui meurent sans que vous faisiez rien. C'était peut-être pas votre Vierge, mais c'était ma femme. C'était peut-être pas votre Christ, mais c'était mon fils. Que ton nom sois sanctifié et vas en Enfer.
S'il blasphème, c'est le cadet de ses soucis.
Amen.
-oOo-
Il essaie vraiment de s'en sortir, vraiment. Mais ce n'est pas aussi simple.
Il va aux réunions de famille, boit un verre avec ses collègues, fait des travaux de plomberie chez sa vieille voisine. S'il fait un effort, il arrive presque à sourire, d'une espèce de rictus défait qui arrive à tromper tout le monde sauf lui. Quelquefois, il fait un détour par le parc cet regarde les enfants jouer à l'ombre des arbres, petites silhouettes tristement familières qu'il finit toujours par fuir sans demander son reste.
Nick va voir un psychologue, une seule fois, parce que la séance est offerte par la police et que sa mère insiste pour qu'il y aille. Il faut le croire quand il dit qu'il essaie, mais ça ne marche juste pas. Parler rend presque les choses pires, le force à imaginer le visage de Sarah tordu par la douleur, Caleb qui pleure au fond de son berceau et l'ombre du tueur dans sa maison.
Au fond de lui, il sait qu'aller de l'avant est impossible. Il n'est pas de ceux qui se relèvent face à ça. Il n'a pas la force de laisser Sarah et Caleb reposer en paix dans leurs cercueils, pas le pouvoir d'accepter ce qui s'est passé.
Alors il gémit des malédictions entre les bouffées de ses cigarettes et il compte les jours depuis le drame.
-oOo-
L'assassin s'appelle Harry Morrison. Il a dix-sept ans, des yeux de junkie et encore de l'acné plein la figure ; ce n'est pas ça qui rendra Nick plus indulgent.
Son avocat essaie de faire valoir une enfance difficile, l'inhibition causée par la drogue et une légère déficience mentale. Au moins, ce connard a eu la décence de plaider coupable : en même temps vu le nombre impressionnant de preuves contre lui, il n'avait pas vraiment d'autre choix. Les heures passent et quand on en arrive à évoquer le très jeune âge du criminel, Nick se lève.
‒ Mon fils n'avait que trois mois. Alors votre jeunesse vous pouvez vous la...
Son avocat a juste le temps de le forcer à se rasseoir avant qu'il ne commence à cracher des insultes à la face du monde. On lui dit qu'il doit respecter les droits de Morrison et se taire le temps de la plaidoirie, mais ça fait deux mois que Nick vit comme un fantôme parmi les vivants et ça fait un moment que plus rien ne compte.
Le tribunal semble diluer le temps plus encore que ne le fait le cimetière. Il a du mal à rester immobile sur le banc des plaignants, ses doigts enserrant l'alliance de Sarah qu'il porte désormais comme un talisman.
Au final, Morrison est condamné à mort.
Nick ne s'en sent même pas heureux.
-oOo-
Les cauchemars ne viennent pas tout de suite. Au début, après le procès, ses nuits ont le vide gris et pâle que seul l'alcool permet d'atteindre. Nick ne sait même pas s'il dort vraiment lorsqu'il ferme les yeux le soir pour les rouvrir au matin. Pour ce qu'il en sait, les quelques heures qui passent sous ses paupières pourraient tout aussi bien n'être rien d'autre qu'un jeu du temps, une petite merveille de cruauté qui l'éloigne pas à pas de ces hier au bonheur fantôme.
Mais au fond, quelle importance ? Une seconde ou un siècle seront toujours un Enfer à traverser, maintenant qu'il doit aller au cimetière pour souhaiter un bon anniversaire à sa femme.
Seulement, au bout d'un moment, quelque chose change ‒ le choc qui s'estompe ou une connerie de ce genre, il faudra demander son avis au psychologue qu'il n'a pas revu depuis des mois‒ et les rêves déroulent leur fil dans le dédale de sa tête.
Nick respire le sang dans la blancheur des draps ‒ et qu'importe que ce ne soit pas ceux de ce soir-là, les squelettes au placard n'ont pas ce genre de scrupules ‒ il écoute Sarah fredonner "Stairway to Heaven" en modulant les paroles sur un rythme mortuaire. Elle lui manque à la manière d'un membre fantôme, amputée mais bizarrement présente, douloureuse, atrocement douce quand elle lui hurle qu'il aurait pu la sauver. Caleb pleure derrière la porte de la chambre jaune, les couteaux dansent dans le couloir, pourquoi tu n'étais pas là, pourquoi tu nous as laissés mourir ?
Au réveil il est comme ces presque-noyés qui trouvent à l'air un goût acide quand on leur sort la tête de l'eau.
-oOo-
Puis, un soir, le Diable vient.
La nuit du sept août 2008 restera toujours dans sa mémoire : à moitié une plaie noire cicatrisée de travers et à moitié la porte vers un nouveau départ. Ce soir-là, dans l'obscurité de la chambre conjugale, Lucifer lui chante des vérités si vraies qu'elles ont l'air de mensonges. S'il y a du faux là-dedans, Nick ne veut pas le voir ; cette revanche contre le Dieu qui lui a enlevé Caleb et Sarah est une offrande trop douce pour être refusée.
(Et Nick avait encore trop de capacité à espérer en vain à cette époque-là pour penser aux conséquences de ses actes)
Il aimerait qu'on se souviennent qu'il a dit oui pour eux ‒ pas pour de l'argent ou des filles ou n'importe quoi d'autre ‒ juste pour eux. S'il a vendu le monde par amour et c'est son plus grand Crime.
Oui.
Et à partir de là, tout change.
En espérant que cette mise en bouche vous a donné envie de continuer, même si c'est centré sur un personnage vraiment pas mis en avant dans la série. N'hésitez pas à donner votre avis dans les reviews !
