Bien le bonjour, chers rôlistes ! (ou pas rôlistes, aussi, je suis très ouverte d'esprit).

Voici ma modeste contribution à la fanbase d'Aventures. La saison 3 approche à grands pas (je suis joie), et en attendant j'ai eu envie de m'imaginer ce qu'elle pourrait être. Je l'ai écrite comme un One Shot, mais je compte la continuer si ça vous plaît.

Autant vous prévenir tout de suite, il n'y aura strictement aucun pairing entre les personnages principaux dans cette histoire.

L'Univers d'Aventures ne m'appartient bien sûr absolument pas, ni les personnages d'ailleurs.

(Mahyar, cher MJ que tous les rôlistes rêvent d'avoir, puisse-tu recevoir mes ondes positives pour que le développement du jdr Aventures se déroule sans accrocs)

Sur ces bonnes paroles, bonne lecture.


La terre en miettes crissait sous les sabots de Lumière. Le cheval avançait péniblement au milieu du désastre. Théo ne savait pas exactement ce qui l'avait poussé à aller dans cet endroit désolé. Ou plutôt retourner. Car il était déjà venu ici, il en était sûr. Un instinct, une sensation lui murmurait à l'oreille la familiarité de ce lieux, et qu'il devait y revenir. Qu'il y avait laissé quelque chose de précieux. Des images s'imposèrent dans son esprit. Grunlek, avec son attitude tranquille et posée, arborait un sourire rassurant. Shin, les traits cachés sous ses éternels habits bleus, affichait le même regard innocent qui cachait mal son lourd passé et ses idées sombres. Et Bob, ses yeux malicieux et son tempérament hyperactif faisant oublier son double maléfique. Car malgré ses abords bourrus et je-m'en-foutistes, Théo les aimait, ces abrutis. Ses amis. Il en avait eu très peu dans sa vie. Son état d'Inquisiteur et son mauvais caractère ne le prédisposait pas à cela. Le peu d'amis qu'il avait eu avaient soit coupé les ponts avec lui, soit avaient été tués (juré, ce n'était pas de son fait). Ces trois-là avaient été les seuls capable de l'accepter comme il était. Ils avaient aussi été les seuls êtres à s'être maintes fois opposés à lui (surtout Bob), et à s'en être sortit sans coup de bouclier dans l'occiput. Bon, certes, il avait tenté de mettre Bob au bûcher. Une fois. Et il l'avait cherché. Personne ne faisait cramer la cape brodée de fils d'or d'un Inquisiteur de la Lumière sans en payer le prix. Et ni Grunlek, ni Shin n'avaient bougé le petit doigt pour l'en empêcher. Peut-être parce qu'ils savaient pertinemment qu'un simple bûcher n'aurait strictement aucun effet sur l'engeance d'un démon des flammes.

Quelque chose capta alors son regard, interrompant ses pensées mélancoliques. Une tache colorée dans cette étendue morne et grisâtre. Il descendit de Lumière et s'approcha. C'était un corps. Un corps sans vie. Son cœur se serra d'inquiétude, puis explosa de soulagement en voyant qu'il ne s'agissait d'aucun de ses amis. La personne, ou du moins ce qu'il en restait, était couvert de brûlures, et était même calciné par endroit. Elle était habillée d'une robe de mage brune presque entièrement consumée, où se devinait encore l'insigne de l'église de la Terre. Il régnait dans l'air une odeur de chair carbonisée qui prit le paladin à la gorge. Celui-ci examina le corps, et l'évidence lui sauta alors aux yeux.

-Merde, siffla-t-il entre ses dents.

Ces brûlures n'étaient pas ordinaires. Théo sentit qu'il se dégageait d'elles une énergie qui fit naître en lui un mauvais pressentiment. Une énergie qu'il avait sentit depuis qu'il avait pénétré dans ce cataclysme, mais qu'il avait repoussé, refusant d'y croire. Mais à présent, plus question de nier la réalité. Cette sensation, il l'avait déjà connue. C'était quand Bob avait laissé sortir son démon à la Cité des Merveilles. Une sensation démoniaque.

« Bob, bordel, qu'est-ce que tu as fait ? »

Il continua à parcourir la plaine. Le silence n'était troublé que par le bruit de ses pas et des sabots de Lumière qui le suivait de près. Il découvrit d'autres corps de personnes appartenant à différentes églises, mais aucune trace de ses amis. Il était sûr qu'ils étaient là il y avait très peu de temps. Toujours cet instinct étrange. Il commençait à craindre le pire. Comment auraient-ils pu échapper à un cataclysme pareil ? Il avait vu de lui-même les météores s'abattre sur la vallée, telle une pluie de feu et de mort. Personne ne pouvait survivre à cela. Mais ses amis n'étaient pas des personnes ordinaires. Il continua donc de chercher.

Il allait abandonner quand il entendit un craquement sourd. Lumière dressa la tête et pointa ses oreilles, inquiet, vers un monticule de gravats et de terre. Théo obliqua dans cette direction et accéléra le pas. Soudain, des morceaux de bois et de roche se soulevèrent et retombèrent avec fracas, découvrant alors un bras. Un bras de métal.

-Grun' !

Théo se précipita vers la main tendue et la personne à qui il appartenait qui se débattait dans le fatras de débris.

-Théo ? Fit une voix incrédule néanmoins étouffée par les décombres. Bon sang, c'est toi ? Sors-moi de là !

Ils bataillèrent un moment, et Grunlek pu enfin sortir, épuisé et couvert de poussière, mais en vie. Il semblait n'avoir pour toute blessure qu'une arcade sourcilière ouverte et une coupure sur son bras organique. Néanmoins, il ignora son état et se jeta sur le paladin dans une étreinte à lui couper le souffle malgré son armure de plates. Celui-ci ne bougea pas, trop surpris par l'élan d'affection dont il était l'objet, et soulagé de revoir le nain en vie, bien qu'il ne l'admettrait jamais.

-Bon sang, Théo ! Répétait le nain. Bon sang, si tu savais comment tu nous as inquiété ! Crétin de palouf ! S'écria-t-il soudain en relâchant Théo pour donner un petit coup dans son armure de plates avec son bras mécanique.

Le paladin ne protesta pas, surprit d'entendre le nain d'habitude très poli et posé employer un vocabulaire qui était d'habitude l'apanage d'un certain pyromage.

-Ce serait plutôt à moi de te dire ça, rétorqua-t-il cependant, secrètement content de voir son ami en vie et – à peu près – en un seul morceau. C'est quoi ce bordel ? Il s'est passé quoi ? Où sont Shin et Bob ? Et les églises ?

Une ombre passa dans les yeux de Grunlek qui évita le regard de Théo.

-Allons chercher Shin, dit-il, éludant les questions de l'inquisiteur.

Celui-ci ne fut pas dupe mais acquiesça tout de même, sachant pertinemment que les réponses viendraient sous peu. Ils parcoururent l'étendue désolée, cherchant une tache de bleu dans ce paysage morne et gris, appelant le nom du demi-élémentaire. Seul le silence leur répondit. Jusqu'à ce que…

-AÏÏÏÏEUH ! SALOPERIE !

Le beuglement de Théo aurait pu être entendu dans toute la vallée. Grunlek accourut, inquiet,… et failli laisser échapper son premier éclat de rire depuis la catastrophe. Théo avait les mains au niveau de son oreille gauche, oreille à laquelle était accroché un petit être bleu qui avait planté ses petites quenottes de glace dans le lobe du noble inquisiteur. Ce dernier vociférait des injures totalement indignes de son rang.

-Icy ! S'exclama Grunlek en se précipitant.

Entre-temps, Théo avait réussi à décrocher le Pet de son oreille et le tenait dans son poing. On sentait dans ses yeux qu'il se retenait très fort de ne pas le foudroyer sur place.

-Théo, lâche-le.

-D'abord, je purifie cette hérésie.

Des étincelles dorées pulsaient doucement dans l'autre main de l'inquisiteur.

-Théo, c'est un Pet élémentaire d'eau. C'est déjà de l'eau pure, répondit Grunlek comme s'il faisait la leçon à un enfant de trois ans. Et on ne retrouvera pas Shin si tu tues le seul être qui peut nous mener à lui.

L'argument fit mouche dans l'esprit du paladin qui reposa Icy avec force ronchonnements. Celui-ci fonça se cacher derrière la cheville du nain et hurla des injures en langage élémentaire tout en brandissant son petit poing en direction de Théo, qui l'ignora royalement. Grunlk ramassa délicatement le Pet.

-Et si tu nous menais à ton maître ? Demanda-t-il avec un sourire engageant.

Icy sembla alors se rappeler qu'il était là pour une raison et cessa de menacer Théo des pires sévices (incluant de le sécher, horrible torture du point de vue d'un être composé uniquement d'eau). Il afficha un air paniqué et sauta de la paume de Grunlek pour se diriger en courant vers un point précis dans sa petite tête.

Les deux amis le suivirent, inquiets de la réaction de la créature. Théo eu alors un mauvais pressentiment.

-J'espère qu'il n'est pas encore tombé dans un…

Ah si.

Et merde.

-Shin ! S'écria Grunlek, courant vers l'infâme puits qui se dressait devant eux. Il se pencha ou dessus du trou. Celui-ci était vide d'eau, mais de nombreux débris y étaient tombés. Les yeux du nain pouvaient néanmoins en distinguer le fond. Il tendit l'oreille. Au début, il n'entendit rien, puis un souffle, presque imperceptible.

-Shin ? Appela Théo. T'es là ?

Cette fois-ci, Grunlek entendit parfaitement un faible cri leur répondre. N'hésitant plus, il utilisa son bras-grappin pour descendre au fond du puits où il distingua, dans une cavité creusée dans le mur, une personne vêtue d'un habit bleu en lambeaux. Shin.

-…Grun'… ? T'en as mit… du temps…

Shin respirait avec difficulté, laissant échapper occasionnellement un râle de douleur. Grunlek sentit distinctement l'odeur du sang. Il distingua alors une énorme écharde de bois dépasser de la tunique du demi-élémentaire, au niveau du côté. Son cœur se serra devant la gravité de la blessure.

-Théo ? Appela-t-il. Il faut que tu descendes. Tout de suite.

Le ton d'urgence du nain fit réagir le paladin qui descendit à son tour dans le puits avec l'aide de Grunlek. Faisant briller son armure pour y voir plus clair, il se dirigea vers Shin.

-C'est pas possible, Shin. Même pour sauver ta peau, tu trouves le moyen de finir à moitié mort dans un foutu puits, râla-t-il pour dédramatiser la situation.

Shindha eu un petit rire douloureux, du sang coulant de sa bouche, content de revoir son ami en vie. Celui-ci évalua l'étendue des dégâts et secoua la tête.

-Il va falloir que tu le tiennes pendant que je lui enlève ce truc, Grun', dit-il en jetant un coup d'œil au nain.

Celui-ci opina du chef et attrapa Shin de manière à être derrière lui, le dos du demi-élémentaire contre lui et lui maintenant les bras. Il fit un signe de tête à Théo qui empoigna le morceau de bois d'une main ferme et le tira d'un coup sec. L'archer poussa un hurlement de douleur et se débattit faiblement dans les bras du nain qui tint bon. Le paladin ne perdit pas de temps et invoqua un sort de soin. De la lumière émana de ses mains ensanglantées qu'il apposa à la blessure de son ami. Le visage de Shin se détendit au fur et à mesure que la peau et les organes retrouvaient leur intégrité. Après quelques instants, ne restaient de l'horrible blessure qu'une douleur sourde et une belle cicatrice, que seul le temps ferait disparaître. Le demi-élémentaire prit une profonde inspiration, soulagé que le simple fait de respirer ne soit plus douloureux. Grunlek cessa de lui maintenir les bras.

-Comment tu as fait ton compte, cette fois ? Demanda le nain qui se permit une pointe d'ironie après la peur que l'archer venait de leur faire.

Shin ne répondit pas immédiatement, prenant le temps de reprendre son souffle, mais aussi honteux d'avoir à nouveau perdu contre son Némésis.

-Avec des météores qui viennent du ciel, je me suis dit que me planquer sous terre était une bonne idée. Et il y avait de l'eau quand j'y ais plongé. Mais quand les météores ont frappé, elles ont dû ouvrir une évacuation ailleurs et toute l'eau s'est barrée, et ensuite ces foutus débris me sont tombés dessus, et il y en a eu un qui a dû trouver amusant de visiter mon intestin grêle ! Ragea-t-il en montrant sa nouvelle cicatrice. J'en ai marre de ces conneries ! Le prochain qui mentionne le mot « puits », je le congèle sur place !

Il y eu un blanc. Un long et embarrassant blanc. Grunlek et Théo restaient stoïques, incarnation même de la fortitude, de la solidarité et de l'amitié… jusqu'à ce qu'un léger tic tordit la bouche du paladin, tandis que Grunlek, n'y tenant plus, éclata de rire, vite rejoint par Théo, provoquant un écho dans tout le puits comme des milliers de voix moqueuses.

La peau bleutée de Shin se teinta d'une délicate nuance de rouge devant le manque de soutient évident de ses amis.

-Bon, allez, ronchonna-t-il dans son masque. Et si on sortait d'ici ? Ce genre d'endroit me rend claustrophobe.

Calmant leur rire, qui eu au moins l'utilité de relâcher la pression, Grunlek et Théo aidèrent leur ami pas complètement remit à sortir du trou. Lorsqu'ils émergèrent à la surface, Shin marqua un temps d'arrêt devant le spectacle de destruction qui s'étendait devant ses yeux, mais se repris rapidement. Le temps s'était gâté. De gros nuages sombres obscurcissaient le ciel, et le tonnerre se faisait entendre au loin. Théo laissa ses compagnons reprendre leur souffle quelques secondes, puis se remit en marche.

-Bon, au dernier maintenant ! Où est cet abruti de pyromane ?

Grunlek ferma les yeux. Il redoutait cet instant. Il savait que le moment viendrait où il devrait mettre le paladin au courant de ce que Bob avait fait pour tous les sauver, de ce que Grunlek et Shin l'avaient aidé à faire. Lorsqu'il rouvrit les yeux, Théo était devant lui et l'observait. Shin, lui, avait le regard fixé sur le sol.

-Grun' ? Demanda doucement le paladin. Où est Bob ?

Grunlek ouvrit la bouche pour répondre, mais une autre voix, malheureusement familière raisonna dans la vallée.

-Mon fils n'est plus ici, Théo de Silverberg.

Les trois compagnons se retournèrent d'un bon, Grunlek en position défensive, Théo dégainant son épée et Shin générant un poignard de glace.

Devant eux se tenait Enoch, le père biologique de Bob. Il arborait un sourire satisfait quoiqu'avec une légère touche de tristesse. Une pluie diluvienne s'était mise à tombé, mais aucun des aventuriers n'y prêtait attention, focalisés sur la créature en face d'eux.

-Que voulez-vous dire ? Interrogea Théo, agressif comme à chaque fois qu'il croisait la route du démon. Qu'est-ce que vous avez fait ?

-Moi ? Rien du tout. Balthazar, en revanche, c'est une autre histoire.

Théo comprit alors exactement ce que Bob avait fait. Il avait espéré, même en découvrant les corps calcinés des membres des Eglises, que son ami n'avait que légèrement ouvert la vanne à son démon, comme cela s'était produit à la Cité des Merveilles. Mais l'attitude de Shin et Grunlek ainsi que les mots d'Enoch venaient de lui démontrer le contraire.

-Il l'a laissé sortir, lui murmura Grunlek, ressentant le besoin désespéré de justifier les choix de leur compagnon. Son démon. Il a fait ça pour tous nous sauver. Il a tué l'entité qui t'avais possédé. Il n'avait pas le choix. Mais ce n'était plus lui. Il n'avait plus rien d'humain. Je ne sais même pas s'il peut revenir après être devenu… ça.

-Bien sûr que non ! S'exclama Enoch avec délice. Il a enfin accepté ce qu'il était ! Tout cela – il balaya la plaine dévastée d'un geste euphorique – n'est qu'une infime fraction de ce dont il sera bientôt capable. Ce ne sont que des enfantillages. Mais je suis tout de même venu vous prévenir. Après tout, c'est ce que l'ancien « lui » aurait voulu. Considérez cela comme une faveur que je vous fais.

L'atmosphère changea soudain autour d'eux. Un frisson parcouru le dos des trois compagnons, lorsque Enoch reprit la parole sur un ton menaçant, dangereux.

-N'essayez même pas de le retrouver pour me l'arracher. Mais quand bien même vous parviendriez jusqu'à lui, je ne doute pas qu'il n'hésiterait pas un seul instant à tous vous tuer, vous, symboles de son ancienne « humanité ». Plutôt ironique, n'est-ce pas ? C'est en partie à cause de vous qu'il a toujours refusé de me rejoindre.

Sur ces mots, le démon tourna les talons avant qu'aucun des trois aventuriers ne puissent l'en empêcher, et disparu, les laissant à leur désarroi. Le tonnerre résonnait à leurs oreilles, mais c'était comme s'ils ne l'entendaient pas.


Le reviewer est doux, le reviewer est frais.