Disclamer : les personnages et l'univers appartiennent à Masami Kurumada.
Petite info : Cette histoire a également été écrite en 2008.

Bonne Lecture !


Chapitre 1

Ikki pénétra dans le hall de l'hôpital, se présenta et demanda à voir le médecin qui l'avait appelé. Il fut bientôt introduit dans un bureau et après une poignée de main l'homme en blouse blanche l'invita à s'asseoir :

- Est-ce que vous avez encore des contacts avec votre jeune frère ?
- Non, plus vraiment… Mais enfin vous allez me dire ce qui lui est arrivé, s'irrita Ikki
- Il a subi un violent traumatisme et la seule personne qu'il est réclamé, c'est vous.

Ikki en resta sans voix. Shun le réclamer lui ? C'était du domaine de l'impossible. Il n'avait plus de contact avec lui depuis que son père l'avait chassé de chez lui, dix ans auparavant. Shun n'était encore un enfant…

- Vous êtes sur ? Nous ne sommes pas revus depuis environ dix ans.
- Vu ce qu'il a subi, il est logique qu'il se réfère à son passé.
- Et qu'a-t-il subi au juste ?
- Il a été agressé et …
- Et ?
- Violé, termina le médecin à voix basse.
- Violé… répéta Ikki totalement abasourdi
- Il a été retrouvé à moitié mort et amené ici. Votre nom se trouvait dans la poche de son blouson, et vous êtes apparemment sa seule famille. C'est pourquoi je vous ai contacté… la police devrait le faire aussi.
- En fait ils l'ont déjà fait, pensa Ikki à haute voix, mais il n'avait pas rappelé suite au message laissé sur son répondeur pour une affaire urgente.
- Il est important que votre frère soit entouré, a-t-il d'autre amis ?
- Oui, je peux les contacter si vous voulez… Mais avant j'aimerais le voir si c'est possible.

Le médecin le guida jusqu'à une chambre où il pénétra doucement. Il s'approcha du lit où reposait Shun. Il dormait, ses cheveux verts éparpillés autour de lui. Les draps étaient remontés mais rien que sur son visage, Ikki put voir diverses traces de coups : ceux qui avaient fait du mal à son frère n'y avaient pas été de main morte.

Il passa doucement sa main dans les cheveux verts… Même s'ils ne s'étaient jamais revus, Ikki, lui, n'avait jamais perdu de vue son petit frère. Il avait suivi son évolution, était toujours resté dans l'ombre et avait même repris à son compte les factures de la fac où il étudiait, à la mort de leur père. Mais qui pouvait lui avoir fait du mal ?

Une sourde colère l'envahit, il les trouverait et leur ferait payer…

Il sortit pour appeler les amis de Shun. Il savait qui ils étaient et il lui suffirait d'en prévenir un seul pour que les quatre soient ici dans peu de temps. Il rappela ensuite le poste de police et un inspecteur promit de le recevoir dès qu'il le pourrait.

Il revint ensuite dans la chambre et attendit le réveil de son frère. Le médecin lui avait dit qu'il était sous calmant et qu'il devrait se réveiller bientôt. Malgré lui, son esprit plongea dans sa mémoire… L'époque joyeuse de leur enfance, malgré le manque cruel de leur mère qui était morte en mettant Shun au monde. Etait-ce parce que celui-ci ressemblait tant à leur mère que leur père lui vouait une véritable adoration et que son frère obtenait de lui tout ce qu'il voulait alors qu'Ikki semblait inexistant à ses yeux ? Il était de trois ans son aîné mais cette différence ne l'avait pas empêché d'aimer son frère et il avait toujours été là pour le protéger.

Et Shun lui rendait bien cette affection, trouvant en lui tout l'amour dont il était privé par la mort de sa mère et l'absence de son père.

Mais tout ceci n'était qu'une illusion et Ikki finit par découvrir la cruelle vérité par un pur hasard…

La porte de la chambre s'ouvrit brusquement ramenant Ikki à la réalité et deux jeunes hommes, l'un brun et l'autre blond qu'il identifia comme étant deux des amis qu'il avait fait prévenir, pénétrèrent dans la pièce.

- Oh mon Dieu, Shun ! dit le blond se nommant Hyoga et en s'approchant du lit pour observer son ami.
Le brun resta en arrière, il fixait Ikki qui se releva et recula pour les laisser s'approcher :
- Qui êtes-vous ? demanda brutalement le brun.
- Seiya ! intervint Hyoga.
- Je suis le frère de Shun, répondit Ikki amusé par l'instinct de protection de Seiya.

Shun bougea et se réveilla à cet instant, détournant l'attention des deux autres d'Ikki dans l'immédiat. Hyoga, tout prés de lui, se pencha doucement :

- Shun, dit-il doucement.
La réaction de son ami fut brutale.
- Ne me touchez pas, hurla-t-il en se recroquevillant dans son lit et murmurant d'une voix à peine audible, Ikki…
Celui-ci se rapprocha :
- Je suis là, Shun…
Shun se jeta dans ses bras en sanglotant :
- Ikki, reste avec moi… ne m'abandonnes plus… Ikki…

L'aîné resserra son étreinte et le berça comme il le faisait quand il était enfant en lui massant le dos et lui murmurant des paroles réconfortantes.
Seiya et Hyoga observaient la scène, médusés. Bien sur, Shun avait souvent parlé de ce frère mystérieux mais nul ne l'avait jamais vu et pourtant là il n'y avait plus aucun doute…
Shun se calma doucement et les sanglots cessèrent, il finit par relevé la tête pour regarder son frère :

- Tu es vraiment là, Ikki, tu m'as tellement manqué…
- Toi aussi tu m'as manqué, petit frère.
- Ikki, ne pars plus, restes avec moi…
- Pour l'instant je suis là, mais tes amis sont là aussi.

Shun détacha le regard de son frère mais ne lâcha pas et se tourna vers ses amis :

- Hyoga, Seiya…murmura-t-il.

Deux infirmières entrèrent dans la petite chambre et exigèrent le départ des visiteurs, leur patient devait se reposer. Les visites reprendraient l'après-midi à l'heure prévue pour cela.
Shun jeta un regard désespéré à son frère :

- Je reviendrais, Shun, promit-il avant de sortir.

Shun laissa les infirmières faire leur travail, mais son esprit essayait de se rattacher à cette vision, son frère… Cela faisait si longtemps… Il avait changé un peu mais restait le même que dans ses souvenirs… si sur de lui, si beau, si fort… Mon Dieu, faites que cette fois il reste, qu'il n'ait plus à souffrir à cause de moi… Ikki, si tu savais comme je t'aime…

Dans le couloir, Ikki s'apprêtait à partir mais fut arrêté par une main qui se posa sur son bras :

- Attends !

Il se retourna pour retrouver face à un Seiya qui visiblement bouillait de colère, Ikki lui jeta un regard interrogatif :

- Tu comptes faire quoi avec Shun ?
- Je ne vois pas en quoi ça te regarde.
- Shun est notre ami, si tu disparais, il risque de mal le supporter surtout dans son état et je ne le permettrais pas. On tient à lui, nous !
- Ne parles pas de choses que tu ne connais pas, et je ne vais pas m'en aller. Maintenant lâches-moi.

Seiya se décida à le lâcher mais insista :

- Comment te faire confiance ?
- Rien ne t'y oblige, dit Ikki avant de reprendre le chemin de la sortie mais il se retourna. Au fait, vous avez sûrement les clés de l'appart de Shun, ce serait sympa d'aller lui chercher quelques affaires, finit-il avant de disparaître au détour d'un couloir.
- Nous le ferons, répondit Hyoga en retenant Seiya qui voulait poursuivre Ikki :
- Ca ne nous regarde pas, Seiya !
- Mais ça va faire encore souffrir Shun, tu sais l'adoration qu'il lui porte !
- On savait que cela arriverait un jour… Shun est libre de faire ce qu'il veut, Seiya, lui dit doucement le blond, allez viens on va chez lui chercher des affaires.

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Un peu plus tard, Ikki sortit du commissariat troublé par les révélations de l'inspecteur qui s'occupait de l'affaire de son frère. Avant de retourner à l'hôpital, il passa chez lui prendre une douche et se changer, il n'aurait sûrement pas le temps de revenir ici avant son travail.

Il avait aujourd'hui vingt trois ans et son frère vingt. Il n'en avait que treize quand il avait quitté la demeure familiale dans des conditions plutôt houleuses et Shun en avait alors dix. Il venait d'apprendre que son frère le recherchait activement depuis plus d'un an soit peu après la mort de leur père…

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Shun se reposait, après le passage des infirmières. Il se rendormit un peu mais s'éveilla en sursaut et tremblant revivant sa nuit de cauchemar. Des larmes coulaient le long de son visage et il mit un bon moment à réaliser l'endroit où il se trouvait… L'hôpital… Ikki… Avait-il rêvé ou son frère était-il vraiment venu le voir ? Tout s'embrouillait dans sa tête… Le passé lui revint : cette fameuse nuit où la dispute violente l'avait réveillé…

Flash Back

Shun avait suivi le chemin des voix et avait trouvé son père qui reculait sous la menace de son frère armé d'un couteau et qui lui hurlait :

- Tu n'as pas le droit ! Je ne te laisserais pas faire !

Shun s'était précipité entre son frère et son père, ne comprenant rien à ce qui se passait, mais ne voulant pas qu'ils se fassent du mal :

- Arrêtes Ikki, tu es fou ou quoi ? C'est papa !

Son frère s'arrêta en le voyant :

- Shun !
- Il a voulu me tuer, Shun ! Il est fou, il faut l'enfermer ! hurla son père derrière lui.

Ikki ne quittait pas son frère des yeux et aucun d'eux ne put voir le sourire triomphant de leur père :

- Ikki, pourquoi ? Pourquoi tu fais ça ! Je te déteste !

Son frère avait sursauté violement en entendant ces mots. Il avait semblé hésiter un long moment puis avait parlé :

- Si je pars, tu laisseras tomber ?
- Oui, avait répondu la voix de son père.

Son frère avait alors lâché le couteau et fait demi-tour :

- Je ne serais jamais loin ! avait-il ajouté avant de quitter la maison définitivement.

Fin du flash- back

Shun n'avait jamais revu Ikki après cela et son père ne parlait jamais de cette scène. En grandissant plusieurs fois il s'était dérobé à ses questions… Mais l'enfant qu'était Shun avait grandi avec ce sentiment de vide en son cœur… Il avait sauvé de justesse les rares photos de son frère et les conservait précieusement, les regardant souvent et cherchant désespérément à comprendre ce qui c'était passé ce soir-là…

La porte de sa chambre s'ouvrit le ramenant au présent et un couple entra :

- Shiryu, Shunrei, entrez ! dit-il à ses amis en souriant, Seiya et Hyoga ne sont pas avec vous ?
- Ils sont passés chez toi te chercher quelques affaires, ils nous rejoindront après, lui répondit Shiryu en lui souriant chaleureusement mais restant assez loin de son ami.

Shunrei, elle s'approcha et l'embrassa sur la joue :

- Mon pauvre chou, dit-elle.
- C'est si moche que ça ?
- Disons que c'est impressionnant, lui répondit Shiryu.
- Tu peux t'approcher un peu, lui dit Shun, j'ai juste été surpris tout à l'heure en me réveillant mais je sais que vous trois, vous ne me ferez jamais de mal, dit-il en souriant à son ami.
- Hyoga m'a raconté alors…

Shun sourit et tendit la main à Shiryu qui l'attrapa doucement. C'était ses meilleurs amis, ils ne se quittaient que rarement tous les cinq.

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Dans l'appartement de Shun …

Hyoga réunissait quelques affaires de Shun dans sa chambre, alors que Seiya vérifiait ce qu'il restait au frigo pour ne pas que leur ami retrouve des trucs périmés ou moisis à son retour.

Le blond ayant fini ce qu'il faisait revint voir où en était son ami et le trouva agenouillé devant le frigo ouvert. Malgré lui, il frissonna en suivant des yeux le dos et la chute de rein du brun qui farfouillait penché en avant. Une douce chaleur l'envahit. Troublé, il s'éclipsa sans un bruit et s'assit sur le canapé du salon et prit sa tête entre ses mains :

« Mais qu'est-ce qui m'arrives ? Pourquoi me fait-il cet effet ? »

Seiya, adossé à la porte du salon l'observait attentivement. Il avait senti sa présence et l'avait vu sortir de la cuisine :

- Alors toi aussi, Hyoga ?
- Quoi ? dit celui-ci, relevant la tête, arraché brutalement à ses pensées.

Seiya s'approcha et s'assit juste en face de son ami sur la table basse :

- Toi aussi, tu ressens des trucs bizarres, hein ?
- Que veux-tu dire ?

La main de Seiya vint se poser sur sa joue et Hyoga ne put retenir un frisson :

- Je parle de ça Hyoga, de ces frissons, de cette chaleur qui monte en toi, moi aussi je connais ça, dit-il.
- Seiya, qu'est-ce qui nous arrive ? demanda, tremblant, son ami.

Pour toute réponse, le brun approcha son visage et posa ses lèvres sur les siennes. Ils fermèrent tous les deux les yeux sous la douce caresse et frissonnèrent à l'unisson, alors que leurs lèvres s'entrouvraient d'un même geste. Leurs langues d'abord timides et hésitantes, se caressèrent doucement, leur envoyant des sensations dans tout le corps et totalement inédites pour les deux jeunes garçons qui jusque là, se croyaient hétéro.

Le baiser s'approfondit et ils devinrent plus audacieux, explorant avec gourmandise la bouche de l'autre. Leurs langues s'entremêlaient et s'enroulaient l'une autour de l'autre dans un jeu sensuel et de plus en plus brûlant. A bout de souffle, ils se séparèrent et se regardèrent, aussi étonné l'un que l'autre :

- Je crois que ça réponds à ta question, dit Seiya en souriant et en caressant les boucles blondes de Hyoga qui lui sourit en retour :
- Mais on est hétéro tous les deux ! ne put s'empêcher de remarquer son ami.
- Ouais, ben là on vient de passer dans la catégorie des gays, ce te gêne tant que ça ?
- Non, c'est juste que je suis surpris… et que je n'ais jamais eu ce genre de relation et en plus tu es mon ami…
- Et ? demanda Seiya, sentant que son ami ne lui avait pas tout dit.

Hyoga se leva et se mit à marcher nerveusement de long en large dans la pièce sans parvenir à dire ce qu'il avait sur cœur :

- Et puis rien, laisses tomber ! Il faut qu'on ailles à l'hosto de toute façon, conclut-il en attrapant le sac qu'il avait posé sur un fauteuil et se dirigeant vers la porte. Seiya le suivit sans rien dire de plus, après avoir ramassé le sac poubelle qu'il avait préparé, mais un léger sourire sur les lèvres.

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A l'hôpital, devant la chambre de Shun, ils tombèrent sur Ikki qui parlait avec le médecin de leur ami. Ils entrèrent tous les deux dans la chambre y retrouvant le malade ainsi que Shiryu et Shunrei :

- Vous en avez mis du temps, dit Shiryu à l'intention de Seiya et Hyoga.
- On a aussi trié le frigo, répondit Seiya alors que Hyoga rougissait légèrement.
- C'est gentil d'y avoir pensé, les remercia Shun dont le regard n'avait pas quitté Hyoga.
- Tu te sens mieux ? demanda enfin celui-ci.
- Oui, excuses-moi pour tout à l'heure. Je n'ai pas compris où j'étais en me réveillant…
- Pas de problème, ne t'inquiètes pas pour ça.

La porte s'ouvrit et Ikki pénétra à son tour dans la chambre :

- Ikki… dit Shun, tu es revenu…
- Je te l'avais dit non ? lui répondit celui-ci.
- On va peut-être vous laissez, dit Shunrei en souriant.
- Non attendez, dit Ikki, j'ai à vous parler.

Les cinq autres le regardèrent, surpris :

- Je viens de parler au docteur, continua Ikki, il est d'accord pour laisser sortir Shun dès demain s'il ne reste pas seul.
- On peut se relayer, mais avec la fac, dans la journée ça va être difficile, réfléchit Shiryu à haute voix.
- La journée, je peux, fit Ikki, mais le nuit je bosse.
- Dans ce cas on peut s'arranger pour le soir et la nuit, conclut Hyoga.

Ikki se tourna vers son frère :

- Enfin, à la condition que tu te sentes prêt Shun…

Celui-ci regardait son frère sans répondre :

- Shun ? interrogea Shunrei inquiète.
- Ca me va, dit-il finalement sans lâcher son frère du regard.
- Bien, je vais régler les détails, annonça celui-ci en ressortant de la chambre.
- Eh bien, en voilà une surprise ! commenta Shiryu.
- C'est plutôt une bonne, lui répondit Shunrei, alors les garçons, comment on s'organise ?
- On se relaie, un par soir, dit Hyoga.
- Par deux ce serait mieux, lui objecta Shiryu.
- Va pour deux ! Toi et Shunrei et Hyoga et moi, si vous voulez on commence, dit Seiya.
- Moi ça me va, répondit Shun, du moment que Ikki reste…

Ils discutèrent encore tous le cinq. Ou plutôt tous les quatre car Hyoga restait étrangement silencieux à tous les échanges, ne répondant que par monosyllabes quand on l'interrogeait directement. Ikki fit un passage éclair pour dire que tout était réglé et qu'il viendrait chercher Shun le lendemain après-midi. Il fut décidé que Seiya et Hyoga se rendraient à l'appartement de Shun en sortant de la fac. Puis Ikki repartit en embrassant son frère sur le front qui frissonna violement à ce contact, mais seul Shiryu le remarqua. Quand ce fut l'heure de partir, il resta en arrière pour rester un moment seul avec son ami :

- Shun, tu es sur que ça va aller avec ton frère ?
- Oui, pourquoi tu me demandes ça ?
- Parce que tu ne le regardes pas comme un frère… lui expliqua doucement Shiryu
- Oh… dit Shun en baissant la tête. Inutile de nier, Shiryu avait un don pour deviner ce genre de choses :
- Si tu veux on peut en parler, lui proposa-t-il, je peux venir demain avant que tu sortes. J'ai un trou dans la journée.

Shun relava la tête avec un sourire de reconnaissance :

- Je veux bien, oui.

Shiryu s'approcha et lui déposa un baiser sur la joue :

- Ok, alors à demain, le salua-t-il avant de sortir à son tour.

Shiryu retrouva Shunrei qui l'attendait à la sortie de l'hôpital avec Seiya, Hyoga avait disparu :

- Ne t'en fais pas, il finira par se rendre à l'évidence, dit Shiryu à Seiya qui avait deviné depuis longtemps l'attirance réciproque des deux garçons. Mais là visiblement, ils avaient franchi un nouveau cap.
- J'aimerais en être aussi sur que toi, lui répondit son ami en soupirant.
- Tu veux dîner avec nous ? lui proposa Shunrei.
- C'est sympa mais non, je vais rentrer. On se voit demain, dit-il avant de partir.
- Je n'aurais jamais cru que les histoires d'amours entre garçons soient aussi compliquées… commenta pensivement Shunrei.
- T'as pas idée mon cœur ! lui répondit Shiryu en déposant un tendre baiser sur ses lèvres tout en pensant à Shun.

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Hyoga tournait en rond dans son appartement. Impossible de se sortir de la tête ce baiser avec Seiya… A chaque fois qu'il essayait de penser à autre chose, immanquablement le visage de son meilleur ami finissait par apparaître devant ses yeux. Il jeta un coup d'œil au réveil : vingt-trois heures trente. Que faisait Seiya en ce moment ? Pourquoi n'arrivait-il pas à s'ôter ce baiser de la tête et surtout pourquoi cette douce chaleur l'envahissait à chaque fois qu'il y repensait ?

A bout de nerfs, il se rhabilla à la hâte et sortit de son appartement.

Dix minutes plus tard, il sonnait à la porte de Seiya. Celui-ci vint lui ouvrir, juste vêtu de son boxer. Hyoga eut l'impression de recevoir une décharge électrique qui se propagea directement dans son bas-ventre :

- Hyoga ? Un problème ?

Le blond sembla émergé et posa enfin les yeux sur son visage :

- Non… enfin oui… Il faut que je te parle.
- Entres, dit Seiya en s'effaçant et en refermant la porte derrière son ami, tu veux un café ?
- Oui, je veux bien, merci.

Hyoga s'installa sur le canapé-lit du petit studio qu'occupait son ami et qui pour l'heure était devenu son lit. Il se sentait soudain à l'étroit dans son jean et n'arrivait pas à quitter des yeux le corps divinement sculpté de Seiya. Ses muscles, entretenus par les sports qu'ils pratiquaient tous, roulant sous la peau bronzée. Il fit un violent effort pour reprendre un peu la maîtrise de la situation sans vraiment y parvenir.

De son côté, le brun essayait de ne pas penser à ce que pouvait bien faire son ami ici alors qu'il s'était littéralement enfui à leurs sorties de l'hôpital. Il prépara rapidement deux tasses de cafés et revint vers lui, il remarqua alors son regard et réalisa sa tenue :

- Tu préfères que je m'habille ? demanda-t-il un peu troublé ce qu'il voyait.
- Je… merde Seiya, je suis venu te parler, dit-il en se levant et en se plantant devant la fenêtre, et toi tu te ballades presque nu devant moi ! Déjà que j'y comprends rien…

Seiya déposa les tasses et attrapa un peignoir qu'il enfila :

- C'est bon, tu peux te retourner.

Mais Hyoga ne bougea pas :

- Seiya, murmura-t-il, on n'a pas le droit de faire ça…

Le brun s'approcha de lui et lentement le força à se retourner, il prit son visage tourmenté entre ses mains :

- Tu préfères que l'on continue à se mentir, à faire comme si on n'éprouvait rien l'un pour l'autre ? Moi j'en peux plus, Hyoga, je vais devenir dingue si ça continue.
- Mais…
- Arrêtes, ça fait des mois que je me pose les mêmes questions et toi aussi. Je t'aime Hyoga et j'y peux rien, je suis tombé amoureux de toi.

Il le lâcha et se retourna :

- Maintenant, continua-t-il, si veux partir, je ne t'en voudrais pas et je ne t'importunerais plus. Mais ne me demandes pas de faire comme si de rien était. Ça, je ne pourrais pas…

Un long moment s'écoula en silence, juste troublé par le bruit de la circulation qui leurs parvenait de la rue. Seiya n'osait pas faire un seul mouvement, attendant la décision de celui qu'il aimait et à qui il venait d'ouvrir son cœur.

Deux bras vinrent l'enlacer, le faisant violement sursauter et une tête se posa sur son épaule alors qu'il retenait son souffle :

- Je suis pas aussi sur que toi, Seiya, lui murmura Hyoga à l'oreille, et ce chemin m'effraie mais je ne peux pas nier ce que je ressens en ta présence…

Seiya se retourna lentement et ils se regardèrent un long moment sans rien dire. Les bras de Hyoga enlaçant toujours son ami qui noua les siens autour de son cou, ils se rapprochèrent encore, se serrant l'un contre l'autre et leurs lèvres se rencontrèrent de nouveau.

Ils savourèrent ce baiser encore plus intensément que celui échangé dans l'appartement de Shun, surpris tous les deux par les réactions de leurs corps qui répondaient maintenant à un besoin qu'il réfrénait chacun depuis trop de temps.

Le peignoir se retrouva par terre en même temps que tee-shirt de Hyoga, leurs mains parcouraient leurs corps. Ils n'étaient déjà plus vraiment eux-mêmes, se laissant simplement guidés par leurs instincts et ce besoin frénétiques et irraisonnés de sentir la peau de l'autre. Leurs bouches avaient bien du mal à se séparer pour reprendre un semblant de respiration entre deux baisers brûlants et passionnés.

Hyoga se débarrassa de son jean devenu vraiment trop étroit et se plaqua contre le corps de son ami leur arrachant un gémissement de plaisir et déclanchant des frissons incontrôlés dans leurs deux corps en fusion.

Mais c'était trop. Trop fort et trop puissant. Hyoga recula de plusieurs pas, perdu, en proie aux pires doutes, cherchant désespérément son souffle… Pourquoi cette soudaine envie de ne faire qu'un avec lui ? Pourquoi cette attirance si violente et ardente ? Où tout cela les mènerait-il ?

- Seiya…
- Mon ange ?

Son ange… Hyoga regardait toujours intensément le visage de son ami, les yeux noisette le fixaient avec un telle douceur :

- Si tu as peur on peux arrêter et simplement s'endormir l'un avec l'autre.

Il se rapprocha de lui, posa sa main sur sa joue et reprit suppliant :

- Restes avec moi, mon ange, restes avec moi cette nuit….

Hyoga ferma les yeux, se laissant aller à la caresse. Son ange, il venait de le redire, il referma ses bras autour de lui :

- Je… je veux… aimes-moi, Seiya…

Seiya le prit par la main et le guida jusqu'au lit où il s'allongèrent. Lui-même était complètement dépassé par l'intensité de ses émotions et de ses sensations, mais il avait senti la peur de Hyoga. Il se força à se maîtriser et posa ses lèvres en douceur sur celle de son ange, ses mains caressant la chevelure blonde. Le baiser s'approfondit et leurs corps s'embrasèrent à nouveau. Cette fois Hyoga n'eut pas peur et se laissa glisser vers la douce brume de volupté qui l'envahissait.

Avec ferveur, il libéra leurs corps du dernier rempart de vêtements et attira son futur amant sur lui, mettant en contact pour la première fois leurs deux sexes gonflés de désirs. Une onde de choc les traversa et ils se frottèrent l'un contre l'autre, uniquement guidés par le besoin d'assouvir ce trop violent désir qui les consumait. Ils ne résistèrent pas longtemps et se répandirent en criant, complètement foudroyés par cette nouvelle forme de plaisir qui les laissaient sans souffle, étroitement enlacés.

Ils reprirent peu à peu leurs respirations et Seiya se souleva légèrement pour regarder son amant :

- Je t'aime mon ange…

Hyoga frémit à ce nom et captura les lèvres au dessus de lui pour une douce caresse, réalisant à son tour qu'il avait combattu inutilement ses sentiments envers Seiya. Il rompit le baiser et le regarda, ses mains se perdant dans la chevelure rebelle :

- Moi aussi je t'aime, mon amour.

Les yeux noisette s'emplirent de larmes de bonheur et se perdirent dans prunelles bleues. Leurs lèvres se trouvèrent à nouveau pour un long et tendre baiser plein de promesses.

Libérés du fardeau qui avait entravés leurs sentiments, ils se laissèrent aller librement à se découvrir mutuellement, sans honte et sans fausse pudeur, se découvrant sous un jour nouveau qui les ravissait. Ils s'exploraient, leurs gestes étaient encore maladroits et inexpérimentés mais ils se fiaient aux réactions qu'ils provoquaient sur le corps de l'autre. Ils se léchèrent le ventre tout à tour, goûtant à leurs propres saveurs et la partageant ensuite. Ils se gavaient l'un de l'autre. Leurs sexes s'étaient fièrement redressés depuis déjà longtemps, mais ils se contrôlaient mieux, poussant toujours plus loin leurs explorations.

Pourtant quand la langue de Hyoga se posa pour la première fois sur son membre palpitant, Seiya crut défaillir. Il poussa un feulement rauque et s'arqua instinctivement vers la bouche qui lui faisait tant de bien et qui venait de se refermer autour de lui. Il cria de plaisir, et ne put résister longtemps à ce traitement si nouveau et si divin. Il jouit dans un dernier cri, se répandant au plus profond de la gorge de Hyoga qui avala sa semence jusqu'à la dernière goutte avec délectation.

Mais le blond continua son exploration, avec gourmandise. Il goûtait chaque parcelle de l'anatomie si sensible de Seiya. Celui-ci, noyé dans les multitudes de sensations nouvelles qu'il subissait s'offrait avec délices aux caresses, se cambrant et s'ouvrant au maximum pour donner plus de champs à son amant.

Hyoga se sentait irrémédiablement attiré par la partie le plus intime de son amant, avec douceur il commença une légère caresse et sentit Seiya sursauté violement. Un râle s'échappa de se gorge, encourageant le blond à poursuivre, sa langue devint plus inquisitrice provoquant des spasmes incontrôlés et des petits cris de plaisir.

Le blond savait où il voulait en venir mais hésitait sur la suite des opérations. Pourtant il était sur d'une chose, il voulait ne faire qu'un avec Seiya. Il voulait entrer dans ce corps chaud et souple qui se tordait de plaisir sous ses caresses. Ce besoin était vital. Il le sentait dans tout son être. Il releva le tête, indécis, et croisa les yeux noisettes embués du même désir. Il le vit se redresser et leurs lèvres se trouvèrent de nouveau pour un baiser enflammé :

- Seiya, mon amour, tu veux bien…
- Oui, mon ange, je veux te sentir en moi. Disant cela il le repoussa et se retourna, se mettant à genoux sur le lit. Hyoga frémit de désir en le voyant ainsi… totalement offert. Il reprit ses caresses et le pénétra d'un doigt, Seiya se figea mais gémit à la fois :
- Oh oui, mon ange…

Hyoga trouvait les gestes instinctivement, comme si au fond de lui il les avait toujours su ou était-ce simplement le langage universel du corps qui parlait pour eux. Ce besoin d'amour et de plaisir qu'ont en eux tout les humains…

Après l'avoir longuement préparé, il n'y tint plus et le pénétra doucement, se sentant immédiatement envahit par une pure extase qu'il n'avait jamais ressenti.

Seiya s'était de nouveau figé, perdu entre plaisir et douleur, essayant de reprendre son souffle. Il le sentit bouger en lui et vint à sa rencontre. Ils se redressèrent d'un même geste en criant sans aucune retenue, ayant quitté tout contact avec la réalité, plongé un monde de pur plaisir qui les balaya si soudainement qu'ils ne purent y résister bien longtemps. Les sensations étaient trop fortes, trop nouvelles, trop intenses… Il jouirent à quelques secondes d'intervalles et retombèrent épuisés, l'un sur l'autre.

Ils n'eurent que la force, un long moment plus tard, de reprendre une position plus confortable avant de s'endormir dans les bras l'un de l'autre.

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Quand Shiryu pénétra dans la chambre de Shun en début d'après-midi le lendemain, comme il le lui avait promis, il la trouva vide. Surpris, il s'apprêtait à faire demi-tour quand un faible gémissement lui parvint de la salle d'eau. Il s'y précipita :

- Shun, tu es là ? dit-il en ouvrant la porte.

Il réceptionna comme il le put son cadet qui se précipita dans ses bras en sanglotant :

- Shiryu… enfin… j'ai cru que tu viendrais jamais…
- Mais enfin Shun, qu'est-ce qui se passes ?
- Veux pas…peur…Ikki, réussit à dire Shun entre deux sanglots

Shiryu comprit qu'il n'aurait pas le fin mot de l'histoire avant qu'il se calme et le berça doucement en lui murmurant des paroles réconfortantes, attendant patiemment que son jeune ami se reprenne. Ni l'un, ni l'autre n'entendirent la porte s'ouvrir et Ikki pénétrer dans la chambre, celui-ci resta figé devant le tableau.

Shun s'apaisa doucement, la présence de son ami, toujours si serein le rassurait :

- Racontes-moi Shun, entendit-il.
- J'ai peur Shiryu, peur de sortir d'ici, répondit-il sans quitter l'épaule et la chaleur de son ami :
- Mais tu ne seras pas seul. Jamais, et puis il y a ton frère, tu étais si content.
- Mais je ne le connais plus…ça fait si longtemps…et je lui fais tant de mal…

Ikki ne bougeait pas, écoutant le cœur soudain broyé par le chagrin de son frère, Shiryu continuait à le rassurer et c'était lui qui aurait du le faire. Combien de fois n'avait-il pas pu faire ce simple geste ?

Il sortit discrètement de la chambre, refusant de jouer le voyeur plus longtemps, complètement bouleversé.

Dans la chambre, Shiryu avait guidé son ami jusqu'à son lit et ils s'y étaient assis tous les deux. Là Shun lui avait tout raconté. La scène qui avait entraînée le départ de son frère. Les mots si blessants qu'il avait eu envers lui et surtout la solitude après son départ. Enfin le refus de son père de lui révéler la vérité et qu'il n'avait découvert qu'à la mort de celui-ci. L'horrible vérité : Ikki n'avait fait que le défendre… Il voulait empêcher leur père de l'envoyer dans une pension au loin car il était jaloux de l'affection et de la complicité des deux frères….

Shun avait trouvé une lettre de leur père lui donnant enfin les explications qu'il avait tant cherchées pendant si longtemps. Lettre où son père se repentait de son comportement possessif envers son plus jeune fils et de la scène qu'il avait lui-même provoqué pour obliger Ikki à partir, sachant pertinemment la réaction de son aîné. Dans cette lettre, leur père leur demandait de lui pardonner le mal qu'il avait pu leur faire, expliquant son geste par l'immense chagrin de la perte de son épouse et la ressemblance entre Shun et sa mère défunte. Il voulait le garder pour lui, ne pas le partager :

- Tu comprends maintenant, Shiryu ? C'est uniquement parce que je ressemblais trop à ma mère que mon père a chassé Ikki de la maison ! C'est à cause de moi.
- Non, Shun, tu n'as été que la victime tout comme ton frère et tu dois montrer cette lettre à Ikki… Peut-être arrivera-t-il à lui pardonner ?
- Et à moi, tu crois qu'il me pardonnera ?
- C'est déjà fait, je ne sais même pas s'il t'en a voulu un jour, par contre…
- Oui ?
- Il faut que tu clarifies tes sentiments envers lui.
- Ca se voit tant que ça ?
- Si moi je l'ai vu, il finira par le remarquer aussi. Même si pour l'instant il prend ça pour de l'affection fraternelle. Et puis tu risques de te heurter à un non de sa part… Il faut que tu en sois conscient et si c'est le cas tu dois quand même faire ta propre vie.
- Dis, Shiryu, ça ne te choque pas ?
- L'amour n'est jamais choquant quand il est sincère, Shun.

Un coup à la porte les fit se retourner et ils virent Ikki entré dans la pièce qui fit comme si de rien n'était, s'étant repris. Shun se précipita dans ses bras :

- Salut petit frère.
- J'ai un peu peur de sortir, Ikki.
- C'est normal, mais je te promets que ça va aller, dit-il en le serrant dans ses bras, si content de le savoir si proche.

Shiryu observait la scène avec attention, un sourire sur les lèvres.

A suivre…