Salut à tous !
Et me voilà revenue à mes premières amours, avec cette fois le courage de me lancer pour de vrai. Au cas où elles passeraient par ici, merci à SpaceTricotRayé et Didipiou: c'est après avoir lu vos fictions géniales que j'ai eu l'envie (de tenter) d'en faire autant.
Pour ma part, je vais voir moins gros, puisque j'ai d'autres grosses fics sur le feu.
Voici donc "Tel père, telle fille", le premier épisode de ma série "Elie Caldwell"
Ce seront de toutes petites fics (mais qui me permettront donc de poster à un rythme régulier) de cinq chapitres (sauf débordement incontrôlé), pour un nombre d'épisodes encore inconnus.
J'espère que vous en apprécierez la lecture.
Sur ce, je vous laisse avec le premier chapitre, juste après le disclaimer.
Disclaimer : L'univers et les personnages de Stargate Atlantis sont la propriété de la MGM, Brad Wright et Robert C. Cooper. Et s'ils les veulent, je leur file même mes OCs à condition qu'ils relancent la série (bande de feignasses, je vous aime quand même) Je ne tire aucun bénéfice pour la publication de cette fiction.
Elie Caldwell : Tel père, telle fille
Chapitre 1
― « Il a fait quoi ? s'écria le lieutenant Logan Wells.
― Chut, moins fort ! le rabroua sèchement le capitaine Elie Caldwell en jetant un regard inquiet par-dessus son épaule. »
Les quelques personnes encore présentes au mess à cette heure tardive se retournèrent d'un seul mouvement vers les deux comparses. Elie adressa un sourire embarrassé aux trois militaires les plus proches d'eux, en guise d'excuse, puis reporta son attention sur son collègue et ami.
Comme à leur habitude, Elie et Logan s'étaient éternisés au mess pour partager les dernières rumeurs entendues au détour des étroits couloirs du Dédale.
Quand Elie fut sûre que tout à chacun était retourné à sa lecture, son jeu de cartes ou sa conversation, elle se pencha vers Logan, d'un air conspirateur.
― « Le lieutenant-colonel s'est transformé en une espèce d'insecte géant apparenté aux Wraiths, répéta Elie dans un murmure. Il paraît que ça l'avait rendu hyper agressif, au point d'attaquer Weir(1).
― Sheppard, notre supérieur ? Le mec qui va nous envoyer risquer nos vies en mission ? répliqua Logan sur le même ton. Génial, voilà qui est rassurant ! Mais t'es sûre de toi ? Ça paraît un peu gros comme histoire, voulut-il s'assurer.
― Oh oui, ça mon pote, c'est une info de première main ! certifia Elie en lui adressant un clin d'œil de connivence. Et c'est nettement plus croustillant qu'un ingénieur mécanique et un lieutenant qui se roulent des pelles dans la salle de contrôle des équipements secondaires ! le nargua-t-elle. J'ai gagné.
― Y'a pas, ça a du bon d'avoir un papa haut gradé, ronchonna Wells. Ne me fais pas croire que ce n'est pas de lui que vient l'info ! riposta-t-il devant l'air innocent de son amie. Ok, elle est à toi pour ce soir, mais attends toi à me la rendre demain, parce que je vais te ramener du très lourd, ma vieille ! promit-il, déterminé. »
Avec un sourire suffisant, Elie arracha la console portable des mains de son lieutenant. Elle s'apprêtait à en rajouter une couche, quand quelqu'un se racla la gorge dans son dos. Aussitôt qu'il leva les yeux sur le nouveau venu, Logan bondit de sa chaise pour se mettre au garde à vous, immédiatement imité par son amie.
― « Colonel, saluèrent-ils le gradé à l'unisson.
― Capitaine, Lieutenant, répondit-il sur le même ton. Repos. »
Les deux subalternes reprirent une position plus détendue, ne se résolvant pas pour autant à se rasseoir. En jetant un coup d'œil furtif à son camarade, elle dût user de toute sa concentration pour ne pas éclater de rire. Le visage du lieutenant Wells était crispé en un rictus nerveux. Malgré les années passées, songea Elie, le colonel continuait de donner des sueurs froides au lieutenant, qui n'avait pourtant été sous son commandement que quelques mois.
Quand le colonel Caldwell darda un regard ardent sur le lieutenant Wells, Elie pu presque palper l'angoisse qui émanait de son ami. Logan regardait fixement devant lui, comme attendant la sentence.
― « Vous pouvez disposer, Wells, lâcha le colonel d'un ton péremptoire. »
Il n'en fallut pas plus au jeune homme pour saluer ses supérieurs, ramasser ses affaires et filer sans demander son reste.
Jetant un regard rapide autour d'elle pour constater qu'ils étaient seuls, Elie se détendit immédiatement, quittant son rôle de militaire rigide pour se laisser tomber lourdement sur son siège.
― « Tu es dur avec lui, reprocha la jeune militaire au colonel, avec un sourire amusé.
― Je ne suis pas là pour materner mes hommes, répliqua Steven Caldwell en s'asseyant sur le siège libéré par le lieutenant, juste en face d'Elie.
― Qui oserait penser ça ! se moqua le capitaine, en roulant des yeux. Sois un peu plus sympa, tu veux. Il t'admire beaucoup, tu sais, et il ne recule devant rien pour être le meilleur.
― Eh bien, il est encore loin du compte. Je préférerais vraiment que tu ne traînes pas avec cet espèce de hippie, grommela le colonel.
― Papa, arrête, râla Elie, en basculant la tête en arrière, lasse. Logan n'est pas un hippie, et c'est un excellent soldat. Il a sauvé mes fesses plus d'une fois, lui rappela-t-elle d'un ton chargé de reproches.
― Mais tu l'appelles par son prénom, et vous plaisantez comme des vieux copains d'école, ce n'est pas convenable, Eleanor, la sermonna son père. Tu es son supérieur, il doit te respecter.
― Ne m'appelle pas Eleanor, on dirait Maman, grogna la jeune femme, renfrognée. Et sache que personne dans les deux galaxies, hormis toi, n'a plus de respect pour moi que le lieutenant Logan Wells.
― Si tu veux gravir les échelons et te faire une place dans les hautes sphères, Elie, tu n'as pas de temps à perdre en …
― Je me ferais ma place, seule et par mes propres moyens, parce que je suis douée dans mon job, Papa, répliqua sèchement le capitaine en se redressant droite comme un i. »
Le colonel Caldwell songea qu'Elie avait de la chance d'être sa fille, et de s'adresser au père à cet instant et non colonel de l'Air Force. Sans quoi, elle aurait eu le droit à une sérieuse réprimande pour lui avoir coupé la parole aussi abruptement.
Mais il savait qu'à ce moment précis, Elie ne se souciait nullement qu'il soit le commandant de ce vaisseau et son supérieur hiérarchique. C'était contre son père que la jeune femme était fâchée. Elle détestait ces conversations sur son avenir au sein de l'Air Force et du projet Stargate. Steven savait que sa fille était très susceptible sur le sujet, et bien qu'elle porte le nom de Caldwell avec une certaine fierté, il lui pesait de savoir que sans cesse on la comparait à son père.
Elie avait des ambitions, de grandes ambitions, et elle voulait faire ses preuves en tant que capitaine Elie Caldwell, et non en tant que fille d'un colonel non moins ambitieux. À vingt-huit ans révolus, elle travaillait dur pour se maintenir toujours au plus haut niveau et se démarquer. Elle s'était fixé le cap des trente-trois ans pour monter au grade de major. Et elle comptait bien porter le titre de colonel pour ses quarante ans. Pour Elie, hors de question de stagner dans son travail, et de se contenter toute sa vie des tâches subalternes. Un jour, elle dirigerait et prendrait les décisions.
Au fond, Elie Caldwell ressemblait bien plus à son père que ne le laissait présumer leur différence physique.
― « Je sais que tu y arriveras, Elie, tu es douée, s'adoucit Steven.
― Je suis la meilleure dans ce que je fais, corrigea la jeune femme avec assurance.
― Évidemment, concéda son père avec un demi sourire. Ce que je voulais dire, Elie, c'est que…
― La loi de non fraternisation, je sais Papa, acheva Elie à sa place. Je connais les règles aussi bien que toi, et c'est toi qui m'as appris à les respecter, lui rappela-t-elle en souriant. Logan est mon compagnon d'armes, mon subalterne et mon ami, rien de plus. Et tu sais bien que ce n'est pas incompatible, ajouta-t-elle précipitamment en voyant que son père s'apprêtait à protester. »
Celui-ci soupira profondément, mais n'ajouta rien. Au fond, Steven était parfaitement conscient que sa fille faisait les choses bien, qu'elle prenait son travail à cœur et suivait scrupuleusement le règlement. En tant que supérieur d'une telle recrue, il ne pourrait qu'être pleinement satisfait d'elle. Mais elle était avant tout sa fille, et il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter à son sujet.
Un groupe particulièrement bruyant de scientifiques de tous horizons pénétra dans le mess à la recherche de café. L'un d'entre eux, apercevant le colonel, alerta les autres, et d'un coup le groupe tout entier se fit silencieux. Elie jeta un coup d'œil par-dessus son épaule pour voir les scientifiques se presser autour des cafetières, dans un concert de chuchotements, osant quelques œillades anxieuses vers le colonel Caldwell. La réputation d'homme sévère et intraitable du colonel Steven Caldwell n'était plus à refaire, même pour les scientifiques. Sur le Dédale, il était seul maître à bord, et veillait à faire régner une discipline exemplaire.
― « Sois gentil, murmura Elie à son père avant d'empocher sa console portable et de se lever. Bonne nuit, Monsieur, fit-elle en se raidissant devant son père.
― Capitaine, répondit celui-ci en hochant la tête. »
Steven Caldwell regarda s'éloigner sa brune progéniture d'un pas délié, contenant un sourire. Tant lui qu'Elie tenait à garder le silence autant que possible sur leur lien de parenté. La jeune femme craignait plus que tout les rumeurs des mauvaises langues qui – une fois n'était pas coutume – ne se priveraient pas de prétendre qu'elle ne devait sa place qu'à son nom. Heureusement pour elle, Caldwell était un nom plutôt commun, et jusque-là – à l'exception faite de Logan et de la chef de l'expédition Atlantis – personne ne connaissait leur lien de filiation.
Pourtant, Steven savait que tôt ou tard, l'information filtrerait et qu'on accuserait sa fille d'espionner ses collègues pour le compte de son père. Et même si cette prévision le blessait, il savait qu'Elie tiendrait bon. Elle était suffisamment forte et déterminée pour faire face à toutes les accusations.
OoOoOoOoO
― « Tu as tout ? s'enquit Elie, en donnant un coup de coude au lieutenant Wells.
― Oui Maman, répondit Logan d'une voix exagérément nasillarde en levant les yeux au ciel. »
Le capitaine Caldwell ronchonna pour la forme, puis vérifia une dernière fois son paquetage avant de le lancer sur son dos.
― « Hé ! Faites attention, Captain' ! s'écria le sergent Ethan Trager en esquivant de justesse le barda de sa supérieure.
― Oups, désolée Trager, s'excusa Elie avec un rictus embarrassé. »
Le sergent Trager, membre de son équipe, aida la jeune femme à installer son sac sur le dos. Ils étaient au moins une quinzaine, serrés les uns contre les autres, sur la petite zone de téléportation du Dédale. Impossible dans ces conditions de bouger un pied sans écraser un orteil, ou de se gratter le nez sans donner un coup de coude à son voisin.
― « Mais qu'est-ce qu'ils attendent ? râla le lieutenant Wells à sa droite, en piétinant sur place pour se délier les jambes.
― Apparemment, Hermiod et le docteur Novak se disputent encore au sujet de … enfin je n'ai pas vraiment compris de quoi ils parlaient, mais Hermiod avait l'air d'avoir raison, intervint Trager.
― Hermiod a toujours raison, pouffèrent de concert Wells et Caldwell.
― Bien, le contingent militaire d'abord : groupe un, l'Air Force. Groupe deux, les Marines, annonça l'un des majors officiant sur le Dédale. Cinq minutes entre chaque groupe téléporté. Ce qui veut dire qu'une fois sur Atlantis, on dégage la zone illico, pour les suivants ! ordonna-t-il d'une voix sévère. Groupe trois, les scientifiques, vous suivrez, on vous laissera dix minutes avant de téléporter les suivants… Juste au cas où… ajouta-t-il moqueur. Vous serez téléportés sur la digue est. Les équipes d'Atlantis vous attendent pour vous diriger vers vos pôles d'équipe et vos quartiers. Alors essayez de ne pas vous perdre. Je parle pour vous, docteur Dubois, ajouta le major, déclenchant l'hilarité dans les rangs. »
Le docteur Dubois, français de son état, avait acquis sa renommée dès la première semaine de voyage, en se perdant dans les couloirs du Dédale. Les équipes du vaisseau avait mis plus de huit heures avant de le retrouver dans le hangar des F-302, transi de froid. Personne ne parvenait encore à expliquer comment ce docteur en physique appliquée avait réussi à atterrir là-bas sans être aperçu des gardes en faction. Bien à son insu, le pauvre français était devenu une légende parmi l'équipage et le nouveau contingent.
Sur un ordre du major, la formation reprit son sérieux, et le compte à rebours fut lancé. Elie ferma les yeux, appréhendant la sensation qui la laissait toujours fébrile et frissonnante. Le temps d'un claquement de doigt, elle sentit le froid et le vide l'envahir, puis une vague de chaleur lui fit ouvrir les yeux. Enfin, elle y était. Atlantis.
― « Bienvenus sur Atlantis, les accueillit le major Lorne avec un franc sourire. Groupe Air Force, dégagez la zone et suivez-moi, leur ordonna-t-il. »
En rang serré, les militaires obtempérèrent, se bousculant de-ci de-là, trop occupés, tous autant qu'ils étaient, à admirer la magnificence de la cité des Anciens. Presque aucun des soldats qui venaient d'être débarqués n'écoutait un traître mot des informations du major Evan Lorne. Elie, Logan et Ethan furent rappelés à l'ordre par leur supérieur, le major Jackson Ewing, et penauds, ils concentrèrent tous trois leur attention sur leur guide.
― « Quand on vous appellera, vous viendrez chercher une enveloppe et vous emprunterez le téléporteur pour rejoindre la salle de la Porte, expliqua Lorne. Votre enveloppe contient la répartition de vos quartiers, le plan de la cité, le fonctionnement des installations quotidiennes, et les procédures d'urgence : ne la perdez pas, leur conseilla-t-il d'une voix pleine de sous-entendus avant de commencer à faire l'appel.
― Et on a intérêt à les savoir par cœur les procédures d'urgence, chuchota Trager à l'attention de ses deux acolytes. Il paraît qu'au moins une fois par mois, on a le droit à une tentative d'invasion, une attaque, ou encore une autodestruction imminente, rigola-t-il d'un air enfantin.
― Eh bien, on ne va pas s'ennuyer, souffla Elie d'une voix plus assurée qu'elle ne l'était elle-même en son for intérieur.
― Pff, ils ne pourraient pas faire l'alphabet à l'envers pour une fois, ronchonna Wells. J'en ai marre d'être toujours le dernier. Pis j'ai la dalle !
― Mais vous allez la fermer tous les trois ! les houspilla le major Ewing avec un regard noir.
― Désolée, Monsieur, s'excusa platement Elie, imitée par ses collègues.
― Capitaine Eleanor Cal… commença le major Lorne avant d'hésiter en haussant les sourcils. Caldwell ! lança-t-il avec force en relisant sa feuille. »
Elie rejoignit prestement le major Lorne pour se saisir de l'enveloppe qui lui était destinée.
Evan Lorne hésita à questionner la jeune femme devant lui, surpris de trouver un deuxième Caldwell au sein de ses troupes. La légère grimace du capitaine quand il l'avait saluée pas son nom ne lui avait pas échappée, et il se doutait bien qu'en trois semaines à bord du Dédale, on devait bien lui avoir posé la question cent fois. Aussi, compatissant, il se retint d'ennuyer la militaire pour satisfaire sa curiosité.
Après tout, Evan Lorne n'était pas le genre d'homme à juger les gens sur leur apparence ou le nom qu'ils portaient. Adressant un sourire amical au capitaine Caldwell, il cocha son nom et la libéra, appelant déjà le suivant.
― « Major Jackson Ewing ! »
Ce fut bouche bée que le capitaine Caldwell pénétra quelques minutes dans la salle de la Porte. C'était complètement surréaliste : les lumières, les bruits, les consoles, et l'architecture elle-même, tout lui semblait irréel. Et au milieu de cette splendeur d'un autre monde, des hommes et des femmes s'activaient dans tous les sens, tels des insectes dans une gigantesque fourmilière époustouflante de beauté et de technologie. C'était beau, tout simplement. Si splendide et fascinant partout où se posaient ses yeux, qu'Elie laissait ses pas la guider, sans même regarder où elle allait.
― « Attention ! s'écria le major Ewing en la tirant part le bras, lui évitant d'être bousculée par un chariot plein de matériel. Faites gaffe où vous mettez les pieds, Caldwell ! la sermonna-t-il sèchement. »
Elie s'excusa à nouveau, un peu honteuse. Depuis le début de leur voyage, elle n'avait pu que constater avec effarement l'animosité croissante du major Ewing à son égard. La jeune militaire aurait été bien en peine de donner les raisons de cette antipathie. Et pourtant, cela ne lui avait pas échappé, pas plus qu'à Trager ou à Wells : le major Ewing n'aimait vraiment pas le capitaine Caldwell.
― « Ouverture non programmée de la porte, annonça soudain Chuck depuis la salle de contrôle. C'est le code d'identification du colonel Sheppard, ajouta-t-il à l'attention du docteur Weir qui le rejoignait.
― Levez le bouclier, ordonna-t-elle. »
Émerveillés et fébriles, toutes les nouvelles recrues de l'Air Force présents s'attroupèrent autour de l'anneau des Anciens. Elie ricana doucement en se demandant ce qui – de l'ouverture du vortex intersidéral, ou de l'arrivée imminente de leur supérieur légendaire – excitait le plus les militaires.
― « J'ai raté quelque chose ? demanda précipitamment Logan essoufflé.
― Sheppard arrive, répondit évasivement Caldwell. C'est terminé ?
― Nan, il reste un Zelinski, répondit Wells en riant. Tu le crois ça ? Il n'y a jamais de Z d'habitude.
― Super, voilà un scoop dont je n'aurais pas pu me passer, le railla Trager en se joignant à eux. Il m'a presque fait dégringoler les escaliers, pour arriver le premier, expliqua-t-il moqueur à Elie. Je crois que vous lui manquiez, Captain' !
― Que veux-tu, Trager, ce pauvre petit est perdu sans moi, répliqua-t-elle sur le même ton.
― Oh la ferme vous deux, bougonna Logan. On va encore se faire remonter les bretelles par Ewing, chuchota-t-il en désignant du menton le major qui les épiait d'un peu plus loin. Alors, c'est lui ? fit-il alors que Sheppard émergeait du vortex. Je le pensais plus bel homme que ça. Moins négligé. »
Derrière le major Sheppard venaient le docteur Rodney McKay, Teyla Emmagan et Ronon Dex.
― « Oula ! s'exclama Sheppard en ayant un mouvement de recul, impressionné par le comité d'accueil. Tout ça pour nous ? fit-il goguenard avec un sourire en coin.
― Pourquoi ils nous regardent comme ça ? demanda le docteur McKay d'une voix suraiguë.
― Ce sont sûrement les nouvelles recrues débarquées par le Dédale, répondit doucement l'Athosienne.
― Oh oui, c'est aujourd'hui qu'ils devaient arriver. Génial, encore tout un tas de bleus qui vont nous traîner dans les pattes, soupira McKay en se frayant un chemin à travers les nouveaux militaires. Comme si on n'avait que ça à faire ! Regardez-les, ils n'ont pas franchement l'air très futés !
― Tu crois qu'il est conscient qu'on l'entend ? souffla Logan à Elie, en regardant SGA1 monter les escaliers.
― Je crois surtout qu'il s'en fiche, répliqua distraitement cette dernière. »
Elie ne pouvait pas quitter des yeux l'équipe si légendaire. Elle avait tant entendu parler d'eux et de leurs exploits, qu'elle avait l'impression de les connaître.
Rodney McKay, le scientifique de génie, spécialiste des sauvetages technologiques in-extremis les plus farfelus de la galaxie. Le docteur McKay était devenu aussi légendaire pour son intelligence que pour son hypocondrie exagérée. Il avait – disait-on – le don de se mettre toujours dans les pires ennuis.
Teyla Emmagan, l'Athosienne, était la première alien à rejoindre l'expédition, et à avoir rejoint SGA1. Durant son voyage, elle avait pu s'entendre vanter les grandes capacités de Teyla pour le combat, mais aussi sa patience hors norme et ses talents de diplomate, qu'Elie trépignait d'impatience de découvrir. Le capitaine Caldwell n'avait pas non plus pu passer à côté des nombreuses rumeurs courant au sujet d'une hypothétique relation sentimentale entre Teyla et Sheppard.
Ronon Dex, l'officier technicien Satédan, était lui aussi la cible de nombreux oui-dires. Par beaucoup, il était dépeint comme un barbare effrayant. Elie avait entendu dire que l'homme était fort peu commode, avare de mots et brutal. Pourtant, un officier du Dédale lui avait dressé un tout autre tableau de l'ancien coureur. Un homme torturé, pourchassé et brisé, qui avait su se relever et continuer à se battre. Un homme loyal et droit, un militaire dans l'âme et un ami fidèle. Ce combattant exceptionnel, lui avait dit l'officier, avait mis ses talents aux services d'Atlantis, servant avec honneur sous les ordres de Sheppard.
Le lieutenant colonel John Sheppard, pour finir, était le chef militaire de l'expédition. Les rumeurs jamais ne se tarissaient à son propos. Spécialiste des situations les plus périlleuses, avec une tendance nette au contournement des règlements, Sheppard faisait office d'idole sur Atlantis. Très désinvolte et un brin sarcastique, on le disait d'un courage sans limites, quand d'autres résumaient cela à de la folie pure.
Elie ne l'avouerait jamais, bien consciente de la profonde animosité de son père pour le lieutenant colonel et ses manières peu orthodoxes, mais elle admirait John Sheppard. Au SGC, elle s'était mise en frais de prendre connaissance de tous les rapports de mission et d'incident qui concernaient son supérieur. Elle était admirative de sa bravoure et de son ingéniosité. De cette façon si unique qu'il avait de braver la mort avec arrogance et élégance. Par dessus tout, Elie souhaitait pouvoir briller aux yeux de son supérieur durant son séjour sur Atlantis : elle aussi voulait être à la hauteur des exploits d'un soldat comme John Sheppard.
Écoutant d'une oreille distraite Teyla expliquer à Elisabeth les raisons de leur retour prématuré, John, nonchalamment appuyé contre la paroi vitrée du bureau de Weir, laissait errer son regard sur ses nouvelles recrues, cherchant à distinguer d'un coup d'œil ceux qui sortaient du lot. Des éléments qui se révéleraient être des atouts pour l'expédition.
John sourit en voyant les groupes déjà formés. Certains semblaient déjà très liés, et c'est vers ceux-là que ses espoirs allaient. Des hommes soudés, des amis sur le terrain, voilà ce qui faisait la force des équipes en mission, et qui leur faisait donner le meilleur d'eux-même quand la situation devenait catastrophique. Comme ces trois là, un peu à l'écart qui semblaient se mouvoir d'un seul tenant, comme liés. Les deux hommes, un sergent et un lieutenant, se taquinaient discrètement, alors que leur capitaine les sermonnait d'une voix distraite, ne pouvant contenir cependant un sourire amusé.
Sheppard s'attarda un peu sur la jeune capitaine qui les observait, lui et son équipe, depuis plusieurs minutes. Quand il croisa son regard, la militaire rougit, honteuse de se faire prendre en flagrant délit d'espionnage. Amusé, Sheppard lui lança un regard taquin. En réponse, la jeune femme hocha la tête d'un mouvement vif pour le saluer. Puis elle se détourna de nouveau vers des camarades, et donna une claque derrière le crâne de son lieutenant qui s'énervait un peu trop à son goût.
― « Nous ne pouvons pas laisser les choses en l'état, affirma Elisabeth d'un ton ferme, rappelant Sheppard à l'ordre. Je ne tiens pas vraiment à voir se reproduire les événements de l'année dernière.
― Moi non plus, se défendit Sheppard en grimaçant. »
Le souvenir de l'invasion d'Atlantis par Kolya l'année précédente lui faisait encore grincer des dents.
― « Mais Smeadon n'est pas vraiment très coopératif, siffla-t-il de mauvaise humeur.
― Ce que le colonel Sheppard veut dire, c'est qu'il subsiste encore une certaine… animosité entre lui et (2)Smeadon, reprit Teyla avec douceur en penchant la tête. Et dans ces conditions, il est difficile de négocier un accord.
― Ce sont des traîtres, intervint Ronon d'une voix dure. Je ne vois pas pourquoi on devrait passer un accord avec eux.
― Peut-être pour qu'ils ne recommencent pas, répliqua McKay d'un air suffisant, avant de se tasser sur lui-même sous le regard noir du Satédan. C'est juste que je commence à en avoir marre des Geniis, ajouta-t-il d'une petite voix.
― Entre les Wraiths qui veulent notre mort, et les Geniis qui ne sont pas vraiment dignes de confiance, nous n'avons pas besoin d'un nouvel ennemi, intervint posément Weir. Nous devons rester unis et solidaires face à la menace, et cela passe par des accords. Et dois-je vous rappeler que les effectifs de la cité augmentent considérablement – à votre demande, John – et qu'il nous faut bien nourrir tout ce monde là.
― On a bien compris, mais les Manariens, ben ils ne veulent pas, riposta Sheppard agacé.
― Je crois que ce qu'il vous faut, c'est quelqu'un qui ai l'habitude de mener des négociations, fit remarquer Elisabeth.
― Il est hors de question que vous veniez, Elisabeth ! objecta immédiatement Sheppard. On ne peut pas leur faire confiance. Ces rats seraient trop heureux de vous livrer à nos ennemis.
― Je ne pensais pas à moi, colonel, se défendit Weir avec un sourire. Seriez-vous d'accord pour que quelqu'un de plus « compétent » vous accompagne ?
― Si vous y tenez… soupira John. Mais je ne pense pas que ça servira à grand-chose.
― On verra, répondit Weir dans un sourire. Major Lorne, demandez au capitaine Caldwell de nous rejoindre ,s'il vous plait, fit-elle dans l'oreillette. »
Sheppard jeta un regard suspicieux à sa collaboratrice en entendant prononcer le nom du capitaine. Celle-ci lui répondit par un sourire énigmatique. Elisabeth n'avait pas la moindre intention de révéler à John la nature des liens unissant le colonel et le capitaine du même nom. Elle l'avait promis à Steven quand celui-ci était venu l'informer de la situation deux mois auparavant. Le docteur Weir était bien trop consciente de l'animosité démesurée de Sheppard pour Caldwell père. Elle ne voulait pas prendre le risque de voir sa fille en faire les frais. Du moins pas avant de lui avoir donné l'occasion de faire ses preuves aux yeux de John.
La décision de Weir n'était pas anodine : si elle avait choisi la jeune Caldwell pour cette mission, c'est qu'elle comptait sur cette occasion pour que John se fasse sa propre opinion. Samantha Carter, avec qui Elie Caldwell avait travaillé à plusieurs reprises, avait largement vanté les mérites de cette nouvelle recrue. Elisabeth était sûre que son choix était le bon. Si elle se fiait à l'opinion de Carter, il y avait de grandes chances que le capitaine Caldwell parvienne à un accord avec Manara, y gagnant ainsi le respect de son supérieur, sans le moindre doute.
― « Capitaine Caldwell ! appela Lorne d'une voix forte dans la salle d'embarquement. Vous êtes demandée dans le bureau du docteur Weir, signifia-t-il à la jeune femme se présentant immédiatement devant lui. »
Elie leva un sourcil, étonnée, mais ne répliqua pas. Se tournant vers ses compagnons qui la regardaient perplexes, elle haussa les épaules en signe d'ignorance, puis lança son sac à Logan avant de grimper les escaliers quatre à quatre.
― « Vous m'avez demandée, Madame, fit-elle en arrivant devant le bureau. Monsieur, salua-t-elle son supérieur, avant de hocher la tête en direction des trois autres membres de SGA1. »
Sheppard observait avec intérêt la jeune femme qu'il avait remarqué quelques minutes plus tôt. Celle-ci se tenait rigide, l'air déterminé, attendant les ordres, sans ciller. En entendant le nom de Caldwell, Sheppard s'était presque attendu à voir débarquer un sosie du colonel du Dédale : un jeune homme au nez épaté et à la calvitie naissante, paré du même air autosuffisant que le sus-nommé. Aussi, il fut agréablement surpris de découvrir une jeune femme souriante, l'air affable et le regard franc.
― « Capitaine, que pouvez-vous me dire à propos de Manara ? l'interrogea d'emblée Weir. »
Elie hésita un instant, rassemblant dans sa tête les informations qu'elle avait recueillies sur cette planète au cours de son voyage dans le Dédale.
― « Manara. Niveau technologique faible. Une société comparable à celle du Moyen-Age terrien, énuméra Caldwell sûre d'elle. La planète de Manara a servi de refuge au personnel d'Atlantis et aux Athosiens du contient lors d'une tempête qui a frappé la cité l'année dernière. Mais les Manariens ont trahi Atlantis en révélant aux Geniis que les défenses de la cité seraient vulnérables. Ils ont permis aux Geniis de s'approprier un code d'identification athosien, les laissant ainsi envahir Atlantis. C'est le commandant Acastus Kolya qui…
― Ok, ok, j'ai compris, elle est calée, intervint Sheppard à l'attention de Weir. »
Elie ne put retenir un sourire satisfait en entendant la réflexion de son supérieur. Contente d'avoir marqué un point, elle se tut, attendant la suite, les mains jointes dans le dos dans une attitude rigide et protocolaire.
― « Le capitaine Caldwell est une brillante négociatrice qui a déjà œuvré à multiples reprises pour le SGC dans la Voix Lactée, et avec de très bons résultats, expliqua Weir en posant un regard amical sur la militaire. Je pense qu'elle pourra vous être utile.
― Sans aucun doute, approuva Teyla, heureuse qu'un autre représentant d'Atlantis que Sheppard ou McKay ne prenne en main les négociations.
― Peut-être. Ou peut-être pas, riposta Sheppard, peu désireux de retourner sur Manara. Smeadon n'est vraiment pas disposé à négocier. Ce n'est pas contre vous capitaine, je suis sûr que vous faites de l'excellent travail, mais ce sale rat ne considère pas vraiment les femmes comme… enfin vous voyez, hésita-t-il avec une grimace. »
Quand Elie eut compris que Weir s'apprêtait à l'envoyer en mission dès son premier jour dans la cité, elle avait failli en sauter de joie. Elle avait l'impression de ne plus toucher terre en réalisant que ses talents, durement acquis, étaient tenus en si haute estime. Elle était bien décidée à se montrer digne de la confiance de ses supérieurs. Et ce n'était certainement pas la mauvaise volonté de Sheppard qui l'en empêcherait.
― « Smeadon est un homme de son temps, Monsieur, intervint Elie avec conviction. Il est le leader d'une société patriarcale qui considère les femmes comme des mères et des épouses.
― Voilà, c'est ce que je disais, ça sent le pâté, s'exclama John.
― Néanmoins… reprit la jeune femme. Néanmoins, la situation de son peuple est précaire. L'alliance entre les Geniis et les Atlantes est connue de tous, et place Smeadon dans une position intermédiaire délicate. Il faudra manœuvrer de sorte qu'il pense que l'idée vient de lui, et que je ne fais que me soumettre à ses volontés en tant que femme, mais aussi au nom d'Atlantis. Son besoin de reconnaissance et d'ascension sociale sera ainsi comblé par une contractualisation d'égal à égal avec une société technologiquement et socialement avancée, débita Elie d'une seule traite.
― Et en résumé ? demanda Ronon.
― En résumé, elle va l'enfumer jusqu'à ce qu'il pense que c'est lui qui impose ses conditions à Atlantis, et qu'elle n'est que la gentille petite secrétaire qui prend les notes, soupira McKay agacé. Est-ce que ça vous arrive d'écouter, Ronon ?
― Ouais, ouais, ok ! abdiqua le lieutenant colonel. Vous avez gagné, Elisabeth : on l'emmène votre super négociatrice. Au pire, si ça n'aboutit pas, je l'impression qu'on va bien rigoler, railla-t-il désinvolte. Où est-ce que vous l'avez trouvée celle-là, Elisabeth ?
― C'est vous qui l'avez recrutée, John, répondit la diplomate.
― C'est moi qui vous ai recrutée ? répéta John surpris, à l'attention du capitaine. Il faut dire que depuis qu'on m'envoie les candidatures non genrées, sans photos, on ne sait plus très bien. « Faire exprès de ne choisir que des jolies filles », soupira-t-il en levant les yeux au ciel. Nan mais franchement, m'accuser moi de faire la discrimination alors que j'ai deux aliens dans mon équipe, vous le croyez, vous ?
― Il y a une époque où j'ai eu un doute, répliqua McKay, pensif.
― Si j'avais fait de la discrimination, j'aurais choisi le docteur Esposito(3), Rodney ! râla Sheppard.
― Pfff, elle ne m'arrive pas à la cheville ! dédaigna Rodney. Attendez, ça veut dire quoi ça ? s'exclama-t-il en réalisant la portée des mots de Sheppard.
― Rodney, le rappela à l'ordre Elisabeth. Quand pouvez-vous être prête, capitaine ? demanda-t-elle.
― Laissez-lui le temps de prendre possession de ses quartiers et de souffler un peu, Elisabeth, intervint le lieutenant colonel.
― Dans quinze minutes, Madame, répondit Caldwell sans prêter attention à son supérieur.
― Très bien, dans quinze minutes en salle d'embarquement, décréta Weir en congédiant tout le monde. Capitaine, voyez avec le major Lorne pour qu'il vous fournisse votre équipement. »
Et sur un hochement de tête, Elie s'éclipsa sans laisser le temps à Sheppard de protester plus avant : hors de question qu'il lui vole sa première mission !
Sans perdre un instant, elle confia ses effets personnels à Logan, prenant à peine le temps de lui expliquer qu'elle partait en mission, d'une voix que l'excitation rendait plus aiguë qu'à l'accoutumée, puis courut transmettre les ordres reçus au major Lorne.
Treize minutes plus tard, essoufflée, Elie se plantait devant la porte des étoiles avec la fébrilité d'un enfant le matin de Noël. Elle pouvait presque sentir sur elle les regards envieux de ses compagnons, ce qui ajoutait encore à son incroyable enthousiasme.
Elle fut rejointe par un Sheppard ronchon et un McKay geignant, se plaignant d'avoir trop mal aux pieds pour marcher encore. Il s'attira le regard noir de Sheppard quand il proposa d'emprunter un jumper pour aller plus vite, et celui non moins sombre de Ronon quand il suggéra que celui-ci devrait le porter.
Les trois hommes prêtèrent à peine attention à leur nouvelle coéquipière, et seule Teyla sembla remarquer sa présence. L'Athosienne lui adressa un sourire amical puis vint se placer à ses côtés. Mais déjà, Elie ne voyait plus rien ni personne. Plus rien d'autre que ce grand anneau de pierre au centre duquel ondulait en vaguelettes douces une étendue d'un bleu irréel.
Et prenant une grande inspiration, Elie Caldwell avança à la suite du docteur McKay et, d'un pas déterminé, entra dans le vortex.
(1)Épisode 208 : Conversion
(2)Smeadon est le chef des Manariens (planète : Manara). Dans l'épisode 110 (The Storm), une tempête colossale menace Atlantis. Sheppard et McKay viennent demander à Smeadon d'accueillir les atlantes et les athosiens le temps que la tempête passe. Mais Smeadon prévient les Geniis qui en profitent pour envahir la cité, Kolya à leur tête (épisode 111:The Eye)
(3)Episode 314 : Tao of Rodney (l'un des meilleurs de la série... Those scars on your back... I hope you don't mind. I just healed them ... Pffff c'est booon)
Voilà, c'est fini pour le premier chapitre. J'espère qu'il ne vous a pas semblé trop long ou fastidieux, mais il est nécessaire pour mettre en place les évènements et les personnages. Je suis très curieuse de découvrir vos avis sur ce chapitre.
Dans le prochain chapitre, on accélère la cadence et on fait courir un peu tout ce joli monde ! On se retrouve très prochainement, pour le chapitre 2.
