Ses pas repoussaient l'herbe rêche, faisaient craquer des branches mortes. Elle repoussait les limites de son corps, ignorant les perles de sueur qui dégoulinait sur son front, formant multiples et diverses formes sur son visage. Elle ignorait les écorchures de sa peau rouge. Son souffle irrégulier mourrait dans sa gorge, et des soupirs s'échappaient de sa bouche entre-ouverte. De ses yeux couleur cobalt elle parcourait le paysage autour d'elle.
L'arbre lui tendit sa branche, elle s'en empara.
D'un geste agile, elle grimpa sur le tronc, usant du bois formant ce qu'elle appelait branche, elle parvint finalement à se hisser jusqu'en haut du monument fait d'écorces. Ce chêne allait bien lui être utile pour suivre ce qu'il allait se passer ensuite. Toujours en se servant de ses globules oculaires, elle chercha son compagnon du regard, et retint son souffle lorsqu'un bruit fit frissonner les fougères non loin de son arbre à elle, au pied d'un pin.
Etait-ce leur proie ?
Essoufflée, elle tenta de calmer un peu sa respiration haletante. Sa branche craqua un peu. En grimaçant parce qu'il serait bête de tomber, elle se hissa vers le tronc auquel elle s'accrocha avec ferveur. Passant son regard azur outre cet imposant morceau de bois, elle fixa de nouveau le buisson de fougères qui avait bougé, un peu plus tôt. Celui-ci frissonna de nouveau, et quelques feuilles en tombèrent. Ainsi, elle put voir avec ravissement le pelage tantôt brun, tantôt blanc. Son sourire s'étira, et elle rajusta sa tunique blanche, un peu déchirée par endroits. Se fichant de l'état pitoyable de sa crinière bleue, elle se contenta d'attendre quelques secondes.
Soudain, bondissant d'à travers les feuilles d'un bosquet qu'elle n'avait pas aperçut, un immense loup noir aux crocs aiguisés sauta et fit jaillir les griffes coupantes de ses pattes. Il y eut un moment où la nature se tut, comme pour respecter la règle de celle-ci, et l'animal noir atterrit sur sa victime innocente donc un cri s'échappa de la gorge compressée par la puissante bête. Elle se débattit, se disant qu'elle avait peut-être encore une chance face à cette affamée qui demandait de la nourriture pour remplir sa pense. Mais la jeune biche dut se rendre à l'évidence elle était finie. Le loup au-dessus d'elle était décidé à la manger.
Un craquement d'os, et la jeune fille toujours perchée dans l'arbre grimaça de dégoût avant de fermer un œil.
Les mouvements de la victime s'étaient définitivement taris tandis que le chasseur commençait à la dévorer, arrachant la chair, faisant jaillir le sang, et souillant son pelage couleur nuit. La demoiselle se décida à descendre de son perchoir, étant donné que la chasse était finie, et elle atterrit sur le sol après quelques minutes et elle soupira de soulagement. Pendant ce temps, le loup avait bien avancé son festin, et la simple vue de ce spectacle funeste la répugnait au plus point. C'était tout simplement dégoûtant. Elle détourna le regard et pris place sur une pierre plate avant d'arracher une pousse qui plongeait jusque-là dans la terre.
Jetant un regard vers le prédateur, elle remarqua que de dernier avait levé la tête vers elle, lui montrant ouvertement sa gueule sale, pleine de sang et de matière que la jeune femme ne parvenait pas à identifier –et ne voulait pas identifier. Son visage se tinta de moquerie, et elle croqua dans la racine tout en fixant le noir qui avait recommencé à manger.
« Juvia pense qu'il faudra passer au lac après. Tu es sale. »
A l'entente du mot prononcé avec tant de dédain, l'animal compris que quelque chose dont il ne raffolait pas aller arriver. Il émit un grognement lassé tout en continuant de dévorer sa proie. La dénommée Juvia caressa ses propres cheveux bleus tout en regardant dans le vide, essayant comme elle pouvait d'ignorer les bruits de ravissement de l'animal noir.
Elle put finir sa racine avant que son compagnon finisse de dévorer cette pauvre biche, et ne vienne s'installer à côté d'elle. Sentant l'odeur de l'animal, la demoiselle esquissa une grimace et se leva, s'essuyant la bouche, et se mettant en route dans la forêt. Elle admirait tous les détails de cette densité florale qui s'offrait à elle, et ce même si elle la connaissait par cœur. Elle s'en fichait, même après des années, elle adulait toujours autant sa maison, comme elle l'appelait.
Juvia enjamba agilement une racine en sautillant, et s'amusa à marcher sur les pierres grises. Même du haut de ses dix-neuf ans elle s'amusait toujours autant avec la nature. Elle aimait respirer cette odeur de mousse fraiche qui s'accrochait à ses narines. L'odeur de la liberté. Elle aimait ça plus que tout. Et elle ne voudrait changer sa liberté pour rien au monde.
Soudain, elle aperçut ce qu'elle recherchait depuis que Le Loup et elle s'étaient mis en route. Le lac comme elle l'appelait s'étendait devant elle, et elle soupira, admirative de cet endroit qu'elle chérissait tant. Ravie d'être arrivée, elle inspira l'odeur alléchante des baies qui se trouvaient à proximité, et s'éloigna pour en cueillir. Le Loup la suivit de loin, s'asseyant face au lac qui brillait sous les rayons de soleil que filtraient les arbres.
Juvia dégusta avec appétit les petites baies qui lui soutirèrent des soupirs d'aise. C'était vraiment agréable de sentir les fruits glisser dans sa gorge, répandant leur agréable goût sucré. Lorsqu'elle eut fini de dépouiller le pauvre buisson, elle se leva, et ôta sa tunique blanche, pleine de poils, qu'elle posa sur une pierre. Une fois nue, elle entra dans le lac sans oublier de grimacer à cause du froid, et put se laver entièrement.
Puis, son regard se planta dans celui tellement perçant de son ami prédateur. Elle l'imita du regard, puisque c'était le langage qui leur permettait de communiquer tous les deux. Le loup soutint ses orbes bleus un moment. Juvia était déterminée à le faire céder et cela se voyait très clairement. Elle s'assit sur le gravier du lac, et resta dans l'eau tout en incitant l'animal à la rejoindre. Au bout d'un moment, poussé par les yeux de la jeune femme, Le Loup entra à son tour dans l'eau bien qu'il ne fut pas content d'y mettre les pattes. Satisfaite, la bleue ne put empêcher le sourire hautain, presque supérieur, d'étirer ses lèvres.
Le noir entra jusqu'à ce que ses pattes soient entièrement dans le liquide transparent, et fut réticent à l'idée d'aller plus loin. Franchement, cela ne l'enchantait guère, l'eau n'étant pas dans ses préférences. Voyant que l'humaine se moquait discrètement, il plongea son museau dans l'eau, et le releva d'un coup, pour envoyer valser les gouttelettes sur le visage de la femme. Effet immédiat, elle arrêta de rire.
Comme pour se venger, Juvia essaya l'impossible car l'animal détestait ça : le caresser. Elle tendit doucement sa main en sa direction, voyant Le Loup se méfier devant l'approche si soudaine de celle à la peau pâle, et commença à grogner lorsque la main fut trop près. Cependant, il ne tenta pas de la mordre, et la jeune femme réussit tout de même à poser sa paume sur le crâne de la victime qui se contenta de frissonner à chaque va-et-vient sur ses poils soyeux.
« Juvia ne comprendra jamais pourquoi tu es si froid avec elle. » Déclara la jeune femme en soupirant tout en ramenant ses genoux à sa poitrine.
Le loup n'y comprit bien sûr pas un mot, et ne rechigna donc pas. Il se contenta de regagner la rive, partiellement propre. Juvia fronça les sourcils et eut un long soupir d'exaspération. Mais elle devait bien se faire une idée, c'était un animal sauvage, et non un homme doté de la même conscience qu'elle. Etre propre était à priori la dernière de ses priorités.
S'étirant, la jeune femme sortit finalement de l'eau après s'être lavée avec les moyens du bord, et secoua son corps à la manière d'un animal. Malgré cela, les gouttes froides descendaient toujours sur son corps musclé, et finement sculpté. Juvia frissonna et remit finalement sa tunique en peau d'animal, qui la réchauffa un peu.
Elle ne fit gère attention au Loup lorsqu'elle reprit le chemin du retour. Elle savait qu'il allait le suivre, c'était dans ses habitudes. Alors, elle commença à avancer, toujours en profitant de la nature –même si l'air humide la faisait un peu frissonner, faute à sa récente baignade. Soudain, la jeune femme aperçut quelque chose qui l'intrigua dans un premier temps. Elle se rapprocha d'un arbre étrange, et se planta devant. Son regard bleu parcourut son écorce, et s'arrêta dans une profonde entaille qui barrait la protection du chêne. Un coup tellement précis, qu'il ne pouvait pas être naturel. Juvia passa ses doigts fins dans la blessure de l'arbre, et soupira.
De résignation, elle serra les poings, et fronça les sourcils. Elle espérait fortement que ce n'était pas ce à quoi elle pensait. Et pourtant, ce coup était si précis, que sa conclusion était sans appel. Elle regarda aux alentours, espérant ne pas être observée, puis, le soulagement fut palpable lorsqu'elle ne vit que Le Loup qui était assis non loin d'elle.
Les Hommes.
La bleutée se sentit soudain vulnérable, menacée. Elle saisit un bâton à proximité, et le prisa en deux, se retrouvant avec deux manches coupants. Avec, elle se sentait moins faible. Son regard capta celui du Loup, et dans un commun accord, ils décidèrent de continuer leur route en se méfiant. Juvia avait déjà vu des hommes. De rares foies, mais elle les avait vus. Avec leur feu, leurs lances, et leur côté sanguinaire. Elle les avait vus se réjouir de tuer autant de bêtes qui n'avaient rien demandé. Leurs ricanements étaient imprimés dans la tête de la jeune femme et elle les trouvait tout simplement répugnants.
Bien sûr que ça lui arrivait de tuer des animaux, Le Loup aussi le faisait, mais c'était la règle de la chaine alimentaire, et elle tuait le moins possible. Elle prenait uniquement ce dont elle avait réellement besoin. C'était pour sa survie et pour rien d'autre. Mais les Hommes étaient autrement preneurs. Il prenait bien plus que ce qui leur était attribué. Ils tuaient parfois pour le simple plaisir de tuer. Pour Juvia, c'était répugnant. Elle détestait cette race plus que tout, et préférait la compagnie des arbres, et des animaux.
Ses pieds la menèrent à une grotte un peu reculée de la nature, en hauteur. La pluie commençait doucement à tomber, et la jeune femme aux cheveux bleus s'empressa d'entrer dans son logis. Une fois à l'intérieur, elle poussa un soupir d'aise et de soulagement, et posa ses armes sur le côté tandis que Le Loup s'allongeait à côté de là où Juvia faisait habituellement le feu. Comprenant sa demande silencieuse, la jeune fille soupira bruyamment.
Elle vivait avec l'animal depuis très longtemps. En fait, elle ne se rappelait pas avoir vécu avec quelqu'un d'autre que ce Loup. Juvia souffrait d'une amnésie au-delà de ses dix ans. Avant ça, plus aucun souvenir. Le vide complet. Le trou noir. Soupirante, la jeune femme prit son matériel pour allumer le feu et toisa son compagnon du regard.
« Juvia trouve que tu dépends trop d'elle, les animaux sauvages ont peur du feu normalement. » Déclara-t-elle tandis qu'une première étincelle naissait de son bâton.
Le Loup ne comprit toujours pas ces étranges sons qui sortaient des lèvres de sa camarade. Il se contenta de la fixer de ses yeux bleus, et si froids. L'animal était vraiment magnifique, et elle avait pu le constater depuis sa plus tendre enfance –enfin, du plus loin que lui permettaient ses souvenirs. Son pelage était d'un noir profond, et il n'y avait absolument aucune brèche à cette couleur sombre. Absolument tout le corps du Loup en était recouvert. Et puis il y avait ces yeux. Bleus, très clairs, toujours animés par une lueur qui faisait réfléchir la lune, lorsque la bête sortait la nuit. Oui, Juvia aimait bien l'admirer.
Songeuse, l'amoureuse de la nature finit d'allumer un bon feu qui s'élevait dans la grotte, et s'assit en tailleur face à ce dernier. Son regard se perdit dans les flammes tantôt rouges, tantôt orangées, et même parfois jaunes. Elle ignora les crépitements de sa propre création, et commença à se questionner. Depuis quelque temps, ça lui arrivait. Depuis le plus jeune de sa personne dont elle se souvenait, la demoiselle était persuadée d'être un loup. Elle se souvenait qu'elle s'était même déplacée à quatre pattes pendant une journée entière pour s'en convaincre, mais les courbatures dans son dos le soir-même l'avaient convaincue qu'elle n'était pas normale, pour un loup. De plus, elle se déplaçait beaucoup plus lentement que les autres prédateurs qu'elle pensait ses camarades.
Ses dix-neuf années –ou à peu près cet âge, rien n'était sûr pour elle–, lui faisaient prendre conscience qu'elle n'était peut-être pas une de ces bêtes au pelage soyeux. Nue, elle n'avait aucun poil de semblable sur elle. Sa peau était lisse, et douce. Certes, elle n'était pas totalement démunie de fourrure, mais elle n'était pas comme les loups. C'était une dure réalité, pour elle qui se faisait toute une fierté de faire partie de cette race, mais elle n'était pas leur semblable. De plus, jamais il ne lui viendrait à l'idée de dépecer une bête comme Le Loup. Elle ne marchait pas non plus à quatre pattes, et se tenait sur ses deux jambes.
Un nouveau soupir quitta ses lèvres. Elle remarqua en jetant un regard par dessus le feu que Le Loup s'était étrangement endormi, la tête figée sur ses pattes avant, et ses yeux paisiblement fermés. Juvia savait que cet animal veillait et qu'il allait partir dans la nuit pour chasser et satisfaire ses besoins en tant qu'animal, mais pour une raison obscure, ce Loup la suivait, et où qu'il parte, il revenait toujours auprès d'elle. Il la suivait comme s'il était son ombre, et ce, depuis qu'elle s'était réveillé à ses côtés un matin, où tous ses souvenirs s'étaient envolés. Elle se souvint de cette tête de loup au dessus d'elle, qui la regardait du bleu de ses yeux. Un regard froid, et imperturbable.
Juvia eut un petit sourire alors qu'elle fixait toujours le feu.
Elle se souvint du cri qu'elle avait poussé avant de faire une roulade sur le côté dans l'objectif de s'échapper de ce qu'elle croyait être un prédateur. Mais Le Loup n'avait pas bougé, et il la regardait toujours avec son assurance inviolable. Juvia avait alors arqué un sourcil, et lui avait posé des questions sur sa présence dans la grotte, sans n'obtenir aucune réponse. L'animal n'était pas doté de la parole, cela paraissait plutôt logique.
Et puis ne sachant pas d'où elle venait, elle avait finalement décidé de rester avec lui en attendant de recouvrer la mémoire. De jour en jour, elle avait appris à apprivoiser la bête, et à mieux la comprendre. Elle avait marché à ses côtés pendant un long moment, et elle avait aussi découvert que ce fameux Loup la protégeait en cas de danger. La bleue sourit en repensant au jour où elle avait mis son compagnon et elle-même dans une position très délicate en voulant manger des mures. La fillette raffolait tant de ces fruits sucrés qu'elle avait tenté d'en attraper, suspendue à la branche d'un arbre, et elle était tombée dans le buisson épineux. Bien sûr, le loup, sans réfléchir, avait accouru à sa rescousse, et avait plongé la tête la première dans les épines.
Juvia s'étira, et souffla de bien être en regardant la pluie chuter dehors. Elle aimait bien la pluie, et lorsqu'elle était encore petite, elle se aimait jouer dans la boue, s'amuser avec les gouttes, et éclabousser Le Loup le lendemain d'une grosse averse. Elle était vraiment incorrigible. Et elle n'avait pas beaucoup changé, sauf qu'avec l'âge, elle préférait s'asseoir sur un rocher pour contempler les caprices de la nature. C'était ça, qu'elle aimait.
La fierté d'avoir grandi dans cet endroit si beau amena encore plus le sourire sur son visage marqué par les traits de la fatigue. Sa contemplation dura un moment, jusqu'à-ce qu'elle ne remarque qu'elle s'endormait assise, et que ses vêtements avaient séché. Enfin à l'aise, elle se coucha sur sa petite paillasse improvisée, et sombra dans les bras si accueillants de Morphée.
Chevauchant le vent, Juvia courait dans l'herbe humide depuis tôt le matin.
Elle s'était réveillée à l'aube, ne trouvant pas spécialement le soleil après que Le Loup l'ait réveillée en rentrant de sa chasse nocturne. Avide de sa si précieuse liberté, elle s'était levée, et était allée courir à s'en délier les jambes. Le vent frappait violemment son visage alors que son rythme ne faisait qu'augmenter, et elle frissonnait à chaque fois que ses pieds s'accrochaient à l'herbe trempée. Le Loup courait à ses côtés, mais il s'arrêtait de temps en temps pour regarder les alentours. Sûrement pour regarder s'il n'y avait pas de danger, comme il avait l'habitude de le faire.
La jeune femme sauta par dessus la racine d'un arbre, évita une branche plus en hauteur, ralentit le rythme lorsqu'elle avait affaire à de la boue, et jetait des coups d'œil au Loup pour vérifier qu'il la suivait.
Quelle question, bien sûr qu'il la suivait.
Constatant agréablement que les pattes de la bête noire marchait sur ses pas, elle continua un peu sa course effrénée, avant de s'arrêter progressivement pour finalement se retrouver à reprendre son souffle aux pieds d'un arbre. Juvia avait eu le temps d'y jeter un coup d'œil. C'était un chêne. Essoufflée, elle haleta un moment avant de se rendre compte du comportement étrange du noir.
Le Loup avait un peu perdu sa sérénité, celle en laquelle Juvia avait tant d'admiration. Il regardait frénétiquement aux alentours et sa bouche s'entrouvrait de temps en temps pour laisser échapper des petits grognements, comme s'il se défendait d'une menace. Juvia fut intriguée de son comportement, et se releva pour le regarder. Elle s'approcha de lui en même temps qu'il s'approchait d'elle à reculons, exactement comme s'il la défendait contre des prédateurs plus puissants que lui.
Juvia tenta de dénicher un mouvement dans les buissons, mais elle ne vit absolument rien. Les arbres étaient paisibles au même titre que les fougères. Rien ne bougeait, mais pourtant, Le Loup était toujours aux aguets. Il attendait le moindre faux pas pour bondir sur une prétendue proie qui ne semblait pas exister.
Soudain, une brindille se brisa sous le poids de ce que Juvia déduit être comme une chaussure.
Prestement, la jeune femme se retourna, faisant valser ses jolies boucles bleues. L'affolement était bien visible dans son regard céruléen, et elle scrutait vite les alentours, Le Loup maintenant derrière elle, elle ne se sentait pas du tout en sécurité, et elle avait un peu peur. Comme par réflexe, elle mit ses deux petits poings frêles devant elle, plus précisément en bouclier pour éventuellement protéger sa poitrine –simple acquis de conscience, elle n'avait aucune envie de mourir.
Et c'est là que son cœur s'emballa.
C'est la que la peur gagna son cœur.
C'est là qu'elle le vit.
C'est là qu'elle s'aperçut que le canon d'un fusil de chasse la pointait, tandis que son propriétaire avait l'œil bien encré sur elle. Trop choquée pour esquisser le moindre geste, elle se contenta d'étouffer un cri de surprise et de frayeur tout en faisant un pas en arrière. Étrangement, Le Loup n'avait toujours pas bougé, mais Juvia n'avait pas envie qu'il vienne devant elle, sinon, il serait autant voire plus en danger qu'elle-même.
Le jeune homme propriétaire de l'arme les toisait d'un regard dur, et froid, rempli de mépris. Il avança un pied en même temps que Juvia reculait le sien une nouvelle fois. Son regard était impassible, et même s'il avait vu que Juvia était bien comme lui, et non un gibier, il n'abaissa pas sa machine à tuer, et la maintint bien fermement dirigée vers la poitrine de sa victime.
Le chasseur étonna Juvia de ses cheveux ébènes parfaitement placés sur son visage, et de son regard intransigeant. La demoiselle remarqua que la moitié de son visage était cachée derrière son arme à feu. Il portait une besace autour de son cou, et celle-ci semblait très lourde. Juvia le détailla encore un peu du regard, s'arrêta un peu sur son collier au pendentif en forme de croix qui se laissait choir à son cou, puis, elle se concentra de nouveau sur la réelle menace. Cette arme qu'il pointait en sa direction.
La jeune femme avait déjà vu et entendu ces objets tueurs comme celui que le menaçant tenait dans sa main. Elle savait que c'était mortel, et que si il pressait la détente, c'en était fini d'elle. La bleue avait déjà pu constater de ses propres yeux l'horreur des cadavres des animaux abattus par cette horrible chose. Horrifiée, elle se rendit compte qu'elle en avait oublié de respirer. Ainsi, elle libéra sa cage thoracique doucement, produisant un souffle haletant.
Et puis le ton glacial de l'agresseur en face d'elle brisa le silence, déchira l'air de son intonation, et fit sursauter la demoiselle.
« Pousse-toi. » Ordonna-t-il en un souffle tout en maintenant sa position.
L'interpellée sentit ses muscles s'engourdir plus que coutume. Ses tremblements ne cessaient pas, et elle était tellement intimidée par cette arme impressionnante qu'elle n'arrivait même pas à amorcer un seul pas. Elle était totalement pétrifiée, c'était le mot. Mais soudainement, elle eut un sursaut vif vers la réalité, Le Loup grognait de plus belle en reculant. Juvia compris qu'il n'osait pas venir la protéger, car tout comme elle, cet individu lui faisait peur, mais il ne voulait tout de même pas s'enfuir et l'abandonner comme l'aurait fait un autre loup, ou n'importe quelle bête traquée.
La bleue prit enfin le temps d'analyser les paroles du nouvel arrivant. Que lui avait-il dit déjà ? Se... Pousser ? Mais pourquoi diable voulait-il qu'elle se pousse s'il voulait la tuer ? Après tout, c'était bien pour ça qu'il la menaçait avec son arme, non ? Juvia frissonna violemment tout en soufflant, effrayée. Elle venait de comprendre ce que voulait cet homme.
Ce chasseur.
C'était Le Loup qui l'intéressait, et non elle. Les deux habitants de la forêt étaient coincés. Jamais ils ne s'étaient retrouvés dans une situation aussi délicate. Il leur était déjà arrivé de s'échapper d'une bande de chasseur qu'ils avaient entendu arriver, mais jamais ils n'avaient été aussi proche de l'un des leurs. Les pensées affluaient de plus en plus vite dans le cerveau perdu de la bleue qui ne savait pas quoi faire. Encore un peu, et elle cédait à la panique.
« Qui êtes-vous ? » Osa demander la jeune femme d'une voix hésitante.
Le tueur devant eux sembla hésiter un instant. Juvia vit clairement ses pupilles partir de derrière elle pour venir se planter dans le turquin de ses yeux. La jeune femme retint son souffle alors qu'elle se rendait compte qu'elle faisait face à un regard aussi voir plus froid que celui de son compagnon animal. Son doigt bougea un peu sur la détente, et Juvia faillit crier tellement elle avait peur avant de se rendre compte qu'il ne faisait que mieux installer son doigt sur le bouton mortel. Ce silence dura un moment.
Il ne daigna pas donner de réponse à sa question, mais s'adressa à elle finalement d'un air glacé, dépourvu d'intérêt pour la question de la demoiselle. Il perdait un peu son sang-froid.
« Je t'ai demandé de te pousser ! Cria-t-il.
– Et Juvia vous a demandé qui vous êtes ! » Rétorqua la menacée sur le même ton.
La bleue perçut bien le moment ou le chasseur retint sa respiration. Pour calmer sa colère, ou parce que Juvia l'avait surpris, cette dernière n'en savait rien. Il commença à dangereusement avancer vers la fille de la nature, qui, prise de peur, reculait en rythme avec son camarade Loup derrière elle. Puis, elle se souvint de quelque chose. Le souvenir fit le chemin dans son cerveau, et ses yeux s'écarquillèrent. Elle arrêta sa marche arrière, et fixa celui qui lui faisait face.
Pendant un instant, elle avait presque oublié le trou qui se trouvait à cet endroit. Si le jeune homme avançait encore, il tomberait dedans, et pourrait se faire très, très mal. La bleue se souvenait d'un jour où elle avait failli y tomber, et elle avait failli s'évanouir lorsqu'elle avait constaté à quel point le trou était profond. Il fallait que le chasseur arrête le mouvement de ses jambes.
Tout de suite.
« S-stop ! Arrêtez-vous ! » Cria la bleue en agitant les mains devant elle.
Mais l'homme ne ralentissait pas, au contraire, un sourire narquois s'était installé sur sa face de crétin, et il continuait d'avancer. Il se rapprochait de plus en plus de l'endroit fatidique, et s'il y tombait, il pourrait même en mourir. Juvia haïssait les hommes, et en particulier celui-là qui l'avait personnellement menacée, mais elle était de nature inquiète et détestait voir quelqu'un souffrir ou courir un danger quelconque –même si c'était un de ces idiots d'humains.
« Je ne me plierais pas à tes ordres. Maintenant pousse to- »
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que le sol avait cédé sous ses pieds. Il y eut un cri roque, d'effroi, et il lâcha son arme qui chuta aux pieds de Juvia tandis qu'il finissait misérablement sa chute tout au fond du piège. La jeune femme étouffa un gémissement de surprise, et elle se mit à trembler, tout en se rendant au-dessus du trou.
La jeune femme fut véritablement choquée.
La cheville du jeune homme était totalement désarticulée, et ne semblait plus suivre le bon chemin des muscles tandis qu'elle avait déjà gonflé. Un léger filet de sang s'échappait du haut de son crane, et il avait une expression de douleur sur son visage alors que ses yeux étaient clos. Morphée semblait l'avoir forcé à rejoindre son monde plus vite que prévu. Nonobstant, Juvia perçut le faible mouvement de montée-descente de sa poitrine. Elle détailla encore un peu son corps qui était parfois enseveli sous d'épaisses couches de terre.
Il était vivant.
La jeune demoiselle souffla, soulagée, il n'avait pas succombé à cette chute. Elle mit un pied dans le trou, trouvant une racine sur laquelle elle s'appuya, et dévisagea le loup qui la regardait, toujours comme à son habitude. En un seul regard, elle lui fit comprendre son objectif.
Elle allait sortir le chasseur de là.
Bien le bonjour chers lecteurs !
Voici donc (servi sur un plateau d'argent) le premier chapitre de "La fille au loup", cette dernière est comme vous l'aurez deviné, le personnage de Juvia Lockser. J'aime bien l'idée de ma fiction, et pour une fois, j'ai trouvé quelque chose qui m'inspire pas mal. C'est la première fois que j'écris quelque chose aussi vite, je suis agréablement surprise de moi-même, et plutôt contente aussi. J'espère qu'il n'y a pas trop de fautes d'orthographe ni d'accord, je n'ai aucune correctrice, ni bêta-lectrice, du coup, j'avoue que je galère un peu (même si je cherche, je cherche...). Si jamais vous trouvez quoi que ce soit qui ne va pas, n'hésitez pas à me le faire remarquer, ça sera avec plaisir. Je pense que vous avez compris qui est ce fameux chasseur (ou pas en fait, ce n'est pas si évident). A la base, je voulais attendre le second chapitre pour le faire arriver, mais je me suis dit qu'il pouvait tomber dans ce joli trou (non, non, je ne suis pas sadique, non, je n'ai pas adoré sauver Juvia en le faisant tomber dans le trou, naaaaah) dans le premier chapitre, et que c'était plus simple pour commencer le second.
Je pense que la fiction fera dans les environs des dix chapitres, j'ai hâte d'écrire la suite.
A la prochaine !
Juvia.
