Disclaimer: Harry Potter appartient à JK Rowling et cette traduction que je fais de l'histoire de Lord Silvere n'est pas utilisée à des fins commerciales.
Prologue : La Mort de Bellatrix
La cellule dans laquelle était assis Harry était petite, humide et en raison de l'heure tardive, sombre. C'était l'incarnation parfaite du donjon classique et si la situation n'avait pas été si désespérée, Harry aurait été amusé de voir que Voldemort utilisait un tel cliché. Puis il réfléchit, ce n'était pas exactement le style du Seigneur des Ténèbres de pourvoir au confort de ses invités involontaires. Son esprit retourna à ce jour où il avait été capturé et jeté dans cette misérable cellule.
Le plan du raid au Manoir Malfoy avait été parfait – du moins en théorie. Tous leurs rapports suggéraient que les activités des Mangemorts étaient concentrées sur l'assassinat de figures gouvernementales et la chasse de l'Ordre, et donc les défenses auraient dues être minimales, surtout puisque le Manoir Malfoy n'était pas considéré comme une cible majeure. Ils espéraient pouvoir y trouver quelque chose, n'importe quoi, vraiment, qui pourrait les aider à défendre Voldemort ou au moins le ralentir.
Mais finalement ils avaient atterri droit dans un piège. Un piège très élaboré et bien planifié qui ne requérait qu'une seule chose : la trahison. Quelqu'un avait trahi l'Ordre et transmis les détails de leurs plans. Il y avait bien plus que quelques mangemorts pour les attendre et le Seigneur des Ténèbres lui-même avait fait une brève apparition.
La plupart des membres du raid étaient morts. Harry supposa que même le traitre avait été tué dans le feu de l'action. Il s'en moquait royalement. Si le traitre, qui que ce soit, savait vraiment comment était Voldemort, il l'aurait vu venir. D'un autre côté, Harry Potter, le Survivant, la Némésis de Voldemort et le meilleur espoir du monde sorcier était bien trop précieux pour être tué de suite. Non, ils l'avaient pris. Ce n'est pas sans fierté que Harry réalisa qu'il avait fallu pas moins de douze d'entre eux pour le défaire. Depuis qu'il avait terminé Poudlard, il était devenu un duelliste impressionnant mais le trop grand nombre de combattants l'avait empêché de gagner.
Et c'est ainsi qu'il s'était retrouvé enfermé dans une petite cellule, quelque part dans l'une des cachettes de Voldemort. L'endroit ne semblait cependant pas appartenir un manoir mangemort, même s'il ne savait pas exactement ce qu'ils cachaient dans leurs sous-sols. Une plainte silencieuse ramena son attention vers la réalité… et vers son actuelle compagne de cellule.
Il ne savait pas pourquoi Bellatrix Lestrange était dans cette cellule avec lui et il ne s'en préoccupait guère. Lorsqu'il avait découvert qu'il avait de la compagnie, il avait espéré jusqu' à ce qu'il réalise au lever du jour qui était cette personne.
Allongée sur le sol, inconsciente, il avait considéré de la tuer, mais il y avait renoncé quand d'autres mangemorts l'avaient trainée hors de la cellule. Il ne savait pas ce qu'elle avait fait ou pourquoi Voldemort la torturait et honnêtement il s'en moquait après tout ce qu'elle avait fait – mais ses cris pouvaient être entendus même jusqu'à sa cellule, et parfois tard dans la nuit. Cela le perturbait, c'était le cas de le dire, et il s'interrogeait sur ce qu'elle avait fait pour mériter un tel traitement de la part de ses propres alliés.
La porte de la cellule s'ouvrit de nouveau. Pourquoi les portes du monde sorcier couinaient-elle tout le temps ? Harry se le demanda un instant, trouvant après bizarre qu'il pense à ce genre de chose vu la situation dans laquelle il se trouvait. Les mangemorts jetèrent sans cérémonie le corps de Bellatrix dans la cellule. Quand il vit qu'elle ne bougeait plus, il fut saisi d'une curiosité morbide.
En retenant son souffle, Harry se dirigea vers là où il croyait qu'elle se trouvait, hésitant à la toucher. Lorsqu'il fut assez prêt, il pu l'entendre respirer. Il laissa échapper un soupir, qu'il soit de soulagement ou d'anticipation, il ne le savait pas. Il ne savait même pas pourquoi il était si anxieux de savoir si elle était en vie il avait fait de son mieux pour la tuer les quelques fois où ils s'étaient rencontrés.
Peut-être que c'était parce qu'il était si désireux d'avoir de la compagnie. Si diabolique qu'elle soit, elle était en ce moment encore plus misérable que lui. Il se sentait absurdement heureux qu'elle soit en vie, même s'il ne comprenait pas pourquoi.
Il ne savait s'il devenait fou ou si l'isolation commençait à lui peser, mais étrangement il ressentait le besoin de parler, de tout et n'importe quoi. Le temps. Son avis sur le ministre Fudge. La couleur des sous-vêtements de Voldemort. Le plus difficile serait de briser la glace. Il dit la première chose qui lui passa par la tête.
« Donc, qu'est-ce qu'une fille comme toi fait dans un endroit comme celui-ci ? » Dès que les mots eurent franchis les lèvres d'Harry, il eut envie de se mettre une claque.
C'était la phrase la plus inappropriée de la décennie, non, du centenaire. Ce n'était pas pensé méchamment, mais une simple interrogation de sa part pour savoir comment l'une des serviteurs la plus loyale et féroce de Voldemort avait fini dans une cellule avec le Survivant et apparemment était torturée. Elle ne pouvait pas aimer la façon dont elle était traitée, non ?
Il avait entendu que des gens aimaient que leurs relations soient un peu brutales, mais il ne pouvait pas imaginer qu'elle même soit si tordue. Il ne s'attendait pas vraiment à ce qu'elle réponde, soit à cause de son identité, soit parce qu'elle ne le pouvait pas et son petit gloussement le prit donc par surprise.
« Que t'arrive-t-il Potter ? »
Harry s'adossa contre le mur. Vu la façon dont sa respiration était bruyante, rauque, lourde et forcée, elle semblait avoir du mal à faire rentrer de l'air dans ses poumons. Il supposa qu'il devait être douloureux pour elle de parler. « Je me demandais comme l'une des meilleurs lieutenants de Voldemort a fini ici avec moi. As-tu gagné le grand prix de la loterie des mangemorts, c'est à dire une semaine avec le charmant Harry Potter ? »
Elle rit. C'était un son qui était effrayant venant de sa gorge desséchée. « J'ai merdé Potter. C'est pourquoi je suis ici. Je pensais que toi, plus que quiconque, saurais comment est le Seigneur des Ténèbres. »
« Ouais, je connais ce sombre idiot. » Harry sourit, même si elle ne pouvait pas le voir dans le noir. « C'est pourquoi je suis surpris que tu sois encore en vie. »
Bellatrix toussa encore. « Comment ça ? »
« Et bien, je sais que Voldemort était plutôt prompt à se débarrasser des poids morts… de façon permanente. Apparemment le vieux serpent se radoucit avec l'âge. »
La femme brisée ria encore, s'interrompant par moment pour tousser. « Il est tout sauf doux, Potter. Les échecs ne sont jamais peu cher payés avec le Seigneur des Ténèbres. La trahison cependant…on est forcé de vivre pour la regretter. »
Ce fut le tour d'Harry de lever un sourcil. Non pas que cela importe dans l'obscurité le geste ne fut pas vu par la mage noir. « Toi, trahir Voldemort ? J'ai du mal à le croire. »
« Tu peux le croire, Potter. Mais, pourquoi cela t'intéresse-t-il ? La dernière fois que je t'ai vu, tu essayais de me lancer des sortilèges de la mort en pleine face devant le chaudron baveur. »
Harry se rappela la bataille. Cela s'était passé il y a quelques mois, avant que la majorité des villes sorcières ne tombent sous la coupe de Voldemort. Le chemin de traverse avait été attaqué et l'Ordre était intervenu. Harry avait été présent. C'était la bataille durant laquelle ils avaient perdu Fred et Neville. La perte de Neville avait été particulièrement dure pour eux tous, surtout que le garçon avait pris un sort qui visait Harry.
A ce moment, le Survivant avait été trop occupé par son duel avec Bellatrix, ignorant les combats autour de lui. « J'étais juste curieux pourquoi toi entre tous tu as atterri ici. » Dit-il.
« Ah. » Cette simple syllabe était pleine de sarcasme, quelque chose, que vu son état, elle n'aurait pas dû être capable de produire. « Tu es venu voir la méchante sorcière mourir, hein ? »
« Ne prends pas la grosse tête. » grogna Harry avec dédain. « Je ne suis pas exactement là par choix. »
« Je pouvais le deviner. » répliqua-t-elle sur le même ton. « Je veux dire que les chaines me l'ont déjà fait comprendre. »
« Et qu'en est-il de ta saineté d'esprit maintenant Lestrange ? Ta folie et tes tortures semblent ne pas te faire tant de bien. Ou peut-être, » lança Harry dramatiquement « peut-être que Voldemort essaie de te torturer pour que tu redeviennes saine d'esprit ! »
« Que racontes-tu encore Potter ? »
Harry haussa les épaules. « A ton avis, si tu peux torturer quelqu'un jusqu'à la folie, je suppose que tu peux torturer quelqu'un pour l'en sortir ? C'est comme quand on devient amnésique après un coup sur la tête, un autre coup et on retrouve sa mémoire, non ? »
Bellatrix gloussa. Etait-ce vraiment un gloussement ? Cela y ressemblait bien en tout cas. Ou peut-être était-elle en train de s'étouffer dans son propre sang. Harry préfèrerait que ce soit la dernière solution plutôt que d'imaginer cette folle capable d'humour. Elle dit « Es-tu certain que c'est moi la folle ici, Potter ? »
« En effet. » répliqua Harry d'un ton sec. « Surtout puisque moi je n'aime pas torturer jusqu'à ce que ma victime en oublie son propre nom. »
S'il pouvait la voir, il était certain que son regard était glacial. « Ai-je l'air t'apprécier ça, Potter ? »
Il haussa de nouveau les épaules. « Je ne sais pas. Tu as toujours l'air folle pour moi, donc tu devrais m'excuser pour ne pas pouvoir voir la différence. »
« Potter… » grogna Bellatrix.
« Oui, c'est mon nom, ne l'oublie pas. »
« Je vais te tuer ! »
« Prends un ticket. Je crois que Voldemort veut avoir la primeur, donc tu devras passer après lui. »
Bellatrix resta silencieuse pendant une minute et Harry se demanda si elle était morte, quand un son étranglé sortit de sa gorge. Vu la faible lumière, il pouvait voir qu'elle tremblait, mais quand le son devient plus fort, il réalisa avec choc qu'elle riait.
« Si tu étais aussi rapide avec ta baguette qu'avec ta langue Potter, » réussit-elle à dire, « le seigneur des Ténèbres serait déjà mort depuis une douzaine de fois ! »
« C'est étrange, et moi qui pensais qu'ils me gardaient ici pour ma charmante personnalité et ma beauté. »
« Tu n'es pas ton père.»
« C'est bizarre, on m'a pourtant dit le contraire. »
Il n'y eut pas de réponse de Bellatrix. Harry avait envie de parler, il continua donc. « Donc, tu as trahi le sombre idiot. Qu'est-ce que tu as fait exactement ? »
« Rien qui te concerne. » grogna Bellatrix.
« Okay », répondit Harry. « Comme il te plaira. » Il attendit un peu avant de parler de nouveau. « Mais, tu sais, je pensais que pour pouvoir trahir quelqu'un, il fallait d'abord être capable de penser, donc je ça veut dire que finalement tu n'es pas si folle que ça ? »
« Potter ? »
« Oui ? »
« Ta gueule ! »
Harry essaya plusieurs autres tentatives pour engager la conversation, mais Bellatrix ne répondit pas. Vu le manque de lumière dans la cellule, il ne savait pas si elle était soit en train de dormir, soit inconsciente ou simplement en train de l'ignorer. Il décida que cela pouvait encore attendre jusqu'au matin. Au moins, il y aurait un peu plus de lumière pour qu'il puisse la voir.
Ce fut une longue nuit pour Harry. Il n'y avait pas de matelas, ni couverture, le sol était dur et il était enchainé. En conséquence, il fut incapable de dormir plus d'une demi-heure avant de se réveiller avec des crampes. Selon Harry, Bellatrix n'avait pas bougé, ne s'était ni même tournée. Il commença à se demander si elle était morte, ou si elle était simplement habituée à dormir dans de telles conditions. Cette pensée lui donna des frissons.
Le soleil finit enfin par se lever et révéla à Harry que Bellatrix était réveillée, même si elle ne répondait pas. « Bonjour », dit Harry. « Je suppose qu'ils ne servent pas le petit-déjeuner au lit ? »
Les yeux de Bellatrix se posèrent sur Harry cependant sa seule réponse fut un soupir.
Harry sourit. « Car tu sais, vu ce que je paye pour être ici, je m'attends au moins à avoir un petit-déjeuner. Sans mentionner un bonne tasse de café. Et peut-être le journal aussi. »
Voyant qu'elle ne répondait toujours pas, il haussa les épaules et se pencha contre le mur, ses chaines au poignet clinquant ensembles. « Tu sais, j'essaie d'être sympa là. Je pourrais essayer de te tuer… »
« Alors pourquoi ne le fais-tu pas ? Tu me détestes. Je te déteste. Si je pouvais me déplacer je te trancherai la gorge Potter. »
« Ce n'est pas nécessaire. » Harry haussa de nouveau les épaules. « Nous sommes coincés ici. Te tuer ne va pas me faire sortir d'ici. Qu'importe ce que tu croies, tu n'es pas suffisamment importante pour que je fasse passer ton assassinat avant mon évasion. »
« Et moi qui croyais que me tuer était le rêve de ta vie. » murmura-t-elle sarcastiquement.
« Tu as vraiment raté ta carrière. » répliqua Harry. « Tu aurais dû être comédienne. »
« Ça, c'est ton job Potter. »
« Peut-être. » Harry jeta un coup d'œil à la porte close.
« Que se passe-t-il d'intéressant dans ta petite tête, Potter ? »
« Depuis quand utilises-tu de si longs mots ? »
« Je les utilise tout le temps, juste pas quand tu es dans le coin. Je ne voudrais pas faire griller ton petit cerveau. »
« Ce petit cerveau que j'ai a fait quelque chose que personne d'autre n'a réussi à faire, tu sais. » Sourit Harry.
« Et qu'est-ce ? Etre l'homme le plus stupide du monde ? »
« Emmerder royalement Voldemort. »
« Tu sais, les gens normaux appellent ça de l'idiotie. »
« J'appelle ça lutter pour la liberté. »
Bellatrix renifla avec dédain. « Un combat que tu as perdu, Potter. Reviens à la réalité, tu es nul à ça. »
« Non », répondit Harry, son regard se durcissant. « Le monde magie perd cette guerre. Ils sont ceux qui se cachent derrière d'autres, oubliant d'être loyaux pour gagner un jour de plus sur cette terre. »
« Et tu combats pour ces idiots ? »
« Je combats pour moi-même. Voldemort est après moi, donc je combats à mon tour. »
« La guerre est finie, tu sais. »
« De quoi parles-tu ? »
Bellatrix soupira et prit quelques secondes pour répondre. « L'ordre du Phoenix est détruit. Le ministre aussi, les aurors en fuite. Vous avez perdu. Une fois que le Seigneur des Ténèbres aura trouvé les derniers survivants, il reviendra pour t'achever. Il est en train de les chasser et ce n'est qu'une question de temps avant qu'il les trouve. Quand il reviendra, nous serons tous les deux morts. »
Harry se figea. Une partie de lui criait qu'elle mentait, que l'Ordre n'avait pas pu être détruit aussi vite. C'était impossible. Ils étaient trop nombreux pour être capturés, ils étaient trop bien sécurisés, trop dispersés pour que les forces de Voldemort puissent les briser. A moins… une réalisation frappa violemment Harry. A moins que le traitre ai donné plus qu'une information à Voldemort. Il essaya de penser un instant qu'elle pensait, mais rejeta rapidement cette idée. Ici, vu leur situation, elle n'avait pas de raison de lui mentir.
Il s'affaissa dans un coin de la cellule pour digérer la défaite. Il ouvrit la bouche pour réfuter ses accusations mais se retrouva incapable de prononcer un son. La guerre était finie. L'ordre avait disparu. Il allait mourir. Il se répéta encore et encore ses trois phrases en boucle.
Il fut perdu dans ses pensées pendant le reste de la matinée. Les jours passèrent ensuite, dans une sorte de routine. Chaque après-midi ou soir – il avait du mal à dire exactement quelle heure il était – un groupe de mangemorts venait, la prenait et la ramenait tard dans la nuit. Du peu des remarques qu'ils lui envoyaient, il sut que Bellatrix avait dit vrai. La guerre était finie. Voldemort était quelque part, chassant les restes de l'Ordre.
Après que ce cycle se soit répété pendant plusieurs jours, Harry découvrit quelque chose d'intéressant. Dès que Bellatrix revenait de ses séances de torture, si elle était toujours consciente, elle était relativement saine, se jetant à corps perdu dans leurs joutes verbales. Il en arriva même à apprécier un peu leurs conversations, enfin, autant que c'était possible pour deux personnes en sursis. Cependant, quand le matin venait, elle devenait de plus en plus silencieuse et ne parlait que rarement. Ce fort contraste l'étonnait. Il avait entendu quelques choses sur elle, sur comment elle avait été quand elle était plus jeune. Une langue agile et baguette rapide. C'était ce que lui avait dit un jour Flitwick – voilà comment elle avait été dans sa jeunesse.
Il se demandait comment elle était devenue mangemort alors que sa sœur, non. Etait-elle donc si tordue ? Avait-elle toujours apprécié torturer d'autres personnes ? C'était une curiosité morbide, mais il n'y avait rien d'autre à faire que d'attendre de mourir. Après quelques jours, c'était la seule chose qui le préoccupait, après avoir admis qu'il ne pourrait pas s'échapper sans aide. Il essaya de l'interroger à plusieurs reprises, la nuit et dans la matinée. Elle ne répondait jamais à ses questions.
Cette routine familière cessa un jour. Il aurait été incapable de dire combien de temps avait passé, mais si l'eau et la nourriture – un bol de liquide qu'il croyait être de l'eau et un morceau de pain rassis - arrivaient bien une fois par jour, cela signifiait qu'il avait été capturé depuis une semaine. Les mangemorts vinrent et prirent Bellatrix tôt dans la matinée. Ils ne revinrent que très tôt le lendemain. Au moment où ils jetèrent son corps dans la cellule Harry sut que quelque chose clochait.
Elle ne bougeait plus.
Harry se déplaça et la roula sur le dos. Ses yeux violets étaient absents et sa respiration était courte et saccadée. Elle toussa quelque fois et quand elle le fit, sa main montra des traces de sang. Incertain de ce qu'il devait faire, il l'adossa proprement contre le mur.
Il lui fallut quelques minutes pour regagner sa respiration. « Potter… c'est toi ? »
« Je suis là. »
« Retourne-toi. »
« Quoi ? »
« Retourne toi. »
Harry ne savait pas quoi faire de cette requête, mais lui obéit. Il entendit des froissements derrière lui et ne se retourna que quand ce bruit s'arrêta. Elle était en train de reboutonner ce qui restait de sa veste mais ce qui attira ses yeux ce fut l'objet qui se trouvait maintenant dans sa main gauche.
Il s'agissait d'une épingle à cheveux exquisément sculptée d'une dizaine de centimètres et semblant être faite d'une sorte de cristal noir. La pointe avait l'air très aiguisée et brilla dans la faible lumière de la cellule. L'aiguille s'élargissait vers son haut et se terminait en une pierre d'onyx de la taille d'une larme et sur laquelle se trouvaient de minuscules diamants aussi noirs que le reste du bijou. Il cligna des yeux de surprise ce n'était pas quelque chose qu'elle était supposée avoir sur elle selon lui.
Bellatrix finit de remettre sa chemise, laissant les deux derniers boutons ouverts, ses doigts n'arrivant plus à bien bouger. Elle regarda le bijou dans ses mains, le regard absent. Finalement, après ce qui sembla être une éternité, elle tourna lentement sa tête et lui tendit la main, offrant ainsi l'épingle à Harry. »
« Je n'ai que faire des babioles Bella », commenta-t-il sèchement.
« Pour une fois dans ta vie Potter, arrête d'être un con et ferme là. » Les mots n'étaient pas prononcés avec son habituel venin.
« D'accord mais je ne comprends pas vraiment pourquoi tu me donnes un bijou. Ou quoi que ce soit d'ailleurs. »
« C'est un héritage la famille Black. » répondit-elle lentement. « Quand j'étais jeune, je l'ai trouvé dans la voute familiale. Il est supposé être maudit. Personne n'est vraiment sûr et sa vraie utilisation a été perdue il y a plusieurs siècles. »
« Il semblerait sa vraie utilisation est de tenir des cheveux selon moi, » répondit Harry.
« Je t'ai dit de la fermer et d'écouter, Potter. » Bellatrix s'effondra un peu plus contre le mur, son sang s'écoulant un peu plus sur sa tunique. « Quand j'étais… jeune et idiote, je pensais que je pourrais l'utiliser contre le Seigneur des Ténèbres. »
« Pourquoi par Merlin ne l'as-tu pas fait plus tôt ! »
« Je n'ai jamais compris ce que ça faisait espèce d'idiot ! » siffla Bellatrix. C'était le volume maximum qu'elle pouvait atteindre vu sa condition. « Maintenant tais toi et écoute. C'est la dernière fois que je te préviens Potter. Le Seigneur des Ténèbres est sur le point de revenir. L'Ordre a été éradiqué. Ce soir il va revenir et nous allons tous deux mourir. C'est pourquoi ils m'ont pris pour toute une journée – c'était leur dernière chance de jouer avec moi. Prends le. »
Il ferma sa main avec précaution sur l'épingle, remarquant comme le cristal semblait froid dans sa paume. « Et maintenant ? Que doit-il se passer ? »
« Maintenant tu le prends et tu me tues. »
« Quoi ! Tu es folle ? Non attends, je le retire, je sais que tu es folle mais je ne pensais pas que tu étais si folle ! »
Elle le regarda avec un regard vide. « Nous serons tous les deux torturés jusqu'à la folie comme pour les Londubat. Puis nous serons guéris pour être mieux torturés ensuite. Je ne sais pas pour toi, mais moi je préfère mourir maintenant. »
« Tu ne ressembles pas à Bellatrix Lestrange. »
« Bellatrix Lestrange est morte. Elle est morte il y a longtemps. Appelle ça justice, pitié ou vengeance, je m'en fous. Mais mets un terme à ma souffrance. Si tu veux, tu peux me suivre ensuite ou tenter ta chance avec le Seigneur des Ténèbres. »
Harry tint l'épingle comme si c'était une dague et la regarda. Il aurait donné n'importé quoi pour cette chance il y a quelques jours, mais maintenant cela sonnait si… faux. Logiquement, il savait qu'ils seraient morts dès que Voldemort serait de retour et ainsi sa demande était raisonnable. Pour tous les deux. Mais une part de lui n'arrivait à concilier le suicide avec le désir de vivre, avec la force de se battre qui l'avait toujours accompagné durant cette guerre.
Bellatrix vit son hésitation dans ses yeux mais elle était décidée. En ce qui la concernait, il était temps de mourir. Elle se pencha vers Harry, attrapa son bras tenant l'épingle et l'amena sur elle.
L'épingle traversa sa poitrine et transperça son cœur. C'était le seul endroit plausible qui aurait pu expliquer la quantité de sang qui s'écoulait de la blessure. Après quelques secondes Harry réalisa ce qu'elle venait de faire et il cria et sauta en arrière, regardant comment elle s'effondrait sur le sol, mourant avec l'épingle à cheveux dans la poitrine.
« Je suppose… j'ai juste suivi le mouvement. » murmura-t-elle avec douceur.
« Quoi ? »
« Ta question… pourquoi j'ai servi Voldemort. » Bellatrix sourit, sourit vraiment pour la première fois depuis qu'il la connaissait, son visage marqué par la douleur montrait une sérénité à laquelle il ne s'attendait pas et ses yeux brillaient de paix et de soulagement. Elle soupira et arrêta de respirer.
Il regarda ses mains et vit qu'elles étaient couvertes de son sang. Harry commença à se sentir mal et s'effondra à genoux à côté d'elle. Il semblait qu'il entendait les pas de ses geôliers venant vers la cellule, mais le son semblait si sourd et indistinct. La pièce commença à tourner et Harry ferma les yeux. Un frisson traversa son corps et à cet instant son malaise cessa.
Harry avait peur que s'il le levait, son malaise reviendrait il se leva donc à l'aveugle et se dirigea vers le mur pour qu'il le supporte. Bizarrement le mur semblait un peu plus loin qu'il ne le pensait.
Après avoir récupéré son souffle, Harry ouvrit les yeux. Il fut choqué, une version adolescente de Bellatrix était devant lui. On la reconnaissait facilement avec ses cheveux noirs, ses yeux perçants et violets et son air arrogant. Elle ne pouvait pas avoir plus de dix-huit ans. Ses robes étaient immaculées, son visage propre et comme neuf et elle avait une baguette, pointée vers le cœur d'Harry.
« Qui es-tu et comment es-tu entré ici ? » demanda-t-elle avec une voix pleine de colère et de peur.
