Bonjour/Bonsoir à tous ! Ces mots sont les premiers que je publie sur ce site, alors j'ai un peu peur… Il sera le premier OS d'un recueil centré sur les miroirs et les reflets… Bonne lecture, et n'hésitez pas à critiquer. Ça ne pourra que m'aider.

Chapitre I : Barbara

Assise sur la cuvette refermée des toilettes, dans un curieux équilibre, Barbara sortit son miroir de poche, qui ne la quittait jamais. C'était un joli miroir rouge, qu'elle avait acheté cinq dollars à Denver. Elle s'observait, se jaugeait, traquait ses défauts. Toujours fixée sur son reflet, elle pensait. Ses traits se durcirent. Ses yeux habituellement clairs furent peu à peu recouverts d'une sombre brume d'hiver. Silencieusement, de gracieuses larmes vinrent fissurer son maquillage, et sa respiration devint erratique. Elle se souvenait. Elle se souvenait de la nuit du 6 Septembre. Cette nuit où la délicieuse enfant qu'elle était s'était glissée entre les couvertures chaudes de sa chambre, se protégeant ainsi du froid d'Automne qui régnait alors sur la ville. Elle s'y sentait tellement bien. Doucement, elle se laissait tomber dans les bras de Morphée, s'abandonnant à la nuit.

La porte s'ouvrit, déchirant l'obscurité de la pièce en un éblouissant faisceau de lumière. Elle cligna des yeux, vit une ombre menaçante se découper dans la clarté de la pièce voisine. Elle eut si peur. L'animal entra dans sa chambre, bondit sur son lit, défit ses draps. Ses pattes velues et sales piégèrent ses poignets, tachant sa peau et altérant ses cheveux. Elle se souvint avoir voulu crier. Hurler de toutes ses forces. Mais elle n'avait pas pu. Pétrifiée, elle n'avait rien pu faire. Elle s'était fait posséder par cet animal, ce loup féroce et menaçant. Après ça, elle ne se souvenait de quasiment rien. Juste de la fin. Juste de cette peur, qui ne la lâcherait jamais. Juste de ce silence qui l'avait à tout jamais envahie.

Barbara était en larme. Assise sur la cuvette refermée des toilettes, elle perdit l'équilibre. Les yeux toujours rivés sur ceux de son reflet, elle pleurait de honte et de rage. Elle se sentait sale, trahie, souillée. Rageusement, elle envoya son miroir se briser sur le sol. Ce miroir rouge comme le stupre. Elle était si seule. Son corps fragile se rapprocha de l'objet, et elle se regarda. Se regarda une dernière fois dans ce miroir brisé, qui lui renvoyait son image déformée, anéantie. Elle essuya ses larmes. Se démaquilla grossièrement à l'aide de sa manche, puis sortit, laissant son reflet giser sur le sol.